Le projet de loi 165 visant à réformer le code de la sécurité routière du Québec – une première depuis 1979 – a été déposé la semaine dernière à l’Assemblée nationale du Québec.
La Fédération des sports cyclistes du Québec a été active dans ce dossier ces dernières années, déposant notamment un mémoire à la Table québécoise de la sécurité routière visant à influencer les décisions de réforme.
Bilan? Il y a peu de positif, et des déceptions.
Résumons d’abord l’impact de la réforme pour les cyclistes:
- les amendes visant les cyclistes perpétrant des infractions au code seront majorées significativement. Par contre, les cyclistes ne perdront plus de points d’inaptitude pour ces infractions
- interdiction aux cyclistes d’utiliser des appareils électroniques comme des téléphones intelligents
- obligation des cyclistes de s’arrêter derrière un autobus scolaire ayant activé ses signaux d’arrêt
- permission pour les cyclistes de circuler entre deux rangées d’autos s’il y a une voie réservée pour tourner à droite
- le code reconnaitra dorénavant la vulnérabilité de certains usagers de la route, donc confirme que tous les usagers ont leur place sur les routes
- obligation des automobilistes de ralentir et de laisser suffisamment de place à l’approche d’un peloton cycliste
Rappelons également qu’en 2016, les automobilistes s’étaient vus obligés de respecter une distance minimale d’un mètre cinquante lors du dépassement de cyclistes sur les routes. Une mesure par ailleurs jugée difficile à appliquer par les divers corps policiers.
Les déceptions maintenant.
La FQSC avait demandé l’arrêt obligatoire des automobilistes à l’approche d’un peloton cycliste, pas un simple ralentissement. Pour ceux qui font régulièrement des courses cyclistes, la nuance est de taille!
Mais surtout, la FQSC demandait le droit pour les cyclistes de rouler deux par deux, de nombreuses études ayant prouvé que cette stratégie est plus sécuritaire tant pour les cyclistes que pour les automobilistes cherchant à dépasser les groupes cyclistes. La réforme n’introduit pas cette disposition.
Si des compromis étaient nécessaires, pourquoi ne pas avoir modulé cette disposition en fonction du type de route? Interdiction sur les routes principales, autorisation sur les routes secondaires moins achalandées par exemple…
Rien non plus à propos du port obligatoire du casque, un dossier qui ne faisait cependant pas l’unanimité auprès des groupes de pression.
Bref, c’est à mon avis bien maigre considérant les années de travail investies pour en arriver là. Surtout, la question de la gestion des groupes cyclistes sur la route n’a pas été résolue, et c’est pour moi une grosse déception, étant convaincu qu’il s’agit là d’un irritant majeur contribuant à l’augmentation permanente, ces dernières années, des tensions entre automobilistes et cyclistes.
Le nombre de cyclistes sur les routes du Québec ne cesse d’augmenter années après années, que ce soit des cyclistes récréatifs ou de performance. Comme trop souvent au Québec, j’ai l’impression que cette réforme continue à privilégier la tolérance floue et l’interprétation dans certains domaines, ce qui ne sert pas les intérêts de tous: en l’absence de directives claires, certains corps policiers pourront sévir à l’endroit de cyclistes roulant deux par deux, et d’autres pourront tolérer… conduisant à de la confusion, une fois de plus.