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À ne pas manquer sur le Tour…

Alors que les coureurs attaquent aujourd’hui la montagne et que nous entrons enfin dans le vif du sujet, voici quelques trucs à ne pas manquer du Tour de France.

1 – vidéos « Backstage Pass » de l’équipe Orica Green Edge. Toujours très bien faits, avec humour. J’adore, et je ne peux plus m’en passer! La vue décentrée et déjantée de cette équipe australienne nous permet de vivre le Tour, autrement.

2 – vidéos « Velon« , ou la vie (parfois le chaos!) à l’intérieur du peloton. Certains vidéos sont impressionnants, notamment des chronos ou ceux durant lesquels des chutes surviennent. Ces vidéos sont réalisés grâce aux caméras GoPro embarquées sur le vélo de quelques coureurs chaque jour.

3 – Tous les vélos du Tour. Les plus réussis selon moi sont les vélos Canyon, et je lisais récemment en Italie que Canyon va prochainement rendre disponible à la vente directe ses produits en Amérique du Nord. Avec des prix plus raisonnables que la concurrence pour des produits au moins aussi aboutis, gageons que Canyon aura des arguments de poids pour s’imposer de ce côté-ci de l’Atlantique.

4 – Intéressant survol du matos utilisé sur le récent chrono par équipe. De quoi vous mettre à niveau sur la technologie utilisée par les coureurs pro.

5 – Sinon, un petit tour des nouvelles qui ont retenu mon attention. D’abord, Nibali n’est pas très bien, il l’a lui-même avoué au soir de l’étape se terminant au Mur-de-Bretagne. Bizarre, car aucune explication logique ne semble s’imposer pour expliquer cette panne de jambes.

6 – Froome: il est sans conteste le mieux placé aujourd’hui avant la montagne, et l’homme à battre sur ce Tour de France.

7 – Contador: dans quelle mesure la mauvaise nouvelle concernant son équipier Ivan Basso, qui souffre d’un cancer des testicules, va affecter ses performances au cours des prochains jours?

8 – Basso: évidemment, nous sommes nombreux à songer au possible lien existant entre cancer des testicules et consommation de produits dopants. Il convient selon moi d’être prudent, de tels cancers étant plutôt rares dans le peloton, alors que la consommation de produits dopants probablement répandue.

9 – Quintana: il a certes déboursé du temps dans la première semaine, mais n’a encore produit aucun gros effort significatif. Son équipe, très forte, est également un atout qu’il devra utiliser pour durcir la course contre les Sky.

10 – Van Garderen: le joker de ce Tour de France. Souvent attentiste, il est très régulier, mais pas tellement attaquant. N’attendez pas Tejay pour assurer le spectacle!

11 – Paolini: malheureuse histoire que ce dopage à la cocaïne. L’homme a critiqué ses détracteurs sans pour autant fournir une quelconque explication, facile. Connaissant le tempérament sans conteste « festif » du coureur, l’hypothèse la plus vraisemblable est que M. Paolini ajoute un petit quelque chose à ses soirées entre amis…

12 – Porte. Comme prévu, le coureur australien quittera la Sky en fin de saison, probablement pour rejoindre l’équipe BMC et ainsi renforcer sa présence sur les grands tours. Porte n’était plus en symbiose chez Sky, c’était un secret de polichinelle.

13 – Mon fait marquant de cette première semaine sur le Tour: la victoire d’Alexis Vuillermoz à Mur-de-Bretagne. Rafraichissant!

Quintana peut-il gagner le Tour?

Le chiffre du jour: 55,446…

Capture d’écran 2015-07-04 à 19.04.12… ou la moyenne, en kilomètre/heure, maintenue par Rohan Dennis plus tôt aujourd’hui sur les 13,8 kilomètres du parcours d’Utrecht pour aller conquérir le premier maillot jaune du Tour 2015.

Les spécialistes apprécieront.

Exit donc les 54,545 km/h établis par Greg LeMond sur le Tour 1989, sur une distance plus longue de 24,5 km. Exit également les 55,152 km/h établis par Chris Boardman sur le prologue de 7,2 km à Lille lors du Tour 1994.

Deux autres hommes forts des chronos, Tony Martin et Fabian Cancellara, complètent le podium.

Outre la performance de Dennis, les enseignements du jour sont ailleurs.

Voici le classement des hommes pouvant prétendre à un top-10 à Paris dans trois semaines:

1 – Kelderman

2 – Gesink à 3 sec.

3 – Uran à 10 sec.

4 – Pinot à 11 sec.

5 – Van Garderen à 12 sec.

6 – Nibali à 13 sec.

7 – Kruijwijk à 15 sec.

8 – Froome à 20 sec.

9 – Valverde à 26 sec.

10 – Contador à 28 sec.

11 – Peraud à 29 sec.

12 – Quintana à 31 sec.

13 – Porte à 36 sec.

14 – Costa à 43 sec.

15 – Hesjedal et Talansky à 45 sec.

17 – D. Martin à 46 sec.

18 – Rodriguez à 56 sec.

19 – Bardet à 1min04

20 – Rolland à 1min16.

On comprend donc, à la vue de ce classement modifié, que le chrono d’Utrecht a été sévère pour les purs grimpeurs qui ont déboursé pas mal de temps. Rodriguez et Bardet sont déjà à environ une minute!

Pinot est selon moi la surprise du jour, puisqu’il nous sort un grand chrono laissant penser que sa condition est actuellement exceptionnelle. C’est le premier des grands favoris.

Nibali prend aussi l’ascendant psychologique (toujours important en début de Tour) sur Froome et Contador qui, forcément ce soir, doivent penser qu’il faudra plus que jamais compter avec le coureur transalpin qui défendra chèrement son titre.

Attention à un autre coureur discret, Kruijwijk, celui-là même qui a dompté le Mortirolo sur le récent Giro (7e à Milan) et qui peut grimper très bien. Avec Kelderman et Gesink également dans le coup, l’équipe Lotto-NL réussit également son début de Tour, c’est une certitude.

Enfin, j’attendais mieux d’Hesjedal et de Talansky. Une victoire d’étape en montagne serait pour eux synonyme d’un Tour réussit je pense, mais oubliez le général!

Demain, une étape sur le plat, mais si le vent souffle, ça sera le festival de la bordure. On attend justement un temps orageux en après-midi, avec quelques bourrasques en toute fin d’après-midi, vers les 16-17h. Peut-être un bon spectacle!

Pinot, intéressant!

Très belle victoire de Thibault Pinot hier sur la grande étape de montagne du Tour de Suisse. Les images valent la peine.

Pinot a décroché tout le monde en montant au train, le dernier à lâcher prise étant Simon Spilak chez Katusha à quelques hectomètres de la ligne.

Pinot fait même coup double, victoire d’étape et maillot jaune de leader avec 47 secondes de priorité sur Geraint Thomas chez Sky. Spilak est 3e à 50 secondes de Pinot.

Ceci étant dit, je trouve qu’il faut rester calme avec la victoire de Pinot, car le plateau de ce Tour de Suisse n’est pas très relevé. Après tout, aucun des grands favoris du Tour n’y est: Contador, Froome, Quintana et Nibali ont été ailleurs (Dauphiné) ou seront ailleurs à partir d’aujourd’hui (Route du Sud pour Contador et Quintana). Il faudra voir comment Pinot pourra suivre lorsque ces cadors embrayeront en montagne dans un mois.

Pour le reste, on notera la montée progressive en puissance des Henao, Dumoulin (qui limite bien les dégâts), Majka et Barguil. À noter que le champion du monde Kwiatlowski est bien loin…

Dauphiné: on s’est régalé!

Je sais pas vous, mais je me suis régalé ces trois derniers jours sur le Critérium du Dauphiné Libéré.

Comme quoi je peux me tromper, le parcours m’inspirait peu au départ. Mais une fois de plus, l’adage c’est avéré vrai: ce sont les coureurs qui font la course…

Il y a d’abord eu vendredi dernier sur la route de Villars-de-Lans, et cette échappée royale composée de Rui Costa (l’éventuel vainqueur du jour), Tony Gallopin, Alejandro Valverde et surtout un Vicenzo Nibali piqué au vif, frustré de sa performance de la veille vers Pra-Loup où il avait été lâché dans le final.

En l’espace d’une étape, Nibali renversait ce Dauphiné en refaisant son retard et en prenant le maillot jaune.

Sur son coup de pédale ce jour-là, je me disais bien que la course était pliée. L’Italien avait en effet une belle vélocité, et on le retrouvait bien posé sur sa machine, comme sur le Tour 2014.

Il n’en fut pourtant rien.

Samedi, coup de théâtre: le requin de Messine lâche prise, payant cash ses efforts de la veille (ou alors, il ne voulait pas trop taper dedans en prévision de juillet prochain?). Sur la route du Mont Blanc, c’est une équipe Sky retrouvée qui prend la course en main pour Chris Froome qui s’impose, avec Van Garderen tout juste derrière. Les images sont impressionnantes, surtout le travail effectué en fin d’étape par Wouter Poels pour son leader: quelle force!

Poels nous remettra ça hier (dimanche) dans la dernière étape, amenant son leader Froome dans un fauteuil jusqu’à un peu plus de deux kilomètres de l’arrivée. Ce Poels, je suis certain qu’il représente pour la Sky un des atouts clef (et caché jusqu’ici) du mois de juillet. Victime d’une grave chute sur le Tour 2012, Poels s’est doucement reconstruit depuis, terminant Giro et Vuelta l’an dernier. Cette saison, son programme a été dessiné de sorte à arriver au sommet sur le Tour, et disons que les résultats du Dauphiné nous laisse croire qu’il sera un des derniers hommes de la Sky à accompagner son leader dans les grands cols.

Enfin hier, nouveau coup de théâtre puisque Van Garderen, en jaune le matin, a tout perdu dans les deux derniers kilomètres de la course, ne parvenant pas à résister à un Chris Froome sur-puissant, bien amené juste avant par son équipe Sky et notamment Poels dans le final.

Je sais pas vous, mais les images de Froome hier dans les deux derniers kilomètres ressemblaient étrangement à celles qu’il nous a habitué lors du Tour 2013… avec sa moulinette destructrice.

Nibali, quant à lui, a été aux abonnés absent du final hier, se réservant probablement pour la suite. Ou alors étant carrément trop juste en cette période, allez savoir.

Bref, un magnifique Dauphiné, avec de belles images, notamment de ces lacets de Montaverney hier. Et parmi les enseignements de la semaine, la montée en puissance de Froome et Van Garderen bien sûr, mais aussi celle de Romain Bardet, de Simon Yates, de Daniel Martin, de Joaquim Rodriguez et d’Andrew Talansky.

Parmi les coureurs qui doivent se poser des questions à trois semaines du Tour, je remarque Pierre Rolland, qui subit la course, mais aussi Wilco Kelderman, que j’attendais mieux, Jean-Christophe Peraud, Bauke Mollema ainsi que toute l’équipe Trek, aux abonnés absents cette semaine. Ces derniers se sont d’ailleurs fait remonter publiquement les bretelles après la 6e étape dans un geste rare du directeur sportif Alain Gallopin.

Mention très bien enfin à l’érythréen Daniel Teklehaimanot qui ramène le maillot de meilleur grimpeur au sein de la modeste formation MTN – Qhubeka. Rafraichissant!

Le Tour de Suisse

À trois semaines du Tour de France, le Dauphiné nous a donc rassuré sur la condition de Chris Froome et de Vicenzo Nibali. L’actuel Tour de Suisse, parti samedi, pourra nous renseigner sur la condition des Thibault Pinot, Robert Gesink, Rafal Majka, Warren Barguil, Michal Kwiatlowski, Fabian Cancellara, Peter Sagan, Jakob Fuglsang, voire du solide leader actuel Tom Dumoulin.

Restera plus que deux points d’interrogation, soit la récupération d’Alberto Contador suite au Giro et surtout, surtout, la préparation de Nairo Quintana. Je crois que les deux coureurs s’aligneront sur la Route du Sud à partir de jeudi prochain, pour quatre étapes dans les Pyrénées.

Bardet première!

Très belle étape hier sur le Critérium du Dauphiné. Payez-vous les images vidéo, ça vaut la peine, ne serait-ce que parce que la montagne est belle.

Parti sur ce qui me semblait être un petit sprint pour « faire les points » du classement de la montagne au sommet du col d’Allos, Romain Bardet a résisté au retour de Chris Froome dans l’ascension finale sur Pra-Loup pour s’imposer en solitaire. Une magnifique victoire, au bout notamment d’une très belle descente négociée à tombeau ouvert. Les images parlent d’elle-même.

Pour Bardet, il s’agit d’une première grande victoire au niveau professionnel, après beaucoup de belles places dans les 10 premiers de grandes courses, incluant Liège-Bastogne-Liège. Espérons que cette victoire sera le déclic lui permettant de prendre confiance dans ses moyens!

Derrière, les cadors ont embrayé dans la montée sur Pra-Loup, surtout l’équipe Sky qui voulait manifestement se tester en vue du Tour dans quelques semaines.

Parmi les enseignements du jour, on a vu un Vicenzo Nibali pas encore au top, ce dernier préférant même se relever carrément à environ 2 kms de la ligne. Visiblement, l’Italien s’entraine sur ce Dauphiné, sachant que d’être en top-condition serait un peu prématuré à ce stade-ci.

On a aussi vu les Espagnols Valverde et Rodriguez un peu juste dans la montagne hier, tout comme Kelderman et… Peraud, qui a pris 10min dans la vue.

Froome, quant à lui, a tout fait péter sur son accélération, sauf Van Garderen qui est revenu au train sur le final.

Avec pas moins de 6 coureurs à moins d’une minute du nouveau leader Van Garderen, je pense que rien n’est joué dans ce Dauphiné et que l’étape de samedi dans la région du Mont Blanc sera très intéressante. Logiquement, le duel devrait se faire entre Van Garderen et Froome.

Un Dauphiné peu inspirant?

Je sais pas vous, mais je trouve le parcours du Critérium du Dauphiné Libéré, qui commence ce dimanche, peu inspirant.

Au programme en effet, 8 étapes mais seulement deux étapes de montagne dignes de ce nom, soit jeudi prochain vers Pra Loup et samedi prochain vers Saint-Gervais Mont Blanc. Et un court chrono par équipe sur une distance de 25 kms mardi prochain.

C’est un peu court car plusieurs étapes proposent des parcours qui auraient pu être rehaussés par la proximité de belles patates pour dynamiser la course. Lundi par exemple, les coureurs passeront tout près du Grand Colombier au sortir du lac du Bourget, ça aurait pu être intéressant de les faire passer là-haut. Au lieu de ça, un petit col au km75 puis presque 100 bornes roulantes jusqu’à l’arrivée, question de permettre à tout le monde de rentrer…

Et pas de chrono individuel pour proposer un vrai test pour les leaders à environ un mois du début du Tour! Il est vrai cependant que le nombre de kilomètres contre-la-montre est limité sur le Tour cette année.

Les favoris

Le plateau d’engagés est intéressant, avec plusieurs favoris du Tour y faisant leur rentrée, en premier lieu Chris Froome et Vicenzo Nibali.

Ces deux coureurs sortent d’un stage d’entrainement au Mont Teide sur l’île de Ténérife, tiens-donc! C’est fou, ça devient un vrai passage obligé pour quiconque veut préparer un grand tour: mais qu’est ce que cette île a donc de plus que d’autres endroits?

Intéressant cependant, alors que Froome n’avait été testé qu’une seule fois au cours des 3 dernières années lorsqu’il s’entrainait à Ténérife (…), l’UCI a sans l’ombre d’un doute décidé d’enfin prendre le taureau par les cornes et a dépéché des contrôleurs deux fois à cet endroit dans le dernier mois. Ca sera intéressant de voir si le lieu de prédilection des coureurs change au cours des prochains mois, ce qui nous fournirait un indice probant des véritables raisons qui motivaient les coureurs à aller à Ténérife!

Gageons en tout cas que Froome et Nibali se testeront sur le chrono ainsi que sur l’étape du Mont Blanc durant la semaine.

Parmi les autres coureurs à surveiller en vue du prochain Tour de France, Tejay Van Garderen, Andrew Talansky, Daniel Martin, Wilco Kelderman, Romain Bardet, Jean-Christophe Peraud, Tim Wellens, Alejandro Valverde, Joaquim Rodriguez, Julian Alaphilippe, Bauke Mollema, Pierre Rolland et Romain Sicard.

Je suis particulièrement intéressé de suivre Alaphilippe et Kelderman, deux jeunes coureurs au potentiel remarquable.

Les Canadiens

Un seul coureur canadien au départ, Christian Meier chez Orica Green Edge. Sur un parcours incitant  les échappées et les attaques, espérons qu’il pourra s’illustrer au cours de la semaine.

Astana: pas de classe non plus!

Toute une étape hier sur le Giro! Dantesque!

Vraiment, on se régale.

De la pluie, du froid, du vent, des cols, le Mortirolo, et de l’action durant toute l’étape. Quoi demander de mieux pour nous les fans? (parce que pour les coureurs, ça devait tout de même être moins drôle).

Et une équipe, Astana, qui a manqué de classe en attaquant Alberto Contador alors qu’il avait un ennui mécanique (crevaison).

Décidément, je n’aime pas beaucoup cette équipe Astana: un manager très peu recommandable (Vinokourov), des dopés à la pelle en 2014, des performances parfois (souvent) surprenantes et maintenant un manque flagrant d’éthique de course.

Dans le vélo, c’est bien connu, on n’attaque pas un adversaire au prise avec une crevaison, surtout dans un grand tour (sur certaines classiques, dont les Flandriennes, crever est plus fréquent, donc cette règle s’applique différemment).

Au lieu de ça, les Astana ont roulé plein pot pour distancer Contador. Magnifique réaction d’orgueil de l’Espagnol qui a d’abord utilisé son équipe pour limiter la casse jusqu’au pied du Mortirolo, puis a bien géré son effort lors de l’ascension, revenant d’abord sur Aru, Landa et Kruijswijk, pour déposer juste après un Aru qui a complètement craqué. Bien fait pour sa gueule!

C’est Landa qui gagne finalement l’étape, dommage pour Contador mais il est vrai qu’il avait fourni de gros efforts dans le Mortirolo qui l’ont probablement taxé en fin d’étape.

Magnifique Kruijswijk également qui se retrouve après deux années où sa condition était moins bonne.

6e de l’étape, le Canadien Hesjedal a connu une bonne étape sur ce Giro, se glissant dans l’échappée du jour, preuve qu’il ambitionne de remporter une étape désormais. Grâce à sa performance hier, Hesjedal entre désormais dans les 10 premiers du classement général, c’est bien.

Les prochains jours seront intéressants, je pense qu’on ne verra pas beaucoup de Tinkoff près des Astana! Fidèle à lui-même, Oleg Tinkoff n’a d’ailleurs pas tardé à exprimer ses sentiments sur l’étape du jour, dénonçant lui aussi le manque de classe des Astana. Chose certaine, c’est le genre d’incident de course qui laisse des traces: il ne serait ainsi pas surprenant de voir certaines actions de course sur le prochain Tour de France si jamais l’équipe Astana était en difficulté. Les Tinkoff, voire d’autres équipes, se souviendront de l’éthique de cette équipe…

Demain une étape tranquille, parfaite pour une échappée avec un petit col en début de course puis du plat jusqu’à l’arrivée. On remet ça jeudi et surtout vendredi et samedi pour le classement général!

Dire que dans un mois, je devrai moi-aussi affronter le Mortirolo lors de La Campionissimo, et ce après avoir escaladé le Gavia en début de course… Avec ce que j’ai vu aujourd’hui, je cours me chercher une cassette 11-29 et je vais m’entrainer à monter en danseuse!

Le Mortirolo baby!!!

L’étape

Ne manquez pas l’étape d’aujourd’hui sur le Giro, Pinzolo-Aprica, avec dans le final le redoutable Mortirolo, 13 kms d’ascension avec un passage de 4 kms à presque 14% de moyenne, dont une rampe à 18%. Pas moins de 5 cols à franchir, répartis sur les 177 kms de l’étape. Aie, ça va faire mal! Spectacle garanti. On n’a pas nommé le Mortirolo « la montagne de Pantani » pour rien…

Le coureur

Alberto Contador. Auteur d’un très bon chrono, il est l’homme en contrôle et l’homme à battre de ce Giro. Ce qui me frappe, c’est le temps qu’il passe en danseuse, c’est fou! La preuve très certainement d’un très gros travail à l’entrainement, notamment pour muscler les épaules, les bras et la ceinture abdominale. Quand je m’entraine à démarrer dans des bosses à 8-9%, je me rends compte à quel point ce n’est pas facile!

L’équipe

Astana, sans contredit. Contrairement à Tinkoff-Saxo, les Astana sont là quant il le faut, pour épauler leur leader Fabio Aru. On pourra d’ailleurs se surprendre quelque peu de pareille homogénéité dans le niveau des coureurs Astana qui ont tous l’air de marcher du feu de Dieu. Le collectif des Astana est probablement la seule chance de renverser Contador, en lui imposant une pression dès les premiers kms des étapes.

La surprise

Sans conteste, Mikel Landa, en passe de nous refaire le coup Wiggins-Froome du Tour 2012, alors que le lieutenant dépassait le maitre… Landa a un coup de pédale en montagne très puissant, très convaincant. Alberto Contador a raison de se méfier de lui peut-être davantage que d’Aru…

La déception

Assurément Richie Porte, qui doit désormais composer avec un nouvel échec sur les grands tours puisqu’il a abandonné ce Giro, victime notamment de plusieurs chutes. Bizarre et imprévisible équipe Sky, capable du meilleur comme du pire en si peu de temps! Le leader de la Sky sur ce Giro s’appelle désormais Leopold Konig.

Les plus cool

Sans aucun doute, l’équipe Orica-Green Edge et ses vidéos « Backstage Pass » disponibles après presque chaque étape. Les deux derniers (ici et ici) sont un régal, on a l’impression, en les regardant tous les jours, de vivre le Giro de l’intérieur avec l’équipe. C’est pas compliqué, je ne peux plus m’en passer!

Nos Canadiens

Ryder Hesjedal semblait s’être refait une petite santé sur ce Giro, faisant un bon chrono samedi dernier puisqu’il terminait 16e de l’étape à 1min58 de Kiryienka. Il a toutefois perdu 3 minutes supplémentaires dimanche sur la route de Madonna di Campiglio et pointe désormais à plus de 11 minutes de Contador. Le but pour lui est désormais de remporter une belle étape très certainement.

Le Québécois Hugo Houle continue de très bien faire sur ce Giro difficile, auteur notamment d’un très bon chrono selon moi samedi dernier, le terminant à la 41e place, à 3min45 du vainqueur. Considérant la longueur de l’exercice (60 bornes), terminer à moins de 4 minutes des gros canons après deux semaines de course éprouvante n’est pas rien. Il faut désormais s’appliquer à tenir jusqu’à Milan pour compléter ce premier grand tour en carrière, et ainsi passer un pallier dans son développement sur la scène européenne.

Pinarello

Le mythique constructeur italien, sponsor de ce Giro, a commencé à annoncer sa gamme de vélos 2016, avec notamment la création du Gan, appelé à remplacer le Marvel très certainement. Si j’ai beaucoup aimé mon Prince 2008, je déplore que Pinarello continue de ne pas vouloir proposer des cadres ultralight avec des boites de pédalier BB ou PressFit. À côté de ça, vous avez les Trek Emonda, Merida Scultura, Willier Zéro 7 ou encore Cervelo R7 et Cannondale EVO qui sont à 800 grammes ou moins! Je sais, le poids n’est pas tout, mais pour les grimpeurs comme moi qui aiment relancer, de tels cadres sont un régal.

Affaire Porte: qu’au Giro qu’on voit ça!

Comme la plupart d’entre vous, je trouve un peu excessif les deux minutes de pénalité imposées à Richie Porte pour avoir accepté la roue d’un coureur qui n’est pas dans son équipe à quelques kilomètres de l’arrivée de l’étape hier.

Deux minutes lorsque le Giro se joue sur des secondes, ça fait beaucoup.

Il me semble que les 40 et quelques secondes perdues par Porte « à la pédale » en raison de cette crevaison étaient largement suffisantes et surtout, concédées sur des critères sportifs.

Cette pénalité de deux minutes est politique et appliquée sans jugement. Si l’équipe Sky aurait dû mieux encadrer son leader dans cette phase cruciale de la course, on est d’accord, la roue acceptée de son compatriote Simon Clarke chez Orica ne vient pas fausser la course pour autant.

Personnellement, mon avis est le suivant: il n’y a qu’au Giro qu’on voit de telles choses.

Rappelez-vous en effet l’affaire « de Savone » pour Eddy Merckx sur le Giro 1969: un complot à son endroit l’a exclut de la course pour dopage, ouvrant la voie à la victoire de Felice Gimondi qui, très probablement, n’aurait pas pu battre Merckx « à la pédale ». Évidemment, Merckx ne s’était pas dopé sur ce coup là, les preuves étant arrivées des années après.

Rappelez-vous également l’affaire Fignon-Moser sur le Giro 1984: les organisateurs ont tout fait pour favoriser la victoire de Moser, sur son Giro de la dernière chance. On a annulé une étape de haute montagne défavorable à Moser, plutôt rouleur, prétextant une mauvaise météo (pourtant, 4 ans plus tard, on laissait les coureurs monter le Gavia dans une tempête de neige…), puis on a considérablement nuit à la progression de Fignon sur le dernier chrono, un hélicoptère volant beaucoup trop près de lui.

Cette année, je ne suis pas loin de croire que la « Aru Mania » y est pour quelque chose.

L’Italie se déchaine en effet actuellement pour Fabio Aru, tout simplement vu comme le successeur enfin trouvé de… Marco Pantani, nul autre. Imaginez la folie!

Aru présente en effet une physionomie proche de Pantani, léger, aérien, grimpeur d’exception dès que la route s’élève. Mieux, Aru dispose du même tempérament en course que Pantani: un attaquant, n’hésitant pas à flinguer trois fois plutôt qu’une. Les Italiens adorent, il suffit de voir actuellement le nom « Aru » peint dans les cols à tous les 5 mètres…

En infligeant deux minutes de pénalité à Richie Porte, on élimine un adversaire d’Aru facilement.

Et une victoire de la jeune sensation italienne sur le Giro serait tellement énorme pour le cyclisme italien, après la victoire de Vicenzo Nibali l’an dernier sur le Tour. Le renouveau tant attendu du cyclisme transalpin serait alors chose faite.

Avec un peu de chance, nous aurons une réaction d’orgueil de Porte dans les prochains jours!

Contador: le rose trop tôt?

Les trois favoris du Giro, Contador, Porte et Aru, nous ont remis ça hier dans l’ascension d’Abetone, théâtre d’un exploit de… Charly Gaul, l’ange de la montagne, lors de la 3e étape du Giro 1959, ou il avait déposé tout le monde – dont Jacques Anquetil – dans sa quête du maglia rosa.

Charly Gaul n’avait cependant pas pu tenir le maillot rose toute l’épreuve, le cédant l’espace de 5 étapes à Anquetil pour le reconquérir – et ne plus le lâcher – deux jours avant l’arrivée.

Du coup, on peut se poser la question: Contador est-il en rose trop tôt dans l’épreuve?

Je pense personnellement que oui. Il reste 16 étapes, le Giro sera encore très, très long et difficile.

Avec le rose sur le dos, l’équipe Tinkoff n’aura d’autres choix que d’assumer le poids de la course au cours des prochains jours, permettant aux Astana et aux Sky de rouler dans un fauteuil. Pas bon en prévision de la dernière semaine…

Je pense donc que Contador et son équipe seront contents de laisser partir des hommes loin au général dans les prochains jours, question d’évacuer ce poids non nécessaire à ce stade-ci de l’épreuve. Contador l’a d’ailleurs déjà laissé entendre.

Pour le reste, le scénario hier a été fidèle à nos prévisions: une course de côte dans la montée d’Abetone, une première banderille de Contador, une réplique de Porte pour tester les deux autres, et finalement Aru qui y va aussi, question de montrer que lui aussi en a sous la pédale. Un cyclisme à la puissance comme le dit Alain39, avec les doutes qu’il engendre…

Et à ce petit jeu, personne pour réellement faire la différence. Je pense que dans leur tête, Contador, Porte et Aru auront tous les trois estimés qu’à ce stade-ci du Giro, il n’était pas utile de forcer la mise. Avec la fatigue, il sera plus facile de faire la différence dans la troisième semaine de course, notamment sur le Mortirolo.

Par ailleurs, on a de nouveau vu hier les limites d’Uran et de Hesjedal, encore décrochés dans l’ascension finale. S’ils limitent bien les dégâts, cela n’augure rien de bon pour la suite. Seule chance de rédemption pour eux: s’ils ont amorcé ce Giro un peu à court de condition, le rythme de la compétition pourrait leur faire du bien et ils pourraient s’améliorer à mesure que le Giro avance.

Prochain rendez-vous pour les favoris samedi prochain sur la route accidentée vers Campitello Matese!

Merida Scultura

Le vainqueur du jour hier, Jan Polanc chez Lampre, utilisait le nouveau vélo Merida Scultura, annoncé comme le vélo de série le plus léger du monde, plus léger encore que le Trek Emonda haut de gamme.

Dans sa version la plus légère, le Scultura est annoncé à… 680 grammes le cadre, 1 kilo tout juste pour l’ensemble cadre-fourche. C’est fou!

Évidemment, à ce poids-là, des compromis doivent être faits, notamment au niveau de la rigidité. Découvrez ici une récente critique du Scultura sur le site Matos Vélo.

Le Scultura utilisé par les Lampre serait un peu plus lourd, le cadre étant annoncé à 750 grammes justement pour offrir plus de rigidité au niveau de la boîte de pédalier. Pour les pros, c’est un must que d’avoir une rigidité satisfaisante.

Particularisme du Scultura? Le fait que l’aérodynamisme du cadre ait été travaillé parallèlement au poids, offrant donc un vélo ultra-léger mais aussi pénétrant bien dans l’air à haute vitesse.

Voici un tout récent petit vidéo réalisé par GCN présentant le vélo de Jan Polanc. Du beau matos! mais à ce niveau de légèreté, ça reste un vélo très typé qui ne convient pas à tous les usages. C’est un vélo parfait pour la grimpe, à condition, comme les pros, de disposer d’autres vélos pour d’autres terrains. Dans l’immense majorité des situations de coureurs amateurs, dont je suis, un tel vélo manque cruellement de polyvalence selon moi pour en faire un réel choix intéressant… à moins de faire exploser la caisse! Mais admettons que les lignes du cadre sont très bien tirées, que le vélo est élégant et bien équilibré. Un régal pour les yeux!

Giro: méchante étape hier!

Ce sont les coureurs qui font la course dit-on.

On en a eu un bel exemple hier sur le Giro. Toute une étape! Payez-vous les images ici.

En gros, les Astana de Fabio Aru ont fait le ménage dans les petits cols sur la deuxième partie de l’étape.

Du coup, exit Ryder Hesjedal, quoi qu’il en dise, car il termine avec plus de 5 minutes dans la vue. Les cyniques diront que ça s’est terminé sur le Passo del Termine pour Hesjedal! Ordinaire en tout cas pour un leader d’une équipe… qui aura tout de même pu se consoler hier soir en célébrant la victoire d’étape de son équipier Davide Formolo, 22 ans seulement, auteur d’une formidable échappée solo dans le final. Un mot: impressionnant!

Exit aussi Rigoberto Uran qui décroche à la régulière dans le final et qui perd plus d’une minute sur Aru, Contador et Porte.

Idem pour Jurgen Van Den Broeck.

Les Astana ont démontré hier une puissance collective vraiment impressionnante, étant sur-représentés à l’avant. À un certain moment, même Contador était assez isolé (une chance qu’il a pu ensuite retrouver Kreuziger parti devant plus tôt dans l’étape).

On avait déjà pu voir la puissance du collectif Astana sur le chrono par équipe samedi dernier, étant une des seules équipes à terminer avec les 9 coureurs.

En bref, des avions de chasse. Même Contador peut se faire du souci pour la suite!

Ceci étant, la question: Aru, seulement 24 ans, tiendra-t-il à ce régime pendant trois semaines, sachant que la dernière semaine est de loin la plus difficile? À son avantage, un doublé Giro (3e)-Vuelta (5e) à son actif l’an dernier, de quoi lui donner de la caisse. Mais il n’avait pas la pression qu’il a cette année sur le Giro.

Début de réponse aujourd’hui en tout cas avec une première arrivée en altitude à Abetone. Même Richie Porte prédit un feu d’artifice!

J’aime bien ces grands tours qui commencent avec des étapes compliquées, ça met tout de suite dans l’ambiance et rehausse considérablement notre intérêt pour la suite.

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