Bien récupéré sur ce coup-là! N’essayez pas à la maison.
Bien récupéré sur ce coup-là! N’essayez pas à la maison.
Très beau prologue hier sur le Dauphiné, avec un exercice bien particulier, celui d’une ascension courte, sèche, et pentue (le Mont Chéry près des Gets).
Les images sont intéressantes!
Du coup, sur un tel parcours, personne ne pouvait se cacher: ça s’est joué à la pédale.
Et à ce petit jeu, c’est Contador qui s’est imposé six secondes devant Richie Porte et 13 secondes devant Chris Froome.
Pour moi c’est clair, Contador est ultra-motivé par le prochain Tour de France et se montre déjà en condition très avancée. LA question est de savoir jusqu’à quel point cette condition est avancée, sachant que le Tour s’étire jusqu’à la troisième semaine de juillet. Ca fait long d’ici là pour rester en top condition!
Porte est une surprise, mais l’étape lui convenait bien. Froome est à l’heure.
Deux Etixx aux 4e et 5e places, Dan Martin et Julian Alaphilippe. Impressionnant! On a peine à imaginer les limites de ce dernier.
Avec quatre coureurs parmi les 13 premiers (outre Froome 3e, on a Poels 6e, Landa 12e et Kwiatlowski 13e), la Sky montre un beau collectif et c’est probablement le bémol à mettre sur la victoire de Contador: la Sky lui donnera du fil à retorde en juillet! Son équipe Tinkoff est tout de même plus faible que le collectif Sky.
Bardet 7e, c’est très inattendu et impressionnant, je ne l’attendais pas à ce niveau, surtout que Thibault Pinot finit beaucoup plus loin, en 17e place à presque une minute de Contador. C’est bien, il a limité les dégâts, mais force est d’admettre que sur une ascension sèche, Bardet a eu l’avantage.
Ryder Hesjedal fait une belle perf selon moi, 16e de l’étape. Après un Giro abandonné tôt, pourrait-il nous surprendre sur ce Dauphiné avec une belle victoire d’étape?
Pierre Rolland termine plus loin, 34e, à plus d’une minute de Contador, tout comme Fabio Aru. Pas de panique bien sûr, mais ces deux coureurs n’envoient pas le signal attendu. Ils répondront probablement que le Tour est encore loin.
La semaine sera intéressante avec une lutte qui se dessine entre la Tinkoff, la Sky et la BMC, avec comme outsiders les AG2R – La Mondiale qui voudront se montrer sur leur terrain, les Etixx, la FDJ ainsi que les Astana, très probablement. Vivement la suite! Et j’ai bien hâte de voir si la neige est encore bien présente au dessus de 2000m avec la mauvaise météo récente en France.
68e édition d’une très belle course, le Critérium du Dauphiné Libéré qui s’élance dimanche.
Au menu de Messieurs les coureurs, sept étapes et un prologue, pour un total de 1147 kilomètres à parcourir entre Les Gets (prologue) et Superdévoluy (arrivée dimanche prochain).
On entrera dès mardi dans le vif du sujet avec une arrivée au sommet sur Chalmazel.
Les trois grosses étapes d’intérêt sont toutefois les trois dernières. Vendredi prochain, les coureurs termineront à Vaujany, au terme de cette montée difficile.
Le lendemain sur la route de Méribel, le col de la Madeleine est au programme avant l’ascension finale.
Et dimanche, l’arrivée se juge au terme de la montée vers Superdévoluy, de quoi décanter la course.
Du beau monde
De nombreux protagonistes pour une victoire sur le Tour de France seront présents cette semaine en Rhône-Alpes.
Alberto Contador et Chris Froome d’abord, ce dernier descendant donc de son volcan à Ténérife. Son équipier Mikel Landa est également de la partie après son échec du Giro, ainsi que Wouter Poels. La Sky sera donc très puissante sur l’épreuve.
Richie Porte, discret depuis un moment, est également présent pour BMC. Ca sera intéressant de faire le point sur sa condition.
Etixx débarque avec Daniel Martin et surtout le remuant Julian Alaphilippe, récent vainqueur du Tour de Californie.
Gros intérêt également pour Fabio Aru qui a fait du Tour de France son principal objectif de la saison: il faudra voir s’il peut faire jeu égal avec Contador et Froome.
Joaquim Rodriguez, Tony Gallopin, Bauke Mollema sont d’autres coureurs qui seront intéressants à suivre.
Chez les coureurs français, l’intérêt se porte bien sûr vers Thibault Pinot, Romain Bardet et Pierre Roland qui ont tous une certaine pression de bien faire, car ils sont attendus.
Trois Canadiens sont au départ, soit Ryder Hesjedal, Christian Meier et surtout, Antoine Duchesne pour Direct Énergie. Ca sent bon le Tour pour ce dernier!
Le grand absent
Nairo Quintana, qui a préféré rester en Colombie pour préparer le Tour en altitude. Sa rentrée est plutôt prévue sur la Route du Sud, une épreuve pourtant moins relevée que le Critérium du Dauphiné. Comme quoi aujourd’hui les coureurs n’ont plus peur de se présenter au départ du Tour avec très peu de jours de course dans les jambes. Mieux vaut un sang bien oxygéné que des jambes récemment rodées à la compétition! Si je me rappelle bien, Quintana avait aussi opté pour cette stratégie l’an dernier, avec le succès qu’on sait.
« Lucas, j’avais presque oublié, c’est la course sur route du Grand Prix Cycliste de Gatineau ce soir, tu veux venir avec moi regarder les coureuses faire la course? »
15 minutes plus tard, nous voilà partis à vélo, père et fils, pour voir la course. Le circuit du Boulevard des Allumettières est à moins de deux kilomètres de la maison, et je me fais un devoir d’encourager les événements cyclistes de ma région, ça me paraît normal, solidarité cycliste après tout et respect aux organisateurs qui investissent des efforts importants pour mettre sur pied de tels événements. Et puis, qui sait, c’est parfois ainsi qu’on transmet à la jeune génération le goût d’un sport…
Bretelle du Boul. des Allumettières, je m’engage toujours à vélo.
Sirène de police, la voiture étant garée tout près.
« Oui M. l’agent? ».
« Y’a une course cycliste, vous ne pouvez pas passer. »
« Merci M. l’agent, je sais en effet qu’il y a une course cycliste, c’est justement pour cela que je suis ici avec mon fils. Nous sommes en route pour aller encourager les coureuses dans leur épreuve, dont certaines que je connais. »
« Vous ne pouvez pas passer. »
« Vous savez M. l’agent, j’ai l’habitude des courses cyclistes, je suis moi-même coureur (à ce stade-ci, je présume que M. l’agent avait remarqué que j’étais habillé en cycliste avec mes vêtements La Flamme Rouge, et que je chevauchais un vélo un peu particulier, de toute évidence un vélo de course ultra-léger), et nous resterons évidemment en dehors de la route. J’ai toujours fait ainsi les dernières années et on m’a toujours laissé passer à cet endroit, j’habite juste un peu plus loin par là, vous voyez? On veut juste s’approcher un peu pour voir la course, car d’ici on ne voit rien. » (la bretelle, qui fait 500m de long en tournant, masque complètement le boul. des Allumettières).
« Vous ne pouvez pas passer, l’organisation est formelle. »
« Je vous rassure M. l’agent, je ne veux pas aller faire du vélo sur le boulevard des Allumettières, je veux juste voir la course, prendre quelques photos et encourager les coureuses, dont certaines sont des amies. Nous resterons bien en retrait, j’ai l’habitude des courses cyclistes, l’endroit n’est pas dangereux, on voit arriver les coureuses de loin, la route est trois voies de large, en plus la bretelle est séparée de la route par un petit terre-plein. »
« Vous ne pouvez pas passer. »
« Ha bon! Dans ce cas, où puis-je voir la course, M. l’agent? »
« Vous pouvez toujours monter plus haut et rester sur le viaduc, la course sera en contrebas. »
« Ha bon! Pas top pour les photos avec mon petit appareil. Rien d’autre? »
« Non. »
À ce moment de la discussion, j’ai cru utile de pousser le bouchon un peu plus loin, question de sonder jusqu’où irait le manque de jugement.
« Et le site départ-arrivée? »
« Pas sûr d’où c’est. »
« Ha bon! Donc vous me dites que je ne peux aller sur le bord de la route encourager les coureuses même si je suis moi-même cycliste de toute évidence, et que ma seule option pour voir la course est le viaduc St-Raymond 200m plus haut. »
« C’est ca. Je pense qu’il y a une piste cyclable juste ici qui longe des Allumettières mais si vous la prenez, vous devez rester dessus et ne pas vous approcher de la route. »
« Je vous confirme, M. l’agent, qu’il y a bel et bien une piste cyclable qui longe des Allumettières et oui, nous allons la prendre pour aller voir la course. Merci, M. l’agent. Bonne soirée, M. l’agent. Vous faites bien votre travail, M. l’agent. »
Comment ne pas penser, après pareille conversation, que si on accueille ainsi les rares spectateurs du GP Cycliste de Gatineau qui font l’effort de se déplacer pour simplement VOIR la course et encourager les cyclistes, ils ne reviendront plus?
Comprenez-moi bien: je suis le premier à déplorer ces inconscients qui mettent en danger la vie des coureurs en courant à leurs côtés, en pratiquant eux-même le vélo sur le parcours de la course, en prenant des photos dangereuses, en y amenant des chiens sans laisse, voire en traversant la route au mauvais moment.
Ca ne prenait pourtant pas la tête à Papineau pour voir, ce soir, que j’étais moi-même coureur, que je n’avais pas de chien, que je connaissais la course cycliste et que je présentais donc, dans ce contexte, peu de risque pour les coureuses, pour moi-même et pour mon fils. On appelle ça du jugement et notre société en fait cruellement défaut.
Chose certaine, M. l’agent n’a jamais vu des images de la montée de l’Alpe d’Huez sur le Tour, où des dizaines de milliers de spectateurs en transe se massent au contact des coureurs! Ni du Vieux Quaremont!
Anyway, je ne reviendrai plus dans mon cas, terminé. C’est aussi mon dernier reportage sur cette course, après quelques uns au cours des dernières années.
La course a par ailleurs été belle, nos Canadiennes ont bien faits (deux Canadiennes terminent en 2e et 3e places, soit Joelle Numainville et Leah Kirchmann), Lucas et moi les avons encouragé comme nous avons aussi encouragé les coureuses attardées, mais j’ai été triste de voir l’affluence ce soir: trois pelés et un tondu (ils n’étaient guère plus à l’arrivée, mais il est vrai que c’est un soir de semaine). Le sympathique Fred Gates, manager de l’équipe Apogée-Lowest Rates qui prépare actuellement le GP de Saguenay puis le Tour de Beauce, m’aura toutefois permis d’avoir un agréable moment à discuter avec lui.
J’espère de tout coeur que le chrono demain et que les événements du week-end connaitront une participation populaire plus importante, sinon y’a de quoi être inquiet pour la suite. Déjà que le caractère international du peloton n’est pas à la hausse, que les courses séniors et maitres chez les hommes ont disparu (vraiment dommage) et qu’on a à peu près rien entendu dans les médias sur l’événement au cours des derniers jours ici à Gatineau…
Les photos
Le fameux viaduc St-Raymond qui, selon M. l’agent, était ma seule option. Notez la largeur de la route à cet endroit et la présence d’un terre-plein offrant d’autres espaces pour les spectateurs sur le côté de la route.
Après deux boucles dans le Parc de la Gatineau, une échappée avait pris le large et déjà, Joelle Numainville devant (en rouge).
Toujours bien placée ce soir, Carol-Ann Canuel, une fille de la région que je croise parfois à l’entrainement dans le Parc de la Gatineau. Une belle pointure face au chronomètre, et elle a un bon coup à jouer aujourd’hui sur le contre-la-montre, ayant terminé 2e l’an dernier de l’épreuve.
Le peloton derrière chassait ferme, c’était bien étiré. Trois voies de large à cet endroit, avec le viaduc St-Raymond en toile de fond. Mais pour M. l’agent les consignes étaient claires, « vous ne pouvez pas passer. »
Plus tard dans la course et une fois l’échappée reprise, petite bosse du Parc, Joelle Numainville (en rouge) ne quitte pas les avant-postes.
Canuel non plus!
L’équipe Colavita-Bianchi était aussi attentive…
Lucas et moi avons encouragé les attardées également, certaines n’ont jamais lâché prise.
Canuel toujours bien placée.
… tout comme l’équipe canadienne.
Certaines coureuses de l’équipe du Québec ont bien fait durant la course.
Ca relançait bien pour passer sur le viaduc Parc-Allumettières, une relance pas si facile que ça pour l’avoir déjà faite en course du temps où le GP de Gatineau présentait des courses pour les hommes.
Encore Canuel et Numainville aux avant-postes!
Et les Colavita-Bianchi pas loin non plus.
Visages marqués en fin de course… l’ajout d’une boucle du Parc aura fait mal aux jambes!
Victoire au sprint de l’Australienne Kimberly Wells, une belle pointure du peloton féminin, championne d’Australie en titre sur le critérium.
Sur ce coup-là, j’ai eu tout faux.
Je croyais sincèrement que Kruijswijk allait gagner ce Giro.
Deux leaders lui ont pourtant succédé dans les 3 derniers jours: Chaves d’abord, puis Nibali qui endosse le maillot rose la veille de l’arrivée. Les organisateurs n’auraient pas pu rêver mieux pour relancer l’intérêt du public.
Nibali s’est montré vraiment très, très fort sur les deux dernières étapes de montagne. Considérant qu’il était à la ramasse avant le dernier jour de repos, ça pose forcément des questions… Des coureurs qui marchent du feu de Dieu après une journée de repos alors qu’ils étaient mal avant, on a déjà vu cela dans le cyclisme et on a aujourd’hui compris comment pareil « miracle » était possible.
Nibali a plutôt révélé qu’il aurait souffert d’une dysenterie avant le dernier jour de repos, ennui gastrique donc. Celle-là aussi, on nous l’a déjà fait: excuse classique en cyclisme, très pratique car contrairement à une blessure, on peut s’en remettre vite.
Enfin peu importe, Nibali a gagné ce Giro avec la manière dans les deux derniers jours, décrochant notamment Chaves à la régulière dans la dernière ascension vers Sant’Anna di Vinadio.
Pour ma part, l’aventure d’Esteban Chaves m’a davantage enthousiasmé: payez-vous les images de ce vidéo « Backstage Pass » de la 20e étape, ça donne la chair de poule sur la fin tant ce coureur est apprécié de ses équipiers. Modeste, toujours souriant et positif, décontracté, prenant toujours les événements avec recul et détachement, Chaves amène quelque chose de nouveau dans le cyclisme et dans son équipe. C’est bien, et je pense qu’on n’a pas fini de le voir devant sur les grands tours celui-là.
L’autre nouvelle, c’est que Nibali a déclaré qu’il irait sur le Tour de France pour préparer ses Jeux Olympiques, tout en évoquant le doublé Giro-Tour. J’ai hâte de voir ça, car le leader désigné chez Astana pour le Tour, c’est Fabio Aru! Déjà que ces deux là ne s’apprécient guère, gageons que Aru n’a pas trop aimé les récentes déclarations de Nibali…
Nos Canadiens
Ils sont deux à l’arrivée, Hugo Houle 72e après une belle fin de Giro, ayant retrouvé des sensations sur les dernières étapes après un souci à un mollet. Hugo termine fort ce Giro, c’est de bonne augure pour les prochains objectifs du mois de juin au Canada.
Svein Tuft est 146e après avoir travaillé pour son équipe lors des étapes de plaine essentiellement.
Quels rebondissements hier sur le Giro!
Je vous avoue bien franchement: je croyais fermement que Kruijswijk avait course gagnée, fort de ses trois minutes d’avance au général.
Il n’en fut rien et nous avons un nouvel homme en rose ce matin, le sympathique Esteban Chaves chez Orica – Green Edge.
Et nous avons aussi le retour en 2e place du général d’un coureur que je croyais mort, Vicenzo Nibali, auteur hier d’une magnifique étape avec la victoire au bout. Surprenant Nibali! Il semble avoir retrouvé de la force soudainement.
Kruijswijk a perdu son maillot rose en raison d’une chute au début de la descente du col d’Agnel, une chute assez violente d’ailleurs puisqu’il a fait un beau soleil par dessus son guidon. Ayant dû changer par deux fois de vélo par la suite, je crois surtout qu’il a perdu son maillot rose parce qu’il était très isolé en tête de course, aucun de ses équipiers ne pouvant lui venir en aide après ce moment de panique. Lorsqu’on est choqué par une chute, lorsqu’on doit se ressaisir, rien de tel que la présence d’équipiers pour nous rassurer, ce que le maillot rose n’avait pas hier.
L’étape d’aujourd’hui sera en tout cas passionnante, pas moins de trois coureurs étant à moins de deux minutes du maillot rose, dont deux à 1min05 maximum! Du coup, je suis certain qu’ils sont plusieurs ce matin à penser qu’ils peuvent remporter ce Giro, et l’étape risque d’être particulièrement animée puisque courte, nerveuse et très accidentée.
Kruiswijk voudra se reprendre, c’est évident.
Nibali voudra gagner ce Giro à tout prix et pourrait nous sortir une grande étape, disposant également d’une forte équipe autour de lui. Il touche au but!
Chaves assume pour la première fois la tête d’une grande course par étape si près de l’arrivée: son défi sera de ne pas paniquer, de bien gérer la situation, et de simplement répondre aux attaques. Il n’a pas à prendre l’initiative.
Enfin Valverde est encore à portée de fusil et son équipe Movistar a de quoi animer la course. Une alliance Nibali-Valverde serait-elle possible?
Rien n’est joué, le Giro se joue en fait aujourd’hui!
Un Italien qui ne gagne pas le Tour d’Italie, forcément, ça fait causer.
Du coup, on entend et on lit tout et n’importe quoi.
La dernière sensation, c’est la longueur des manivelles de Vicenzo Nibali.
Le Requin de Messine aurait changé ses manivelles cet hiver pour mettre des 175mm plutôt que des 172,5mm utilisées jusqu’ici. Du coup, il n’en fallait pas plus pour que certains mettent ses problèmes à passer la vitesse supérieure sur le coup des manivelles.
Évidemment, ce raisonnement ne tient pas la route.
Les études scientifiques sont nombreuses et présentent toutes les mêmes conclusions: la longueur des manivelles n’a pas d’influence significative sur la performance en cyclisme sur route.
J’en avais parlé dans cet article publié en novembre 2010.
Le choix des longueurs de manivelles est plutôt fonction du confort du cycliste, et de sa capacité à tourner les jambes comme de sa puissance. Ainsi, un cycliste tirant de gros braquets pourra se sentir mieux avec des manivelles plus longues, lui permettant d’exploiter ce registre. Les cyclistes naturellement plus véloces opteront pour des manivelles plus courtes, leur permettant de bien tourner les jambes et d’exploiter leur explosivité.
J’ai personnellement passé 20 ans sur des manivelles de 175mm en dépit de ma taille modeste (1m73), sans jamais aucun problème musculaire ou tendineux. En 2014, je suis passé sur des manivelles de 172,5mm sans problème non plus. La seule différence que j’ai noté est dans ma capacité d’accélération sèche: je décolle plus vite, le braquet étant plus facile à lancer avec des manivelles plus courtes. Pour le reste, aucune différence. Je continue d’ailleurs d’utiliser des manivelles de 175mm sur mon vélo de chrono.
Bref, les malheurs de Nibali sur ce Giro sont à chercher ailleurs. Lui-même affirme ne plus être le même.
Mes explications viennent de son environnement chez Astana, peu propice selon moi à travailler sereinement. Son manager Vinokourov l’a déjà critiqué l’an dernier après le Tour (qu’est ce que ça sera cette fois-ci, surtout considérant que Peter Sagan pourrait rejoindre la formation kazakh l’an prochain!), Fabio Aru lui conteste sa position de leader, bref, le Sicilien n’est peut-être pas si tranquille que ça dans cette équipe, qui plus est surveillée par la patrouille étant donné les nombreux cas de dopage des dernières années.
La bonne nouvelle dans son cas, c’est qu’il est annoncé dans une autre équipe pour l’an prochain.
Et en attendant, il reste deux grosses étapes de montagne à traverser, avec chaque fois une chance de sortir de ce Giro la tête haute!
Après quelques jours d’absence, de retour au service normal sur La Flamme Rouge avec une question, LA question de l’heure dans le monde du cyclisme: Kruijswijk a-t-il course gagnée sur le Giro?
Avec trois minutes d’avance sur Esteban Chaves, il est évident qu’il faudra une défaillance majeure du coureur néerlandais pour perdre ce Giro. À 28 ans, Kruijwsijk a plusieurs grands tours à son actif (9 au total, dont 5 Giro en excluant celui de cette année!) et a toujours été très fort en 3e semaine, ce qui rend moins probable une défaillance physique de sa part.
Plusieurs éléments jouent pourtant contre lui.
D’une part, il reste deux difficiles étapes après l’étape d’aujourd’hui, réservée aux sprinters, et celle de demain vers Pinerolo qui ne devrait pas poser de problème aux coureurs jouant le général.
Vendredi sur la route de Risoul, il faudra d’abord affronter le long et pentu (dans ses derniers hectomètres) col d’Agnel, qui culmine à 2744m d’altitude tout de même. Ce col laissera des traces dans les organismes des coureurs qui voudront attaquer sur la montée de Risoul, une montée assez roulante que j’ai faite lors de la Haute Route 2012. Il faudra avoir de la puissance pour s’imposer et je vois assez bien Zakarin faire un joli rapproché sur cette dernière ascension.
Samedi vers Sant’Anna di Vinadio, ça sera très musclé et probablement très nerveux, car l’étape est courte (134kms) et il n’y a pas un mètre de plat! Le col de Vars en apéro, suivi de la Bonette, un col long mais régulier, pour enfin finir par le Colle Della Lombarda que je ne connais pas. Tous ces cols sont à plus de 2000m d’altitude, ce qui n’est jamais évident sur des organismes fatigués par trois semaines de course. C’est surtout lors de cette étape que Kruijswijk devra se méfier selon moi.
Il pourrait en effet y être rapidement isolé, son équipe étant probablement sa plus grande faiblesse. Peu de coureurs chez Lotto-NL ont en effet montré jusqu’ici leur capacité à épauler leur leader sur le haut des cols, et dans le final des étapes. En attaquant tôt et à plusieurs, les coureurs bien placés au général pourraient donc faire la vie dure au Néerlandais qui pourrait trouver bien longs ces 134 kms. Espérons seulement que les coureurs occupant une place dans les 10 premiers voudront jouer la gagne, et non protéger leurs positions…
Valverde terminera-t-il fort?
Surprenant Valverde qui, après un passage à vide le week-end dernier, semble renaître après cette journée de repos (…) en remportant hier une difficile étape très animée. Du coup, il se replace sur la troisième marche du podium, la ravissant à Nibali. Pointant à seulement 23 petites secondes de Chaves, Valverde, un homme d’expérience et toujours fort en fin de grand tour, pourrait créer la surprise et se hisser sur la 2e marche du podium à la faveur de ces deux étapes de montagne. Il dispose d’une meilleure équipe en haute montagne que Chaves.
Nibali? Je n’y crois plus vraiment, le Requin de Messine semble désormais finir ce Giro sur les vapeurs d’essence. Je ne serais pas surpris qu’il s’effondre vendredi ou samedi, le moral devant être difficile à préserver en ce moment pour lui.
Zakarin? Le surprenant coureur russe a très bien fait hier, accompagnant dans le final Kruiswijk et Valverde. Puissant, les cols de l’étape de vendredi devrait lui convenir, et il pourrait passer devant Nibali à cette occasion selon moi.
Hugo Houle, le petit souci
Espérons que le coureur québécois pourra terminer son 2e Giro malgré un petit souci au mollet actuellement. Si près du but, il serait dommage d’abandonner mais pas question non plus de s’esquinter la santé, surtout que d’autres objectifs – comme Rio – sont également très importants plus tard cette saison.
Oreillettes ou télés dans les bagnoles, le problème?
On me demande lequel de ces deux gadgets est le plus nuisible au cyclisme. Aucun doute pour moi, les oreillettes! Que les directeurs sportifs aient la télé dans la bagnole n’est pas un gros problème selon moi puisque sans oreillettes, ils seraient bien incapables de relayer les informations cruciales aux coureurs devant dans le peloton! On s’en remettrait alors aux méthodes classiques, des coureurs qui redescendent dans les voitures. Cela prendrait plus de temps, la dynamique ne serait plus en « temps réel ». Bref, selon moi, c’est évident, un problème majeur du cyclisme reste les oreillettes. Et je ne vous dis pas quand vous avez 25 directeurs sportifs qui ordonnent tous au même moment à leurs coureurs de remonter devant à l’approche d’un passage crucial… ne cherchez pas plus loin les chutes à gogo!
Troisième victoire d’André Greipel sur une étape du Giro hier, avec le maillot rouge de meilleur sprinter de surcroit. Un sprint clean d’ailleurs de l’Allemand qui a bien gardé sa ligne selon moi. L’essentiel de ce sprint était de virer le dernier coin en 1ere ou 2e position derrière un équipier, ce qui fut réussi chez Lotto.
Pourtant, dans la foulée de cette nouvelle victoire, il annonce son abandon de la course!
Je déteste ces manières qui me révolte.
C’est pour moi un manque flagrant de respect pour le Giro, pour ses adversaires, pour ses équipiers voire pour ses fans (dont je ne suis pas).
Un professionnel, André Greipel? Laissez-moi rire…
C’est proprement scandaleux parce que le gus porte le maillot de meilleur sprinter et a donc une chance de remporter ce joli trophée qui, dans une carrière, n’est pas négligeable. Ca ajoute l’insulte à l’injure.
Pourquoi un tel abandon?
C’est évident: au nom de la rentabilité.
La Lotto-Soudal veut évidemment voir Greipel s’aligner sur le Tour de France; il faut donc garder des forces pour ce prochain objectif.
Et puis, avec les oreillettes en course, les équipes de sprinters ont la chance de faire le carton plein sur les étapes sans relief: imaginez Greipel vainqueur d’une ou deux étapes sur le Tour… ce serait saison réussie pour la Lotto-Soudal après une campagne des Classiques du printemps assez laborieuse.
Si j’étais les organisateurs en tout cas, voilà comportement qui me ferait réfléchir. On comprend mieux maintenant pourquoi ASO tient tête à l’UCI et sa réforme: avec de tels comportements des équipes, comment en effet reprocher à ASO de vouloir garder le contrôle sur les équipes invitées sur leurs épreuves?
Les oreillettes
Parlant d’oreillettes, mes réflexions récentes m’amènent à penser que les problèmes récents de dopage dans le cyclisme ne sont pas totalement étrangers à la présence des oreillettes.
Avec ces oreillettes, les courses par étapes sont réglées comme du papier à musique: les échappées qui vont au bout sont devenues extrêmement rares.
Réponse des organisateurs: des parcours de plus en plus atypiques, tantôt explosant le nombre de cols durs, tantôt explosant la variété (étapes sur terre battue, sur pavés, etc.). Pas le choix si on veut maintenir l’intérêt du public compte tenu de la présence de ces maudites oreillettes: il faut trouver des terrains plus difficiles à contrôler encore! On multiplie donc les étapes piégeuses, on essaie de trouver des alternatives.
Ces maudites oreillettes dont la justification des équipes est, on le rappelle, la sécurité en course… pourtant, les chutes n’ont jamais été si nombreuses au sein du peloton!!! C’est du grand n’importe quoi, et l’UCI n’a jamais réussi à imposer leur retrait.
Réponse des coureurs à des courses par étapes offrant des étapes de plus en plus difficiles et variées? On continue de se doper, pour tenir le coup. On se dope évidemment différemment, on est plus prudent.
La Californie
Julian Alaphilippe en jaune après une belle victoire au sommet de l’ascension sur Gibraltar. Je trouve ça inspirant de regarder ce jeune coureur agressif au physique proche du mien.
Avec Jungels en rose sur le Giro, la période est faste pour l’équipe Etixx qui cartonne sur les deux continents!
Et Peter Sagan qui continue de voler la vedette en Californie, les Américains raffolant de ce genre de coureur pas coincé du tout, assurant « le show » avec une attitude décontractée et décalée.
Autre nouvelle importante de la 11e étape du Giro disputée hier: Tom Dumoulin a abandonné en raison d’une induration à la selle.
Avec Mikel Landa, c’est donc une autre grosse pointure qui quitte la course.
De plus en plus, ce Giro se dessine pour être une lutte entre deux « vieux » coureurs, soit Vicenzo Nibali et Alejandro Valverde. Ils pointent tous deux à un peu plus d’une minute de Bob Jungels, toujours en rose.
Je suis d’accord avec Alain39: dans ce contexte, on pourrait bien assister à une course d’attente entre ces deux coureurs, qui voudront se réserver pour les grands rendez-vous comme dimanche sur le chrono en montagne, où pour LE moment où l’autre faiblirait.
Le néerlandais Steven Kruijswijk est également bien placé dans le même temps que Nibali et Valverde. Coureur d’expérience, excellent grimpeur (il avait fait un joli numéro l’an dernier sur le Mortirolo), il pourrait surprendre tout le monde notamment dans ce chrono en montagne dimanche.
Majka et Zakarin sont plus loin, à un peu plus de deux minutes, comme le grimpeur Esteban Chaves chez Orica. J’aime bien ce coureur à la personnalité très enjouée, et qu’on peut suivre grâce aux vidéos Backstage Pass. Bien placé, il attend son heure sans pression, sachant qu’il est un outsider. Ayant son équipe entièrement dédiée à son service, je pense qu’il est un des coureurs qui pourraient monter sur le podium dans 10 jours à Turin.
Pour les autres, ça va être plus compliqué: Uran est à plus de trois minutes, et il ne reprendra pas facilement deux minutes à Nibali et Valverde. Hesjedal et Pozzovivo sont à plus de quatre minutes, le top-10 reste jouable mais davantage?
Les prochains rendez-vous?
Vendredi, vers Foligno. Samedi, vers Corvara et sur une étape qui reprend tous les cols du célèbre Marathon des Dolomites (le Giau dans le final est assez brutal). Enfin dimanche, LE rendez-vous avec le chrono en montagne vers l’Alpe di Siusi.
Nous en saurons vraiment plus sur les coureurs qui joueront la gagne à Turin dimanche soir prochain. En attendant, gageons que ce Giro nous réserve encore quelques surprises.
Retour à un service normal sur La Flamme Rouge, avec le point sur le Giro après 9 jours de course.
1 – Gianluca Brambilla en rose. C’est tout sauf une surprise si vous voulez mon avis. Coureur mature (28 ans), il a en effet connu un excellent début de saison en 2016, terminant déjà 10e du Tour d’Oman, avant de finir à la 3e place sur la Strade Bianche. Il connaissait également un bon Tour du Pays Basque, notamment sur la 3e étape. Brambilla impressionne cette saison et ce maillot rose est un peu une consécration pour lui car il en avait fait un objectif. Il est parvenu hier au terme du chrono à le conserver pour… une petite seconde sur son équipier Bob Jungels.
2 – Chrono d’hier. Victoire d’un coureur surprise, Primoz Roglic chez Lotto-NL, au palmarès relativement vierge. Il doit une grande partie de sa victoire aux conditions météo, ayant pu courir ce chrono sur le sec alors que les favoris partis plus tard ont eu la flotte. Preuve additionnelle, beaucoup de coureurs peu connus parmi les 15 premiers, des coureurs qui sont partis parmi les premiers sur ce chrono.
3 – Hugo Houle. Le champion canadien du chrono termine à la 38e place ce chrono, à un peu plus de trois minutes du vainqueur. Houle s’est déclaré satisfait de son chrono au terme de la course.
Ce qui m’a toutefois surpris, c’est que Ryder Hesjedal termine devant lui, de peu il est vrai (33e, soit 13 secondes de mieux que Houle). Vieillissant, j’aurais cru que Hesjedal se serait fait dominer par Houle, un spécialiste de la discipline (ce que Hesjedal n’est pas).
Plus encore, le spécialiste Svein Tuft, 9 fois champion canadien du chrono, a terminé beaucoup plus loin ce chrono, en 111e place à plus de 5 minutes du vainqueur. Manifestement, Tuft a fait ce chrono « en dedans » possiblement sous les consignes de son équipe Orica Green Edge.
Cette compétition entre les Canadiens est pourtant importante en vue des sélections pour participer aux prochains Jeux Olympiques de Rio où trois Canadiens pourront participer à la course sur route, et un seul au chrono.
4 – Les favoris. Du lot, on peut dire que Nibali et Valverde sont actuellement les mieux placés, à moins d’une minute du maillot rose, après ce premier gros test. Nibali, en particulier, me semble serein après un bon prologue, un bon chrono hier aussi. Il attend son heure dans la montagne très certainement, mais devra se méfier d’un vieux routier d’expérience, Alejandro Valverde qui saisira le moindre moment de faiblesse, bien entouré de son équipe Movistar.
Landa est le 3e mieux placé, à une trentaine de secondes de Nibali et Valverde. Attention.
Dumoulin n’est pas complètement out non plus, malgré une défaillance samedi sur les chemins de terre menant vers Arezzo. Il a cependant affirmé qu’une trentaine de coureurs lui étaient supérieurs sur ce Giro, et qu’il recentre donc ses objectifs sur des victoires d’étape.
Pour le reste, Zakarin, malchanceux hier durant le chrono sous la pluie avec pas moins de quatre (!) chutes, pointe désormais à plus d’une minute de Nibali et Valverde. C’est beaucoup.
5 – Carton rouge. À Marcel Kittel et Fabian Cancellara, pour avoir quitté prématurément selon moi ce Giro, ceci afin de se reposer pour la suite de leur saison. Mouais. Ca m’a rappelé que j’ai toujours détesté Mario Cippolini lorsqu’il abandonnait rapidement le Tour de France après la première semaine, comme si le reste était de la perte de temps. J’y trouve une forme de mépris des organisateurs, et de mépris également envers leurs équipiers voire adversaires. Combien d’équipiers de Kittel et de Cancellara auraient en effet souhaité prendre le départ de ce Giro pour aller au bout?
6 – Carton plein pour Lotto-Soudal. Outre Brambilla, qu’on voyait venir, l’histoire des derniers jours sur ce Giro appartient à l’équipe Lotto-Soudal avec trois victoires d’étapes consécutives, excusez-un-peu: deux avec le sprinter maison André Greipel (quelle musculature celui-là!!!), l’autre avec Tim Wellens.
7 – Demare. Le sprinter français mord pour l’instant la poussière sur ce Giro, ayant trouvé plus fort que lui en Marcel Kittel et André Greipel. Et on apprenait récemment qu’une enquête sur les allégations de s’être accroché à une bagnole dans le Cipressa sur le dernier Milan SanRemo vient d’être ouverte par les organisateurs…
8 – Repos. Aujourd’hui, c’est jour de repos.
9 – Demain. Ca sera casse-pattes et long, avec 219 kilomètres à parcourir. Le final est piégeux, avec deux belles patates qui pourraient causer la surprise. Une belle étape en perspective!
10 – Backstage Pass de l’équipe Orica GreenEdge. On continue de se délecter de leurs vidéos déjantés.
S’il y a un coureur qui joue gros sur cette première semaine du Giro qui débute samedi, c’est Fabian Cancellara.
Le Suisse s’est fixé comme objectif de revêtir le maillot rose pour sa dernière saison, lui qui n’a jusqu’ici eu que peu de succès sur le Giro: deux petites participations (2007 et 2009) en 16 saisons professionnelles! Les deux participations se sont soldées par un abandon, chaque fois à la 12e étape.
Le prologue de samedi à Apeldoorn aux Pays-Bas, tout plat et sur 10 bornes, est parfait pour lui: pas trop court, pas trop long, il pourra exprimer toute sa puissance. La concurrence est également gérable, car ni Adriano Malori, ni Tony Martin, ni Vasil Kiryienka ne seront présents au départ.
S’il devait réussir dans son entreprise, Cancellara pourrait envisager de passer un moment en rose avec l’aide de son équipe et ce, jusqu’au premier gros rendez-vous de ce Giro pour les favoris, la 6e étape vers Roccaraso.