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Les leçons d’un Giro fantastique

Quel beau Giro! L’épreuve nous a tenu en haleine jusqu’au tout dernier kilomètre, et au final le vainqueur « moral » de l’épreuve s’impose. Personnellement, je suis content de la victoire de Tom Dumoulin, car j’estime qu’il l’a mérité. C’est par ailleurs le premier Néerlandais à s’imposer sur le Tour d’Italie.

Plusieurs leçons sont à retenir de ce Giro selon moi.

La première, c’est qu’un contre-la-montre le dernier jour, ben c’est souvent une bonne idée. Je pense au Tour 1989 et le duel Fignon-LeMond, au Giro cette année… souvent – mais pas systématiquement bien sûr – un chrono le dernier jour entretient le suspense et force les grimpeurs à prendre des initiatives en montagne. On pourrait imaginer le contraire: une arrivée en altitude le dernier jour, avec un chrono l’avant-veille de l’arrivée! (la logistique n’est cependant pas simple).

On retiendra aussi que Quintana est un coureur ma foi bien énigmatique. Perçu comme un épouvantail l’an dernier, il s’est loupé sur plusieurs grands tours récemment, et on peut raisonnablement remettre en question sa stratégie de préparation en Colombie. C’est bien de s’entrainer sur les hauts plateaux, mais ce n’est peut-être pas là qu’on acquiert le rythme de la compétition… C’est bizarre avec Quintana: on dirait qu’il n’est plus capable de faire la différence en montagne, et que ses chronos sont moins bons qu’avant… Je vous avoue ne pas trop comprendre.

On retiendra également la pointure Dumoulin: celui là a un très gros moteur! Hisser un tel gabarit sur le haut des cols, il me fait penser constamment à Indurain. Volontaire, il ne s’avoue jamais battu et semble avoir un moral à toute épreuve. La grosse lacune ne vient pas de lui, mais bien de son équipe, quasi inexistante en montagne. Il faut vraiment que SunWeb-Giant reconnaisse durant l’intersaison avoir un coureur capable, d’ici peu, de viser une victoire sur le Tour, et donc de construire une équipe autour de lui, notamment pour l’accompagner dans les grands cols. C’est désormais urgent!

On retiendra la prestation de Nibali, auquel il n’aura pas manqué grand chose. Ce coureur s’améliore presque toujours à mesure que les grands tours avancent, et il est le plus dangereux chaque fois en dernière semaine. S’il récupère bien, je pense qu’il pourrait inquiéter Froome et Contador sur le Tour car à son âge (!), on encaisse mieux les efforts d’endurance.

Enfin, Thibault Pinot. Il a non seulement confirmé sur ce Giro sa 3e place du Tour 2014, mais aussi avoir progressé depuis. Capable désormais d’attaquer les meilleurs en haute montagne, il fait face à l’éternel dilemme des grimpeurs: travailler le chrono au risque d’émousser ses qualités en haute montagne, ou au contraire développer davantage ses talents de grimpeur pour espérer faire suffisamment la différence pour pouvoir résister dans les chronos… Virenque, à une certaine époque, avait choisi la première option, Pantani la deuxième… avec le succès que l’on sait. Mon choix serait clair!

Bref, un magnifique Giro qui pose toujours une question supplémentaire: Quintana, Pinot, Nibali auront-ils le temps de récupérer suffisamment pour se présenter à leur meilleur niveau au départ du Tour en juillet? La dernière semaine de ce Giro a été intense, autant physiquement que psychologiquement pour les favoris. La tendance récente nous montre qu’il n’est pas évident d’être au top en juillet après l’avoir été en mai, le cyclisme moderne étant si précis… À mon avis, avantage Froome pour le Tour quand même!

Giro: ils sont dans un mouchoir de poche!

Quel Giro!

Quatre coureurs dans la même minute au général, à 48h de l’arrivée.

Deux étapes piégeuses, une en moyenne montagne, l’autre sur un chrono.

On risque de revivre le scénario du Tour 1989, notamment si Dumoulin reste à portée du nouveau maillot rose hier, Quintana.

Et gageons que Nibali voudra mettre le feu aujourd’hui…

Pas fini, ce Giro!!!

Passionnant, ce Giro!

Et surtout, pas fini, ce Giro!

Il reste trois étapes, trois étapes où tout peut encore arriver.

Ils sont quatre selon moi à pouvoir encore rêver de la victoire finale, soit Dumoulin, Quintana, Nibali et Pinot. Ce sera toutefois difficile pour Pinot, et Quintana devra sortir un grand numéro aujourd’hui ou demain afin de non seulement rattraper son retard, mais aussi prendre suffisamment d’avance pour pouvoir résister sur le chrono du dernier jour.

La meilleure chance des grimpeurs comme Quintana et Pinot, c’est donc aujourd’hui sur la route  de Piancavallo. Avec une arrivée en altitude au terme de 15 kms d’ascension, des écarts significatifs sont possibles. Plus le temps de tergiverser, ils devront tenter quelque chose, sinon Dumoulin aura presque Giro gagné.

L’étape de samedi vers Asiago sera également dangereuse, avec une course qui se lancera très certainement tôt dans l’étape pour les gregario qui voudront préparer le terrain pour l’offensive des favoris qui viendra surement dans le Monte Grappa. La montée vers Foza pourrait être compliqué pour des coureurs en chasse derrière, et l’arrivée n’est que 15 kms plus loin. Cette étape pourrait favoriser une équipe organisée comme la Movistar ou Bahrein-Merida qui ont un bon coup à jouer.

Si Dumoulin est encore en rose samedi soir, ou s’il n’accuse qu’une trentaine de secondes de retard sur un maillot rose, il sera difficile de lui résister. Selon moi, seul Nibali pourra vraiment tirer profit de cette dernière étape, outre Dumoulin bien sûr.

C’est encore très ouvert, et c’est pour cela que c’est un très beau Giro!

Guerre des mots

Chose certaine, il n’y aura pas de cadeau sur la route parmi les quatre protagonistes à la victoire finale. Dumoulin a eu des mots durs au terme de l’étape d’hier, accusant Nibali et Quintana de s’allier contre lui simplement pour le faire perdre, sous-entendant du même coup que ces coureurs ne cherchaient pas à gagner pour eux-mêmes.

À ce niveau, ce n’est jamais bon que de laisser libre court à ses émotions en fin de grand tour. Nibali et Quintana n’ont pas apprécié et seront revanchards sur la route. Et Dumoulin n’a pas vraiment l’équipe pour rivaliser…

Des étincelles à prévoir!

Mathieu Van Der Poel

On connait les dispositions physiques de Mathieu Van Der Poel, 22 ans seulement, super-champion de cyclo-cross.

Il gagne aussi sur route!

Il s’est imposé hier au sprint au sein d’un petit comité sur la 2e étape du Tour de Belgique. Un petit groupe s’était détaché au terme de l’ascension du Mont Kemmel, incluant Van Aert, un autre champion de cyclo-cross, ainsi que Philippe Gilbert. L’explosivité de Van Der Poel, très certainement acquise et entretenue dans le cyclo-cross, l’a bien servi dans le sprint final.

Coquart a perdu la tête de la course, au profit de Philippe Gilbert.

Ca se jouera vraisemblablement aujourd’hui sur le chrono de 13 kms. Ca sera surtout très intéressant de voir ce que Van Aert et Van Der Poel pourront faire dans cet exercice qui laisse parler le moteur!

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment qu’on s’est pas fait plaisir avec un petit tour de l’actualité!

1 – GranFondo Mont Tremblant. C’est dans ma ligne de mire samedi prochain, et ils annoncent beau temps! Je m’aligne sur le grand parcours, 160 kms, question de faire durer le plaisir, et vous encourage à m’y rejoindre. Il reste de la place, et ça sera une excellente préparation pour la suite de la saison cycliste.

D’autres distances sont évidemment disponibles, 125, 80 et 45 kilomètres, selon votre condition physique ou simplement votre envie. Chaque peloton est encadré, assurant la sécurité de tous. Vraiment une belle épreuve, rudement bien organisée, sur des parcours intéressant dans la région des Laurentides. Et que dire de l’ambiance au village Mont Tremblant!!! Assurément LE spot le week-end prochain…

On s’inscrit ici.

2 – GP Le Nordet. De nombreuses erreurs s’étaient glissées dans le classement diffusé le week-end dernier par la FQSC. Ce classement a fait l’objet d’une révision rapide et est de nouveau disponible ici.

3 – David Polveroni. Le formidable grimpeur grenoblois qui écume les cyclosportives montagneuses en France a violemment percuté une voiture alors qu’il descendait rapidement le Mont Noir en tête de course le week-end dernier, sur le Challenge du Vercors. David se retrouve à l’hosto de Grenoble avec de multiples fractures ouvertes. Et merde! C’était pas son tour, il a déjà eu quelques chutes importantes ces dernières années… je pense à lui et lui souhaite un prompt et complet rétablissement. Derrière une douceur apparente, se cache un guerrier, un vrai, Marco Pantani version 2017. Tu vas revenir plus fort David en 2018!

4 – Giro. On se souviendra longtemps de Tom Dumoulin sur cette grande étape de montagne autour de Bormio hier… le pauvre a eu des ennuis gastriques et a dû s’arrêter au pied de l’Umbrail Pass pour satisfaire un besoin naturel autre qu’un pipi… donnant lieu à des images peu communes.

On m’a toujours dit que ce qui est le plus important pour un coureur de grand tour, ce n’est pas les jambes mais bien l’estomac. Sans lui, point de récupération, point de force, c’est souvent le mur, voire l’abandon.

La question est évidemment de savoir comment l’estomac de Dumoulin pourra récupérer pour la suite, copieuse dans les prochains jours.

Pour la petite histoire, ce n’est pas la première fois que pareille aventure arrive à un coureur de premier plan sur un grand tour. Les fins connaisseurs se rappelleront l’épisode de Greg LeMond sur le Tour 1986… Coeurs sensibles s’abstenir!!!

Anyway, Quintana et Nibali se replacent au général sur ce Giro, le premier pointe désormais à 31 petites secondes du maillot rose, le second à 1min12. Pinot est celui qui a de nouveau raté l’occasion de faire un rapproché au général hier, et pointe en 4e place avec 2min38 de retard.

Sur ce que j’ai vu hier, Nibali me parait le plus menaçant pour Dumoulin à partir de maintenant. Il va finir fort, est plus costaud que Quintana sur le chrono et il dispose notamment d’un Pellizotti fort efficace en haute montagne pour l’assister. Quintana dispose également de bons équipiers, Amador et Izagirre en premier lieu, mais me semble un ton en dessous.

Le manque d’équipiers au sein de son équipe Giant s’est cruellement fait sentir hier pour Dumoulin. S’il avait eu ne serait-ce que 2 équipiers à ses côtés pour l’aider après sa pause forcée, il aurait été en bien meilleure posture. À un certain moment, Giant va devoir se poser de sérieuses questions sur la composition de l’équipe, car on ne peut laisser un coureur du talent de Dumoulin sans assistance sur les grands tours.

Quoi qu’il en soit, payez-vous les images de l’étape hier: superbes! Et que de bons souvenirs pour moi, deux ans déjà. Ca me manque tellement de retourner à Bormio et dans ce secteur!

5 – Col du Galibier. Les images de l’opération de déneigement actuellement en cours pour permettre aux voitures et aux cyclistes d’emprunter prochainement le col sont vraiment spectaculaires, comme chaque année. Cela donne une bonne idée de ce qu’est la haute montagne où les conditions n’ont rien à voir avec celles qu’on retrouve à des altitudes plus faibles.

Le Stelvio aujourd’hui!

Ca y est, on y est: la grande étape de ce Giro, 222 bornes, le Mortirolo en apéritif (versant Monno toutefois, le moins difficile), puis le Stelvio côté Bormio (moins dur que côté Prato), puis le Umbrail Pass dans le final.

Il y aura des écarts, et on saura surtout de quoi Tom Dumoulin, l’excellent maillot rose jusqu’ici, est fait de quoi.

Pour Pinot et Quintana, c’est une occasion unique de revenir sur la tête de la course.

Pour Nibali… ben faudra voir. Assez polyvalent, ses sensations durant l’étape dicteront très certainement son action.

Ne manquez pas les images, ça va être grandiose!

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Dumoulin, façon Indurain!!!

Quelle étape hier mes amis!

C’est pas compliqué, Tom Dumoulin a atomisé le chrono façon Big Mig des années 1990 sur le Tour de France, relayant son plus proche rival, Geraint Thomas, à 49 secondes. Si d’autres gros rouleurs comme Jungels, Sanchez ou Kiryienka limitent la casse (mais ne jouent pas le général de toute façon), les autres favoris du Giro, exception faite peut-être de Nibali, se sont pris une sacré valise hier.

Nibali justement est quand même repoussé à plus de deux minutes.

Mollema est à 2min17.

Yates à 2min39.

Pinot à 2min42.

Kruijswijk à 2min43.

Quintana à 2min53.

Pozzovivo à 3min07.

Au général, Tom Dumoulin s’installe en rose avec 2min23 sur Quintana, trois autres coureurs étant dans un mouchoir de poche avec environ 2min40 de retard, soit Mollema, Pinot et Nibali. Oubliez les autres, ils ont perdu ce Giro.

Mon Dieu que ça va être intéressant pour la suite!

Voilà désormais Quintana en mode rattrapage, avec l’obligation de passer à l’attaque, et pas dans le dernier kilomètre des cols: avec plus de deux minutes dans la vue, il devra partir de plus loin pour espérer combler et surtout, dépasser son retard sachant que Dumoulin aura de nouveau l’avantage le dernier jour, sur le chrono très roulant vers Milan.

Idem pour Pinot qui devra s’allier avec Quintana pour espérer faire péter Dumoulin en montagne.

Nibali a prouvé hier que sa forme est ascendante, ce qu’on soupçonnait. Voilà de quoi bâtir la confiance pour la dernière semaine! Rappelez-vous le coup qu’il a fait l’an dernier sur le Giro, renversant la course justement en dernière semaine. Attention à lui!

Enfin Dumoulin sera en mode « damage control » dans la montagne, son seul objectif étant de limiter la casse en montant à son train. Il a très bien joué ses cartes sur le Blockhaus, limitant ses pertes à moins de 30 secondes sur Quintana… Son équipe Giant est cependant peu armée pour l’épauler, ce sera un handicap que Miguel Indurain lui n’avait pas en montagne avec ses Banesto…

Ca commence aujourd’hui sur la route de Bagno di Romagna, avec quatre cols (passo) à franchir. Les jambes seront lourdes! Le sommet du dernier col est cependant à 25 kms de l’arrivée, de quoi se refaire si jamais Dumoulin ou d’autres devaient perdre une petite minute dans l’ascension.

On attendra ensuite samedi avec l’arrivée à Oropa. Dix bornes pour une course de cote qui créera assurément des écarts. À ne pas manquer! Si le général bouge significativement dans les prochains jours, ce sera samedi prochain.

On entrera ensuite dans le vif du sujet mardi prochain sur la route de Bormio, avec deux ascensions du Stelvio. Ca va faire mal. L’étape reine de ce Giro, 222 bornes à franchir dans la journée… ouf! Si vous ne deviez regarder qu’une seule étape de ce Giro, c’est celle-là!

Si l’étape du lendemain vers Val di Fassa devrait être plus facile, il y a quand même à nouveau 219 kms à franchir. Les organismes seront éprouvés au terme de ces journées.

Restera l’apothéose, trois étapes difficiles, la première vers Ortisei, la deuxième vers Piancavallo, la troisième vers Asiago, et enfin le chrono du dernier jour, très roulant, sur 29 kms (avantage Dumoulin assurément!).

En conclusion, ce Giro n’est pas encore gagné, mais Tom Dumoulin a pris une belle option. Quintana, Pinot, Nibali et Mollema demeurent actuellement au contact, et chacun devra jouer ses cartes intelligemment s’il veut s’imposer, misant sur leurs forces respectives.

Il n’y a rien de plus passionnant que des grimpeurs obligés de passer à l’attaque en montagne, et des rouleurs obligés de rouler à fond dans les chronos pour espérer s’imposer, notamment le… dernier jour de la course. Je vous garantie un Giro avec d’autres rebondissements!

Dumoulin, un bon coup à jouer!

Merci à tous les lecteurs pour des commentaires passionnants hier sur le Giro.

Je suis d’accord avec vous: ce Giro pourrait être truffé de rebondissements, à commencer par aujourd’hui sur le premier long chrono: Dumoulin, mon favori pour l’emporter, pourrait prendre le maillot rose et s’installer avec une certaine avance jusque dans les Dolomites.

Thibault Pinot a également une belle opportunité, lui qui s’est beaucoup amélioré dans les épreuves contre-la-montre: il doit aujourd’hui repousser Quintana et Nibali le plus loin possible, pour ensuite pouvoir gérer son avance dans la montagne.

Le défi de Quintana sera de limiter ses pertes sur ce premier long chrono, sachant qu’il se débrouille toutefois assez bien dans les épreuves chrono.

Enfin, Nibali voudra rester au contact et limiter la casse une fois de plus, pour préserver ses chances dans la dernière semaine où, logiquement, son expérience et sa condition ascendante devraient l’avantager.

N’oublions pas non plus qu’un autre chrono est prévu le dernier jour du Giro! Si Quintana devait prendre une valise aujourd’hui puis se refaire dans la montagne, notamment sur l’étape du Stelvio, il devra toutefois se présenter au dernier chrono avec une certaine marge de manoeuvre.

Dumoulin, quant à lui, devra contrôler ses nerfs et résister à la tentation d’essayer de suivre les grimpeurs en montagne: monter au train, à son rythme, s’est révélé la meilleure des solutions sur le Blockhaus dimanche. Avec le chrono du dernier jour pour faire un rapproché au général, il pourrait bien demeurer une grosse menace jusqu’au dernier jour.

Bref, la suite du Giro s’annonce passionnante!

Giro: on commence à voir clair!

Avec l’arrivée au Blockhaus hier, on commence à mieux connaître ceux qui peuvent espérer jouer les premiers rôles sur ce Giro. Personne n’a encore gagné l’épreuve, mais plusieurs l’ont déjà perdu.

En premier lieu les Tejay Van Garderen, Adam Yates (encore malchanceux hier, retardé derrière une chute au mauvais moment) et surtout les deux Sky, Geraint Thomas et Mikel Landa.

D’autres auront fort à faire en dernière semaine pour revenir sur l’avant de la course: je pense à Steven Kruijswijk, Bob Jungels décevant hier, à Davide Formolo ou encore à Ilnur Zakarin.

Les bonnes surprises: Andrey Amador  surpuissant sur le Blockhaus hier au service de son leader Quintana, Domenico Pozzovivo, Bauke Mollema et surtout, surtout, Tom Dumoulin.  Ce dernier a parfaitement maitrisé la dernière ascension hier, montant à son rythme, au train, et reprenant dans le final Vicenzo Nibali mais aussi Thibault Pinot. Vraiment très impressionnant Dumoulin!

Les hommes forts de ce Giro: Nairo Quintana bien sûr, qui semblait se balader hier sur le Blockhaus, mais aussi un excellent Thibault Pinot qui sait changer de rythme sans prévenir. Beau coureur, bel attaquant, j’ai beaucoup aimé voir Pinot à l’oeuvre hier.

Enfin, Nibali demeure selon moi un protagoniste, car on sait que le coureur est capable d’être très bien en dernière semaine. Il a limité les dégâts hier, et sa condition est probablement sur une pente ascendante. Il a du métier, sait que les étapes les plus difficiles sont encore devant lui, notamment sur le Stelvio, et il saisira, j’en suis sûr, l’occasion lorsqu’elle se présentera.

Aujourd’hui c’est le deuxième jour de repos de ce Giro, on reprend donc demain avec le premier chrono, assez long puisque de 40 bornes. Dumoulin a un sacré bon coup à jouer pour s’installer en rose quelques jours, et Thibault Pinot devra faire jeu égal avec Nairo Quintana pour préserver ses chances. Enfin, Nibali a une belle occasion de refaire quelques secondes de sa minute perdue hier. Ca sera une fois de plus intéressant, et j’aime bien un premier chrono après quelques arrivées en altitude, ça donne du suspense à la course je trouve!

Carton rouge

Aux motos, encore une fois, cause de la chute au pied du Blockhaus qui a condamné à la fois Geraint Thomas et Adam Yates. Il faut vraiment que les instances du cyclisme se penchent sur ce fléau durant les courses, que ce soit en raison des accidents ou lorsque les motos faussent la course en offrant des abris aux coureurs.

Les watts

Intéressante analyse des watts développés par quelques coureurs sur l’Etna l’autre jour, incluant Mike Woods. Ca envoie du lourd, pas de doute!

L’Etna déçoit (encore)

La montagne hier a accouché d’une souris.

La lutte attendue entre les grands favoris de ce Giro n’a pas eu lieu, la faute à un vent de face soutenu durant l’ascension. Seul Nibali, à un moment, a placé une accélération, sans grande conséquence car il fut vite repris. Pas d’attaque de Quintana, pas d’attaque de Pinot, pas d’attaque de Thomas ou Landa… Dans ce contexte, personne parmi les favoris n’a encore perdu ce Giro.

Chapeau au vainqueur du jour, le courageux slovène Jan Polanc, qui a vraiment tout donné – c’était visible sur les images télé – lors de cette dernière ascension pour résister au retour du peloton derrière.

Petit carton rouge selon moi à la Cannondale-Drapac qui, avec 4 coureurs dans le peloton de tête – l’équipe la mieux représentée – aurait pu faire davantage. Pierre Rolland a certes essayé, mais son attaque était surprenante car beaucoup trop tôt. Une grosse erreur selon moi. Les Cannondale auraient pu jouer plus fin dans les trois derniers kilomètres avec Rolland, Woods, Formolo et Carthy. Dommage.

La Quick Step est la formation qui s’en tire le mieux, puisque le maillot rose reste dans l’équipe. Exit Gaviria, voici maintenant le tour de Jungels. Celui-ci devrait rester en rose jusque dimanche, sur l’étape du Blockhaus, le prochain grand rendez-vous de ce Giro. Ca sera plus difficile, plus long, et espérons que ce sera plus intéressant!

Etna: qui pour succéder à Alberto Contador?

Premier test du Giro aujourd’hui, avec l’arrivée au sommet de l’Etna, le volcan sicilien.

17 kilomètres d’ascension, une pente moyenne à 7%, avec quelques passages entre 10 et 14%, de quoi faire les premiers dégâts. En clair, personne ne gagnera le Giro demain, mais quelques favoris pourraient bien le perdre.

L’ascension a été empruntée la dernière fois par le Giro en 2011, une étape gagnée par Alberto Contador. Voyons plus tard aujourd’hui qui pourra lui succéder.

Évidemment, les yeux se tournent vers Nairo Quintana, le meilleur grimpeur du peloton.

Vicenzo Nibali devra se dévoiler, enfin. Il a été discret jusqu’ici cette saison, mais il ne peut plus se cacher. Il joue également à domicile et aura l’étape à coeur, étant né non loin de l’Etna, à Messine.

Les deux coureurs Sky, Thomas et Landa, devront aussi rester au contact. On aura probablement une indication sur lequel des deux est le plus en forme en ce moment.

Personnellement, j’ai bien hâte de voir Thibault Pinot à l’ouvrage sur cette montée. On saura rapidement s’il pourra être un candidat à la victoire finale.

On sera également fixé sur Tom Dumoulin, Bauke Mollema ainsi que Tejay Van Garderen.

Le maillot rose actuel, Gaviria, n’a aucune chance de conserver son paletot aujourd’hui ; avec le maillot rose à portée de presque tous les favoris, gageons un joli feu d’artifice. L’étape sera très intéressante, assurément.

Giro 2017: 5 étapes clés, 5 favoris, 5 outsiders…

La 100e édition du Tour d’Italie débute aujourd’hui vendredi, c’est assez inhabituel.

Au menu des coureurs, 21 étapes entre Alghero et Milan, le 28 mai prochain.

C’est pas compliqué, ce qu’il faut retenir de ce Giro se compte par 5: 5 étapes clés, 5 favoris, et 5 outsiders.

L’étape reine est sans contredit la 16e étape, en début de troisième semaine donc, entre Rovetta et Bormio. Au menu, 222 kms très difficiles, de par le Mortirolo (côté le plus facile cependant), le Stelvio et l’UmbrailPass. Quiconque connait le coin mesurera la difficulté de cette étape qui fera des dégâts.

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Les 4 autres étapes à surveiller sont évidemment les deux chronos, le premier sur la 10e étape, et long de 39 kms, l’autre lors de la dernière étape à Milan, sur 28 bornes. Un chrono le dernier jour d’un grand tour est toujours excitant, on se prend à rêver d’un suspense digne du chrono Versailles-Paris sur le Tour 1989…

La 9e étape et son arrivée au sommet du difficile Blockhaus sera également très intéressante, forçant les favoris à se démarquer sans réserve.

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L’autre sera l’étape des Dolomites (18e étape) par delà les Pordoi, Valparola, Gardena Pinei puis arrivée en altitude à St-Ulrich. Cette étape est courte (137 kms), propice donc à des coureurs qui attaquent de loin. Sur des organismes fatigués, ça peut être intéressant et ça inspirerait certainement Alberto Contador, malheureusement pas au départ du Giro.

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5 favoris

Les cinq grands favoris sont incontestablement Vicenzo Nibali, Nairo Quintana, Thibault Pinot, Mikel Landa et Geraint Thomas.

Pour Nibali, nous n’avons que très peu de repères cette saison quant à sa condition. Jouant probablement la carte de la fraicheur physique, je pense que c’est surtout en troisième semaine qu’il sera costaud. L’étape du Blockhaus sera donc pour lui un premier vrai test, et il devra alors s’assurer de ne pas y perdre son Giro.

Quintana a offert davantage de garantie cette saison, s’imposant par exemple la semaine dernière lors de la 2e étape du Tour des Asturies. L’étape de Bormio sera sa grande étape!

Thibault Pinot se lance plein d’ambitions sur ce Giro, et il a beaucoup progressé ces deux dernières années. À maturité, il aura toutefois fort à faire pour faire jeu égal avec Quintana en haute montagne.

Les deux Sky Landa et Thomas sont plus imprévisibles. En grande forme, ils sont capables de tout, mais ils sont aussi capables du pire! Et il faudra s’entendre dans l’équipe, ce qui ne sera pas évident si les deux sont en grande forme. Avantage Thomas qui est un anglais au sein d’une équipe anglaise?

5 outsiders

Je vois clairement 5 outsiders à ce Giro: Tejay Van Garderen, Adam Yates, Steven Kruijswijk (quel nom difficile à écrire!!!), Tom Dumoulin et Bob Jungels.

Aucun de ces coureurs n’a remporté jusqu’à présent de grands tours. Certains sont passés près de, comme Van Garderen, Dumoulin ou Kruijswijk. Je pense personnellement que Yates et Jungels pourraient créer une grosse surprise sur ce Giro, et l’un d’entre eux terminer sur le podium.

2 Canadiens

Deux coureurs canadiens sont au départ de cette 100e édition du Giro, deux coureurs avec des profils et des qualités très différentes: le vétéran Sein Tuft chez Orica, et le grimpeur Mike Woods chez Cannondale-Drapac.

Woods a évidemment les meilleures chances d’un bon classement général, et un top-10 serait pour lui génial. Les étapes de montagne devrait lui convenir, surtout lorsqu’elles sont plus courtes. Pourquoi ne pas viser une victoire d’étape dans les Dolomites?

À la télé 

Difficile cette année de suivre le Giro à la télé depuis le Canada. Fred, un fidèle lecteur que je remercie au passage, me dit cependant qu’on peut s’abonner à la RAI (poste 247 chez Vidéotron, pas en HD cependant) et que cette chaine devrait diffuser des images de la course. Elle diffusait, hier en tout cas, des images de la présentation de la course.

Sinon, on pourra suivre la course en stream sur Internet, via des app comme FilmOn ou des sites comme Cyclingfans.com ou encore SteepHill.tv.

Hampsten et le Gavia – Giro 1988

Le départ du Giro sera donné dans exactement une semaine, cette course fantastique notamment en raison de la passion que l’épreuve suscite chez les tifosi.

L’histoire du Giro est truffée d’étapes de légende, et l’une d’entre elles est certainement l’étape du Gavia sur le Giro 1988, Giro remporté par l’Américain Andy Hampsten.

Étape mythique car le Gavia avait été escaladé sous la neige cette année-là depuis Ponte di Legno, par des températures très froides. La plupart des coureurs en course ce jour-là décrivent l’étape comme la plus difficile qu’ils ont eu à affronter en carrière.

Grâce à sa performance sur cette étape, Andy Hampsten a pu devenir le premier Américain, et le seul à ce jour, à avoir remporté le Giro. Aujourd’hui, les noms du Gavia et d’Hampsten sont indissociables, comme celui d’Anquetil et Poulidor sur le Puy-de-Dome, de Jean-François Bernard ou de Tom Simpson sur le Ventoux, de Charly Gaul dans la Chartreuse, de Bernard Thévenet à Pra-Loup, voire de Marco Pantani et le Mortirolo.

Le Gavia lui-même n’est pas une simple affaire. Pour l’avoir découvert en course sur La Campionissimo en 2015, je confirme: aie! Même à l’entrainement quelques jours plus tard, ce col m’avait fait souffrir grandement, car on ne se hisse pas au sommet du Gavia, long de 25km depuis Bormio, sans y laisser pas mal de jus.

Tout a été écrit sur cette étape lors du Giro 1988? Si j’ai beaucoup lu sur le sujet, j’ai trouvé ce long reportage couplée de beaucoup de citations des principaux coureurs en course ce jour-là, incluant le vainqueur de l’étape Érik Breukink, très intéressant. À ne pas manquer pour revivre cette étape mythique et se mettre dans l’ambiance du Tour d’Italie.

On pourra également découvrir l’ascension du Gavia avec ces vidéos de Col Collective, très bien faits. L’un présente l’ascension par Ponte di Legno, celle empruntée par les coureurs du Giro 1988, l’autre par le versant Bormio, que j’ai aussi fait en 2015. Je pense que le côté Ponte di Legno est un peu plus difficile.

Vivement que j’y retourne!!! (c’est dans les cartons).

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