Quel beau Giro! L’épreuve nous a tenu en haleine jusqu’au tout dernier kilomètre, et au final le vainqueur « moral » de l’épreuve s’impose. Personnellement, je suis content de la victoire de Tom Dumoulin, car j’estime qu’il l’a mérité. C’est par ailleurs le premier Néerlandais à s’imposer sur le Tour d’Italie.
Plusieurs leçons sont à retenir de ce Giro selon moi.
La première, c’est qu’un contre-la-montre le dernier jour, ben c’est souvent une bonne idée. Je pense au Tour 1989 et le duel Fignon-LeMond, au Giro cette année… souvent – mais pas systématiquement bien sûr – un chrono le dernier jour entretient le suspense et force les grimpeurs à prendre des initiatives en montagne. On pourrait imaginer le contraire: une arrivée en altitude le dernier jour, avec un chrono l’avant-veille de l’arrivée! (la logistique n’est cependant pas simple).
On retiendra aussi que Quintana est un coureur ma foi bien énigmatique. Perçu comme un épouvantail l’an dernier, il s’est loupé sur plusieurs grands tours récemment, et on peut raisonnablement remettre en question sa stratégie de préparation en Colombie. C’est bien de s’entrainer sur les hauts plateaux, mais ce n’est peut-être pas là qu’on acquiert le rythme de la compétition… C’est bizarre avec Quintana: on dirait qu’il n’est plus capable de faire la différence en montagne, et que ses chronos sont moins bons qu’avant… Je vous avoue ne pas trop comprendre.
On retiendra également la pointure Dumoulin: celui là a un très gros moteur! Hisser un tel gabarit sur le haut des cols, il me fait penser constamment à Indurain. Volontaire, il ne s’avoue jamais battu et semble avoir un moral à toute épreuve. La grosse lacune ne vient pas de lui, mais bien de son équipe, quasi inexistante en montagne. Il faut vraiment que SunWeb-Giant reconnaisse durant l’intersaison avoir un coureur capable, d’ici peu, de viser une victoire sur le Tour, et donc de construire une équipe autour de lui, notamment pour l’accompagner dans les grands cols. C’est désormais urgent!
On retiendra la prestation de Nibali, auquel il n’aura pas manqué grand chose. Ce coureur s’améliore presque toujours à mesure que les grands tours avancent, et il est le plus dangereux chaque fois en dernière semaine. S’il récupère bien, je pense qu’il pourrait inquiéter Froome et Contador sur le Tour car à son âge (!), on encaisse mieux les efforts d’endurance.
Enfin, Thibault Pinot. Il a non seulement confirmé sur ce Giro sa 3e place du Tour 2014, mais aussi avoir progressé depuis. Capable désormais d’attaquer les meilleurs en haute montagne, il fait face à l’éternel dilemme des grimpeurs: travailler le chrono au risque d’émousser ses qualités en haute montagne, ou au contraire développer davantage ses talents de grimpeur pour espérer faire suffisamment la différence pour pouvoir résister dans les chronos… Virenque, à une certaine époque, avait choisi la première option, Pantani la deuxième… avec le succès que l’on sait. Mon choix serait clair!
Bref, un magnifique Giro qui pose toujours une question supplémentaire: Quintana, Pinot, Nibali auront-ils le temps de récupérer suffisamment pour se présenter à leur meilleur niveau au départ du Tour en juillet? La dernière semaine de ce Giro a été intense, autant physiquement que psychologiquement pour les favoris. La tendance récente nous montre qu’il n’est pas évident d’être au top en juillet après l’avoir été en mai, le cyclisme moderne étant si précis… À mon avis, avantage Froome pour le Tour quand même!






