La Flamme Rouge a pris des nouvelles hier de Mike Woods, à son retour d’un gros entrainement de 175 kilomètres du côté d’Andorre. Petite entrevue pré-Tour, parce que le Tour, c’est big !
LFR : Mike, content de te parler, merci d’accepter cette entrevue ! Comment va ta santé, on était inquiet car tu as été forcé d’abandonner le Dauphiné la veille de la dernière étape ?
Mike Woods : Toujours un plaisir de te parler Laurent. Ma santé est bien meilleure. Durant le Dauphiné, au cours du dernier week-end, plusieurs coureurs dont moi avons eu un ennui gastrique, très probablement quelque chose qu’on a mangé, peut-être même en course car la météo était très mauvaise, alors peut-être que les aliments ont aussi souffert. En tout cas, au matin de la dernière étape, j’étais vraiment faible. J’aurais pu prendre le départ, mais je n’aurais été d’aucune aide pour l’équipe et on devait aussi penser au Tour de France. Alors avec mon directeur sportif Charly Wegelius, on a décidé d’arrêter et de focusser sur le Tour et de retrouver rapidement la santé.
LFR : Et tu t’es rapidement remis sur pied ?
MW : Oui. 48h après, je n’avais plus de symptômes et j’ai pu reprendre rapidement l’entrainement. Mais au soir de l’avant dernière étape du Dauphiné, où j’avais été devant, j’étais vraiment fatigué. Dans ce contexte, je n’ai pas regretté notre décision de rentrer à la maison au soir de l’avant dernière étape.
LFR : C’est officiel Mike, tu fais partie de l’équipe Education First pour le Tour de France ?
MW : Je ne suis pas certain que c’est officiel encore, la composition précise de l’équipe n’a pas encore été annoncée aux médias je crois.
LFR : Mike Woods sur le Tour ?
MW : Oui, tu peux l’écrire, je serai au départ du Tour pour Education First.
LFR : Ok. Dans ce contexte, prendras-tu le départ des Nationaux à Saint-George de Beauce la semaine prochaine ?
MW : Je pense que les Nationaux seraient une excellente préparation pour le Tour et j’aimerais être au départ. Mais le voyagement est tellement dur à encaisser si près du départ du Tour, ce n’est pas raisonnable pour moi d’envisager une traversée de l’Atlantique à ce moment.
LFR : Donc tu vas rester en Europe et t’entrainer ? Il n’y a plus vraiment de courses de préparation possibles ?
MW : Exact. On a un camp d’entrainement qui débute le week-end prochain, avec un grand focus sur le contre-la-montre par équipe, donc je serai à ce camp. Et après, direct en Belgique pour le Grand Départ de Bruxelles.
LFR : As-tu une idée de ton rôle au sein de l’équipe Education First lors du Tour ? Tout le monde pense évidemment à Rigoberto Uran comme leader, ayant terminé 2edu Tour 2017.
MW : Oui, Rigo va bien en ce moment, et il ne faut pas oublier Tejay (ndlr : Van Garderen) également qui a terminé 2edu Dauphiné. Nous avons donc une équipe vraiment forte pour le Tour, c’est excitant. Je suis également en excellente condition. Je vais donc essayer d’aider Rigo et Tejay sur les étapes importantes pour le classement général, tout en ayant parfois la liberté de jouer ma carte personnelle pour des victoires d’étape.
LFR : Et qu’en est-il de Tejay ?
MW : Tejay était vraiment fort sur le récent Dauphiné. Je pense que le plan est un peu le même pour le Tour : rester relax durant la première semaine, et voir comment la suite se présente. Rigo est notre leader principal, mais Tejay a déjà prouvé qu’il peut être un coureur pour le général lorsqu’il est en bonne condition, et c’est le cas en ce moment. Tejay est également un excellent coéquipier et motivateur à avoir dans une équipe, alors s’il garde cette mentalité je pense qu’il connaitra du succès sur le prochain Tour.
LFR : Et toi, tu vises des victoires d’étape sur les étapes de montagne ?
MW : Exactement. C’est un peu comme ca qu’on a couru au Dauphiné cette année, et ca a bien réussi. Tejay y allait pour le classement général, et de mon côté je pouvais être agressif et attaquer certaines étapes comme l’avant-dernière. Sans cet ennui santé imprévu, je crois que j’aurais pu être devant au cours de la dernière étape aussi.
LFR : Oui, et c’était vraiment pas simple durant cette avant-dernière étape, la météo était si mauvaise. Comment gères-tu la mauvaise météo ?
MW : Pas vraiment bien ! Je me sentais toutefois très bien durant cette étape, tout allait bien, je descendais bien aussi. C’est frustrant d’avoir fait une crevaison dans la dernière descente, au moment où je venais de lâcher Lutsenko. Dans la dernière ascension c’était vent de face également, et on a été repris. J’ai eu d’excellentes jambes même après ca, assez en tout cas pour finir avec Richie (ndlr : Porte) et Quintana, alors j’étais satisfait. Donc je dois admettre que typiquement, je fais mieux que les autres dans la mauvaise météo. Je n’aime pas vraiment ça, mais je m’en sors toujours bien. C’était la même chose sur Liège cette année.
LFR : Tu es un Canadien, alors la mauvaise météo, on sait gérer ca !!!
MW : Exactement Laurent !
LFR : Et la chaleur, comme gères-tu ? Je suis en France actuellement et c’est la grosse canicule, comment te comportes-tu en course lorsqu’il fait très chaud ?
MW : C’est une question d’adaptation. Quand je ne peux pas m’adapter, je ne fais pas vraiment bien, mais si je peux m’adapter, ça se passe beaucoup mieux. À quelque part, c’est une chance cette canicule cette semaine, elle est aussi en Espagne, à Gérone, alors je vais avoir l’opportunité de m’adapter comme il faut avant le Tour.
LFR : La Planche des Belles Filles et cette arrivée située un kilomètre plus loin qu’en 2017, avec des rampes finales à 20%, ca pourrait bien te favoriser ?
MW : Oui ! C’est assurément une étape qui m’intéresse, mais elle est située tôt dans le Tour, alors il faudra voir selon les besoins de Rigo et Tejay en vue du général. D’autres étapes me conviennent bien en troisième semaine, notamment dans les Alpes.
LFR : As-tu parlé à Hugo Houle récemment ? Il pourrait être l’autre Canadien au départ du Tour.
MW : J’ai échangé souvent avec Hugo durant le Dauphiné, il est en excellente condition, très affuté aussi. Il a fait du très bon travail pour Jakob Fuglsang. Je ne crois pas que la composition de l’équipe Astana pour le Tour a été annoncée, mais il était sur la liste finale des coureurs sélectionnables. Il a vraiment ses chances cette année et j’espère le voir au départ, ca serait formidable pour le cyclisme canadien.
LFR : Une dernière question Mike : la suite de ton programme de course, après le Tour ?
MW : À ce moment-ci, il faudra voir comment je sors du Tour de France, le niveau de fatigue. Je veux absolument faire la Classica San Sebastian. Et je voudrais vraiment faire les Grands Prix de Québec et Montréal cette année, je pousse l’équipe pour qu’elle m’aligne sur ces deux courses qui me conviennent bien. Je ne les ai pas fait depuis quelques années et je les identifie comme étant des courses « chez moi, à la maison » pour moi. Je veux les faire cette année. On prendra la décision finale après le Tour.
LFR : Pourrait-on te voir à Ottawa-Gatineau en août alors ?
MW : Oui ! C’est ce que je souhaite. J’aime la région d’Ottawa-Gatineau, c’est pour moi « être à la maison » et je veux y être au mois d’août.
LFR : Certains coureurs de la communauté cycliste d’Ottawa-Gatineau m’ont dit qu’ils espèrent vraiment te voir prochainement pour te montrer qu’on peut encore te lâcher dans la côte Fortune du Parc de la Gatineau!
MW : Ha ha ! Ils peuvent toujours essayer… bonne chance ! Plus sérieusement, ca me ferait vraiment plaisir de revoir quelques coureurs de chez moi, et de rouler relax avec eux.
LFR : Merci Mike pour ton temps, et surtout bonne chance sur le Tour, on suivra de très près ta course. Surtout, on te souhaite d’éviter les chutes en première semaine, et quelques bonnes opportunités en montagne afin de t’illustrer.
MW : Merci Laurent, on se reparle après le Tour alors.