On a appris hier que les épreuves La Québécoise et La Montréalaise ne seront pas de retour au calendrier des cyclosportives du Québec en 2015.
C’est dommage! J’avais participé à La Québécoise et à La Montréalaise en 2013, avec beaucoup de plaisir, surtout sur La Québécoise où le parcours m’avait particulièrement intéressé.
Rappelons que ces deux cyclosportives se disputaient en marge des GP WorldTour de Québec et Montréal et émanaient de la même organisation.
Le communiqué de presse émis par l’organisation mentionne que le nombre de participants n’était tout simplement pas suffisant pour couvrir les frais des cyclosportives. En d’autres termes, un événement non rentable sur le plan du budget, donc on limite la casse et on termine l’aventure. On comprendra les organisateurs de prendre une telle décision.
Le même communiqué de presse mentionne que 1 700 participants ont roulé sur les deux cyclosportives en 2014: j’estime que c’est loin d’être un échec! 1 700 cyclistes, ça fait beaucoup de monde… et les organisateurs peuvent se satisfaire d’avoir réussi à réunir autant de personnes.
L’organisation évoque cependant le chiffre magique de 4 500 participants nécessaires pour atteindre le seuil de la rentabilité. On évoque également la date tardive (en septembre) des événements ainsi que l’offre croissante de cyclosportives au Québec – donc une certaine compétition – pour expliquer ce « manque » de participants.
Je sais pas vous, mais 4 500 participants à un prix moyen de 150$ l’inscription, ça fait tout de même des revenus d’environ 675 000$! On pourra se surprendre de lire que le seuil de rentabilité de ces deux cyclos se situe au delà du demi-million de dollars: ça fait beaucoup, me semble-t-il.
Quoi qu’il en soit, on peut se questionner sur cette situation, et ces réflexions constructives pourront possiblement être utiles pour d’autres cyclosportives en devenir, ou existants déjà.
D’abord, le tarif d’inscription: à 150$ ou 200$ (peloton « L’Échappée »), vous êtes nombreux à trouver ça trop cher (c’est du moins ce qui se dégage de vos commentaires ces deux ou trois dernières années à propos de certaines cyclosportives). Ces tarifs ont donc pu nuire, dans une certaine mesure, à la popularité de l’événement. Je pense qu’il y avait moyen de faire différemment, probablement moins cher: pourquoi, par exemple, inclure dans ces tarifs un maillot cycliste? Cela engendre des coûts pour l’organisation (sa conception, la logistique de sa distribution, etc.) pour un effet limité: beaucoup de cyclosportifs préfèreront très probablement (j’en suis) porter leur propre maillot de toute façon, surtout s’ils participent en groupe ou club cycliste. Plusieurs autres cyclosportives pratiquant des tarifs similaires offrent également un maillot cycliste, et je demeure peu convaincu de l’effet de cette initiative sur la popularité des épreuves.
Il faut ensuite se demander pourquoi certaines cyclos sont populaires (le Défi Vélo Mag est un bon exemple, ou la Marmotte en France) et d’autres moins? Je demeure convaincu que le parcours joue pour beaucoup. Si La Marmotte est populaire, c’est que le parcours – dantesque – permet de se mesurer à la légende du cyclisme, ainsi qu’à soit même. Idem, mais dans une moindre mesure, pour le Défi Vélo Mag: le parcours du Parc de la Mauricie est bien connu au Québec, tant pour sa beauté que pour ses difficultés incessantes.
C’est peut-être aussi ce qui manquait à La Québécoise et La Montréalaise: un parcours mieux dessiné, surtout pour La Montréalaise. Je pense par exemple qu’il fallait terminer chacune de ces deux épreuves par un tour complet du circuit emprunté par les pros (avec la même configuration, reprenant ainsi un peu le concept de L’Étape du Tour…), ce qui aurait attiré davantage de cyclosportifs selon moi. Imaginez: une arrivée au sommet de Camilien Houde après un tour complet du circuit de la course, lui-même précédé d’un tour complet de l’île de Montréal via le Lakeshore et l’Est de la ville, puis une fête sur la montagne après, eut été selon moi un puissant facteur de promotion de La Montréalaise (qui aurait du coup mieux porté son nom!). Bien évidemment, cela représentait assurément des défis logistiques importants, mais le succès de l’événement était probablement à ce prix.
Sur La Québécoise, il aurait pu être intéressant de marier l’événement avec la sortie du mercredi que font habituellement les coureurs pros: on aurait ainsi pu proposer aux participants de rouler la première heure de la cyclosportive avec quelques coureurs pros qui auraient encadré les divers pelotons, pour les laisser ensuite. La possibilité de côtoyer – même brièvement – certains coureurs pros puis de terminer la cyclo par un tour complet du circuit aurait eu de la gueule!
Enfin, la date des événements a-t-elle vraiment nui? Je demeure convaincu que plus que la date, c’est le facteur météo qui est déterminant bien souvent sur les cyclosportives. Évidemment, avec des événements en septembre, la probabilité de température fraiche et de pluie est très certainement plus élevée qu’au mois de juin ou juillet. D’autres évoqueront la popularité du Défi Vélo Mag, plus tard encore dans la saison. Difficile de trancher donc à ce chapitre!
Quoi qu’il en soit, il convient de souligner l’effort des organisateurs ces deux dernières années de proposer ces cyclosportives: ils peuvent être fiers, selon moi, d’avoir réussi à attirer l’an dernier 1700 cyclistes, ce n’est pas rien. Fort de quelques idées nouvelles, il sera peut-être possible, qui sait, de relancer ces événements sous une nouvelle formule au cours des prochaines années?