De quoi passer un bon moment, nous qui sommes passionnés de cyclisme.
Le Ronde Van Vlaanderen de l’intérieur.
Toute la passion du cyclisme belge, comme si vous y étiez, au coeur de l’événement. La logistique de la course, et toute l’énergie de ceux qui sont là pour soutenir les coureurs, de ceux qui se passionnent pour la course et les coureurs, du tenancier de café au commentateur télé, en passant par les officiels de course.
Un vrai régal.
Et l’occasion de voir ce qui est souvent moins vu, par exemple la perf monstrueuse – et ainsi accueillie par plusieurs directeurs sportifs durant la course – de Mathieu Van Der Poel l’an dernier (2019), lui qui a été victime d’une grosse chute puis qui est revenu au premier plan par la suite, pour terminer finalement 4e de la course.
Monstrueux.
Mais la réaction du paternel, elle, est plus décalée et mesurée. Chez les Van Der Poel, les attentes sont grandes.
Enfin peu importe, ces vidéos sont un réel bonheur.
Ben il a résisté cette fois. L’étape de demain étant en principe une formalité, il tient probablement sa victoire sur un grand tour en 2020. Pas le Tour de France, mais la Vuelta fera bien l’affaire.
Un doublé probable d’ailleurs, après sa victoire l’an dernier sur la même course.
Les secondes engrangées sur le chrono plus tôt dans la semaine se sont avérées très précieuses hier pour Roglic dans ces trois derniers kilomètres. Je pense que si le slovène a joué les bonifs à l’arrivée de l’étape vendredi, c’est la preuve qu’il n’était vraiment pas tranquille pour cette dernière arrivée en altitude de la course.
Il pourra très bientôt souffler… et se reposer, deux podiums (1er et 2e) sur les grands tours en trois mois, un Liège-Bastogne-Liège, ouf, il a beaucoup donné en cette courte saison.
Le podium est normalement fixé, Roglic, Carapaz et le surprenant Carthy, 26 ans, sans grand résultat probant jusqu’ici chez les professionnels où il évolue depuis 2013.
Carapaz, laissé-pour-compte par Ineos?
Je sais pas vous, mais je trouve qu’Ineos n’a pas suffisamment encadré Richard Carapaz sur cette Vuelta.
On ne peut rien reprocher au coureur équatorien, il s’est très bien battu, sans équipe ou presque. Encore hier, il a bien joué son va-tout dans les derniers hectomètres de l’étape.
Carapaz est le vainqueur du Giro 2019, donc un protagoniste sérieux à la victoire finale sur la Vuelta cette année et vous l’envoyez sur l’épreuve avec très peu d’équipiers capables de lui filer un bon coup de main, surtout en montagne.
Pas sérieux, Ineos!
Chris Froome n’a pas été l’ombre de lui-même, et c’était pas les Amador, Golas, Rivera, Van Baarle et Wurf qui allaient casser la baraque en montagne. Sosa aurait pu faire plus, mais il s’est complètement loupé, ne répondant pas aux attentes placées en lui.
Ceux qui peuvent se mordre les doigts sur cette fin de Vuelta, c’est Ineos selon moi: avec une autre équipe, c’est peut-être Carapaz qui serait en rouge aujourd’hui.
Les jeunes en 2020, l’explication
Les jeunes coureurs ont marché fort cette saison, particulièrement sur les grands tours. Ce fut une surprise.
J’aime bien l’explication avancée par Alain Gallopin: les coureurs plus âgés auraient très mal gérés cette courte saison, courant trop en août dernier, et trop rapidement sur des conditions physiques pas optimales après des mois de préparation perturbée en mai, juin et juillet due à la Covid.
Autrement dit, ils ont voulu mettre les bouchées double en août, et ça n’a pas suivi derrière.
Exemple: Vicenzo Nibali. Présent le 1er aout sur les Strade Bianche, il embrayait sur le Gran Trittico Lombardo le 3, puis Milan-Turin le 5, Milan SanRemo le 8, le Gran Piemonte le 12, le Tour de Lombardie le 15, le Giro dell’Emilia le 18, puis les Championnats nationaux d’Italie le 23. Il rajoutait enfin Tirreno-Adriatico du 7 au 14 septembre et s’est présenté au départ du Giro dell’ Appennino le 19, à la course sur route des Mondiaux le 27, puis a attaqué le Giro le 3 octobre.
Cramé.
Au lieu de ca, Tao Geoghegan a fait la Route d’Occitanie du 1er au 4 août, puis a abandonné le Tour de l’Ain (7 au 9 août), a abandonné le Tour de Lombardie et le Giro dell Émilia les 15 et 18, s’est aligné sur Tirreno début septembre et puis basta! Que le Giro le 3 octobre par la suite. Pas de Mondiaux, pas d’autres courses.
On a vu le résultat.
Le truc des jeunes coureurs en 2020, ce serait ça: plus de fraicheur. Dans un cyclisme aujourd’hui très homogène, c’est peut-être ça la carte à jouer dorénavant pour briller, surtout sur les courses par étape: jouer la fraicheur.
Gaudu fait oublier Pinot?
Avec deux belles victoires d’étape en montagne, David Gaudu chez FDJ a fait oublier Thibault Pinot en cette fin de saison.
Il faudra voir l’an prochain comment se distribueront les responsabilité chez Madiot, Gaudu étant en net progrès. Le Français termine également deuxième du classement du meilleur jeune, derrière Enric Mas.
Je suis content pour lui.
Guillaume Martin, la récompense
Un autre qui s’est récompensé de tous ses efforts cette saison, c’est Guillaume Martin qui ramène à Madrid le maillot de meilleur grimpeur.
Voilà assurément de quoi bâtir sa confiance en prévision de la prochaine saison. Âgé de 27 ans, un âge souvent présenté comme l’âge de la maturité en cyclisme professionnel, Martin entre dans ses belles années je pense. On reparlera de lui j’en suis sûr la prochaine saison.
Education First, un grand succès
Très belle Vuelta pour l’équipe américaine de Mike Woods et Hugh Carthy, avec au final trois victoires d’étape (Woods, Carthy et Cort Nielsen) et une troisième place au général.
Mike Woods peut être satisfait de son Tour d’Espagne je pense, une victoire d’étape, de belles perfs en montagne, et un équipier solide pour Carthy. L’année prochaine, ce sera toutefois pour Israel Start-Up Nation de… Dan Martin!
Movistar, triste bilan?
La Vuelta pour les équipes espagnoles, c’est important.
Et la plus importante d’entre elles, Movistar, n’était pas venu faire de la figuration.
Bilan, une victoire d’étape avec Marc Soler tôt dans la course, une 5e place au général avec Enric Mas et Alejandro Valverde qui termine 10e, à 40 ans.
La Movistar raffle quand même le classement par équipe, toujours important pour cette équipe. Mince consolation selon moi.
Un examen de conscience est probablement dû pour l’équipe durant l’intersaison. Mas semble montrer ses limites, Valverde ne sera pas éternel pour la gagne c’est évident, Betancur tu ne peux pas miser sur lui, seul Marc Soler, à 26 ans, semble être une vraie garantie pour les prochaines années.
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Une fois tous les quatre ans, La Flamme Rouge vous présente un sujet complètement différent du cyclisme: celui du Vendée Globe.
L’Everest des mers.
Le tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance.
Ça démarre ce dimanche 8 novembre 13h02 des Sables d’Olonne.
Il y a de l’esprit des premiers Tours de France dans le Vendée Globe d’aujourd’hui. Celui d’une incroyable aventure humaine, dans des conditions extrêmes. L’homme contre la nature.
Les croisés du Tour de France en sont à leur quatrième station. Ils descendent en pleine nuit à toute allure et en roue libre sur Landerneau. C’est la seule ville, depuis le départ, où l’on n’entende aucun bruit. Il est deux heures et demie du matin. Landerneau dort. Il fait froid. Châteaulin dort. À Quimper, toute la Cornouailles est aux fenêtres.
C’est malheureux, dit un Breton qu’emballe le spectacle, on casque deux cent mille balles à un cheval pour deux minutes et demie, et on donne des briques à des hommes qui en font plus que des chevaux!
Albert Londres, Tour de france, tour de souffrance (1924)
Cette 9e édition du Vendée Globe s’annonce passionnante. Record de participants, 33 skippers, dont six femmes (aucune sur l’édition précédente). Une grosse compétition!
Record à battre, 74 jours et 3h de mer.
Le record devrait être battu, comme sur chacune des éditions jusqu’à maintenant. Notamment grâce à la présence de nombreux « foilers » dans la flotte (19 sur 33 bateaux), ces bateaux équipés de lames en carbone permettant de lifter la coque, et donc de gagner de 15 à 20% en puissance (vitesse).
Aujourd’hui, ces bateaux de la classe IMOCA équipés de foils atteignent 35 noeuds, soit presque 70 km/h!! Le confort à bord est cependant inversement proportionnel à la vitesse…
Outre un bateau performant, la gagne sur le Vendée Globe dépend de plusieurs autres éléments: la fiabilité du bateau d’abord, car il faut qu’il tienne sans avarie majeure pendant 3 mois de mer. L’expérience du skipper ensuite, et ses capacités de bien comprendre la météo, car il faut pouvoir choisir les meilleures trajectoires entre anticyclones, creux barométriques et autres dépressions des océans. Le routage a d’ailleurs bien changé depuis les premières éditions du Vendée Globe, les skippers cherchant des gros vents permettant à leurs foilers d’exprimer toute leur puissance.
Il faut aussi un gros mental pour supporter 75 jours de mer en solitaire, dans des contrées inhospitalières. Pas de la petite bière que de se retrouver solo par gros temps dans les mers du Sud, quelque part entre l’Australie et le cap Horn, à plusieurs heures d’avion de la moindre âme.
Le grand favori s’appelle Jérémie Beyou sur Charal, un bateau ultra-moderne, foiler de dernière génération, et ayant été beaucoup testé au cours des deux dernières années. Beyou et son bateau ont gagné plusieurs courses de prépa, ils sont prêts.
Le joker-mystère s’appelle l’inusable et original Alex Thompson sur Hugo Boss, lui aussi un bateau tout neuf, probablement le plus moderne et le plus secret de toute la flotte. Habitacle complètement fermé, Thompson navigue sa Formule 1 des mers grâce aux multiples systèmes électroniques embarqués, à des caméras gyroscopiques (incluant des caméras thermiques et infrarouges!) autour du bateau, et même à l’intelligence artificielle qui est à bord! Sorti toutefois tardivement des docks, le bateau n’a pas pu être beaucoup testé et son talon d’Achille est sa fiabilité. Sur une telle course, ca pourrait ne pas pardonner. Thompson pourra opposer à cela sa grande expérience du Vendée Globe, en étant à sa 4e participation. Un vétéran.
Quatre autres skippers seront à surveiller de près: Charlie Dalin sur Apivia, lui aussi un foiler de dernière génération. Sébastien Simon sur Arkea-Paprec, Armel Tripon sur le magnifique L’Occitane et Thomas Ruyant sur LinkedOut sont aussi de sérieux prétendants à la victoire finale. Ils évoluent tous sur des foilers ultra-performants.
Chez les femmes, l’expérimentée Sam Davies sur Initiatives Coeur pourrait créer une belle surprise. Rappelons qu’Ellen McArthur avait terminé 2e du Vendée Globe en 2000-2001.
Le vent de fraicheur du Vendée Globe cette année vient de la très sympathique néophyte Clarisse Cremer sur Banque populaire, qui présente un parcours intéressant depuis cinq ans. Elle manie aussi bien l’art de la navigation que celui des… médias sociaux, deux arts qu’elle joue à fond, et elle pourrait surprendre car elle a du chien en plus d’avoir bénéficié dans sa préparation des derniers mois de tout le soutien et l’expérience d’Armel Le Cléac’h, dernier vainqueur du Vendée Globe (2016-2017). On espère que Jimmy sera à bord de Banque populaire pour ce Vendée Globe!!!
… une victoire de Primoz Roglic dimanche à Madrid!
Ceci étant, rien n’est encore joué. La lutte pour la 2e place est possiblement celle qui sera la plus chaude samedi.
Trois coureurs ne sont séparés que de 47 secondes, et il reste une arrivée en altitude samedi. Tout peut arriver pour ces trois-là.
Mais c’est pour aller chercher la 1ere place que ca sera probablement le plus compliqué.
Priorité de Roglic sur Carapaz: 39 secondes. Sur Carthy, 47.
De quoi voir venir pour Roglic, lui qui n’a perdu que dix petites secondes au sommet de l’Angliru, une ascension autrement plus difficile que celle de samedi prochain vers la station de ski de Covatilla.
Roglic dispose également de trois équipiers capables de l’épauler efficacement lorsque ca grimpe: Gesink, Bennett et Kuss. Il présente la meilleure équipe.
Bref, je vois mal, à ce stade-ci de la course, comment il peut être battu désormais.
Mais c’est Primoz Roglic: capable du meilleur, comme du pire. Nous avons tous les images de son effondrement surprise sur les pentes de la Planche des Belles-Filles lors du récent Tour de France.
Je pense toutefois que Roglic et la Jumbo-Visma ne veulent pas revivre ces moments et feront tout ce qu’il faut pour éviter ca samedi. Et puis, la Planche, c’était un chrono, samedi c’est une étape en peloton. Pas la même chose.
Carapaz-Carthy, le match
Huit secondes entre Carapaz et Carthy, c’est probablement là que la lutte sera la plus féroce. Une deuxième place sur un grand tour est en jeu!
Et c’est peut-être… le Canadien Mike Woods qui tient la clé de cette 2e place.
Carapaz est isolé en montagne sur cette Vuelta, on l’a souvent vu au cours des dernières étapes.
La logique voudrait que Woods durcisse le rythme au pied de la Covatilla samedi question de faire le forcing pour Carthy. Ce n’est pas à Roglic d’attaquer, ses Jumbo et lui peuvent se permettre de simplement contrôler derrière.
Fort d’une excellente condition en ce moment, 2e hier de l’étape, Woods pourrait ainsi préparer le terrain pour une accélération de Carthy qui, rappelons-le, a lâché à la pédale Carapaz sur les pentes de l’Angliru. Aller chercher huit secondes, c’est jouable. Carthy peut y croire.
Les autres classements
C’est plié: Roglic pour le vert des points, Guillaume Martin pour le classement de la montagne et Mas pour le blanc du meilleur jeune.
La Movistar est en tête du classement par équipe, un peu plus de huit minutes de priorité sur la Jumbo-Visma. Rien n’est encore fait, mais ca sent quand même bon pour l’équipe espagnole. Ca sera le prix de consolation, Mas n’étant pas parvenu à livrer la marchandise attendue sur ces trois semaines.
Wellens, il avait étudié
Woods 2e hier de l’étape, c’est dommage car une belle occasion de victoire manquée.
Ce qui est clair hier, c’est que c’est le plus studieux qui a gagné l’étape. Les 400 derniers mètres étaient composés de nombreux virages assez serrés et il est apparu très clair, même live à la télé, qu’il fallait aborder ces derniers 400m en tête.
Et il est évident, sur sa réaction lors de l’accélération de Marc Soler, que Tim Wellens le savait parfaitement, donc qu’il connaissait ou avait étudié ces derniers mètres de l’étape. Je pense que Mike a également fait une petite erreur de… braquet, il semblait un peu plus gros que Wellens dans les 125 derniers mètres, l’empêchant d’accélérer comme son rival.
Nous savons tous qu’une erreur de braquet est souvent fatale dans les moments critiques d’une course ou d’un entrainement entre coéquipiers.
Rien de plus révélateur d’une telle erreur qu’un sprint full gas contre les adversaires en vue d’une ligne d’arrivée, ou qu’une relance dans une belle bosse pour sortir d’un petit groupe.
Trop « gros », on est contraint à l’arrachée, les jambes toxinent vite, et on ne peut accélérer efficacement.
Trop « petit », on a vite les jambes autour du cou, et on est incapable de suivre car on avance pas assez vite face à la concurrence, et le rythme cardiaque s’emballe rapidement.
Dans tous les cas, vous avez perdu. Largué.
Le bon braquet, c’est aussi d’autres enjeux: votre confort sur le vélo, qui dépend notamment de votre capacité à trouver le braquet qui respecte votre cadence naturelle, tout en étant adapté au terrain. C’est aussi une question de gestion de la fatigue: sur les bons braquets, on va non seulement plus vite, mais aussi plus loin.
Les braquets sont si importants et pourtant, peu d’entre nous y attachons l’importance qu’ils méritent lors de l’achat d’un vélo, qui arrive du fabricant avec des plateaux et une cassette déjà installés. Par exemple un 53-39 et une cassette 11-28. Combien de fois ma question est restée sans réponse lorsque je demande quels braquets un(e) ami(e) cycliste utilise!
Tout au plus changeons-nous de cassette pour des événements particuliers comme des grandes cyclosportives en haute montagne.
Certaines combinaisons sont meilleures que d’autres, et certaines sont à éviter.
Décryptage.
Les choix
L’analyse a porté sur les gammes offertes par les trois grands de l’industrie: Shimano, Sram et Campagnolo, dans les groupes route et gravel (pas de groupes mtb) les plus connus du haut et milieu de gamme.
Chacun a sa recette particulière.
Chez Shimano, on demeure pour l’instant en 11 vitesses et on propose pas moins de sept cassettes différentes (11-25, 11-28, 11-30, 11-32, 11-34, 12-25 – une sixième, pour juniors, est aussi disponible, 14-28), ainsi que cinq choix de combinaison de plateaux (55-42, 54-42, 53-39, 52-36 et 50-34). Souvent annoncés, on attend encore les groupes 12 vitesses chez le fabricant nippon.
Chez Sram, on est original puisque la gamme comprend seulement quatre cassettes toutes en 12 vitesses et départ 10 dents (10-26, 10-28, 10-33 et 10-36) mais huit choix de combinaison de plateaux (53-39, 52-36, 50-37, 50-34, 48-35, 46-33, 46-30 et 43-30, ces trois dernières combinaisons pouvant être associées à la pratique du gravel bike).
Chez Campagnolo, trois cassettes 12 vitesses (11-29, 11-32 et 11-34) et cinq cassettes 11 vitesses (11-23, 11-25, 11-27, 11-29 et 11-32), ainsi que seulement trois choix de combinaison de plateaux, les traditionnels 53-39, 52-36 et 50-34. Le constructeur italien vient de se doter d’un nouveau groupe gravel, le Ekar, proposant trois cassettes différentes (9-36, 9-42 et 10-44) ainsi que quatre monoplateau (38, 40, 42 et 44).
L’analyse
Elle a porté sur la variété et la progressivité des développements rendus possibles.
Une combinaison plateaux-cassette avantageuse est celle qui présente peu de braquets redondants (ou dédoublés). Par exemple, il est inutile d’avoir sur son vélo le 50-22 puisque le 34-15 est identique, avec une meilleure ligne de chaine.
Une combinaison avantageuse est également celle qui propose de retrouver sur l’autre plateau le développement « perdu » parce que moins utilisable en raison du croisement de chaine (petit plateau-petit pignon ou grand plateau-grand pignon). En croisement de chaine, des analyses ont montré que des watts sont perdus par friction, et l’usure de la chaine et des pignons est multipliée.
Un exemple d’une combinaison particulièrement intéressante: le 52-36 couplé à la cassette 11-23 de Campagnolo, celle que j’utilise depuis fort longtemps. Le tableau ci-bas donne les ratio (nombre de tours de roue pour chaque tour de pédalier) de tous les développements qu’on y retrouve:
52
36
11
4,73
3,27
12
4,33
3,00
13
4,00
2,77
14
3,71
2,57
15
3,47
2,40
16
3,25
2,25
17
3,06
2,12
18
2,89
2,00
19
2,74
1,89
21
2,48
1,71
23
2,26
1,57
On remarquera que le 36-11, chaine croisée, est retrouvé en 52-16. Idem pour l’autre braquet de croisement, le 52-23, qui est retrouvé grâce au 36-16.
Tous les autres ratios sont différents, surtout en milieu de cassette, permettant une réelle variété des braquets et une progressivité intéressante d’un développement à l’autre.
Il existe des combinaisons nettement moins intéressantes, par exemple le 50-34 couplé avec une cassette 11 vitesses 11-32 chez Campagnolo (malheureusement, la cassette 12 vitesses 11-32 n’a rien arrangé). Voici le même tableau mis à jour:
50
34
11
4,55
3,09
12
4,17
2,83
13
3,85
2,62
14
3,57
2,43
15
3,33
2,27
17
2,94
2,00
19
2,63
1,79
22
2,27
1,55
25
2,00
1,36
28
1,79
1,21
32
1,56
1,06
Si on retrouve le 50-32, en croisement de chaine, avec le 34-22, on se rend compte par ailleurs que pas moins de quatre braquets avec le plateau 50 sont identiques à quatre braquets avec le plateau 34, soit les 50-19 (34-13), 50-22 (34-15), 50-25 (34-17) et 50-28 (34-19). La diversité des développements est réduite, vous pensez avoir 2×11 = 22 vitesses mais en réalité, vous n’en avez que 17 différentes. Sachant que le 50-34 avec une cassette 11-32 peut être vue comme une combinaison intéressante pour la montagne, ca permet de relativiser l’intérêt!
Les meilleures combinaisons
Sur cette logique, voici, par pédalier, les meilleurs combinaisons plateaux-cassette, celles que vous devriez rechercher car ne présentant aucune duplication.
En pédalier compact 50-34, les cassettes Shimano 11-30 ou 11-34 sont de loin les meilleurs choix à faire, aucun dédoublement de développement. Les autres bons choix présentant un seul dédoublement sont les cassettes Campagnolo 11-23 et 11-25 en 11 vitesses (adaptées pour des parcours moins accidentés), et 11-29 en 12 vitesses. Chez Sram, optez pour le 10-26 ou le 10-28.
La cassette 11-32 chez Shimano est très intéressante, avec un étagement composé de nombreux pignons au nombre de dents pairs: 11-12-13-14-16-18-20-22-25-28-32. Cette cassette permet de bons développements avec toutes les combinaisons de plateaux, 53-39, 52-36 et 50-34. Pour la montagne, c’est d’un grand intérêt, un développement de 34-32 permettant à une vaste majorité de cyclistes de bien passer les cols.
En 50-34, évitez de monter des cassettes Campagnolo 12 vitesses 11-32 et 11-34, ainsi que la 11-32 en 11 vitesses (voir exemple ci-haut).
En pédalier semi-compact 52-36, les meilleures cassettes sont toutes les cassettes Campagnolo 11 vitesses sauf la 11-34 ainsi que les cassettes 12 vitesses 11-29 et 11-32, les cassettes Shimano 11-30 et 11-32, ainsi que la Sram 10-36.
La combinaison Sram 52-36 avec cassette 10-36 sera d’un intérêt particulier pour les épreuves de haute montagne, vous avez un 52-10 (plus gros qu’un 53-11, pratique pour les descentes!) et un 36-36 au rapport 1:1 en cas de coup de moins bien dans des pentes raides. Une belle progressivité et aucun dédoublement!
À évitez si vous montez un 52-36, la cassette Sram 10-26 qui présente deux dédoublements; pas la fin du monde, mais quand même.
Le pédalier Sram semi-compact 50-37 offre également de bonnes combinaisons avec toutes les cassettes de la même marque, sauf le 10-26 qui présente elle-aussi deux dédoublements de braquets. Et on peut se demander: un 51-37 n’aurait-il pas été préférable? Aucune des quatre cassettes Sram n’aurait alors proposé de dédoublement, un mariage parfait!
Enfin pour les plus costauds ou les coureurs qui montent le classique et viril (!) 53-39, les cassettes Shimano 11-30 et 11-32 sont d’excellents choix, aucun dédoublement de braquets.
Plusieurs cassettes sont toutefois à éviter avec un 53-39: chez Campagnolo, la 11-29, autant en 11 comme en 12 vitesses (trois dédoublements ou plus). Chez Sram, la 10-26, qui présente trois dédoublements (39-11 et 53-15, 39-14 et 53-19 ainsi que 39-17 et 53-23).
En gravel
L’étendue des braquets disponibles me parait d’un grand intérêt en gravel bike, le cycliste pouvant faire face à une grosse variété de terrains et de surfaces pouvant exiger une gamme très variable de développements.
À ce chapitre, Campagnolo a frappé fort selon moi avec son groupe Ekar, qui présente l’intérêt du 13 vitesses, de la simplicité (un seul plateau à l’avant) et de la diversité des braquets si on monte une cassette 9-42.
Avec un plateau 40, vous avez ainsi un développement maxi de 40-9, soit l’équivalent du 53-12 (et le 44-9 est plus gros que le 53-11!). À l’autre bout du spectre, le 40-42 vous donne un ratio de 0,95 (soit plus petit qu’un ratio de 1:1), question de grimper aux arbres. Et tout cela avec seulement 13 vitesses!
Chez Sram, on a le choix du mono plateau ou du double plateau. En double plateau, le 43-30 sera une bonne solution avec n’importe laquelle des cassettes 10-28, 10-33 ou 10-36: aucun dédoublement, et le 30-33 ou le 30-36 vous permet aussi de grimper aux arbres.
Dans la même compagnie, les combinaisons 46-30 avec cassettes 10-26 ou 10-36 ainsi que les combinaisons 46-33 avec cassettes 10-28, 10-33 et 10-36 présentent toutes deux dédoublements de braquets, moins intéressant, surtout sur un gravel bike.
En conclusion
Du calcul des ratios pour toutes les combinaisons plateaux-cassettes, il se dégage que:
oui, un « 9 dents » ça existe désormais!
les pédaliers 52-36 sont bons avec de nombreuses cassettes; ces pédaliers sont les plus polyvalents selon moi
pour les cyclosportifs qui roulent en pédalier compact 50-34, misez Campagnolo 11 vitesses 11-23 ou 11-25 sur le plat et Shimano 11-30 ou 11-32 pour la montagne
chez Shimano, les cassettes 11-30 et 11-32 sont bonnes avec tous les pédaliers, des cassettes vraiment intéressantes
pour les coureurs, un 53-39 avec cassette Shimano 11-30 ou 11-32 présente zéro dédoublement de braquets; le 53-39 avec cassette Campagnolo 11-29 (11 ou 12 vitesses) en présente trois
pour le gravel, les combinaisons les plus intéressantes m’apparaissent être chez Sram en double plateau le 43-30 avec cassette 10-28 et le 42-36 avec cassette 10-33, ou chez Campagnolo en mono plateau le nouveau groupe Ekar 13 vitesses, cassette 9-42.
La dérive du prix des vélos
Beaucoup de commentaires suite à mon article la semaine dernière sur la dérive du prix des vélos.
L’histoire se répète cette saison: comme sur le Tour de France et le Giro d’Italia, cette Vuelta demeure, à quelques jours de l’arrivée, extrêmement serrée.
Pas moins de quatre coureurs sont à 35 secondes ou moins du maillot rouge, repris sur les pentes de l’Angliru par Richard Carapaz.
Roglic pointe à 10 secondes, Carthy à 32 et Dan Martin à 35.
Je pensais que les étapes de la Farrapona samedi et surtout de l’Angliru dimanche feraient de plus gros écarts. Le niveau est très homogène parmi les 6-7 premiers du général sur cette Vuelta, chacun ayant un petit coup de mieux ou de moins bien d’un jour à l’autre, sans subir pour autant le knockout.
Il ne reste désormais que deux étapes difficiles pour faire la différence selon moi. Bien entendu, il faudra être vigilant sur les autres étapes de la semaine, mais elles ne présentent pas de difficultés suffisantes pour créer des écarts « à la pédale ».
La première étape difficile, ben c’est aujourd’hui, le chrono de 33 kilomètres du côté de Muros.
On retrouve le classique en cyclisme: le rouleur doit distancer le grimpeur sur le chrono, et le grimpeur devra distancer le rouleur dans l’étape de montagne.
Aujourd’hui donc, Roglic doit mettre du temps, un maximum de temps, à Carapaz. Pour être vraiment tranquille, il a besoin d’une minute selon moi au sortir de ce chrono. Sur 33 bornes, c’est jouable, dans un bon jour ce formidable rouleur peut reprendre 2 secondes au kilomètre à Carapaz, nettement moins à l’aise dans cet exercice.
Il devra aussi mettre du temps à Carthy et Martin, plutôt grimpeurs eux-aussi.
Pour Carapaz, Carthy et Martin, c’est « damage control » aujourd’hui en attendant l’étape de samedi prochain qui se termine au terme de l’ascension de l’Alto de la Covatilla. Cette ascension au-dessus de Béjar n’est pas très simple, avec les premiers kilomètres difficiles, qui seront probablement impardonnables pour ceux qui ne parviendront pas à rapidement se mettre dans le rythme.
Comme sur l’Angliru, Roglic, s’il est en rouge, aura l’avantage du travail de ses excellents équipiers Gesink, Bennett et Kuss. Pour les trois autres, ils n’auront rien à perdre. Mike Woods sera au service de Hugh Carthy, et Dan Martin devra se débrouiller seul. C’est probablement lui qui a, aujourd’hui, le moins de chances de monter sur le podium à Milan selon moi.
Pas moins de huit étapes de plat sur un total de 21 étapes.
Deux chronos eux-aussi tout plats lors des 5e et 20e étapes.
Deux « petites » étapes dans les Alpes, 151 et 145 kms.
Un petit air de « flashback » des années 1990, chronos de première et dernière semaine obligeant, mais en plus pâle.
Je sais pas vous, mais moi ce parcours du Tour de France 2021 ne m’enthousiasme guère.
Après, ce sont évidemment les coureurs qui font la course.
On retiendra de cette 108e édition qu’elle fait surtout la part belle aux Pyrénées, avec pas moins de quatre étapes dans ce secteur de la France.
Prévu du 26 juin au 18 juillet 2021 – Jeux olympiques obligent – le parcours propose en tout 3 383 kms. En comparaison, la plupart des Tours de France des années 1980 et 1990 proposaient près de 4000 bornes, parfois même plus. Dans les années 1920, plus de 5 500!!
Quelques étapes sont toutefois très intéressantes, sachant bien sûr qu’on ne peut pas faire que des étapes de montagne et qu’il faut de la diversité dans les profils, pour toucher à toutes les qualités du sport cycliste.
Surtout la 11e étape Sorgues-Malaucène, qui présente deux ascensions complètes du Mont Ventoux, la première par Sault, la deuxième par son versant classique (Bédoin). Ce sera un beau spectacle ça c’est clair. Pour nous, pas pour les coureurs!
Bien que courtes, les deux étapes alpestres sont d’intérêt, avec chaque fois assez peu de vallées entre les dernières ascensions. L’enchainement Saxonnex-Romme-Colombière fait toujours des dégâts, j’en sais quelque chose et Plasthmatic aussi 😉 et la montée sur Tignes est longue, surtout après les Saisies et le Cormet de Roseland.
Dans les Pyrénées, l’intérêt sera l’étape qui enchainera Tourmalet et montée vers Luz-Ardiden, un classique toujours exigeant. Courte (130 kms), je pense que l’étape verra du mouvement, les coureurs ne seront pas sur la retenue surtout si le classement général est serré.
Sinon, l’étape du col de Portet pourrait aussi créer des écarts, avec une arrivée en altitude, l’une des trois au programme de ce (pâle?) Tour de France. À titre de comparaison, à la fois le Giro et la Vuelta 2020 en comptaient six!
Les favoris
Un parcours aussi accessible veut dire que beaucoup de coureurs pourront prétendre à une belle place au général de l’épreuve.
Moi, j’ai pensé en premier lieu à… Julian Alaphilippe, nombre d’étapes se terminant au terme d’une descente et les étapes étant très diversifiées, propices à la course audacieuse et aux effets de surprise. Les coureurs voudront, sur un tel parcours, exploiter toutes les opportunités incluant le vent et les bordures, les descentes et les… bonifications. Je pense aussi qu’une équipe forte, incluant plusieurs gros rouleurs capables d’emmener longtemps, sera un avantage certain sur ce profil. La Deceuninck est outillée.
Il vaut mieux des attaques à 12 bornes de l’arrivée qu’à 800 mètres.
Christian prudhomme, directeur du Tour
C’est également un très beau parcours pour… Mathieu Van Der Poel à son premier Tour de France. Pas trop montagneux, piégeux, diversifié, cela lui correspond bien selon moi. Mais c’est aussi un parcours qui pourrait convenir à un Wout Van Aert, sur ce qu’on a vu en 2020. Il préfèrera peut-être jouer les sprints.
Justement côté sprinters, pas impossible que la lutte au maillot vert soit difficile et âprement disputée sur un tel parcours présentant pas mal d’étapes de plat. Ce ne sont pas les occasions qui manqueront.
Chose certaine, c’est probablement les purs grimpeurs qui seront les plus à plaindre en juillet prochain!
La Vuelta se joue probablement aujourd’hui et demain.
Deux étapes assassines.
Aujourd’hui, 170 bornes, quatre ascensions et une arrivée en altitude sur la Farrapona au terme d’une longue ascension. Les organismes seront fatiguées dans le final.
Il faudra pourtant enchainer dimanche avec l’étape qui arrive au sommet de l’Angliru. Très courte (109 kms), cette étape sera probablement nerveuse et rapide. Quatre ascensions tout de même à franchir avant d’attaquer la montée finale et ses pourcentages de fou. Spectacle et défaillances garanties.
Pour la petite histoire, il s’agit de la 8e arrivée au sommet de l’Angliru sur la Vuelta, une ascension introduite pour la première fois en… 1999. Alberto Contador s’y est imposé deux fois, en 2008 et 2017, 10 ans d’intervalle. Kenny Elissonde est le seul coureur aujourd’hui sur la Vuelta à s’être imposé là-haut, c’était en 2013.
Le mystère Roglic
J’ai du mal à comprendre Primoz Roglic: tantôt impérial, intouchable, il peut ensuite s’effondrer sans avertissement, étant l’ombre de lui-même.
On l’a vu sur le récent Tour de France avec son chrono désastreux vers la Planche des Belles Filles.
Sur cette Vuelta aussi: après un départ en fanfare, il a plié l’échine vers Formigal, cédant la tête de la course à Richard Carapaz.
Et depuis trois jours, on ne le reconnait plus à nouveau, deux victoires d’étape (8e et 10e étape hier) et maillot rouge de leader en prime.
Du coup, très difficile de prédire ce qui se passera aujourd’hui et demain du côté du coureur slovène. Dan Martin et Hugh Carthy demeurent dans la course, mais je pense qu’ils pourraient sombrer sur ces deux étapes, montrant des signes de fatigue.
Carapaz et ses talents de grimpeur me paraît aujourd’hui le plus menaçant pour la victoire finale.
Enfin, espérons que Mike Woods pourra jouir d’une certaine liberté chez Education First, Mike Carthy n’ayant pas été en mesure de terminer le travail lors de la 8e étape. Les deux arrivées conviennent au coureur canadien qui a de très bonnes jambes actuellement, il faut saisir les opportunités si l’ouverture se présente. Mais les victoires au niveau pro World Tour ne sont jamais faciles, c’est clair, surtout sur de tels profils.
Le vélo pour le seul plaisir du vélo. Ton apostolat dans sa plus simple expression.
Sans pression d’augmenter ta condition, de réussir ta séance d’intervalles, de savoir si ta sortie sera payante ou non.
L’automne, tu t’affranchis de la tyrannie du chronomètre et des watts. Un pied de nez au Dieu Strava et ses KOM.
Une dent de plus.
Tu redécouvres la lenteur, ce luxe abordable en fin de saison. C’est bien, la lenteur: elle te permet de t’attarder aux couleurs, aux odeurs, aux sensations uniques que procure l’automne au Québec. Parfois dans le ciel, des oies blanches.
L’âme profite. Elle n’a pas toujours été épargnée ces derniers temps.
Tes jambes tournent encore, alors les kilomètres défilent. Durant ces séances solo, c’est surtout dans ta tête que le chemin défile le plus.
Une dent de plus.
Tu fais le bilan. De ta saison cycliste bien sûr. 12 000 kilomètres plus tard… mais pas que. Pour mieux préparer ta prochaine saison, pour mieux vivre la suite, ces moments où il te faudra tout remettre en question, une nouvelle fois. « You are only as good as your last performance. »
Chaque automne, une évidence revient: encore plus qu’un outil de liberté, ton vélo est un exutoire et… une thérapie. Tu l’avais peut-être oublié cet été, la tête dans le guidon.
Tu te fixes de nouveaux objectifs, question de gérer le présent. Et ça repart dans ta tête: How high? How long? How fast?
2021. L’Iseran. La Bonette-Restefond. Le Granon. Mon vieil ami, celui de la toute première heure, le Galibier. Jusqu’où cette fois serai-je capable de pousser ma machine physique et mentale? The question of greatness.
Pour les narcissiques – ils sont nombreux – , ces épreuves sont l’occasion de briller sur les médias sociaux. Ta motivation est ailleurs, dans cette recherche de toi-même. Connaitre tes vraies limites, ta vraie nature. Assouvir ta passion, ce feu sacré au fond de toi qui ne refroidit jamais, sans que tu puisses dire pourquoi. Produire du sens à ta vie. Et te faire du bien, tout simplement.
Quitte à en payer le prix ultime: être vivant, c’est aller à la rencontre de la mort. Pas un problème dans ton cas.
Mais pour l’instant, une dent de plus.
En attendant davantage de relief dans ta vie.
Il te faudra bientôt repartir en mission. Ne faire aucun compromis, et beaucoup de sacrifices. Tout donner. Cela exigera aussi une tête en ordre par rapport à tout le reste. Parfois être méchant. Tu le seras.
Les sorties d’automne sont une trêve pour préparer la suite. C’est souvent en faisant le vide que tu te sens, au fond, le plus vivant.
La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre.
Je pense que Mike a aussi été chanceux hier, ce n’était pas forcément son terrain et il a pu bénéficier de quelques circonstances de course, protégeant dans l’échappée la place au général de son coéquipier Carthy face aux Movistar. S’il a pu gagner ainsi, c’est une confirmation de son excellente condition, et cette victoire en appelle donc forcément d’autres. Mine de rien, Mike est l’homme de l’heure sur cette Vuelta avec Richard Carapaz, le Canadien ayant terminé 2e de la 6e étape et hier 1er.
Toutes les étapes difficiles se terminant en altitude pourraient convenir à Mike dans les prochains jours, donc on parle de l’étape d’aujourd’hui ainsi que de la 11e, la 12e et la 17e étape en particulier.
Une victoire lors de la 12e étape sur l’Angliru serait tellement énorme!!!
2 – Mike Woods, le palmarès.
Mine de rien, avec cette victoire hier, Mike Woods a définitivement rejoint au panthéon du sport cycliste canadien les Steve Bauer et Ryder Hesjedal. Deux étapes de la Vuelta, un Milan-Turin, 2e de la Doyenne en 2018, 3e des Mondiaux la même année, 5e de la Flèche plus tôt cette saison, le palmarès de Mike est magnifique. Il lui manque peut-être une grande victoire (Hesjedal a le Giro 2012, Bauer l’argent olympique, 4e du Tour en 1988, et 14 jours en jaune), un truc comme la Flèche Wallonne, le Tour de Lombardie ou une grosse étape de montagne sur le Tour. En 2021 avec Israel Start-Up Nation?
3 – Guillaume Martin.
Ca y est, le coureur français est en tête du classement du meilleur grimpeur de cette Vuelta. Sepp Kuss est son plus dangereux rival jusqu’à présent. La suite va être intéressante à ce chapitre, et notamment aujourd’hui où ça devrait bouger à la fois au général et au classement des grimpeurs.
4 – Specialized Aethos.
Beaucoup de réactions à l’article hier sur la dérive des prix des vélos, c’est intéressant de vous lire.
Quand je vous disais qu’on paye évidemment la mise en marché… Dommage que Matos Vélo ne décline pas qui a payé pour le voyage en Corse, question de préserver l’indépendance de l’analyse. À la lumière de l’analyse présentée où l’on parle surtout des qualités du vélo, et très peu de ses côtés perfectibles (il n’y a pas de vélo parfait!), on peut raisonnablement penser que Specialized a défrayé une partie ou la totalité des frais de ce test/reportage.
On a un exemple probable du mode de travail actuel des géants de l’industrie, à grands renforts des médias sociaux et des influenceurs… qui y trouvent leur compte, beaucoup gagnant ainsi leur croûte, sinon une certaine gloire, souvent les deux. Je ne leur reproche pas, je dis juste qu’il convient de bien comprendre le système actuel afin d’être lucide sur ce qu’on nous présente, incluant les prix.
Le travail de certains demeure très empirique, je pense par exemple à ceux qui testent, poids installés à l’appui, les déformations des cadres pour en mesurer objectivement la rigidité et la nervosité (revue Le Cycle). Là, on peut comparer. Et dans le domaine (l’empirique), DC Rainmaker demeure une référence (sauf qu’il ne teste pas de vélos mais plutôt du matériel électronique associé à l’entrainement et au cyclisme).
Ces Mondiaux ayant lieu sur Zwift, Specialized se positionne ainsi comme un incontournable pour l’UCI si la compagnie devait développer des produits spécifiquement destinés à ce type de cyclisme, en pleine explosion notamment en raison de la Covid-19. Probablement un bon placement.
6 – Tour de France 2021.
Le parcours du Tour de France 2021 devait être présenté jeudi cette semaine en banlieue de Paris, comme d’hab.
À priori, ce sera en 2021 les Alpes avant les Pyrénées mais après un premier chrono, des étapes via Tignes, le Grand Bornand, le Ventoux, Nîmes, Andorre ou Arcalis, puis un dernier chrono du côté de St-Émilion.
En effet, si seulement 18 équipes sont inscrites en World Tour en 2021 (19 en 2020), ça dégage deux tickets automatiques d’entrée pour les deux équipes continentales les mieux classées. La licence CCC a été octroyée à l’équipe Wanty-Groupe Gobert, et celle de NTT est actuellement dans la balance, l’équipe sud-africaine cherchant un repreneur.
Si ça se concrétise, Mathieu Van Der Poel pourrait donc faire ses débuts sur la Grande Boucle en 2021… 59 ans après son grand-père Raymond Poulidor. Et dans le registre, personne ne connait ses limites… ni celles de Wout!
8 – La fronde du Giro.
Je n’ai pas commenté la récente fronde des coureurs du Giro lors de la 19e étape, qui devait être la plus longue de la course, et qui devait se disputer sous une pluie battante.
Je ne suis pas d’accord avec Messieurs les coureurs sur ce coup-là. L’étape était au programme du Giro depuis des mois, ce Giro était certes difficile mais il y a eu d’autres éditions difficiles, et des étapes de plus de 250 bornes ne sont pas inhabituelles sur les grands tours.
La pluie? Les conditions météo font partie intégrante du sport cycliste. Autant j’estime qu’en cas de danger pour les coureurs, par exemple lorsqu’il neige, il faut user de jugement et arrêter la course, autant là, simplement de la pluie, il n’y avait rien pour stopper la course. Les coureurs peuvent changer certaines pièces d’équipement – gants, maillots, couvre-chaussures – en cours d’étape grâce à leurs voitures, je ne voyais pas le point de demander une annulation ou une étape écourtée.
La crédibilité des équipes ne s’est pas améliorée sur le récent Giro, avec les déclarations malheureuses de Jonathan Vaughters chez EF et de l’équipe Jumbo-Visma à propos de la Covid-19, ces deux équipes estimant qu’il aurait mieux fallu stopper net la course après le 2e jour de repos. Total, la course est allée jusque Milan, on a eu un final époustouflant, et les sponsors sont très certainement contents, ce qui est très bien pour l’an prochain.
À titre de comparaison, le prix de base d’une voiture Hyundai Elantra 2020 au Québec est d’un peu plus de 17 000$. Une Peugeot 108 en France, 12 300€.
Je sais pas vous, mais moi je décroche.
Tout simplement injustifiable.
Bien sûr, certains vélos pourront dépasser allègrement les 20 000$ (13000€) si on décide de jouer la carte du ultra-light, pédaliers Clavicula, pièces Ax-Lightness, etc. Et je ne parle pas des vélos spéciaux, par exemple en or massif, destinés à ne jamais rouler sur la route mais plutôt à oeuvrer comme objets de collection pour des enchères caritatives.
Mais pour un vélo régulier présentant à priori un montage « classique » en Shimano avec composantes Roval?
Je trouve qu’une dérive des prix s’est installée depuis quelques années. Les fabricants veulent nous faire croire aux coûts associés à la R&D, aux coûts des moules servant à produire les cadres carbone.
Certes. Il y a probablement plusieurs raisons à ces prix stratosphériques, dont celles-là. Mais les trois principales sont peut-être moins présentées.
Vous remarquerez que les hausses majeures de prix depuis quelques années coïncident avec l’arrivée massive d’équipes World Tour financées exclusivement ou en grande partie par les géants de l’industrie.
De toutes les époques, les compagnies du domaine du vélo ont travaillé en partenariat avec les équipes professionnelles. Qui ne se rappelle pas des grandes équipes comme Peugeot, Renault-Gitane ou encore Motobecane? Les fabricants espagnols Orbea, B.H. voire une compagnie comme Mavic ont souvent été associés aux noms officiels d’équipes pro, notamment dans les années 1980.
Dans les années 1990, presque rien.
Dans les années 2000, presque rien.
Puis ça commence en 2009, équipe Cervélo comme sponsor principal unique. Cervélo voulait alors percer comme nouvelle compagnie dans l’industrie.
2010, Cervelo et BMC comme sponsors uniques d’une équipe WorldTour.
2011, BMC, Leopard-Trek, Garmin-Cervelo.
2012, BMC, Liquigas Cannondale, Argos-Shimano.
2013, Cannondale en sponsor principal comme BMC, Argos-Shimano, Lampre-Merida.
De 2015 à 2018, pas moins de 5 équipes chaque année présentes sur le Tour qui portent le nom d’un fabricant de vélo. Juste en 2015, on a comme sponsor principal BMC, Giant-Alpecin, Trek, Cannondale-Garmin, auxquelles il faut ajouter Bora-Argon18 et Lampre-Merida.
Manifestement, les fabricants se sont livrés à une véritable guerre commerciale ces dernières années, avec comme vitrine nécessaire une équipe WorldTour. Specialized l’a joué différemment, n’étant pas directement impliqué dans le financement de l’équipe (donc le nom), mais préférant user d’une autre stratégie en fournissant les vélos de… deux équipes World Tour! (les actuelles équipes Bora et Deceuninck). Canyon même chose, avec Movistar en WorldTour et Alpecin-Fenix en Continental.
Tout cela coûte très, très cher.
Et on nous refile la facture.
Depuis deux ans, on dirait que la tendance s’est inversée, plus que deux équipes sur le Tour 2020 qui portent le nom d’un fabricant de vélo, et une seule en sponsor principal: Trek-Segafredo. L’autre est Michelton-Scott. La plupart des fabricants se sont retirés des noms officiels d’équipes (donc n’allongent probablement plus de sommes monétaires en soutien à l’équipe, en plus de fournir les vélos), se contentant de fournir les vélos seulement.
Aujourd’hui, les parts de marché sont probablement bien établies, et le sponsoring direct d’équipes WorldTour moins nécessaire car la guerre commerciale s’est atténuée et les places sont chères, bien défendues par les géants. Comme indice, on peut se référer aux chaises musicales auxquelles on assiste présentement: Bianchi part équiper la Mitchelton, Jumbo passe chez Cervelo et SunWeb reprend Scott pour 2021!
Deuxième raison des prix élevés, qui va avec la première, le marketing, de plus en plus poussé, léché. Design de sites web, financement d’influenceurs, production de vidéos, chaque mise en marché d’un nouveau vélo est une oeuvre d’art en soi. Je reste médusé du pouvoir de marketing et de la préparation en amont: lors du récent lancement du Specialized Aethos, en l’espace de quelques heures, la plupart des sites web majeurs dans le domaine du vélo comme BikeRadar, VeloNews, etc. mettait en ligne des vidéos de type « présentation » ou « review ». Il faut faire le buzz, et à l’échelle planétaire.
Et on nous refile la facture.
Troisième raison, le contrôle qualité, qu’on a relegué au consommateur. Ca coûte cher, le contrôle qualité. Du coup, depuis une bonne dizaine d’années, on s’est rendu compte que dans le business du cadre carbone produit à la chaine dans des moules, il était plus rentable de réduire au minimum le contrôle qualité avant la vente, et simplement produire davantage de cadres en usine (surtout taïwanaises).
Le cadre fissure ou se brise rapidement une fois le vélo vendu? Pas de problème, la compagnie vous le remplacera, souvent sans frais ou à un coût « cost ».
Pour en arriver là, il a bien évidemment fallu majorer la facture du vélo acheté en premier lieu. Quand vous achetez aujourd’hui un vélo, vous en achetez en fait 1,3. Le prix de la police d’assurance de la compagnie sur la masse de vélos vendus, en quelque sorte.
Fort heureusement, il reste des bonnes affaires loin des grands leaders de l’industrie du vélo que sont Giant, Merida, Trek, Cannondale ou Specialized, auxquels on pourrait rajouter Canyon, Cervélo, Scott, Pinarello, BMC, Orbea, Batavus, Bianchi et quelques autres. À prix plus raisonnables. C’est pas compliqué, moi, je deviens allergique à toutes ces grandes marques. Parce que si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, un jour on roulera tous sur un vélo Giant…
Ces bonnes affaires chez de plus petits fabricants sont toutefois toujours menacées – malheureusement! – sous la pression exercée par les géants, parlez-en à Time, Look, DeRosa, Colnago ou Ridley-Eddy Merckx ces jours-ci. D’autres géants ont déjà disparus, notamment Raleigh et Schwinn.