Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 234 of 352

L’Espagnole Moreno positive aux JO

En complément de notre article hier soir, le premier cas officiel de dopage aux JO est pour l’Espagne en la cycliste Maria Isabel Moreno, plusieurs fois championne d’Espagne au cours des dernières années. La logique est respectée!

L’âge d’or du cyclisme espagnol

Le nouveau champion olympique est l’Espagnol Samuel Sanchez, couronné après un sprint en petit comité. Il s’est imposé devant un spécialiste des courses d’un jour, l’Italien Davide Rebellin, ainsi qu’un spécialiste du dernier km, le Suisse Fabian Cancellara.

Mine de rien, cette nouvelle victoire de l’Espagne sur une grande course du calendrier cycliste professionnel confirme que nous vivons réellement un âge d’or du cyclisme espagnol. Alberto Contador s’est imposé cette année sur le Giro, Carlos Sastre sur le Tour de France et maintenant Samuel Sanchez aux JO. Si on ajoute à cela les victoires d’Oscar Freire dans Gand-Wevelgem et au classement de meilleur sprinter du dernier Tour, d’Alejandro Valverde dans Liège-Bastogne-Liège, la Classica San Sebastian et le Dauphiné Libéré, c’est toute une année que les Espagnols connaissent en cyclisme.

Seulement deux Espagnols s’étaient imposés au palmarès du Tour de France avant la victoire de Pedro Delgado en 1988: Frederico Bahamontes en 1959 et Luis Ocana en 1973. Depuis 1988, l’Espagne accumule les succès sur la grande Boucle et ailleurs. Miguel Indurain a raflé 5 fois de suite la mise entre 1991 et 1995. Après la domination de Lance Armstrong au début des années 2000, les Espagnols ont raflé les trois derniers Tours avec Oscar Pereiro (2006), Alberto Contador (2007) et Carlos Sastre (2008).

Tout cela est tout simplement impressionnant lorsqu’on y songe vraiment. Si on peut penser que l’Espagne cueille actuellement le fruit des années Indurain qui auront certainement inspiré de nombreux jeunes enfants à faire du vélo, comment ne pas penser aussi au dopage, l’Espagne étant souvent désignée, encore récemment par Pat McQuaid, le grand patron de l’UCI, comme un eldorado du dopage ? L’Affaire Puerto était d’ailleurs toute Espagnole et deux des cinq cas de dopage sur le récent Tour de France étaient espagnols (Duenas et Beltran). 

Nouvelle mise à jour du pool

Comme promis plus tôt cette semaine, La Flamme Rouge vous propose ce soir une nouvelle mise à jour du pool de cyclisme avec la prise en compte non seulement des Championnats nationaux, du Tour de France et de la Classica San Sebastian mais également des récentes affaires de dopage.

Beaucoup de changements dans le classement général !

De gros changements…

La mise à jour du pool de cyclisme prend en compte les Championnats nationaux fin juin, le Tour de France ainsi que la Classica San Sebastian. Il prend aussi en compte la règle de suspendre tous les points accumulés depuis le début de la saison pour tout coureur convaincu de dopage. J’ai donc appliqué la règle et supprimé les points accumulés par Tom Boonen (32 points – privé de Tour pour contrôle positif à la cocaine), Riccardo Ricco (79 points – positif sur le Tour à la CERA), Leonardo Piepoli (11 points – suspecté de marcher comme Ricco, son grand pote et compagnon de chambre, ce qui lui a valu un licenciement de Saunier Duval) et Vladimir Gussev (10 points – licencié d’Astana pour paramètres physiologiques anormaux). J’aurais procédé de même avec Sella mais aucun participant n’a sélectionné ce coureur cette année…

En conséquence, de gros changements dans tous les classements du pool de cyclisme. Mais avant de commenter, bref retour sur les coureurs les plus performants lors du dernier Tour de France:

SASTRE Carlos 104 points
EVANS Cadel 66
KOHL Bernhard 55
CAVENDISH Mark 40
KIRCHEN Kim 35
MENCHOV Denis 32
SCHLECK Frank 32
VALVERDE Alejandro 32
FREIRE Oscar 30
SCHUMACHER Stefan 30
SCHLECK Andy 27
VANDE VELDE Christian 26
SANCHEZ Samuel 21
HUSHOVD Thor 16
ARVESEN Kurt-Asle 13
EFIMKIN Vladimir 13
KREUZIGER Roman 13
DESSEL Cyril 11
STEEGMANS Gert 11
BURGHARDT Marcus 10
CASAR Sandy 10
CHAVANEL Sylvain 10
CIOLEK Gerald 10
DUMOULIN Samuel 10
SANCHEZ Luis Leon 10
VALJAVEC Tadej 10

Au classement des courses par étapes, c’est André Onillon qui mène la charge avec 377 points marqués, soit seulement 6 de mieux que le deuxième au classement, David Siméon. Frans Neirinck complète ce podium provisoire. Voici les 15 premiers à ce classement:

1 – André Onillon 377 points
2 – David Siméon 371
3 – Frans Neirinck 356
Mathieu Lapointe 352
Jean-Louis Marshall 339
Ismael Choesmim 333
Mathieu Fagnan 324
Eric Wiseman 320
Marc-Olivier Abel 315
Antoine Duchesne 305
Clifford Marshall 302
Michel Jalette 302
Sébastien Bismuth 300
Pascal Leroux 298
Robert Laramée 298

Voici également les 15 premiers au classement des courses d’un jour:

1 – Gabrielle Duchesne 247 points
2 – François-Xavier Beloeil 244
3 – Cyclick 237
Raphael Watbled 235
David Villeneuve 233
Stéphane Cossette 228
Mario Beauregard 199
Frans Neirinck 195
Olivier Savaria 190
Richard Lavoie 189
Michel Gervais 189
Éric Tardif 189
Stéphane Martel 185
Bertrand Pivert 184
Etienne Gagnon 182

Le classement général maintenant.

Le leader au sortir du Tour de Suisse, Éric Tardif, a été détrôné par Frans Neirinck qui s’empare de la tête de notre pool avec 551 points, soit 24 de mieux d’André Onillon, actuel 2e. Frans Neirinck doit cette performance notamment à la présence de Sastre, Evans, Cancellara, Andy Schleck, Freire et Vogondy dans son équipe, ce qui lui a permis de marquer pas mal de points dans le dernier mois. Notre ami Raphael Watbled complète ce podium provisoire avec 524 points, soit à peine 3 points de retard sur le 2e. 

Autant dire que rien n’est fait dans le pool de cyclisme de La Flamme Rouge et qu’avec 10 participants regroupés en moins de 100 points, tout peut encore survenir. Comme c’est souvent le cas, la Vuelta risque bien d’être le juge de paix du pool cette année encore!

1 – Frans Neirinck 551 points
2 – André Onillon 527
3 – Raphael Watbled 524
Mathieu Lapointe 523
Cyclick 508
David Siméon 497
Gabrielle Duchesne 480
Antoine Duchesne 476
Stéphane Cossette 467
Ismael Choesmim 462
Pascal Leroux 445
Eric Wiseman 440
Sébastien Bismuth 439
Claude Taillon 437
Marc-Olivier Abel 437
François-Xavier Beloeil 435
Louis Mazerolle 431
Richard Lavoie 428
Jérémie Durieu 423
Frederick Gauthier 413
David Villeneuve 412
Jean-Louis Marshall 410
S. Bélanger 410
Charles Halluin 402
Michel Gervais 399
Jean-Michel Plantard 395
Christiane Bouvard 394
Frédéric Fernandez 392
Laurent Martel 391
Éric Tardif 389
Robert Laramée 388
Stéphane N. 387
Patrick Bernard 386
Clifford Marshall 383
Christian Nadeau 382
Remi Berubé 375
Jean-Michel Lachance 373
Cédric Bernard 371
Pierre Gabaston 371
Mathieu Fagnan 371
Olivier Savaria 370
Michel Jalette 365
Renaud Saussac 363
Paul Courtemanche 360
Jean-Paul Jardin 359
Xavier Van Roy 358
Sylvie Gauvreau 352
Anne-Claire Bertrand 349
Vincent Meuric 346
Guillaume Pincon 345
Jérôme Gagnon 344
Mario Beauregard 344
Patrice Beaulieu 342
Thierry Webanck 339
Manu Colette 336
Giusseppe Marinoni 335
Mathieu Giguère 335
Michel Roth 334
Pierre Montangon 332
Stef Zerti 328
Sébastien Moquin 327
Éric Rouleau 324
Dominique Desjardins 323
Etienne Gagnon 321
Louis-Philippe Leclerc 321
Claire Croteau 320
Louis Dupuis 317
Jean-François Laroche 315
Alexandre Charest 313
Alexandre Bérenger 310
Stéphane Martel 304
Daniel Voyer 303
Jérome Albar 303
Pierre-Alexandre Lenoir 301
Alexandre Aubiès 298
Karl Gibson 297
Guillaume Charest 297
Luc Belley 296
Patrick Labonté 294
Richard Francoeur 293
Simon Garneau 288
Marc Desserrières 286
Martin Prudhomme 286
Eric Le Page  285
Vincent Veilleux 281
Régis Grégoire 280
Nathan Gagnon 277
Antoine Hinaut 275
Bertrand Pivert 272
Ronald Martel 271
Eric Lehoux 269
Bruno C. 268
Vincent Courcy 268
Sébastien Petit 267
Guillaume Bilodeau 265
Stéfan de Vichy 265
Éric Laplante 261
Michael Dalterio 261
Lucie Rousseau 261
Franck Malchiodi 258
Bruno Cyr 258
Jean-Martin Bourque 256
Evelyne Gendron 255
Luc Ostiguy 255
Bernard Fouquet 252
Christophe LeBihan 243
Marten Dijksman 242
David Gendron 242
Marie-Claude Grégoire 232
Martin Caya 230
Arnold Jacques 224
Any Gagnon 223
Éric Jean 202
Le Stéphanois 196
Jeff Rivet  196
Michael Dalterio 194
Patrick Bugni 192
Yves Bienvenue 180
Paolo Marinoni 178
Dan Simard 173
Nicolas Jardin 172
Natalie Dagenais 158
Andy Lamarre 156
Marc Beaulieu 156
Alexandre Odulinski 150
Jean-François Bourrier 150
Maxime Maltais 135
Stéphane Cournoyer 131
Christophe Bourrier 127
Onsowfilion 105
Michel Onsow 105
Jean-Guy Dansereau 91
Sébastien Lucier 82
Patrick Vankerberghem 74

Prochaine mise à jour à la fin du mois d’août avec le GP de Plouay. Les épreuves cyclistes des JO de Pékin ne figurent pas au calendrier du pool de cyclisme de La Flamme Rouge.

Dopage: voici venue l’ère du GW1516…

Une récente étude publiée dans la revue américaine de biologie moléculaire Cell pourrait avoir un impact non-négligeable dans le monde du sport et du dopage.

Des chercheurs ont en effet mis au point une simple pillule qui, lorsqu’ingérée par des souris durant une période de 4 semaines, a décuplé l’endurance de ces dernières, même sans entrainement aucun ! Les chercheurs suggèrent des améliorations dans les temps de course de ces animaux de l’ordre de 70%, des résultats pour le moins spectaculaires.

Appelé GW1516 et agissant, via deux substances appelées PPARd et AICAR, sur un gêne, l’AMPK, responsable de la production d’énergie des cellules du corps (consommation des graisses), ce médicament ouvre de nouvelles pistes de traitement – spectaculaires il ne va sans dire – pour les patients souffrant de désordres métaboliques comme l’obésité, le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle

Combinée à un entrainement de pointe, ce nouveau produit pourrait évidemment décuplé les capacités des athlètes qui l’utiliseraient. En reprogrammant la fonction du gêne AMPK pour qu’il brûle davantage et mieux les graisses et donc produise plus d’énergie, le produit se présente donc comme une forme de dopage génétique au niveau cellulaire. The next frontier. On y est.

Les chercheurs qui ont mis au point ce nouveau produit (bientôt très riches) ont déjà parlé avec l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) afin de les alerter sur leur récente trouvaille et le danger qu’elle représente pour le sport de haut niveau. Il faut évidemment saluer bien bas leur présence d’esprit. Aucun test de dépistage ne sera toutefois prêt à temps pour les JO de Pékin. Même si le produit n’a pas encore été testé sur des êtres humains, il semble que les risques que des athlètes utilisent déjà ce produit sont bien réels. Il conviendra donc d’être vigilants dans les prochains mois lorsque se présenteront des performances nouvelles, uniques et hors normes.  

Il faudra aussi trouver des tests pour les produits connexes ou génériques qui pulluleront prochainement, c’est à prévoir… 

Le monde du dopage est décidemment fascinant et il apparaît facile pour les athlètes de toujours avoir une longueur d’avance…

Sella positif à la CERA

De retour de petites vacances d’une dizaine de jours, La Flamme Rouge reprend aujourd’hui le fil de l’actualité et couvrira plusieurs sujets au cours des prochains jours. De l’action donc en perspective sur ce site très prochainement! Une mise à jour du pool de cyclisme après le Tour de France sera également disponible dès demain. Beaucoup de changements au classement, surtout avec le contrôle positif de Ricco qui perd tous ses points depuis le début de l’année.

Mon retour à l’actualité cycliste est cependant résolument déprimant avec plusieurs nouvelles très inquiétantes à l’égard des affaires de dopage.

D’une part, on apprend aujourd’hui que Sella a été contrôlé positif à la CERA (EPO retard) lors d’un contrôle inopiné le 23 juillet dernier. Rappelons que Sella avait dominé outrageusement les étapes de montagne du dernier Giro, en gagnant trois, dont deux de suite. On comprend désormais à quoi marchait ce jeune Italien… Il s’est fait prendre, cela prouve deux choses: d’une part, que les contrôles, notamment inopinés, sont de plus en plus efficaces. D’autre part, cela prouve qu’il convient toujours de demeurer extrèmement vigilant devant les performances des coureurs pro, certaines restant hors normes et donc suspectes.

Dans ce contexte, comment expliquer que Carlos Sastre a gravi l’Alpe d’Huez plus rapidement en 2008 et après 200 bornes qu’en 2004 lors d’un contre-la-montre ou il partait frais du bas ? Simple amélioration de ses performances avec le temps?

Par ailleurs, on apprend que Vladimir Gussev, un autre qui marchait fort depuis quelques mois, a été exclu de l’équipe russe des JO suite à son licenciement de l’équipe Astana pour paramètres sanguins anormaux. Ca se dope, ca se dope encore pas mal !

Enfin, et plus déprimant encore, ces contrôles positifs à l’EPO de deux jeunes coureurs italiens dont Giovanni Carini, champion d’Italie des moins de 23 ans en 2008. On nous affirme, notamment du côté de l’UCI, que les mentalités changent chez les jeunes coureurs… Pour moi, il n’en est rien: réussir au plus haut niveau exige toujours un dopage sanguin important et les jeunes qui n’ont d’autre avenir que le cyclisme n’hésitent toujours pas à faire le saut, question d’obtenir un contrat professionnel et vivre de leur sport en espérant gloire et argent.

À quand un contrôle positif de Nibali, de Chichi, de Cancellara, de Voigt ou encore de Valverde ? Comment ne pas croire que l’eldorado du dopage demeure pour l’instant l’Italie et l’Espagne ?

Dur retour pour La Flamme Rouge!

Cadel Evans a gagné le Tour

Je crois qu’on peut le dire ce soir, Cadel Evans a gagné le Tour, sauf gros drame dans les deux prochains jours. L’Australien ne devrait en effet pas avoir de mal à combler les 1min34 qui le sépare de Carlos Sastre et du maillot jaune dans le dernier clm de 53 kms samedi.

Il est également très probable que Denis Menchov termine sur le podium, possiblement à la 2e place. La dernière marche du podium sera à celui des trois grimpeurs – Sastre, Schleck ou Kohl – qui limitera le plus les dégâts samedi. Avantage tout de même pour Sastre qui dispose d’une plus grande marge de manoeuvre que les deux autres.

Mon podium à Paris serait donc 1 – Evans, 2 – Menchov et 3 – Sastre.

Comme j’en avais peur, l’étape d’aujourd’hui se sera limitée à une course de côte dans l’Alpe d’Huez, aucun des grands favoris n’osant partir de loin, c’est à dire dans le Galibier ou la Croix de Fer. C’est dommage, surtout que les CSC avaient l’avantage du nombre… C’est dommage aussi pour le spectacle, qui a tourné un peu court. L’équipe CSC a gardé le maillot jaune ce soir avec Sastre ? La belle affaire: ils ont aussi perdu le Tour, faute d’avoir risqué dans cette belle étape de l’Alpe d’Huez. Plusieurs autres coureurs, notamment Hinault et LeMond en 1986 ou Delgado en 1988, n’avaient pas hésité à partir de plus loin, avec le résultat qu’on connaît. Le panache est aujourd’hui une denrée rare dans le peloton, les coureurs préférant assurer une place plutôt que de risquer la gagne.

Bref, ce n’est pas selon moi un grand Tour de France. Au sortir des Alpes, force est de reconnaître que les 3 étapes qui leur étaient consacrées se soldent par des déceptions. On aurait aimé un Frank Schleck plus combatif, à la Stephen Roche ou à la Pedro Delgado en 1987 puisque la situation était similaire…

Dernière remarque, grosse impression d’Andy Schleck dans l’Alpe d’Huez, il se baladait littéralement. Celui-là, il gagnera le Tour un jour, et probablement dès l’année prochaine selon moi. Quel moteur!

Mais que font les CSC ?

Étape pour rien aujourd’hui sur la route de Jausiers. Comme il ne reste pas des dizaines d’étapes de montagne, on peut penser que c’est une belle occasion de ratée pour Frank Schleck dont le maillot jaune a pâli aujourd’hui. Rappelons que Schleck doit prendre du temps sur Evans et Menchov s’il aspire à remporter le Tour, un clm de 53 kms qui lui est défavorable étant prévu la veille de l’arrivée à Paris.

Vraiment, je n’ai pas compris la stratégie mise de l’avant par les CSC. Ils ont monté au train la Bonette, d’abord avec Arvesen, puis Voigt, puis Andy Schleck. On sait très bien que Menchov et Evans n’auront pas de mal à monter au train, même si le rythme est soutenu. Ce sont les changements de rythme, typiques des bons grimpeurs, qui les fera décrocher. Pourquoi Sastre n’a-t-il pas attaqué ? Bien placé au général, Sastre aurait ainsi pu obliger Menchov, Kohl et Evans à rouler et les frères Schleck auraient alors pu se contenter de suivre. Sastre était repris ? Frank Schleck aurait pu placer un contre. Sastre restait devant ? C’était une chance pour l’équipe CSC de rester en jaune, mais peut-être avec un coureur différent ce soir.

Vraiment, je ne comprends pas ce qu’on fait les CSC aujourd’hui puisqu’ils semblent avoir amener Menchov et Evans dans un fauteuil sur toute l’étape. Seule explication possible, ils se réservent pour un grand feu d’artifice demain. Que feront-ils ? Demanderont-ils à Sastre de lancer la course de loin ? Attendront-ils l’Alpe d’Huez pour lancer la bagarre ?

Personnellement, dans la situation actuelle, je demanderais à Sastre d’attaquer de loin et en costaud. Les CSC ont deux hommes placés pour le général, ils doivent en tirer profit !

La Marmotte 2008: épilogue

Bref retour ce soir sur la Marmotte 2008 pour une analyse plus détaillée de ma performance.

Mon temps final officiel enregistré par Sport Communication: 8h18min. Ce temps me vaut la 1088e place sur 5301 classés.

Je ne suis pas le premier Québécois puisqu’on retrouve Martin Rouillard à la 1071e place avec un temps de… 8h17min. C’est l’ironie de cette édition de la Marmotte: la place de premier Québécois se sera jouée à une minute près! Je ne connais pas Martin Rouillard, peut-être est-ce ce Québécois croisé à l’aéroport de Lyon le jeudi matin et qui partait lui aussi pour faire la Marmotte ? S’il lit ces lignes, ca serait intéressant qu’il se manifeste!

Le détail de mes temps de passage se présente comme suit:

Départ – pied du Glandon: 25 minutes. Les meilleurs ont mis 23 min si on se fie au tableau de marche de David Pelveroni classé 14e (6h21min) et de Sébastien Gissiger, classé 120e (7h04min) dont le récit de leur Marmotte est disponible ici et ici. J’étais donc dans le coup jusque là !

J’ai atteint le sommet du Glandon 1h49min après le départ, en 22 minutes de plus que les tous premiers qui l’ont franchi 1h32min après avoir passé la ligne. Ce n’était pas si mal non plus.

J’ai mis 1h08 pour franchir la distance du sommet du Glandon au pied du col du Télégraphe. Les meilleurs qui castagnaient à l’avant ont mis 1h05. J’étais dans le coup à 3 minutes près, je n’ai donc pas perdu de temps sur ce tronçon de la course.

J’ai monté le Télégraphe en 54 minutes contre 38 minutes pour les meilleurs, prenant 16 minutes dans la vue à ce moment. J’avais 3h53 de course dans les pattes en haut de ce col, contre 3h10 pour le premier peloton. Celui qui a mis environ 7h pour la Marmotte était en haut du Télégraphe après 3h23 de course, soit exactement 30 minutes de plus que moi. Je pense donc pouvoir dire que jusqu’au sommet du Télégraphe, j’étais bien parti pour pulvériser mon meilleur temps de 7h54 et évoluait alors sur des bases de 7h30 environ.

C’est après que la sauce a tourné ! J’ai mis 1h59 pour escalader le col du Galibier, soit beaucoup plus que les 1h13 que les meilleurs ont mis. Je prends donc dans le Galibier 46 minutes dans la vue, sur environ 20 bornes. Une sacré valise qui témoigne bien de la galère que j’ai vécu dans cette ascension. Les coureurs partis sur des bases de 7h ont généralement mis 1h24 pour escalader le Galibier, ce qui demeure 35 minutes de moins que moi. J’ai franchi le Galibier après 5h52 de course contre 4h23 pour les meilleurs et 4h47 pour ceux partis sur des bases de 7h environ. Une sacré différence!

Du sommet du Galibier au pied de l’Alpe d’Huez, j’ai mis 1h08, soit à peine plus que les tous meilleurs qui ont couvert la même distance en 1h02. Je peux donc dire que j’ai fait une bonne descente bien dans le rythme.

L’ascension de l’Alpe d’Huez entre le ravito de Bourg d’Oisans et la ligne d’arrivée m’a demandé 1h18 d’effort. C’est environ 23 minutes de plus que les tous meilleurs qui ont mis environ 55 minutes. Cela témoigne de la force de ces coureurs qui peuvent encore monter là-haut en moins d’une heure après pourtant deux cols hors catégorie dans les pattes et plus de 5h de vélo… Les coureurs qui ont mis environ 7h au total ont monté l’Alpe d’Huez en 1h10 – 1h14 environ, soit à peine de 5 à 10 minutes plus rapidement que moi. Je pense donc pouvoir dire que mon ascension finale vers l’Alpe d’Huez a été plutôt bonne compte tenu de ce que j’avais dans le buffet depuis le départ de la course. J’avais encore des réserves et la digestion de ce maudit sandwich était probablement terminée!

Nul doute, c’est dans le col du Galibier que j’ai perdu tout espoir de passer sous la barre des 7h45. J’étais pourtant bien parti… et j’ai terminé relativement fort. Le sandwich avalé à Valloire, les premiers signes de fatigue, le décalage horaire ainsi que l’altitude et les forts pourcentages au-dessus de Plan Lachat auront eu raison de moi…

… mais pas l’an prochain ! Au menu dans l’année, encore plus de grandes distances, question d’avoir le coffre pour ne pas être inquiété sur 7h de course de même que du spécifique, pour avoir un peu plus de force et pouvoir passer plus gros sur les secteurs moins pentus, par exemple dans les rampes avant Plan Lachat ou sur le haut du Glandon.

Je termine en vous présentant le graphique Polar de ma course. À la lecture attentive de mes pulsations cardiaques dans le col du Galibier, pulsations nettement inférieures à celles observées dans les autres cols, il me semble évident que mon organisme a consacré un peu d’énergie à la digestion plutôt qu’à pousser des watts! Il est intéressant de comparer mon profil cardiaque à celui de David Polveroni qui a signé un temps canon de 6h21.

L’erreur de Frank Schleck ?

À la veille de la deuxième journée de repos, on peut affirmer que personne n’a encore gagné le Tour de France, les six premiers se tenant en moins de 50 secondes! Par contre, ils sont nombreux à l’avoir déjà perdu.

Six hommes sont encore dans le coup pour une victoire finale à Paris: Frank Schleck, nouveau maillot jaune, Bernhard Kohl, Cadel Evans, Denis Menchov, Christian VandeVelde et Carlos Sastre. La Flamme Rouge vous propose un petit bilan des forces en présence en vue des deux prochaines étapes, décisives, bien qu’il ne faut pas oublier qu’un clm de 53 kms tout plat attend les coureurs la veille de l’arrivée à Paris.

Réglons d’abord le cas VandeVelde. Déjà très heureux d’être à pareille fête, il y a fort à parier que l’objectif de VandeVelde dans les prochains jours sera de rester au contact des ténors, question de maintenir une place parmi les 6 premiers à Paris. Une telle place serait d’abord un grand succès pour l’équipe américaine Slipstream-Chipote qui en est à sa première grande Boucle. Ce serait ensuite une grande réussite pour VandeVelde puisque cela lui vaudrait probablement un nouveau contrat bien revu à la hausse pour l’an prochain. Je pense qu’il ne faut donc pas trop compter sur lui pour animer la course dans les Alpes.

Denis Menchov m’apparaît plutôt bien. Dans son cas, son meilleur jeu est toujours d’attendre les ascensions finales pour faire la différence. L’étape de la Bonette n’est donc pas la meilleure pour lui et c’est à l’Alpe d’Huez qu’il devra essayer de se défaire d’Evans s’il a les jambes, tout en limitant les dégâts sur les meilleurs grimpeurs (Kohl, Schleck, Sastre) en prévision du dernier clm.

Bernhard Kohl, c’est la surprise du groupe. Dans son cas, difficile de dire ce qu’il nous réserve. A-t-il tout donné aujourd’hui vers Prato Nevoso ? Au contraire, est-il en grande condition ? Chose certaine, Kohl devra prendre du temps mardi et mercredi s’il veut terminer sur le podium à Paris, le dernier clm n’étant pas à son avantage. En ce sens, l’étape de mercredi lui semble favorable et à sa place, je compterais sur l’ascension de l’Alpe d’Huez pour essayer de prendre un maximum de temps à Evans et Menchov. Kohl ayant pris près de 25 secondes à Frank Schleck sur le premier clm du Tour, son jeu sera également de rester à tout prix avec le Luxembourgeois en montagne.

Avec Frank Schleck et Sastre, les CSC sont en bonne position, bien qu’ils auront désormais à assumer le poids de la course, ce qui change les choses. Il est probable que Sastre joue les protecteurs pour Schleck dans les prochains jours en lui donnant le rythme dans les ascensions et en allant chercher les attaques sans s’affoler. En ce sens, il est probable que Sastre doive abandonner quelques ambitions personnelles, sauf grosse défaillance de Schleck bien sûr. 

Pour Frank Schleck, je pense qu’il a commis une grave erreur aujourd’hui vers Prato Nevoso. Il était évident qu’à 3 kms du sommet, Evans n’était pas bien. C’était le moment pour Schleck de partir et je demeure convaincu que s’il l’avait fait, il aurait pris beaucoup plus de temps à Evans qu’une simple poignée de secondes. Ce temps précieux lui manquera peut-être dans le dernier clm… On pourrait évoquer la course d’équipe chez CSC pour justifier la passivité de Schleck, Sastre étant devant. Je n’en crois rien puisque sur un simple démarrage, Evans aurait été lâché. Schleck aurait alors pu revenir sur Sastre devant et ce dernier aurait pu rouler pour prendre un maximum de temps.

Quant à Cadel Evans, je pense qu’il a montré des signes inquiétants aujourd’hui. La journée de repos est probablement bienvenue dans son cas. En lâchant une poignée de secondes aujourd’hui, il a montré à ses adversaires qu’il est vulnérable en haute montagne, surtout lorsqu’il faut encaisser des changements de rythme. Les deux prochaines étapes vont être difficiles pour lui je pense et c’est à l’Alpe d’Huez qu’il pourrait perdre définitivement le Tour, la fraicheur physique après le Galibier et la Croix-de-Fer étant probablement l’élément déterminant. Chose certaine, il ne doit pas sortir des Alpes avec plus de 3 minutes de retard sur les grimpeurs et 1 minute sur Menchov s’il veut prétendre à la victoire finale à Paris. 

Bref, dans ce contexte, Frank Schleck m’apparaît aujourd’hui comme le plus sérieux prétendant à la victoire finale. Il dispose d’une très bonne équipe composée de rouleurs (Voigt, Cancellara, Arvesen) et de grimpeurs (Andy Schleck, Sastre), il est en jaune et il est agressif, capable de prendre l’initiative en montagne, bien épaulé par son frère. Pour peu qu’il aille chercher 2 ou 3 minutes dans les deux prochaines étapes, c’est jouable. 

Derrière, je vois bien Menchov et Sastre, ce dernier bénéficiant de la course d’équipe. 

Mon podium à Paris: Frank Schleck premier, Menchov deuxième et Sastre troisième. Evans seulement quatrième.

Le verdict des Pyrénées…

À ne pas manquer, cette excellente analyse des puissances développées par les principaux acteurs du Tour dans les Pyrénées ces derniers jours, analyse produite par Frédéric Portoleau relayée par nos confrères de Cyclismag. C’est éloquent !

Affaire Ricco: ca s’étend…

Le contrôle antidopage positif de Ricco a des conséquences désastreuses pour toute l’équipe Saunier-Duval. Elle s’est d’abord retirée en entier du Tour, privant le sponsor principal – une marque de chaudières domestiques… – d’une partie très importante de sa visibilité annuelle.

On apprend ce matin que Ricco a été logiquement licencié de son équipe, mais aussi Piepoli. Raison évoquée, non-respect du code d’éthique de l’équipe. Si le licenciement de Piepoli peut surprendre, ce dernier n’ayant pas échoué jusqu’ici de contrôles antidopage (ca viendra peut-être pour son étape d’Hautacam…), on peut saluer le courage des dirigeants de l’équipe, les performances de ce petit grimpeur italien étant assez surprenantes depuis un ou deux ans.

On apprend également que le sponsor Saunier-Duval se retirera fort probablement du cyclisme très rapidement. En clair, cela veut dire de nombreuses personnes au chômage: outre les coureurs, dont certains n’ont peut-être rien à se reprocher, on pense aussi au personnel de l’encadrement, mécanos, chauffeurs de bus, massothérapeutes, etc. Voilà qui, espérons-le, donnera à réfléchir aux coureurs professionnels, un contrôle positif ayant de nombreuses conséquences non seulement pour eux, mais aussi pour de nombreuses autres personnes.

Enfin, certains journalistes évoquent la possibilités d’un dopage organisé au sein de l’équipe Saunier-Duval. Que doit-on en penser ?

Mon avis est que d’une part, les directeurs sportifs, qui jouent aux vierges offensées (on ne savait pas…), sont loin d’être innocents. Ancien coureur pro, Mauro Gianetti, le directeur sportif chez Saunier-Duval, a une réputation sulfureuse face au dopage. Son "accident" lors du Tour de Romandie en mai 1998, alors qu’il a fait un très sérieux malaise menaçant même sa vie, est de source quasi-sûre puisque reportée par de nombreux ex-coureurs, dû à un usage excessif de PFC, des hydrocarbures perfluorés censés améliorer le transport de l’oxygène et abandonnés depuis car jugés trop dangereux et non-maîtrisables pour le corps humain.

Dans ce contexte, je pense qu’un dopage organisé au sein de l’équipe est tout à fait possible, mais relève probablement d’un petit nombre de coureurs, les plus en vue. Je pense qu’un dopage organisé a pu prendre place autour de Ricco et Piepoli, les deux "leaders" de cette équipe, sous la supervision d’un Gianetti qui connaît tout du dopage sanguin.

Prudhomme a-t-il eu raison d’évoquer le passé trouble de Gianetti ? Certains lecteurs de ce site pensent que c’était indigne de sa part. Personnellement, je pense que c’est bien: il faut dénoncer ces gens lorsque les soupçons sont très forts comme c’est le cas pour lui. A-t-on bien fait d’appeler Bjarne Riis sous le colibet de "M. 60%" pendant des années, même sans preuve formelle ? La réponse est oui puisque la vérité est venue de sa bouche, des années plus tard. Gianetti est selon moi à placer dans cette catégorie, tout comme Lance Armstrong. Ses performances en 1995 notamment (victoire à l’Amstel, victoire dans la Doyenne, grande course devant dans les très difficiles Mondiaux de Duitama en Colombie) restent très suspectes.

Dans notre prochain texte, on s’interrogera sur une question très intéressante: pourquoi les grands scandales de dopage surviennent uniquement sur le Tour de France depuis des années ? Pourquoi rien sur les deux derniers Giro, où Ricco et Piepoli ont pourtant été vu à leur avantage ? Une instance cycliste internationale aurait-elle pu protéger l’image du cyclisme en étouffant des affaires sur les courses qui relevaient de son autorité ? 

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