Le nouveau champion du monde s’appelle Michal Kwiatkowski. Ce n’est pas une surprise, on savait le coureur polonais en forme puisque récent 2e du général du Tour de Grande-Bretagne avec, à la clef, une victoire sur la 4e étape de l’épreuve. Kwiatkowski a très bien joué ses cartes, intelligemment, partant dans la dernière descente sous la pluie, sachant que cette pluie lui serait favorable. Impressionnant de lucidité!
Kwiatkowski s’impose donc de la plus belle des manière: solo!
Simon Gerrans est 2e, Valverde (encore) 3e pour la troisième année consécutive. Y’aura de quoi commencer à être frustré chez l’Espagnol…
Parmi les autres belles prestations du jour, les deux Français dans le top-10, soit Gallopin 6e et Bouhanni 10e. La brochette de sprinters présents avec Bouhanni sur la ligne est par ailleurs impressionnante: Kristoff, Degenkolb, Swift, Matthews voire Bennati…
L’équipe de Belgique s’est aussi distinguée dans le final, avec Philippe Gilbert sacrifiant ses chances dans les derniers hectomètres pour tenter de revenir sur le Polonais au profit de Van Avermaet, plus rapide que lui au sprint. L’équipe belge a été la seule à vraiment prendre ses responsabilités dans ce final, qui aurait été fort différent si le gros groupe tout juste derrière était rentré.
Plusieurs coureurs sont par ailleurs passés au travers de leur Mondiaux, notamment Cancellara et Sagan, qu’on aura très peu vu durant l’épreuve, de même que Nibali et Boonen, tous deux un peu justes. La question se pose: sont-ils trop isolés au sein de leur sélection nationale réduite pour prétendre s’imposer sur des Mondiaux dans le cyclisme moderne?
Enfin la Pologne!
Je suis particulièrement content de la victoire de Kwiatkowski pour la Pologne, un pays avec une grande tradition cycliste et qui ne s’était jamais encore imposée sur les Mondiaux professionnels. Il est vrai que jusqu’au début des années 1990, la Pologne, comme bien des pays de l’Est de l’Europe, ne pouvait participer aux courses pro. Le pays s’était imposé à quelques reprises sur les Mondiaux « amateurs », notamment en 1989 avec Joachim Halupczok sur le difficile circuit de Chambéry.
Ca fait donc plaisir de voir la Pologne ainsi à l’honneur, car ses coureurs ont bien joué ces Mondiaux, assumant notamment la chasse tôt dans la course, un peu à la surprise générale. Voilà une belle façon de rendre hommage à ces coureurs polonais durs au mal, toujours volontaires, et mués par une force souvent peu commune. Au Québec, les amateurs de cyclisme en savent quelque chose avec notamment Czelaw Lukaszewick dont la réputation de guerrier, de dur au mal, de coureur généreux dans l’effort, n’est plus à faire.
On pourrait presque dire que là où les Italiens gagnent grâce à la tactique de course et leur finesse, les Français ou les Espagnols s’imposent souvent grâce à leur collectif et les Polonais, grâce à leur force brute! Les Néerlandais s’imposent au train voire à l’usure, les Belges avec du punch et les Australiens un peu de toutes les façons, souvent par opportunisme cependant. Quant aux Américains, ils s’imposent solo, ou ne s’imposent pas!
Chose certaine, Kwiatkowski fera, à 24 ans, un très beau champion du monde au cours des 12 prochains mois, et vient confirmer par cette victoire une très belle saison 2014 avec des victoires sur la Strade Bianchi ainsi que le Tour de l’Algarve en début de saison, sur le chrono des championnats de Pologne, et des belles places comme 3e de la Flèche Wallonne, de Liège-Bastogne-Liège, et 5e de l’Amstel.
L’équipe canadienne
Nos trois représentants hier, Meier, Anderson et Woods, ont abandonné.
Mais plus grave fut l’hécatombe avant-hier samedi lors de la course sur route élite femmes, ou les 4 canadiennes ont été prises dans la chute.
Karol-Ann Canuel, qui venait de revenir au plus haut niveau après une chute sévère le 1er juin dernier sur la Liberty Classic, s’en sort avec une fracture de la hanche. Aie. Voilà un nouveau coup dur pour une fille qui avait pourtant déjà donné…
Leah Kirchmann, championne canadienne sur route, a quant à elle subi une fracture de la clavicule.
Joelle Numainville aura eu une sacré frousse, étant de nouveau touchée à la tête, elle qui a subi une commotion cérébrale importante en 2013. Fort heureusement, plus de peur que de mal apparemment.
Enfin Lex Albrecht est aussi allée au tapis, étant touchée au coude. Si elle fut la seule canadienne à repartir, c’était mission impossible de rentrer sur le peloton, déjà 5 min devant, elle qui souffrait à ce moment du coude.
Voilà qui nous rappellera à tous à quel point le sport cycliste est un sport difficile qui met les organismes et les ressources mentales à dure épreuve.
On souhaite à tout le monde un prompt rétablissement bien évidemment. L’intersaison arrive, voilà qui devrait donner aux coureurs un peu de temps pour panser les blessures et refaire le plein d’énergie.