Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : janvier 2009 Page 1 of 2

Affaire Rasmussen: un exemple pour les autres

La nouvelle – une bonne nouvelle selon moi – est tombée hier: l’appel de Michael Rasmussen auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour renverser la suspension de 2 ans imposée par la Fédération monégasque de cyclisme (FMC) a été rejeté. Rasmussen est donc suspendu, à la nuance près que les faits reprochés datant de 2007, Rasmussen pourra revenir à la compétition le 26 juillet 2009 et pourra donc terminer la présente saison, si jamais une équipe l’embauchait. Rock Racing?

Rappelons que Rasmussen, alors maillot jaune du Tour 2007, avait été exclu de l’épreuve parce qu’il avait menti à son équipe Rabobank sur sa localisation dans les semaines précédentes dans le but d’échapper à des contrôles antidopage inopinés. Plus tard, le labo de Chatenay-Malabry avait trouvé dans ses échantillons sanguins des traces de Dynepo, cette forme d’EPO qu’on soupçonne populaire chez les coureurs professionnels.

Bien qu’atypique puisque les faits reprochés ne sont pas des contrôles positifs mais plutôt un mensonge, cette affaire se termine bien selon moi. Je crois en effet qu’il était important de sanctionner ainsi Rasmussen de sorte que le message soit clairement entendu de tous les coureurs professionnels: mentir sur sa localisation dans le but de ne pas être inquiété par des contrôles inopinés n’est une option viable pour personne. Cette décision du TAS renforce donc en quelque sorte la politique des contrôles inopinés et laisse croire à tous que les autorités antidopage ne comptent pas mégoter sur ce point.

Maintenant que Rasmussen est condamné, il faut rapidement statuer selon moi sur l’affaire Schumacher car il y va de la crédibilité de la lutte contre le dopage dans le cyclisme, ce coureur allemand ayant testé positif à la CERA sur le Tour 2008. Schumacher ne doit pas courir en 2009.

Les brèves du milieu de semaine…

1 – La Flamme Rouge sera perturbée à partir de demain en raison d’un voyage professionnel à Paris. Je mettrai le site à jour le plus souvent possible mais serai tributaire des réseaux que je pourrai "squatter". Retour au service normal le 2 février.

2 – Cela vous donne du temps pour penser à votre équipe du pool de cyclisme 2009 ! Je vous rappelle que cette année encore, des prix sont en jeu grâce au soutien de Louis Garneau Sports. Jusqu’ici, plus d’une trentaine d’équipes ont été enregistrées et j’en profite pour remercier tous ceux qui se sont déjà inscrits.

3 – Lance Armstrong. Certains fidèles lecteurs de ce site pensent avoir trouvé : La Flamme Rouge entretiendrait une relation d’amour-haine avec le coureur américain. Je n’hésite pas à en parler voire à publier des reportages – photos récemment – sur ce coureur. De l’autre, je suis souvent très dur envers lui en raison de son rapport au dopage. Il faut y voir la preuve que La Flamme Rouge n’est pas pour ou contre Lance Armstrong ni pour ou contre n’importe quel autre coureur. La Flamme Rouge est simplement pour la vérité, point final, notamment par souci d’éclairer ses lecteurs. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier certains reportages sur des coureurs contreversés ni de reconnaître en eux certaines qualités, notamment la tenacité, la motivation et la discipline chez Lance Armstrong.

4 – Johan Musseuw: c’est triste. L’ex-coureur a avoué dans un livre sorti aujourd’hui en librairie s’être dopé à l’EPO et en avoir lui-même acheté en Allemagne. Doit-on en rajouter ? Johan Musseuw seul devant dans le Muur de Geraldsbergen ou au Carrefour de l’arbre, c’était du pipeau. Bien joué peut-être, mais du pipeau quand même.

5 – L’événement est assez rare pour que je le souligne et que je félicite son auteur: Pat McQuaid a rendu public aujourd’hui une déclaration qui tient la route ! Il a affirmé souhaiter que l’Affaire Puerto aille au bout maintenant qu’elle est ré-ouverte pour une… 3e fois et envisage des sanctions si de nouveaux coureurs étaient embarassés dans l’histoire. Bravo. Il était temps!

6 – Absolutely magnificent… Intéressant reportages vidéos de la première et la deuxième étape du Tour Down Under, si vous êtes encore capable de supporter Phil Liggett et Paul Sherwen.   

7 – Respect M. Basso. J’ai beaucoup d’estime récemment pour ce coureur qui a autrement le sens du chose. Estimant lui-même qu’il est "normal que les fans doutent aujourd’hui de moi", il n’hésite pas à publier ses résultats sanguins sur le web. C’est à ma connaissance le premier à le faire de façon aussi détaillée et on est à des annéés lumières de l’approche Armstrong me semble-t-il, lui qui se contente de belles paroles sur son prochain programme antidopage et qui continue de bluffer l’opinion publique en criant sur tous les toits qu’il est parmi les athlètes les plus testés de la planète. Pendant ce temps, Basso agit, ne nous prend pas pour des cons et petit-à-petit se reforge une crédibilité. C’est à mon sens définitivement la voie à suivre et à quand le profil sanguin en ligne de tous les coureurs pros, avec mises à jour régulières ?

8 – Affaire Schumacher. Quelqu’un peut me dire ce qui se passe dans cette histoire ? Rappelons que Schumacher a échoué un test antidopage à la CERA lors du dernier Tour de France. Licencié de Gerolsteiner et exclu du Tour, l’AFLD a ouvert une procédure contre lui mais curieusement, pas la Fédération allemande de cyclisme. Du coup, Schumacher estime avoir le droit de courir en 2009 et estime également que son juteux contrat avec la Quick Step doit être honoré. Les avocats sont évidemment sur le coup. Schumacher sera-t-il dans le peloton pro en 2009 ? Ca me paraît si invraissemblable!

9 – J’aime pas. L’impression de lourdeur, peut-être.

Où va l’affaire Puerto ?

Rebondissement dans l’affaire Puerto, possiblement le plus gros scandale de dopage de l’histoire cycliste et qui a déjà coûté cher à de nombreux cyclistes dont Jan Ullrich, Ivan Basso, Jorg Jaksche et Francisco Mancebo, pour ne nommer qu’eux.

On apprend en effet qu’un tribunal madrilène a décidé de rouvrir le dossier, après pression de divers organismes dont l’UCI et l’AMA. Rappelons que le dossier Puerto a déjà été classé deux fois "sans suite", le juge d’instruction de l’affaire estimant que la loi espagnole en rapport avec ces délits ne lui donnait pas de levier pour agir. Aucune loi pouvant condamner l’usage de produits dopants n’était en effet en vigueur au moment des faits reprochés. Depuis, l’Espagne a rectifié le tir et si une nouvelle affaire du même genre éclatait aujourd’hui, la justice espagnole disposerait de plus de moyens pénaux pour condamner les coupables.

Alors, pourquoi réouvrir le dossier ?

D’une part, on peut penser que les pressions de l’UCI et de l’AMA ont été fortes. C’est évidemment une bonne chose car rappelons que des coureurs comme Valverde, Contador ou Frank Schleck ne sont pas tout-à-fait blanc comme neige dans l’histoire. Les soupçons sont bien réels et nombreux sont ceux, dont moi, qui aimeraient en savoir plus sur les preuves accumulées à leur égard dans cette histoire.

D’autre part, le juge d’instruction pourrait évoquer un "délit contre la santé publique" pour condamner les coupables de l’histoire, s’il y a suffisamment de preuves pour le faire bien entendu. Ce délit existait bel et bien dans la loi espagnole au moment des faits. Quoi qu’il en soit et à lire certains articles, ce ne serait pas les preuves qui manqueraient dans ce dossier… 

Bref, dans ce contexte, difficile de dire ce qu’il adviendra de l’Affaire Puerto dans les prochains mois. Sera-t-elle reclassée sans suite pour une troisième fois ? C’est tout à fait possible et ce serait une fin en couac. Pourrait-elle livrer davantage de détails et plonger dans l’embarras des coureurs en activité qui sont tranquilles en ce moment ? C’est possible aussi. Difficile donc de prévoir ce qui adviendra dans ce roman feuilleton… mais plus encore que les possibles accusations en justice, j’estime que ce sont les informations que le dossier contient quant aux moyens que les coureurs professionnels utilisent pour se doper qui est l’élément intéressant de tout ce dossier car il nous permettrait de mieux comprendre comment fonctionnent les réseaux. En ce sens, l’Affaire Puerto mériterait un livre, et vite ! 

L’index d’endurance

Je passe une batterie de tests actuellement, tous plus souffrant les uns des autres, pour savoir ou j’en suis dans ma préparation en vue de la saison 2009. La semaine dernière, c’était un test de "PAM", cette fameuse puissance aérobie maximale, sorte de VO2max adaptée au cyclisme. C’est simple: en utilisant un capteur de puissance, vous progressez de 3 minutes en 3 minutes en augmentant chaque fois de 30 watts votre puissance et ce, jusqu’à l’explosion.

J’utilise personnellement un Tacx Flow. L’instrument a ses limites quant à la mesure de la puissance mais l’erreur est constante si on respecte, d’une fois à l’autre, le même braquet et la même cadence, tout comme la même calibration de l’appareil.

Pour la première fois, j’ai passé la semaine dernière l’étape du 360 watts (relatifs au Tacx Flow, la mesure est donc relative et non absolue et des capteurs de type SRM ou PowerTap auraient probablement mesuré un wattage différent, probablement inférieur) et j’ai explosé après 5 secondes à 390 watts. Mes 61 kg ne me permettaient pas plus !

Cette semaine, plus souffrant encore: le test de l’indice d’endurance. Facile là encore: vous vous réglez à environ 95% de votre PAM puis vous tenez à ce régime le plus longtemps possible. Pour moi, cela suppose de générer 330 watts environ pendant un maximum de temps. Les meilleurs tiennent plus de 20 minutes, les moins forts moins de 8 minutes. J’ai tenu 15 minutes, les 15 minutes les plus longues des derniers mois. J’aurais peut-être tenu un peu plus longtemps encore sans ce récent week-end de sport qui a fatigué mes jambes.

On recommande à tous ce genre de tests de temps en temps afin de mesurer les progrès accomplis. Évidemment, ce genre de tests est réservé aux cyclistes entrainés en bonne condition. Il conviendra toujours d’obtenir le feu vert d’un médecin en cas de reprise après une période d’inactivité ou en cas de problème de santé. 

Il faut souffrir pour être beau qu’ils disaient… mais les résultats sont encourageants pour la suite, notamment cette Marmotte 2009 qui n’est plus que dans… 166 jours. Plus de temps à perdre !

Prochain test : le pourcentage de graisse. Aie!

Programme anti-dopage de Lance Armstrong: y croyez-vous ?

En marge de sa participation ultra-médiatisée au Tour Down Under en Australie, Lance Armstrong a annoncé aujourd’hui le début de son programme anti-dopage visant à prouver hors de tout doute – donc "scientifiquement" – qu’il n’utilise aucun produit interdit. Armstrong affirme souscrire à un tel programme afin que le but de son retour, la promotion à l’échelle mondiale de la luttre contre le cancer, ne soit pas occultée par les soupçons de dopage à son égard. 

Son retour a déjà été marqué par des irrégularités liées au dopage depuis quelques mois: d’une part, l’UCI a accepté qu’Armstrong participe au Tour Down Under même si cela violait une de ses règles, celle voulant qu’aucun athlète ne soit autorisé à prendre part à une compétition si cela ne fait pas au moins 6 mois qu’il souscrit au système du passeport biologique. D’autre part, le programme anti-dopage annoncé par Armstrong lui-même a tardé à se mettre en place, ses responsables estimant qu’Armstrong était décidemment un homme "très occupé", limitant leurs chances de le tester durant l’automne dernier.

Considérant le fait qu’un dopage à l’EPO lors du Tour 1999 a été prouvé hors de tout doute, considérant les soupçons de dopage rapportés par les livres LA Confidential et LA Official, considérant les propos des Andreu qui l’ont entendu de leurs oreilles avouer à ses médecins qu’il utilisait bel et bien, avant 1997, des produits visant à un dopage sanguin, compte tenu enfin de ses performances sportives inhumaines selon les experts reconnus en la matière, la question se pose : peut-on croire au retour d’un Lance Armstrong propre ?

Mon avis, sans détour : j’ai de très sérieuses réserves. D’une part, le passé d’Armstrong est lourd, très lourd en matière de dopage. Rappelons qu’il a récemment refusé qu’on teste a posteriori ses échantillons sanguins prélevés lors de Tour précédents… Comment alors le croire lorsqu’il affirme que les prélévements actuels seront congelés pour permettre, dans un horizon de 2 à 8 ans, de nouveaux tests a posteriori ? 

Rappelons également que c’est lui qui a choisi son programme anti-dopage supposément si crédible parce que le fait d’un scientifique américain. Ce personnage, Catlin, est constesté scientifiquement par de nombreux autres experts en sciences de la performance humaine. Et pour être parfaitement crédible, un programme anti-dopage sérieux ne devrait-il pas être totalement indépendant ? L’athlète devrait-il lui-même choisir qui aura le privilège de le tester ?

L’équipe Astana a également recours à un programme anti-dopage, le même que celui utilisé l’an dernier chez CSC et géré par le docteur Rasmus Damsgaard. Là encore, quelle crédibilité si c’est l’équipe qui choisit le responsable du programme ? L’équipe CSC a performé de façon remarquable l’an dernier avec les Cancellara, Sastre et les frères Schleck, pour ne nommer qu’eux. Frank Schleck a même été sérieusement soupçonné d’implication dans l’Affaire Puerto grâce à des transactions monétaires retracées. Résultat du programme anti-dopage de Damsgaard: aucun problème… Opération de relations publiques vous dites ?

Enfin, comment ne pas penser que Lance Armstrong jouira d’une certaine "protection" de la part de l’UCI en 2009 ? Son retour à la compétition est en effet une véritable manne pour le cyclisme et donc pour l’UCI. Je me surprend tous les jours de l’ultra-médiatisation de ce coureur: on ne parle que de lui et sur toutes les tribunes: magazines cyclistes, sites web, blogs, etc. L’auteur du doublé Giro-Vuelta en 2008 et du Tour en 2007, Alberto Contador, est relégué aux oubliettes par la presse, comme s’il était un coureur fini ! Le récent camp d’entrainement à Ténérife était par ailleurs très éloquent à l’égard de la médiatisation extrème du come-back de Lance Armstrong: une meute de journalistes avaient fait le déplacement et on a dû distribuer des numéros par tirage au sort pour déterminer l’ordre des voitures de presse qui suivaient le petit groupe à l’entrainement !

Bref, après des années de perte de crédibilité et une saison 2008 plombée par les scandales Ricco, Schumacher et Kohl sur le dernier Tour, le retour d’Armstrong est une sacré aubaine pour l’UCI puisqu’on ne parle que de cyclisme ces derniers temps. Ils étaient aujourd’hui 138,000 spectateurs – 138,000 – à se presser sur les bords du critérium d’Adelaide pour voir le champion américain pédaler.

Dans ce contexte, je pense qu’un contrôle positif de Lance Armstrong en 2009 serait presque la fin du cyclisme en jettant un discrédit non seulement sur son retour mais sur 10 ans de vélo. L’UCI ne peut se le permettre compte tenu des difficultés actuelles du cyclisme et je ne suis pas loin d’être convaincu qu’au nom des intérêts supérieurs de ce sport, elle fera le nécessaire pour que cela ne se produise pas.

Viagra: un produit dopant à la portée de tous ?

On entend et on lit actuellement toutes sortes de rumeurs concernant un possible effet dopant du Viagra, cette petite pillule bleue célèbre puisqu’elle combat les problèmes d’érection masculine.

La Flamme Rouge vous propose ce soir de faire le point dans ce dossier, le point par rapport à son usage dans le cyclisme bien sûr.

Tout d’abord, mentionnons que les soupçons d’effets dopants du Viagra sont suffisamment sérieux pour que l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) ait commandé, à la fin de l’année dernière, une étude spéciale sur ses effets chez les sportifs. Une inscription à la liste des produits interdits en sport pourrait en découler. Pour l’instant, le Viagra, ou Sildenafil Citrate, ne figure pas à la liste 2009 des produits interdits.

Quels sont les bénéfices de l’usage du Viagra dans le sport ? Il semblerait premièrement qu’un effet sur le transport de l’oxygène aux muscles découlerait de son usage. Le Sildenafil est en effet un dilatateur des vaissaux sanguins du corps humain, en particulier ceux du système pulmonaire. Il est d’ailleurs déjà utilisé depuis un moment en médecine dans le traitement de l’hypertension pulmonaire. L’augmentation de la circulation sanguine dans les poumons permettrait au sang de transporter plus d’oxygène aux muscles et ceux ci réagiraient donc mieux aux efforts demandés, étant mieux oxygénés.

Le Viagra serait, pour ces raisons, déjà en usage répandu au sein de la communauté des alpinistes afin de lutter contre les effets de la raréfaction de l’oxygène en haute altitude.

Autre effet intéressant du Viagra pour les sportifs, l’augmentation de l’efficacité du coeur à pomper et éjecter le sang. En pompant "mieux" pour un rythme cardiaque donné, on acheminerait plus de sang à nos muscles, d’ou gain d’efficacité pour le sportif. Des études américaines auraient démontré que des cyclistes dopés au Viagra ont amélioré leur temps de 45% sur un contre-la-montre de 10 kms. Je n’ai pas été capable de trouver ces articles scientifiques témoignant de tels résultats et un gain de 45% me paraît beaucoup, trop même pour être vrai. Mais qui sait ? Chose certaine, les effets dopants du Viagra seraient déjà connu de la communauté cycliste professionnelle et la substance en usage ; sur le dernier Giro, on a d’ailleurs trouvé de nombreuses pillules de Viagra dans la voiture du père du coureur Andrea Moletta de l’équipe Gerolsteiner. Si l’histoire n’a jamais précisé si ces pillules étaient pour le père ou le fils (!!!), la situation est néanmoins préoccupante.

Bref, l’étude à venir de l’AMA sera très intéressante pour la suite. En attendant, je vous recommande très fortement de ne pas vous précipiter chez votre pharmacien en prévision de la saison sur route en 2009 !

En vrac

1 – à ne pas manquer, ce très beau reportage tout en photo du récent come-back de Lance Armstrong au cyclisme de compétition. Parce que ces photos sont le fait d’une photographe professionnelle et sont inédites (on ne les retrouve dans aucun magazine cycliste), elles nous permettent de mieux comprendre l’univers – particulier s’il en est – de ce coureur. Meci aux Gessiens pour le lien !

2 – on annoncerait le nouveau Tour de Sochi, en Russie, épreuve inscrite au calendrier mondial de l’UCI en 2009, du 14 au 20 septembre prochain.

3 – Rock Racing, la saga continue.

4 – en prévision du pool de cyclisme 2009, le calendrier de course d’Andy Schleck.

5 – on annonce le retour de Michele Bartoli au sein de l’équipe italienne ISD Cycling qui compte notamment dans son alignement Dario Cioni, Andrei Grivko et Giovanni Visconti. C’est surtout la présence de Luca Scinto, ex-équipier de Bartoli et maintenant directeur sportif de cette équipe, qui serait à l’origine du choix du coureur italien.

6 – vague de froid intense au Québec: -39 ce matin en tenant compte du facteur éolien. Ca devrait durer encore plusieurs jours. La reprise sur route est loin… et le home-trainer va servir demain soir, faute de pouvoir pratiquer le ski de fond par un froid si extrème. C’est long, l’hiver québécois…

Cinq Canadiens en Europe en 2009

Ca ne s’est jamais vraiment vu avant: en 2009, pas moins de 5 coureurs canadiens feront partie du peloton professionnel européen et participeront donc sur des bases régulières aux épreuves du calendrier mondial. C’est évidemment une source de grande satisfaction pour le cyclisme canadien et La Flamme Rouge vous propose une petite découverte de ces cinq coureurs avec un commentaire sur les attentes réalistes qu’il convient d’avoir pour eux. Respectons les usages, allons-y du plus vieux au plus jeune… 

Michael Barry, 33 ans, équipe Columbia-HighRoad

Cycliste issu de la région de Toronto, Michael Barry est le plus aguerri des coureurs pro canadiens en dépit du fait qu’il n’a jamais remporté de grandes courses au Canada chez les séniors (aucun titre de Champion canadien, pas de victoires au Tour de Beauce, etc.). Passé pro chez les américains de Saturn en 1998 après quelques saisons d’apprentissage au VC Annemasse en banlieue genevoise et une 8e place aux Mondiaux U23 en 1996, il rejoignait en 2002 la prestigieuse équipe US Postal et donc nul autre que Lance Armstrong. Souvent victime depuis de la sélection impitoyable au sein de cette équipe, il n’a jamais pris part au Tour de France, réservé à l’époque aux équipiers composant la garde rapprochée du champion texan. 

Michael Barry s’est alors développé une réputation d’excellent équipier, réputation qu’il forga notamment sur les routes de la Vuelta au service de Roberto Heras. Gagnant très peu de courses, ses transferts chez T-Mobile en 2007 puis chez Columbia-HighRoad en 2008 témoignent à quel point Michael Barry jouit d’une réputation enviable dans le peloton pro en Europe. 

Souvent imprévisible, coureur intelligent, le meilleur résultat de sa saison 2008 aura été une excellente 9e place dans la course sur route des JO de Beijing, à 16 secondes du vainqueur l’Espagnol Samuel Sanchez. Inexistant depuis le début de la saison, on ne l’attendait pas à ce niveau en Chine et cette performance sauva, en quelque sorte, sa saison 2008.

En 2009, à 33 ans, Michael Barry est à placer dans la catégorie des "under-achiever" selon moi, c’est à dire des coureurs qui ont un plus grand potentiel que ce que leurs résultats montrent. Pour une saison réussie en 2009, Michael Barry devra mieux performer dans les courses d’un jour accidentées comme la Flèche Wallonne ou la Classica San Sebastian. Il devra être enfin sélectionné pour le Tour de France, il est capable selon moi de jouer un rôle sur les étapes accidentées du Tour en plus d’aider Cavendish et Kirchen à faire des résultats. Le temps presse désormais pour Barry…

Svein Tuft, 31 ans, Garmin-Chipotle

À 31 ans, Svein Tuft est la révélation canadienne de 2008: vainqueur du difficile Tour de Beauce, champion national contre-la-montre, champion Pam-Am du contre-la-montre et surtout, surtout, ce titre de vice-champion du monde du contre-la-montre acquis à Vérone derrière un Bert Grabsch intouchable ! Quel rouleur ! Remarquez qu’on le savait déjà ici au Canada: son titre de champion canadien de la discipline en 2008 était son… 4e en carrière ! Tuft semble cependant avoir franchi un pallier en 2008, s’adjugeant désormais des courses sur route également.

En 2009 et à 31 ans, Tuft n’a cependant pas de temps à perdre. Son registre n’est probablement pas les grands tours de 3 semaines qu’il n’a jamais fait: difficile dans ce contexte de savoir s’il saurait "tenir la distance". Tuft peut cependant être très utile à son équipe sur les Classiques d’avril voire surtout sur les petites courses à étapes d’une semaine environ comme le Tour de Romandie, Paris-Nice ou encore le Dauphiné. Solide rouleur, il pourrait permettre à son équipe d’obtenir une bonne visibilité en s’adjugeant le maillot de leader tôt dans les courses. C’est ce qu’on lui souhaite en 2009 ! Il aurait également fait un excellent poisson-pilote dans le dernier kilomètre pour un sprinter de premier plan… si seulement l’équipe Garmin en avait un !  

Ryder Hesjedal, 28 ans, Garmin-Chipotle

Arrivé au cyclisme par la voie du VTT, Ryder Hesjedal est passé pro sur la route en 2004 au sein de l’équipe US Postal, peut-être un peu grâce à Michael Barry. Évoluant alors comme ce dernier au sein d’une équipe bourrée de talent et donc privé de Tour de France, il se bâtira lui-aussi une réputation de spécialiste des autres grands tours, devenant un solide équipier. À l’aise en terrain accidenté mais aussi rouleur respectable, c’est ainsi qu’Hesjedal participa ces dernières années au Giro (2005), à la Vuelta (2006) avant de doubler Giro – Tour en 2008, excusez un peu. L’année précédente, en 2007, c’est lui qui priva Svein Tuft d’un… 5e titre de champion canadien du contre-la-montre!

On peut penser qu’Hesjedal a acquis la confiance de Christian Vande Velde (il a lui-aussi doublé Giro-Tour en 2008) chez Garmin-Chipotle et qu’il sera de retour sur le Tour de France en 2009. Son programme publié sur son site web l’annonce d’ailleurs comme partant à la fois sur le Giro et le Tour. Avant, il peaufinera sa condition notamment sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège qui présentent des terrains qui doivent convenir à sa morphologie à la Frank et Andy Schleck. De bonnes performances sur ces Classiques d’avril ainsi qu’une victoire d’étape au Giro ou, mieux encore, sur le Tour, seraient la consécration pour lui.

Quelques vidéos très intéressants sont par ailleurs disponibles ici sur son site web.

Dominique Rollin, 26 ans, Cervelo Test Team

La carrière professionnelle de Dominique Rollin suit une ascension logique et régulière depuis plusieurs années déjà. Formé au VC Roubaix puis passé pro chez les américains de Kodak Gallery (2007) et Toyoto-United (2008), il doit certainement en partie son enrôlement dans l’équipe de Carlos Sastre en 2009 à sa superbe victoire dans des conditions climatiques difficiles au Tour de Californie en 2008, battant au passage un George Hincapie pourtant en préparation pour les Classiques d’avril. Plus tôt en carrière, Rollin s’est forgé un beau palmarès sur des courses longues et difficiles, notamment sur la Classique Louis Garneau au Québec, sur Paris-Mantes ou encore comme en témoigne son titre de champion canadien acquis sur le difficile parcours de Québec en 2006.

Contrairement à Barry ou Hesjedal, le registre de Rollin nous apparait être les courses d’un jour, en particulier les Classiques d’avril. Il faut en ce sens se réjouir de le voir compter sur un équipier comme Magnus Backstedt au sein de Cervelo, cet ex-vainqueur de Paris-Roubaix pouvant ainsi partager son expérience des Classiques avec lui. Rollin est une force de la nature selon moi, un coureur qui n’a rien à envier à un Tom Boonen par exemple. Surnommé "The Horse" par ses équipiers de Toyota-United l’an dernier en raison de sa capacité à pousser un cheval-vapeur (environ 700 watts) pendant une minute, on peut penser qu’il ne manquera à Rollin en 2009 que la connaissance du terrain et la science du placement pour bien réussir sur des courses comme le Het Volk, Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix ou encore l’Amstel. Encore jeune, Rollin a en ce sens encore droit à l’erreur en 2009 même si on lui souhaite quelques solides performances, pour qu’il puisse se faire plaisir et se rassurer.

Christian Meier, 24 ans, Garmin-Chipotle

Champion canadien sur route en 2008, Christian Meier ne cesse de m’impressionner depuis plusieurs années déjà tant son potentiel semble grand. Personne n’a vraiment encore une idée précise de ses limites ! Issu d’une famille allemande, Meier a été élevé à la dure sur une ferme du Nouveau-Brunswick, étant habitué jeune à se lever tôt et à travailler aux tâches que requieraient l’exploitation familiale. Visiblement disposant d’une bonne tête sur les épaules, dur au mal, réaliste dans ses attentes, Meier donne l’impression qu’il a tout ce qu’il faut pour réussir. Son engagement par Garmin-Chipotle est donc un investissement pour cette équipe voire peut-être une sacré bonne aubaine…

Meier s’établira à Gérone, fief des coureurs nord-américains en Europe, pour la saison 2009. Connaissant déjà l’Europe et ses règles de vie, son adaptation ne devrait pas poser de problème. Son programme de courses devrait passer par le Tour Down Under, le Tour Med, Paris-Nice, le Critérium international, l’Amstel, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, après quoi c’est plus incertain. Si Garmin a la sagesse de ne pas le "cramer" en 2009 (ca semble être le cas puisque aucun grand tour n’est à son programme), Meier devrait être mis dans d’excellentes conditions pour apprendre sereinement et sans pression son métier de coureur pro cette année. En ce sens, les attentes à son égard sont peu élevées en 2009, mais je demeure convaincu qu’il saura nous surprendre à plus d’un égard. 

Beaucoup de nouvelles…

Les nouvelles à traiter s’accumulent et La Flamme Rouge vous propose un petit tour d’horizon ce soir:

1 – Insolite: un gel d’acide lactique (Agave Lattico). L’idée est qu’une prise exogène de lactates permettrait à l’organisme, sur le long terme, de mieux s’y adapter à l’effort et de mieux récupérer après l’effort. Avant d’acheter un tel produit, vous avez intérêt à lire cet article scientifique autrement plus crédible

2 – On connaît désormais le programme de Contador en préparation au prochain Tour de France. Ca commence en Algarve puis sur Paris-Nice, puis sur le Tour de Castille-Leon, le Pays Basque, le Dauphiné et enfin le Tour. Hormis Paris-Nice et le Dauphiné, le programme est donc très espagnol et devrait lui permettre d’éviter Lance Armstrong.

3 – Contador devrait en revanche rencontrer plus souvent sur ses routes Carlos Sastre dont l’objectif #1 en 2009 est la défense de son maillot jaune (ca sera difficile…). Sastre sera lui aussi sur le Tour de Castille-Leon et au Pays Basque, mais pourrait prendre le départ du Giro, si la condition est bonne.

4 – Basso, quant à lui, ne devrait pas prendre le départ du Tour pour se concentrer plutôt sur le Giro et la Vuelta. Permettez-moi de demeurer sceptique… Le coureur italien a choisi l’Argentine pour débuter sa saison tranquillement, loin de l’agitation du Tour Down Under. J’aurais fait pareil…

4 – À quelques jours du départ du Tour Down Under, Lance Armstrong se dit en grande forme pour la période de l’année. Wait and see, mais s’il se teste sur cette épreuve, on verra rapidement où il en est.

5 – Robert Gesink, Roman Kreuzinger et Gerald Ciolek sont, dans l’ordre, les trois meilleurs coureurs pro qui n’ont pas encore 23 ans. Gesink, en particulier, apparaît être un phénomène de la nature. Pensez-y, en prévision du pool de cyclisme

6 – On ne sait pas vous mais les nouvelles tenues des équipes Milram et Columbia-Highroad ne nous emballent guère. Ni les vélos d’ailleurs (le Scott des Columbia est ici).

7 – Ne partez pas sans votre… baignore ! Beaucoup de coureurs pros utilisent désormais, dans leur arsenal visant à maximiser leurs performances, des baignores portatives dont l’intérêt réside dans le fait qu’elles produisent du froid. Il apparaît que des bains d’eau très froide (6 degrés) auraient de multiples avantages: ils abaisseraient plus rapidement la température corporelle après l’effort donc favoriseraient un sommeil plus précoce (une température corporelle élevée est néfaste au sommeil) et ils renforceraient le système immunitaire de l’organisme par un effet antalgique et stimulant. Les reportages ne parlent cependant pas de la motivation nécessaire pour se plonger dans un bain à 6 degrés ! On vous laisse essayer et nous en parler plus tard !

8 – Intéressant article dans le dernier numéro du magazine cycliste Cycle Sport: le nombre d’équipes appartenant au ProTour et au ProContinental est à la baisse depuis 2004, étant passé de 50 équipes à… 36 en 2009. C’est éloquent, ce sont des chiffres dont l’UCI ne parle jamais et cela témoigne de tout l’effet négatif qu’engendre le dopage sur le sport cycliste. Je doute que le nouveau calendrier mondial puisse y changer quelque chose.

9 – Le cycliste pro français Mickael Buffaz semble motivé à l’entrainement ces jours-ci malgré la vague de froid qui secoue la France et toute l’Europe. Remarquez que pour les cyclistes québécois, cela ne nous impressionne guère ! Merci à Frut pour le lien vidéo.

10 – La société québécoise bien connue Louis Garneau sera sponsor de l’équipe professionnelle américaine Team Type 1 en 2009. Cette équipe présente la particularité de ne pas se concentrer uniquement sur le cyclisme sur route mais aussi sur le triathlon et sur le cyclisme féminin.

11 – Patrice Halgand, ce coureur pro français, excellent grimpeur (il a gagné la Marmotte lorsqu’il était encore amateur), a mis un terme à sa carrière, victime de la débandade annoncée de l’équipe H2O et du retrait de son sponsor en 2008, le Crédit Agricole. C’est triste, car j’aurais voulu que ca ne s’arrête pas comme ca pour lui.

Pool 2009: faites vos jeux!

Le fichier téléchargeable vous permettant d’effectuer la sélection de votre équipe pour le pool de cyclisme 2009 est disponible ici.

Date limite afin de soumettre votre équipe en envoyant le code des neuf coureurs retenus: le 27 février prochain, veille du Het Volk.

Bonne chance à tous!

Le nouveau calendrier mondial décortiqué

Jeudi dernier, l’UCI a rendu public le nouveau calendrier mondial du cyclisme professionnel. C’est un événement important puisqu’il marque un renouveau dans le cyclisme après quatre années de déchirement entre l’instance internationale du cyclisme et les organisateurs des trois grands tours qui contestaient l’ex Pro-Tour. Retour sur ce calendrier pour bien en comprendre le fonctionnement.

En gros, le nouveau calendrier mondial du cyclisme servira de base à un nouveau classement des coureurs et des équipes, classement établi selon les épreuves incluses dans ce calendrier mondial. Ces épreuves sont de deux types: ProTour ou "historiques", témoignant du compromis partiel conclu entre les deux parties en litige.

L’UCI conserve ainsi les bases de son système ProTour à même le calendrier mondial : 18 équipes licenciées en 2009, l’obligation pour ces équipes de participer à toutes les épreuves ProTour du calendrier mondial (mais pas aux épreuves dites "historiques") et la poursuite d’une volonté à "internationaliser" le cyclisme. C’est ainsi que des épreuves comme le Tour de Pologne, la Vettenfall Cyclassics et le Tour de Sochi, nouvelle épreuve par étapes en Russie mais dont les dates sont toujours inconnues, sont introduites au calendrier mondial, volet ProTour.

Les organisateurs des trois grands tours voient pour leur part leurs épreuves incluses de nouveau dans un calendrier mondial officiel servant de base à l’établissement d’un classement des coureurs et des équipes. Ils conservent également leur capacité de sélectionner eux-mêmes les équipes invitées sur leurs épreuves, ce qui est un des points fondamentaux de l’accord.

Des incertitudes demeurent encore quant aux autorités responsables des contrôles anti-dopage sur les différentes épreuves de ce classement mondial.

L’établissement du classement mondial des coureurs se fera selon un système de points, un peu à l’image de celui qui prévalait pour l’ex-classement FICP et qui prévaut depuis plusieurs années déjà dans… le pool de cyclisme de La Flamme Rouge ! Les similarités entre les deux systèmes de pointage sont d’ailleurs frappantes, comme si l’UCI s’était inspirée du populaire petit jeu de ce site pour établir les bases de son système de points.

Le Tour de France rapportera à son vainqueur le plus grand nombre de points (200), suivi du Giro et de la Vuelta. Jusque là, pas de surprise. On pourra toutefois contester le fait qu’une victoire au Tour de Suisse ou au Dauphiné-Libéré rapportera le même nombre de points qu’une victoire sur Paris-Roubaix ou au Tour du Bénélux. Il me semble qu’une semaine d’efforts sur le montagneux Tour de Suisse devrait rapporter davantage de points qu’une course d’un jour – qu’elle soit aussi prestigieuse que Paris-Roubaix – ou que le Tour de Bénélux, dont le prestige et le plateau de coureurs sont habituellement moindres.

On pourra enfin se surprendre que des épreuves comme l’Amstel ou la Flèche Wallonne, des épreuves prestigieuses selon moi puisqu’inscrite au calendrier du cyclisme professionnel depuis fort longtemps et très prisées des coureurs, rapporteront le même nombre de points que des épreuves comme la Vattenfall Cyclassics ou la Classica San Sebastian…

Quoi qu’il en soit, le classement des coureurs sera disponible chaque début de semaine suivant une épreuve et établira donc une valeur – basée sur la performance – pour chaque coureur. Rappelons que des classements de la sorte comme le classement FICP avaient été abandonnés en raison de leurs effets pervers, notamment parce qu’ils étaient utilisés pour établir les salaires des coureurs. Les coureurs dit "domestiques" ayant peu de chance de marquer des points à ce type de classement, ils étaient défavorisés par rapport aux coureurs de premier plan lorsque venait le temps de négocier les contrats. Autre effet pervers, il était jugé que ce type de classement augmentait la tentation du dopage, ceci tout simplement parce que les coureurs ont besoin de points pour négocier leurs contrats.

Bilan ? Ce nouveau classement mondial a ceci de bon qu’il donne l’image d’un cyclisme de nouveau uni autour d’un calendrier de course commun. C’est donc un pas dans la bonne direction pour le sport lui-même. Ceci étant, son examen minutieux donne vraiment l’impression qu’il s’agit en quelque sorte que d’un artifice découlant de deux entités profondément divisées mais qui ont décidé de préserver les apparences. L’UCI campe sur son ProTour et les organisateurs des trois grands tours sur leurs revendications. Enfin, ce nouveau classement mondial des coureurs pourrait faire ressurgir les dérives passées parce qu’il donne encore une fois trop d’importance aux coureurs qui "font des places" sur les épreuves au détriment de ceux qui s’y donnent corps et âme pour un leader.

Les épreuves du calendrier mondial:

Tour Down Under
Paris-Nice
Tirreno-Adriatico
Milan San Remo
Tour des Flandres
Tour du Pays Basque
Gand-Wevelgem
Paris-Roubaix
Amstel Gold Race
Flèche Wallonne
Liège-Bastogne-Liège
Tour de Romandie
Tour d’Italie
Tour de Catalogne
Critérium du Dauphiné Libéré
Tour de Suisse
Tour de France
Classica San Sebastian
Tour de Pologne
Vattenfall Cyclassics
Tour du Bénélux
GP de Plouay
Tour d’Espagne
Tour de Sochi
Tour de Lombardie

Entrevue avec Dominique Perras

Récemment retraité des pelotons, Dominique Perras a accepté, pour le bénéfice de La Flamme Rouge, de répondre à quelques unes de nos questions portant essentiellement sur ses projets d’avenir, notamment ce nouveau site d’entraînement qu’il a lancé avec Mathieu Toulouse, lui-aussi récent retraité du cyclisme. On revient également sur ses méthodes d’entraînement et sa longue carrière cycliste.

La Flamme Rouge: Dominique, te voilà désormais retraité du sport de haut niveau. La pratique sportive te manque-t-elle ? As-tu maintenu l’entraînement ces dernières semaines ou la coupure est totale ?
 
Dominique Perras: Jusqu’à maintenant je suis très occupé donc je n’ai pas le temps de m’ennuyer. J’ai roulé une à deux fois par semaine de septembre à novembre, depuis je fais un peu de jogging et je joue au hockey à l’occasion. J’ai aussi apporté mon vélo avec moi en vacances en Californie et ai fait quelques sorties de 2h. Mais dans l’ensemble disons que j’ai observé une grosse réduction de mon temps d’entraînement.
 
La Flamme Rouge: En collaboration avec Mathieu Toulouse, tu viens de te lancer dans le métier d’entraîneur professionnel via ton site avelocoaching.com. Le désir de rester impliqué de près dans le milieu cycliste ?
 
Dominique Perras: Je pense que les gens qui m’ont côtoyé peuvent témoigner de toute ma passion pour ce sport donc oui, bien sûr, c’est une façon de rester impliqué dans le cyclisme et de transmettre certaines de mes connaissances acquises en 20 ans de compétition. Notre projet s’adresse autant aux coureurs qu’aux cyclosportifs de tous les niveaux, ce qui a l’avantage de me remettre en contact avec toutes les catégories de pratiquants du sport cycliste.
 
La Flamme Rouge: Le domaine du coaching en cyclisme s’est beaucoup développé ces dernières années, nombreux étant les centres à Montréal ou ailleurs offrant de planifier et de superviser l’entraînement d’athlètes. En quoi avelocoaching se distingue-t-il des autres centres du même genre ?
 
Dominique Perras: Nous tenons à nous positionner de façon distincte et non en opposition par rapport aux autres centres d’entraînement. A mon avis, nous nous distinguons à plusieurs égards. D’une part, nous offrons d’aller rouler, en privé, avec nos clients, ceci afin de prodiguer des conseils sur le terrain et non pas uniquement via internet. Nous croyons que certains éléments techniques peuvent améliorer un cycliste presque tout autant que le meilleur des plans d’entraînement.
 
Ensuite, nous croyons à une approche à moitié scientifique et à moitié intuitive, c’est à dire que nous reconnaissons que la science de l’entraînement est loin d’une science exacte ! Nous visons donc de bâtir des plans d’entraînement qui évoluent avec les progrès d’un client. Par ailleurs, nous visons un volume de clients moindre que nos concurrents, ceci afin d’être en mesure d’offrir un service entièrement personnalisé.
 
Enfin, je crois que notre avantage concurrentiel provient de notre contact récent, et toujours présent, avec le milieu cycliste de compétition et les récentes évolutions de l’entraînement. Humblement, je pense qu’après 16 ans passés comme membre de l’équipe nationale, 9 ans comme professionnel et avec mon niveau 3 de certification nationale des entraîneurs, j’ai un bon bagage à offrir à mes clients.
 
La Flamme Rouge: Tu laisses l’image d’un coureur cycliste très régulier, aux résultats constants années après années. Quels étaient les fondements de ton entraînement ?
 
Dominique Perras: Merci du compliment. C’est vrai qu’hormis quelques ennuis de santé, et peut-être exception faites de mes deux dernières saisons où, pour différentes raisons, j’ai été plus irrégulier dans mon entraînement, j’étais généralement très régulier. J’ai misé, à presque tous les débuts de saison, sur un bon volume de base qui, je crois, est la base de la régularité et des performances dans les épreuves aérobiques et d’endurance. J’ai certes dû faire certains compromis sur ma vitesse, ce qui sur le circuit américain est assez important, mais j’ai toujours visé les compétitions longues et difficiles tout comme les courses par étapes. Je sais qu’au Québec et aux USA, plusieurs coureurs valorisent beaucoup les victoires dans les critériums, mais moi j’ai toujours voulu me démarquer dans ce que je considère comme les vraies épreuves cyclistes, c’est-à-dire celles les plus reconnues sur la scène mondiale en tout les cas, soit les courses par étapes et les courses d’un jour difficiles tels que les championnats nationaux et du monde.
 
La Flamme Rouge: Comment abordais-tu la période hivernale au Québec ? Consentais-tu aux interminables séances de home-trainer dans ton sous-sol ou privilégiais-tu le ski de fond à l’extérieur ?
 
Dominique Perras : L’idéal, bien sûr, c’est de pouvoir profiter de l’hiver pour faire du volume en vélo. Pour cela toutefois, il faut quitter le Québec pour des cieux plus cléments. Mais quand j’ai passé mes hivers au Québec, je tentais de rouler dehors dès que la météo le permettait. Je me souviens, entre autres, de ma seconde année junior où, motivé à l’idée de me faire sélectionner pour les championnats du monde junior, Daniel Belleville et moi avions roulé pratiquement à tous les jours ! Mais sinon, je roulais en vélo de montagne, et optais pour un combo ski de fond, musculation et exercices brefs mais intenses sur le home-trainer.
 
La Flamme Rouge: Utilisais-tu un système de mesure de la puissance comme un capteur de type SRM, un cardiofréquencemètre ou faisais-tu plutôt tout "aux sensations" ?
 
Dominique Perras: J’ai longtemps résisté à la technologie et n’utilisait qu’un cardiofréquencemètre. Ce fut peut-être une erreur car j’ai utilisé un appareil de mesure des watts ces dernières années et j’en ai compris toute l’utilité, notamment pour les contre-la-montre et afin de bien gérer son effort dans les longues montées.
 
La Flamme Rouge: Adepte de l’entraînement classique basé sur le foncier ou plutôt adepte de l’entraînement moderne basé sur de courtes séances, mais meublées d’intervalles ?
 
Dominique Perras: Tout dépend du temps disponible pour une personne, de ses objectifs et de la météo. Quelqu’un qui passe l’hiver au Québec peut difficilement miser sur le volume, alors l’approche de l’entraînement par intervalles est idéale. Par contre, pour un coureur qui veut passer pro, il faut passer par une période hivernale axée sur le volume sur le vélo (et pas sur un home-trainer) et essayer d’augmenter progressivement ses charges d’entraînement pour un jour, peut-être, pouvoir passer au travers de courses par étapes de 25 à 30 heures de course par semaine.
 
La Flamme Rouge: Durant ta carrière, consentais-tu à des entraînements spécifiques sur ton vélo de contre-la-montre afin de te préparer à ce type d’épreuve ?
 
Dominique Perras: Je n’ai jamais été un spécialiste des contre-la-montre ! Toutefois, de temps en temps, oui, je roulais avec mon vélo de contre la montre. Des spécialistes comme Eric Wohlberg ou Roland Green, par exemple, roulaient sur leur machine de contre-la-montre environ 1 fois par semaine. A l’approche des grandes épreuves, je l’utilisais plus fréquemment, c’est vrai.
 
La Flamme Rouge: Tu as fait partie de l’équipe EVA-DeVinci pour ta dernière saison de coureur élite. Quels sont les jeunes coureurs qui t’ont le plus impressionné en 2008, chez EVA comme ailleurs ?
 
Dominique Perras : Au sein de mon équipe, plusieurs coureurs ont démontré l’étendue de leur talent. Guillaume Boivin et Jean Sébastien Perron, entre autres, m’ont impressionné, de même que Simon Brassard qui nous a tous surpris au championnat québécois. Arnaud Papillon aussi a très bien fait pour un coureur de 19 ans et Eric Boily a été solide tout au long de la saison. J’ai aussi été impressionné par la classe de David Boily.
 
La Flamme Rouge: Désignerais-tu un successeur à Dominique Perras au sein du peloton québécois ?!
 
Dominique Perras: En 2003, alors en Europe, le magazine cycliste « Cyclisme international », m’avait demandé une question similaire ! J’avais alors suggéré Dominique Rollin et François Parisien. Cinq ans plus tard, force est d’admettre que je ne m’étais guère trompé et je suis bien content pour eux !
 
Il se trouve que plusieurs jeunes coureurs québécois sont voués à un bel avenir selon moi, tels que David Veilleux, Eric Boily, Arnaud Papillon, Guillaume Boivin ou Simon Lambert-Lemay. J’observe toutefois qu’aux cours des dernières années, les jeunes canadiens sont encore un peu juste – Christian Meier étant la seule exception – dans les épreuves par étapes montagneuses ou dans des courses plus relevées, pour preuve leurs récentes difficultés au Tour de l’Avenir qui, pourtant, n’est ouvert qu’aux moins de 23 ans et non plus aux jeunes professionnels. Idem dans la course sur route des mondiaux U23. Je m’interroge à savoir si c’est en raison du fait que les jeunes se concentrent sur le type d’épreuves que l’on trouve aux USA et au Canada (i.e. beaucoup de critériums) ou si c’est parce qu’ils privilégient essentiellement des entraînements courts et intenses au détriment du volume et de l’endurance aérobique, tous deux nécessaires pour performer à l’échelle mondiale.
 
Si j’avais à choisir un coureur qui a le potentiel de se distinguer à moyen ou long terme (4-7 ans), en particulier en montagne et dans les courses par étapes, je crois que je choisirais David Boily. C’est un jeune de la région de Québec qui a connu un Tour de l’Abitibi phénoménal, qui a remporté le Championnat canadien de la course aux points et madison et qui a de très belles qualités aérobiques.. S’il continue de travailler fort et est discipliné, je crois qu’il atteindra un bon niveau dans 4 ou 5 ans.
 
La Flamme Rouge: Tu as couru une saison chez Post Swiss en 1999 et chez Phonak en 2000, et ensuite chez Flanders-Iteamnova en Belgique,  faisant donc plusieurs courses en Europe. Dominique Rollin s’apprête lui-aussi à intégrer la scène des courses professionnelles en Europe. Basé sur ton expérience, quel conseil lui donnerais-tu afin qu’il réussisse son passage chez les pros en Europe ?
 
Dominique Perras : Je connais assez bien Dominique pour lui transmettre mes conseils directement ! Mais pour jouer le jeu et pour le bénéfice des lecteurs de ce site, disons que je lui suggérerais de faire une base énorme cet hiver et d’arriver en pleine forme au camp d’entraînement très bientôt. Dans ce contexte, il ne faut pas qu’il songe à sa forme plus tard durant la saison. Les courses par étapes sont si difficiles en Europe qu’il faut être à 100% pour y performer, faute de quoi elles peuvent vous détruire rapidement. Enfin, je lui suggérerais de signer une entente de 2 ou 3 ans si possible car, dans la plupart des cas, les premières années peuvent être difficiles et on a tendance à être moins patient envers un coureur canadien qu’un coureur "local", c’est-à-dire un coureur français ou italien par exemple.
 
La Flamme Rouge: Tu as eu une carrière bien remplie, ponctuée de beaux succès. L’année 2003 demeure à mon avis ta meilleure saison en carrière avec ce titre de Champion canadien acquis à Hamilton et, à la clef, ta participation aux Mondiaux dans cette même ville quelques mois plus tard. C’est ton avis aussi ?
 
Dominique Perras: Ce sont de très beaux souvenirs et 2003 fut peut-être ma meilleure année en terme de résultats, avec le Championnat canadien, une victoire d’étape dans une arrivée au sommet au Sun Tour en Australie, une 3ème place au Tour de Qinghai Lake en Chine et une 8e place au classement final du Tour de Beauce. Mais je dirais toutefois que ma meilleure saison fut ma saison 2005 ou j’ai bien marché durant toute l’année et ou je suis passé bien près de remporter le Sun Tour. Je n’ai perdu le maillot jaune que la veille de l’arrivée aux mains de Simon Gerrans, vainqueur d’étape cette année sur le Tour. En 2005, j’ai eu une saison solide aux USA également, perdant le maillot de leader dans un criterium, via le jeu des bonifications, lors de la Fitchburg Longsjo. Bref, je crois que 2005 fut ma meilleure année au plan physiologique. Ceci dit, je ne crois pas en l’utilité d’être nostalgique!
 
La Flamme Rouge: Que conserves-tu comme souvenir de ton expérience aux Mondiaux d’Hamilton ? Comment s’était déroulée ta course ?
 
Dominique Perras: Ma course comportait 2 objectifs : essayer de m’intégrer à un gros groupe d’échappée s’il y avait lieu dans les premières heures de course et aider Michael Barry, qui venait de terminer en force la Vuelta, à se positionner dans le final. La course se déroula à une allure rapide mais constante et il n’y eu jamais plus de 2 ou 3 coureurs devant. Il était donc inutile, dans ce contexe, de chercher à s’échapper et je suis donc resté aux avant-postes une bonne partie de la course. J’ai réussi à aider Mike de façon significative en ce sens et à deux tours de la fin je me suis retrouvé dans une cassure au sommet de la première montée. J’ai terminé dans un petit groupe, en 100e place environ.
 
J’ai aussi fait trois championnats du monde pro (Plouay 68e, Hamilton 104e et Madrid DNF) et un junior (92 à Athènes) mais ceux d’Hamilton resteront toujours les plus spéciaux en raison de ma famille, de ma femme et de nombreux amis sur place.
 
La Flamme Rouge: Quel a été le plus bel exploit qu’il t’aie été donné de voir sur une course cycliste au cours de ta carrière ?
 
Dominique Perras : Bonne question ! J’en ai vu tellement que c’est dur d’en pointer un seul, et je ne suis pas tout à fait du type groupie mais… Je me souviens d’une victoire de Francesco Casagrande à la Coppa Placci il y a quelques années. Après un forcing phénoménal de Massimo Donati au terme duquel il ne restait pas plus de 20 coureurs en course, Casagrande s’était détaché dans l’ascension de San Marino et avait résisté à un groupe derrière comportant entre autre Danilo DiLuca, Marco Pantani  Davide Rebellin, Michele Bartoli, Paolo Bettini et autres. Je faisais partie de ce groupe jusqu’au paroxysme du forcing de Donati ; je m’étais alors fait décroché et j’ai abandonné la course. J’ai donc pu assister à son terme sur le circuit final.  C’est peut-être une victoire parmi d’autres, mais j’ai vu ce duo Donati-Casagrande faire ce type de sélection, au train, pratiquement en faisant exploser tout le monde un à un, dans plusieurs autres classiques italiennes (Tre Valle Varesine, etc.) et c’était, disons, très spécial.
 
Je me souviens aussi d’un coureur de MROZ à la Course de la Paix en 2003 qui s’était échappé au tout début d’une étape de 200km,  dans un vent de face épouvantable et sous la pluie. Il avait eu une avance maximale de 25 minutes et avait résisté au peloton où pourtant Telekom et Gerolsteiner avaient mis en route, avec à peine quelques minutes à l’arrivée. Cette étape avait pris plus de 5h30 de selle et il avait tout fait tout seul, dans un vent de face atroce. Derrière, on s’emmerdait dans le peloton, imaginez vous lui!
 
La Flamme Rouge: Tu t’es imposé dans Montréal-Québec une fois et tu as terminé sur le podium à plusieurs autres reprises. Consentais-tu à une préparation spécifique pour cette course ?
 
Dominique Perras: L’année que je l’ai remporté, en 2004, je me souviens avoir fait 2 longues sorties consécutive, dont une longue sortie de 4 h30 seul que j’ai enchaîné (sans arrêt) avec deux heures de derrière moto (derny) pour une sortie de plus de 6h30, sortie effectuée dans les plaines de la Montérégie avec mon fidèle "motard" Jacques Barriault.
 
La Flamme Rouge : Je te pose la même question qu’à Alexandre Lavallée récemment: devrait-on s’inquiéter du dopage dans le cyclisme au Québec ?
 
Dominique Perras: Non, je ne crois pas. Il y a certes quelques rares exceptions, mais il faut savoir que le CCES procède à beaucoup, beaucoup de tests de dépistage chez les athlètes d’élite et de la relève canadienne, ce qui a un effet dissuasif et de conscientisation selon moi. Mais surtout, je crois que la culture cycliste ici est un peu différente de celle prévalant en Europe. Ceci dit, il convient d’être vigileant.
 

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