Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2008 Page 1 of 2

Incroyable mais vrai…

cet instrument vendu par une société, Puck Technology’s, permettant de déjouer les contrôles antidopage urinaires. J’aime particulièrement le nom, Whizzinator, ainsi que la section "testimonials" du site…

Merci aux confrères de Cyclismag pour avoir porté cet engin à mon attention.

Sondage pool de cyclisme

La Flamme Rouge commence tranquillement à penser à l’édition 2009 de son pool de cyclisme et à ce chapitre vous invite à répondre à notre petit sondage sur le sujet. Tous les lecteurs de La Flamme Rouge sont invités à répondre à ce sondage, une tâche qui vous prendra moins de deux minutes. Vous pouvez également visualiser les résultats.

Merci de participer en grand nombre !

Quelques brèves

1 – Un lecteur se surprend de ne pas trouver quelques commentaires sur La Flamme Rouge à propos de la venue de Dominique Rollin chez Cervelo pour 2009, Rollin apparaissant comme un coureur propre. Je vous rassure: on travaille à obtenir une entrevue avec l’intéressé !

2 – Contador désigné Vélo d’Or mondial. Un seul commentaire me vient à l’esprit: c’est payant d’être puertiste…

3 – Fuji-Servetto, c’est le nom de la nouvelle équipe de Mauro Gianetti, aussi connu sous le nom de M. Perfluocarbone. Fuji-Servetto reprend donc là où Saunier-Duval a laissé, écoeuré des scandales Ricco et Piepoli. À côté de cela, Roger Legeay n’a pas trouvé de repreneur…

4 – 18 équipes pourraient composer le ProTour en 2009. Exit sont Gerolsteiner et Crédit Agricole. Garmin accède à ce label, de même que la nouvelle Katyusha, une équipe russe.

Si on analyse la nationnalité des équipes, on pourra se surprendre de constater que… quatre équipes sont françaises, le record. En comparaison, 3 sont espagnoles, 2 sont italiennes, belges ou américaines et on ne compte qu’une équipe allemande, une danoise, une néerlandaise, une kazakh et une russe. 

Douce revanche pour le cyclisme français qui compte pas moins de 4 équipes ProTour, malgré le retrait du Crédit Agricole ?

5 – Pour les amateurs de Lance Armstrong qui croient encore qu’il gagne parce qu’il s’entraine plus que les autres, voici un petit reportage sur ses entrainements en ce moment du côté d’Austin, Texas.

Garmin-Chipotle 2009

Ca commence tout doucement: les équipes 2009 sont progressivement dévoilées et l’équipe américaine Garmin-Chipotle a été la première à ouvrir le bal. Vous trouverez ici quelques vidéos intéressants du lancement de l’équipe ainsi qu’une entrevue avec le jeune Canadien Christian Meier, nouveau-venu dans cette formation de premier plan suite à l’arrêt de l’équipe canadienne Symmetrics. 

Sublime: le Polar RS800CX

Le nec plus ultra aujourd’hui pour le cycliste qui se prend au sérieux est de posséder sur sa monture un capteur de puissance type PowerTap ou, mieux encore parce que plus précis, un SRM. À 3500 euros (soit environ 5000$CAN), pour les récentes versions sans fil, l’engin n’est cependant pas donné.

Si un capteur de puissance peut être utile à bien des égards, le cardiofréquencemètre le demeure tout autant. Il a cet immense avantage de vous donner une mesure de l’état de forme ou de fatigue de votre organisme. Pour peu que vous vous connaissiez un peu, il permet de très bien s’entrainer tout en ne prenant aucun risque médical. Et à moindre coût !

Et dans le domaine des cardiofréquencemètres adaptés au cyclisme, Polar vient de frapper un grand coup avec son nouveau RS800CX qui vient remplacer la populaire gamme des S725 en vogue jusqu’ici chez les cyclistes. Plus ludique, bourré de fonctions permettant de bien construire son programme d’entrainement, c’est un véritable ordinateur de bord du corps humain que Polar propose avec ce nouvel outil.

Le RS800CX reprend toutes les fonctions les plus utiles de la série S725 : fréquence cardiaque exprimable en battements ou en % du maximum ou de la fréquence de réserve, fichiers d’entrainement programmables, Polar Fitness test qui permet d’approximer sa VO2max, Polar Optimizer pour le suivi de la récupération, transmission infrarouge au logiciel ProTrainer, un des meilleurs logiciels d’entrainement à ce jour, altitude, température, fonctions cyclistes complètes avec capteur de vitesse sans fil, transmission codée, etc.

À tout cela, Polar ajoute quelques nouvelles caractéristiques très intéressantes: mesure de la fréquence cardiaque aux secondes (la série S725 se limitait à prendre la mesure toutes les 5 secondes), transmission codée et sécurisée, capacité de mémoire accrue, dénivellée, pente de la route, possibilité de programmer ses entrainements dans le logiciel ProTrainer et de les télécharger ensuite dans la montre, représentation graphique "live" de l’intensité de l’entrainement ainsi qu’après les sorties afin d’avoir le topo en un seul coup d’oeil, GPS optionnel pour obtenir les parcours via Google Maps ou un autre site de ce type, mesure de la variabilité des battements cardiaques pour un test Optimizer plus précis encore en permettant de mieux mesurer l’activité des systèmes nerveux sympatique et parasympatique, affichage et taille des caractères personnalisables, intégration complète des fonctions "course à pied" via le transpondeur pour les chaussures, etc.

En ce sens, le Polar RS800CX m’apparaît un outil extrèmement polyvalent – beaucoup plus que la série des compteurs vélo CS600 par exemple – pour quiconque veut pratiquer non seulement le cyclisme sans multiplier les capteurs sur le guidon mais aussi, durant l’intersaison, la course à pied ou encore, comme moi, le ski de fond. Parce qu’il mesure le travail cardiaque plutôt que la puissance, il représente un outil permettant de pratiquer le sport en toute sécurité, c’est à dire dans le respect de ses capacités physiques du moment. Outil qui force le sportif à bien apprendre à se connaître et à reconnaître ses sensations, il permet à mon sens un entrainement structuré tant lors des efforts que lors de la récupération qu’il quantifie aussi au passage.

Son prix ? Environ 450$CAN ou 375 euros.

L’actualité en bref

Après 4 jours de perturbations, La Flamme Rouge reprend le service normal avec l’actualité des derniers jours en bref:

1 – Bernhard Kohl sera demain lundi devant l’Agence autrichienne anti-dopage pour raconter comment il s’est dopé à la CERA. Espérons que Kohl se mettra à table et que ses propos permettront de mieux comprendre comment les coureurs se procurent notamment de telles substances dernier-cri.

2 – Décidemment, l’entrevue de Lance Armstrong publiée la semaine dernière par The Guardian fait beaucoup de bruit. Voilà que les Andreu, Franckie et Betsi, envisagent de poursuivre Armstrong pour diffamation, ce dernier les ayant traité de menteurs dans cette entrevue. Rappelons que lors d’un procès opposant Armstrong à une compagnie d’assurance américaine qui refusait de verser une prime de victoire au champion américain, estimant que les soupçons de dopage à son encontre étaient suffisamment sérieux, les Andreu avaient témoigné avoir entendu de leurs propres oreilles Armstrong avouer s’être dopé à ses médecins devant traiter son cancer en 1996. 

Plus encore, certains journalistes américains deviennent critiques du champion américain, estimant qu’il se comporte comme une "drama queen" en se plaignant de son éventuelle sécurité sur le prochain Tour de France. Pour certains, ce serait une façon utilisée par Armstrong pour préparer le public à une éventuelle non-participation au prochain Tour de France.

Quoi qu’il en soit, voilà à peine 2 mois qu’Armstrong a annoncé son retour dans les pelotons et déjà, les histoires se multiplient à son égard. Comment ne pas penser qu’Armstrong les attise lui-même ? Carburant à la rancoeur et à la vengeance, c’est comme s’il était en train de se mettre le monde à dos, question de s’auto-motiver!

3 – Certains médias belges annoncent que Tom Boonen quitte Monaco pour retourner vivre en Belgique. Question de fuir la cocaine ?

4 – Entrevue intéressante avec Magnus Backstedt.

5 – À l’occasion du 75e anniversaire cette année de Campagnolo, VeloPress publie ce livre présentant 75 années d’innovation de la célèbre marque italienne. Rappelons qu’on lui doit le dérailleur arrière, les déblocages rapides et de nombreuses autres inventions qui font aujourd’hui nos vélos. Un beau cadeau de Noel pour le passionné de cyclisme…

6 – La photo du week-end, c’est celle de notre ami Daniel lors d’une sortie dans le parc de la Gatineau. Les Bora dans la neige, ca fait quand même désordre… (et non, je n’étais pas de la sortie, je m’époumone sur mon home-trainer ces jours-ci).

Les brèves du milieu de semaine

1 – Lance Armstrong se dit inquiet de sa sécurité s’il devait participer au prochain Tour de France. Il estime que d’importants risques existent en raison de la nature même du sport cycliste qui se déroule en plein air, sur des routes bordées de spectateurs qui, souvent, sont très près des coureurs, notamment dans les cols.

Allucinant.

Deux réactions: d’une part, personne ne t’a demandé, Lance, de revenir sur le Tour de France. Si tu es demandeur, tu assumes les risques, point final. D’autre part, ta réflexion sur ta propre sécurité ne devrait-elle pas commencer par te demander pourquoi tant de gens sont si critiques envers toi, voire ne t’aiment pas ? C’est comme le 11 septembre 2001: les Américains ont entrepris une vaste chasse de par le monde en réaction aux terribles attentats sans toutefois se demander d’abord comment se pouvait-il que des gens leur en veulent à ce point pour commettre de tels gestes…

Bref, le problème à mon avis n’est pas la sécurité de Lance sur les routes du Tour, le problème n’est pas le Tour non plus, le problème c’est Lance tout court…

2 – Lance prise 2 et citation de lui : "Je comprends que les Français et le cyclisme en général puissent avoir cette perception (ndlr: qu’il s’est dopé), mais la réalité est toute autre. Le niveau de contrôle dont j’ai fait l’objet pendant ma carrière de la part de la presse et des autorités antidopage n’a pas d’équivalent. Je n’ai peur de rien, je n’ai rien à cacher".

Allucinant, prise 2. Avec tout ca, comment ne pas être convaincu qu’il nous prend vraiment pour des cons ?

T’as rien à cacher Lance ? Pourquoi ne pas avoir répondu positivement aux suggestions du directeur de l’AFLD de retourner tester tes échantillons passés ?

J’arrête là, ca serait trop long.

3 – Continuons dans les histoires d’horreur: Rudy Pavenage, le fidèle entraineur de Jan Ullrich, a signé comme directeur sportif chez… Rock Racing !!! (qui d’autre…). Décidemment, Rock Racing fait dans le recyclage avec, depuis 12 mois, Mario Cippolini, Tyler Hamilton, Santiago Botero, Oscar Sévilla, etc.

Mieux encore, Pavenage affirme que Jan Ullrich pourrait lui-aussi replonger, mais en ajoutant "probablement pas comme coureur". Wait and see… mais les come-back sont plus que jamais à la mode…

4 – Le Groupe Centrifuge de Marc Dufour a publié les dates et les prix de ses camps d’entrainement cycliste en Virginie. Rappelons que j’y avais participé en avril 2008 avec beaucoup de satisfaction, malgré une météo très capricieuse. Pour 2009, on verra, les projets sont nombreux… et je vous tiendrai au courant. Quoi qu’il en soit, l’ambiance est plutôt bonne sur ces camps résolument cyclistes et les avantages au niveau de la condition physique évidents.

5 – Effetto Mariposa, vous connaissez ? Il s’agit d’une compagnie italienne qui produit une géniale clef dynamométrique (torque wrench en anglais). Quelques personnes de mon entourage l’utilise avec beaucoup de satisfaction. Une clef dynamométrique est devenue un must dans l’univers du cycliste d’aujourd’hui, les cadres et pièces carbone copieusement employées sur nos montures requérant une précision dans le serrage, sous peine de faire craquer le carbone. Le prix ? Comptez environ 200$CAN, minimum. La précision a un prix, nos vélos aussi !

Affaire Puerto: bientôt la suite ?

Intéressant petit article paru il y a quelques heures sur le site Sport24. Merci à "Scottforever" du tuyau. Je le salue au passage!

Le Tour de France au Québec: une utopie ?

Avec l’abandon récent du GP de Formule Un de Montréal en raison des exigences démesurées de Bernie Ecclestone, on dirait que le Québec se cherche un nouveau projet d’envergure pour "relancer la fête". Quelques personnalités ont été invitées à proposer, pour le plaisir, des projets et Marcel Aubut, ex-manager de l’équipe de hockey de la LNH les Nordiques de Québec et homme d’affaires, a évoqué la venue du Tour de France au Québec.

Comment ne pas réagir, même si ce projet a un air de déjà vu ?

Ce n’est en effet pas la première fois que des gens de la ville de Québec fleurte avec cette idée: récemment, un projet très sérieux visant la venue du Tour au Québec avait été mis sur pied dans le cadre des festivités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait même évoqué cette idée avec l’ancien président français Jacques Chirac. Des équipes avaient de part et d’autre fait le déplacement en France et au Québec pour envisager sérieusement la possibilité. Au final, le projet avait été abandonné par les organisateurs du Tour pour des raisons de contraintes logistiques essentiellement.

Alors, la relance d’un tel projet aurait-elle des chances de succès ? Après tout, il y a eu pas mal de changements à la direction du Tour et d’ASO: nouveau pdg, nouveau directeur du Tour en Christian Prudhomme… et une volonté farouche de la part de l’UCI de "mondialiser" le cyclisme…

Avant toute chose et afin de ne pas diviser la communauté cycliste du Québec, il faut dire qu’aucun passionné de cyclisme ici ne peut s’opposer à un tel projet. La venue du Tour de France au Québec représenterait une occasion unique de promotion du cyclisme dans la province et gageons que son effet durerait des années, notamment auprès de la jeune génération. Le cyclisme québécois s’est beaucoup développé et se développe encore, notamment du côté des cyclosportives. Nul doute que le succès populaire serait au rendez-vous du Tour de France au Québec et qu’un effet se ferait sentir l’année suivante dans le nombre de licenciés à la FQSC… La Flamme Rouge ne s’oppose donc pas à un tel projet, bien au contraire !

Ceci étant et au risque de passer pour autre chose qu’un "rêveur", il faut regarder les choses avec réalisme et se poser la question: un tel projet est-il possible ? Voici quelques éléments à considérer.

Premièrement, le projet n’est viable que si le Tour se déplace au Québec pour non pas une mais bien plusieurs étapes, la logistique étant très lourde. Seul un Grand Départ au Québec est donc envisageable et rentable selon moi. Il faut envisager au minimum 4 étapes, les distances étant grandes au Québec: un prologue, deux courses en ligne et un contre-la-montre par équipe par exemple. Pourquoi ne pas imaginer un prologue dans le Vieux Québec par delà quelques belles bosses comme la Côte de la montagne, puis une étape en ligne Québec-Montréal via le Chemin du Roy, étape qui tisserait un pont avec l’histoire du vélo au Québec, ce parcours étant celui de la plus vieille et plus prestigieuse classique en Amérique du Nord, Montréal-Québec ? Une fois à Montréal, nouvelle étape sur le circuit des Championnats du monde de 1974 et des JO de 1976 par delà la voie Camilien Houde, une parcours sélectif permettant de créer les premiers écarts. Enfin, la 4e étape en sol québécois pourrait être un clm par équipe dans la région de Montréal, question d’assurer un succès populaire pour cette épreuve très spectaculaire autant par la vitesse que par le matos employé. 

Un Grand Départ au Québec aurait l’avantage de permettre aux coureurs et au personnel d’équipe d’arriver au Québec plusieurs jours voire une semaine avant le départ, question de bien digérer le décalage horaire et de bien se préparer aux 4 jours de course ici. Les équipes, la caravane, le display général du Tour pourrait donc se mettre en place tranquillement.

Mais un Grand Départ au Québec suppose aussi plusieurs difficultés de taille: d’une part, il faudrait faire traverser l’Atlantique à beaucoup de personnes (on parle de 4000 personnes oeuvrant directement dans la caravane, coureurs, personnel d’équipe, personnel de course, caravane publicitaire, journalistes télé, radio, presse écrite, personnel technique) et à beaucoup de matos, un Grand Départ supposant non seulement l’usage de vélos de route mais aussi de vélos de contre-la-montre, avec tout le matos que ca suppose (roues pleines, home-trainers pour les réchauffements, etc.). Sans compter l’autre matos technique pour les reportages télé avec hélicoptères webcam, etc.

D’autre part, comment envisager le Tour de France dans l’état actuel de nos routes ? Il faudrait prévoir un repavage complet de toutes les routes empruntées par le peloton, ce qui peut représenter un coût important. Additionné à celui à prévoir pour faire traverser matos et personnel, la facture pourrait augmenter très vite. Remarquez qu’en comparaison aux millions du GP de Formule Un, le calcul est peut-être avantageux pour le cyclisme…

Autre problème de taille (et probablement le plus important), le transfert une fois les 4 étapes québécoises terminées. Les risques de retard dans les vols posent problème, tout comme l’arrimage au reste de la course… Même en collant deux jours de repos après le voyage, en organisant quelques étapes de transition sur le plat par la suite pour ne pas trop durcir rapidement la course et en écourtant la totalité de l’épreuve, on voit mal comment les coureurs et les équipes pourraient accepter de telles contraintes. Les coureurs se sont d’ailleurs plaints à de nombreuses reprises dans le passé des transferts jugés trop nombreux et ils n’étaient jamais de l’envergure de celui nécessaire à la venue du Tour au Québec…

Plus encore, un tel projet ne pourrait se réaliser sans l’aval des coureurs, de leurs équipes participant à l’épreuve. Dans cette optique, on peut penser qu’une grosse campagne de lobbying serait nécessaire afin de convaincre coureurs, directeurs sportifs et sponsors de l’intérêt de venir rouler au Québec. Ce n’est pas évident, les sponsors d’équipes étant très souvent européens donc intéressés au marché européen, sauf quelques exceptions. Qui plus est, on peut penser que beaucoup de coureurs ne verraient pas l’intérêt de venir rouler au Québec pour quelques jours, le creuset du cyclisme étant plutôt en Europe… et la fatigue du voyage difficile à encaisser.

Enfin, il faut penser aux sponsors: quel intérêt pour les voitures Skoda, pour les supermarchés Champion, le Crédit Lyonnais ou pour Aquarel de Nestlé de venir faire un petit tour au Québec ? Leur marché n’est pas ici. Le problème pourrait être contourné en trouvant des sponsors nord-américains intéressés à financer la venue du Tour l’espace de 4 jours au Québec. Cela suppose une grosse recherche de nombreux sponsors et la création d’une flotte de véhicules (les chiffres annoncés vont jusque… 1600 véhicules!) d’équipe et de la caravane publicitaire maquillés aux noms de ces sponsors… tout cela pour seulement 4 jours. Grosse logistique !

Alors, le Tour de France au Québec, une utopie ? Peut-être pas, surtout si le Tour se déplace pour plusieurs étapes et si le reste de la compétition en France est aménagé. Mais les défis logistiques sont colossaux. ASO vient d’envisager sérieusement ce projet l’an dernier et l’a écarté pour ces raisons logistiques. Quelles sont les chances que l’exercice soit repris après si peu de temps ? Poser la question est-il y répondre ?

Quoi qu’il en soit, c’est peut-être le changement de garde chez ASO et à la direction du Tour que se nichent les meilleurs espoirs de relance d’un tel projet, si un promotteur québécois est motivé !

Quel calendrier professionnel en 2009 ?

Pendant que le président de l’UCI, Pat McQuaid, fait la promotion du cyclisme au Turkmenistan ou en République Dominicaine (je n’invente rien), on se demande toujours de quoi aura l’air le calendrier professionnel en 2009. À six semaines d’une nouvelle année, le temps presse, me semble-t-il, pour que l’UCI annonce les règles de la nouvelle formule, les équipes devant s’organiser dès maintenant.

Chose certaine, le label ProTour existera toujours, bien que moins d’équipes revendiquent ce label en 2009. Avec un calendrier de courses n’incluant plus les monuments du cyclisme organisés par ASO, avec un nombre d’équipes à la baisse, vraiment, le ProTour n’aura plus la cote en 2009. Quelqu’un se rappelle-t-il d’ailleurs quel coureur a remporté le ProTour en 2008 ?!!

Qui plus est, on pourrait même penser que ProTour ou circuit mondial de F1, différents sports mais même objectif commercial. Devant l’échec du ProTour et de son plus ardent promotteur, Hein Verbruggen, devant l’échec annoncé du circuit mondial de F1 et son promotteur, Bernie Ecclestone, deux hommes ayant de toute évidence le goût du fric avant celui du sport, on se dit que voilà l’exemple à ne pas suivre dans l’avenir.

L’UCI a évoqué un nouveau "calendrier mondial" qui devrait comprendre les monuments du cyclisme organisés par ASO ainsi que les épreuves ProTour. Ce sera donc un calendrier plus complet. Récompensera-t-on un coureur se distinguant sur l’ensemble de ce calendrier mondial pour autant ? Ce serait surprenant, la confusion serait alors totale avec le vainqueur de l’autre classement, celui du ProTour… Bref, ce n’est pas encore ca.

Alors que faudrait-il faire pour 2009 ?

Le cyclisme doit retrouver ses bases selon moi. Malmené en Europe par des années de scandales de dopage, étant menacé de disparaître des écrans télé de certains grands pays européens comme l’Allemagne, il me semble que l’UCI devrait voir l’urgence de rebâtir le cyclisme dans son fief original, l’Europe. On cherche à développer un Tour de Chine alors que le Tour d’Allemagne est abandonné l’an prochain !

À l’image de la NFL aux États-Unis qui entretient farouchement son fond de commerce sans chercher l’expansion, le cyclisme doit entretenir le sien et renforcer sa présence en Europe selon moi. Ré-intégrer d’une part les épreuves ASO, ces monuments du cyclisme qui ont fait la légende de ce sport. S’assurer aussi de remettre sur pied certaines épreuves aujourd’hui en péril comme le Tour d’Allemagne voire abandonnées comme le GP des Nations. Ré-instaurer enfin un classement de type FICP qui donnait une idée de la valeur des coureurs, comme l’ATP le fait toujours au tennis. Effets pervers d’un tel classement vous dites, notamment au niveau des salaires ? Qu’y a-t-il de mal à rémunérer des coureurs en fonction d’un système de pointage, à la condition que ce système comporte suffisamment de courses pour permettre à un maximum de coureurs de marquer des points ?

Classement FICP, retour d’un calendrier unifié, préservation des épreuves européennes, lutte acharnée contre le dopage notamment au moyen du passeport biologique et de contrôles sanguins renforcés ainsi que, ce serait à souhaiter, nettoyage du milieu pour éliminer des ex-dopés qui dirigent aujourd’hui des équipes cyclistes, ca serait déjà un grand pas pour permettre au cyclisme de retrouver, en 2009, vigueur et crédibilité comme sport en Europe, là où ce sport s’est construit.

Les brèves du début de semaine

Récemment, dans le monde du cyclisme professionnel:

1 – Popovytch, 28 ans, a rejoint l’équipe Astana ou il a signé un contrat de 2 ans. Il y rejoint Lance Armstrong, Alberto Contador, Levi Leipheimer et Andreas Kloden, entre autres. La dream team du vélo en 2009 ?

2 – Le maillot Liguigas m’apparaissait comme un des plus réussi du peloton depuis 2005. L’équipe vient d’annoncer avoir changé d’équipementier pour 2009, passant de Santini à Nalini. Un nouveau maillot est donc en gestation et espérons qu’il sera aussi réussi que celui des dernières années…

3 – Le Tour de Georgie 2009 n’aura pas lieu, faute de sponsors. Il apparaît que les organisateurs auraient préféré sacrifier l’édition 2009 dans le but de pouvoir se concentrer sur l’édition 2010.

Le Tour de Georgie est selon moi un exemple concret de la fragilité du cyclisme américain. Armstrong à la retraite et sans successeur capable, après Greg LeMond et lui-même, de reprendre le flambeau, de grandes épreuves comme le Tour de Georgie sont vouées, à moyen terme, à la disparition pure et simple. Si le Tour de Georgie revient au calendrier en 2010, c’est que les organisateurs bénéficieront d’un sursis découlant du come-back d’Armstrong. Ces mêmes organisateurs doivent d’ors et déjà espérer que l’Américain remportera le Tour 2009, ce qui serait excellent pour leurs chances de dégoter des sponsors et pour… l’UCI qui s’assurerait d’une présence aux États-Unis. Les enjeux sont colossaux…

4 – Stefan Schumacher, contrôlé positif à la CERA lors du dernier Tour de France, exige de sa futur-ex équipe Quick Step le paiement de son salaire dès le 1er janvier 2009. Ben voyons !

5 – Lance Armstrong veut rencontrer très prochainement les organisateurs du Tour de France afin de discuter de son éventuelle participation à l’édition 2009. Gageons que le coureur américain fera tout pour être au départ de l’épreuve.

Je le dis, je le répète: ce sont les coureurs qui ont besoin du Tour, pas l’inverse…

6 – Franck Vandenbroucke pourrait être coureur cycliste professionnel en 2009 avec la nouvelle équipe Cinelli-Endeka dont le directeur sportif annoncé ne sera nul autre que son pote Nico Mattan. Incroyable mais vrai.

7 – La nouvelle équipe Cervelo de Carlos Sastre et Dominique Rollin fera confiance à la compagnie Castelli pour la bonneterie.

Alexandre Lavallée : « Intelligence et discipline, les clefs pour réussir au plus haut niveau »

Coureur québécois bien connu durant sa carrière, Alexandre Lavallée a pris sa retraite sportive fin 2007 pour devenir directeur sportif à temps plein de l’équipe élite EVA-Devinci basée au Saguenay, équipe parmi laquelle figuraient notamment cette saison les Dominique Perras, Mathieu Toulouse, Stéphane Cossette, Guillaume Boivin, Jean-Sébastien Perron et Georges-Édouard Duquette. L’équipe annonçait début octobre ne maintenir pour 2009 que son volet "junior" et laissait donc tomber l’équipe élite

La Flamme Rouge vous propose aujourd’hui une entrevue avec Alexandre qui revient sur l’équipe EVA – DeVinci, nous parle de sa fonction de directeur sportif et évoque ses souvenirs de coureur cycliste.

La Flamme Rouge : Alexandre, le sponsor principal de l’équipe EVA était la Société de la vallée de l’aluminium, un regroupement de gens d’affaire visant à positionner le Saguenay Lac St-Jean comme un des principaux pôles de l’industrie de la transformation de l’aluminium. L’annonce de l’arrêt de l’équipe élite contenait peu d’information sur les raisons de cette décision. Tout au plus apprenait-on qu’il s’agissait d’une décision du conseil d’administration. Dans la mesure ou cette information pourrait être utile à d’autres afin de bien comprendre les atouts et les faiblesses du cyclisme lorsque vient le temps d’approcher d’éventuels sponsors, connais-tu les raisons du CA derrière cet arrêt ? Est-ce tout simplement la conséquence d’un changement de personnes dans ce même CA ?
 
Alexandre Lavallée : Il y a plusieurs facteurs qui ont mené à la décision de ne pas renouveler le volet élite de l’équipe EVA-DeVinci. Je dois d’abord rappeler que nous avons fait des miracles pour mener de front les programmes élite et junior qui ont chacun connu du succès. Or, avec les moyens financiers dont nous disposions, il devenait difficile de maintenir les deux volets. Après deux années essoufflantles, il était devenu évident qu’il fallait sacrifier soit les seniors, soit les juniors, nos moyens ne permettant pas de maintenir ces deux programmes de façon satisfaisante. Compte tenu de l’expérience en cyclisme de compétition du comité, il a été jugé qu’il était plus sage de se consacrer qu’au volet junior de l’équipe.
 
Quoi qu’il en soit, j’estime que l’expérience EVA Devinci est très positive tant pour les coureurs qui ont fait parti du programme que pour le cyclisme québécois, malgré quelques aléas que nous avons dû surmonter ces dernières saisons.
 
De cette expérience, je retiens que pour les gens qui ont envie de mener un projet semblable, il est surtout important de faire un plan de match simple, efficace et précis en s’appuyant sur l’expérience acquise par ceux ayant déjà monté de tels projets. Il faut également que chacun connaisse son rôle, soit actif et porte un projet commun. La présence aux courses, par exemple, m’apparaît essentiel même pour le commanditaire qui pourra ainsi bien comprendre les besoins des coureurs et se développer une passion pour la course cycliste. J’ajoute qu’il faut souvent faire preuve d’abnégation pour le succès du projet d’équipe. Autrement dit, il faut non seulement savoir ramer, mais aussi ramer tous ensemble dans la même direction !
 
La Flamme Rouge : Avec l’arrêt de Calyon, cela fait beaucoup de coureurs québécois se cherchant une nouvelle équipe pour 2009, non ?
 
Alexandre Lavallée : Un coureur qui a son développement à cœur va toujours se trouver une équipe au Québec ou ailleurs. Cela se complique toutefois lorsque ce coureur est de niveau pour faire l’équipe nationale espoir. Je m’explique.
 
Pour bien progresser, il faut que les coureurs aient accès à des courses relevées. Les bons entraînements ne suffisent pas. En d’autres mots, faut se faire taper sur la gueule par d’autres et que ces derniers ne ralentissent pas quand ça fait mal. Y’à juste Armstrong et quelques autres qui n’ont d’autres choix que de se faire mal tout seul…!
 
Donc pour moi, l’idéal est de faire une course de niveau international par mois.
Pour cela, il faut se trouver une équipe qui va permettre aux coureurs de prendre part à un bon calendrier international et de gagner un peu d’argent pour vivre afin de durer jusqu’à ce qu’il commence à être vraiment bon et pouvoir vivre de son sport. C’est souvent en équipe nationale qu’on a cette chance et les places y sont chères.
 
Dans ce contexte et considérant qu’on commence à être bon et constant en vélo seulement vers 25-26 ans, c’est une bonne chose que beaucoup d’athlètes en cyclisme au Québec poursuivent leurs études jusqu’à l’université. Le problème est que lorsqu’ils obtiennent leur diplôme, souvent un peu en retard, vers l’âge de 23 ans voire plus, ils doivent choisir entre un travail de diplômé souvent bien rémunéré ou poursuivre leur carrière cycliste en vivotant sous le seuil de la pauvreté avec tous les sacrifices que cela implique. Ajoutez à cela le spectre du dopage. Beaucoup font le choix logique…
 
Je persiste à croire que ce qui manque au Québec est une équipe professionnelle et que dans ce contexte, l’arrêt de Calyon est dommage. Steve Bauer et Josée Laroque font un super job avec Team Race en Ontario. Steve a la passion de la course et utilise son expérience et sa notoriété pour mener à bien un super projet. Les coureurs de cette équipe sont privilégiés. Ils ont le devoir d’être disciplinés. Je souhaite que Team Race ait beaucoup de succès et gravisse progressivement les échelons jusqu’au plus haut niveau.
 
La Flamme Rouge : De nouvelles équipes pourraient-elles voir le jour en 2009 sur la scène élite au Québec ? As-tu des contacts avec d’éventuels sponsors ?
 
Alexandre Lavallée : J’aimerais dire oui, mais la réalité est que je n’ai aucun contact avec d’éventuels sponsors. Paradoxalement, avec l’expérience acquise au cours des dernières années, je pense que j’aurais maintenant beaucoup de plaisir et d’aptitude pour bien diriger une équipe en tant que directeur sportif.
 
La Flamme Rouge : La FQSC vous assiste-t-elle dans la recherche de nouveaux sponsors pouvant prendre en charge une équipe cycliste entière?
 
Alexandre Lavallée : Ce n’est pas le premier rôle de la Fédération. La gestion d’une fédération sportive comporte beaucoup d’aspects. Selon moi, Louis Barbeau fait un super job. Sylvain Richard aussi d’ailleurs. Donc, si nous avions besoin du support de la Fédé pour mener à terme un projet d’envergure d’équipe cycliste, je suis persuadé qu’elle nous donnerait toute sa collaboration.
 
La Flamme Rouge : Dominique Perras a pris sa retraite sportive. Jean-Sébastien Perron et Stéphane Cossette ont déjà annoncé qu’ils se joignaient à l’équipe Volkswagen en 2009. Les autres coureurs de l’équipe ont-ils tous retrouvé une équipe pour 2009 ?
 
Alexandre Lavallée : Je ne suis pas trop au courant des démarches de tous les coureurs. Guillaume Boivin doit choisir entre l’Europe et une équipe américaine. Je pense que David Maltais va aller chez Apogée-Kuota. Certains autres sont en réflexion.
 
La Flamme Rouge : Tu as commencé à te reconvertir dès 2006 chez Garneau-Optik en devenant capitaine de route et responsable de la dimension sportive de l’équipe. Toujours coureur en 2007, mais à temps partiel, tu devenais directeur sportif chez EVA pour le devenir à temps plein en 2008. Cette reconversion comme directeur sportif trahit une volonté farouche de continuer à rester près du milieu cycliste. As-tu des projets pour 2009 ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai gradué en design industriel à l’Université de Montréal en 2003. Lorsqu’on m’a contacté pour collaborer au projet d’équipe Garneau-Optik, j’ai tout de suite vu une belle occasion de faire du développement de produits pour Louis Garneau. Ce fut une très bonne expérience. J’ai eu la chance de côtoyer un homme d’affaire exemplaire en Louis Garneau et de connaître David Veilleux, un athlète exceptionnel par sa discipline et son intelligence.
 
Ceci étant dit, je n’ai jamais forcé le destin jusqu’à maintenant. Je dirais que je suis dans le vélo simplement parce que j’aime ça. 
 
Pour 2009, je pense faire du développement de produits. Je suis à mon compte et mon principal client demeure la société cycliste DeVinci. Je suis aussi chef de produits pour les sacs de transport de vélo Nomad (www.nomadbikecase.com). C’est très stimulant. J’aimerais m’entraîner un peu plus aussi!
 
La Flamme Rouge : Coureur cycliste et directeur sportif, on imagine que c’est très différent. Qu’as-tu trouvé le plus difficile dans ta reconversion?
 
Alexandre Lavallée : Je n’ai pas trouvé la transition trop difficile. Par contre, dans les courses que j’ai faites récemment, j’aurais aimé avoir la forme que j’avais naguère juste pour mieux rivaliser avec mes concurrents. Disons que j’ai désormais une autre perspective du peloton !
 
La Flamme Rouge : Directeur sportif d’une équipe au Québec, cela consiste en quoi exactement?
 
Alexandre Lavallée : Directeur sportif d’une équipe au Québec, on fait tout ! Budget, inscriptions aux courses, réservations d’hôtel, établissement du calendrier de course, règlement des conflits, préparation des bidons et du ravitaillement, planification de l’horaire des week-ends de course, coordination des point de rencontre de l’équipe, design des vêtements et des vélos, commandes auprès des commanditaires, rédaction de communiqués de presse, négociation des contrats, présence aux meetings des directeurs sportifs, chauffeur du véhicule d’équipe sur les courses, établissement et discussion des tactiques de course, directives de course aux coureurs via la radio, conseils d’entraînement et de nutrition, parfois même entretien des vélos, des vêtements et des véhicules voire même, dans mon cas, être parfois coureur…En fait, si j’y pense bien, la seule chose que je n’ai pas fait est de prodiguer des massages !
 
La Flamme Rouge : Quel fut, selon toi, le point marquant de la saison 2008 de l’équipe EVA ?
 
Alexandre Lavallée : C’est difficile pour moi de n’en choisir qu’un. J’ai bien aimé le Tour de Beauce que nous avons fait. Nous avons eu 5 coureurs jusqu’à la fin de l’épreuve et avons bien pris part à la bataille. Nous avons également fait un beau Montréal-Québec sans oublier le Championnat canadien où nous avons eu plusieurs coureurs dans les dix premiers.
 
Avec le recul, je pense que je choisirais la victoire de Simon Brassard à la course sur route des Championnats québécois comme point marquant de la saison. Cette victoire représente parfaitement l’esprit initial du projet EVA DeVinci puisqu’un jeune cycliste du Saguenay-Lac-Saint-Jean avec peu d’expérience à son actif remporte une course d’envergure du calendrier québécois.
 
La Flamme Rouge : On parle beaucoup du jeune Stéphane Cossette décrit par Éric Van Den Eynde comme "un des plus beaux talents que j’ai vu". Qu’en penses-tu ?
 
Alexandre Lavallée : J’imagine que tu parles de talent pour la piste. Effectivement, avec les temps qu’il réalise sur la piste, il a effectivement du talent. Le talent n’est cependant pas garant du succès. Un athlète doit être discipliné pour réussir. Pour le moment, Stéphane doit encore en faire la preuve.
 
La Flamme Rouge : Quelles impressions t’ont laissé un coureur de la région de l’Outaouais, Jean-Sébastien Perron, réputé très bon grimpeur ? Peut-il encore progresser selon toi ?
 
Alexandre Lavallée : Jean-Sébastien est un coureur à qui je voue beaucoup de respect. Premièrement, il est intelligent et discipliné. De plus, il a de multiples facettes à son talent cycliste. Il est complet. Ce n’est pas un pur grimpeur, mais il passe bien les bosses. Il possède un bon sprint et, élément peut-être moins connu, est un très bon rouleur. Si, une fois ses études universitaires complétées, il décidait de vivre plus modestement quelque temps pour se consacrer au vélo, il possède selon moi ce qu’il faut pour réussir.
 
La Flamme Rouge : Le cyclisme québécois semble vivre un "golden age" avec beaucoup de bons coureurs comme Dominique Rollin, Charles Dionne, François Parisien, etc. Des jeunes poussent derrière comme les Eric Boily, Guillaume Boivin ou Simon Lambert-Lemay. De ton point de vue privilégié, lesquels présentent selon toi le plus grand potentiel pour atteindre le professionnalisme aux États-Unis ou en Europe ?
 
Alexandre Lavallée : Je ne connais pas beaucoup Simon Lambert-Lemay. Je suis ses résultats depuis plusieurs années et il me semble avoir un bon potentiel. Il a la passion, c’est évident. Il me semble également très discipline et intelligent. Donc au premier coup d’oeil, il a ce qu’il faut lui-aussi pour réussir.
 
Pour moi cependant, c’est David Veilleux qui possède le plus grand potentiel actuellement. Il ne cesse de m’impressionner depuis que nous avons couru ensemble chez Garneau-Optik. Les résultats qu’il a eus cette saison aux États-Unis sont encourageants. En plus, il est bien encadré par Pierre Hutsebault.
 
La Flamme Rouge : Ayant comme toi vécu longtemps à Sherbrooke, je te connais depuis un moment et j’ai pu suivre ta carrière de coureur. Est-il exact d’affirmer que ta plus belle victoire est venue en 1999 alors que tu t’imposais au Univest GP pour l’équipe Kissena ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai porté le maillot jaune au Tour de Qinghai Lake en Chine après avoir remporté le prologue. Mais effectivement, je dois dire que la victoire au Univest GP devant le jeune Tom Boonen demeure un très bon souvenir.
 
La Flamme Rouge : Comment s’était déroulée la course ?
 
Alexandre Lavallée : Disons que j’étais dans un grand jour. Je sortais du Tour Trans-Canada, une épreuve de 9 étapes avec des équipes comme la Française des Jeux, Mercury, Kelme, Mapei. Ça me faisait un bon camp d’entraînement !
 
Sur le Univest GP, je me suis retrouvé en échappée avec un américain après seulement 10 kms de course. On fait 30 bornes ensemble puis on s’est fait reprendre au pied de la première bosse. Du coup, un nouveau groupe d’échappée se forme sur un contre. J’y compte un de mes coéquipiers donc je demeure dans le peloton pour me refaire une santé, au cas où.
 
“Au cas où” arriva lorsque l’équipe belge de Boonen prend la chasse à son compte. L’échappée est reprise dès le premier tour du circuit final, environ au km 110. Le circuit final comportait 10 boucles d’environ 6 kms à effectuer. Flairant le contre, je rode aux avant-postes. Dès la jonction effectuée et de façon prévisible, un coureur de l’équipe belge attaque. Je prends immédiatement sa roue. Même dans sa roue, la caisse est à fond. Je me dis que lui aussi doit être à fond sinon c’est Superman ! Bref, l’attaque était tellement cinglante et sèche que je n’ai même pas eu besoin de regarder derrière… je savais qu’à une telle vitesse, personne n’avait pu s’accrocher.
 
Au premier écart sur la ligne, environ 5 kms plus loin, nous avions une minute sur le peloton principal. J’étais toujours à fond, mais je passais mes relais, péniblement. Mon compagnon belge était très volontaire dans l’effort et semblait prendre un certain plaisir à me montrer qu’il était fort. Je fis donc acte d’humilité et passa tant bien que mal. Après un petit moment, j’ai réussi à me refaire une nouvelle santé. Je partageais désormais le travail complètement. Ne voulant pas montrer ma soudaine fraîcheur retrouvée, je lui laissais dicter l’allure de notre échappée.
 
Au bout d’une quarantaine de kms d’escapade à deux (environ au 150e km), le Flamand me fait un commentaire étrange après tous nos efforts et me dit; “it’s hard hein?”. J’hoche la tête lourdement pour acquiescer que oui. Or, je n’étais pas trop mal et je savais maintenant qu’à l’avant-dernière montée du circuit j’allais lui mettre la plus grosse mine que je pouvais.
 
Donc à 10 bornes de l’arrivée, je me laisse détacher dans la montée, je mets la plaque puis prends mon élan… et “BANG ”, dans les gencives, je passe mon compagnon d’échappée 10 km/h plus vite. Le temps qu’il réagisse, je lui avais déjà mis 10-15 secondes dans la vue. Il est resté à 20 secondes pendant 5 kms avant d’exploser complètement. Je gagne donc le Univest GP avec 1min50 sur le groupe de chasse réglé au sprint par nul autre que Tom Boonen. Mon compagnon d’échappée, Wouter Demeulemeesler, termine 6e. 
 
La Flamme Rouge : En 1997 et 1998, tu passais deux années en France. Est-ce un passage obligé pour les cyclistes d’ici voulant apprendre le cyclisme ?
 
Alexandre Lavallée : Selon moi, oui. Au niveau de l’entraînement, nous avons de bonnes notions en Amérique du Nord. Or, au niveau de la lecture de la course et pour l’apprentissage du métier, le meilleur endroit pour apprendre demeure l’Europe. Par contre, ce n’est pas tous les coureurs qui ont le moral pour passer 4-5 mois en Europe à vivre souvent dans un appartement minable.
 
Je crois que la meilleure option réside dans une combinaison des deux. Alterner les séjours de 2-3 mois en Europe avec du temps en Amérique tout en prenant soin d’identifier les bonnes périodes de courses dans les deux endroits. Il faut aussi savoir conjuguer les périodes de repos. Il s’agit d’un élément essentiel à la performance. “Ride hard, rest hard” disait Rolland Green…
 
La Flamme Rouge : En 1999, tu passais près d’enlever le titre de champion canadien dans la course sur route à Sherbrooke, dans ta ville. Des regrets ?
 
Alexandre Lavallée : Non, je n’ai aucun regret. J’étais jeune à ce moment et les coureurs devant moi étaient tous de grosses pointures. Je termine avec Mike Barry que je règle au sprint. Pas trop mal surtout que je suis parti seul, presque “sur le gun” comme on dit ici. J’ai donc fait près de 180 kms d’échappée dans cette course!
 
Ma déception est plutôt venue en 2004 où j’étais dans un groupe avec Fraser, Randall, Wholberg, Tuft et Cam Evans, ce dernier étant à l’époque dans la catégorie Espoir et qui ne comptait donc pas dans notre course sénior. Croyant en mes chances de victoire, j’ai attaqué dans la dernière montée en me disant que personne ne voudrait amener l’excellent sprinter Gord Fraser à l’arrivée. Hé bien c’est Cam Evans (qui gagnait ainsi le titre espoir étant le seul de cette catégorie dans notre groupe) qui ramène pour Svein Tuft, son coéquipier chez Symmetrics. Dès la jonction faite, Fraser a contré et gagné, Tuft finissant 2e et moi 3e.
 
La Flamme Rouge : Pourrais-tu nous dire quel est ton parcours d’entraînement préféré dans la région de Sherbrooke ? Le mien va forcément vers North Hatley puis Ayers’ Cliff, Magog et le Mont Orford…
 
Alexandre Lavallée : Je dirais que moi aussi j’affectionnais bien cette boucle. Comme un vieux singe, je faisais presque toujours les mêmes boucles ! Une boucle pour les entraînements de 3h, une autre pour ceux de 4h, encore une autre pour ceux de 5h, etc.
 
Ma boucle préférée était cependant celle de 6h et plus : je remontais le blv Portland pour me diriger vers Saint Élie d’Orford, faisais le tour du Mont Orford en passant par Jouvence, puis coupait à Bonsecours vers Eastman, rejoignait Magog puis Saint-Benoît-du-Lac, Bolton et Bolton-Sud ou je passais devant la fameuse « fusée », traversait les douanes américaines à Mansonville, arrivait à Newport au bout du lac Memphrémagog puis rentrait par le côté Est du lac, c’est-à-dire par Georgeville puis Magog puis chemin Venise jusque Deauville.
 
La Flamme Rouge : De ta carrière, tu laisses l’image d’un coureur plutôt à l’aise sur les courses longues et difficiles. Affectionnais-tu particulièrement ce genre de courses ?
 
Alexandre Lavallée : Oui, je pense que j’avais un bon moteur diesel, mais contrairement à un vieux Volks Rabbit diesel, j’étais capable de “burner”, c’est-à-dire de démarrer très sec, très rapidement afin de faire immédiatement le trou. En France, on dirait « une bonne giclette » ! Un bon entraîneur aurait cependant affirmé que j’aurais dû faire davantage d’intervalles. Or, dans ma carrière (si on peu appeler ça une carrière), j’ai dû faire une trentaine de vrais entraînements spécifiques sur le vélo, guère plus !
 
Peut-être que si j’avais mieux structuré mon entraînement j’aurais eu une autre carrière… Or, si j’ai couru aussi longtemps à ce niveau c’est aussi parce que je me faisais toujours plaisir. Je me suis toujours dit que je ferais le métier à 100% que lorsque j’aurais un contrat pro!
 
Ce contrat pro est arrivé en 2000 avec l’équipe américaine Noble House. Dominique Perras avait aussi signé pour cette équipe tout comme plusieurs coureurs de renom dont Marty Jemison qui arrivait de chez US Postal. J’avais reçu un vélo, des souliers et puis ce fut tout. Le camp d’entraînement a été annulé à la dernière minute et ç’a été fini, nous n’avons jamais su pourquoi. Après cette mésaventure, j’ai décidé de ne plus interrompre mes études à l’université et de faire du vélo que pour le plaisir. J’ai eu d’autres occasions par la suite de courir aux États-Unis, mais je n’avais pas envie de le faire pour 5000$ par année. 
 
La Flamme Rouge : De ta carrière, tu laisses aussi l’image d’un coureur toujours placé, mais rarement vainqueur, un peu comme Dominique Perras. Tu as notamment terminé à plusieurs occasions sur le podium de Montréal-Québec, sans jamais l’emporter. Des regrets ?
 
Alexandre Lavallée : Je n’ai pas de regrets. Tout est relatif… Je pense avoir été un bon coureur au Québec et je pense avoir eu les résultats que je méritais par rapport aux efforts que j’y consacrais. Ce que j’aimais par-dessus tout était de faire des courses. J’aimais aussi m’entraîner, mais pas de façon trop structurée.
 
En fait, sur les courses, je n’avais qu’un seul but, que mon équipe gagne la course. On aime tous gagner, mais je revenais toujours avec le sentiment du devoir accompli lorsque notre équipe gagnait la course, peu importe si ce n’était pas moi qui l’avait gagné. En ce sens, je pense que mon sens tactique faisait en sorte que ma contribution était meilleure pour gérer la course derrière une échappée dans laquelle j’avais un coéquipier. S’il ne gagnait pas, c’est comme si on perdait le match.
 
La Flamme Rouge : Comment te préparais-tu à Montréal-Québec ? Du spécifique ? De longues sorties ?
 
Alexandre Lavallée : Aucune préparation spécifique ! J’essayais surtout d’y arriver reposé. Je pense que pour bien performer à Montréal-Québec, il faut surtout être économe dans ses efforts durant toute la course… sans toutefois manquer la bonne. Pour ça, il faut être patient et discipliné. Encore la discipline !
 
La Flamme Rouge : Ta course la plus difficile en carrière, c’est laquelle et pourquoi ?
 
Alexandre Lavallée : J’ai tellement souffert souvent en course que je n’ai pas de souvenir précis d’une course en particulier. Une chose est sure, j’ai beaucoup souffert dans mes différents Tour de Beauce. Comme beaucoup de cyclistes!
 
La Flamme Rouge : On parle beaucoup du dopage dans le cyclisme professionnel, surtout en Europe, mais peu ici parmi l’élite du Québec. Devrait-on s’en inquiéter ?
 
Alexandre Lavallée : S’inquiéter du dopage est le début de la solution selon moi. Donc oui, il faut s’en inquiéter.
 
Bien que je ne sois pas dupe, je ne pense cependant pas que le dopage en cyclisme soit un gros problème au Québec. Je ne me rappelle pas avoir vu de performances douteuses de la part de coureurs au Québec. Or, et c’est malheureux, on ne doit présumer de rien. Toute performance au niveau international porte à questionnement. Je demeure toutefois convaincu qu’il est possible de performer au niveau international sans dopage.
 
J’ajouterais qu’au Québec, le problème du dopage est beaucoup plus grave dans les gyms et dans le hockey que ce qu’on peut croire. Ce qui fait le plus de tort à la lutte contre le dopage, ce sont les gens qui disent que tout va bien dans leur sport parce qu’ils ont des politiques strictes.
 
Bref, je crois sincèrement que plus on va en parler, mieux ce sera.
 
La Flamme Rouge : Alex, dis-moi tout, es-tu un lecteur assidu de La Flamme Rouge et si oui, depuis combien de temps ? La Flamme Rouge est-elle lue des coureurs élite au Québec et de ton point de vue, a-t-elle une utilité ?
 
Alexandre Lavallée : Je fais mon tour sur La Flamme Rouge régulièrement. Je ne sais pas précisément depuis combien de temps. Disons quatre ans peut-être. Depuis combien de temps le site existe-t-il?
 
Je ne lis pas tout, mais j’aime lire les commentaires des gens pour prendre le pouls des amateurs de cyclisme. On y trouve des commentaires de toute sorte; allant de l’innommable épais au plus éclairé. J’estime que cela enrichit ma culture cycliste.
 
Oui, un site comme la Flamme Rouge est utile. Il s’agit d’un site neutre (je le souhaite) découlant simplement d’une passion honnête pour la course cyclisme.
 
Oui, je pense que La Flamme Rouge est lue des coureurs élite du Québec. Étant tous un peu narcissiques, nous prenons plaisir à lire sur des sujets dans lesquels nous sommes impliqués ! 
 
La Flamme Rouge : merci Alexandre!
 
Alexandre Lavallée faisait en octobre dernier un appel à tous les entrepreneurs ayant l’ambition de rêver d’un grand projet sportif en 2009. N’hésitez pas à entrer en contact avec Alexandre ou avec nous si l’aventure vous interpelle...

Page 1 of 2