Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : décembre 2007

2008 à l’image de 2007 dans le cyclisme?

Difficile d’éviter de parler de dopage au moment ou nous laissons 2007 derrière pour se tourner vers l’année 2008. En effet, l’année 2007 peut probablement être qualifiée de pire année de l’histoire du cyclisme. En gros, on a beaucoup parlé dopage et peu de sport en 2007 dans le cyclisme professionnel. Les affaires se sont succédées à un rythme affolant: condamnation de Landis, licenciement de Basso, affaires Vinokourov, Rasmussen, Moreni, Sinkewitz, Mayo, Kashechkin et tout récemment Leukemans. Pour les Québécois, il convient d’ajouter les aveux de Geneviève Jeanson, aveux qui ont fait perdre bien des illusions à beaucoup de cyclistes amateurs. On n’oubliera pas non plus les performances très louches des DiLuca (vainqueur de Liège-Bastogne-Liège et du Giro), Andy Schleck (2e du Giro) et Alberto Contador (vainqueur du Tour). Ni le bordel le plus complet dans l’administration même de ce sport, les organisateurs des trois grands tours, l’UCI et l’AMA se déchirant sur la place publique comme jamais auparavant. Alors, dans ce contexte, peut-on penser que 2008 ne peut pas être pire que 2007? Pas forcément. D’une part, il y a les raisons d’espérer: le passeport biologique est une bonne mesure et l’augmentation des contrôles inopinés une autre. La scission entre l’UCI et les organisateurs des trois grands tours est également une bonne chose, le ProTour étant pratiquement voué à l’échec désormais. Des initiatives comme celles du Mouvement pour un cyclisme crédible aussi. Enfin, la difficulté qu’éprouvent les ex-coureurs pris pour dopage à ré-intégrer des équipes professionnelles de haut niveau peut aussi être accueillie comme une bonne nouvelle car cela envoie un signal fort aux coureurs. Le récent cas Heras est à ce titre éloquent. D’autre part, il y a aussi les raisons d’être pessimiste: la jeune génération a-t-elle réellement une autre mentalité? Elle travaille en tout cas avec les mêmes médecins… La présence persistante de certains directeurs sportifs est une autre raison d’être pessimiste: les Johan Bruyneel et Patrick Lefevere sont à loger dans cette catégorie. L’UCI, l’AMA et les organisateurs des trois grands tours ont encore de nombreux conflits et on peut penser que cela profite au milieu qui peut continuer certaines méthodes sans risque. On sait aussi que de nouvelles substances circulent, comme la Dynepo. Toutes ces raisons sont bonnes pour penser que 2008 ne sera peut-être pas tellement différente de 2007… Alors, à qui le tour en 2008? Facile, car il est clair que de nombreux coureurs feront l’objet d’un contrôle serré en 2008: Danilo DiLuca pour des raisons évidentes (Oil for Drugs), les frères Schleck et Fabian Cancellara (pour leur collaboration avec Cecchini), Tom Boonen (pour sa collaboration avec Lefevere), Alberto Contador (pour ses performances douteuses dans le Tour 2007 alors qu’il donnait aisément la réplique à un Rasmussen surchargé), Alejandro Valverde (affaire Puerto), Andreas Kloden (pour sa présence au sein de la sulfureuse T-Mobile en 2006 dont Sinkewitz a révélé les pratiques), les coureurs russes (pour leur progression parfois surprenante dont celle de Goussev et Efinkim), Stephan Schumacher (pour son Mondial 2007 très louche), la liste est longue. Forcément, il y en aura probablement de pris! Vive le cyclisme! Dans ce contexte, c’est non seulement à tous ses lecteurs mais aussi à tous ses lecteurs pratiquants du cyclisme que La Flamme Rouge désire souhaiter une bonne, heureuse et sécuritaire année 2008. Revenez-nous en 2008 sur un site bientôt remodelé et pour une nouvelle édition du pool de cyclisme, un pool simplifié cette fois. Et au plaisir de vous retrouver sur les routes, que ce soit au détour d’un camp d’entrainement en Virginie fin mars, au pied du Bosberg début avril, durant une course cycliste provinciale au Québec en mai ou juin voire sur Montréal-Québec en août prochain ou enfin sur la Marmotte 2008, le 5 juillet prochain, tous des endroits ou nous serons présents et motivés en 2008.

Joyeux Noel

La Flamme Rouge souhaite un joyeux noel à tous ses lecteurs, en attendant de vous retrouver d’ici deux ou trois jours pour la suite de notre couverture de l’actualité dans le monde du cyclisme professionnel.

Les retraités 2007

Voici une liste de ceux qu’on ne reverra plus sur un vélo en course en 2008 car ils prennent leur retraite sportive: 1 – *Peter Van Petegem*. Un coureur spécial s’il en est. Hormis deux semaines en avril, du Ronde à Paris-Roubaix, et une semaine en septembre, pour les Mondiaux, ce coureur était totalement absent. Nous croyons que Van Pet aura performé en deça des attentes durant sa carrière. Son fait d’arme demeurera cette semaine de grâce en avril 2003 ou il remporta coup sur coup le Ronde et Paris-Roubaix. 2 – *Michael Boogerd*. Un autre coureur qui, selon nous, a nettement performé durant sa carrière, notamment sur la scène des Classiques. Souvent sur le podium mais très rarement premier, il doit être l’inspiration de George Hincapie… Nous retiendrons surtout de Boogerd son travail impressionnant certaines années dans les cols du Tour de France pour son leader. 3 – *Axel Merckx*. Encore un "under-achiever". Merckx aura peu gagné durant sa carrière et on regrette qu’il soit passé si près à de nombreuses occasions. Ses faits d’armes demeureront une médaille aux JO d’Athènes, sur les Mondiaux, ainsi qu’un Championnat de Belgique et une étape du Giro. Marié à une Canadienne de Vancouver, Axel projette de passer une partie de sa vie au Canada. Espérons qu’il travaillera à développer le cyclisme ici! 4 – *Giusseppe Guerini*. Il laisse derrière lui de belles perfs sur le Giro ainsi qu’une victoire d’étape à l’Alpe d’Huez durant le Tour de France, victoire hautement médiatisée puisque victime d’une chute à l’approche du dernier km, chute causée par un spectateur en train de prendre une photo. 5 – *Nico Mattan*. Un coureur de classique dont la carrière fut inconstante et contreversée. Il a tout de même remporté le Gand Wevelgem en 2005, mais la victoire avait été contestée puisqu’acquise suite à un démarrage dans le final avec l’aide des… motos responsables de la couverture de la course. Mattan était également un grand ami de Franck Vandenbroucke et il fut éclaboussé dans certains scandales de dopage. On ne s’ennuiera pas de lui. 6 – *Cédric Vasseur*. On conservera de ce coureur français l’image d’un coureur solide, dur au mal, à l’aise dans les courses du Nord. Sa carrière fut lancée chez Gan en 1997 alors qu’il porta le maillot jaune durant une petite semaine suite à une magnifique victoire d’étape acquise grâce à une longue échappée solitaire. Depuis, le coureur était un excellent équipier prisé des grands leaders de ce sport. Son passage chez US Postal au début des années 2000 aura cependant été une expérience malheureuse. 7 – *Didier Rous*. Éclaboussé par l’affaire Festina, le coureur s’était rebâti une réputation de dur parmi les durs. Il aura offert quelques belles performances, surtout sur le sol national. 8 – *Carlos Da Cruz*. Une carrière très courte, peu de victoires, on ne retiendra pas grand chose de lui. 9 – *Matt White*. Un Australien qui aura passé sa carrière à servir ses leaders, mais il le faisait très bien, surtout sur les Classiques du Nord, son terrain de prédilection. Il aura notamment aidé George Hincapie des années durant, sans goûter à la consécration puisque ce dernier ne gagne jamais. 10 – *Alexandre Vinokourov*. La honte et on ne s’ennuiera pas de lui, tout comme on ne s’ennuie pas non plus de Lance Armstrong, Jan Ullrich, Roberto Heras, Floyd Landis, Tyler Hamilton, Aitor Gonzales et autres (la liste est longue).

À vendre, les vélos Discovery

Pour ceux qui attachent une once de crédibilité aux victoires de l’ex-équipe américaine Discovery Channel, Tailwindsport, la société propriétaire de l’équipe, "vient de mettre en vente sur eBay les vélos de l’équipe":http://search.ebay.com/_W0QQsassZtailwindsportscorp. Vous pouvez donc acheter le vélo de route ou de clm de George Hincapie. Attention cependant, ce vélo franchit rarement le fil d’arrivée le premier. Il a peur de gagner. Les vélos sont des Trek Madone 6.9. La Flamme Rouge ne recommande pas l’achat de tels vélos d’une équipe professionnelle. Ces vélos sont en effet souvent rincés par les nombreuses courses effectuées par les coureurs, mais aussi par les nombreux voyages en avion, en voiture et en camion. Les prix demandés frisent d’ailleurs le ridicule et prouvent que Tailwindsport essaie de faire un coup d’argent. Le pire, c’est que ces vélos sont vendront probablement très rapidement.

D’autres cadres titane fabriqués au Québec

Nous avons parlé de la compagnie SDV*Ti à la fin de la semaine dernière en mentionnant qu’elle présentait l’avantage de permettre aux cyclistes du Québec d’acheter un cadre titane sur mesure. Par souci d’objectivité et d’équité, nous tenons à souligner la présence d’autres compagnies du Québec dans le marché du cadre titane, certaines permettant également le sur-mesure. Nous vous rappelons que La Flamme Rouge n’a aucun intérêt commercial et ne souhaite en aucun cas publiciser une compagnie au détriment d’une autre. Notre seul intérêt est de véhiculer une information crédible, utile et pertinente à nos lecteurs. Parmi les autres compagnies fabriquant des cadres titane, on note l’excellente usine Marinoni, située à Lachenaie, en banlieue de Montréal. Il ne fait aucun doute que cette usine fonctionne comme nous, à la passion du cyclisme. "Leur cadre titane s’appelle le Element XTi":http://www.marinoni.qc.ca/FR/Velos/Course/ElementXTI.htm et chose rare, est constitué de tubes 6/4, plus rigides que les 3/2.5. La géométrie sur mesure est disponible également chez ce fabriquant qui affiche plusieurs décennies d’expérience dans la prise de cotes morphologiques, ce qui n’est pas négligeable. Marinoni se distingue également par un service après-vente irréprochable et qui mérite d’être souligné. La compagnie montréalaise Guru fabrique également des cadres titane. "Son modèle route s’appelle le Praemio":http://www.gurubikes.com/frCA/showroom/road/praemio.php mais le site web ne précise pas de quels tubes titane le cadre est fait (du 3/2.5 ou du 6/4?). Les cadres Guru titane sont également disponibles sur mesure, ce qui est très intéressant. Pour les cyclistes de l’Outaouais, le magasin de sport Pecco’s commercialise également des vélos dont le cadre est en titane, vélos vendus sous la marque Eclipse. "Le modèle titane est appelé le Kinetic Titanium":http://www.eclipsebicycles.com/en/Bikes_30/Road_5805.html et le site web ne précise pas de quel titane il est construit. Mentionnons en terminant les autres grands spécialistes mondiaux des cadres titane: "Litespeed":http://www.litespeed.com/, "Merlin":http://merlinbike.com/, "Seven":http://www.sevencycles.com/, "Passoni":http://www.passoni.it/fr/titanio.html et "DeRosa":http://www.derosanews.com/.

SDV*Ti: des vélos titane assemblés au Québec

Le titane est très certainement le matériau le plus noble avec lequel on peut réaliser un cadre de vélo. Anticorrosif, durable, léger (superbe "Litespeed Ghisallo":http://www.litespeed.com/bikes/2008/ghisallo.aspx à 770 grammes!), résistant et rigide lorsqu’il est bien fabriqué, c’est un matériau qui n’a que le prix, élevé, et la soudure, délicate, comme désavantages contre lui pour s’imposer plus massivement dans le monde du cyclisme. Les cadres titane sont également absents, depuis quelques années, du peloton professionnel qui lui préfère le carbone en ce moment, plus à la mode. Peu de constructeurs fabriquent par conséquent de tels cadres. Les maîtres des cadres titane sont très certainement américains actuellement: "Merlin":http://merlinbike.com/ et "Litespeed":http://www.litespeed.com/. Sociétés produisant exclusivement des cadres titane, ils ont développé, au cours des ans, un réel savoir-faire qui va même, aujourd’hui, jusqu’à donner des formes particulières à leurs tubes. "Le très réussi Litespeed Archon en est le tout dernier exemple":http://www.litespeed.com/bikes/2008/archon.aspx. Quelques autres compagnies persistent aussi dans ce secteur de l’industrie du cycle. DeRosa continue par exemple de produire son Titanio, seul cadre titane fait exclusivement de Ti4/6, plus rigide que le traditionnel Ti2.5/3. Fait intéressant puisque assez inusité, une société québécoise commercialise, depuis quelques mois, des vélos en titane. Faits de Ti2.5/3, soudés en Asie mais assemblés au Québec, ces cadres sont présentés sous le nom de "SDV*Ti":http://www.sdvti.com/index.asp, SDV désignant ici "Sommet du Vélo". Alors, quel intérêt par rapport aux autres compagnies vendant des cadres titane outre le fait que ces vélos sont assemblés et disponibles au Québec? Un très important à nos yeux: celui que SDV*Ti rend disponible ses cadres titane sur mesure, et sans frais additionnels. Vous pouvez donc désormais imaginer rouler sur un cadre titane fait sur mesure par une société d’ici, un avantage sur les autres compagnies telles Litespeed ou Merlin. Voilà qui sera intéressant pour tous ceux qui aiment garder leur vélo longtemps et qui recherchent à la fois confort, légèreté et classicisme.

Le lin, une fibre d’avenir pour les cadres de vélo?

Il est somme toute assez rare de voir apparaître de nouveaux matériaux pouvant être utilisés dans la conception de cadres de vélo. Le magnésium, utilisé notamment par Pinarello dans la fabrication de son Dogma, est probablement la dernière addition à l’arsenal des fabriquants. Le carbone, l’aluminium, l’acier et le titane demeurent pour le moment les matériaux les plus retrouvés dans les cadres de vélo. Il y a cependant eu du nouveau récemment. Les "vélos Museeuw":http://www.museeuwbikes.be/, lancés par le coureur de Classiques déchu ces dernières années pour son implication dans diverses affaires de dopage (il est même passé aux aveux, rappelons-le), a en effet introduit une nouvelle fibre, "le lin":http://fr.wikipedia.org/wiki/Lin_%28plante%29, dans la conception de ses cadres. Cette fibre est l’une des fibres naturelles les plus solides, d’ou son intérêt. De nombreuses revues cyclistes ces derniers mois ont présenté ces nouveaux vélos Museeuw avec fibres de lin à l’occasion de leur couverture des divers salons du cycle. Très peu ont cependant présenté les avantages de l’utilisation d’une telle fibre. Comme on se pose des questions à La Flamme Rouge, on a cherché à savoir ce que le lin ajoutait réellement à un cadre carbone. Avouons-le d’entrée, les résultats de nos recherches sont assez décevants. Très peu d’articles objectifs existent sur l’utilisation du lin dans la fabrication de cadres de vélo. Chez Museeuw, on affirme que l’ajout de lin à la fibre de carbone présente l’avantage d’augmenter le confort du vélo, le lin filtrant bien les vibrations de la route. Le lin étant léger, le poids ajouté au cadre serait négligeable. Nous n’avons trouvé aucun autre avantage connu et commenté à l’utilisation de la fibre de lin. Bilan? On se pose beaucoup de questions. D’une part, les cadres Museeuw utilisent par ailleurs de la fibre carbone 3K, ce code décrivant la grosseur de la fibre. Si le confort est la priorité, pourquoi dans ce cas ne pas avoir joué avec la grosseur de la fibre voire ne pas s’être orienté vers le titane, plus confortable à poids égal? L’argument d’un cadre confortable à ce niveau de compétition est également discutable, le poids en premier lieu puis la rigidité d’ensemble étant des caractéristiques nettement plus prisées des utilisateurs que le confort qui, aujourd’hui, passe souvent en dernier lieu. Alors, quel avenir pour le lin dans la fabrication de cadres de vélo? À notre avis, l’introduction de cette fibre a davantage servi des intérêts commerciaux que marqué un réel progrès dans la fabrication des cadres. Dans un marché très compétitif, Museeuw se devait de trouver un élément qui distinguerait ses cadres des autres. La réponse fut le lin. L’opération est réussie, toutes les revues cyclistes en ayant parlé, mais sans jamais en présenter les avantages qui, lorsqu’on y regarde de plus près, sont marginaux. Rien, en tout cas, pour convaincre l’utilisateur sérieux selon nous.

Les grands tours sont-ils trop durs?

Dans une conférence en Espagne, le Dr. Eufemiano Fuentes, celui du scandale des poches de sang qui a coulé Basso et Ullrich et qui coulera peut-être Valverde, a relancé un débat qui fait rage depuis plusieurs décennies dans le cyclisme: les grands tours sont-ils trop durs? La Flamme Rouge ne peut évidemment trancher ce débat. On peut néanmoins apporter certains éléments de réflexion. D’une part, il faut reconnaître que dès les premiers Tours de France, il est connu, notamment par les écrits d’Albert Londres, que les coureurs ont eu recours à des substances leur permettant de "tenir le coup". Épreuves extrèmes, les grands tours, par leur durée et leurs difficultés, notamment la montagne, sont des creusets propices à la prolifération du dopage. D’autre part, certains présentent l’argument qu’un grand tour à 28 de moyenne, ce n’est pas dangereux, mais à 42 de moyenne, la santé des coureurs est en jeu. Argument valable? Nous ne croyons pas puisqu’il évacue un élément central, celui qu’un grand tour s’inscrit toujours dans un esprit de compétition ou le seul but est d’arriver le premier. Dans ce contexte, comment essayer de contrôler les moyennes horaires? Les grands tours demeurent donc et demeureront des épreuves difficiles pour les athlètes. Les grands tours font également partie intégrante de l’histoire du cyclisme. Sans eux, c’est le sport même qui se vide de sa substance. Nous sommes toutefois d’avis, à La Flamme Rouge, qu’il convient de revoir la formule des grands tours. Réduire le nombre de kilomètres, ajouter une journée de repos sont des mesures qui vont dans le bon sens. D’autres sont probablement à imaginer afin de réduire les contraintes sur le corps humain: écourter les étapes lors de conditions climatiques difficiles par exemple. Enfin, nous croyons qu’il faut revoir certains principes même de fonctionnement du cyclisme afin de réduire les contraintes sur les athlètes. Revoir par exemple la rétribution dans le vélo: réduire les primes de victoires, mais augmenter les salaires de base afin de diminuer la pression sur les coureurs qui, dans le système actuel, sont souvent contraints de bien performer pour s’assurer d’un contrat pour la saison suivante. Bref, le débat autour des grands tours n’a probablement jamais vraiment eu lieu jusqu’ici. Il faut, dans une approche globale de lutte contre le dopage, oser se poser les bonnes questions et accepter de revoir certains fondements même du sport, fondements qui ont par ailleurs contribué à sa légende.

Vélo d’or mondial: il fallait annuler

Plusieurs de nos lecteurs nous demande notre avis à propos du Vélo d’or mondial. Nous avons en effet durement critiqué le sacre d’Alberto Contador, un coureur selon nous hautement suspect sur le dernier Tour de France compte tenu des performances offertes dans les cols. À notre avis, il fallait tout simplement annuler le Vélo d’or mondial 2008. D’ailleurs, les deux journalistes français du panel choisi se sont abstenus de voter, une décision que La Flamme Rouge salue. L’année 2007 restera une des plus noires du cyclisme. Les nombreux scandales de dopage ont déboulonné la plupart des grands acteurs de ce sport, et même ceux du passé. Dans ce contexte, pourquoi s’acharner à vouloir couronner un coureur pro? Seule raison selon nous, pour vendre du papier. Vélo Magazine doit bien payer ses comptes à la fin du mois, et Contador fait vendre du papier puisqu’il est le vainqueur du dernier Tour. On vous avoue franchement être très déçu du magazine français, comme des autres d’ailleurs. Nombreuses furent les rédactions il y a un an, suite à l’affaire Landis, à prendre position contre le dopage dans le cyclisme. Chez Cycle Sport, on a même dédié un numéro entier à une nouvelle approche "for a drug free sport", en allant jusque vendre des petits bracelets façon Livestrong. Un an plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Rien. Les revues de cyclisme ont repris de plus belle leurs reportages façon d’antan, laissant derrière leur esprit critique. Laisser une ligne blanche au palmarès 2007 du Vélo d’or mondial aurait selon nous envoyé un message fort aux cyclistes professionnels: celui que les journalistes ne seraient plus des courroies aveugles de retransmissions de leurs exploits. Car la lutte contre le dopage passe aussi par une prise de conscience des journalistes qu’ils ne peuvent plus écrire sur le cyclisme comme ils le faisaient avant.

Giro – Tour: des profils 2008 bien différents

"Le parcours du Tour d’Italie 2008 a récemment été dévoilé et ô surprise, l’épreuve comptera pas moins de… 4 contre-la-montre":http://www.velo101.com/actualite/default.asp?Id=13640. Dans le contexte ou "le prochain Tour de France n’en comptera que 2":http://www.letour.fr/2008/TDF/COURSE/fr/le_tour_2008.html, on peut dire que les organisateurs de ces épreuves phares de la saison cycliste suivent des chemins bien différents pour essayer de faire de leur course un succès. On peut s’interroger sur la philosophie derrière ces décisions. Sur le Tour, c’est 2 contre-la-montre individuel qui sont proposés en 2008: Cholet-Cholet (29 kms) lors de la 4e étape et Cérilly-Saint-Amand-Montrond (53 kms) lors de l’avant dernière étape. Visiblement, on ne veut pas fixer de hiérarchie avant le 4e jour afin de laisser les équipes de sprinters se faire la guerre au départ de l’épreuve. Et avec un premier clm de seulement 29 kms, on veut probablement se préserver d’écarts à la Indurain, ce qui avait pour effet de figer la course en montagne. Enfin, la longueur (53 kms) du dernier clm vise probablement à entretenir le suspense, une telle distance permettant des écarts importants entre bons rouleurs et grimpeurs. Un dernier boulversement est donc possible sur une telle distance. Sur le Giro, on commencera l’épreuve directement par un clm par équipe. Choix surprenant puisque cette étape fixera beaucoup le classement général. La présence dès le 5e jour d’une arrivée en altitude à Perscocostanzo permettra cependant de renverser cette première hiérarchie. Lors de la 10e étape, 2e clm, individuel cette fois et long de seulement 36 clm. Une nouvelle occasion de voir le maillot rose changer d’épaule, probablement vers celles d’un bon rouleur. La 16e étape proposera quant à elle un clm en côte vers le Plan de Corones, long de 13,8 kms. Une nouvelle occasion de rendre la course spectaculaire et de favoriser un autre type de coureur, les grimpeurs. Enfin, le dernier clm interviendra le tout dernier jour, dans les rues de Milan et sur seulement 24 kms, une distance somme toute assez courte qui risque fort de n’être pas suffisante pour permettre de gros écarts à ce stade ci de la compétition. Alors, quelle stratégie pour le Giro ? En fait, on remarque que les difficultés sont beaucoup mieux étagées et diversifiées sur le Giro que sur le Tour. Sur le Giro, on a l’impression que tous les jours, quelque chose d’inattendu pourra survenir. Les 4 clm contribuent à cette diversité proposée des genres, toutes les épreuves clm (individuel, par équipe, en côte) étant par exemple représentées. Sur le Tour, on semble attaché au schéma classique: étapes de plaine, premier clm, premier massif montagneux, transition, deuxième massif montagneux, courte remontée sur Paris, dernier clm la veille de l’arrivée. Pour respecter ce schéma mais pour aussi dynamiser la course, on a opté pour la suppression du prologue et une distance réduite pour le premier clm de l’épreuve, qui intervient aussi plus tôt dans la course. Les deux stratégies sont intéressantes et visent clairement à favoriser les rebondissements durant l’épreuve. Nous préférons cependant la stratégie mise en place par les organisateurs du Giro car elle nous semble plus propice à une course diversifiée, originale et surtout, nettement plus difficile à contrôler pour les favoris de l’épreuve qui devront en permanence – ou presque – être sur leurs gardes. Car sur le Tour, une stratégie à la Indurain ou Armstrong demeure encore possible avec le parcours proposé. Pas sur le Giro.