Après une dizaine de jours d’absence nous ayant permis de prendre du recul par rapport aux récents événements dans le monde du cyclisme, La Flamme Rouge reprend ce soir le service normal en revenant sur le récent Tour de France et en vous parlant de dopage au Québec. 1 – Merci de tous vos commentaires au cours des deux dernières semaines. Vous êtes nombreux à avoir exprimé votre dégoût de la façon dont les récentes affaires de dopage ont été gérées à la fois par l’UCI et ASO. Nous vous rejoignons sur ce plan: pourquoi avoir demandé à Rasmussen de quitter le Tour et ne pas avoir exigé la même chose à Contador, "lui aussi l’objet de très sérieux soupçons par rapport à l’affaire Puerto en Espagne?":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/7juil/AFP30B.html 2 – Suite au retrait de l’équipe Astana, c’est l’équipe Discovery qui aura été encore une fois LA grande équipe du Tour: deux coureurs sur le podium à Paris (Contador 1er, Leipheimer 3e), deux victoires d’étape ainsi que 4 coureurs parmi les 7 premiers du dernier contre-la-montre. Rien de moins! Voilà qui devrait aider Bruyneel à dégoter un sponsor pour l’an prochain. Ceci étant dit, rien n’est pour autant gagné pour remplacer le sponsor Discovery, Contador étant malheureusement Espagnol aux yeux des Américains. Nous étions aux États-Unis pour la fin du Tour et c’est à peine si les journaux nationaux comme le USA Today en ont parlé… 3 – Contador est-il un vainqueur légitime du Tour de France 2007? Selon nous, non. Sa victoire ne veut rien dire à nos yeux. "Soupçonné dans l’affaire Puerto":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/7juil/AFP30B.html, le coureur espagnol a lui-aussi affiché une facilité déconcertante dans les cols en juillet. Surprenant, très surprenant, et les analyses de puissance dégagée devraient suivre bientôt, ce qui nous en dira plus sur les performances de ce coureur. 4 – Le cyclisme sort-il grandi du Tour 2007? Selon nous, il sort en fait nettement affaibli. C’est le foutoir complet entre coureurs, sponsors, organisateurs de course et instances dirigeantes. La crédibilité du sport est au plus bas. Rien n’indique que les mentalités changent. Le premier coureur français pointe à la 27e place et c’est le vétéran Stéphane Goubert, 37 balais! Bref, le navire du cyclisme se fissure de partout. Dans tout ce noir, d’où viendra la lumière? À l’heure actuelle, on ne connaît pas de réponse à cette question et c’est bien ce qui nous décourage. Mais nous partageons tout à fait "les propos intéressants de Daniel Baal":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/8aout/Monde3.html, publié dans le journal Le Monde. Quant à Louis Bertrand, commentateur sur le Canal Évasion, il ne se contente, comme beaucoup d’autres, que de soulever LA question: _quelle est la solution?_ M. Bertrand et les autres, il existe beaucoup de solutions, mais il manque de volonté! *Que les équipes commencent par être sérieuses en excluant de leur encadrement les médecins et soigneurs*. Ces derniers doivent désormais être totalement indépendants, fournis par l’UCI et en charge d’une équipe différente à chaque année. Messieurs les coureurs n’accepteraient pas ce mode de fonctionnement? Alors on ne leur délivre pas de licence de course. Ils peuvent aller pointer à l’usine le lundi matin si cela leur plait davantage… Ces médecins indépendants seraient évidemment en charge d’un strict suivi longitudinal de même qu’en charge de contrôles inopinés en connaissant en tout temps le lieu où les coureurs sous leur responsabilité s’entrainent. Des rapports réguliers seraient remis à l’AMA et l’UCI pour analyse. Comme pour le taux d’hématocrite, des variations innatendues de certains paramètres comme la testostérone conduiraient à une suspension temporaire du droit de courir, le temps que les paramètres redeviennent normaux. Il faut ensuite *revoir les protocoles de contrôles antidopage sur les courses*. Il est abérant que les coureurs disposent d’une heure pour aller pisser après l’arrivée… Les contrôles doivent se faire de façon plus strictes, c’est aussi une question de crédibilité. *Il faut ensuite augmenter sensiblement les peines pour les premiers contrôles positifs*. La peur du gendarme fonctionne très bien… 4 ans de suspension pour un premier contrôle positif. Radié à vie pour une récidive. *Il faut ensuite instaurer un système de financement pour les analyses anti-dopage et pour la recherche afin de trouver de nouvelles méthodes de détection*. Un pourcentage de tous les revenus générés par le cyclisme professionnel (droits télé pour les organisateurs de courses, primes de victoires pour les coureurs, ventes de revues et journaux spécialisés, etc.) doit être ré-affecté vers le financement de la lutte contre le dopage, sous-financé actuellement. *Il faut enfin réduire les charges imposées aux coureurs*. Pourquoi ne pas adopter le principe d’un jour de repos par semaine de course, portant à trois ces jours de repos sur les grands tours? La mise en oeuvre de ces mesures serait selon nous un grand pas vers un sport plus clean et plus crédible. 5 – Nous avons été ravi de lire l’article intitulé _J’aime le Danemark_ de Pierre Foglia publié dans La Presse du lundi 23 juillet dernier (cahier Sports). On lisait à la toute fin de l’article ceci: _J’écrivais un peu vite l’autre jour que lorsque tout le monde triche, personne ne triche. En fait, il y en a qui trichent mieux que d’autres._ En effet M. Foglia, un peu vite. Comme d’habitude lorsque vous parlez de cyclisme dans vos chroniques. 6 – Dans le cahier Sports de La Presse du samedi 28 juillet dernier, le bien connu chroniqueur Réjean Tremblay y allait d’un pavé dans la mare du cyclisme québécois. On pouvait en effet y lire _Vous pensez que ca se dope juste au Tour de France? Venez donc faire un tour aux Mardis cyclistes de Lachine. Regardez la bouille de certains dans le peloton. Allez jaser tranquillement avec le père des Mardis, Tino Rossi. Prenez un verre de rouge italien avec lui et écoutez les histoires qu’il raconte. Parce que lui, les vraies histoires, il les connaît._ Nous sommes surpris de n’avoir vu aucune réaction à ces commentaires. Jusqu’ici, hormis quelques affaires ces dernières années dont la plus célèbre est évidemment l’affaire Jeanson, le cyclisme québécois a été relativement épargné par les affaires de dopage. La question se pose: est-ce que les coureurs ayant une licence de course de la Fédé se dopent? Selon Réjean Tremblay, la réponse semble être oui, du moins pour certains qui participent aux Mardis de Lachine. Nous croyons qu’il faut évidemment faire une fois de plus dans la nuance. D’une part, le budget des coureurs cyclistes du Québec n’est pas celui des coureurs professionnels. Le dopage qui est à la portée des coureurs du Québec n’est donc pas celui qui est à la portée des coureurs pro. Il faut ensuite probablement distinguer les catégories: les probabilités de trouver des coureurs dopés sont probablement plus élevées dans la catégorie _élite_ ou _seniors 1-2_ et moindres dans les autres catégories. Ceci étant, le niveau de performance sur le circuit de courses au Québec est nettement à la hausse et ceci, depuis quelques années. Plusieurs coureurs de notre équipe ayant des systèmes SRM de mesure de la puissance, nous sommes à même de faire quelques analyses sommaires de la puissance requise pour performer sur les courses provinciales. Les résultats sont, cette année, très surprenants, les puissances développées par certains coureurs Maîtres A (30-39 ans) et Maîtres B (40-49 ans) étant très, très élevées. Certaines lectures lors du GP de Charlevoix ou de la Coupe des Amériques sont reversantes sinon… stupéfiantes. Sans y voir un signe systématique de dopage, la progression de certains d’une année à l’autre demeure surprenante. Nous sommes convaincus, à La Flamme Rouge, que si peu de cas de dopage parmi les cyclistes québécois sont trouvés, c’est parce que très peu de contrôles sont organisés, faute de moyens. Nous sommes également convaincus que si des contrôles avaient lieu plus fréquemment, nous aurions droits à de belles surprises, comme au plus haut niveau (mais avec des produits différents bien sûr). Comme disait un journaliste, _Plus le coureur va vite, plus on doute_. C’est vrai à tous les niveaux de compétition…