C’est confirmé: les trois courses féminines UCI de l’Est du Canada (épreuve de Coupe du Monde sur le Mont Royal à Montréal, Tour du Grand Montréal et Tour de l’Ile-du-Prince-Édouard) sont annulées en 2010. Raison ? Retrait des organisateurs (l’équipe de Daniel Manibal) pour difficultés essentiellement financières, les démarches pour trouver de nouveaux sponsors s’étant avérées très difficiles.
C’est évidemment une mauvaise nouvelle pour le cyclisme québécois et canadien. J’y vois aussi motif à s’interroger plus en profondeur sur les raisons de ces annulations ainsi que sur l’avenir du cyclisme nord-américain tout entier.
Du côté des raisons en effet, je trouve que peu de médias ont analysé la situation avec satisfaction, c’est à dire en évoquant tous les éléments attachés de près ou de loin à ces annulations.
Il y a bien sûr les raisons financières : faute de sponsors, de tels événements ne peuvent être organisés, les commandites publiques (essentiellement des gouvernements) ne suffisant pas. À ce chapitre, on peut probablement évoquer la crise économique mondiale comme élément de contexte, les sponsors étant probablement plus prudents qu’il y a quelques années avant se lancer dans le sponsoring. Autre élément financier qui a certainement joué, les JO de Vancouver qui avait probablement déjà siphonné une grande partie des budgets de commandites de bien des partenaires potentiels, qu’ils soient publics ou privés. Les difficultés financières des organisateurs des épreuves féminines UCI sont, dans ce contexte, bien compréhensibles.
Il y a aussi d’autres éléments qui expliquent probablement une partie de la situation. Le premier d’entre eux sont les exigences de l’UCI, apparemment à la hausse. Comment ne pas voir dans les volontés mercantiles de l’UCI une contradiction avec une autre volonté, celle de mondialiser le cyclisme ? La disparition des épreuves du Canada ne peut être, en ce sens, une mesure de succès pour l’UCI…
L’arrivée de deux épreuves masculines ProTour au Québec ont surement également joué en défaveur des épreuves féminines, les sponsors étant probablement plus attiré à financer des événements sur lesquels on pourrait voir les tous meilleurs mondiaux, particulièrement Lance Armstrong. Le Québec voire le Canada ne sont pas des pays de tradition cycliste ; les budgets de sponsoring liés à ce sport ne sont pas illimités. Davantage d’acteurs veut donc nécessairement dire davantage de compétition pour obtenir des fonds. Dans ce contexte, on peut se demander s’il n’y a pas trop d’épreuves UCI au Québec en 2010 ? Les cancellations annoncées sont peut-être un signe de cela et espérons qu’autres épreuves, notamment le Tour de Beauce ou le Tour de l’Abitibi, qui ont déjà connues certaines difficultés dans le passé, ne se retrouveront pas en situation précaire prochainement. Dans certains cas, abondance de biens nuit…
Enfin, je suis convaincu que l’absence de grandes cyclistes canadiennes a joué négativement sur l’avenir des épreuves UCI récemment annulées. Rappelons que ces épreuves ont vu le jour au moment où le Québec comptait deux des meilleures cyclistes de ce monde: Lyne Bessette et Geneviève Jeanson. Leur renommée ainsi que leur rivalité ont été déterminantes pour attirer des milliers de spectateurs sur le Mont Royal, garantissant le succès populaire. Depuis le retrait de Bessette et la déchéance sportive de Jeanson, aucunes autres filles d’ici n’ont pu combler les places vacantes. Conséquemment, il devait être difficile pour les organisateurs d’attirer des sponsors sachant que depuis quelques années, les épreuves n’attiraient que peu de gens sur le bord des routes.
Quel avenir pour le cyclisme nord-américain ?
À la vue des récents événements, on peut se demander quel est l’avenir du cyclisme de haut niveau en Amérique du Nord ? Mon avis ? Je vous le donne tout entier: il est intimement lié à la capacité des États-Unis et du Canada de "produire" de grands cyclistes. En l’absence de stars qui pourront attirer les foules et susciter l’intérêt des sponsors, le cyclisme est condamné à rester un sport de second niveau en Amérique du Nord selon moi. Outre l’effet Bessette-Jeanson, d’autres exemples sont éloquents : il ne faut pas oublier que les États-Unis viennent de vivre trois decennies de grâce pour le cyclisme pour deux raisons: Greg LeMond, qui a mis la table avec ses 3 victoires sur le Tour, et Lance Armstrong qui est passé par après, connaissant encore plus de succès.
La courte retraite (3 ans) de Lance Armstrong aura d’ailleurs suffi pour sonner le glas du Tour de Georgie. Le Tour de Californie a connu d’importantes difficultés financières, momentanément évitées en raison du retour d’Armstrong et d’une nouvelle niche (en mai) au calendrier 2010. Ajoutons à cela qu’on m’a confié, lors de ma récente visite à la Fondation LiveStrong, qu’après 2 ans de vaches maigres au niveau des donations, l’année 2009, celle du retour à la compétition du champion américain, avait été la meilleure de leur histoire…
Les États-Unis tiennent peut-être, en Taylor Phinney, la prochaine star qui permettra au cyclisme de garder un certain intérêt des médias et du public américain. Qui au Canada ? Pour le moment, Hesjedal et Rollin sont nos meilleurs atouts mais qui dans l’avenir ? L’importance d’une base large et solide de pratiquants et de courses régionales est alors évidente.
plasthmatic
Ah, si cette information est exacte (pourquoi ne le serait-elle pas), elle contredit l’idée qu’Armstrong, depuis son retour, consacre l’essentiel de son temps médiatique à sa propre cause égoïste plutôt qu’à la motivation officiellement avancée de son retour. Manifestement, pour le cancer, il n’a pas besoin de parler, suffit d’être présent dans les esprits.
Le souci, dont il ne sera pas responsable de ce point de vue, quand même …, c’est que lorsqu’il arrêtera de pédaler, le cancer cessera d »exister, ou presque. Comme Haïti cessera de le faire à la première nouvelle d’importance planétaire et plus encore, genre un nouveau malaise vaginal de notre président. Ou d’un autre.
Pour l'(in)existence du Darfour, c’est fait depuis longtemps : sans besoin d’aucune information concurrente, pas intéressant, pas assez spectaculaire. Tiens, c’est terrible ça c’est vrai, même pour les pires catastrophes il faut qu’elles revêtent une composante spectaculaire (spectaculaire, spectacle …) pour qu’on leur accorde droit de cité. Quand les gens ont la mauvaise idée de crever, vivants ou morts …, disons, plus graduellement, bien que dans les pires conditions de peur, d’angoisse et d’épouvante, rien. Pas le bon format. N’ont qu’à respecter le cahier des charges des rédactions, c’est vrai quoi aussi.
Bon, je voulais simplement rendre à Armstrong que son retour semble oeuvrer effectivement pour la cause de la recherche contre le cancer, ce que son attitude mettait en doute, à mes yeux au moins. Comment elle dit cette affreuse expression française déjà ? Ah oui : « autant pour moi. »
nikkos
À moi Plasthmatic, deux mots 🙂 :
– On dira ce qu’on veut de not’bon président mais il ne peut pas avoir de malaise vaginal. Un petit malaise vagal plutôt ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Malaise_vagal
– Autant pour moi ? Cette faute, je l’ai déjà faite, alors « au temps pour moi »
http://www.academie-francaise.fr/langue/questions.html#au_temps
Amicalement.
Philippe
Il est intéressant de voir un commentaire au sujet du Tour de l’Abitibi qui retire essentiellement la majeure partie de son budget d’opération d’un partenaire (ville de Val d’Or). Cependant, la ville à décider de diminuer son support à l’organisation fragilisant un budget précaire. Chaque année la survie de la plus vieille épreuve cycliste junior Nord-Américain est préoccupe le COnseil d’Administration. Peu de partenaires extérieurs à la Région sont intéressés à supporter l’évènement.
robert
les gens de l’uci doivent aussi se demander si l’état des routes de la « Belle »province n’est pas redhibitoire. Quand on voit les cyclistes de compet’ du Kebic faire des bonds histoire d’éviter les trous ou les défauts de chaussée…