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Tour de France 2015: l’analyse

Le parcours du Tour de France 2015 a été présenté plus tôt aujourd’hui par Christian Prudhomme, directeur du Tour, depuis le Palais des Congrès de Paris.

map_routeUn Tour de France qui me surprend d’abord à un égard: la longueur des étapes.

En effet, le Tour 2015 comporte seulement… une étape de plus de 200 bornes! (deux étapes comportent respectivement 200 et 201 kms).

En comparaison, le Tour 2014 en comptait quatre, et le Tour 1987, il y a environ 25 ans, pas moins de dix!

Plus encore, deux étapes du Tour 2015 comportent à peine plus de 100 kms, soit les deux dernières: la première, de montagne, se terminera en altitude à l’Alpe d’Huez et constitue, en quelque sorte, un parfait remake de l’étape du Tour 2011 gagnée par Pierre Rolland et où Alberto Contador et Andy Schleck avaient assuré le spectacle, se lançant à l’offensive tôt dans la course. La deuxième est celle de l’arrivée à Paris.

Rappelons que sur certains Tours, notamment dans les années 1980, on proposait souvent aux coureurs deux étapes dans la même journée, souvent une étape en ligne le matin suivi du chrono par équipe l’après-midi. L’étape en ligne du matin tournait souvent autour de 100 bornes (mais pas en montagne bien sûr).

Avec des étapes aussi courtes, la distance totale du Tour 2015 est de 3 344 kms. Le Tour 1987 en comptait…4 231, il est vrai sur un plus grand nombre d’étapes (25 au lieu de 21).

Cette révision à la baisse du nombre de kilomètres des étapes est assurément une volonté d’ouvrir la course en incitant à l’attaque, et bien sûr de lutter indirectement contre le dopage.

Un Tour explosif!

Sinon, un seul mot me vient en tête pour qualifier ce Tour de France 2015: explosif!

Explosif par la distance réduite des étapes d’abord, comme je viens de l’expliquer.

Explosif ensuite par la variété des genres proposés: un court chrono individuel (14 bornes, presque un prologue!) le premier jour, deux arrivées en haut de murs en première semaine (Huy et le mur de Bretagne), des pavés, un chrono par équipe sur 28 bornes, et enfin de la montagne, mais toujours sur des étapes assez courtes, le plus souvent sans grande succession d’ascensions toute la journée.

Voilà un Tour qui pourrait être difficile à contrôler pour un maillot jaune, ou qui pourrait se traduire par de nombreux maillots jaunes différents.

Chose certaine, les favoris devront se dévoiler tôt dans la course, notamment lors de la 3e étape et son arrivée au sommet du mur de Huy, juge de paix de la Flèche Wallonne en avril. Ils devront aussi répondre présents au mur de Bretagne le samedi suivant, et au chrono par équipe du dimanche avant le premier jour de repos.

Sinon, j’aime bien cette année la traversée proposée des deux grandes chaines montagneuses, les Pyrenées et les Alpes, qu’on n’a pas escamoté.

Trois étapes sont réservées aux Pyrenées, la première se terminant en haut du col du Soudet, à la Pierre-Saint-Martin. Cette étape donnera assurément lieu à une course de côte parmi les favoris.

On enchainera ensuite avec l’étape Pau-Cauterets, presque un classique, avec enchainement Aspin-Tourmalet avant une courte ascension finale vers Cauterets. 188 bornes qui feront des écarts après 10 jours de course.

La troisième étape des Pyrénées se termine en haut du Plateau de Beille, une ascension souvent empruntée ces 15 dernières années, après les cols du Portet d’Aspet, de la Core, et de Lers. 195 bornes tout de même!

Quatre belles étapes sont également réservées aux Alpes, la première proposant dans son final le col d’Allos avant la montée sur Pra-Loup, théâtre de la chute de Merckx sur le Tour 1975 alors que Thévenet l’avait torpillé à cet endroit précis.

L’étape Gap-Saint-Jean de Maurienne propose quant à elle l’ascension du Glandon, côté Allemond, dans son final, puis les lacets de Montvernier (affectueusement appelés « le stationnement à étage » par mes potes québécois), courts mais pentus, juste avant l’arrivée. Intéressant spectacle en perspective!

Les deux dernières étapes avant celle de Paris seront assurément les plus intéressantes considérant qu’on est en fin de Tour et que les organismes sont donc fatigués. L’étape du vendredi vers La Toussuire est très intéressante, avec en début d’étape l’ascension du col de Chaussy. On attaque ensuite la Croix de Fer (à quant son retour dans la Marmotte?), puis le Mollard avant d’entreprendre la montée finale vers la station de La Toussuire. J’aime!

Enfin, la très courte étape de l’Alpe d’Huez pourrait de nouveau être le théâtre d’une course à rebondissement, comme en 2011. Le Galibier, redoutable s’il en est sur son versant Valloire, est toujours impitoyable pour les coureurs avec moins de force, particulièrement dans ses huit derniers kilomètres. Seul hic, vaut mieux affronter la longue descente vers Bourg d’Oisans dans un petit groupe, le vent soufflant souvent de face à cet endroit, et limitant les chances d’un coureur isolé seul en tête de rallier le pied de l’Alpe d’Huez solo (ou alors au prix d’un effort taxant pour la suite).

Bref, ce Tour est résolument « moderne » par la longueur moyenne de ses étapes, et novateur en ce sens qu’il propose encore un parcours remodelé, dépourvu d’une structure « imposée » telle qu’on pouvait le voir auparavant (prologue, chrono par équipe en début de Tour, long chrono individuel à la fin de la première semaine, etc.).

Mon seul regret, c’est l’absence d’une autre grande discipline du cyclisme, le chrono en côte. Avec un Tour comportant si peu de kilomètres contre-la-montre, il me semble que l’occasion eut été belle d’y placer un chrono en côte, pourquoi pas en fin de 2e semaine, en arrivant dans les Alpes?

VeloWire

Comme d’hab, l’excellent site velowire.com de l’ami Thomas Vergouwen avait mis en plein dans le mile, révélant le parcours presque parfaitement quelques jours avant, sur la base d’articles de journaux locaux, d’information sur les réservations d’hôtels, etc. Un travail de moine, exigeant de rigueur, qu’il convient de saluer ici. Bravo!

L’étape du Tour

Ce sera le dimanche 19 juillet prochain, entre Saint-Jean-de-Maurienne et La Toussuire. Une belle étape, et qui ressemble beaucoup à une cyclo existante que j’ai déjà faite, l’Arvan-Villard. La vallée de la Maurienne est un excellent choix pour y passer des vacances, étant très bien située entre d’un côté des cols comme la Croix de Fer, le Galibier ou le Glandon, de l’autre la Madeleine.

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12 Commentaires

  1. mica

    Eh voila; Je m’ y attendais : pas un seul chrono individuel dans ce triste T D F. L’ organisateur en chef (Mr. Prudhomme) veut à tout prix son vainqueur français, et comme il sait l’indigence de ces dits français dans le domaine des chronos il supprime ces derniers. Les ficelles sont de plus en plus grosses dans ce sport (mais est-ce encore un sport, je crois plus à un spectacle). Le cyclisme comporte 2 aspects principaux 1er: sport aérodynamique
    2eme: sport de dénivellation
    Pour l aspect dénivellation on est servi avec 6 ou 7 arrivées au sommet. Pour l’aspect aérodynamique rien, pas un seul chrono. Mr. Prudhomme veut définitivement ringardiser cette discipline. Remarquez que sur piste l’UCI a fait de même avec la poursuite individuelle et le Km contre la montre ; quelle tristesse, quelle honte! Anquetil , Riviére et même Bobet doivent se retourner dans leur tombe. Qu’ en pensent Hinault, Thévenet et même Poulidor et Pingeon?

  2. Dan Simard

    Est-ce que Brailsford veut protéger son poste en envoyant Froome au Giro pour faire place à Wiggins pour le Tour? 🙂

  3. Eric

    « … des deux grands massifs alpins, les Pyrenées et les Alpes… »

    Ne vois tu point la racine commune entre « Alpes » et « alpin »?

  4. A propos de velowire: http://www.lemonde.fr/sport/article/2014/10/21/velowire-toujours-un-tour-de-france-d-avance_4509344_3242.html

    Sinon , marketing bien rode, la serie televisee de Juillet en decors naturels, des vedettes et leurs impresarii, producteurs souvent vereux, les « figurants », beaufs gueulant dans les cols, voila le cirque….ce qui est con , c’ est qu;on peut pas s’en passer.

  5. thierry mtl

    Le sommet du Tourmalet à 41 KM de l’arrivée, c’est poche.
    Les pavés, c’est bien.
    14 Km de CLM, c’est trop peu.
    Favoriser les coureurs français, c’est bien.
    Y perdre Froome, c’est dommage.
    Sky qui dit a Froome quoi faire, c’est normal $.

  6. Vincent C

    Froome va faire du « chest-bras » cet hiver pour gagner Paris-Roubaix à la place de Wiggins. 😉

  7. @Éric,
    Excellent commentaire, merci d’avoir porté cette erreur à mon attention. J’ai corrigé le texte et mis « chaines montagneuses » au lieu de « massifs alpins », le mot « alpin » avec « Alpes » un peu plus loin étant évidemment un mauvais usage. Merci!

  8. josef Koba

    Le but de la Société du Tour de France (qui n’est pas une entreprise d’enfants de choeur ou de philanthropes), n’est pas (ou n’est plus) de couronner un grand champion mais d’écrire un beau feuilleton. Longtemps les deux ne furent pas incompatibles mais désormais, pour différents motifs les choses ont changé : plus de champion charismatique bien identifié, plus d’équipes bien identifiées se démarquant par leur état d’esprit, leur directeur sportif, leur ancrage régional ou historique ; internet et le zappinng ; le retrait de la presse écrite papier…Bientôt donc une diffusion sur HBO. les ingrédients sont connus des showrunners: créer un intérêt tous les jours avec des étapes nerveuses ; installer quelques événements perturbateurs (les pavés ou le chrono par équipe au 9e jour sont de nature à rebattre les cartes, à créer de petits déséquilibres qui vont relancer le suspense ou le créer) ; flatter les goûts du public, en particulier pour les « petits » Français…
    Bref le tour de France s’adapte et ne mise plus sur un coureur ou un duel…On préfère des tours comme celui qui a fait de Voeckler un vainqueur vedette potentiel, ou celui de l’an dernier et les exploits de JC Peraud…

  9. JW

    Il ne faut pas oublier le retour des bonifications durant la première semaine, de quoi encourager les attaques.

  10. toutouille26

    @ Laurent
    Eric n’a pas fait d’excellent commentaire, je trouve que c’est même assez médiocre de relever une aussi petite faute en étant si hautain…!

    Concernant le parcours, le soudet est affreux de difficulté (je me suis accroché à la voiture 3km !!!) en l’ayant fait après bagargui .
    Le plateau de beille est super dur aussi; il y a quelques années, on raillait les schleks de pas attaquer, mais quand on sait que les meilleurs mettent plus de 40 minutes, il faut imaginer la difficulté si il fait chaud en +!! le port de lers est joli.
    Pra loup n’est pas très dur;
    l’alpe d’huez promet une belle bagarre..
    Franchement, il est assez bien ce tour, avec des étapes plus courtes, on a plus d’interminables étapes de plat remportées par cipollini, qui fatiguaient le coureur et le spectateur!

  11. Zenou

    Ce tour me plait bien, avec un bémol, je trouve dommage de mettre le clm par équipe si tard. Une équipe avec 6 coureurs ou 9 ce n’est pas la même chose.

  12. Nicolas

    S’il pense aider les francais en supprimant les chronos, ca ne servira a pas grand chose puisque de toute facon ils ne sont pas au niveau des Froome, Nibali, Contador en montagne non plus.

    De mon cote, je ne suis pas convaincu que des etapes courtes auraient un impact positifs contre le dopage . A vrai dire je pense l’exact oppose. Les arrivees aux sommets – ou typiquement les equipes amenent leur champion pour un 20′ threshold test sont amha propices a la course a l’armement en plus d’etre ennuisseuses au possible.

    Non vraiment dans ce genre de parcours, ou est la place pour la startegie, l’endurance, le pilotage?
    Voici peut etre une piste de lutte contre le dopage s’assurer que toutes ces facultes necessaires a faire un grand champion cycliste soient mises a l’epreuves.

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