À la demande générale, nous revenons ce soir sur le coureur canadien (et québécois) de l’heure, Dominique Rollin, qui a récemment remporté une étape du Tour de Californie. On n’ira pas par quatre chemins: à nos yeux, Dominique Rollin est le seul coureur canadien aujourd’hui capable de réussir une carrière de coureur cycliste professionnel en Europe. Par réussir, on entend se tailler une place parmi une grande formation du ProTour et… gagner des courses. Pourquoi ?

Premièrement, parce qu’il est encore jeune: 25 ans. À 25 ans, on peut encore intéresser des grandes équipes pro en Europe. C’est moins vrai lorsqu’on s’approche de 30 ans comme Charles Dionne ou qu’on les a dépassé comme Dominique Perras (qui parle de retraite), de Ryder Hesjedal ou de Michael Barry. Une équipe pro en Europe n’engagera pas un coureur plus âgé parce que les Classiques et les grands tours exigent une endurance importante, endurance qui, sauf exception (les grands champions), s’acquiert progressivement entre 20 et 25 ans. On dit souvent qu’un coureur est _mature_ en Europe entre 27 et 31 ans.

Deuxièmement, parce que Rollin est puissant. Super-puissant. Ce type est incroyable nom de Dieu! 746 watts – 746 watts – pendant une minute! Une puissance aérobie maximale de plus de 500 watts, de source sûre. On s’approche des tous meilleurs, Lance Armstrong inclus. Ses capacités physiques semblent tout simplement illimitées encore aujourd’hui. Dans ce contexte, comment ne pas penser que Rollin n’a rien à envier à des pointures comme Tom Boonen voire Fabian Cancellara? Physiquement, il leur ressemble d’ailleurs, étant de ce type de coureur costaud physiquement.

Troisièmement, parce que Rollin est un homme de fer: endurant et dur au mal. Il a déjà démontré pouvoir "tenir la distance" sur des longues épreuves, une capacité notamment acquise sur les courses amateur en France lorsqu’il courrait dans l’équipe de Roubaix, sous la houlette de Cyrille Guimard, qu’on ne présente plus. Forgé à cette dure école, il connaît déjà les pavés, la pluie, le vent, le froid et les épreuves de 180 kms ou plus. Sa récente victoire au Tour de Californie a d’ailleurs été acquise dans des conditions dantesques, c’est à dire pluie, vent et froid. Sa victoire d’étape au Tour de Beauce en 2005 également. Sa grosse santé est une qualité de Rollin qui convient très bien aux Classiques du mois de mars et d’avril et à la rigueur de la vie d’un coureur pro en Europe.

Quatrièmement, parce que Rollin est intelligent en course et possède un bon sens tactique. Cette qualité lui vient notamment de son passage à Roubaix encore une fois puisqu’il a su aller à la bonne école, celle de Guimard, un maître en matière de tactique. Rollin sait comment gagner et semble commettre relativement peu d’erreurs lorsqu’il court pour lui et qu’il est en position de gagner dans un final. Dans ce contexte, comment ne pas penser que Rollin peut jouer dans la cour des grands sur des épreuves comme le Ronde, Paris-Roubaix, le Het Volk, Gand-Wevelgem voire l’Amstel ? Comment ne pas penser qu’il pourrait gagner des étapes plates et moyennement accidentées sur les grands tours ? Comment ne pas penser qu’il pourrait devenir un Jens Voigt du peloton, c’est-dire ce type d’équipier que tout le monde veut avoir dans une formation et qui peut aussi gagner des courses ? Il a tout ce qu’il faut, c’est certain.

Notre souhait? C’est qu’il continue sur sa lançée et connaisse un bon Tour de Georgie, puis qu’il soit sélectionné dans l’équipe canadienne pour les Jeux Olympiques voire les Mondiaux. Sans contrat précis pour 2009, ce qui est une bonne chose à ce stade-ci, on espère qu’avec d’autres bons résultats, des directeurs sportifs – notamment français puisqu’il a couru en France rappelons-le – sauront lui faire confiance et qu’il pourra courir en Europe en 2009.
Quelques liens:

Son profil.
Entrevue télé suivant sa victoire récente en Californie (partie I).
Entrevue télé suivant sa victoire récente en Californie (partie II).
Interview sur Cyclingnews juste après sa victoire en février.

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