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Savoir oser…

Très intéressant commentaire ce matin d’un de nos fidèles lecteurs à propos du Rapport Vrijman rendu public hier. Son auteur soulève des questions tout à fait légitimes et on le remercie beaucoup d’avoir laissé ce commentaire constructif. Il ne faut pas voir dans ce texte une réponse formelle aux questions soulevées mais plutôt une précision de notre pensée sur l’affaire Armstrong.

Petite précision d’abord, effectivement non, nous n’avions pas lu le rapport au moment ou nous avons écrit hier notre chronique. Ce n’était pas faute d’avoir essayé de le trouver, sans succès. Merci au lecteur qui nous a fourni le lien ce matin, et nous sommes en train de lire le rapport dans son intégralité.

Nous oeuvrons également dans le domaine scientifique. Aussi, nous sommes d’accord sur le fait qu’aucun scientifique ne peut accepter de valider les résultats d’une expérience si le protocole n’est pas RIGOUREUSEMENT documenté et respecté.

Beaucoup de procédures n’ont pas été respectées dans l’affaire:

1 – l’utilisation des échantillons « B » prélevés sur le Tour 1999 (et dont beaucoup appartenaient donc à Armstrong) ne devait servir qu’à la validation d’une méthode scientifique de détection de l’EPO et dont les résultats sont incontestables selon le labo. En aucun cas ne peuvent-ils servir à un contrôle anti-dopage formel, les procédures internationales n’étant pas respectées, notamment le droit des athlètes.

2 – aucune information n’aurait dû filtrer en dehors du labo de Châtenay-Malabry. Il y a donc eu fuite qui a permis à un journaliste de L’Équipe de travailler sur l’identification des échantillons. On peut raisonnablement se questionner sur la noblesse des intentions de celui – employé du labo – qui est à l’origine de la source.

3 – le dossier publié par L’Équipe accuse Armstrong alors que juridiquement, les tests anti-dopage du Tour 1999 sont revenus négatifs à l’époque. Sa victoire ne peut donc être contestée à ce niveau.

4 – aucune procédure anti-dopage ne prévoit des tests rétroactifs, surtout sur des échantillons prélevés depuis aussi longtemps.

5 – on ignorait, jusque récemment, la longévité de l’EPO dans l’urine. Les méthodes de détection de cette molécule étaient jusqu’ici efficaces pour de l’EPO prise 3 ou 4 jours avant seulement.

On nage donc dans le vice de procédures à plein. Armstrong et ses avocats ainsi que d’autres dénoncent évidemment le non-respect des règles entourant un test anti-dopage pour affirmer que tout cela n’est que salissage inutile.

Or, notre point est ailleurs : la recherche de la vérité. Point final. Car au fond, qu’est ce qui est important ? Le respect des procédures qui ont, depuis fort longtemps, montré leurs limites quant à la lutte anti-dopage ou connaître la vérité sur les moyens mis en oeuvre par Lance Armstrong pour gagner le Tour ? Bien sûr, nous vivons dans une société de droit. Bien sûr, tout le monde a droit à un procès juste et équitable, ce qui ne peut être le cas ici. D’ou le fait qu’Armstrong conservera sa victoire dans le Tour 1999 et qu’il ne peut être question d’une quelconque destitution de son titre ni même de poursuites. On est d’accord là dessus. Juridiquement, cette affaire est un cul de sac.

Mais la vérité, elle, doit être connue par ailleurs. Pour que le public puisse être un observateur éclairé du cyclisme. Les coureurs ont trop longtemps abusé – et abusent encore – de la crédulité des gens. À La Flamme Rouge, nous continuons de nous passionner pour ce sport magnifique et exigeant, mais par choix. Un choix éclairé, notamment parce que nous comprenons quels moyens il faut mettre en oeuvre pour grimper les cols à 30 de moyenne. Et on salue à ce titre l’audace du journal L’Équipe pour faire connaître la vérité au grand public. Les procédures, les règles ont été bafouées ? C’est vrai, et Armstrong gardera son titre. Mais il était important, très important de rendre public le fait que ses échantillons sont hors de tout doute scientifique contaminés à l’EPO. Tous les experts consultés se sont en effet prononcés de la même manière: le test du labo est infaillible.

En terminant, nous croyons fermement que les perçées de la connaissance – voire de la science – ont parfois un prix. Certains ont dû prendre des risques et sortir des sentiers battus. Ce qui nous paraît intéressant du dossier monté par l’équipe est son originalité. Voilà des gens qui ont osé. Bien sûr les procédures n’ont pas été respectées. Bien sûr qu’aucune contre-expertise n’est possible. Mais le but a néanmoins été atteint et c’est ce qui compte. Pas moins de six échantillons sur 12 ou 13 prélevés sur le Tour 1999 et appartenant à Lance Armstrong sont positifs à l’EPO en utilisant une méthode de détection incontestable scientifiquement selon les dires des meilleurs experts. En définitive, c’est tout ce qu’il y a à retenir. Armstrong peut garder son titre par ailleurs. Et ses adversaires n’étaient probablement pas plus propres que lui, sauf Bassons.

« Voici un intéressant article à lire ici sur le même sujet »:http://www.geocities.com/velonouvelle/art/6/6juin/P1.html. On y parle du « Dutch Pack »…

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15 Commentaires

  1. bikelarue

    Je crois que tous les athlètes sont conscient que ceux de haut niveaux utilisent des produits dopants.

    Étant cycliste, j’ai ajouté a mon entraînement la course a pied et ce a un niveau de compétition élevé.

    Nous s’avons que les coureurs cyclistes sont dopés mais les coureurs de course a pied le sont eux aussi et a un niveau encore plus élevé car non traqué par les nombreux tests.

    Essayer de courir le kilo sous les 3min et imaginé que certain coureur de fond garde ce tempo sur la distance du marathon. Inimaginable! A vélo, l’amateur réussit a rouler comme les pros sur une courte distance pas en course a pied.

  2. buju banton

    Merci Chère Flamme Rouge pour ces précisions.

    C’est ainsi que j’aime à vous lire : mesurée, réfléchie mais passionée (en dépit de nos désaccords potentiels …)

    buju b

  3. Gibeur

    si comme vous dites: Aussi, nous sommes d’accord sur le fait qu’aucun scientifique ne peut accepter de valider les résultats d’une expérience si le protocole n’est pas RIGOUREUSEMENT documenté et respecté.

    Comment affirmé que le test du labo est infaillible.

    Étant moi meme biologiste moléculaire, lorsqu’il se passe quelque chose de louche dans mon protocol expérimental, je ne peux conclure a la validité des résultats et ce meme pour ceux qui sont positifs. Dans cette histoire on parlais de développement de méthodes de détection avec des échantillons inconnus…….

    Si on doute de la bonne foi d’un employé de labo pour le coulage des résultats, comment preter une foi inébranlable aux résultats expérimentaux. En science lorsqu’on est pas honnete on peut faire dire vraiment n’importe quoi a des résultats (faux échantillon, substitution, mauvaise identification)…..ETK…..

  4. didier girsch

    interessant mais lassant,desolé d etre un peu brutal; ,ce qui vient de se passer en espagne est la demonstration que nous nous passionnons pour des escrocs,des menteurs et des affabulateurs,il n est meme plus possible de se dire que malgres tout ils se font mal,ils montent des cols difficiles en souriant et se mettent d accord ou non sur le vainqueur tandis que sur des cyclosportives on rale parce que ça va trop vite devant et qu on est cuit au bout de 50 kms,ce n est plus du cyclisme et il n y a meme pas de controle comme en f1 pour savoir s ils appartiennent a la meme categorie,
    conclusion:arretons de jaser sur basso,ulrich etc tant qu on ne connait pas les reglages des machines,quel taux de x ou y au depart?
    et arretons de croire a leurs boniments juridiques,ce sont mes droits qui sont bafoués pas ceux de LA ou autre,mon droit a la verité,a la realite du geste sportif,on m a vendu du catch rien d autre….

  5. coco

    COUP DE GEULE

    Je trouve votre article vraiment mais vraiment PITOYABLE vous n’avais vrément rien compris et votre seul but et de faire voir Armstrong comme un dopé à travers les yeux du monde entier.Pourquoi?Parce qu’il a trop gagné ; qu’il n’est pas très ami avec vous, les journalistes, parce qu’il est américain?????????Hier des preuves ont montré que lance Armstrong était innocent et vous au lieu de présenter des excuses pour toutes les bassesses que vous avez balancé sur lui vous continuez à l’accabler.Pardonnez moi de me répéter mais votre attitude est vraiment pitoyable,lamentable et écoeurante.En lisant votre article je suis vraiment dégoutée, dégoutée de voir comment on peut démolir la réputation d’un des plus grands coureurs qui n’est jamis existé et d’un coureur propre que cela vous plaise ou non!!!!!!!!!!!!!!

  6. Nanak

    Vous pourriez au moins vous relire et corriger vos fautes d’orthographe. Ce n’est pas le fait qu’Armstrong soit américain ou qu’il ait gagné 7 fois le tour qui le rend détestable, c’est son attitude arrogante de chefaillon qui fait sa loi autour de lui, qui donne des leçons à tout va et qui justifie cela par des discours honteusement populistes (cf ses commentaires sur les français après les révélations de l’Equipe).

    Qu’il est un champion dans son sport c’est clair, qu’il soit propre c’est impossible, qu’il est un sale con c’est évident.

  7. rafael

    L’Équipe a osé ? Certes, certes. Mais contre une cible choisie, avec le soutien du ministère des sports et d’un laboratoire “scientifique” qui perd au passage toute crédibilité morale. Il aurait été tellement plus courageux dans un journal français de mener des investigations sur l’équipe de France de football championne du monde en 1998 (rappelons que les échantillons d’urine ont été détruits immédiatement après la compétition) et notamment tous les joueurs engagés à l’époque dans des clubs italiens… On sait que Deschamps et Zidane jouaient à la Juventus à l’époque où le Dr Agricola dispensait de l’EPO à tour de bras. Et que dire du Parme AC où jouait Thuram ?
    Dans l’Équipe c’est le silence radio. Ça donne une lecture sidérante où en page 4 on se pâme sur la performance “surhumaine” de Rafael Nadal et en page 5 on suspecte Ivan Basso ! C’est ça le courage ? Oser, c’est admettre une bonne fois pour toute que TOUT le haut niveau est gangrené. TOUS les sports mais aussi TOUTE la société.
    L’affaire Armstrong, c’est un mensonge dévoilé par des hypocrites qui vivent du papier vendu par le sport spectacle et se permettent de cracher dans la soupe. Et tout ça pour arriver à quoi ? À salir par haine de tout ce qui dépasse. C’est la grande revanche des médiocres : n’oublions pas le grand mot de Nietszche : “Tout homme qui s’indigne ment”.

  8. nick

    Certes, mais dans ce bal des faux-culs, la palme revient quand même à nos deux “préretraités”, Jean-Marie Leblanc (ASO : même maison que L’Equipe dont il fut même journaliste tiens) et Hein Verbruggen. Si ces lascars avaient fait leur boulot en 1999 (contrôle positif d’Armstrong à un gluco-corticoïde), est-il besoin de le rappeler), au lieu de vouloir sauver les apparences, on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui. Avec Lance tout du moins.

    Il aurait été exclu et si ça se trouve, Ullrich en aurait gagné 4. Quoique… Le Texan serait ptet revenu plus fort que jamais… Et – malgré tout son talent exceptionnel – on taperait sur Ulle, ses braquets déments, son outrageuse domination (si ennuyeuse chaque juillet), et sa collaboration avec le sulfureux Cecchini.

  9. Manu

    Je comprends fort bien votre point de vue qui doit être partagé par tout cycliste sachant ce que souffrir signifie. Je m’insurge toutefois sur le fait qu’Amstrong soit encore une cible priviligiée de vos foudres. Depuis La révélation du journal L’Equipe concernant l’écantillon B positif, je me pose souvent la question suivante: pourquoi justement l’échantillon de Lance Amstrong et non celui du chouchou français (Virenque pour ne pas le citer)? Après tout, ses exploits dans la haute montagne valent également la peine de se poser des questions, non? Pour moi, même si il est clair que le sport de haut niveau est gangréné par le dopage, se contenter de se focaliser sur une et même personne relève d’une certaine malhonnêté intellectuelle.
    Pour rejoindre Rafael, il est exact que le seul sport qui se trouve sous les feux de l’actualité est le merveileux sport que nous pratiquons tous.

    Manu

  10. crevette masquee

    Manu : pourquoi pas Virenque ?
    tout simplement parce qu’il n’a pas de résultats positifs à l’EPO. Les coureurs concernés par les analyses rétroactives de 1999 sont Lance Armstrong, Manuel Beltran, José Joachim Castelblanco et Bo Hamburger. Pour le coup, il ne s’agit évidemment pas d’acharnement, mais juste de résultats de tests antidopage.

  11. ronald

    Au départ de l’affaire n’y avait-il pas 40 cas positifs dans les analyses de 1999 et… 1998?

  12. crevette masquee

    Justement s’il y a eu des cas positifs sur le Tour de France 1998, Virenque a très peu de chance d’en faire partie…

  13. crevette masquee

    Cher Rafael, l’argument du “tous pourris” est un discours poujadiste qui ne permettra certainement pas de faire avancer les choses, d’autant plus qu’il est faux. (Nous savons tous qu’il existe quelques cyclistes propres) Par ailleurs, démontrer la culpabilité d’un autre (le footballeur) n’a jamais été une preuve d’innocence (pour le cycliste). Ce n’est pas parce que certains passent à travers les mailles du filet qu’il faut tolérer le dopage. Notre sport étant certainement l’un des plus exigeants physiquement, il se doit de montrer l’exemple.

    Pour l’équipe de France de 1998, j’avais été choqué moi aussi du black-out médiatique sur les capacités athlétiques de la bande à Deschamps (monsieur 55 %). Surtout que la victoire a eu lieu en plein Tour de France, au cœur de l’affaire Festina. Le pire, c’est qu’il y a eu quelques reportages dans lesquels Lilian Thuram expliquait par exemple qu’en Italie, on leur “injectait des vitamines.” Venant d’un garçon aussi posé et intelligent que Thuram, cette candeur m’a fait bondir. À mon sens, lui et Armstrong sont à mettre dans le même panier.

    Enfin, je ne sais pas si certains d’entre vous ont vu l’émission “Arrêt sur image” d’hier consacrée au traitement du foot par la télé. Dans ce débat qui comprenait quelques journalistes dont un de L’équipe, l’un a évoqué cette nouvelle abracadabrantesque : Johnny Halliday a parait-il raconté il y a quelques jours que “Zidane lui avait conseillé une clinique pour se faire oxygéner le sang”. Nous savons tous ici ce que cela veut dire…

  14. crevette masquee

    J’envahis encore le forum pour donner le lien à propos de Johnny :
    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-778492,0.html

  15. Le fait que l’Equipe soit suspect de complésance, c’est une évidence. Ils n’ont fait la guerre qu’aux pauvres petits de l’est. Mais ils ont toujours saluer les français qui arrivait à battre les italiens au top de la préparations biologique(ca me fait mal car je suis Italien).
    Concernant le foot, c’était incroyable de voir Petit courir encore comme une fusée pour marquer le 3ème but en 98 alors que les brésileins ne bougeait plus. De mémoire, que durant toutes les éditions précédentes, les joueurs finissaient fréquement les matchs avec des crampes… Et que dire du championnat d’Europe où les français ont explosé physiquement les Italiens. Lorsque l’on sait ce qui si passe depuis le proccès de la Juve, je rie doucement de la préparation des français. Ils sont certainement surhumains pour ridiculiser des gars qui ont le sang trafiqué.
    Maintenant que l’hypocrisie est prouvée, il ne manque que Ben Johnson pour commenter l’athlétisme. Il n’y a pas de honte puisque en France il y a Jalabert et Virenque qui commentent les épreuves.

    COncernant Johnny, il dit ce que les instances sprotives n’ont jamais dit. Tout comme les policiers et douaniers qui arrêtent les sportifs à la place des fédérations.

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