Madrid est désormais en vue et Nozal est toujours en amarillo. Sauf grosse défaillance toujours possible à la fin d’une course de trois semaines pour un tel coureur sans référence dans ces épreuves, Nozal a course gagnée. L’étape courte de demain n’occasionnera pas trop de fatigue et même s’il y a beaucoup de vent, on peut être sôr que l’équipe ONCE protégera efficacement son leader. L’étape de vendredi sera le dernier moment réellement critique : Nozal devra maintenir Heras à distance respectable afin d’aborder le contre-la-montre (CLM) du lendemain avec sérénité. Car s’il a toujours battu Heras dans les autres CLM sur cette Vuelta, Nozal n’a aucune référence réelle dans cet exercice particulier qu’est le CLM en côte de samedi. Les 11,2 km à parcourir ainsi que les pourcentages ne dépassant jamais les 7% sauf sur 3 km ne seront toutefois probablement pas suffisant à Heras pour espérer faire la différence sur ce chrono.

Les 164 km de vendredi sont donc la dernière chance réelle de Heras et l’US Postal. Que faire ? Tenter le tout pour le tout et partir de loin, dans l’Alto de Los Leones, ou attendre le final pour espérer créer l’écart dans la dernière montée de La Pradera ? Les quelques 25km de descente après le dernier col, qui donneront à l’équipe ONCE et Nozal l’occasion de se réorganiser pour mener une chasse efficace si Heras est devant, ainsi que la longueur relativement courte de l’étape laisse penser que ce dernier devrait plutôt essayer de partir de loin. L’échappée fleuve est vraissemblablement la seule façon pour Heras de faire craquer Nozal et son équipe. Heras est donc face à ses responsabilités. Prendra-t-il le risque de s’exposer à tout perdre pour essayer de gagner, risque que tout grimpeur de légende a pris dans sa carrière car unique salut pour ce type de coureur ? À la lumière de son comportement trop attentiste dans la Sierra Nevada (en partant plus tôt dans l’étape, les experts ont affirmé qu’il aurait pu aller chercher beaucoup plus de temps à Nozal, visiblement moins bien cette journée-là), on peut en douter. Il est probablement de ceux qui joueront la partie de façon conservatrice en visant le plus facile, soit chiper la deuxième place du podium à Gonzalès de Galdaneo. Que voulez-vous, dans le cyclisme moderne, vaut mieux une 2e place que d’échouer hors du podium à vouloir essayer d’aller chercher la victoire. Le panache, si présent dans le cyclisme avant les années 1990, est une vertu en voie de disparition…

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