On a bien aimé ce soir le commentaire d’un de nos lecteurs qui écrit qu’aux questions excitantes comme « qui va gagner, comment? » avant une course s’ajoute désormais, dans le cyclisme UCI, celle tout aussi excitante (mais on rit jaune…) de « quand va-t-il se faire prendre pour dopage? » après la course… En un sens, c’est mieux, on a du suspense avant et après les épreuves!!!

1 – « A-l-l-u-c-i-n-a-n-t »:http://www.velo-club.net/article?sid=27787.

2 – « Il faut lire cette entretien avec Alain Rumpf »:http://www.velo-club.net/article?sid=27741, un fonctionnaire de l’UCI, manager de l’UCI ProTour. À la lumière de cette entrevue, on comprend bien pourquoi le cyclisme va si mal aujourd’hui puisque l’analyse est totalement biaisée, en décalage complet avec les racines profondes de ce sport. Quelques exemples :

A – À la question sur le bilan du ProTour, Rumpf écrit « _on a constaté une élévation générale du niveau de la compétition, en garantissant la participation des meilleures équipes dans les meilleures épreuves; je pense par exemple au Giro, au Tour d’Allemagne ou au Critérium du Dauphiné Libéré_ ». Quelle erreur! Le Dauphiné attire depuis très longtemps les meilleurs coureurs pour une raison toute simple : c’est la course idéale de préparation au Tour de France! Merckx, Hinault, Indurain et Armstrong, pour ne nommer qu’eux, n’hésitaient pas à prendre part à cette épreuve pour peaufiner leur condition en vue de la Grande Boucle. Le ProTour n’a rien à voir là-dedans… et on pourrait dire la même chose du Giro. Voir dans l’avènement du ProTour un effet quelconque sur le niveau général de ces épreuves nous apparaît donc complètement falacieux : qu’en est-il, M. Rumpf, de la Vuelta?

B – À la question _Peut-on dire que l’instauration du système ProTour a contribué à la réhabilitation du classement par équipes_, Rumpf répond « _certainement_ ». Qui de nos lecteurs peut de mémoire nous dire quelle est l’équipe actuellement en tête du ProTour voire qui est 2e du classement général individuel derrière DiLuca?

C – À la question sur la disparition des petites équipes n’ayant pas accès au ProTour, Rumpf se surpasse : « _Il faut bien voir que le nombre des équipes 100% professionnelles (anciennement les GS/I et II, aujourd’hui les UCI ProTeams et les équipes continentales professionnelles), diminue régulièrement depuis l’année 2000, qui a vu l’enregistrement de 69 équipes. En 2004, elles n’étaient plus que 52, et en 2005, 45. Pour 2006, la tendance est à la stabilité, ce qui indique que les circuits continentaux fournissent des conditions tout à fait favorables aux équipes_ ». Quelle finesse d’analyse! Au lieu d’essayer de comprendre les sources d’un problème inquiétant puisque le nombre de petites équipes est en baisse, voilà que notre homme se satisfait « _de la stabilité_ », une stabilité basée sur une seule année d’observation… On croît rêver.

D – Concernant le barème de points complètement loufoque du ProTour, Rumpf encore : « _L’UCI ProTour, lui, vise notamment à élever le niveau des compétitions, en donnant autant que possible des chances identiques à chacun. C’est pourquoi un barème plutôt « plat » a été adopté, c’est-à-dire où les différences entre les épreuves sont aussi réduites que possible, tout en tenant compte de la réalité sportive. Vous savez, les mêmes réflexions ont été faites au moment du lancement de la Coupe du Monde: donner autant de points au Championnat de Zurich qu’au Tour de Lombardie, quelle hérésie! Aujourd’hui, on ne s’en offusque plus, preuve que l’objectif est atteint_ ». Objectif atteint ? La réalité est tout autre et s’explique bien plus par l’histoire même du vélo: les courses les plus disputées sont celles qui ont le plus de signification historique, point barre. N’importe quel pro vous affirmera préférer gagner un Tour de Lombardie plutôt que 5 Hew Classic…

Bref, il y a matière à être sérieusement inquiet pour l’avenir du cyclisme professionnel en lisant de pareillles entrevues. Des inquiétudes d’ailleurs partagées par nul autre qu’Eddy Merckx « dans son entrevue à CyclingNews »:http://www.cyclingnews.com/riders/2005/interviews/?id=eddy_merckx_interbike05. Et toute cette semaine, Cyclismag publiera des articles en réponse à « l’entrevue que leur a accordé Pat McQuaid »:http://www.cyclismag.com/article.php?sid=1527, nouveau président de l’UCI.

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