Tous les jours, la passion du cyclisme

 

L’histoire d’une vis…

J’avais besoin d’une petite vis depuis quelques jours.

Une vis pour la patte de mon dérailleur arrière, un Campagnolo Super-Record 11 vitesses.

Que voulez-vous, à 42 balais, on ne se refait pas: je ne fais pas confiance à grand monde pour toucher à mon vélo. Encore moins pour l’entretenir. Lancé dans des descentes de cols à plus de 90 km/h comme l’an dernier sur la Haute Route, j’aime être en contrôle, et surtout du vélo sur lequel je descends « à la Samuel Sanchez ». L’entretien régulier des patins de freins? C’est moi. Des pneus? C’est moi (mes équipiers des Rouleurs de l’Outaouais ne doivent pas se souvenir de la dernière fois que j’ai crevé avec eux… ca doit bien faire 10 ans…). Du serrage de toutes les vis? C’est moi. De l’ajustement des vitesses? Encore moi.

Vous avez pigé. Personne, ou presque, ne touche à mon vélo. Je monte, j’entretiens, j’ajuste perso. My way or no way.

N’étant toutefois pas un mécano chez Sky, je fais parfois des petites erreurs.

Les miennes se résument en fait à une seule: je serre trop les vis. Comme par manie, celle de savoir que tout est serré au mili-poil.

Évidemment, sans torque wrench. Je vous l’ai dit: à 42 balais, on ne se refait pas. L’expérience fait la différence. La plupart du temps…

Du coup, en changeant mes galets de dérailleur arrière l’autre jour, j’ai trop serré.

Total, vis « strippé ». Où était-ce la patte de dérailleur en carbone dont je venais d’endommager les filets?

Misère! Surtout que ma conjointe l’a su, donc j’étais cramé pour racheter un dérailleur complet, au bas mot 400$…

Et allez trouver de telles petites pièces sur les sites Internet « main stream ». Not even a chance.

Mais fort heureusement, il y a les pros. Et les pros au Québec en matière de vélo, surtout pour le matos Campagnolo, c’est Cycles Marinoni.

Je suis allé rendre visite à mon ami Paolo hier chez Marinoni. Une visite que j’aurais dû faire avant: sa présence m’a rappelé à quel point il m’avait manqué depuis 24 mois. Cette usine a une âme, peut-être celle de M. Marinoni, membre du temple de la renommée du cyclisme québécois et dont le vélo sur lequel il a réalisé son record de l’heure chez les 75 ans trône dans le petit magasin, un magnifique vélo acier, soudures limées, fabriqué en 1978 pour Jocelyn Lovell, un de nos Grands, bourré de talent et malheureusement aujourd’hui handicapé.

Où est-ce l’âme italienne, assurément un peu de celle de Tullio Campagnolo sur le Croce d’Aune…

Anyway, j’adore Paolo: simple, l’air de rien, mais terriblement compétent et attentionné.

Quel plaisir de lui demander « t’aurais pas la petite vis »… m’a pas laissé finir ma phrase: « j’ai ». Pièce no RD-SR130, la voici.

J’ai poussé un peu ma chance: mon chum Marc a besoin de nouvelles bagues et ressorts pour ses manettes Ergopower 10 vitesses 2006…

« Voici. EC-RE-111 ». Holly shit!

Sacré Paolo!

J’avais presque oublié à quel point il est agréable de trouver plus compétent que soi pour parler matos de vélo. Trop souvent, en fait le plus souvent dans mon cas, je suis accueilli dans des boutiques de vélo par des ados boutonneux, au service de la shop depuis quelques mois à peine et qui ignorent à peu près tout du monde du matos vélo. « Z’avez des pneus Tubeless pour vélo de route »? « Des quoi? » « Laissez tomber »…. et je me sauve en courant!

Pas chez Marinoni. Paolo et ses employés sont des fins connaisseurs. Faut se lever de bonne heure pour leur apprendre quelque chose. Hier, je pensais bien surprendre Paolo par mes connaissances des produits Campagnolo 2014. Not even a chance. Ils les reçoit dans quelques semaines!

Et je sais des choses que vous ne savez pas, lalalère…

Anyway, à 42 balais vous disais-je, on ne se refait pas, on ne se refait plus: je ne fais pas confiance à grand monde pour toucher à mon vélo.

Sauf à Paolo et son équipe. Des pros. Des vrais. Merci Paolo et les autres, vous saurez vous reconnaître!

Partager

Précédent

Hesjedal: objectif Tour!

Suivant

Pat McQuaid, le plus gros problème du cyclisme actuellement

19 Commentaires

  1. C’est une belle tranche de vie. Bien racontée, merci.

  2. Patrice

    Pierre Foglia sort de ce corps! 😉
    (sur ce texte)
    Bon boulot!

  3. Paul

    Anyway, not even a chance…

  4. Marc-André

    C’est très vrai que faire affaire avec eux c’est très agréable.
    Il sont très compétents, ils offrent un produit de qualité et leurs approche client/service clientèle est remarquable pour le milieu du vélo.

    J’ai déjà eu des Marinoni dans le passé. Après avoir été sur d’autres vélos, je suis revenu à Marinoni pour plusieurs raisons et je continue d’aller les voir.

  5. Sebastien Lamarre

    Ça y est. J’ai les larmes au yeux.

    M’étant fait voler mon premier Marinoni (un modèle de base signé « spécial » en Gipiemme) dans les années 1980, la boutique pour laquelle je courrais m’avait donné un sérieux coup de main (trop heureux d’empocher l’assurance) et je me suis fait faire second vélo par Giuseppe Marinoni. Colombus SL, chromage fourche et triangle arrière. Des jantes Fir absolument sublimes, tout monté main. Et ô! Sacrilège… les premières manettes intégrant freinage et vitesse; du Shimano… Il avait froncé les sourcils, mais pas autant que lorsque j’avais réclamé la couleur spéciale…

    M’étant fait solidement accroché deux fois par des automobilistes qui m’avaient tourné dessus, j’en avais assez d’entendre « je ne t’avais pas vu! » Alors j’ai demandé un vélo jaune « Tweety bird » un espèce de jaune maïs en crème tirant sur le pétant. Il ne voulait pas le Giuseppe.

    Mais une fois le vélo monté, avec ses chromes et les jantes noires, ça en jetait, solide. Je l’ai vendu pour partir à l’aventure. Brûlé le vélo en tartes au pommes sur les truck stops du Canada après avoir lu Kérouac.

    Mon frère nous torche toujours avec son vieux Marinoni, le même modèle « spécial » que le premier sur lequel je suis monté. À ce jour, c’est le seul vélo de route qu’il a possédé; cette année il promet de le faire repeindre et monter en Athena. Chez Marinoni, bien entendu.

  6. Christian Nadeau

    Excellent texte M. Martel. Texte qui me rappelle de belles rencontres avec M. Ryffranck à Sherbrooke.
    Autrement, tout comme vous, je souffre du syndrome du sur-serrage. Et vous l’avez bien identifié: le torque wrench sauve des vis!

  7. Vincent C

    Je te rejoins sur tout ce que tu dis Laurent à part le point sur la minutie… je suis un peu cordonnier mal chaussé.

    Par contre, le « torque-bras » c’est moi aussi… comme de fois j’ai vu des gens respecter un torque et voir des tiges de selle baissées, des guidons tournés, des cocottes qui descendent. Combien de fois des mécanos m’ont invectivés d’être incompétant; faute grave de ne pas utilisé le torque-wrench! … M’enfin, moi mes guidons et mes tiges de selle ne glissent jamais…

  8. Sly

    Il est vrai que, comme le dirai une pub de Master Card :
    « une vis de dérailleurs Campy Super Record: x$, un service offert par des connaisseurs, ça n’a pas de prix ! Mais pour toutes les autres choses, il y a le site web de campagnolo …

    Tu aurais pu y trouver le no de pièce de la vis, le couple de serrage de la vis, un vidéo et bien plus encore … et ce 24H/jour, 7/7.

    http://www.campagnolo.com/jsp/fr/doc/doccatid_3.jsp

    Alors si vous n’avez accès qu’à un marchand ou le service n’est offert que par des « ados boutonneux », il y a toujours moyen de s’en sortir.

    P.S. À ces mécanos, amateur qui n’utilise pas de clés dynamométriques (particulièrement avec des cadres et des composants en carbone), l’investissement en vaut le coup. Nul besoin d’acheter du matériel spécifique au vélo (lire hors de prix), le matériel de chez Canadian Tire (série: Maximum, garantie à vie) fera très bien l’affaire

  9. Dan Simard

    Tu aurais pu en profiter pour lui acheter un casque 🙂

  10. Quelle belle plume, et oui nous sommes comme une famille ici chez Cycles Marinoni, chacun a une spécialité et mis ensemble nous arrivons à offrir quelque chose de plus en plus rare dans le domaine… Du service compétent, dans un monde ou l’argent prime, ici chez Cycles Marinoni le but est de trouver des solutions aux problèmes et aux questions des clients afin de rester un point de référence dans le monde du cyclisme…

    Le service avant tout, c’est ça créer la fidélité !

  11. schwartz patrick

    Les valeurs simples et belles, tout ce qui peut encore
    nous passionner et nous raccrocher sans arrières pensées à ce sport … Joli petit morceau de vie cycliste …

  12. Stéphane

    Toute personne qui respecte son vélo doit absolument posséder une clé dynamométrique (surtout un vélo monté Campagnolo) !

  13. Philippe

    Excellent !

  14. zboy

    J’ai déjà voulu acheter un Pluma en acier, couleur brun, juste pour faire différent de tous les bikes.

    J’ai eu le Pluma, mais Gold. ahah !!

  15. Andy Lamarre

    Lorsque je courais, j’étais propriétaires de plusieurs vélos MARINONI. Ça arrivait assez souvent que l’on brisait notre vélo lors d’une course soit un samedi ou dimanche. On amenait notre vélo le dimanche soir chez pépé et il nous le remettait en parfaite ordre, tout peinturé Le mardi soir
    C’est ça qu’on appelle du SERVICE.
    ___________

  16. Vincent C

    Ah les Ayatollah de la clé dynamométrique….

  17. MaxR

    On sent la passion dans l’article. Un plaisir à lire.
    Comme tout les autres articles, toujours la même qualité.
    Au plaisir de vous relire

  18. AlainB

    J’habite à Arvida, au Saguenay. Nous avons cette boutique vélo, Cycles Amadeus, dont Jean, le proprio-mechano, a fait ses classes pendant 10ans chez Marinoni. Ce garçon est imprégné du talent et de la classe de son mentor. J’ai trouve en lui la seule personne qui a toutes les compétences et la philosophie de prendre soin de mon Litespeed Ultimate monte campi chorus. Il tripe littéralement sur ma monture. C’est un vrai de vrai. Si tu passes par chez nous, sache qu’il y a donc le mechano qu’il faut, les routes du fjord superbes, ainsi qu’un partenaire de route (moi, mettons, mais des centaines d’autres excellents rouleurs aussi). Toujours un grand plaisir de te lire. AlainB.

  19. Mathieu Fagnan

    Salut La Flamme Rouge,

    Encore bravo par votre couverture du cyclisme: passionnée et rafraichissante.

    À ajouter absolument à votre coffre d’outil : du Loc-Tite bleu (ou autre marque équivalente).

    Certaines vis sur votre vélo DOIVENT être serrées pour faire le travail. On pense entre autre au vis de potence, tige de selle et selle. Ici, l’expérience et une main contrôlé ou une clé dynanométrique feront bien le travail. D’autres, comme vos fameuses vis de galets, ne demande qu’à être « accotées ». Leur seul présence (et non leur serrage) assure la tenue des composants (c’est la raison pour laquelle elles sont souvents en aluminium). Ici, un nettoyage des filets (mâles et femelles)à l’acétone et quelques gouttes de Loctite assurera leur bonne tenue avec un couple de serrage minime, donc aucune chance de « stiper » le file ou la tête de la vis.

    Bon été – en souhaitant suivre Veilleux sur le tour !

L’auteur de ce blog encourage tous les lecteurs à laisser un commentaire en réaction à l’article du jour, cela contribue à enrichir le propos. Vous pouvez contribuer à la qualité de ce site en utilisant un langage décent, poli et respectueux d’autrui, et en étant pertinent et concis envers le sujet traité. L’auteur peut modérer les commentaires, et se réserve le droit de censurer sans avertissement les commentaires considérés hors sujet, diffamatoires, irrespectueux d’autrui, portant atteinte à l’intégrité d’une personne ou encore haineux.

Répondre à AlainB Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.