La Flamme Rouge continue sur le même thème, la classique Montréal-Québec, et vous présente aujourd’hui une entrevue avec M. Gaston Langlois, vainqueur de cette épreuve en… 1951! Cette entrevue fait suite à celle du vainqueur 2004, Dominique Perras, lundi dernier. Place à l’histoire!
LFR – M. Langlois, combien y avait-il de participants en 1951 ? Qui étaient les favoris ?
GL – Nous étions 40 coureurs au départ et seulement 16 ont terminé lêépreuve dans les délais. Les favoris étaient Max Carter, Barney VanderValk, Art Johnston, André Latour, Paul-Émile Serres, Hugh Starrs, Jean-Louis Laforest et moi-même.
La semaine précédant la course, jêétais allé voir M. Baggio, mon entraîneur et propriétaire du magasin de vélo Baggio Cycles et Sports, en lui faisant part de mes inquiétudes concernant ma participation à cette épreuve. Jêestimais la distance trop longue et je ne pensais pas avoir les acquis dêentraînement suffisants pour y tirer mon épingle du jeu. Il faut dire quêen 1950, jêavais abandonné cette course et quêen 1949, à ma première année de cyclisme de compétition, jêavais terminé 6e et premier Québécois, les cinq premiers venant alors de lêextérieur de la province, soit Chicago et New York.
Utilisant son plus bel accent franco-italien, M. Baggio a su trouver les mots qui devaient me convaincre, quelques jours avant la course, dêy participer, anéantissant ainsi toutes mes appréhensions. Il me disait «Gastone, vient à Québec avec nous, tu prendras le départ et considère ça comme un entraînement, tu nêauras quêà suivre le peloton». La proposition ne me déplut pas car elle avait lêavantage de me soulager de la pression que jêavais tendance à mêauto-imposer. Ainsi réconforté, je me sentais totalement libre de participer à une des courses les plus en vues de lêépoque au Québec (et encore aujourdêhui).
LFR – La course comportait combien de kms à lêépoque, et quel était son parcours précis ?
GL – Mon frère suivait à lêépoque toutes mes courses et selon lui, il y avait cette année-là très exactement 165,8 miles à couvrir, soit 269,4 km. Nous suivions la route # 2 (aujourdêhui la route 138) jusquêà Montréal ou nous prenions la rue Sherbrooke jusquêau boulevard Pie-IX, endroit ou était jugée lêarrivée.
LFR – Le cyclisme était-il populaire à lêépoque ? Les gens se déplacaient-ils pour voir les coureurs ?
GL – Il suffit de regarder la photo de l’arrivée (voir ci-bas) pour réaliser que le cyclisme était alors assez populaire au Québec, contrairement à ce que les jeunes pensent aujourdêhui. Un peu plus tard, en 1963, les Six-Jours de Montréal ont également attiré dêimportantes foules.
LFR – Quel était votre vélo et les braquets utilisés ?
GL – Mon vélo était de marque Torpado. Mon plateau avant était 52/48 et jêavais, à lêarrière, 4 pignons de 14-16-18 et 20. Nous roulions tous sur des boyaux importés autant de France (Hutchinson) que dêItalie (Pirelli).
Aujourdêhui, le poids et les caractéristiques des vélos les rendent plus performants, mais la taille des pelotons joue également un rôle important dans la dynamique de course. Le nombre aidant, les vitesses moyennes gagnent en importance et les tactiques se raffinent. Lors de la dernière édition, vous étiez 200 coureurs au départ alors que dans les années 1950, la norme était de 75 à 85 coureurs. Malgré ces différences, le désir de compétition et de gagner étaient exactement les mêmes à mon époque quêaujourdêhui et je nêai nul doute que le goôt de la victoire nêest pas prêt de changer, Montréal-Québec (ou Québec-Montréal) étant un classique après tout !
LFR – Quelle était, à lêépoque, la stratégie pour gagner une telle course ? Les crevaisons étaient-elles nombreuses ?
GL – Il nêy avait pas de stratégie particulière. Les crevaisons étaient assurément plus nombreuses que de nos jours.
LFR – Comment sêalimentait-on sur de telles distances ? Y avait-il une caravane pour ravitailler les coureurs ?
GL – La veille, ma mère me préparait du poulet quêelle mettait dans des sacs de plastique que je devais par la suite mettre dans mes poches avant ou arrière de mon maillot ou dans ma musette. Pour ce qui est du liquide, la règle à cette époque était de boire le moins possible, alors je nêavais quêune bouteille sur mon vélo et une autre dans la musette. Notre entraîneur nous donnait notre musette aux endroits prévus pour les ravitaillements, soit Batiscan et St-Sulpice.
LFR – Comment avez-vous gagné ? Racontez-nous votre course.
Le départ était donné à 6h30 en face du Château Frontenac, à Québec. Je dois dire ici que nous étions debout depuis 4 heures puisquêaprès le réveil, M. Baggio nous amenait au restaurant de lêhôtel St-Louis (il avait demandé la veille au restaurateur dêouvrir tôt!) car nous devions manger un steak dêenviron un pouce dêépais et ce sans patates et sans pain car pour lui, cêétait ce quêil nous fallait pour pouvoir au moins terminer la course!
Dès la sortie de la ville, soit à St-Augustin, il y eut une échappée qui faillit être décisive. En effet, Jean-Louis Dubois de Cap de la Madeleine et Hugh Starrs du New-Jersey sêéchappèrent, tous deux étant de superbes rouleurs et de sérieux prétendants à la victoire.
La course était toutefois encore jeune et près de Batiscan, un groupe de quatre coureurs parvint à faire la jonction avec les deux coureurs échappés. Incapable de soutenir le rythme, Starrs dô alors se faire une raison. À mi-course (Trois-Rivières), cinq coureurs étaient donc toujours en tête. Sur le pont Duplessis (un pont temporaire, érigé en bois, qui avait été construit suite à la chute de ce dernier), il y eut une chute comprenant entre autre Jean-Louis Laforest (un des favoris), Ronald Goodchild, Trevor Allen et moi-même. Chute sans conséquence pour moi puisqu’il ne me fallut pas grand temps pour réintégrer le peloton. Mon équipier Jean-Louis devait cependant demeurer à terre pour le compte.
À Berthierville, il nêy avait plus que deux coureurs à lêavant, soit Tom Liptrot et Andrew McIntosh, tous deux de Brantford en Ontario. Le premier nommé devait être lâché un peu plus loin, incapable de soutenir le rythme. Rapidement, il ne restait donc plus quêune échappée solitaire. À lêarrière, le peloton chaissait, amené par lêaméricain Barney VanderValk et par le jeune André Latour, deux pointures à lêépoque. Pour ma part, je ne faisais que suivre le peloton sans mêengager plus avant.
Un peu avant dêarriver à St-Sulpice, Max Carter, un des favoris, accompagné dêArt Johnston (18 ans) se sauvèrent et rejoignirent ainsi Andrew McIntosh dont lêavance avait été réduite par une malencontreuse crevaison. À ce moment, je « flânais » en queue de peloton suivant le rythme mais sans entreprendre aucune action. Voyant que le peloton semblait sêêtre résigné à son sort et ne menait nullement la charge, je réalisais fort bien que si rien nêétait rapidement entreprit, cêétait perdu, nous en serions quitte pour lire les résultats dans le journal du lendemain. Le moment était donc venu de tenter un coup pendant que cela me semblait encore jouable. Après tout, il ne restait quêune trentaine de miles à parcourir…
Je sorti donc seul du peloton et pris en charge de remonter lêéchappée. Un peu plus loin, je rejoignis Johnston, McIntosh et Carter. Ces derniers, payant leurs efforts, ne purent soutenir le rythme et durent se résigner nous laisser aller. À environ 40 km de lêarrivée, il ne me restait donc plus quêun adversaire, Johnston, pour me disputer la victoire.
Tous les coureurs vous le diront, les derniers kilomètres dêune épreuve aussi longue sont souvent plus psychologiques que physiques. À la flamme rouge annonçant le dernier kilomètre, ma tactique était de laisser mener Johnston, puis de fournir mon effort aux 250 mètres. Après un sprint ou jêai tout donné, je mêimposais au plus grand désarroi dêArt qui ne disposait pas des ressources nécessaires pour me contrer.
LFR – Quels étaient les prix pour le vainqueur ?
GL – En récompense de cette victoire, jêai reçu le trophée La Presse, le trophée Robil, une bicyclette de course Automoto et 115 dollars en marchandise. À cette époque, on ne rigolait pas avec le statut dêamateur et afin de préserver ce rang, on nous donnait $115.00 cash tout en prétendant quêil sêagissait de marchandises.
La Flamme Rouge remercie M. Langlois d’avoir accepté de partager avec nous ce morceau de l’histoire du cyclisme québécois et lui adresse ses sincères félicitations, 53 ans plus tard, pour cette belle victoire!
Raphael Watbled
Merci à La Flamme Rouge et à M. Langlois pour ce précieux témoignage!
Raphael Watbled
Merci à La Flamme Rouge et à M. Langlois pour ce précieux témoignage!
Raphael Watbled
Merci à La Flamme Rouge et à M. Langlois pour ce précieux témoignage!
Raoul
En 51!!!
J’en reviens pas qu’il se souvienne d’autant de détails, de nom, etc. Ca fait plus de 50 ans!
En tout cas, très intéressant, ce coté historique (et amateur en plus!)
Raoul
En 51!!!
J’en reviens pas qu’il se souvienne d’autant de détails, de nom, etc. Ca fait plus de 50 ans!
En tout cas, très intéressant, ce coté historique (et amateur en plus!)
Raoul
En 51!!!
J’en reviens pas qu’il se souvienne d’autant de détails, de nom, etc. Ca fait plus de 50 ans!
En tout cas, très intéressant, ce coté historique (et amateur en plus!)
Le Bleuet
Merci Laurent,
Un petit bijoux d’entrevue.
Le Bleuet
Le Bleuet
Merci Laurent,
Un petit bijoux d’entrevue.
Le Bleuet
Le Bleuet
Merci Laurent,
Un petit bijoux d’entrevue.
Le Bleuet
Fiston
Merci pour ce bel article son mon pere.
Tel que mentionné, son frere suivait toutes ses courses. Il en gardait un agenda avec tous les détails au cas ou, 50 ans plus tard, quelqu’un mettrait en doute la mémoire de mon pere… ;o)
Salutations
Fiston
Fiston
Merci pour ce bel article son mon pere.
Tel que mentionné, son frere suivait toutes ses courses. Il en gardait un agenda avec tous les détails au cas ou, 50 ans plus tard, quelqu’un mettrait en doute la mémoire de mon pere… ;o)
Salutations
Fiston
Fiston
Merci pour ce bel article son mon pere.
Tel que mentionné, son frere suivait toutes ses courses. Il en gardait un agenda avec tous les détails au cas ou, 50 ans plus tard, quelqu’un mettrait en doute la mémoire de mon pere… ;o)
Salutations
Fiston
Andy
J’ai couru contre Gaston comme coureur vétérant, une chose que je peux dire de cet homme, il ne fallait pas lui laisser gagner 10 mètres sur le peleton, car Gaston aimait pousser la grosse mecanique 53 X 13 et par la suite on le perdait de vue. Même comme coureur vétéran, Gaston était tout un coureur. Lui et Georges Helahouet qui ont été de très grand ami on aussi été de grand coureur cycliste. Gaston et Georges m’ont beaucoup aidé comme coureur vétéran et nous avons fait de très beau voyage de compétition vétéran de vélo ensemble, comme Mexico, Venézuela, Autriche (championnat du Monde vétéran) et France (Tour du Var). Gaston je t’envois mes meilleurs salutations.
Andy Lamarre
Andy
J’ai couru contre Gaston comme coureur vétérant, une chose que je peux dire de cet homme, il ne fallait pas lui laisser gagner 10 mètres sur le peleton, car Gaston aimait pousser la grosse mecanique 53 X 13 et par la suite on le perdait de vue. Même comme coureur vétéran, Gaston était tout un coureur. Lui et Georges Helahouet qui ont été de très grand ami on aussi été de grand coureur cycliste. Gaston et Georges m’ont beaucoup aidé comme coureur vétéran et nous avons fait de très beau voyage de compétition vétéran de vélo ensemble, comme Mexico, Venézuela, Autriche (championnat du Monde vétéran) et France (Tour du Var). Gaston je t’envois mes meilleurs salutations.
Andy Lamarre
Andy
J’ai couru contre Gaston comme coureur vétérant, une chose que je peux dire de cet homme, il ne fallait pas lui laisser gagner 10 mètres sur le peleton, car Gaston aimait pousser la grosse mecanique 53 X 13 et par la suite on le perdait de vue. Même comme coureur vétéran, Gaston était tout un coureur. Lui et Georges Helahouet qui ont été de très grand ami on aussi été de grand coureur cycliste. Gaston et Georges m’ont beaucoup aidé comme coureur vétéran et nous avons fait de très beau voyage de compétition vétéran de vélo ensemble, comme Mexico, Venézuela, Autriche (championnat du Monde vétéran) et France (Tour du Var). Gaston je t’envois mes meilleurs salutations.
Andy Lamarre