On vous le disait en introduction plus tôt cette semaine, le parcours du Tour cette année nous apparaît bien fade : beaucoup d’étapes de plaine dans les 10 premiers jours, des Pyrénées escamotées puisque se résumant à deux étapes de course de côte, puis un dernier 5 jours plus intéressants, bien que ne comportant qu’une seule réelle étape de montagne, sur la route du Grand Bornand.

Voici les étapes à surveiller :

– prologue : toujours intéressant pour mesurer la condition de chacun, sachant que le vainqueur du Tour se retrouve généralement parmi les… 18 premiers du prologue. Récemment, seul Pantani en 1998 s’était retrouvé, au soir de cette étape particulière, dans les profondeurs du classement. Le prologue est en tout cas l’occasion de bien débuter le Tour, et de marquer un ascendant psychologique important sur les adversaires. McGee est probablement l’homme à batttre, avec les dragsters de chez Gerolsteiner à surveiller.

– Étapes 1 et 2 : ca arrivera au sprint. Misez Petacchi.

– étape 3 : on y retrouve le Mur de Grammont, cher au Tour des Flandres. Mais situé à… 149 kms de l’arrivée, il n’aura aucun impact sur la course. Autre particularité de cette étape, deux secteurs pavés aux kms 146 et 185 que les leaders devront passer non loin de la tête du peloton. Deux moments stressants donc pour eux, mais on peut penser qu’en cas de crevaison, les coureurs attardés pourront rentrer sur les 25 derniers kms avant l’arrivée, à condition de pouvoir avoir de l’aide de leurs équipiers. C’est davantage la chute qui sera redoutée par les favoris, avec le souvenir du passage du Gois en 1999 comme hantise. L’étape arrivera au sprint. Misez Cooke ou McEwen voire Zabel, des coureurs qui ne se feront pas piéger.

– étape 4 : clm par équipe. Misez US Postal, T-Mobile, CSC ou encore Phonak. Avec la nouvelle règle voulant qu’aucune équipe ne puisse perdre plus de 2 minutes 30 secondes, l’étape aura peu d’impact au général.

– étapes 5 et 6 : au sprint. Misez Petacchi ou Cooke. C’est également là que Cipollini et McEwen auront leur chance.

– étapes 7 et 8 : un final un peu plus accidenté pourrait permettre à des baroudeurs de moucher le peloton, bien que si les équipes de sprinters ont mis en route, ce sera difficile encore d’éviter le sprint. Zabel, qui passe bien les bosses, pourrait être avantagé, tout comme Cooke.

– étape 9 : au sprint. Misez Petacchi.

– étapes 10 et 11 : les dirigeants du Tour en font tout un foin, soulignant que les routes du Massif Central sont propices aux échappées et qu’elles sont usantes pour les jambes, à preuve l’épisode du Tour 1995 avec un Jalabert qui avait malmené toute la journée un Indurain et ses Banesto incapables de boucher le trou. L’époque a toutefois changé, les conditions physiques sont plus homogènes et si les arrivées se disputeront en petits comités, il est difficile de prévoir un réel impact sur le classement général. Surtout pas la veille d’aborder les Pyrénées… Des baroudeurs sans ambition pour le général et qui veulent se faire voir, surtout ceux des équipes françaises (on sera le 14 et 15 juillet…), seront à l’attaque.

– étapes 12 et 13 : de la poudre aux yeux ! Ces deux étapes se résument à une course de côte dans les derniers kms, surtout celle se terminant à La Mongie. Le Tourmalet sur cette portion est roulant (Virenque le passait, sur ses beaux jours, sur la plaque), et les écarts se feront uniquement sur les plus faibles. Un seul espoir, c’est que le col d’Aspin inspire un grimpeur ou un favori à partir de loin… Quant à la route vers le Plateau de Beille, les cols franchis plus tôt dans l’étape sont trop roulants pour faire de réels écarts, surtout lorsque les équipiers des équipes T-Mobile, US Postal ou Phonak feront le tempo devant. Ca se jouera donc une fois de plus dans la dernière montée, une montée qui favorise les coureurs puissants. À notre avis, il est certain que certains coureurs perdront le Tour dans les Pyrénées, mais aucun des grands favoris (Mayo, Armstrong, Ullrich, Hamilton) ne le gagnera sur ces étapes. Tout restera à faire au sortir de ce massif montagneux. Quoi qu’il en soit, surveillez les espagnols de chez Euskatel-Euskadi qui joueront sur leurs terres…

– étape 14 : au sprint. Petacchi, s’il est encore là, mais surtout Cooke ou McEwen, voire Zabel.

– étape 15 : en petit comité, un groupe de coureurs complets loin au général se joueront la gagne entre eux, les favoris récupérant en vue de l’étape du lendemain.

– étape 16 : l’Alpe d’Huez clm. Pour le spectacle, ce sera grandiose. Le classement général s’y dessinera plus précisement, même si on imagine mal le vainqueur l’emporter avec plus d’une minute d’avance. La majorité du temps, le maillot jaune à l’Alpe d’Huez remporte le Tour. Cette année, il pourrait bien en être autrement si un pur grimpeur s’y impose et que les rouleurs comme Ullrich y limitent la casse.

– étape 17 : une belle et vraie étape de montagne, même si on regrettera que le toit du Tour, le col de la Madeleine, soit franchi au km 79 sur 205. Le col de la Forclaz, au km 158, est redoutable par les pourcentages qu’on y rencontre et pourrait faire des dégâts, surtout compte tenu de la fatigue de la veille, des 3 semaines de course, de la distance et des deux grands cols du début de l’étape. Cette étape sera donc l’occasion rêvée de tenter quelque chose pour les 2e et 3e du général, afin d’éprouver le maillot jaune. Il est également à prévoir que des baroudeurs loin au général se lancent à l’assault de la montagne pour la victoire d’étape. Misez Virenque, ou Dufaux, ou Simoni, ou un espagnol.

– étape 18 : les petits cols de l’étape (Faucille par exemple) sont trop loin de l’arrivée pour causer un réel problème. Une arrivée en petit comité est à prévoir, voire même une arrivée au sprint.

– étape 19 : la dernière chance pour les rouleurs de se refaire. On ne serait pas surpris que le Tour se joue là, un rouleur comme Ullrich voulant refaire la poignée de secondes concédées sur les grimpeurs comme Mayo dans l’Alpe d’Huez…

– étape 20 : au sprint, comme d’hab !

Bref, l’intérêt de ce Tour se situe dans les 5 derniers jours et il n’est pas impossible qu’un grimpeur en jaune à l’Alpe d’Huez se retrouve dans l’obligation de passer à l’attaque le lendemain pour prendre un maximum de temps aux rouleurs en vue du dernier clm, un peu à la Delgado en 1987. Ce serait vraissemblablement le scénario idéal pour maintenir le suspense jusqu’à la toute fin.

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