Tous les jours, la passion du cyclisme

Julien Gagné, à l’aventure comme D’Artagnan!

Il arbore la moustache, comme les mousquetaires du temps de Louis XIV.

L’oeil romantique, la tignasse au vent, sans complexe aucun et dans une certaine désinvolture que lui donne assurément l’assurance d’un talent cycliste confirmé, il part à l’aventure comme D’Artagnan le faisait en son époque.

Et l’aventure pour Julien, ca veut dire 100 bornes d’échappée solo – là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir! – pour aller gagner avec presque trois minutes d’avance sur son dauphin un certain… Nikki Terpstra la récente course de gravel bike Locos à Hico au Texas.

Et sur la même course, deux autres mousquetaires de sa patrie terminent respectivement 3e et 8e, soit Adam Roberge et Alexis Cartier.

Une compagnie autoproclamée « la Poutine Mafia »!

Bref, plus motivé que jamais, Julien Gagné poursuit ses rêves, roule toujours et gagne! On fait le point avec lui, à quelques jours du Unbound Gravel Race, peut-être la plus prestigieuse course de gravel aux États-Unis et qui verra à son départ outre les habitués, des certains Daniel Oss, Nicholas Roche, Greg Van Avermaet et même le champion du monde en titre, Matej Mohoric, qui y sera en pensant à sa prochaine participation au… Tour de France.

La Flamme Rouge: Julien, ta première grande victoire sur une course de gravel au Texas!

Julien Gagné: Oui, content, une belle étape de franchie! Ca prouve qu’en gravel je peux tirer mon épingle du jeu parmi les meilleurs du moment, et je m’impose en solitaire après une échappée qui a duré 100 kilomètres. Un peu ma signature!

LFR: Avant la Locos, tu as également eu d’excellents résultats, très constants.

Julien: J’ai une bonne saison oui. Ma première course a été au Texas, la Valley of Tears, ou je termine 6e après une chute durant la course. Un peu plus tard, sur la Mid-South en Oklahoma, je suis mal positionné à l’entrée d’un single tract, et je ne peux faire mieux qu’une 9e place. L’expérience de gravel qui rentre! Enfin, j’ai terminé 4e à la Belgium Waffle Ride en Utah, sur cette course j’avais de très bonnes jambes mais il m’a manqué un peu de confiance pour partir de loin en solo.

LFR: Tu as aussi pris le départ de la fameuse Rasputitsa.

Julien: Quelle journée! Je casse ma chaine dès le départ des élites à 8h. On m’en remet une, mais trop courte et je ne peux pas passer les vitesses les plus faciles. Je prends le second départ à 8h30, je vise faire un bon entrainement, je me retrouve rapidement solo et comme ca, je réalise le 3e meilleur temps de la journée! Dommage que je n’étais pas dans le peloton des élites mais bien tout seul devant le 2e peloton du jour.

LFR: Quels sont tes prochains objectifs?

Julien: Certainement la première édition de la Bromont Gravelooza, prévue le 8 juin prochain, un parcours de 140 kilomètres en Estrie, ma région. La course est notamment organisée par le Centre National de Cyclisme de Bromont, alors c’est l’fun de voir le vélo gravel se développer au Québec. Ensuite ce sera les Canadiens à Calgary mi-juin, puis la Belgium Waffle Ride en Caroline du Nord les 21 et 22 juin.

LFR: Des chances de te voir en Outaouais lors de la Big Red à Greenville-sur-la-Rouge?

Julien: À voir Laurent, je n’ai jamais fait cet événement, mais on m’en a parlé en bien.

LFR: Et la Unbound en fin de semaine prochaine?

Julien: Ca n’a pas fonctionné cette année, vraiment dommage car je suis en bonne condition en ce moment. Je me suis pris un peu tard, c’est aussi un budget mais c’est définitivement une course qui est à mon programme l’an prochain, un beau 320 kilomètres, le genre de truc que j’aime beaucoup et sur lequel je peux bien faire.

LFR: Tu t’es converti au gravel bike après une carrière en cyclisme sur route.

Julien: Oui, pour moi désormais c’est du gravel bike à temps plein, et je trouve ca plus l’fun, en gravel tu es dans la nature, dans des prairies, je préfère ca désormais à me faire frôler par des voitures pendant 250 kilomètres à l’entrainement.

LFR: En course, c’est très différent de la route?

Julien: En gravel, c’est plus honnête dans le sens que ca se joue vraiment à la pédale, tu peux vraiment exprimer le moteur que tu as. Le gravel, c’est souvent plus diesel que la route. Autre point, tu ne peux pas vraiment te cacher comme sur la route, et puis il y a moins de stratégie en gravel. Enfin, je trouve ca généralement plus ludique, tu as plus de pilotage à gérer, le temps passe vite même si les vitesses moyennes sont généralement moins élevées que sur la route.

LFR: Tu roules avec une équipe cette saison?

Julien: J’ai la chance de pouvoir compter sur la boutique Qui Roule à Sherbrooke, notamment leurs vélos Trek. Et puis, d’autres partenaires de la région de Sherbrooke m’aident également, comme la microbrasserie Siboire et la compagnie Fino, qui aide les compagnies à mieux servir leurs clients.

LFR: Tes partenaires s’appellent aussi Adam Roberge et Alexis Cartier…

Julien: Oui, on n’est pas vraiment dans la même équipe mais on voyage ensemble le plus souvent possible, on s’aide, on partage la logistique lorsque nous sommes sur des courses à l’étranger, ca aide beaucoup. Et puis, ca divise aussi la facture!

LFR: Un pour tous et tous pour un…

Julien: C’est exactement ca!!!

LFR: Ce passage au gravel a entrainé un changement dans ton entrainement?

Julien: Disons que j’évolue. Aujourd’hui, je fais moins de très haute intensité comme de l’anaérobie, que je réserve en course seulement. Je fais davantage de zone 1 et de zone 2, ainsi que pas mal de volume. Ca été spécial la semaine dernière, 41h de vélo! (le Strava de Julien est ici).

LFR: De la musculation?

Julien: J’aimerais en intégrer davantage, l’an prochain j’espère pour bien faire cette transition. Je fais cependant du core, du gainage.

LFR: Et tu avais préparé ta saison comment?

Julien: Juste du home-trainer cet hiver Laurent, souvent deux séances par jour, matin et soir avec Zwift. Un peu de fat bike dans le Mont Bellevue à Sherbrooke aussi, pour prendre l’air. Je n’ai pas fait de camp d’entrainement, la saison de gravel commençait tôt.

LFR: Tu as modifié ta position sur le vélo pour passer au gravel?

Julien: Peu d’ajustement en fait. Je roule sur un vélo un peu plus grand, et j’ai adopté une position un peu plus moderne disons, guidon assez étroit et position peut-être un peu plus avancée. La prochaine étape est de réviser la longueur des manivelles, la tendance est d’aller actuellement vers du plus court, comme sur la route.

LFR: Ce sont des gros budgets maintenant le vélo…

Julien: À qui le dis-tu! Mais je veux continuer de mettre l’emphase sur le gravel en 2024 et plus encore en 2025, car je crois pouvoir y faire de très belles choses. Il faut trouver les moyens de poursuivre, de performer encore mieux sur les grands événements du calendrier, car le moteur est là et ne demande que ca. Comme souvent, les moyens financiers sont cruciaux!

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  1. marius

    Je ne sais pas si le Gravel pourra se développer aussi bien que les épreuves sur route en Europe. Il n’y a pas beaucoup de chemins « blancs », larges. Il n’y a qu’à regarder dans quels pays se courent les rallyes sur terre.
    Italie, Portugal, Finlande, Suède, Grèce, GB.
    En France, on trouve des pistes dans le sud de la France. En Belgique et Pays-Bas, c’est moins évident.
    Par chez-moi, un VTT est nécessaire.
    J’ai connu l’ancêtre du vélo de Gravel : le Mountain Bike tout rigide et freins cantilever. On s’arrêtait dans les descentes pour faire reposer les avant-bras.
    Il m’est arrivé avec mon vélo de route d’emprunter des petits chemins carrossables. Ça passe 😅.

  2. Jean Michel

    Merci pour ce post, c’est rafraîchissant, ça change de ce cirque route-pros…une sorte de retour aux origines, sans l exagération médiatique… un rêve impossible : si le cyclisme pouvait revenir loin en arrière….

  3. MoC

    @marius, j’ai également connu le mountain bike à ses débuts dans les années 90 et à l’époque le gamin de 15 ans que j’étais s’entrainait avec son Gitane tout rigide dans les forêts du sud ouest parisien. Un beau jour j’aperçois au loin 2 types très affutés et flanqués du maillot Castorama emprunter mes singletrack préférés avec un vélo…. de route !! Comment est ce possible me dis je !? Du coup je me lance à leur poursuite comme un dératé pour tenter d’étudier la chose d’un peu plus près…. mais en vain bien sûr ! Finalement je finis par arriver à leur hauteur à la faveur d’un arrêt pipi de ces messieurs. Et comme ils ne connaissaient pas le coin ils m’ont interpellé pour me demander quelques indications.
    Parmi ces 2 messieurs il y avait Christophe Lavainne , cohéquipier de Laurent Fignon et double champion de France de cyclo-cross 89/90.
    Du coup j’en profite pour assouvir ma curiosité et leur demander comment est-il possible d’aller aussi vite sur les chemins avec autant d’aisance technique avec un vélo de ce type, qui en réalité était un cyclo-cross. Je me souviens que Christophe Lavainne a rigolé et m’a répondu qu’ils n’ont pas attendu qu’un californien lance un nouveau concept pour aller se faire plaisir dans les forêts et chemins.
    Le gravel est pour nous vététistes des années 90, ce que le MTB était au cyclocrossmen de l’époque 😁

  4. marius

    Ces 2 messieurs faisaient du 29 pouces (pas tout à fait) avant l’heure. Un vélo de cyclo-cross ou Gravel, a le même type de roue (700 C) qu’un VTT 29 pouces. La seul différence, c’est que le VTT 29 pouces a des pneus gros ballons (quasi 60mm de largeur/hauteur).
    Et dire que les « inventeurs » du Mountain Bike ont choisi le 26 pouces, car il n’y avait que cette gamme de vélo pour enfants qui disposaient de pneus larges et cramponnés.
    Un peu comme l’histoire de largeur des voies de chemin de fer / versus popotin du cheval 😅.

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