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GP de Montréal: l’analyse et le bilan général

Bis repetita à Montréal: le scénario fut le même qu’à Québec. Une échappée "matinale", 4 coureurs devant, le peloton qui contrôle derrière, puis un final intense et nerveux.

Sauf que le parcours, nettement plus sélectif à Montréal, a enlevé une bonne partie du suspense qui prévalait à Québec. À Québec, la victoire a souri au plus audacieux, à celui qui allait oser. Et au Québec, on aime ceux qui osent ! À Montréal, la victoire est allée au plus fort et on savait dès le départ que peu de coureurs pouvaient vraiment prétendre au titre: Hesjedal, Sagan, Cunego, Sanchez, Boasson Hagen et… Gesink.

Ce suspense est, pour moi, le "je ne sais quoi exactement" qu’il y avait en plus à Québec et dont parle aujourd’hui le journaliste Pierre Foglia.

Quoi qu’il en soit, Gesink a fait un grand numéro hier sur le Mont Royal en assumant ses responsabilités et en allant littéralement "à la gagne". Il a osé attaquer dans la montée finale de Camilien Houde et a réussi à tenir seul devant sur le reste du circuit, résistant au retour du peloton. Il a probablement manqué un ou deux équipiers à Sagan pour aller chercher Gesink, mais Daniel Oss avait déjà donné un tour plus tôt en se glissant dans le contre avec Machado et Horner.

Ce fut peut-être l’erreur des Liquigas: Oss et Sagan ont chacun joué leur carte personnelle, ils auraient peut-être dû en sacrifier un pour que l’autre gagne!

Hesjedal a bien couru, mais pour moi il a commis une erreur en attaquant dans la 14e ascension. C’était trop tôt et son attaque n’a pas fait trop de dégâts, il restait encore beaucoup de coureurs frais dans le peloton. Il aurait dû attendre que d’autres se dévoilent, surtout qu’il avait encore Tuft son équipier à ses côtés. S’il avait attendu, il aurait peut-être eu l’énergie pour rester avec Gesink dans la dernière ascension.

Pour se faire plaisir, le vidéo du dernier tour, où l’intensité de l’effort de Gesink est époustouflante.

Ceux qui ont impressionné hier: Gesink, sans l’ombre d’un doute. J’étais à 200m du sommet de Camilien Houde et j’ai été soufflé de voir l’intensité de l’effort de Gesink dans cette dernière ascension. Le rictus sur son visage était impressionnant, sa gueule grande ouverte ; il donnait l’impression d’être sur le point d’exploser à tout moment… et il a tenu 10 bornes! Allucinant. Je dois absolument essayer plus fort dans mes prochaines courses !!!

Les autres coureurs impressionnants hier ont été les Canadiens. Hesjedal et Tuft ont répondu aux attentes mais d’autres les ont dépassé, notamment François Parisien, David Boily, Will Routley et Guillaume Boivin. L’effort offert par David Boily et Guillaume Boivin pour tenter de rester avec les meilleurs dans Camilien Houde était tout simplement phénoménal. Les gars se sont dépouillés, comme pour dire à la face du monde qu’il aura fallu qu’on leur arrache mètre par mètre la distance qui les a séparé du vainqueur hier. Là encore, je dois absolument essayer plus fort dans mes prochaines courses !!! 

Les moins impressionnants: Cunego, qu’on n’a pas vu de la course. Sanchez a encore une fois failli à la tâche, certes faisant l’effort derrière Gesink dans la dernière ascension, mais baissant rapidement les bras juste après. Enfin, Basso. A-t-il simplement pris le départ ?! Moi, je ne l’ai pas vu !

La foule: contrairement à Pierre Foglia, qui ne voit "pas tant de monde que ca" hier, j’ai personnellement trouvé que la foule était au rendez-vous dans Camilien Houde, comme aux beaux jours du GP des Amériques en 1988 (Bauer venait de faire 4e du Tour) ou 1989 (LeMond venait de gagner le Tour par 8sec devant Fignon). Bref, bilan positif pour les organisateurs.

La météo: ca a tenu hier sur Camilien Houde, pas de pluie ! La météo était donc assez bonne, pas trop chaud. Le petit hic sera venu du vent, qui soufflait de face sur le haut de la montée du Mont Royal et qui a certainement contribué à durcir un peu plus la course.

Le bilan

De toute évidence, la course à Montréal était nettement plus sélective que celle de Québec. C’est très bien ainsi, ca permet à différents coureurs de s’exprimer lors de leur séjour au Québec. Les organisateurs peuvent être satisfaits de leurs deux épreuves, le succès populaire a également été au rendez-vous. Même si on notait plusieurs absents de marque, la foule a répondu présent et c’est très bien. À quelques jours des Mondiaux, les dates retenues pour les deux épreuves sont bien, car elles constituent une excellente préparation pour ceux ne participant pas au Tour d’Espagne. Le retour du parcours "traditionnel" à Montréal est également très bien car mythique. 

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Le cycliste et le moine

18 Commentaires

  1. Etienne

    Quand j’ai vu tout le monde dans C-Houde à la télé, j’ai décidé d’aller sur la cote de la Poly.. Prêt du sommet il n’y avait presque personne, les coureurs passait a moins d’un mètre.. spectaculaire.. Je pensais pouvoir en reconnaitre plusieurs, mais ca allais très-trop vite… dans le 10%!.. J’ai eu le temps de voir (et d’encourager) Horner, Voigt, Hesjedal.
    Popovych lui en queue de peloton, a la balade, ne faisait pas sérieux du tout..

    A l’an prochain!

  2. gino

    Plusieurs aptitudes sont nécessaires pour un être un athlète de haut niveau – bien sur il faut avoir eu des parents généreux, génétiquement parlant. Gesink a démontré hier une autre ‘aptitude’ importante soit celle d’avoir la capacité de souffrir beaucoup et longtemps. Il semble que tous n’est pas la même tolérance a la douleur – j’avais mal pour lui bien ancré dans mon divan! Si sa douleur était proportionnelle a ses grimaces, je ne pense pas m’être pousser autant que ça dans une course – c’est peut-etre pour ça que je ne gagne pas 🙂

  3. Vincent

    Basso est DNS Laurent… je crois qu’il s’est même pas levé de son lit dimanche matin!

  4. Mart,

    J’ai bien aimé ma journée d’hier sur le Mont-Royal en compagnie d’amateur de cyclisme. Très comptent de voir qu’il n’y a pas juste des amateur de hockey au Québec.

  5. max

    Moi aussi j’ai préféré Québec. Le parcours est plus technique et le cadre est plus joli. A Montréal, les longues lignes droites bien larges favorisaient pas forcément les attaques. Quoi qu’il en soit, ce fut de belles courses avec de beaux vainqueurs. Et puis les commentaires en québecois ajoutaient un peu de couleur locale 😀

  6. Dan Simard

    Belle préparation pour les mondiaux qui approchent vite. Le calibre y sera nettement supérieur et plusieurs devront baver pour espérer terminer devant et arrêter de regarder derrière dans le dernier tour!

    Voici vidéo du dernier tour du GP-Montréal

  7. Cyclick

    J’étais de la partie dimanche au GP de Montreal, en tant que spectateur. En général, un beau spectacle, j’étais aussi sur Camilien Houde près de la tente bleue de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes (FQSC). En fait, j’y étais pour les 4 premiers tours, et par la suite, contrairement à la foule qui continuait à monter vers le haut, j’ai décidé de descendre tranquillement, ce qui fait que j’ai toujours bien vu les coureurs sur Camilien Houde, à différents lieux sur cette montée.

    Quelqu’un a des statistiques sur la moyenne horaire des coureurs hier dans cette montée. C’était impressionant vraiment…

    Je ne sais pas si Hesjedal et Cunego ont compris les encouragements que je leur ai lancé !?!? 😉

    Anyway, au pied de la montagne il y avait Vallet, Garneau et Bertrand qu’on entendait bien, le son était bon.

    Et belle victoire de Gesink. J’étais sûr qu’il allait exploser (littéralement), mais non il a tenu le coup, bref un beau spectacle.

    Vivement l’an prochain!

  8. Saucony

    Un bien bel événement, une belle course. En fait un incontournable pour les quatre prochaines années!

    Étais-je le seul à confondre les « Rabobank » avec les « Garmin Transition »… Héhé!!!

  9. Marmotte

    Quelles belles courses. J’ai assisté aux deux, et les deux finales ont été fantastiques. À Québec, la foule était fébrile, et la course était nerveuse. Personne ne savait ce qui allait arriver. Qui plus est, c’est un peu plus « spécial » pour Québec que pour Montréal de recevoir un événement international. Je crois que le sentiment de fierté et d’admiration était plus grand chez les spectateurs à Québec. On ne peut pas en vouloir aux Montréalais, car le vélo y a pas mal plus de compétition côté événements de grande envergure.

    À Québec, donc, course plus nerveuse, peut-être plus excitante. À Montréal, course plus dure, certainement plus impressionnante. Comme j’ai expliqué à des amis néophytes en la matière, vous auriez assisté à 100 courses, il y en aurait peut-être eu 5-10 maximum avec une finale aussi mémorable. Wow.

    Ce qui m’amène à lancer un défi à tous les lecteurs. L’an prochain, que vous prévoyez assister aux courses de Qc ou Mtl, amenez 2 ou 3 amis/membres de la famille/conjoint(e)/collègues de travail néophytes en la matière avec vous, notamment pour voir les 4-5 derniers tours, et expliquez leur ce qui se passe, en temps réel. Ou alors, si vous regardez la course à la télé, faites pareil. C’est ainsi qu’on développe la compréhension et l’intérêt de la population pour le sport. J’ai pour ma part fait cela hier, et je suis revenu dans mon patelin avec deux nouveaux amateurs de cyclisme, qui se sont empressés d’aller lire les journaux/nouvelles web pour tout savoir des commentaires des coureurs, des retombées des courses, etc.

    Bravo encore à l’organisation. Je promet de faire de mon mieux pour contribuer au succès des deux GP en les faisant connaître à mon entourage.

  10. Hugo

    La dernière montée de Gesink +- 3 min 40 sec, c’est hallucinant, un bon courreur local bien rechauffé qui s’arrache fait 4:30 mais pas avec 180 bornes dans les pattes :0

    Le frisson m’a traversé le corps dans les premiers tours au moment ou le peloton me roulait presque sur les pieds sur CH, incroyable, déjà hâte a 2011…

  11. michel legendre

    J’ai bien aimé l’évenement dans son ensemble.
    Le parcours est assez sélectif en effet et la montée de Camilien Houde par ces gars est plutot captivant à voir… quand les gars dans le peloton n’en sont pas a causer entre eux. J’ai rien contre ça. Ca enleve juste un peu au spectacle.
    Le dernier KM 1/2 tres bien « dessiné » avec ce tres faux plat ascendant de 800m a partir de l’épingle jusqu’à l’arrivée
    Gesink dans le dernier tour…je crois qu’on va s’en souvenir longtemps.
    Fier de Hesjedal mais tout de même, il regarde beaucoup en arrière non.

    Salut

    Mleg

  12. zboy

    Hesjedal a regardé en arrière dans les 2 finales pcq c’est lui qui a décidé de rouler alors que les autres ne voulaient pas embarquer. Il devait être frustré au max, alors pour ne pas se faire reprendre du peloton de tête il roule et se fait avoir (surtout à Québec on s’entend). C’est sûrement de cela qu’il parlait en entrevue après en disant « que ça lui servirait pour le reste de sa carrière »…être le king du jour et avoir à le gérer, pas l’habitude on dirait. C’est plate il méritait une victoire à Québec et une deuxième à MTL, mais c’est aussi ça le vélo, ce n’est pas toujours le plat du jour qui gagne !!!

  13. garolou

    Hesjedal peut dire un gros merci a Boasson Hagen qui a perdu pied dans le virage à épingle juste avant l’arrivée, il est fort à parier qu’il aurait terminé au pied du podium. Le vélo quel sport quand meme…

  14. Merci pour l’extrait vidéo, le son était décalé sur la fin. ça fait drôle d’entendre Jaja avec des québecois.

  15. bécyk

    3:40 !!! est ce que quelqu’un peut confirmer ce temps de monter SVP ?

  16. G.Lambert

    rajoute un 10 sec pour la montée.(3m50s)
    on calcule de l’embranchement de Camilien-Houde jusqu’au sommet (1,7km – 7,1% moy)

    Jean-Cyril Robin avait fait 4m10s lors du Tour TransCanada en 1999

    Geneviève Jeanson mettait 4min jusqu’à la fin du belvedère en entraînement.

  17. Cyclick

    Citation de l’article de Foglia dans La Presse du 13 septembre:

    « Le premier des favoris à bouger a été Hesjedal. Une attaque pas très incisive. Gesink et Leipheimer ont pris sa roue facilement. C’était pas non plus le bon moment. Il est vrai que Hesjedal n’a pas tellement le choix. Comme il avance comme un lave-vaisselle au sprint, il faut qu’il brasse la cage avant, qu’il mette les autres dans le rouge et idéalement qu’il arrive seul. Il n’avait pas le tranchant pour le faire hier. »

    Mouhahahahaha —> Comme il avance comme un lave-vaisselle au sprint !!!

    Sérieusement, j’adore quand Foglia utilise ce genre d’expression ! Une belle image… 🙂

  18. le yo

    Etienne, Popo a tiré presque tout le long à Québec pour le Shack. Chaque joueurs a son travail à faire et je peux constater que chacun fait selon le message dans les oreillettes. Crois moi que Popo est un domestique qui ne failli pas aux ordres, si tu l’as vu à l’arrière c’est parce que sa journée était finie, c’est aussi simple que ca… c’est pas sérieux des analyses comme ca. Moi j’ai vu Voeckler se pogné le cul à Québec pendant 13 tours… Chacun son travail. Popo tire comme un diesel, quand c’est faite, il ramasse son chèque. Tout comme Sven qui s’est placé et qui a spinner pendant un gros bout en avant pour Ryder, next, job done.

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