Certains lecteurs ont laissé quelques commentaires à ce sujet et le débat s’en est trouvé relancé sur ce site.
Je trouve toutefois que ca manque d’objectivité et de précision. Et si on essayait d’y voir vraiment clair?
Premièrement, Jens Voigt ne parle pas au nom de tous les coureurs professionnels puisque nombreux sont ceux ayant déjà déclaré être en faveur de la disparition des oreillettes. Sans surprise, les coureurs en faveur du maintien des oreillettes sont souvent ceux appartenant à des équipes disposant soit d’un sprinter de tout premier plan, soit d’un grand leader qui présente le potentiel de s’imposer sur un grand tour. Ils défendent les oreillettes puisque cela leur permet de soit s’assurer d’une arrivée au sprint (et donc d’éventuellement remporter l’étape, conduisant à des gains monétaires substentiels), soit de défendre plus facilement le maillot de leader. À l’inverse, les coureurs en défaveur des oreillettes appartiennent souvent à des équipes dépourvues de grands sprinters ou leaders et qui jouent, la saison durant, la carte des échappées. De nombreux coureurs et équipes françaises sont dans cette position. David Veilleux, coureur québécois au sein de l’équipe française Europcar, s’est également prononcé contre les oreillettes plus tôt sur ce site.
Deuxièmement, le principal argument des coureurs et de Jens Voigt est la sécurité en course. Force est de reconnaître que les dangers de la route ont augmenté ces dernières années: ilots directionnels, innombrables ronds-points, voies réservées, etc. Pour un peloton lancé à 60 km/h dans le final d’une étape et qui entre dans une ville, ca peut effectivement devenir dangereux. Jens Voigt décrit toute l’utilité des radios dans ce contexte: "the race director puts that news on ‘radio course’, the official communication channel between the race organizer, the UCI and the sports directors. Immediately, all sports directors spread the message amongst their riders over the radio to prevent a potential fatal accident."
En lisant ces lignes, n’est-il pas raisonnable de penser que les coureurs seraient avertis des dangers plus rapidement si le directeur de course leur parlait directement, supprimant l’intermédiaire – et donc l’éventuel délai – que représente le directeur sportif de chaque équipe ? Et si on demandait à M. Voigt si ca ne serait pas encore plus "immediately" (donc encore plus sécuritaire) si on supprimait un intermédiaire inutile ?
Si c’est de la sécurité dont il s’agit, pourquoi ne pas créer, sur chaque course et à l’image de la fonction d’ardoisier, une fonction de "directeur de la sécurité" dont la seule tâche serait de prévenir les coureurs, via un système de radios unidirectionnelles, des dangers de la route ? Tous les coureurs auraient ainsi accès à cette information en même temps, permettant une vraie sécurité au niveau du peloton tout entier. Car que se passe-t-il quand certains coureurs ont été prévenus d’un danger par leur directeur sportif et d’autres pas encore ? On pourrait penser que les coureurs pas encore prévenus pourraient être surpris par des actions entreprises par les coureurs prévenus, eux, d’un danger dans le prochain virage. Cette situation peut aussi conduire à d’inutiles accidents…
Bref, nul besoin de radios bi-directionnelles entre directeurs sportifs et coureurs si c’est de la sécurité dont il s’agit.
Troisièmement, les crevaisons alors? Les crevaisons font partie du sport cycliste, comme le bris mécanique fait partie du sport automobile. Le directeur de course ou de la sécurité peuvent signaler rapidement les crevaisons aux directeurs sportifs. Qui plus est, tous ces directeurs sportifs ont des télés dans leur bagnole, leur permettant de suivre la course en direct. Je suis convaincu que ces deux systèmes fonctionnent bien et leur permettent toujours de rapidement savoir qui a crevé dans le peloton, question d’organiser un dépannage dans les meilleurs délais.
Quatrièmement, les échappées. Certains pensent que les oreillettes ne sont pour rien dans leur chance de succès. Je ne suis absolument pas de cet avis, surtout sur les grands tours. Depuis une bonne dizaine d’années, le succès d’échappées dans la première semaine de course sur le Tour, le Giro ou la Vuelta se compte sur les 10 doigts. La dernière fois qu’un deuxième du général du Tour a tenté de piéger le maillot jaune après la première semaine de course et sur une étape en ligne, je crois bien que c’est Fignon dans l’étape de Marseille sur le Tour 1989, au détriment de LeMond (le coup, lancé avec Mottet, avait failli réussir). Avec les oreillettes, il est même raisonnable de croire que le nombre de jours passés en jaune par Steve Bauer aurait été plus limité, notamment sur le Tour 1990. Jens Voigt lui-même aurait probablement quelques victoires de plus à son palmarès si les oreillettes n’avaient pas été présentes dans le peloton ces dernières années, affectionnant les échappées qui partent de loin !
Les organisateurs de grands tours ont bien pris acte des faibles chances d’une échappée et ont modifié le profil de la première semaine de course depuis quelques années. Le prochain Tour de France ne comporte ni prologue, ni clm individuel avant… l’avant-dernier jour de course ! C’est presque pareil sur le prochain Giro. Raison ? Encourager les coureurs à se porter à l’attaque, à tenter leur chance, ceci dans le but de créer une course dynamique et imprévisible, ce qui a par ailleurs fait la recette du cyclisme pendant des décennies. On ne veut plus des années Armstrong ou les premières étapes en ligne étaient réglées comme du papier à musique: échappée matinale reprise dans les 3 derniers kms, arrivée au sprint et maillot jaune sur les épaules du même coureur pendant plusieurs jours, ce coureur s’y étant installé grâce à une belle perf sur une épreuve chrono. Le prochain Tour comporte certes un clm par équipe lors de la 2e étape, mais sur un parcours plat de… 23 kms (une petite demi-heure de course). Cela ne devrait pas générer de gros écarts entre les équipes.
Enfin, Voigt ou d’autres ont comparé l’utilité des oreillettes à celle des casques ou des… ceintures de sécurité dans les voitures ! Là, je crois qu’on fait preuve de malhonneteté intellectuelle: personne ne remet en doute l’utilité des casques pour les coureurs cyclistes !
Je crois donc que l’UCI a raison de voir interdire l’usage des oreillettes pour la simple raison que cet usage modifie profondément la course cycliste. Autrement dit, avec les oreillettes, ce n’est plus vraiment le même sport. L’échappée est au coeur même de la course cycliste, c’est l’instrument privilégié de la victoire. Si on tue cela, que reste-t-il ? Plus encore, le résultat d’une épreuve sportive doit découler de l’action des athlètes qui y participent, de leurs efforts, de leurs initiatives et, dans le cas du cyclisme comme d’autres sports, de la tactique de course employée. Mais pas de directeurs sportifs assis dans une bagnole derrière le peloton et qui ne fournissent, eux, aucun effort !
La sécurité des coureurs en course doit toutefois demeurer une priorité absolue: l’UCI doit donc instaurer un système de radios unidirectionnelles et imposer aux organisateurs de courses cyclistes la création d’un poste de "directeur de la sécurité", personne responsable, sur les étapes, de communiquer rapidement et en temps opportun les éventuels dangers de la route à tous les coureurs du peloton. L’erreur de l’UCI est peut-être là: interdire au forcing les oreillettes sans introduire une solution aux revendications par ailleurs légitimes des coureurs quant à leur sécurité en course.
thierry mtl
L’oreillette aurait-elle permis de signaler aux coureurs que Sagan s’amusait à faire dangereusement virevolter son vélo après sa chute (3e étape P-N) et alors que le peloton l’entourait à 60 KM|h?
C’est une blague…
guillaume
pourquoi te « taper » sagan de cette façon, t’es pas le premier à laisser penser que t’aurais été plus…MALIN et funambule à sa place !! y’en a même un qui a posé deux fois la question!! lui aussi il aurait réussi à redresser et à reprendre la route!! virevolter elle est bonne celle la, t’aurais toi et ton copain fait bien pire comme carnage en allant verser chaudes larmes à l’arrivée…
plasthmatic
Eh Guillaume, je te prie de pas me faire dire ce que je ne dis pas.
Si « j’ai posé la question », c’est bien que des certitudes, j’en ai pas !
Deuxièmement, si tu sais lire, je crois que tu peux deviner que je comprends ce qu’il a vécu de stress, ce qui explique certainement la suite. J’ai notamment écrit « mon premier mouvement … faute ». Premier mouvement, ça veut bien dire qu’il y en a au moins un second.
Je te prie de pas me faire dire ce que je dis pas. Sinon, tu peux m’appeler « y en a un », c’est pas mal méprisant, mais ça je te l’accorde, vraiment. Pas me prêter des propos ou des intentions, en revanche. Ils m’appartiennent …
Bon, Laurent, je fatigue. Je réfléchis à nouveau à tu sais quoi.
guillaume
bah réfléchi pas camarade prends une bonne fois pour toute ta décision sans pleurer non de diou, personne n’est indispensable, on va quand même pas avoir peur d’un désistement de participation à cahque fois qu’un commentaire dérange!! t’en as eu des bien pires salut ou ptet adieu , c’est quoi ce cirque!!
Louis sur Lapierre
Certains d’entre nous auraient besoin d’aller rouler à fond la caisse, les esprits se calmeraient un peu, j’ose espérer !
nikkos
Oui Guillaume, faut se calmer. On discute, c’est tout.
plasthmatic
Je pleure pas connard, si on avait le bonheur d’être en présence, tu t’en apercevrais.
Je réfléchis … à une seule chose : le bien fondé de continuer d’essayer d’écrire des trucs clairement compréhensibles, auxquels on peut notamment (et grâce à ça) opposer des contradictions, je réfléchis donc à ce bien fondé, quand en face il y a des mecs de ton espèce qui soit sont pas dotés d’un bulbe leur permettant d’être comptés parmi ce que j’appelle des lecteurs, soit le sont, mais lisent avec une mauvaise foi pas possible.
J’ai par exemple tout récemment répondu (poliment) à David Maltais, et pour répondre, j’ai commencé par lire avec soin, et donc respect, ce qu’il avait écrit, et pas autre chose.
Alors connard, lis plutôt le commentaire de Nikkos, un garçon bien plus intelligent que moi, il a tout dit en quatre mots. Qui a écrit qu’exposer son point de vue c’est prétendre à l’emporter ? « On discute, c’est tout. »
Sauf dans ce commentaire.
Je connais la règle Laurent … mais tant qu’à être dans l’insulte, je préfère y être … clairement. L’autre là (Guillaume c’est ça ?), il tourne un peu du cul, l’est pas bien franc quoi.
guillaume
fais comme thomas-V et peter-S, dans la tourmente garde ton sang froid? appui et tâche de rester poli
plasthmatic
Il est froid, mon sang. Parfaitement froid.
guillaume
tu vois qu’tu peux répondre sans insulter l’ami !! c’est bien plus adulte comme comportement, j’tencourage à rééditer cette façon de faire et tu te porteras au mieux sansavoir d’appeler appeler au secour.
nikkos
Remarque plasmathic, si le guillaume de ces commentaires est le même que celui du commentaire suivant : http://laflammerouge.com/les-fedes-sont-elles-neutres/comment-page-1/#comment-34595 tout est plus clair.
thierry mtl
Cher Guillaume,
Définition du dictionnaire:
virevolter, verbe intransitif.
Sens : Tourner rapidement sur soi. Synonyme : pivoter Anglais: to twirl.
Sagan a bien fait VIREVOLTER son vélo.
A mon humble avis, le danger du geste se révèle dans ses conséquences pour autrui.
Tu peux ne pas être d’accord, mais explique ton point de vue et pas seulement les émotions que sucite le mien.
Et qu’en penses-tu pour les oreillettes ?
plasthmatic
Eh, arrête de me prendre pour un con.
Tu vois bien que tu ne sais pas lire : où j’ai écrit que je renie le commentaire 7 ?
Oui Nikkos, j’avais noté …
guillaume
Alberto à trés bien commenter le débat des oreillettes avec ou sans il est le plus fort et le plus propre, le roi de la virevolte!!!!!
Rodolphe
Garder les oreillettes pour recevoir les infos de la direction de course oui, ça va dans le sens de la sécurité (sur un GT ou une course de 250 bornes on ne peut pas repérer tous les pièges du parcours à l’avance).
Le vrai problème (selon moi) est la communication avec le directeur sportif : là ça n’a rien à voir avec la sécurité, et ça brise la spontanéité de la course tout en renforçant le rôle du DS.
Donc oui à l’oreillette, mais uniquement pour recevoir les informations de sécurité. Avant les années 90 l’appareil n’existait pas, avait-on pour autant plus d’accidents graves dans les courses cyclistes pros ? je ne crois pas…
Dan Simard
Voeckler a gagné, en échappée de loin avec quelques compatriotes et ce, sans oreillettes, mais est-ce ce qui a fait la différence?
Pour garder votre sang froid, faites comme Ricco 🙂
Dan Simard
Hey Madiot, tu sais ce que tu peux en faire de ton orillette http://www.youtube.com/watch?v=Y3YmxMBuxJY
FarAway
Je ne sais pas si Dan parle de la récente victoire de Voeckler sur Paris-Nice, mais si c’est le cas elle était avec oreillette.
Si Jens Voigt manque peut être d’objectivité, le passage de sa lettre adressé aux organisateurs de course reste très intéressant et résume parfaitement ma pensée sur le rôle des oreillettes dans le manque de spectacle offert par certaines étapes:
« But if you interested in more dramatic cycling I got some ideas: drop the silly, long stages, don’t let us suffer three or four days in the high mountains and don’t give us a week of boring, super long, flat stages. Why not consider some circuit stages: the fans will see us more often, it’s easier and cheaper for the TV crews and it’s safe to ride without radios. »
nikkos
Tenez, un édito un peu décalé sur le sujet de l’oreillette paru sur un site qui ne parle pas de vélo.
http://www.cadremploi.fr/edito/actu-et-conseils/actualites/l-edito/d/1/promotion-oreillette.html
Bien aimé le terme « fil à la patte ».
😉
francisponch
Pas besoin de parler Sagan ou autre pour etre contre la robotisation du cyclisme… Kuurne bruxelle kuurne et Het Nieuwsblad etaient des courses sans oreillettes… Il n’y a qu’a voir le bilan des chutes et cela calmera les defenseurs du port des oreillettes et de la pseudo sécurité… D’ailleurs je note qu’il y’a eu moins de chutes et de coureurs bléssés sur ces courses que lors de la fameuse etape belge du tour ou une partie du peloton s’est retrouvé a terre alors que les oreillettes etaient portées
zut
Dommage, ces règlements de compte personnel sur ce blogue aussi pertinent.
Laurent, il faudrait vraiment que ton analyse puisse toucher les hauts dirigeants à l’UCI ou les différents promoteurs/organisateurs des grands tours.
Oui à la sécurité… Non au contrôle de course.
dans le 1000
Le cyclisme à évolué. Aujourd’hui tout est réglé au quart de tour selon les objectifs de chacune des équipes.
Plusieurs grandes équipes du peloton ont en effet un sprinter de haut niveau. Pour ces équipes, c’est d’abord la carte du sprint qui leur permet de remporter des étapes.
Ces équipes travaillent leur stratégie, pratiquent les lead-out en entraînement. Chaque équipier sait quoi faire et quand le faire.
Que ce soit avec ou sans l’oreillette, personne n’empêchera ces équipes de chasser les échappés car toute leur structure d’équipe est basée sur l’arrivée au sprint. Nous aurions les mêmes scénario même si les coureurs ne pourrait compter que sur les écarts fournies sur tableaux par le service de course.
Je tiens à dire que le cyclisme professionnel est un sport professionnel et que les oreillettes ont également un rôle de coordination important. Il est crucial pour les coureurs d’une équipe de savoir si l’un ou l’autre de leur cooéquipier a chuté ou fait une crevaison afin de faire descendre des coureurs pour l’aider à le ramener. Je serais le premier frustrer à voir un candidat perdre le Tour à la quatrième étape faute d’Avoir eu l’assisstance nécessaire pour revenir en course rapidement après un bris de vélo.
Si vous regarder l’étape vers Spa au dernier Tour de France, la majorité des leaders étaient pris derrière et même avec les radios, les coureurs ne savait plus trop ce qui se passait et où étaient leurs coéquipiers.
Qu’es-ce qui s’est passé ce jour là? Les coureurs ont arrêtés de courrir. Ils ont attendu que tout le monde reviennent.
Donc dans l’incertitude la plus totale, que seront les courses si d’autres confusions comme celle-ci surviennent?
Je crois que dans le cyclisme, les coureurs consacrent tellement de temps et d’entrainement à leur métier, que ceux-ci doivent pouvoir bénéficier d’une bonne communication avec toute les membres de l’équipe en cas de pépin.
zboy
Comme beaucoup de sport, le cyclisme s’est spécialisé. On choisi ses courses, ses étapes, sa semaine dans le tour…
Bref, au débat des oreillettes, 100 % avec Laurent. Ça n’enlèvera pas la spécialisation des coureurs, mais donnera plus dans l’instinct que l’automatisme.
Ben quoi, c’est déjà des machines…;)
aplg
les oreillettes…
j’aime bien la présentation du débat, selon les intérêts respectifs des équipes, en effet.
et tous ces arguments « sécuritaires » me semblent bien hypocrites, comme si on conduisait mieux en téléphonant – car l’oreillette marche dans es deux sens si on peut dire, non ?
allez, moins d’avocats, de médecins, d’assistance, et plus de vélo, tout le monde apprécierait… et notre sport préféré retrouverait un peu de lustre.
@dans le mille, ou c’est la jeunesse, ou nous n’aimons pas la même chose dans le cyclisme (la F1…)
mais bon…
Ray Neuville
Oreillettes, télémétrie, robotique et tous ces ‘gugus machins’ c’est ce qui m’a désintéressé de la F1. Curieusement, ils cherchent à revenir en arrière. En saurait-il être autrement pour le vélo? Oui c’est dangereux d’arriver à 180 dans un virage à 90 dégrés à 60 à l’heure à 300 m de l’arrivée, ce sont justement les oreillettes qui les ont amené là.
Pour la foire d’empoigne, messieurs un peu de retenue. Prenez plutôt un bon Bovril, en autant qu’il ne soit pas fait avec le boeuf du Pistol!
nikkos
http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/04/19/cyclisme-l-interdiction-des-oreillettes-fait-toujours-debat_1509703_3242.html