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Dominique Perras, le champion canadien sur route 2003, répond à nos questions !

Le cycliste professionnel québécois Dominique Perras (Flanders – IteamNova), l’athlète cycliste de l’année au Mérite cycliste québécois, a très gentiment accepté de répondre à quelques questions suite à sa remarquable saison 2003, pour le plaisir des lecteurs de La Flamme Rouge qui lui témoigne ici toute sa reconnaissance.

La Flamme Rouge : Dominique, est-ce que ta voiture Opel Kadet 1992 a tenu le coup durant toute la saison 2003 ?!

Dominique Perras : oui ! malgré le fait que je me la suis fait volée à lêaéroport de Charleroi en septembre, alors que jêétais en course en Italie. La police lêa retrouvé 10 jours plus tard, avec une porte de pliée. Je lêai remisé chez un ami en espérant la reprendre au printemps 2004.

La Flamme Rouge : quêest ce qui est le mieux : les pavés et la pluie belges, ou les routes défoncées et le froid québécois ?

Dominique Perras : le Québec ! Home Sweet Home.

La Flamme Rouge : ta saison 2003 a débuté le 2 février dernier en Italie et sêest terminée le 8 novembre en Australie. Comment termines-tu cette longue saison sur le plan physique et psychologique ?

Dominique Perras : avec 110 jours de courses et la traversée de beaucoup trop de fuseaux horaires, je suis pas mal épuisé tant au plan physique que mental, mais heureusement, jêai terminé sur une note relativement positive en remportant une étape au Herald Sun Tour. Jêavais surtout hâte de passer un peu de temps au Québec.

La Flamme Rouge : ton palmarès sêest enrichi de quelques belles victoires en 2003. Laquelle têa fait le plus plaisir sur le plan personnel ?

Dominique Perras : sans aucun doute mon titre de champion canadien. Porter ce maillot est vraiment quelque chose de spécial, en Europe en particulier.

La Flamme Rouge : quel fut la course ou tu as le plus souffert en 2003 ?

Dominique Perras : comme à chaque saison, il y en a plusieurs, mais je pense surtout à la Course de la Paix, ou jêai été malade les 4e et 5e jours. Jêai souffert le reste de la course, mais je me suis accroché et ca a payé en juin.

La Flamme Rouge : ta 8e place et meilleur québécois sur le GP de Beauce têa-t-elle satisfaite ?

Dominique Perras : dans une épreuve internationale, mon but premier nêest jamais de terminer devant mes compatriotes mais avant tout de performer. 8e, ce nêest pas si mal, mais jêaimerais beaucoup remporter un jour cette épreuve, quelque chose que je crois tout-à-fait possible.

La Flamme Rouge : lors de cette course (le GP de Beauce), as-tu dô respecter des consignes dêéquipe au détriment dêun résultat personnel ?

Dominique Perras : pour une des rares fois de la saison, cêest moi qui était protégé, mais en même temps il mêest arrivé, comme par exemple sur lêétape du Lac Etchemin ou celle du Mont Mégantic, dêêtre contraint à faire une course dêattente parce que jêavais un coéquipier dans lêéchappée matinale. Néanmoins, mes coéquipiers mêont très bien supporté, et je nêai rien à redire sur leur comportement. Dans tous les cas, être dans une bonne équipe comporte généralement plus de points positifs que négatifs.

La Flamme Rouge : tes trois derniers tours de circuit lors des Championnats canadiens à Hamilton ont été magnifiques, alors que derrière, tu laissais des mecs comme Barry ou Wolhberg. Comment te sentais-tu dans ces trois derniers tours ?

Dominique Perras : cêest effectivement une grande satisfaction dêavoir pu gagner ce titre, avec « la manière » comme on dit, en étant seul pendant 40 kilomètres. Personne ne peut dire que je ne méritais pas de gagner. En fait, cêest la façon dont jêavais toujours rêvé de remporter une grande course. Jêavais prévu attaquer un peu plus tard, mais quand dans Beckett Drive jêai eu une opportunité à 3 tours et demi de la fin, jêy suis allé à fond. Ce fut très dur physiquement, mais le feeling dêêtre seul dans les derniers 500 mètres et de savoir que jêallais porté le maillot pendant un an est simplement indescriptible.

La Flamme Rouge : tu as gagné le titre de champion canadien à Hamilton en juin, puis fait les Mondiaux en octobre. Comment compares-tu ces deux courses ? Peux-tu nous donner une image des différences de vitesse entre les deux pelotons par exemple?

Dominique Perras : bien sôr, la vitesse était bien supérieure lors des Championnats du monde, mais le parcours était aussi un peu plus « facile » dans un peloton si important. Dans lêascension de Claremont Access par exemple, on avait une très bonne protection dans le peloton aux Mondiaux, ce qui était différent des Canadiens puisque le groupe de tête était très petit. Tout de même, 260 kilomètres avec les meilleurs au monde, cêétait autre chose!

La Flamme Rouge : quels braquets fallait-il amener dans Beckett Drive et dans Claremont Access pour rester dans le coup aux Mondiaux ?

Dominique Perras : jêavais le 41 dents devant, et je devais utiliser le 17 dents à lêarrière dans Beckett Drive ainsi que le 15 ou le 16 dents dans Claremont Access. Je sais que Mike (Barry) était sur le grand plateau quant il est rentré sur lêéchappée dans la dernière ascension de Claremont Access.

La Flamme Rouge : on sait que tu as attaqué au pied du Mont Mégantic dans le GP de Beauce cette année, pour nêêtre repris quêà 2 kilomètres du sommet. Le Mont Mégantic se grimpe sur quels braquets durant une telle course ?

Dominique Perras : je mouline plus que la moyenne dans les côtes, aussi je mets maintenant le39x25 pour les sections les plus raides et le 21 ou le 23 le reste du temps.

La Flamme Rouge : tu as couru en 2003 en Europe et au Canada. Quels sont les principales différences dans lêallure, le déroulement des courses professionnelles en Europe et ici ?

Dominique Perras : ouf ! rien à voir, bien sôr ! Il nêy a quêune seule course internationale au Canada, le GP de Beauce, et encore là, la profondeur nêest pas la même. Dans une course normale en Europe, on comptera environ 10 équipes de GS-1, 10 de GS-2 et deux ou trois de GS-3 au départ. Là-dessus, il y a toujours une centaine de coureurs assez forts pour lêemporter, donc bien sôr, ce sera plus rapide, plus dur et plus sélectif.

La Flamme Rouge : avec combien de kilomètres dans les jambes termines-tu la saison 2003 ?

Dominique Perras : 32 000. Ce nêest pas beaucoup, dêune part parce que jêai fait de la musculation lêhiver dernier et donc moins roulé, mais aussi en raison de tous ces voyages et décalages horaires. Jêai donc eu pas mal de semaines de repos.

La Flamme Rouge : ton association avec lêéquipe belge Flanders – ITeamNova a pris fin sur une bonne note, ta belle victoire dans la 10e étape du Vic Roads Herald Sun Tour en Australie après une 2e place lors de la 8e étape. Ces victoires ne pouvaient pas mieux tomber et peut-on penser retrouver Dominique Perras dans une formation européenne en 2004?

Dominique Perras : je suis très déçu que mon équipe Iteamnova mette fin à ses opérations suite au retrait de Jayco comme sponsor (en 2003, mon équipe était une association de 2 équipes distinctes en 2002 Flanders et Iteamnova.com). Il m’était possible de poursuivre avec Flanders, mais à un très petit salaire de sorte qu’il mêaurait été impossible de survivre en Europe. Je me retrouve donc, après ce que je considère comme ma meilleure saison à vie, sans équipe. Je suis cependant en pourparler avec 2 équipes européennes (GS1) mais je n’ai rien de concret à ce jour. Sinon, je vais me consacrer uniquement à la préparation des Jeux Olympiques, et courir avec l’équipe nationale en 2004.

La Flamme Rouge : quelle place occupera les Jeux Olympiques dêAthènes dans ton programme de course en 2004 ? Que devras-tu faire pour espérer gagner une place sur lêéquipe nationale ?

Dominique Perras : je devrai signer quelques bonnes performances internationales, et aussi bien performer en juin, aux Championnats canadiens et au GP de Beauce. Mais avant tout, il faut que le Canada soit bien situé au classement des nations UCI le 30 avril prochain. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je suis allé en Australie (i.e. chasser les points) et que j’irai vraisemblablement en Malaisie en février.

La Flamme Rouge : quel est ton programme (grandes lignes) de cet hiver pour te préparer à la saison 2004 ?

Dominique Perras : je resterai au Québec un peu plus longtemps cette année, et je ferai de la musculation, du ski de fond et du rouleau. Jêirai en Californie en janvier prochain. La suite dépendra de mon équipe, mais je crois que j’irai par la suite en Malaisie avec l’équipe nationale.

La Flamme Rouge : es-tu un adepte du home-trainer dans ton sous-sol lêhiver, ou préfères-tu sortir faire du ski de fond ou dêautres sports à lêextérieur ?

Dominique Perras : un peu des 2. J’ai déjà fait des séances de 3 ou 4 heures de home-trainer, mais je déteste ça avec passion !

La Flamme Rouge : es-tu un adepte de la musculation hivernale ?

Dominique Perras : l’an dernier, j’en ai fait plus sérieusement qu’à l’habitude et j’ai vu une bonne différence durant la saison.

La Flamme Rouge : tu es un excellent grimpeur. Quelle bosse est selon toi la plus difficile à passer en course au Québec ?

Dominique Perras : même si on ne retrouve pas de cols au Québec et que les côtes sont généralement courtes, j’ai mémoire de grosses souffrances dans la côte de la misère (vieille route en sortant des Éboulements), de la côte « des 7 crans », et d’une vingtaine d’autres mais bien sôr, surtout du Mont Mégantic.

La Flamme Rouge : nous têavons vu au départ de quelques courses provinciales au Québec en 2003, notamment le GP Sports Experts à St-Joseph du Lac et le GP Espoirs de Laval. Peut-on penser revoir Dominique Perras au départ de ces courses au Québec en 2004?

Dominique Perras : c’est encore trop tôt pour me prononcer, mais j’aimerais surtout être au départ du GP de Beauce et de Québec-Montréal, 2 épreuves que j’aimerais vraiment remporter un jour. Je ferai également peut-être quelques autres courses provinciales en guise dêentraînement.

La Flamme Rouge : dans une récente entrevue accordée à Simon Drouin, tu évoquais la possibilité dêarrêter le cyclisme après la saison prochaine. Tu nêas que 29 ans, sens-tu que tu as accompli ce que tu désirais dans ce sport?

Dominique Perras : depuis lêâge de 15 ans, je me dis que j’irai aux JO en 2004 et quitterai par la suite. De plus, jêai beaucoup voyagé ces dernières années, jêai habité à l’extérieur du Québec durant de longues périodes et jêai passé peu de temps ici. J’ai donc hâte dêadopter un mode de vie plus sédentaire, et à moyen terme jêaimerais fonder une famille. Et puis, il y a une certaine instabilité financière d’année en année, car les salaires en cyclisme ne sont pas ceux des joueurs de hockey! Néanmoins, ma passion pour ce sport demeure encore intacte, et si je pouvais m’assurer d’un revenu annuel décent, je considérerais sérieusement de poursuivre une année ou deux de plus. J’y vais donc une année à la fois, et tout pourrait dépendre de ma situation contractuelle ainsi que de commandites personnelles à ce moment. En bref, je n’ai pas pris de décision définitive à ce sujet.

On conclut cette entrevue en vous présentant le palmarès de ce grand athlète québécois, et en lui souhaitant la meilleure des chances pour la saison 2004. Nêhésitez jamais à encourager Dominique sur le bord des routes !

FORZA CAMPEONE ! et merci…

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8 Commentaires

  1. Paul

    Excellent! Nous sommes peu au Québec à avoir rêvé un jour accéder aux rangs professionnels en vélo. Un gros merci à la Flamme Rouge et à Dominique Perras de nous donner un aperçu de ce qu’est la vie d’un cycliste professionnel et des sacrifices nécessaires pour effectuer le métier.

    Lâche pas Dominique!

  2. Paul

    Excellent! Nous sommes peu au Québec à avoir rêvé un jour accéder aux rangs professionnels en vélo. Un gros merci à la Flamme Rouge et à Dominique Perras de nous donner un aperçu de ce qu’est la vie d’un cycliste professionnel et des sacrifices nécessaires pour effectuer le métier.

    Lâche pas Dominique!

  3. C'est Raoul

    Le monde est petit au Québec mais j’aurais aimé avoir son avis sur l’affaire Jeanson.

    A propos, je viens d’apprendre qu’elle est élue cycliste nord-américaine.

    http://www.cyberpresse.ca/sports/article/1,154,1929,112003,507419.shtml

    Me semble qu’elle ne mérite pas ce titre, je ne sais pas si elle est dopée ou pas, mais par son attitude envers le public. Difficile de ne pas la croire dopée quand on cherche tant à cacher, non?

    Raoul

  4. C'est Raoul

    Le monde est petit au Québec mais j’aurais aimé avoir son avis sur l’affaire Jeanson.

    A propos, je viens d’apprendre qu’elle est élue cycliste nord-américaine.

    http://www.cyberpresse.ca/sports/article/1,154,1929,112003,507419.shtml

    Me semble qu’elle ne mérite pas ce titre, je ne sais pas si elle est dopée ou pas, mais par son attitude envers le public. Difficile de ne pas la croire dopée quand on cherche tant à cacher, non?

    Raoul

  5. bikelarue

    Y en a qui croit encore que le cyclisme ça se court à l’eau clair!

    Jeanson c’est la meilleur nord américaine c’est tout.

  6. bikelarue

    Y en a qui croit encore que le cyclisme ça se court à l’eau clair!

    Jeanson c’est la meilleur nord américaine c’est tout.

  7. Stephane

    Formidable entrevue de fond avec Dominique Perras. Un seul mot : bravo.

    Dominique, je te souhaite la meilleure des chances de décrocher une place dans une équipe de GS1 l’an prochain. J’espère que tu sauras moneyer ton titre de champion canadien à sa juste valeur et que ta récente victoire au Herald Sun Tour pesera dans la balance. Tu fais honneur à tout les cyclistes québécois.

    Stéphane, fier détenteur de ton cadre De Rosa Merak.

  8. Stephane

    Formidable entrevue de fond avec Dominique Perras. Un seul mot : bravo.

    Dominique, je te souhaite la meilleure des chances de décrocher une place dans une équipe de GS1 l’an prochain. J’espère que tu sauras moneyer ton titre de champion canadien à sa juste valeur et que ta récente victoire au Herald Sun Tour pesera dans la balance. Tu fais honneur à tout les cyclistes québécois.

    Stéphane, fier détenteur de ton cadre De Rosa Merak.

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