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Covid-19: rouler dehors, ou pas?

J’entame une semaine « Covid-19 » sur La Flamme Rouge, et quelques articles intéressants sont à suivre, notamment de mon ami Marc Kluszczynski.

Mais d’abord, vous êtes plusieurs à me demander mon avis: devrait-on rouler dehors ou pas?

En France, c’est clair: les autorités ont interdit la pratique du cyclisme à l’extérieur. La seule option est donc de rouler sur home-trainer chez soi. Voilà une belle occasion de faire du spécifique, sur des séances de 60 à 90min ponctuées de travail fractionné, que ce soit de la musculation, du one-leg intervals, des pyramides de cadence, et des séances d’EPI de diverses durées. Résultats garantis! Mais assurez-vous de bien vous hydrater.

Au Québec, les autorités sanitaires n’ont pas interdit la pratique du cyclisme à l’extérieur, comme de la moto d’ailleurs. Ce qui est interdit, ce sont les regroupements de personnes, l’accès aux parcs et espaces publics, voire les déplacements entre régions pour des raisons non-essentielles.

Alors, rouler dehors, ou non?

La réponse pour moi: vous avez le droit. Mais ca dépend de vous, d’à quel point vous vous sentez à l’aise avec cela. Vous pouvez préférer aller marcher, c’est votre choix.

Pour moi, c’est une question d’analyse risques/bénéfices.

Il est clair que la pratique du vélo dehors comporte certains risques, surtout de chute ou d’accident. Mais quelle activité n’en comporte pas? Le risque zéro n’existe pas: vous pouvez vous casser un coude en glissant dans les marches chez vous un matin en descendant pour votre petit-déjeuner. Et que dire des risques associés à la pratique de la moto?

La circulation automobile étant fortement réduite, j’estime même que les risques à vélo sont significativement moins importants actuellement qu’en temps normal. C’est un élément à considérer.

Je roule dehors oui, de temps en temps. J’adopte des mesures de prudence par ailleurs: je limite certains exercices plus dangereux, comme des sprints « full gaz » où les risques sont plus importants (rupture de chaine, la roue avant qui glisse, la vitesse élevée, etc.).

Je respecte évidemment les consignes et je ne roule pas à plusieurs. Le plus souvent solo, parfois à deux avec quelqu’un de confiance, car rouler à deux ca veut aussi dire une sécurité accrue en cas de pépin.

Je m’assure que mon matériel est tip-top, je suis complètement autonome sur la route, et je ne m’éloigne pas à plus de 25km de la maison, de façon à pouvoir y retourner rapidement en cas de problème. Quitte à refaire plusieurs fois le même circuit.

Et pour ceux qui me connaissent, oui je porte un casque 100% du temps!

Pour moi, cette pratique du cyclisme dehors engendre un énorme bénéfice pour ma santé physique et mentale, et j’estime que ce bénéfice surpasse de très loin les risques associés à cette pratique. Étant responsable professionnellement de deux programmes critiques de Statistique Canada à l’égard de la situation actuelle (l’un d’eux étant de fournir des estimations de la population à échelle géographique détaillée pour l’Agence de la santé publique du Canada dans son effort de prévision pandémique) ainsi que de plus de 50 employés(ées), le maintien d’une activité physique me permet de demeurer efficace et positif au travail, en plus de maintenir une bonne santé physique générale.

Je ne suis pas le seul à penser comme cela.

Doit-on s’inquiéter de surcharger le système de santé? Là encore, il faut utiliser son jugement: même en situation normale, la pratique du cyclisme n’est pas un facteur important de surcharge du système de santé. Il y a bien d’autres facteurs que cela, par exemple l’incidence des accidents cardiaques et vasculaires ou les simples chutes au sein de la population en général.

Je termine en rappelant qu’il incombe à chacun de déterminer sa zone de confort, et qu’il convient de respecter les décisions d’autrui, dans la mesure qu’elles respectent les consignes des autorités de santé publique, les seules autorités compétentes aujourd’hui pour permettre ou interdire certaines choses/activités.

En ce sens, j’estime qu’il est peu avisé de s’improviser justicier comme certains le font, en particulier sur les réseaux sociaux. Faites plutôt confiance aux autorités compétentes. Laissez-les faire leur travail, laissez la police faire son travail, ne mélangez pas les genres, faites votre travail et restez à votre place. Respectez les interdits, faites preuve de jugement dans vos choix afin de ne pas mettre les autres à risque (ces « autres » étant surtout les personnes plus âgées). Et soyez cohérent avec vous-même, évitez, comme j’ai récemment vu, de vous improviser justicier pour ensuite trahir vous-même vos positions prises sur les médias sociaux.

Plus que jamais, rappelons-nous les paroles de Pierre Foglia à une époque: « Tu sais c’est quoi, l’État policier? Non, c’est pas quand la police est au pouvoir. Ça, c’est une dictature. L’État policier, c’est quand une majorité de citoyens se réveillent le matin avec une âme de flic. »

La Covid-19, ce n’est pas terminé. Ca s’inscrira encore dans la durée. En ce sens, il est très important de prendre soin de nous tous, collectivement, en gardant un bon état d’esprit!

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18 Commentaires

  1. Christian Leray

    Merci Laurent pour ces sages paroles.

    Quant à Foglia, malheureusement ce n’est pas un très grand historien…

  2. Edgar Allan Poe

    Très bon article, cher Laurent…(que je n’ai pas la chance de connaître « physiquement » !).
    Vu de ma petite lorgnette de cycliste français confiné, je suis d’accord à 100% avec toi. L’incidence de cette interdiction de sortie à vélo en extérieur risque d’avoir des dommages supérieurs aux bénéfices sur un plan physique, moral, psychologique…etc ! Apparemment, nos voisins belges et suisses ne raisonnent pas comme nous, les frenchies, et il me semble plus raisonnés et pragmatiques.
    Dans les faits, j’ai l’impression que depuis l’annonce, hier, du rabe d’un mois de plus de confinement, les « gens » se lâchent. J’ai fait quelques kms en voiture cet après-midi pour aller me ravitailler, et j’ai vu des dizaines de situation de « non-respect » flagrant des règles par toutes sortes de populations. Paradoxalement, j’estime que « les mesures personnelles que j’avais adoptées avant le confinement strict ( un circuit de 12 kms autour de chez moi, qui tournait à droite sans couper de route…très peu fréquenté (2 voitures croisées en moyenne par tour)), ne concouraient nullement à accroître les risques de diffusion du virus. Elles sont pourtant réprimendables depuis 3 semaines.
    Alors jouer au justicier…NON ! Quelle horreur !
    Mais je fais le constat impuissant et très déprimant qu’avec la multiplication de comportements inconséquents, nous ne sommes pas prêts, nous cyclistes français, de pouvoir repédaler le nez au vent, libres d’aller et venir où, et comme bon nous semble…
    Pour le HT, c’est un instrument de torture pour moi. Je n’ai d’ailleurs jamais été impressionné par les résultats des spécialistes qui, du travail spécifique sur HT, ou de Swift, dans les courses au grand jour…au grand air…Le Vrai Vélo !
    C’est un avis strictement personnel. Critiquable, certainement…

  3. Marc-O.

    Laurent, je suis bien d’accord avec ton point de vue et c’est également ce que j’applique. En complément d’information pour les cyclistes québécois, voici un communiqué de Vélo-Québec sur le sujet.
    Merci!

    https://www.velo.qc.ca/salle-de-presse/dossiers-de-presse/covid-19-info-a-la-communaute-cycliste/?fbclid=IwAR0yYa1Q1U7mrFXpg3I71QCGFFwsg00J2JYNeeonHHMtwY1KNotdGZehMGE

  4. Claude Léger

    J’apprécie tes commentaires sur la COVID-19 et la pratique du vélo. Merci.

  5. plasthmatic

    Le décret n’indique nullement que le vélo sportif est interdit.
    Ce qu’il interdit, c’est l’activité sportive au-delà d’un rayon d’un kilomètre du domicile, et au-delà d’une heure.

  6. Edgar Allan Poe

    Plasthmatic, je sais que certains roulent à proximité de leur domicile. Je sais aussi que certains ont été verbalisés. 135€ la sortie de vélo pourrie autour de chez soi, ça fait cher…

  7. plasthmatic

    Je n’ai pas dit ce que je fais.
    J’ai encore moins dit ce que les gens ont à faire.

    Je sais lire, tout simplement.

    Je sais aussi qu’un contrôle peut se dérouler de manière très variable selon la personne qui l’effectue.
    Pour cette loi, comme pour des tas d’autres.
    Je sais que des restrictions de pouvoirs subalternes, en mode interprétations, ont été faites sur le décret, à commencer par la fédération de cyclisme.

    Je sais aussi qu’une ambiance de peur ne rend pas tous les hommes intelligents, et surtout, qu’elle est le meilleur milieu pour que s’expriment à plein les pseudo-valeurs de la morale facile, morale surtout pour les autres bien entendu.

    Je connais ‘la moraline’ du moment. Alors je précise une chose, à ceux qui me liraient comme un type qui méprise tout, les malades, les soignants : je n’ai pas mis un pied dehors depuis le 17 mars (j’ai un grand terrain, accidenté en prime, pas mal d’arbres, une tronçonneuse, une caisse à outils très fournie, des livres, … confinement de luxe dont j’ai conscience). Pas plus que mon dernier, et ma femme sort une fois la semaine, et une seule.
    Je suis l’heureux élu d’une maladie respiratoire chronique, incurable, à base d’asthme mais pas que, m’ayant déjà conduit trois heures sur un billard, et là c’est bon depuis longtemps pour m’y recoller, ça s’appelle le syndrôme de Fernand Widal. Autrement dit, un vrai prétendant à la réanimation.
    Et enfin, pour la question du respect des soignants, un seul cas, ma fille ainée, interne en chirurgie, enchaîne tous les deux jours, parfois trois, des gardes de 24 h ‘secteur covid’, et je crois qu’on sait où je vis, c’est juste affreux. J’aimerais bien qu’elle présente sa thèse dans une grosse année … et si je pouvais y assister, ça ne me dérangerait pas non plus.

    Je rappelais juste qu’un décret utilise des mots, et que tout le reste, ce sont des interprétations, et alors, c’est vrai, faut pas tomber sur un benito en herbe.

    Et pardon à ceux que j’ai ennuyés.

  8. Beus

    Bonjour.

    Les deux derniers articles sont pertinents. Pas évident en cette période de choc (« stratégie du choc » de N.klein, votre compatriote).

    J’aimerai être de l’autre côté de l’Atlantique pour pouvoir me dérouiller.

    Bonne journée à tous.

  9. Edgar Allan Poe

    Les forces de l’ordre sillonnent les bois à côté de chez moi, tant en VTT (électrique 😁) qu’en moto et verbalisent les cyclistes. Pour vous dire, j’y cours parfois une heure et je n’y rencontre au maximum que 2 personnes quelle que soit l’heure de la journée. Je m’interroge donc sur l’efficacité et la (contre)-productivité de ce genre de mesures, des ordres donnés aux forces…de l’ordre!
    Mais toutes critiques n’ont pas lieu d’être actuellement.
    Mon voisin a lui fêté la naissance de sa fille avec une 20aine de copains, barbecue, bières…etc…avant hier soir.
    Pas gagné…
    Si ce n’était pas polluant, je brûlerais bien mon HT pour fêter la sortie du confinement en mai 2021!

  10. mica

    Je lis avec intêret touts les commentaires frappés au sceau du bon sens (comme dirait EAP), mais voila qu’ une nouvelle polémique risque de voir le jour.
    Alors que l’ on semble apercevoir le bout du tunnel, provisoirement peut être…. on nous promet une sorte de déconfinement « différentiel ». Les plus de 70 ans, ostracisés une fois de plus, devraient encore rester chez eux de longues semaines, ou mois.
    Vous n’ étes pas sans savoir que cette tranche d’ âge constitue presque ( oui, j’ ose le dire) la force vive du cyclisme ordinaire…..en nombre tout au moins.
    Je dis cela, d’ autant plus que je suis en plein dans la fourchette, pas depuis longtemps, certes, mais j’ y suis.
    Alors, le vélo qui avec les grêves, l’ écologie, le retour à la nature….connaissait un regain d’ intéret sera montré du doigt à travers sa tranche
    de pratiquants aux cheveux blanc; je connais pourtant nombre de septuagénaires en parfaite santé et qui en remontrerait à beaucoup de biens plus jeunes fumant ceci ou cela….Alors, encore des mois à « tourner » autour de chez soi, sans même savoir si l’ on est dans la légalité ou pas?…..et à la merci de quelque Bénito exalté…..

  11. plasthmatic

    C’est une immense violence, Mica, qui prend le chemin d’être faite aux plus de soixante-dix ans.
    Au point que le disant comme cela, je n’emploie pas mes mots habituels, plutôt ceux de celui qui fut le sujet d’avant-hier.

    J’espère qu’ils vont réfléchir à ce qu’ils te feraient alors, ainsi qu’à ceux de ta classe (comme on disait avant) et plus.

    Et puis, EAP a tout résumé : j’ai fini par comprendre, et ne pratiquant pas le monde il me faut toujours du temps, qu’une part de la population « dite normale » ne se prive pas d’une entorse au confinement, pour des tas de raisons qu’ils jugent probablement bien légitimes.
    Pendant ce temps, chez Sébastien, les zélateurs du décret sillonnent les bois en vttae. L’Inquisition armée du bras de la milice des années quarante : c’étaient des lumières ceux-là, souvent.

    Comme pour les soi-disant vilaines automobiles vis-à-vis des cyclistes, ce disant, je n’oublie pas l’immense nombre des gendarmes ou policiers qui assument certainement leur travail avec respect, et des lois, et des gens.

  12. Steve

    Je pense que l’idéal est de rouler seul dans des petits rangs que l’on connaît bien et à proximité de son domicile. Je comprend que ce n’est pas possible pour tout le monde mais ici au Saguenay nous avons cette chance. Moi faire le hamster dans une roulette (zwift) je n’ai jamais été capable. Le sport pour moi se passe à l’extérieur. Oui Beus tu aimerais être ici mais t’inquiète ça va finir un jour et à mon tour j’aimerais être de ton côté pour avoir les Alpes et les Pyrénées.

  13. Thierry mtl

    Il y a deux semaines, j’avançais l’idée, à la blague, de faire les trois grands tours de façon consécutive en septembre, octobre, novembre. Eh bien, c’est ce qu’ils veulent faire… Ils voient la vie en rose à l’UCI.

    On peut essayer de faire le Tour en septembre pcq c’est le centre financier du cyclisme. Le reste du calendrier devrait toutefois cibler des classiques. La probabilité d’interruption dû à la ré-émergence du Covid est trop élevée pour penser aligner 3 GT en trois mois. Il vaut mieux être prudent et éviter un fiasco pour les organisations et les équipes.

    —————

    Le printemps au Québec, je roule dehors. Faut vivre l’hiver québécois pour comprendre.
    Les routes nous appartiennent cette année. Le risque est clairement diminué.

  14. Christian Leray

    C’est marrant, on critique Foglia (de manière justifiée : https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/etat-policier/) et hop, des pouces vers le bas! 🙂

  15. greaux thierry

    bonjour tres bon article tres detailleet interessant, moi j habite quebec, et tout les debut de saison, je me fais des circuit autour de chez moi , max 5 km de la maison, en autonomie complete avec celpour me localiser en cas de pepin, vu le temps en fin mars et debut avril,je ne vais pas rouler dans les pays plus chaud en hivert, dans mon circuit, j ai toujours un depart sur le plat, ensuite une bosse pour echauffer le bonhomme , et je fais du temp( 1 heure a 1heure trente max et je ne m impose pas de kilometrage , par contre je fais des intervalles et je dois dire que en 2019 pourla traversee du canada jimmy pelletier ,de m entrainer au fret en debut de saison cela m a ete benefiques pour la traversee des rocheuses et des plaines ( froid ,pluie et vent de face ) rester securitaire , eviter les rang eloignes , desert et pas propre et bonne saison a tous sortes dehors c est bon pour la sante phisique et surtout morale

  16. So

    Si tu roules dehors, tu roules seul ou avec quelqu’un avec qui tu habites.

  17. tylerkay

    Les risques ne doivent pas être évaluer que de manière individuelle mais également collective.

    Seul, je ne risque (pratiquement) rien. Mais si je fais du vélo, tout le monde peut pratiquer son activité solitaire également. Les risques augmentent alors individuellement, en plus d’être multiplié par le nombre.

    Autant de risque de blessure et de passage aux urgences qui devraient être évité.

    Sans parler de la solidarité avec le personnel hospitalier.

    La non-dénonciation (et pas la délation) est la base même de tout organisation mafieuse, et à l’échelle d’un pays donne justement toutes les garanties d’aboutir à un état policier. Le cyclisme peut en témoigner, non?

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