Je diffuse aujourd’hui cet intéressant article de Marc Kluszczynski qui traite de l’usage des masques pour simuler une dette d’oxygène, permettant ainsi de reproduire, en quelque sorte, un entrainement en altitude. Alors, avec ou sans masque vos séances de fractionné sur le home-trainer?!
Le gouvernement français a choisi le confinement de la population face à la propagation du Covid-19. Par une mesure lourde, le peuple paie donc l’incapacité de la prévision à long terme des hommes politiques, ignorant les avertissements du monde médical depuis des années sur la survenue d’une prochaine pandémie à coronavirus.
En 2009, l’Etat français et l’Europe s’étaient désengagés du projet « Emergence de nouvelles épidémies virales » mené par Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus. Le stock de masques chirurgicaux FFP 1 disponibles lors de l’épidémie du virus H1N1 ayant été détruit après 2009, certains personnels soignants, surtout ceux en contact avec les malades Covid-19 positifs, ont dû utiliser les masques FFP 2, à capacité filtrante et barrière plus importante. Une aubaine pour les sportifs ! Ces masques bien ajustés sont difficiles à supporter, tant ils provoquent au bout de quelques minutes une difficulté respiratoire avec diminution de la SaO₂ artérielle de 2 à 3% (saturation en oxygène du sang artériel), soit 93 à 95% par rapport à la valeur normale de 98 ou 99%. Rien de mieux pour favoriser un environnement hypoxique et une hypoxémie (diminution de la teneur en oxygène du sang artériel) bénéfique pour l’entraînement en endurance!
Il est même possible de faire des exercices d’apnée entre deux étages dans une cage d’escalier, de préférence en courant, ou dans un couloir (si personne ne s’y trouve, car vous ne serez pas en capacité de répondre à un bonjour !). Alberto Salazar utilisait un masque d’hypoxie lors de ses entraînements de course à pied dans les années 80. Emile Zatopek retenait sa respiration à intervalles réguliers sur le trajet de son travail à l’usine dans les années 50. Le masque hypoxique (Training Mask) connaît actuellement un regain d’intérêt chez les sportifs. L’hypoxémie induite par l’exercice au niveau de la mer (HIE) permet de mieux comprendre les avantages du port d’un masque.
L’hypoxémie est naturellement présente chez la moitié des athlètes des sports d’endurance. L’HIE à une intensité comprise entre 60 et 80% du VO₂ max n’est pas encore bien comprise actuellement. Réduirait-elle l’apport de l’oxygène vers les muscles au cours de l’exercice ? Les spécialistes hésitent entre la cause d’une altération centrale, qui diminue d’au moins 4% la saturation en oxygène de l’hémoglobine (Sa O₂) entre le repos et la fin de l’exercice, et l’existence de mécanismes adaptatifs (métaboliques ou musculaires) permettant aux sujets hypoxémiques d’atteindre des hauts niveaux d’exercice malgré la réduction de l’oxygénation du sang artériel, car le VO₂ max de ces sujets n’est pas affecté par cet état, sauf en altitude. A haute intensité, des spécialistes suspectent l’existence de micro-œdèmes alvéolaires chez les sujets HIE.
Le port d’un masque (FFP 2 ou Training Mask) reproduit donc l’HIE. Il y a d‘ailleurs de fortes ressemblances entre les effets du stress hypoxique à l’exercice et la physiopathologie de la HIE. Et le FFP 2 imposé aux personnels soignants en cas de promiscuité avec un patient Covid-19 positif augmente l’acidose locale et facilite le relargage de l’O₂ par l’hémoglobine. C’est une bonne nouvelle, car aucun médicament dopant n’avait encore jamais réussi à agir sur ce relargage. L’extraction musculaire de l’O₂ est accélérée, ce qui explique l’HIE qui serait le fait d’athlètes très entraînés. Le port d’un masque permet donc d’agir sur ces adaptations périphériques : augmentation de la capillarisation musculaire, de la concentration en myoglobine, de la densité mitochondriale, de l’efficacité des voies oxydatives. Il ne faut pas espérer augmenter le taux d’hémoglobine. Par contre, la perfusion musculaire est favorisée grâce à l’augmentation de la synthèse du VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor). A quelque chose, malheur est bon, mais le port du masque chirurgical ou FFP 1 (recommandée par l’Académie de médecine pour toute la population en France) ne permettra pas ces adaptations.
Edgar Allan Poe
Très intéressant, avec la sempiternelle question : où commence le dopage, la méthode employée aussi naturelle soit-elle?
Marc,. vous garantissez l’effet Obélix ?
Marc Kluszczynski
Bonjour EAP, oui, si le port du masque est rendu obligatoire au déconfinement pour toute la population, même pour les enfants en bas âges!On va attendre de voir ce que les politiques vont nous pondre.
Jim LAURENT
Bonjour,
Je suis tombé sur votre article en googelisant « masque tissu étouffement difficultés respiratoires »!
En effet, j’ai acquis en pharmacie il y a deux jours un masque en tissu, destiné à remplacer le seul masque dont je disposait jusqu’àlors: un FFP3 commandé par ma sœur au travers d’une ONG en début de crise COVID-19.
J’ai porté le FFP3 trois fois pendant 30mn, à 1 semaine d’intervalle à chaque fois, sans difficultés.
Mais au bout de 30mn du masque en tissu (assez épais, plusieurs couches) et en rentrant chez moi après un passage au supermarché j’ai réalisé que j’étais en « détresse respiratoire » (l’impression que j’ai eue) c’est à dire pas essoufflé, mais plutôt avec l’impression d’avoir été enfermé dans une cloche ou un caisson dans lequel on aurait fait le vide, me privant d’oxygène. Plutôt effrayant dans le contexte actuel ou la population va être forcée de porter certains de ces masques en tissu 8 heures durant au travail et parfois dans l’effort.
Bref… à la lecture de votre article très technique (j’ai pas tout compris) je constate que certains sportifs se mettent volontairement dans cette privation d’O2.
C’est aussi peut-être le cas des alpinistes à haute altitude?
L’expérience s’avère donc sans danger?
Peut-être auriez-vous l’occasion de m’éclairer ou de me donner votre avis sur ces masques en tissu..
Merci pour votre attention
Jim LAURENT