Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Coup de vieux sur Whiteface…


Le comprenez-vous? (à propos du titre). Je ne suis pas Antoine Blondin, mais je m’applique…

Ha! mes amis(es), comme je me sens vieux à ces heures, vous ne pouvez pas savoir. Vieux, vieux, vieux, juste très vieux.

La présence de mon ami Guillaume Belzile – dois-je le présenter? – à mes côtés durant le week-end n’a rien arrangé, même si j’ai eu du gros fun avec lui.

Oui, vieux. Un de ces jours, j’vais vous faire une esquive à la Charly Gaul…

35 ans de vélo derrière moi, et je demeure fasciné par une chose: la capacité de ce sport de vous donner rapidement l’heure juste sur votre condition, forçant l’humilité.

Tu penses que t’es bien et bang! tu t’en prends une.

35 ans à monter des cols, surtout dans les Alpes, et ces derniers continuent de me fasciner autant qu’à 17 ans, lorsque j’ai découvert le Galibier: le défi ultime en cyclisme. Quel bonheur quant les ailes sont déployées, quelle galère quant elles sont brulées…

Hier lors de ma 6e participation au Whiteface Hill Climb Race – une ascension proche mais un peu plus difficile que l’Alpe d’Huez – ben mes ailes étaient brulées.

Laurent 2, Whiteface 4.

Match revanche: non prévu pour l’heure.

Après 500m d’ascension, j’étais fixé sur mon sort: zéro jambes, zéro force, des puls bloquées, un braquet de 36-27 difficile à amener dans la pente régulière à 8.6% de moyenne, pas de punch, la « misère ». Très loin de mes sensations et de mon meilleur temps personnel l’an dernier… et même pas pris le temps d’apprécier le paysage. Au final, quatre minutes de plus que l’an dernier, Laurent qui met une valise à Laurent.

Tout un contraste avec les récentes sensations, pourtant plutôt bonnes.

J’pourrais penser à au moins 10 raisons pouvant expliquer cette contre-performance. J’préfère évoquer que « You’re only as good as your last performance« , qu’ils disent… Ben là, avis à tous: j’suis franchement m-a-u-v-a-i-s.

Mais j’ai été prévoyant: ma doublure placardée La Flamme Rouge terminait parmi les premiers, devant…

WTFC_ - 2

Ma doublure, lors du cool-down

Oui, juste vieux, j’me sens juste très vieux. Une fléchette de botox dans l’c..l, ça fonctionne-tu? En vieillissant, j’me mets p’être à ressembler à Blondin, au fond: pas un cycliste et écrivain qui boit, mais bien un buveur qui pédale et qui écrit…

L’avion

J’ai parfois des ailes en montagne, d’autres ont le kit complet: ailes et moteur!

Et à ce chapitre, mon ami Guillaume fait plutôt partie de la catégorie « avion de chasse ». 6e hier à sa première ascension de Whiteface, plutôt bien, il jouait encore la gagne à quelques hectomètres du sommet.

C’est pas juste, la loterie génétique…

Putain, ce type est incroyable nom de Dieu. Mais aussi tellement gentil et généreux dans ses relais. On a eu du bon temps ce week-end.

Oui, Guillaume roule toujours. Moins qu’avant en quantité, raisons familiales. Oui, Guillaume avance encore bien, je confirme, la sortie de décontraction la veille s’est faite à 34 de moyenne, et on a roulé un moment à 20km/h… Non, j’vous raconterai pas notre soirée samedi soir.

Sa plus belle? 4e des Mondiaux junior chrono 1994, avec un équipement loin de celui qu’utilisaient les trois premiers. Quant tu as le moteur, ben tu as le moteur. Sa Vo2max? Elle est environ équivalente à la valeur que pourrait atteindre l’âge modal au décès au Canada en 2035-36, si vous voulez savoir!

La classe, on l’a aussi vu hier avec Véronique Fortin qui habite ma région, et qui termine à peine deux minutes derrière Guillaume. Ouf… Respect… surtout que Véronique avait explosé la compétition la veille sur le Whiteface/Wilmington 100 kms en VTT, une épreuve bien fréquentée puisqu’un « Leadville qualifier ».

Non, c’est décidément pas juste, la loterie génétique.

WTFC_ - 1 (1)

Avec Guillaume, avant le départ

WTFC_ - 3

Avec Guillaume, après l’arrivée. Lui seul avait gardé le sourire!

Mon équipe des Rouleurs

Après un début de saison difficile ponctué par plusieurs mauvaises chutes en course et une météo capricieuse, l’équipe semble reprendre le dessus avec plusieurs coureurs sur Whiteface hier. D’autres représentaient l’équipe au Défi Gatineau-Mont Tremblant, une belle cyclosportive qu’il m’a fallu manquer cette année.

Sur Whiteface, une très belle perf est à mettre du côté de notre grimpeur colombien (toute équipe cycliste digne de ce nom se doit d’avoir un grimpeur colombien, non?!) Alberto Padilla, bientôt la soixantaine, qui me prend 60 secondes et qui explose son PB des dernières années de 4 minutes. Awesome ride Alberto!!! You are now pulling in the Gatineau Parc, not me anymore…

Kudos également à ma coéquipière Anne-Marie Roy, qui a surpris avec un excellent temps hier. Le ski de fond qui paye, probablement!

Enfin, kudos à une autre coéquipière, Mélanie Gauthier, qui termine sur le podium la veille, lors de l’épreuve VTT. Mélanie enchaine les podiums été comme hiver (et bientôt l’automne…), j’me demande même: à force, ça doit devenir lassant, non?!

Espérons que la spirale de succès de l’an dernier est désormais relancée au sein de l’équipe avec ce week-end, tout en étant personnellement l’exception qui, je l’espère, confirmera la règle!

Capture d’écran 2017-06-04 à 21.36.07

Mélanie, sur fond Chagall…

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16 Commentaires

  1. Le Bourrin Ardéchois

    Méforme passagère, jeunot, juste un réservoir de glycogène un peu bas (sans le ressentir). Tu y retournerais après-demain, au babyface, tu y prendrais un vrai bain de jouvence.

  2. noirvélo

    Je suis « ok » avec toi, Laurent, l’âge n’arrange en rien les choses, du sport notamment. Tu as beau bien t’entraîner, être strict avec ta diététique ,le sommeil
    total ou le repos « décontracté »( être cool sur ton transat à lire de bons magazines vélo),être toujours aussi « fou » de ce sport, on a beau retarder l’échéance, les années passent, secondes après secondes, même ton GPS a son horloge … D’être très pris par ton travail et ta vie de famille n’arrangent rien à la chose et lorsque l’heure de la retraite arrive, que tu as du temps, que tes gamins « vivent leur vie », que tu as enfin le temps pour vivre comme un « semi pro » tu te rends compte que ça commence à coincer de partout et que les bobos s’accumulent…ce n’est pas encore tout à fait mon cas mais j’appréhende …
    Ma vision pessimiste de la chose servira juste à nourrir ta philosophie de la vie, à apprécier quand même le temps qui passe , de se dire que ce n’est pas encore bien grave (que d’autres sont partis récemment très brutalement!),que tu es là, bien vivant, et que c’est juste un moment où toutes les cellules de ton corps ne sont pas « synchros », ce petit moment faible…
    Perso, j’ai trouvé la parade !lorsque je me fais larguer dans un col par un petit groupe, au lieu de faire ma petite dépression, j’imagine le Giro et les premiers coureurs (souvent pas des moindres)se faire larguer dans les premières lacets …Je me dis que je suis un « rouleur hollandais lourd et écrabouilleur de pédales » qui passe un sale moment mais qui va faire
    dans deux étapes la « flamme rouge » au nez et à la barbe
    des sprinteurs et des « jeunes grimpeurs légers »…
    Ce n’est donc pas si grave si ton « moral&mental » est momentanément juste un peu … enthumé !!!

  3. noirvélo

    « enrhumé » …

  4. mica

    Ah, les cotes, les cols, ce n’ est pas ce qu’ il y a de plus facile, et si l’ on a pas la chance de peser 55 Kg (ou moins), ça devient difficile avec l’ age…
    pourtant, on est contemplatif et cela compense de l’ effort fourni….
    Le cyclisme en cote est particulièrement difficile.
    Je vais tenter une explication, certainement un peu rébarbative, mais utile.
    Supposons que sur terrain plat vous roulez à 32Km/h,(ce qui est pas mal), vous voulez vous « reposer » un peu et réduisez donc votre vitesse de 25%, vous passez donc à 24 Km/h (ce qui reste honorable).
    En cote, vous roulez a 16 Km/h, si pour vous reposer
    (façon de parler) vous réduisez votre vitesse de 25%, vous roulez donc à 12Km/h.
    En cote vous divisez donc ,effectivement votre puissance absorbée par le rapport des vitesses, soit: 16:12=1.33
    Par contre sur le plat, votre puissance absorbée sera divisée par le rapport des cubes des vitesses,
    soit: 32x32x32/24X24X24 = 2,5

    Autrement dit, si dans les 2 cas ( cote et plat)avec les vitesses initiales vous avez besoin de 300W
    (ce n’ est qu’ un exemple donné à titre indicatif), en réduisant vos vitesses de 25%:
    En cote, il vous faudra: 300w:1.33=225W

    sur du plat : 300W:2.5 =120W

    En résumé, pour faire la même économie que sur le plat, il faudrait rouler en cote à 16Km/h : 2.5 = 6.4 Km/h (vitesse d’ un piéton un peu pressé ce qui peut étre démoralisant)

  5. noirvélo

    Ahhhhhh, mica ….

    Prends ton vélo et va mouliner! et jette ta calculette!
    moi je l’ai déjà fait … et depuis longtemps ! 110 bornes samedi et 90 hier dimanche, seul !!! que du bonheur, encore! Echappé, j’ai gagné, fais toutes les primes et tous les arbres ont applaudi…What else ?

  6. mica

    Noirvélo: tu as raison, mais je ne suis plus tout jeune, malgrés cela il m’ arrive, très souvent encore, de prendre mon vélo, mes rollers, ou mes skis et à prés de 70 balais, aller m’ aérer l’ esprit. Cependant j’ aime bien avoir une certaine théorie du vélo qui aussi me fait réver, et peut en quelque sorte le « décrire » d’ une maniére un tout petit peu « scientifique ».

  7. mica

    PS. Cette vision du vélo n’ empéche pas toutes les autres, que je respecte. En tout cas je tente « d’ enrichir » le débat.

  8. Claudio

    Voici venu le temps de d’attaquer sérieusement aux gains marginaux!

  9. Wolber

    Laurent, j ai retenu cette phrase de Paul Fournel dans  » besoin de vélo » ( livre à posséder ABSOLUMENT) :  » j ai simplement confier au vélo le soin de me laisser vieillir tranquillement ».

  10. Le Bourrin Ardéchois

    Son angoisse vient qu’il a déjà maximisé tous les gains marginaux. Fallait pas, car après on ne peut plus se relâcher…

  11. Edgar Allan Poe

    Au delà de son ironie, le Bourrin Ardéchois à raison : il est bon de se laisser une marge de manœuvre ! À cette fin, j’expliquais hier à des jeunes, qu’un cadet qui fait entre 250 et 400 bornes par semaine a déjà mangé toute cette marge de manœuvre et ne pourra pas faire 600 kms/semaine en junior.
    Laurent, la question de l’humilité des cyclistes, coursiers ou non, est une évidence. Une amie proche qui a longtemps vécu avec un des meilleurs entraîneurs de basket de France me racontait les « pétages de plomb » et caprices dès basketeurs dont certains jouent en équipe de France. Rien à envier aux footeux ! Je lui ai expliqué que ce genre de comportements etait impossible en vélo, ou tout se paie cash dès le lendemain​ sur la route !
    Performances, contre-performances… depuis un grave accident l’an dernier à l’Ardechoise, tout le temps passé sur le vélo n’est que du bonus. Et si nous roulons à vélo, c’est que nous n’allons pas si mal, et que nous ne sommes pas directement responsables du trou de la sécu française !

  12. missbecaneenfolie

    Poids plume, jeunesse, vie axée sur la compétition, pas de travail (ça épuise totalement avec climat actuel) ni de famille ou bien du lousse le soir pour les entraînements, ni alcool, coucher tôt, massage souvent, braquet adéquat, vélo léger et repos complet 48 heures avant pour les plus de 40 ans (matos bien réglé bien avant mais pas un regard sur le bike précédent une course).
    Une vie de misère quoi pour une performance désirée!
    Et dans certains cas, du sang bien oxygéné!
    Trop de sacrifices pour soi et les proches quoi…

  13. plasthmatic

    Laurent, je te trouve un brin une tête de hockeyeur sur la photo des trois. Je ne sais pas si c’est flatteur ?
    Bon, plus sérieusement :  »c’est pas grave, on s’en fout ». Dans quelques temps tu voles.
    Et plus sérieusement encore : salut à toi et Martin, celui de gauche sur la photo des trois (tu transmets stp).

    Parfois les chiffres (ceux de Mica sur ce coup, de Patrick le Bourrin du 07 ailleurs)  »élucident » les sensations, jusqu’à même les  »augmenter », comme par un effet de feed-back. Dans ces situations, je les trouve plutôt pas mal.

    En revanche, on constate comme un besoin nouveau (dix ans ?) de baigner chaque sortie dans tout un tas de données chiffrées, avant, pendant, après, pour tout un tas de cyclistes ou triathlètes, souvent sympathiques au demeurant, même si certains le sont moins. Le Narcisse moderne aura converti jusqu’aux chiffres en des tas de petits miroir, bien joué.

  14. Edgar Allan Poe

    Belle métaphore, Plasthmatic, Narcisse, son miroir et mon Garmin ! Je n’y avais pas pensé.
    Je reconnais que j’ai le sentiment de partir « à poil » si je n’ai pas mon compteur, et ce, depuis l’achat de mon premier AVOCET…le même que Lemond, pour lequel j’avais du engloutir une bonne partie de mes gains de jeune cadet à l’époque !
    Mais ça reste avant tout pour une utilisation instantanée, les analyses post-opératoires ne faisant que confirmer ce que j’ai lu, ressenti et calculé pendant la sortie.
    Et je trouve aussi que les instruments comme celui dont je parle, sont très chers par rapport à leur précision, et leur fiabilité. C’est entre le prix d’une tablette et d’un PC portable de moyenne gamme!
    Je m’interroge sur les cyclistes qui filment toutes leurs sorties, ou courses/cyclosportives. Ils se fadent 4 heures de visionnage ? Ou ils passent tout le film en accéléré? J’ai du mal à voir l’intérêt de la démarche…

  15. plasthmatic

    Même question, perplexité identique, même si elle ne m’occupe jamais bien longtemps.
    Sinon, je précise que je n’ai pas écrit ça en mode censeur ; c’est plutôt un sentiment sur l’air du temps que je retrouve dans le monde du vélo. Il y a beaucoup d’écume autour du vélo, et pas mal sur ce mode-là à présent.
    Mon ami Patrick (le Bourrin du 07) donne beaucoup à la mesure quantifiée lui aussi, plutôt pas en mode amoureux de sa propre image cependant. J’ai tendance à plutôt ressentir, quoique sachant parfaitement mesurer. Pourtant, nous nous sommes toujours et pas mal retrouvés, sur la question cycliste comme sur les autres. Disons qu’un compteur basique temps et distance m’a toujours suffi, mais cette limite n’est que la mienne.

  16. Edgar Allan Poe

    Idem pour moi, Plasthmatic, je n’utilise pas le mode censeur. Je suis juste intrigué, étonné – la preuve que nous sommes encore jeunes – , et comme toi, ça ne m’empêche pas de dormir !
    L’alliance de l’Auvergne avec Rhône-Alpes en fait une super région, les images du Dauphiné le prouvent au quotidien.
    J’étais sur les bords de l’épreuve aujourd’hui : il y a autant de motards de la gendarmerie que de voitures suiveuses. Il semblerait que l’on soit revenu à des flottes motorisées raisonnables.
    A voir ce qu’il en sera de la gabegie du tour de France à ce niveau.

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