D’ordinaire, la victoire ces dernières années s’est surtout jouée entre l’Australie et le Royaume-Uni: ce sont ces deux équipes qui ont à peu près tout raflé.
L’équipe canadienne était composée de Jasmin Glaesser, Allison Beveridge, Kirsti Lay et Stéphanie Roorda. L’équipe s’est imposée contre les Américaines sur la distance de 4000m, revenue à l’agenda depuis 2013 (c’était 3000m chez les femmes auparavant).
Toute une performance qui intervient à moins d’un an des prochains Jeux Olympiques de Rio… c’est de bonne augure.
Bravo!
Hugo Barrette
Prompt rétablissement au pistard canadien qui a fait une violente sortie de piste à l’entrainement la semaine dernière, étant éjecté par dessus la balustrade. S’il n’a pas de fracture, Barrette a brièvement perdu conscience sous la force de l’impact et devra j’imagine respecter une période de repos pour pleinement se remettre d’une telle chute. Assurément un pépin dans une année pré-olympique, mais je suis convaincu qu’il saura surmonter cette épreuve.
Plusieurs amateurs de cyclisme seront probablement d’accord avec ça!
Le mien est ailleurs.
C’est sans hésiter d’aucune façon que je vous livre mon moment le plus spectaculaire de la saison cycliste professionnelle 2015: la victoire de Ian Stannard sur le Het Nieuwsblad.
99,9% de chances de perdre la course. Il n’en fut rien: non seulement Stannard résista, notamment à l’attaque de Tom Boonen (Boonen…), mais il trouva également les ressources pour s’imposer au sprint.
J’en connais qui ont dû se faire remonter les bretelles le soir de la course. On doit encore en parler en Belgique aujourd’hui.
Et on devrait passer ce vidéo dans toutes les écoles de cyclisme. Les Etixx ont certes mal joué leurs cartes (entre autre, pourquoi diable Vandenberg y va sur l’attaque de Terpstra?), mais Stannard lui a fait preuve d’un sang froid remarquable dans le final de la course.
Les commentaires des deux analystes de la télévision belge ne sont pas à dédaigner non plus: petit condensé d’un bon nombre de belles expressions cyclistes!
Bref, de loin mon moment le plus spectaculaire de la saison.
Autant vous l’avouer d’entrée de jeu: ce Tour de France me plait. Ca fait longtemps qu’un Tour de France ne m’a pas apparu aussi intéressant. Explications.
D’abord les faits: au menu de Messieurs les coureurs, 3519 kms répartis en 21 étapes, comme d’habitude. Le Tour s’élancera le 2 juillet depuis le Mont St-Michel, question de faire de belles photos, restera quelques étapes (promises essentiellement aux sprinters) en Normandie, puis mettra cap au Sud pour d’abord franchir les Pyrénées, puis les Alpes non sans être remonté par Montpellier et le… Mont Ventoux.
Pas de prologue donc l’an prochain, ni de chrono par équipe en début d’épreuve, ni même de pavés, présents sur les deux dernières éditions. Peut-on y voir une volonté des organisateurs de limiter les chutes, toujours très présentes en début d’épreuve, avec la nervosité du peloton? Ce n’est pas impossible. Chose certaine, les grands favoris trouveront que ce début de Tour est plus « tranquille » que les années précédentes.
Premier aspect intéressant, l’arrivée d’une étape accidentée et piégeuse dès le 5e jour, sur la route vers Le Lioran. À franchir ce jour-là, les cols du Pas de Peyrol, du Perthus avant l’ascension vers l’arrivée. 216 kilomètres tout de même, après deux étapes de plus de 200 bornes également, ça commencera à fatiguer le peloton.
Deux belles étapes dans les Pyrénées, d’un peu plus de 180 bornes, sont ensuite placées en fin de première semaine, volonté probable des organisateurs de ne jamais permettre aux coureurs de relâcher leur attention, et de leur donner un terrain propice à des rebondissements tous les jours.
Le classique Pau-Bagnères de Luchon lors de la 8e étape est bien ficelé: on attaquera le Tourmalet après une mise en jambes de 70 bornes, question de lancer la course, puis on enchaine ensuite sans répit Hourquette d’Ancizan (un col pas facile, avec beaucoup de ruptures de pente exigeant des changements de rythme), Val Louron Azet puis Peyresourde, avant la plongée sur l’arrivée (de quoi permettre aux coureurs de « faire la descente! »).
L’étape d’Andorre-Arcalis le lendemain n’est pas moins intéressante, avec une succession d’ascensions avant l’arrivée en altitude. Assurément de quoi créer des écarts, et une étape où certains coureurs voudront partir de loin.
La première journée de repos interviendra le lundi 11 juillet.
Après deux étapes dans le Sud, où il peut faire très chaud, les organisateurs ont bien faits les choses avec une arrivée au sommet du mythique Ventoux lors de la 12 étape, le jour du… 14 juillet. Si l’étape se résumera probablement à une course de côte, ça sera néanmoins intéressant car des défaillances peuvent survenir. Bien! Les coureurs français voudront évidemment s’illustrer et Thibaut Pinot a un bon coup à jouer sur cette étape, c’est évident.
La 15e étape vers Culoz est pour moi probablement la plus intéressante: seulement 159 bornes, mais quelle journée casse-pattes, avec pas moins d’une succession de petits cols puis deux ascensions du Grand Colombier, excusez un peu, avant la plongée finale vers l’arrivée. Celle-là sera probablement spectaculaire. Voilà l’archétype d’une étape bien pensée.
Enfin, vers la fin de la 2e semaine, un chrono de 37 bornes sur un parcours présentant tout de même 900m de dénivelé. Le maillot jaune devra s’y défendre, et ça pourra permettre à certains de faire un rapproché juste avant la traversée des Alpes. De quoi entretenir le suspense, à condition de ne pas avoir un coureur archi-dominant comme Froome cette année.
On attaque enfin les Alpes, avec plusieurs étapes intéressantes même si on ne franchit pas de très grands cols comme le Galibier, l’Izoard, la Bonette, la Madeleine ou le Glandon.
Si le seul intérêt de l’étape vers Finhaut-Emosson est cette ascension finale justement, difficile, celle du lendemain est originale puisqu’un nouveau chrono (seulement 5 jours après le premier!), en côte toutefois, attend les coureurs du côté de Sallanches. 17 bornes seulement, mais ça peut faire des écarts en fin de course.
Restera deux belles et difficiles étapes d’environ 150 bornes, de quoi créer du mouvement, la première entre Albertville et Saint-Gervais Mont Blanc (Forclaz, Saisies avant d’attaquer l’ascension vers l’arrivée en altitude), la deuxième entre Mégève et Morzine (Aravis, Colombière, Ramaz et le difficile Joux Plane dans le final, un parcours dans des paysages magnifiques). La plongée vers Morzine sera une nouvelle occasion pour les bons descendeurs de s’illustrer (Nibali, Bardet?).
Bref, il s’agit d’un Tour de France proposant selon moi beaucoup d’étapes intéressantes, pas toujours des classiques, mais des étapes propices à l’initiative, donnant chaque jour des idées et assurément des occasions pour piéger ses adversaires. Les grimpeurs, mais aussi les bons rouleurs en raison des deux chronos, trouveront matière à s’exprimer sur ce parcours qui convient à beaucoup de coureurs.
C’est peut-être le plus grand mérite de ce Tour de France 2016: il y en aura pour tous, y compris pour les plus audacieux!
Rappelons en terminant qu’outre Ryder Hesjedal, chez Trek l’an prochain, Hugo Houle présente d’excellentes chances d’être au départ de ce Tour de France pour AG2R – La Mondiale s’il connait les mêmes succès que cette année. Sans chrono par équipe, sur un parcours accidenté, les chances de Svein Tuft d’être de l’alignement d’Orica-Green Edge m’apparaissent moindres. Christian Meier pourrait lui aussi être au départ pour cette formation.
L’étape du Tour
Ce sera le 10 juillet prochain entre Mégève et Morzine, sur 146 bornes (donc accessible à beaucoup). Pour connaître ce coin de pays, ces cols sont vraiment magnifiques et les paysages superbes. Une très belle étape. Les inscriptions sont ouvertes, il faut donc faire vite!
Hormis ces conditions extrêmes, l’étape a été ennuyeuse au possible, le peloton décidant de roulotter à 34 de moyenne sur les deux premières heures, question de gérer la chaleur au mieux. Ca s’est conclu au sprint, un sprint remporté par Guardini devant Boonen et Benneti. Sagan, avec son nouveau maillot de champion du monde, a lancé le sprint, faisant croire un instant qu’il pouvait s’imposer. Peine perdue, les autres ont démarré plus sèchement derrière lui, le distançant rapidement.
Demain ne sera guère différent, encore un sprint très certainement.
Vicenzo Nibali. Fabio Aru. Alejandro Valverde. Et Peter Sagan.
Ce sont là quelques unes des stars du peloton pro qui participeront, à partir de jeudi, au premier Tour d’Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.
Le Tour d’Abu Dhabi est la troisième épreuve à s’ajouter à la liste des courses dans la péninsule arabique: on a d’abord le Tour de Dubai (autre ville des Émirats Arabes Unis), en janvier (remporté cette année par Mark Cavendish), suivi du Tour d’Oman (remporté par Raphael Valls), fin février. Le Tour d’Oman est organisé en partie par A.S.O.
Rappelons également que les prochains Mondiaux de cyclisme sur route auront lieu à Doha, au Qatar, en 2016.
On verra également en action du côté d’Abu Dhabi dans les prochains jours les Michael Matthews, Rui Costa, ou Diego Ulissi, parmi d’autres.
Au menu, quatre petites étapes: trois pour les sprinters, et une plus accidentée.
Dans ce contexte, on peut raisonnablement se demander quelles sont les motivations de ces coureurs pour courir là-bas à ce temps-ci de l’année… Car je doute personnellement beaucoup que les coureurs se rendent là-bas, après une longue saison et de très nombreux voyages, de gaité de coeur actuellement. Il n’y a à peu près aucun prestige associé à la victoire, et les parcours présentent peu d’intérêt. Les coureurs pro aspirent très certainement davantage à prendre des vacances dans les Caraibes à ce temps-ci de l’année, afin de refaire des forces avant de reprendre l’entrainement en prévision de la saison prochaine. Si les grandes stars ont pu dire « non », d’autres ont dû se faire imposer le voyage par le sponsor et par les organisateurs.
Pour moi, les motivations sont probablement simples à trouver: un cachet. Un gros cachet.
Rappelons également que plusieurs pays de la péninsule arabique ont également réussi à attirer la Formule Un au cours des dernières années.
Y’a pas à dire, la péninsule arabique, surtout le Qatar, les Émirats Arabes Unis et Oman, sont actuellement à la mode dans le sport professionnel. Mondialisation? Ces pays semblent surtout réussir là ou le Tour de Pékin a échoué cette année, mettant la clef sous la porte: la différence, c’est très certainement l’argent.
Voilà qui prouve hors de tout doute que le cyclisme, comme d’autres sports, c’est d’abord et avant tout une affaire de gros sous. Vous voulez mondialiser le cyclisme? Pas de problème, du moment que vous avez un sponsor ou un État pour vous soutenir financièrement!
Le danger dans tout ca, c’est à mon sens la santé des coureurs: la saison cycliste est longue, très longue, et elle s’allonge davantage avec la création de ces épreuves qui, faute d’une réelle réflexion sur le calendrier annuel de courses, sont placées ainsi en fin de calendrier, réduisant d’autant la période de l’intersaison, nécessaire selon moi pour recharger les batteries des coureurs qui pratiquent un des sports les plus exigeants qui soit.
Il serait temps d’une réflexion plus approfondie de l’UCI sur ce calendrier annuel. Mondialisation certes, mais encore faut-il que ce soit cohérent!
C’est en passe de devenir une mode dans le cyclisme d’aujourd’hui: attaquer dans les descentes!
Il y a pas si longtemps de ca, de telles attaques étaient perçues comme l’apanage des cyclistes ne sachant pas courir.
Aujourd’hui, dans un cyclisme moderne très resserré, où beaucoup de coureurs sont en excellente condition, l’attaque dans les descentes redevient une façon de surprendre son monde.
Chose certaine, et pour avoir descendu de nombreux cols en Italie cet été, il faut une sacré paire de couilles pour descendre de la sorte. Je ne suis pas un manche dans l’exercice, mais à ce niveau, on apprécie la prise de risques.
Avec cette victoire, sa première sur une « Grande Classique », Nibali « sauve » en quelque sorte sa saison: jusqu’ici, il n’avait que le Championnat d’Italie et une étape du Tour à mettre de l’avant, bien peu pour le vainqueur du Tour 2014.
Cette victoire lui permettra peut-être de négocier un contrat dans une nouvelle équipe pour 2016, car avec Aru chez Astana, ca devient compliqué pour le Requin de Messine qui, de surcroit, n’apprécie pas Vinokourov, c’est connu.
L’Espagnol Daniel Moreno chez Katusha termine de façon surprenante à la 2e place juste devant un excellent Thibault Pinot qui décroche là le premier podium depuis 1997 (victoire de Laurent Jalabert) pour la France sur cette épreuve.
Vainqueur de la Flèche Wallonne en 2013, Moreno serait à la recherche d’un nouveau contrat lui permettant de rester en WorldTour l’an prochain. À 34 ans, la performance offerte hier a de quoi surprendre… et je crois que ce coureur est à risque d’une mauvaise nouvelle au cours des prochaines semaines, les ingrédients de la tentation étant tous réunis.
Pour le reste, tout le monde est à peu près à sa place sur ce Tour de Lombardie: Valverde termine très bon 4, peut-être un peu cramé de sa longue saison. Gallopin entre encore une fois dans les 10 premiers, confirmant sa bonne saison, Vuillermoz et Bardet sont dans les 20 premiers, le tout me semble assez cohérent.
La déception vient plutôt du côté de Philippe Gilbert chez BMC, seulement 33e hier à plus de sept minutes, et de Rui Costa, 46e à plus de neuf minutes. On attendait mieux de ces deux leaders d’équipe.
Reste une course d’intérêt le week-end prochain, Paris-Tours. Une course habituellement promise aux sprinters.
Dimanche sera disputée la 109e édition du Tour de Lombardie, aussi appelée la « course aux feuilles mortes » puisqu’elle se déroule à l’automne. C’était en fait traditionnellement la dernière course de la saison (avant, Paris-Tours survenait avant le Tour de Lombardie), mais mondialisation oblige, aujourd’hui on propose aux coureurs des courses fin octobre – début novembre, notamment en Asie (exemple, le Tour Abu Dhabi…).
Peu importe, c’est assurément l’une des plus belles courses de la saison, car sur des parcours enchanteurs autour du magnifique lac de Côme. Sans oublier le passage à la Madonna del Ghisallo, chapelle dédiée au cyclisme sur les hauteurs de Bellagio. Mon passage là-bas cet été a assurément été un moment fort de mon séjour en Italie.
Au menu de Messieurs les coureurs, 245 bornes entre Bergamo et Como. Le parcours se corse dans le final, avec les ascensions de la Madonna del Ghisallo suivie, sans trop de récupération, du fameux Mur di Sormano, puis la plongée sur Como avec la montée de Civiglio puis, enfin, le dernier coup de cul de San Fermo della Battaglia. De quoi décanter la course!
Les favoris
En premier lieu, l’équipe Astana, surpuissante ces temps-ci avec la récente victoire de Vicenzo Nibali au Tre Valli Varesine, ainsi que de Diego Rosa hier sur Milan-Turin. Astana pourra compter dimanche sur Nibali, un homme en forme en ce moment, mais aussi Rosa et Landa. Attention à ce dernier!
Par contre, on annonce Fabio Aru absent, allant plutôt courir une épreuve à Almaty, au Kazakhstan. Sponsor oblige.
On pense ensuite à Thibault Pinot, vu à son avantage dans le final des deux récentes courses italiennes. Pinot semble très motivé, et présente une équipe actuelle qui tient la route. Je le vois sur le podium dimanche!
Les AG2R La Mondiale: avec Bardet, Vuillermoz et Pozzovivo, l’équipe française a vraiment un bon coup à jouer dimanche.
Rafal Majka. J’en fais personnellement mon favori. Il vient de terminer 2e de Milan Turin, il présente une excellente condition physique.
Joaquim Rodriguez. Déjà double vainqueur de cette course (2012 et 2013), on ne peut l’exclure de la courte liste des favoris.
Philippe Gilbert. Lui aussi en forme, il court après une nouvelle grande victoire et le final de la course lui convient bien, notamment cette montée de Civiglio. Il ne pourra toutefois pas compter sur Greg Van Avermaet au sein de la formation BMC, absent.
Rui Costa. Lui aussi court après une belle, et le final lui convient également.
Davide Rebellin. Il est en forme en ce moment, et cherche à terminer sa carrière sur une nouvelle grande victoire sur une épreuve WorldTour. Il sera sur-motivé dimanche, c’est certain. C’est une chance à ne pas manquer pour lui, il a 44 ans!
Les autres favoris: Tim Wellens, Tony Gallopin (en forme), Franco Pellizotti, Damiano Cunego, ainsi que deux coureurs Trek, soit Felline et Nizzolo, quoi que le final pourrait être un peu trop difficile pour ce dernier, notamment le Mur de Sormano.
La météo
On annonce un temps orageux sur la région dimanche, avec des averses. Cela pourrait contribuer à durcir la course, surtout dans le Mur de Sormano. Par contre, il ne fera pas froid.
Après 15 places de 2e cette saison, Peter Sagan est allé chercher la bonne: champion du monde! De quoi oublier tous ces accessits, et une belle revanche après son abandon à la 9e étape de la Vuelta, renversé la veille par une moto de l’organisation.
Je suis moi-aussi content pour Peter Sagan et pour le cyclisme puisque ce coureur en est un excellent ambassadeur. Spectaculaire, habile sur son vélo, présent de mars à octobre, sympathique à la télé, d’une personnalité plutôt cool, adulé par certains fans de cyclisme, issu du mountain bike, il pourra apporter une notoriété supplémentaire au sport au cours des prochains mois.
Sagan s’est imposé aujourd’hui avec la manière, prenant une petite revanche au passage sur Michal Kwiatlowski – son éternel rival, ils sont tous deux nés en 1990 – qui l’avait battu à la fois sur la Strade Bianche et les Mondiaux 2014.
Jusque là, la course des Mondiaux aura été assez classique, avec une échappée matinale vouée à l’échec, puis des contres plus sérieux avec notamment Phinney et… le Québécois Boivin, puis Boonen et Kwiatlowski au sein d’un petit groupe, puis des tentatives de Dumoulin, de Nibali, de Valverde, entre autres.
Sur un tel parcours, il avait souvent été répété qu’il fallait attendre, attendre, et encore attendre pour partir dans l’une des trois ascensions, lors du dernier tour. C’est ce que Sagan a fait, et il a gagné!
Dans ce contexte, on pourra se poser la question, chez les Canadiens, de savoir pourquoi Boivin s’est dévoilé aussi tôt? Un Woods (94e) ou un Duchesne (61e), premier Canadien à l’arrivée, aurait à mon sens été plus judicieux que Boivin qui devait, selon le plan de match, se réserver pour le dernier tour.
Les Australiens pourront aussi nourrir des regrets, avec Matthews 2e et Gerrans 6e, et qui ont apparemment sprinté l’un contre l’autre. Inacceptable à ce niveau de compétition, Matthews aurait probablement pu l’emporter si Gerrans lui avait servi un gros relais pour revenir sur Sagan dans les tous derniers hectomètres de la course. À quoi pensait Gerrans? Qu’il allait battre Kristoff (finalement 4e) au sprint?!
Pour le reste, les 15 premières places sont globalement occupées par des coureurs que j’attendais: Valverde (5e), Gallopin (7e), Kwiatlowski (8e), Costa (9e), Gilbert (10e), voire Dumoulin (11e). Solide d’ailleurs, ce Gallopin!
L’équipe d’Italie aura également déçu, avec Nizzolo seulement 18e et seul Italien au sein du premier groupe. C’est maigre pour la Squadra Azzurra.
Enfin, les Belges. S’ils ont manqué de réussite, je pense qu’ils ont somme toute bien joué leurs cartes. On a vu Boonen se porter à l’attaque dans le final, puis surtout Van Avermaet à 3 kms de la ligne: ils ont donc essayé de dynamiter la course. Dommage que Van Avermaet n’ait pas pu suivre Sagan, car sinon il pouvait faire une sacré belle place, voire se battre pour le titre. Gilbert récupère la mise en signant la 10e place, c’est pas ce qu’on attendait mais c’est mieux que rien. VanMarcke, Keukeleire, Benoot n’ont pas été ridicules non plus.
Malgré la répétition des bosses, une arrivée au sprint parmi un peloton réduit en effectifs n’est pas à exclure. Le final se présente un peu comme le GP de Québec, avec une arrivée au terme d’un faux-plat ascendant. Un coureur puissant, bon puncheur ou sprinter, devrait pouvoir s’imposer.
Les favoris
Selon moi, ces Mondiaux sont assez ouverts, donc la liste des favoris au sein des partants s’allonge.
Alexandre Kristoff est assurément l’un de ceux là. Il est capable de survivre sur les monts des Flandres et de s’imposer après 265 kms sur le Tour des Flandres, donc il est capable de gagner dimanche. Sa seule limite est probablement son équipe norvégienne, composée de seulement 6 hommes, car pour lui avoir un ou deux équipiers pouvant lui préparer le terrain et contrôler les tentatives du kilomètre à l’approche de l’arrivée seront cruciaux (on l’a bien vu au GP de Québec…). Kristoff pourra-t-il compter sur des complicités cachées parmi ses équipiers réguliers chez Katusha, quelques uns d’entre eux courant en équipe de Russie?
Michael Matthews devrait aussi être dans le coup, pour les mêmes raisons que Kristoff. Il pourra compter sur 8 solides équipiers au sein de l’équipe d’Australie dont Gerrans, assurément un avantage.
Tom Boonen. L’homme a l’habitude des grands rendez-vous et il a bien préparé ces Mondiaux. Le parcours lui convient, l’arrivée également. Il dispose d’une véritable armada belge autour de lui, capable de saisir toute les opportunités pour jouer diverses cartes, avec Gilbert, VanAvermaet, VanMarcke, Keukeleire, voire Benoot et Vandenberg. Aie! Ils ont la puissance pour animer la course du km 0 au km 260!
Michal Kwiatlowski. Lui aussi en forme, on ne peut l’exclure de la liste de favoris, notamment en raison de son punch et de son audace. Au sein de son équipe de Pologne, je ne vois toutefois que Majka pour être efficace à ses côtés dans le final.
Alejandro Valverde. Parce que ce coureur a la classe et peut tout faire, partout. C’est la meilleure carte de l’équipe d’Espagne qui, je crois, durcira la course d’entrée de jeu.
Rigoberto Uran. Récent vainqueur à Québec, l’arrivée similaire à Richmond lui convient bien aussi. Il aura toutefois une plus grosse pancarte dans le dos. Et il devra se débrouiller pour ainsi dire seul, son équipe colombienne n’étant pas très forte.
Fabio Felline. Parce qu’il a aligné Tom Boonen au sprint sur le récent GP de Fourmies. En forme en ce moment, l’équipe d’Italie pourrait se mettre à son service dans le final.
Bauke Mollema. Lui aussi en forme, il a préparé spécifiquement ces Mondiaux, un objectif pour lui, en courant depuis quelques semaines en Amérique du Nord, notamment au Tour de l’Alberta. Son équipe néerlandaise est puissante à ses côtés, avec Gesink, Terpstra, Boom et Dumoulin. De quoi répondre aux Belges!
John Dekengolb. Auteur d’une belle saison, il peut s’en tirer dans le final, un peu comme il l’a fait à Milan SanRemo cette saison. Greipel devrait être trop juste dans le final sur un tel parcours.
Rui Costa. Dans un bon jour, capable de tout.
Michael Albasini. Dans un bon jour, capable de presque tout, s’il est en forme.
Le joker
Peter Sagan! On ne sait pas grand chose de sa condition physique actuelle, ni de sa motivation pour ces Mondiaux. Mais on ne peut l’exclure des favoris tant son talent est grand, sa pointe de vitesse intéressante et son agilité à se faufiler supérieure.
Les Canadiens
Ils sont 6 au départ, soit Guillaume Boivin, Mike Woods, Ryan Roth, Ryan Anderson, Antoine Duchesne et Hugo Houle. Comme le disait Woods dans la récente interview qu’il m’a accordé, on jouera la carte Boivin et Anderson. Il a des chances qu’on voit un Woods, Duchesne ou Roth dans une échappée en première moitié de course, surtout ce dernier je pense. Il serait enfin de bonne augure de garder Houle pour amener soit Boivin, soit Anderson, dans le final, si possible.
À la télé
La course devrait être disponible en direct dimanche après-midi sur le réseau américain NBC. Au Québec, on pourra également voir la course sur RDS2.
Et pour la 2e année de suite, un coureur Sky qui gagne après Wiggins l’an dernier.
1h02 d’effort, un effort violent, à plus de 50 de moyenne. Les spécialistes apprécieront.
Si la victoire est donc chose d’un coureur « surprise » pour plusieurs (sauf quelques uns d’entre nous…), les autres marches du podium sont aussi occupées par des coureurs pas forcément parmi la courte liste des favoris: Malori et le Français Coppel, qui montre une fois de plus qu’il a une sacré caisse.
Moreno Moser termine à une excellente 10e place, comme Taylor Phinney 12e compte tenu de son retour à la compétition.
Mention très, très bien également au Québécois Hugo Houle, 25e à seulement 2min36 du vainqueur (un écart somme toute faible compte tenu de la durée de l’exercice, plus d’une heure), et à à peine une trentaine de secondes d’un top-15. Houle progresse c’est évident, et voilà qui termine une bien belle saison amorcée… un peu de la même façon, avec une belle perf (3e) sur le chrono du Tour de San Luis en janvier dernier, derrière le vainqueur… Malori! Rappelons que Hugo a également remporté le titre de champion canadien de la discipline cette année. Bravo Hugo!
Chose certaine, son Strava était très impressionnant, 53kms bouclés à la moyenne de 49,5 km/h… et tu termines 25e avec ça! Aie aie aie, voilà qui est éloquent du niveau de performance des coureurs de ces Mondiaux.
Pour Kiryienka, il s’agit d’une 4e victoire significative sur les chronos cette année, après son titre de champion d’Europe, de champion de Biélorussie et sa victoire lors de la 14e étape du Giro en mai dernier. Un spécialiste de la discipline, sans l’ombre d’un doute.
Parmi les absents de marque, Cancellara et Wiggins bien sûr. Les absents ont toujours torts…
On se tourne maintenant du côté de la course sur route dimanche prochain. L’armada belge sera intéressante à suivre. Davantage sur cette course au cours des prochains jours sur La Flamme Rouge!
Sur le papier, ils sont quatre favoris: Tom Dumoulin, Rohan Dennis, Tony Martin et Vasil Kiryienka. Ce dernier ne doit pas être oublié, c’est une bête.
Sur un tel parcours, Dumoulin devrait bien faire, estimant que c’est trop peu roulant pour Martin. Ce dernier peut cependant s’accommoder fort bien des petites bosses du parcours, c’est certain.
Dennis devrait aussi être dans le coup, ça se jouera entre Dumoulin et lui selon moi. Dennis vient de faire une belle perf avec son équipe BMC dimanche dernier, sacrée championne du monde du contre-la-montre par équipe. On sait qu’il a contribué significativement à ce succès, ayant été déclaré « la locomotive » de l’équipe par nul autre que Taylor Phinney.
Oui, vraiment, la lutte sera vraiment très serrée, rehaussant l’intérêt de l’épreuve.
La question: Dumoulin a-t-il suffisamment récupéré de sa Vuelta?
Rapidement (km 19 de 135), un quatuor s’est détaché à l’avant de la course. Que des pointures: Woods, Duchesne, Roy-Pelletier, Piccoli. Une classe à part.
On ne les reverrait plus.
Duchesne a mené grand train par moment, déclarant à l’arrivée « c’est de loin l’échappée où j’ai le plus souffert cette année« . Pour un gars qui vient de compléter une des Vuelta – course WorldTour – les plus difficiles de l’histoire, on appréciera.
Les autres sont tous à plus de 8 minutes. Au mieux.
Chez les femmes, Véronique Fortin de Gatineau, qui vient de s’imposer en août sur la Haute Route Dolomites, a franchi l’arrivée la première, solo comme Woods. Elle est suivie de Lex Albrecht 3 minutes derrière qui règle un groupe.
Deux vainqueurs prestigieux. Une participation significative. Un parcours épique, qui a livré la marchandise. Une belle météo. Une organisation parfaite, notamment grâce au travail de bénévoles enthousiastes et motivés. Y’a pas à dire, cette première édition est un franc succès (sans jeu de mots…).