Le parcours de la 103e édition du Tour de France a donc été rendu public hier depuis le Palais des congrès de Paris.
Autant vous l’avouer d’entrée de jeu: ce Tour de France me plait. Ca fait longtemps qu’un Tour de France ne m’a pas apparu aussi intéressant. Explications.
D’abord les faits: au menu de Messieurs les coureurs, 3519 kms répartis en 21 étapes, comme d’habitude. Le Tour s’élancera le 2 juillet depuis le Mont St-Michel, question de faire de belles photos, restera quelques étapes (promises essentiellement aux sprinters) en Normandie, puis mettra cap au Sud pour d’abord franchir les Pyrénées, puis les Alpes non sans être remonté par Montpellier et le… Mont Ventoux.
Pas de prologue donc l’an prochain, ni de chrono par équipe en début d’épreuve, ni même de pavés, présents sur les deux dernières éditions. Peut-on y voir une volonté des organisateurs de limiter les chutes, toujours très présentes en début d’épreuve, avec la nervosité du peloton? Ce n’est pas impossible. Chose certaine, les grands favoris trouveront que ce début de Tour est plus « tranquille » que les années précédentes.
Premier aspect intéressant, l’arrivée d’une étape accidentée et piégeuse dès le 5e jour, sur la route vers Le Lioran. À franchir ce jour-là, les cols du Pas de Peyrol, du Perthus avant l’ascension vers l’arrivée. 216 kilomètres tout de même, après deux étapes de plus de 200 bornes également, ça commencera à fatiguer le peloton.
Deux belles étapes dans les Pyrénées, d’un peu plus de 180 bornes, sont ensuite placées en fin de première semaine, volonté probable des organisateurs de ne jamais permettre aux coureurs de relâcher leur attention, et de leur donner un terrain propice à des rebondissements tous les jours.
Le classique Pau-Bagnères de Luchon lors de la 8e étape est bien ficelé: on attaquera le Tourmalet après une mise en jambes de 70 bornes, question de lancer la course, puis on enchaine ensuite sans répit Hourquette d’Ancizan (un col pas facile, avec beaucoup de ruptures de pente exigeant des changements de rythme), Val Louron Azet puis Peyresourde, avant la plongée sur l’arrivée (de quoi permettre aux coureurs de « faire la descente! »).
L’étape d’Andorre-Arcalis le lendemain n’est pas moins intéressante, avec une succession d’ascensions avant l’arrivée en altitude. Assurément de quoi créer des écarts, et une étape où certains coureurs voudront partir de loin.
La première journée de repos interviendra le lundi 11 juillet.
Après deux étapes dans le Sud, où il peut faire très chaud, les organisateurs ont bien faits les choses avec une arrivée au sommet du mythique Ventoux lors de la 12 étape, le jour du… 14 juillet. Si l’étape se résumera probablement à une course de côte, ça sera néanmoins intéressant car des défaillances peuvent survenir. Bien! Les coureurs français voudront évidemment s’illustrer et Thibaut Pinot a un bon coup à jouer sur cette étape, c’est évident.
La 15e étape vers Culoz est pour moi probablement la plus intéressante: seulement 159 bornes, mais quelle journée casse-pattes, avec pas moins d’une succession de petits cols puis deux ascensions du Grand Colombier, excusez un peu, avant la plongée finale vers l’arrivée. Celle-là sera probablement spectaculaire. Voilà l’archétype d’une étape bien pensée.
Enfin, vers la fin de la 2e semaine, un chrono de 37 bornes sur un parcours présentant tout de même 900m de dénivelé. Le maillot jaune devra s’y défendre, et ça pourra permettre à certains de faire un rapproché juste avant la traversée des Alpes. De quoi entretenir le suspense, à condition de ne pas avoir un coureur archi-dominant comme Froome cette année.
On attaque enfin les Alpes, avec plusieurs étapes intéressantes même si on ne franchit pas de très grands cols comme le Galibier, l’Izoard, la Bonette, la Madeleine ou le Glandon.
Si le seul intérêt de l’étape vers Finhaut-Emosson est cette ascension finale justement, difficile, celle du lendemain est originale puisqu’un nouveau chrono (seulement 5 jours après le premier!), en côte toutefois, attend les coureurs du côté de Sallanches. 17 bornes seulement, mais ça peut faire des écarts en fin de course.
Restera deux belles et difficiles étapes d’environ 150 bornes, de quoi créer du mouvement, la première entre Albertville et Saint-Gervais Mont Blanc (Forclaz, Saisies avant d’attaquer l’ascension vers l’arrivée en altitude), la deuxième entre Mégève et Morzine (Aravis, Colombière, Ramaz et le difficile Joux Plane dans le final, un parcours dans des paysages magnifiques). La plongée vers Morzine sera une nouvelle occasion pour les bons descendeurs de s’illustrer (Nibali, Bardet?).
Bref, il s’agit d’un Tour de France proposant selon moi beaucoup d’étapes intéressantes, pas toujours des classiques, mais des étapes propices à l’initiative, donnant chaque jour des idées et assurément des occasions pour piéger ses adversaires. Les grimpeurs, mais aussi les bons rouleurs en raison des deux chronos, trouveront matière à s’exprimer sur ce parcours qui convient à beaucoup de coureurs.
C’est peut-être le plus grand mérite de ce Tour de France 2016: il y en aura pour tous, y compris pour les plus audacieux!
Rappelons en terminant qu’outre Ryder Hesjedal, chez Trek l’an prochain, Hugo Houle présente d’excellentes chances d’être au départ de ce Tour de France pour AG2R – La Mondiale s’il connait les mêmes succès que cette année. Sans chrono par équipe, sur un parcours accidenté, les chances de Svein Tuft d’être de l’alignement d’Orica-Green Edge m’apparaissent moindres. Christian Meier pourrait lui aussi être au départ pour cette formation.
L’étape du Tour
Ce sera le 10 juillet prochain entre Mégève et Morzine, sur 146 bornes (donc accessible à beaucoup). Pour connaître ce coin de pays, ces cols sont vraiment magnifiques et les paysages superbes. Une très belle étape. Les inscriptions sont ouvertes, il faut donc faire vite!
Patrick
Avant de regarder le parcours de plus près, je peux assurer que le clm dans ma belle Ardèche (ils vont passer à quelques kilomètres d’un parcours exceptionnellement beau qui auraient marqué, ils le font exprès ou quoi?) ne fera pas 900 m de dénivelée. Dommage aussi que la première ascension du Grand Colombier parte de trop haut et évite le départ très raide (idem!). On peut alors craindre que les 2 petits plats avant Culoz inhibe les volontés…
Dan Simard
Superbe montage vidéo, vive la technologie
Froome devrait apprécier l’étape du Mont Blanc, particulièrement l’Aiguille du Midi 🙂
marten
En effet dommage que la première montée du Grand Colombier ne se fasse pas par Artemare et le raccourci dans Virieu-le-Petit!
Et aussi j’aurais aimé l’ascension du Ventoux par Malaucène!
Christian
Je suis une nouvelle fois déçu du parcours, surtout de la première semaine, qui sera particulièrement insipide.
Autant faire un tour pour sprinters d’une semaine et un pour grimpeurs/baroudeurs qui durera 15 jours.
De toutes facons de nos jours, autant les étapes de plaine que de montagne sont insipides : dans la plaine, c’est intéressant à partir de la Flamme rouge… car les équipes de sprinteurs bloquent la course. En montagne, les leaders attendent aussi… la Flamme rouge pour attaquer!
Ce site n’a jamais aussi bien porté son nom! 🙂
Également, les choses évoluent.
Si je devais monter une course aujourd’hui, je ne la cantonnerai plus au seul vélo sur route. On veut sélectionner le meilleur cycliste, qu’il le soit sur tous les terrains! Donc ajout de pavés obligatoire + cyclocross, vélo de montagne (idéal pour des contre-la-montre et les descentes qui viendraient récompenser les as de cette discipline), etc.
J’irai même plus loin: pourquoi ne pas faire une course multi-sports en mélangeant différents sports de fond comme au triathlon : vélo, course, natation, autre… Ce serait passionnant.
legafmm
Tu as oublié de citer le pédalo Christian
La prochaine fois que tu critiques un parcours, essaye de bien le consulter avant.
Sur la 1ere semaine, il n’y a que 4 étapes pour les sprinteurs.
Le parcours du Tour 2016 est réussi, et on peut souhaiter que les coureurs le subliment.
Christian
@ legafmm
Francois Hollande aurait alors toutes ses chances de remporter le Tour de France!