Les deux étapes du week-end vers Rodez et le Puy-en-Velay ne devraient pas trop changer la donne dans la lutte pour le maillot jaune à Paris. C’est l’occasion de faire le point sur la course, avec cette journée de repos qui arrive lundi.
La courte étape vers Foix a prouvé une fois de plus qu’en cyclisme sur route, pas besoin de tracer des étapes de 240 kilomètres pour voir du mouvement. Ce fut une très belle étape encore une fois, qui nous a tenu en haleine jusqu’à la toute fin.
Les Français sont à la fête sur ce Tour, Warren Barguil signant une magnifique victoire d’étape avec le maillot à pois sur le dos. Il efface du coup sa déception de Chambéry, et nous prouve que la fraicheur physique est peut-être l’élément essentiel à considérer dans la préparation en vue de l’épreuve. Blessé il y a quelques semaines encore, Barguil a en effet peu couru jusqu’au départ du Tour, et il a vraiment de bonnes jambes. Une leçon à retenir pour Quintana et les autres coureurs présents sur le Giro en mai dernier?
J’ai également adoré Alberto Contador une fois de plus, qui a démarré dès le premier col du jour, comme pour dire : « j’ai peut-être perdu le Tour, mais je déciderai en partie de celui qui le gagnera ! ». Amenant Landa avec lui, ce dernier venait causer de sérieux maux de tête à Aru et les Astana… son ancienne équipe ! (rappelez-vous, Landa et Aru étaient équipiers en 2015 sur le Giro, notamment dans cette magnifique étape du Mortirolo, à la lutte avec Alberto Contador en rose).
Au terme de l’étape et de leur échappée, Quintana (qui a aussi bien manœuvré durant l’étape) et Landa rejoignent au général les coureurs qui peuvent encore rêver gagner à Paris : Aru, Froome, Bardet, Uran, Martin et Yates. Ils sont donc huit coureurs à moins de 2min07 du maillot jaune, de quoi garantir une traversée des Alpes compliquée et passionnante la semaine prochaine !
Les probabilités de victoire
Pour moi, Froome reste le favori compte tenu du dernier chrono à Marseille la veille de l’arrivée. Il n’a cependant pas l’air au mieux dans les forts pourcentages, et je crois que ses adversaires devront le tester dans le col du Galibier, au delà de Plan Lachat, dans les pentes les plus difficiles de ce col, et par delà 2000m d’altitude. L’autre occasion sera dans les rampes menant à la Casse Déserte sur le col de l’Izoard, là aussi dans des pentes plus raides. C’est l’occasion de lui administrer le KO, si jamais le KO est possible !
Aru a manifestement de bonnes jambes dans les forts pourcentages, mais il est très, très isolé. S’il pourra probablement compter sur les AG2R-La Mondiale pour contrôler la course, les deux Sky – Froome et Landa – seront capables de lui créer bien des soucis dans les Alpes. À un certain moment, tu ne peux pas courir après tout le monde…
Bardet, c’est l’inconnu : jusqu’où peut-il aller ? Pour s’imposer sur ce Tour, il devra compter au moins 2 minutes d’avance sur Froome en prévision du dernier chrono. Il doit passer à l’attaque dans les Alpes, probablement en attendant les derniers hectomètres du Galibier, puis de l’Izoard. Ou alors, dans la descente du Galibier ?
Uran, c’est l’autre inconnu, le joker de ce top-8. Deux fois 2e du Giro, il a la caisse et se débrouille bien dans les chronos. Il n’a surtout aucune pression, rien à perdre. Je le vois bien sur le podium à Paris !
Landa, c’est l’autre joker de ce top-8. La Sky le relancera très certainement à l’attaque dans les Alpes pour obliger Aru et Bardet à faire des efforts. Froome pourra alors contrer au besoin. Ceci étant, je pense que le premier à rire jaune sera Chris Froome lui-même si jamais on devait ne pas revoir Landa, et que ce dernier allait chercher le maillot jaune. En d’autres mots, si Froome trouve la situation intéressante pour le moment, son rival le plus important pour la gagne à Paris est peut-être son propre équipier, tant Landa semble avoir de bonnes jambes en ce moment !
Quintana, Martin et Yates n’ont pas de pression eux non plus, surtout Yates qui cherchera surtout à ne pas perdre à Louis Meintjens son maillot blanc de meilleur jeune.
Bref, avantage Sky c’est évident à l’amorce de cette dernière semaine, mais Froome la trouvera moins drôle si Landa devait se montrer plus solide que lui…
Quel Tour !