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Froome: Epic Ride!

C’est assez monstrueux ce qu’a fait Chris Froome hier lors de la 19e étape du Giro, une étape vraiment difficile avec notamment le passage du Colle Delle Finestre, Sestrières et la montée finale de Jafferau.

Ce qui m’a impressionné le plus, c’est que Froome a osé attaquer de loin: à 80 bornes de l’arrivée! 80 bornes!

Froome nous avait plutôt habitué à accélérer dans les derniers hectomètres des étapes de montagne, pas d’attaquer aussi loin de l’arrivée.

Son attaque a été bien préparée par son équipe, le dernier à offrir un gros relais étant Élissonde. Après, ce fut solo sans rien lâcher, pas même dans les descentes où Froome a réussi à augmenter significativement son avance.

Derrière, ce fut la déroute pour beaucoup: exit Yates, qui s’est complètement effondré, exit Aru (abandon), exit Pozzovivo (qui lâche 8 minutes), il n’y a que Dumoulin, Pinot, Lopez et le surprenant Carapaz pour limiter les dégâts.

Je n’explique pas l’effondrement de Yates, qui a cédé en quelques mètres seulement. Grosse fatigue? Il semblait tellement dominant et facile il y a à peine une semaine… Comment est-ce possible?

Pinot a fait la bonne opération du jour hier, remontant sur le podium de ce Giro. Il devrait y rester demain.

Avec 40 secondes d’avance et une sacré équipe autour de lui, je ne vois pas comment Froome peut dorénavant perdre ce Giro. Dumoulin semblait dans ses derniers retranchements hier dans le final, et l’étape d’aujourd’hui n’est pas plus facile. Il suffira à Froome de produire une bonne accélération dans les derniers kilomètres pour mettre à mal le champion néerlandais.

Plusieurs parlent, dans les médias, d’une journée hier qui restera dans l’histoire du Giro. Oui, certainement, car on n’a pas souvent assisté à de tels raids dans le cyclisme moderne. Le dernier en date est probablement celui d’Alberto Contador sur la Vuelta 2012, lors de l’étape de Fuente Dé, où il avait renversé l’épreuve et dépossédé Joaquim Rodriguez de son maillot amarillo, sur une seule étape.

Un grand champion, Froome? Je ne sais pas, je ne sais plus trop quoi penser avec l’affaire du Salbutamol. Ceci étant, c’est certainement avec ce genre d’exploit hier qu’une légende se forge…

Giro: rien n’est joué!

28 secondes.

C’est le retard qu’accuse Tom Dumoulin sur le maillot rose Simon Yates, qui a montré hier des premiers signes de faiblesse en craquant dans les trois derniers kilomètres de l’étape, et cédant rapidement environ 25 secondes.

Il reste deux grosses étapes de montagne, demain et samedi. Rien n’est donc joué sur ce Giro! Voilà qui prouve également qu’une course de trois semaines est bien difficile à gérer: Yates semblait intouchable durant la 1ere et la 2e semaine, il a montré certaines limites hier.

Jour sans? Possible. Mais le doute s’est probablement installé dans son esprit, et la confiance qu’il est « prenable » dans l’esprit de ses adversaires.

La clé dans tout ca? Chris Froome et son équipe Sky!

Pointé à plus de trois minutes, Froome n’a pas le choix, il doit attaquer. Dumoulin le sait, et voudra profiter du travail des Sky pour mettre à mal Yates. Froome peut compter sur un Wout Poels excellent hier, capable de l’accompagner jusque dans le dernier kilomètre lors des arrivées en altitude. Si le verrou saute dans les deux prochains jours, ca pourrait bien venir du travail de la Sky, Poels tout particulièrement.

Dumoulin, en tout cas, a un bon coup à jouer à 72h de l’arrivée.

Quant à Yates, il a un atout, et cet atout s’appelle Mikel Nieve.

Woods: la victoire d’étape

Autre élément qui est très clair: Woods passera à l’attaque aujourd’hui ou demain. Il a fait gruppetto hier, ce qui veut clairement dire qu’il ne joue plus le général mais bien une victoire d’étape. Désormais pointé à plus de 26 minutes du maillot rose, il n’est une menace pour personne et voudra donc profiter d’une certaine liberté pour viser l’étape. Je pense qu’il sera particulièrement actif aujourd’hui… wait and see!

Chose certaine, Woods et son équipe ont fait le bon choix: finir 12e ou 25e du Giro n’a pas d’importance. Une victoire d’étape aurait un retentissement tout autre…

Pinot, que faire?

La situation est moins claire pour Pinot, 5e du général à un peu plus de quatre minutes. Il voudra probablement aller chercher lui aussi une étape, tout en préservant sa place au général, même si le podium semble désormais hors d’atteinte. La meilleure stratégie dans son cas est probablement de viser une victoire d’étape dans le dernier kilomètre, car ses adversaires ne le laisseront pas partir de loin.

La suite aujourd’hui et demain s’annonce passionnante!

La farce Aru

C’était LE test de ce Giro, un chrono de 35 bornes hier.

En gros, la logique a été respectée, Rohan Dennis s’est imposé, Dumoulin et Froome sont parmi les meilleurs. Dumoulin n’a probablement pas performé au niveau attendu, preuve que sa condition physique sur ce Giro n’est pas celle qu’il avait l’an dernier à pareille date.

Froome quant à lui prend du mieux à chaque étape, et devrait finir ce Giro assez fort. Une surprise? Pas vraiment, le gus a l’expérience des grands tours et manifestement une sacré capacité de récupération.

Simon Yates a bien limité les dégâts, et repart désormais sur son terrain avec de belles étapes de montagne à venir. Sauf incident, il a gagné ce Giro. Dumoulin sera 2e, Froome peut-être troisième s’il parvient à combler l’écart sur Pozzovivo, ce que je crois probable.

Les déceptions viennent de Thibault Pinot, victime d’un jour sans hier, au plus mauvais moment. Désormais 5e, il peut sauver son Giro par une victoire d’étape… mais la question est de savoir quelle énergie cela lui coutera-t-il en prévision du Tour de France en juillet prochain? 5e du Giro, s’il est entre 5 et 10e du Tour pour des raisons de grosse fatigue, quelle impression laissera-t-il de sa saison 2018?

Le Canadien Mike Woods a également lâché pas mal de temps, et pointe désormais à plus de 11 minutes au général. Voilà qui devrait être bon pour obtenir un billet de sortie sur les prochaines étapes, et laisser sa marque sur le Giro 2018. Les victoires d’étape sont définitivement son objectif à partir d’ici.

Sinon, LA surprise de ce chrono est la… 8e place de Fabio Aru, le sicilien grimpeur de poche. Il était en fait classé à la 6e place à… deux petites secondes derrière Chris Froome si ce n’avait été d’une pénalité de 20 secondes pour avoir pris la roue d’un adversaire, évidemment interdit sur un chrono.

Aru le grimpeur qui fait jeu égal avec Froome voire avec Dumoulin sur un chrono tout plat de 35 bornes, après avoir été à la ramasse durant plusieurs étapes de montagne sur ce Giro, c’est quant même assez surprenant.

L’Italien nous a abonné aux performances en dents de scie, ce qui regarde toujours assez mal… Tantôt très bien, il s’effondre souvent subitement, sans raison apparente, pour renaître tout aussi subitement quelques jours plus tard. J’avoue que ces écarts de condition me laissent perplexe… comment raisonnablement écarter le recours à des moyens illicites comme les auto-transfusions, capables évidemment d’expliquer ces variations atypiques dans sa condition?

On verra dans les prochains jours si Aru peut battre à la pédale tous les grands de ce Giro, Yates y compris. Sur ce qu’il a montré sur ce chrono, il devrait en être capable!

Demain, le Zoncolan!

Très beau week-end sur le Giro!

Demain, le Zoncolan. Manquez pas ca! Pentu, toujours spectaculaire, ceux qui veulent gagner ce Giro doivent se dévoiler demain. Je pense que c’est la chance de coureurs comme Pinot, Pozzovivo, Aru ou bien sûr Yates. Ce dernier voudra probablement creuser les écarts pour se doter d’un coussin de sécurité en vue du chrono de lundi prochain.

Tom Dumoulin devra rester au contact des grimpeurs. C’est le test!

Dimanche, autre belle étape dans les Dolomites, sur 176 bornes. Les jambes seront lourdes, et le final est très casse-pattes avec trois ascensions sans répit jusqu’à l’arrivée, au terme d’une légère montée.

Jusqu’ici, je ne vois pas comment Yates peut perdre ce Giro, mais des surprises sont toujours possibles.

Et cet équatorien Richard Carapaz, 24 ans, qui pointe actuellement en 5e place à moins de 2 minutes du maillot rose? Il terminait 8e du Giro l’an dernier… c’est peut-être la surprise à venir de l’épreuve!

Yates a-t-il gagné le Giro, Froome l’a-t-il perdu?

À quelques jours d’entrer dans le vif du sujet sur ce Giro, deux questions se posent: Yates a-t-il déjà gagné le Giro, et Froome l’a-t-il déjà perdu?

Yates déclarait hier que l’étape cruciale pour lui, c’est le chrono de 35 bornes lundi prochain. Voilà un moment que je vous dis que pour le grimpeur Mike Woods, ce chrono sera aussi le grand test pour savoir s’il peut jouer une belle place au général.

Et ca sera la chance de Tom Dumoulin, c’est certain.

Mais bon, pour moi Yates a déjà gagné ce Giro. Tous les indices laissent croire que ce coureur est actuellement en état de grâce. Il est facile partout, gagne, et maitrise. Je pense que le chrono lundi ne sera pas un problème pour lui, quand tu as les jambes, tu peux faire n’importe quoi. Il perdra très certainement un peu de temps sur Dumoulin – champion du monde de la discipline – mais pas suffisamment pour menacer son maillot rose.

Et pour moi, Froome a déjà perdu ce Giro. Je pense qu’il n’est pas serein. Il connait des fautes constamment. Va au tapis. Perd du temps. Sa forme n’est pas optimale, et la prochaine semaine ne pardonnera pas. Je m’attend à ce qu’il coule définitivement sur les pentes impitoyables du Zoncolan samedi, une étape à ne pas manquer, spectacle garanti!

L’affaire du Salbutamol aurait-elle rattrapé Froome? Je pense que oui. Le gus n’est pas tranquille dans le peloton. Plusieurs de ses adversaires ont parlé publiquement que sa présence les gênaient. Il n’a plus d’amis, et son avenir même au Tour est incertain. Enfin, le support du public a certainement diminué dans son cas. Tout cela finit par jouer sur le moral, et ca parait dans les moments critiques des courses, où il faut savoir se dépouiller.

Yates: c’était prévisible!

J’aime le cyclisme parce que c’est un sport assez prévisible, et c’est une partie de son charme.

Dans un sport aussi dur, on voit souvent venir les résultats de loin, comme les grands champions.

L’Etna l’a encore prouvé hier: on savait depuis le prologue que Simon Yates était en grande condition. Un grimpeur ne devance pas un Tony Martin sur un chrono de 10 bornes sans avoir des jambes exceptionnelles.

Yates a confirmé hier sur l’Etna, et on l’attendait précisément là. Beau joueur, il a laissé la victoire à son coéquipier Esteban Chaves, échappé durant l’étape, se « contentant » de ravir le maillot rose à un Rohan Dennis certes valeureux, mais malheureux.

Vous allez maintenant voir: j’ai l’impression que Yates a signé un bail avec le maillot rose et qu’il pourrait bien le garder un moment. À moins que l’équipe ne décide de le laisser quelques jours à un coureur qui s’échapperait et qui ne serait aucunement une menace au général?

Chose certaine, Yates risque fort de confirmer au GranSasso dans trois jours. Je pense que ce sera l’homme à battre sur ce Giro.

Le chrono de la 16e étape vient de prendre une importance capitale pour Dumoulin ou Froome: c’est leur seule chance selon moi de reprendre du temps à Yates, car ils auront du mal en montagne.

Yates pourra de surcroit compter sur son coéquipier Chaves pour l’aider, un allier précieux.

Bien évidemment, personne n’a encore gagné ce Giro. Pinot, Dumoulin, Froome, Aru ne sont pas encore battus. En revanche, certains l’ont déjà perdu, par exemple Meintjes ou encore Gesink ou Lopez.

LA question: Chaves et Yates sauront-ils bien cohabiter chez Michelson-Scott durant cette épreuve? Le Giro a parfois exacerbé les tensions entre co-équipiers… je me rappelle de Simoni-Cunego ou encore Garzelli-Pantani dans les années 2000, voire Roche-Visentini en 1987!

Un mot sur le Canadien Mike Woods: il limite pour l’instant bien les dégâts, ayant terminé à une petite minute de Chaves hier sur l’Etna et pointant à la 14e place du général, avec 1min39 de retard sur le maillot rose. C’est très bien! Beaucoup de coureurs devant lui « sauteront » au cours des deux prochaines semaines.

Pinot, la quête du podium au Giro

Comprendre le Giro 2018

On y est presque, départ vendredi de la 101e édition du « Giro« , le Tour d’Italie.

Au menu de Messieurs les coureurs, une belle sortie de 3 563 kilomètres entre… Jérusalem – une première – et Rome, le 27 mai prochain. C’est la première fois qu’un grand tour cycliste s’élance hors d’Europe. Ça va compliquer les choses côté logistique et fatigue pour les coureurs dès la première semaine. Gageons qu’ils seront nombreux à regarder comment ça se passe, notamment… Serge Arsenault et son groupe organisateurs des GP de Québec et Montréal, un départ du Tour de France depuis le Québec ayant déjà été évoqué par le passé…

Parmi les 21 étapes, deux chronos individuels et huit arrivées en altitude, dont trois concentrées en dernière semaine. Ouch!

Le premier chrono surviendra lors de la première étape ce vendredi, et sur 10 bornes. Le parcours est annoncé assez technique, plein de relances, ça sera intéressant à suivre et de petits écarts pourraient déjà survenir, la chaleur étant aussi un facteur non négligeable. C’est l’occasion pour Tom Dumoulin de marquer les esprits!

Chose certaine, les coureurs sortiront plus marqués qu’on pense de ces trois étapes en Israel. Les étapes en Sicile, où il pourrait aussi faire chaud, seront difficiles.

Le 2e chrono, plus important, interviendra lors de la 16e étape, et sur 34 kms. C’est là qu’il ne faudra pas se louper, et qu’on connaitra qui peut gagner ce Giro, pas avant. Pour les grimpeurs, il faudra rester au contact; pour les rouleurs, créer des écarts avant la dernière semaine et ses étapes montagneuses.

Le parcours de ce Giro entretiendra le suspense puisque des étapes « clés » interviennent dès la première semaine. Je pense ici à la 6e étape en Sicile et son arrivée en haut de l’Etna, après 25 bornes d’ascension. Les leaders devront vite se dévoiler!

Je pense aussi à la 9e étape vers le GranSasso, longue de 225 kms excusez un peu.

Et à la fin de la 2e semaine, cette redoutable 14e étape et son arrivée en haut du Monte Zoncolan, l’ascension la plus difficile d’Italie, même plus difficile que le Mortirolo. On arrivera au Zoncolan après 176kms de course sur un parcours accidenté, et les jambes seront déjà lourdes. C’est là que les purs grimpeurs auront leur chance: Pinot, Aru et… le Canadien Woods qui, s’il gagnait en ce lieu, entrerait dans la légende du cyclisme!

Restera alors trois étapes difficiles en dernière semaine, lors des 18e, 19e et 20e étape. Trois étapes, trois arrivées en altitude encore! (Pratonevoso, Jafferau et Cervinia). Trois étapes longues aussi (196, 184 et 214 kms!), de quoi éprouver les organismes déjà fatigués.

Les favoris

Sur le papier, selon moi, et compte tenu du profil de ce Giro, ils sont deux archi-favoris: Chris Froome et Thibault Pinot.

Je suis certain que Froome veut en découdre compte tenu de ce scandale de dopage qui lui pourrit la vie; il s’agit pour lui d’une forme de réponse à ses détracteurs. Il a prouvé sur le récent Tour des Alpes que sa condition était en hausse. Suffisamment en hausse? Nous le saurons bien assez tôt!

Thibault Pinot me semble également à point, prêt pile poil pour ce Giro, surtout au niveau de sa confiance en lui, de sa sérénité. Ce Giro montagneux devrait l’avantager.

Les outsiders

En premier lieu, Tom Dumoulin. Si nous n’avons pas de grandes garanties à son égard, le champion sortant a une sacré caisse et peut se débrouiller partout. C’est le joker de ce Giro!

En deuxième lieu, Fabio Aru. Là encore pas de garantie sur sa condition physique, mais je pense qu’il a progressé. C’est l’inconnu de ce Giro. Aura-t-il encore (et toujours?!) un jour sans sur un grand tour?

En troisième lieu, Esteban Chaves bien sûr. Lui non plus n’a pas donné de garantie cette saison. L’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir en 2011 a terminé 2e du Giro et 3e de la Vuelta en 2016, ce qui en fait logiquement un coureur capable de tenir sur trois semaines et de s’améliorer au fil des étapes.

Ensuite Miguel Angel Lopez, le jeune colombien de 24 ans chez Astana. Meilleur jeune de la Vuelta 2017, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2016, récent 2e du Tour des Alpes, il sera intéressant à suivre… mais aura-t-il la caisse pour tenir trois semaines durant? Personnellement, je ne pense pas. Trop jeune.

On peut ajouter à cette liste deux autres coureurs: Louis Meintjes et le Canadien Mike Woods. Woods n’a aucune pression, et donc une belle carte à jouer. Récent 2e de la Doyenne, il est en grande condition et le nombre d’arrivées en altitude lui offre de belles occasions de se distinguer. Son défi sera évidemment les chronos, mais la distance à parcourir dans cet exercice est limitée cette année, ce qui joue en sa faveur.

Les Canadiens

Outre Mike Woods, deux autres Canadiens sont au départ de ce Giro: Guillaume Boivin chez Israel Academy ainsi que l’inusable Svein Tuft chez Michelson-Scott. Je crois que Guillaume Boivin, excellent sprinter, a ses chances dans les arrivées au sprint, les grands sprinters actuels du peloton étant plutôt absents de ce Giro. Il faut y croire!

À la télé

Pas de Giro sur RDS d’après ce que je peux comprendre. On pourra le suivre sur Sportsnet pour ceux qui sont abonnés, selon cet horaire.

Impressionnant Egan Bernal

Il a 21 ans seulement.

Il est champion 2018 de Colombie dans le contre-la-montre.

Il a commencé sa carrière cycliste en VTT, remportant des médailles aux Mondiaux juniors 2014 et 2015 dans les épreuves de cross-country.

L’an dernier, il remportait le Tour de l’Avenir avec deux victoires d’étape en prime.

Recruté par la Sky, il vient de terminer 2e du Tour de Romandie, remportant au passage une étape.

Lors de la quatrième étape, il a multiplié les démarrages en montagne pour décramponner un excellent Primoz Roglic, lui aussi une révélation de l’épreuve et vainqueur du général.

Où s’arrêtera le jeune colombien Egan Bernal à la feuille de route déjà impressionnante?!

Je vous avoue m’être enthousiasmé des talents de grimpeur du jeune colombien. À cet âge, c’est assez remarquable. Et il ne souffre d’aucun complexe!

Bernal aurait développé environ 6,7 watts par kilo pendant les 25 minutes de son ascension vers Villars lors de la 3e étape. Pour se faire une idée de l’exploit, ChronoWatts nous propose ici une analyse des performances du début de saison sur Paris-Nice et Tirreno-Adriatico. Quant on frise avec les 6,2 ou 6,3 watts par kilo sur ces durées c’est déjà plutôt très bien, imaginez si c’est plus!

On tient peut-être en Egan Bernal le futur grand grimpeur dans le cyclisme, capable de marcher dans les traces de Marco Pantani. Car à 21 ans, il a encore une bonne marge de progression.

Mike Woods a-t-il atteint ses limites?

La question a été soulevée par un fidèle lecteur: Michael Woods a-t-il atteint ses limites comme coureur cycliste?

Considérant sa 2e place sur LBL, la question est intéressante car c’est un nouveau joueur dans le gotta des grands leaders en cyclisme.

Passé pro à 29 ans, Woods a aujourd’hui 31 ans. Certains diront qu’à cet âge, la marge de progression n’est plus très grande. Vrai, mais Woods est venu très tard au cyclisme, après une carrière avortée en athlétisme. Il est donc « frais » dans cette discipline, à des années-lumière de coureurs qui ont commencé le vélo sérieusement à 14 ou 16 ans.

Je pense donc que son âge va plutôt limiter le nombre d’années qu’il lui reste dans le peloton, pas sa progression. Pas encore du moins. Il peut encore gagner en puissance et en endurance, beaucoup de coureurs avant lui l’ont prouvé.

Rappelons aussi que Woods est un gros moteur, on l’a vu venir de loin. Si courir le mille en moins de 4 minutes n’est pas un bon indice… Il fallait que son corps s’habitue à la longueur et l’intensité des courses européennes, ce qui est, je crois, maintenant fait, merci à son doublé Giro-Vuelta l’an dernier.

N’oublions pas non plus que les courses européennes sont parfaitement adaptées à sa morphologie de coureur plutôt petit et léger. En Amérique du Nord, c’est plutôt le festival des critériums, et je pense que Woods n’a donc pas encore exploité tout son potentiel sur les courses accidentées en Europe, courses qui lui conviennent bien.

Je pense enfin que Woods peut encore maturer sur le plan tactique, notamment le placement en course et la capacité de bien réagir aux situations de course qui se présentent in extremis à lui. Vous êtes plusieurs à l’avoir souligné, s’il avait eu le réflexe d’accompagner Jungels lorsqu’il se détache, qui sait la suite?!

Sa 2e place sur LBL va en tout cas donner confiance à tout le monde dans son équipe à savoir qu’il peut finir le prochain Giro sur le podium, et il croit aussi davantage en lui. Tout cela compte à ce niveau de compétition.

Woods peut encore progresser comme coureur cycliste, j’en suis sûr. Gagner quelques watts physiquement. Gagner en science de la course. Et gagner en confiance en lui.

J’aime en tout cas sa transparence. Sur son compte Strava, on peut même voir ses watts! Rares sont les coureurs pro qui rendent publiques ce genre de données… et il faut saluer Woods pour cela, il n’a rien changé à ses habitudes, pro en Europe ou pas.

Sur le prochain Giro, l’écueil sera la 16e étape, le chrono de 35 kms. C’est seulement après ce chrono où il devra limiter les dégâts sur un Tom Dumoulin ou un Chris Froome par exemple que nous saurons s’il peut monter sur le podium du Giro.

ÉNORME: Mike Woods 2e de LBL!!!

Imaginez un peu: il y a quelques années, on se tirait la bourre avec lui dans le Parc de la Gatineau lors des a-loop du mardi soir.

Et hier, il termine 2e de Liège-Bastogne-Liège derrière un Bob Jungels intouchable devant.

Énorme ce qu’a fait Michael Woods hier! Il a eu les jambes pour accompagner Bardet dans un contre à 2,5 kms de l’arrivée, et n’a eu aucun mal à le battre au sprint sur la ligne. Son interview d’après-course est ici.

C’est pas compliqué, je crois bien que le seul podium canadien sur un monument du cyclisme avant la 2e place de Woods hier est la 2e place de… Steve Bauer sur Paris-Roubaix en 1990. Historique!

Et à deux semaines du début du Giro, Woods a de quoi rassurer son directeur sportif: il est « on time, on target » pour être en très grande condition sur l’épreuve italienne. Avec une 7e place sur la Vuelta l’an dernier, qui sait où Woods s’arrêtera en Italie? Il progresse en tout cas, c’est évident. Excitant!

Grosse perf également de Bob Jungels, 25 ans, un gros moteur qu’on voyait venir à ce niveau depuis un petit moment déjà. Pour moi, Bob Jungels est le Miguel Indurain des années 2020: rappelons que Miguel avait terminé 4e de Liège-Bastogne-Liège en 1991 avant de gagner le Tour de France quelques semaines plus tard…

Les Quick Step ont joué une belle course, avec Alaphilippe qui sautait sur tout ce qui bougeait dans le final derrière son équipier devant. Il aura simplement manqué de lucidité ou a préféré marquer Valverde lorsque Bardet et Woods sont partis.

Belle prestation également des Lotto, avec Wellens et Vanendert très actifs dans le final. C’était électrisant! Les Astana ont également essayé quelque chose, sans succès. Enfin, on a aussi vu un Tom Dumoulin remuant, preuve qu’il arrive lui aussi doucement en forme. Ca sera intéressant sur le Giro, surtout qu’on a aussi vu des Thibault Pinot et Chris Froome plutôt bien sur le récent Tour des Alpes.

Déception cependant du côté de Valverde qui repart de sa campagne ardennaise sans un bouquet… un échec dans son cas! Il aurait souffert de crampes hier dans le final, d’où sa passivité. On attendait également un peu plus d’Henao et de Kreuziger si vous voulez mon avis.

Bref, une magnifique course, pleine d’action dans le final, et un résultat très excitant pour le cyclisme canadien. Les amis(es), c’est tout un Giro qui se profile à l’horizon!!!

LBL: la revanche de Valverde?

Déjà la dernière grande Classique de ce printemps ce dimanche, avec Liège-Bastogne-Liège, aussi surnommée « La Doyenne ». Créée en 1892, on en sera cette année à la 104e édition, compte tenu des périodes d’arrêt liées aux deux grandes guerres.

Liège-Bastogne-Liège est souvent présentée comme le plus difficile des cinq monuments du cyclisme, par la répétition, la longueur et la pente des côtes qu’on y retrouve, surtout sur le retour vers Liège. Le palmarès de la course est cohérent avec cette réputation puisqu’Eddy Merckx, nul autre, est le recordman de victoires avec cinq.

Au menu de Messieurs les coureurs ce dimanche, 259 kms entre Liège et Ans, avec 12 côtes « significatives » répertoriées. Le final est musclé: les 60 derniers kms comptent la côte du Rosier, la côte de la Redoute – la plus célèbre de la course – la côte de la Roche-aux-Faucons, la côte de Saint-Nicolas et enfin ce (putain) de faux-plat difficile dans le dernier kilomètre, ou l’estocade est souvent portée. On peut revoir ici l’édition 1999 remportée par un fuoriclasse, Franck Vandenbroucke, dans un duel magnifique alimenté par un orgueil démesuré chez lui et son rival italien, Michele Bartoli, un autre coureur de grande classe, et d’une élégance rare sur un vélo.

On annonce un temps couvert mais assez chaud dimanche, avec quelques risques d’averse qui pourrait compliquer la course.

Les favoris

C’est pas compliqué, c’est le match revanche Valverde-Alaphilippe ce dimanche, après le premier round qui est allé au coureur français mercredi dernier.

Valverde sera revanchard c’est certain, et motivé par l’idée de rejoindre Eddy Merckx à titre de quintuple vainqueur de La Doyenne s’il parvenait à s’imposer. Sa première victoire remonte à… 2006 sur cette course, preuve de son exceptionnelle longévité au top du sport cycliste.

Les deux coureurs peuvent compter sur de belles armadas pour contrôler la course et faire le travail pour les positionner en vue de la victoire. Le duel Movistar-Quick Step sera passionnant dimanche.

Les outsiders sont également nombreux, en premier lieu l’équipe Lotto-Soudal avec Tim Wellens, Tiesj Benoot et Jelle Vanendert, capables tous les trois de compliquer la tâche à Valverde et Alaphilippe. Si ces deux là devaient trop se marquer, attention à Wellens et Vanendert dans le final qui en profiteront!

Vicenzo Nibali n’est pas à oublier, il a une formidable caisse pour des épreuves aussi difficiles et il a déjà terminé 2e de l’épreuve, en 2012. Je suis sûr d’une chose: Nibali passera à l’attaque dimanche!

J’ai été surpris par Michael Matthews mercredi sur la Flèche Wallonne, qu’il terminait à une belle 5e place. Excellent sprinter, je pense qu’il pourrait jouer la gagne s’il parvient près de la ligne au sein d’un petit groupe. Il faudra le lâcher avant ça.

Je vous parlais aussi de Roman Kreuziger, qui est aussi très bien en ce moment, et qui n’a rien à perdre dimanche. Celui-là voudra assurément profiter du marquage des favoris, un peu à l’image de Michael Valgren dimanche dernier sur l’Amstel.

Attention également à quelques autres coureurs comme Bauke Mollema, Romain Bardet, Dan Martin, Jakob Fuglsang, Michael Valgren, Sergio Henao, Mikel Landa voire Enrico Gasparotto. Tous ces coureurs peuvent s’imposer selon moi.

Les Canadiens Mike Woods et Hugo Houle sont aussi au départ, Woods représentant les meilleures chances pour le Canada sur une course qu’il aime bien. Avec la présence de Pierre Rolland, Rigoberto Uran et Lawson Craddock, son équipe Education First possède plusieurs cartes à jouer.

Le bon plan pour suivre la course dimanche, c’est France3 avec Laurent Jalabert et Marion Rousse. J’aime!

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