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Comprendre le Giro 2018

On y est presque, départ vendredi de la 101e édition du « Giro« , le Tour d’Italie.

Au menu de Messieurs les coureurs, une belle sortie de 3 563 kilomètres entre… Jérusalem – une première – et Rome, le 27 mai prochain. C’est la première fois qu’un grand tour cycliste s’élance hors d’Europe. Ça va compliquer les choses côté logistique et fatigue pour les coureurs dès la première semaine. Gageons qu’ils seront nombreux à regarder comment ça se passe, notamment… Serge Arsenault et son groupe organisateurs des GP de Québec et Montréal, un départ du Tour de France depuis le Québec ayant déjà été évoqué par le passé…

Parmi les 21 étapes, deux chronos individuels et huit arrivées en altitude, dont trois concentrées en dernière semaine. Ouch!

Le premier chrono surviendra lors de la première étape ce vendredi, et sur 10 bornes. Le parcours est annoncé assez technique, plein de relances, ça sera intéressant à suivre et de petits écarts pourraient déjà survenir, la chaleur étant aussi un facteur non négligeable. C’est l’occasion pour Tom Dumoulin de marquer les esprits!

Chose certaine, les coureurs sortiront plus marqués qu’on pense de ces trois étapes en Israel. Les étapes en Sicile, où il pourrait aussi faire chaud, seront difficiles.

Le 2e chrono, plus important, interviendra lors de la 16e étape, et sur 34 kms. C’est là qu’il ne faudra pas se louper, et qu’on connaitra qui peut gagner ce Giro, pas avant. Pour les grimpeurs, il faudra rester au contact; pour les rouleurs, créer des écarts avant la dernière semaine et ses étapes montagneuses.

Le parcours de ce Giro entretiendra le suspense puisque des étapes « clés » interviennent dès la première semaine. Je pense ici à la 6e étape en Sicile et son arrivée en haut de l’Etna, après 25 bornes d’ascension. Les leaders devront vite se dévoiler!

Je pense aussi à la 9e étape vers le GranSasso, longue de 225 kms excusez un peu.

Et à la fin de la 2e semaine, cette redoutable 14e étape et son arrivée en haut du Monte Zoncolan, l’ascension la plus difficile d’Italie, même plus difficile que le Mortirolo. On arrivera au Zoncolan après 176kms de course sur un parcours accidenté, et les jambes seront déjà lourdes. C’est là que les purs grimpeurs auront leur chance: Pinot, Aru et… le Canadien Woods qui, s’il gagnait en ce lieu, entrerait dans la légende du cyclisme!

Restera alors trois étapes difficiles en dernière semaine, lors des 18e, 19e et 20e étape. Trois étapes, trois arrivées en altitude encore! (Pratonevoso, Jafferau et Cervinia). Trois étapes longues aussi (196, 184 et 214 kms!), de quoi éprouver les organismes déjà fatigués.

Les favoris

Sur le papier, selon moi, et compte tenu du profil de ce Giro, ils sont deux archi-favoris: Chris Froome et Thibault Pinot.

Je suis certain que Froome veut en découdre compte tenu de ce scandale de dopage qui lui pourrit la vie; il s’agit pour lui d’une forme de réponse à ses détracteurs. Il a prouvé sur le récent Tour des Alpes que sa condition était en hausse. Suffisamment en hausse? Nous le saurons bien assez tôt!

Thibault Pinot me semble également à point, prêt pile poil pour ce Giro, surtout au niveau de sa confiance en lui, de sa sérénité. Ce Giro montagneux devrait l’avantager.

Les outsiders

En premier lieu, Tom Dumoulin. Si nous n’avons pas de grandes garanties à son égard, le champion sortant a une sacré caisse et peut se débrouiller partout. C’est le joker de ce Giro!

En deuxième lieu, Fabio Aru. Là encore pas de garantie sur sa condition physique, mais je pense qu’il a progressé. C’est l’inconnu de ce Giro. Aura-t-il encore (et toujours?!) un jour sans sur un grand tour?

En troisième lieu, Esteban Chaves bien sûr. Lui non plus n’a pas donné de garantie cette saison. L’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir en 2011 a terminé 2e du Giro et 3e de la Vuelta en 2016, ce qui en fait logiquement un coureur capable de tenir sur trois semaines et de s’améliorer au fil des étapes.

Ensuite Miguel Angel Lopez, le jeune colombien de 24 ans chez Astana. Meilleur jeune de la Vuelta 2017, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2016, récent 2e du Tour des Alpes, il sera intéressant à suivre… mais aura-t-il la caisse pour tenir trois semaines durant? Personnellement, je ne pense pas. Trop jeune.

On peut ajouter à cette liste deux autres coureurs: Louis Meintjes et le Canadien Mike Woods. Woods n’a aucune pression, et donc une belle carte à jouer. Récent 2e de la Doyenne, il est en grande condition et le nombre d’arrivées en altitude lui offre de belles occasions de se distinguer. Son défi sera évidemment les chronos, mais la distance à parcourir dans cet exercice est limitée cette année, ce qui joue en sa faveur.

Les Canadiens

Outre Mike Woods, deux autres Canadiens sont au départ de ce Giro: Guillaume Boivin chez Israel Academy ainsi que l’inusable Svein Tuft chez Michelson-Scott. Je crois que Guillaume Boivin, excellent sprinter, a ses chances dans les arrivées au sprint, les grands sprinters actuels du peloton étant plutôt absents de ce Giro. Il faut y croire!

À la télé

Pas de Giro sur RDS d’après ce que je peux comprendre. On pourra le suivre sur Sportsnet pour ceux qui sont abonnés, selon cet horaire.

Impressionnant Egan Bernal

Il a 21 ans seulement.

Il est champion 2018 de Colombie dans le contre-la-montre.

Il a commencé sa carrière cycliste en VTT, remportant des médailles aux Mondiaux juniors 2014 et 2015 dans les épreuves de cross-country.

L’an dernier, il remportait le Tour de l’Avenir avec deux victoires d’étape en prime.

Recruté par la Sky, il vient de terminer 2e du Tour de Romandie, remportant au passage une étape.

Lors de la quatrième étape, il a multiplié les démarrages en montagne pour décramponner un excellent Primoz Roglic, lui aussi une révélation de l’épreuve et vainqueur du général.

Où s’arrêtera le jeune colombien Egan Bernal à la feuille de route déjà impressionnante?!

Je vous avoue m’être enthousiasmé des talents de grimpeur du jeune colombien. À cet âge, c’est assez remarquable. Et il ne souffre d’aucun complexe!

Bernal aurait développé environ 6,7 watts par kilo pendant les 25 minutes de son ascension vers Villars lors de la 3e étape. Pour se faire une idée de l’exploit, ChronoWatts nous propose ici une analyse des performances du début de saison sur Paris-Nice et Tirreno-Adriatico. Quant on frise avec les 6,2 ou 6,3 watts par kilo sur ces durées c’est déjà plutôt très bien, imaginez si c’est plus!

On tient peut-être en Egan Bernal le futur grand grimpeur dans le cyclisme, capable de marcher dans les traces de Marco Pantani. Car à 21 ans, il a encore une bonne marge de progression.

Mike Woods a-t-il atteint ses limites?

La question a été soulevée par un fidèle lecteur: Michael Woods a-t-il atteint ses limites comme coureur cycliste?

Considérant sa 2e place sur LBL, la question est intéressante car c’est un nouveau joueur dans le gotta des grands leaders en cyclisme.

Passé pro à 29 ans, Woods a aujourd’hui 31 ans. Certains diront qu’à cet âge, la marge de progression n’est plus très grande. Vrai, mais Woods est venu très tard au cyclisme, après une carrière avortée en athlétisme. Il est donc « frais » dans cette discipline, à des années-lumière de coureurs qui ont commencé le vélo sérieusement à 14 ou 16 ans.

Je pense donc que son âge va plutôt limiter le nombre d’années qu’il lui reste dans le peloton, pas sa progression. Pas encore du moins. Il peut encore gagner en puissance et en endurance, beaucoup de coureurs avant lui l’ont prouvé.

Rappelons aussi que Woods est un gros moteur, on l’a vu venir de loin. Si courir le mille en moins de 4 minutes n’est pas un bon indice… Il fallait que son corps s’habitue à la longueur et l’intensité des courses européennes, ce qui est, je crois, maintenant fait, merci à son doublé Giro-Vuelta l’an dernier.

N’oublions pas non plus que les courses européennes sont parfaitement adaptées à sa morphologie de coureur plutôt petit et léger. En Amérique du Nord, c’est plutôt le festival des critériums, et je pense que Woods n’a donc pas encore exploité tout son potentiel sur les courses accidentées en Europe, courses qui lui conviennent bien.

Je pense enfin que Woods peut encore maturer sur le plan tactique, notamment le placement en course et la capacité de bien réagir aux situations de course qui se présentent in extremis à lui. Vous êtes plusieurs à l’avoir souligné, s’il avait eu le réflexe d’accompagner Jungels lorsqu’il se détache, qui sait la suite?!

Sa 2e place sur LBL va en tout cas donner confiance à tout le monde dans son équipe à savoir qu’il peut finir le prochain Giro sur le podium, et il croit aussi davantage en lui. Tout cela compte à ce niveau de compétition.

Woods peut encore progresser comme coureur cycliste, j’en suis sûr. Gagner quelques watts physiquement. Gagner en science de la course. Et gagner en confiance en lui.

J’aime en tout cas sa transparence. Sur son compte Strava, on peut même voir ses watts! Rares sont les coureurs pro qui rendent publiques ce genre de données… et il faut saluer Woods pour cela, il n’a rien changé à ses habitudes, pro en Europe ou pas.

Sur le prochain Giro, l’écueil sera la 16e étape, le chrono de 35 kms. C’est seulement après ce chrono où il devra limiter les dégâts sur un Tom Dumoulin ou un Chris Froome par exemple que nous saurons s’il peut monter sur le podium du Giro.

ÉNORME: Mike Woods 2e de LBL!!!

Imaginez un peu: il y a quelques années, on se tirait la bourre avec lui dans le Parc de la Gatineau lors des a-loop du mardi soir.

Et hier, il termine 2e de Liège-Bastogne-Liège derrière un Bob Jungels intouchable devant.

Énorme ce qu’a fait Michael Woods hier! Il a eu les jambes pour accompagner Bardet dans un contre à 2,5 kms de l’arrivée, et n’a eu aucun mal à le battre au sprint sur la ligne. Son interview d’après-course est ici.

C’est pas compliqué, je crois bien que le seul podium canadien sur un monument du cyclisme avant la 2e place de Woods hier est la 2e place de… Steve Bauer sur Paris-Roubaix en 1990. Historique!

Et à deux semaines du début du Giro, Woods a de quoi rassurer son directeur sportif: il est « on time, on target » pour être en très grande condition sur l’épreuve italienne. Avec une 7e place sur la Vuelta l’an dernier, qui sait où Woods s’arrêtera en Italie? Il progresse en tout cas, c’est évident. Excitant!

Grosse perf également de Bob Jungels, 25 ans, un gros moteur qu’on voyait venir à ce niveau depuis un petit moment déjà. Pour moi, Bob Jungels est le Miguel Indurain des années 2020: rappelons que Miguel avait terminé 4e de Liège-Bastogne-Liège en 1991 avant de gagner le Tour de France quelques semaines plus tard…

Les Quick Step ont joué une belle course, avec Alaphilippe qui sautait sur tout ce qui bougeait dans le final derrière son équipier devant. Il aura simplement manqué de lucidité ou a préféré marquer Valverde lorsque Bardet et Woods sont partis.

Belle prestation également des Lotto, avec Wellens et Vanendert très actifs dans le final. C’était électrisant! Les Astana ont également essayé quelque chose, sans succès. Enfin, on a aussi vu un Tom Dumoulin remuant, preuve qu’il arrive lui aussi doucement en forme. Ca sera intéressant sur le Giro, surtout qu’on a aussi vu des Thibault Pinot et Chris Froome plutôt bien sur le récent Tour des Alpes.

Déception cependant du côté de Valverde qui repart de sa campagne ardennaise sans un bouquet… un échec dans son cas! Il aurait souffert de crampes hier dans le final, d’où sa passivité. On attendait également un peu plus d’Henao et de Kreuziger si vous voulez mon avis.

Bref, une magnifique course, pleine d’action dans le final, et un résultat très excitant pour le cyclisme canadien. Les amis(es), c’est tout un Giro qui se profile à l’horizon!!!

LBL: la revanche de Valverde?

Déjà la dernière grande Classique de ce printemps ce dimanche, avec Liège-Bastogne-Liège, aussi surnommée « La Doyenne ». Créée en 1892, on en sera cette année à la 104e édition, compte tenu des périodes d’arrêt liées aux deux grandes guerres.

Liège-Bastogne-Liège est souvent présentée comme le plus difficile des cinq monuments du cyclisme, par la répétition, la longueur et la pente des côtes qu’on y retrouve, surtout sur le retour vers Liège. Le palmarès de la course est cohérent avec cette réputation puisqu’Eddy Merckx, nul autre, est le recordman de victoires avec cinq.

Au menu de Messieurs les coureurs ce dimanche, 259 kms entre Liège et Ans, avec 12 côtes « significatives » répertoriées. Le final est musclé: les 60 derniers kms comptent la côte du Rosier, la côte de la Redoute – la plus célèbre de la course – la côte de la Roche-aux-Faucons, la côte de Saint-Nicolas et enfin ce (putain) de faux-plat difficile dans le dernier kilomètre, ou l’estocade est souvent portée. On peut revoir ici l’édition 1999 remportée par un fuoriclasse, Franck Vandenbroucke, dans un duel magnifique alimenté par un orgueil démesuré chez lui et son rival italien, Michele Bartoli, un autre coureur de grande classe, et d’une élégance rare sur un vélo.

On annonce un temps couvert mais assez chaud dimanche, avec quelques risques d’averse qui pourrait compliquer la course.

Les favoris

C’est pas compliqué, c’est le match revanche Valverde-Alaphilippe ce dimanche, après le premier round qui est allé au coureur français mercredi dernier.

Valverde sera revanchard c’est certain, et motivé par l’idée de rejoindre Eddy Merckx à titre de quintuple vainqueur de La Doyenne s’il parvenait à s’imposer. Sa première victoire remonte à… 2006 sur cette course, preuve de son exceptionnelle longévité au top du sport cycliste.

Les deux coureurs peuvent compter sur de belles armadas pour contrôler la course et faire le travail pour les positionner en vue de la victoire. Le duel Movistar-Quick Step sera passionnant dimanche.

Les outsiders sont également nombreux, en premier lieu l’équipe Lotto-Soudal avec Tim Wellens, Tiesj Benoot et Jelle Vanendert, capables tous les trois de compliquer la tâche à Valverde et Alaphilippe. Si ces deux là devaient trop se marquer, attention à Wellens et Vanendert dans le final qui en profiteront!

Vicenzo Nibali n’est pas à oublier, il a une formidable caisse pour des épreuves aussi difficiles et il a déjà terminé 2e de l’épreuve, en 2012. Je suis sûr d’une chose: Nibali passera à l’attaque dimanche!

J’ai été surpris par Michael Matthews mercredi sur la Flèche Wallonne, qu’il terminait à une belle 5e place. Excellent sprinter, je pense qu’il pourrait jouer la gagne s’il parvient près de la ligne au sein d’un petit groupe. Il faudra le lâcher avant ça.

Je vous parlais aussi de Roman Kreuziger, qui est aussi très bien en ce moment, et qui n’a rien à perdre dimanche. Celui-là voudra assurément profiter du marquage des favoris, un peu à l’image de Michael Valgren dimanche dernier sur l’Amstel.

Attention également à quelques autres coureurs comme Bauke Mollema, Romain Bardet, Dan Martin, Jakob Fuglsang, Michael Valgren, Sergio Henao, Mikel Landa voire Enrico Gasparotto. Tous ces coureurs peuvent s’imposer selon moi.

Les Canadiens Mike Woods et Hugo Houle sont aussi au départ, Woods représentant les meilleures chances pour le Canada sur une course qu’il aime bien. Avec la présence de Pierre Rolland, Rigoberto Uran et Lawson Craddock, son équipe Education First possède plusieurs cartes à jouer.

Le bon plan pour suivre la course dimanche, c’est France3 avec Laurent Jalabert et Marion Rousse. J’aime!

Flèche Wallonne: Alaphilippe se paye Valverde!!!

J’ai adoré le final de la Flèche Wallonne hier. Payez-vous les images… Formidable!

En gros, on avait d’abord Nibali devant, qui avait bien anticipé. Beau tempérament de ce coureur toujours agressif que j’aime beaucoup. Il prend ses responsabilités, il tente, il n’hésite pas, il court pour gagner. Et il n’a pas été aidé par les motos…

Nibali n’avait malheureusement pas les jambes pour aller au bout et s’est fait reprendre à quelques hectomètres de la ligne seulement. Il s’est rendu les armes à la main, l’honneur est sauf!

La Flèche Wallonne s’est donc une fois de plus résumée à une course de côte. Je suppose que dans le cyclisme moderne, c’est attendu.

Et là, on a vu un Julian Alaphilippe sans complexe, bien calé dans la roue des deux Lotto qui faisaient le forcing devant, Vanendert et Wellens. À ce moment, Valverde était derrière – ô surprise – et non devant… première indication que quelque chose allait peut-être changer…

Alaphilippe gagne car jamais il ne lâche rien dans la montée, suivant chaque accélération au centimètre. À l’inverse, on a eu l’impression que Valverde a parfois pioché un peu, étant à contrepied dans le milieu de l’ascension, peinant à trouver son rythme. Il a réagi à l’accélération de Vanendert avec un temps de retard qui lui aura été fatal. Dans le Mur de Huy, ca se joue au centimètre!

Alaphilippe gagne en accompagnant d’abord l’accélération d’un Vanendert retrouvé (je vous le disais ces derniers jours…), puis en plaçant sa propre accélération au bon moment, après s’être retourné et avoir vu que Valverde n’était plus dans sa roue. Mieux, on a eu l’impression qu’Alaphilippe avait la réserve pour relancer dans les 50 derniers mètres, minant le moral de tous ses adversaires. Il était le plus fort hier.

Sursaut d’orgueil du champion espagnol, il a fait un beau rapproché sur les derniers mètres, pour s’éteindre dans les derniers 50m en comprenant qu’Alaphilippe ne pouvait plus être rejoint.

Chapeau Julian!

J’adore vraiment ce coureur sympathique au tempérament d’attaquant. En fait, pour tout vous dire, c’est peut-être après Laurent Fignon, Greg LeMond et Marco Pantani le coureur que j’ai le plus apprécié dans le peloton professionnel.

Pour lui, c’est sa naissance comme champion, on pourrait dire. Première grande victoire internationale, première grande classique (car c’est ce qu’est la Flèche Wallonne selon moi), première reconnaissance de son niveau qui le fait entrer dans le top-10 mondial. Je suis convaincu qu’il ne s’arrêtera pas là et qu’il progresse encore.

Liège-Bastogne-Liège

Évidemment, Alaphilippe et Valverde seront les archi-favoris du prochain rendez-vous, Liège-Bastogne-Liège, souvent présentée comme la course la plus dure du calendrier international.

Ceci étant, un coureur à surveiller selon moi: Roman Kreuziger. Dans le coup aujourd’hui (4e), il n’a pas de pression, rien à perdre, un statut d’outsider lui permettant de prendre des initiatives, je le vois bien gagner la Doyenne dimanche. Attaquant lui-aussi, je suis certain qu’il tentera de saisir les opportunités qui se présenteront à lui, et que le peloton aura bien du mal à le revoir s’il part en échappée.

Ca sera passionnant!

82e Flèche Wallonne: qui pour battre Valverde?!

On dispute mercredi la 82e édition de la Flèche Wallonne, une classique mythique puisque présentant une arrivée singulière, en haut du célèbre Mur de Huy: 1,3 km d’ascension à 9,8% de moyenne, et des passages, notamment à l’intérieur des virages, à plus de 20%.

À quelque part, le Mur de Huy est à la Flèche Wallonne ce que le Mur de Grammont est au Tour des Flandres, voir ce que l’Alpe d’Huez est au Tour de France ou le Stelvio au Giro…

Les coureurs l’escaladent trois fois durant la course, la dernière fois alors qu’ils vont chercher l’arrivée en haut, au terme de 198 km de course entre Seraing et Huy. Ça fait mal, surtout que le parcours n’est pas tout à fait plat sur les 197 premiers kilomètres, avec pas moins de huit côtes répertoriées si on exclut les trois ascensions du Mur.

On annonce très beau en Belgique mercredi, soleil et 24 degrés. Ca sera très certainement une sélection par l’avant, la chance sourira peut-être aux plus audacieux… Je rêve par exemple de voir des coureurs réussir à aller chercher la victoire en attaquant dans… la deuxième ascension de Huy, à un peu plus de 20km de l’arrivée. Ca doit être possible!

Les favoris

Un nom: Alejandro Valverde. Quintuple vainqueur, déjà recordman du plus grand nombre de victoires sur cette course, dont quatre consécutives, ces quatre dernières années. Ouf! Tout un palmarès, Valverde mérite sans l’ombre d’un doute le titre de « Roi de Huy ». S’il gagne mercredi, ce serait sa sixième victoire.

Il a prouvé sur l’Amstel dimanche dernier être en grande forme, et il dispose d’une excellente équipe autour de lui, capable de bien le placer au pied du Mur. S’il l’aborde dans les 10 premiers, il sera très, très difficile à battre. C’est donc clair, les Movistar voudront favoriser une arrivée groupée au pied du Mur.

Celui qui pourrait arriver à battre Valverde est selon moi Julian Alaphilippe, que le champion espagnol a d’ailleurs désigné comme son successeur sur cette épreuve. Déjà deux fois deuxième derrière Valverde (2015 et 2016), Alaphilippe devra toutefois prouver qu’il a gagné en puissance pour le battre : pas simple! Son équipe Quick Step est cependant très forte, il pourra notamment compter sur l’expérience de Philippe Gilbert, vainqueur en 2011.

Si j’étais Philippe Gilbert justement, j’essaierais d’anticiper et de me glisser dans un coup à 10, 20 ou 30kms de l’arrivée… Cela enlèverait la pression à Alaphilippe, et on sait jamais, sur un malentendu ca peut marcher…

Attention également à Tim Wellens chez Lotto, bien secondé par un Jelle Vanendert retrouvé. L’équipe Lotto est aussi à domicile et voudra s’illustrer, c’est certain.

Troisième en 2014, Michal Kwiatlowski est annoncé au départ. Je pense qu’il sera trop juste dans le Mur.

Vicenzo Nibali? Il possède lui aussi un punch redoutable, qu’il peut maintenir plus longtemps que Valverde. Sa meilleure chance sera probablement de partir dès le pied du Mur si jamais le peloton s’y présente groupé, ou alors d’anticiper un peu dans le final. Avec Gilbert?!

Les outsiders sont Dan Martin, Rigoberto Uran, Sergio Henao, Mikel Landa, Romain Bardet et le jeune français David Gaudu, redoutable grimpeur (53 kilos!) et 9e de l’épreuve l’an dernier. Un autre français à surveiller, pour voir où il en est: le sympathique Warren Barguil.

Les Canadiens

Attention également à Mike Woods, qui sera probablement protégé avec Uran chez Education First. Woods prépare son Giro et arrive en excellente condition. Il peut croire en un podium je pense et un bon résultat pourrait lui permettre de donner confiance et rassurer son équipe.

Hugo Houle est également annoncé au départ chez Astana et travaillera pour ses deux leaders, Valgren et Fuglsang. Ces deux derniers auront toutefois plus de chance dimanche prochain sur la Doyenne.

La Flèche femmes

C’est probablement la clé pour développer le cyclisme féminin: profiter des infrastructures et faire partir le peloton féminin quelques heures avant le peloton masculin. Le public peut ainsi suivre une autre course en patientant pour les hommes, il y a des économies d’échelle… c’est parfait. Les femmes font 119 kms de course, et terminent elles-aussi en haut du Mur de Huy. Comme chez les hommes, il y a actuellement une Reine de Huy: Anna Van Der Breggen. Qui pour la détrôner mercredi? En bonne forme, une Pauline Ferrand-Prevost pourrait y parvenir selon moi!

Amstel: bien joué Astana!

Très beau final hier de l’Amstel Gold Race, un final plus ouvert que lorsque la course se terminait en haut du Cauberg. Y’a eu du spectacle!

La course s’est emballée à environ 15 km de l’arrivée, au dernier passage du Cauberg justement. Les favoris sont alors rentrés sur une échappée matinale longue à se rendre, puis Valverde a donné quelques coups de butoir afin d’écrémer le peloton de tête. Ouf! Qu’il était fort Valverde! Grand plateau partout! Pour le battre sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, ça risque d’être compliqué.

On a aussi vu un revenant, Roman Kreuziger, à la fête dans ce final, lui aussi donnant quelques coups de butoir avec, à la clef, une 2e place. Quel beau coureur, la classe sur un vélo.

Toutes ces accélérations, ces relances ont finalement eu raison de plusieurs favoris à quelques kilomètres de l’arrivée comme Philippe Gilbert, Michal Kwiatlowski ou encore Greg Van Avermaet. Franchement, on attendait mieux des Sky tout particulièrement, surtout qu’ils avaient roulé plus tôt dans la course. On présumait donc Kwiatlowski en meilleures jambes… Poels a pour sa part été éliminé assez rapidement. Bizarre de la Sky…

Une fois l’échappée « royale » partie, ce sont les deux Astana – Valgren et Fuglsang – qui ont été les plus intelligents selon moi. Ils avaient pourtant fort à faire pour neutraliser Sagan, Valverde et Alaphilippe!

Fuglsang a d’abord placé quelques attaques, forçant les autres, dont Peter Sagan, à chasser pour rentrer, pendant que Valgren faisait le mort derrière le petit groupe. Puis ce même Valgren a essayé de partir une première fois, mais n’a jamais vraiment pris plus d’une dizaine de secondes sur ses poursuivants.

C’est là qu’il a été plus intelligent que les Quick Step (Gilbert et Stybar) la semaine dernière: au lieu d’insister, il s’est rapidement relevé, a récupéré un peu dans le groupe puis à un peu plus de deux kilomètres de l’arrivée, a placé la bonne accélération sachant qu’à ce moment tardif de la course, personne ne voudrait vraiment prendre la responsabilité de la chasse à son compte.

Et ca a bien réussi, Valgren a pu se rendre au bout avec Kreuziger, moins bon sprinter que lui. Bien joué! Il a su se déjouer de Valverde, Wellens et d’Alaphilippe, qui étaient selon moi les plus costauds hier.

Ce qui est clair cependant, c’est qu’Alaphilippe et Valverde seront les grands favoris des Ardennaises qui commencent ce mercredi. Ca va vraiment être un très beau spectacle, à ne pas manquer! Valverde pourra compter sur un Landa en jambes on l’a vu hier, et Alaphilippe sur un Gilbert qui a beaucoup d’expérience sur ces courses. La Bahrain-Merida sera également à surveiller avec Gasparotto, Nibali et les frères Izagirre.

Mention très bien également au Canadien Mike Woods, 20e hier et dans le peloton de tête avec les cadors jusqu’à quelques kilomètres de l’arrivée. Il termine dans le groupe Gilbert-Van Avermaet, et nous prouve qu’il arrive en condition à temps pour son grand objectif de la saison, le Giro.

Les erreurs de Paris-Roubaix

« Peter Sagan était le plus fort » lit-on sur la plupart des médias main stream.

Mouais. Il était fort, c’est certain. Le plus fort je ne sais pas, mais certainement très costaud.

Mais une fois qu’on a dit ça?

Je pense qu’une fois de plus, beaucoup d’équipes ont commis de nombreuses erreurs tactiques durant l’épreuve, facilitant la victoire de Sagan. Et très souvent, à trop vouloir ne pas perdre, on finit par ne pas gagner!

D’abord les Quick Step, l’armada surpuissante au départ. Ils sont passés à travers de leur Paris-Roubaix selon moi. Le feu d’artifice a duré durant les 150 premiers kilomètres – les plus faciles – puis rideau, tout s’est effondré sauf Terpstra qui a sauvé in extremis les meubles en allant chercher la 3e place.

Pourquoi diable Philippe Gilbert ne s’est-il pas relevé rapidement après son attaque, voyant qu’avec seulement 10-15 secondes d’avance sur le paquet, il n’allait nulle part? Il a grillé à ce moment de précieuses cartouches pour la suite, tentant de provoquer une course de mouvement. Quant tu vois que ça ne fonctionne pas et qu’on te laisse mourrir à un jet de pierre du peloton, tu changes de stratégie!

La meilleure, ce fut bis repetitas quelques minutes après avec Sdenek Stybar. Totalement isolé seul à 15 secondes devant le paquet, il a lui aussi grillé ses cartouches, pour se faire bêtement reprendre quelques kilomètres plus loin. Un effort en pure perte, à un moment de la course qui ne comptait pas.

À ce moment l’équipe Quick Step pouvait se permettre de seulement répondre aux tentatives, en fonction de ceux qui les tentaient. Ils avaient une carte maitresse pour le final, Terpstra.

Sagan a très bien joué sur son attaque, en fait un contre dès que Van Avermaet a été repris. C’est à ce moment qu’un Quick Step devait couvrir, c’était Sagan devant tout de même! Je ne m’explique pas la nonchalance de Terpstra à ce moment, même si l’attaque était à plus de 50 bornes de l’arrivée. Tu peux pas laisser partir un client pareil quand tu as d’aussi bonnes jambes! C’est du cyclisme 101.

Sagan a également eu beaucoup de chance de tomber sur un Silvan Dillier en état de grâce devant, qui a pris ses relais. Sagan confiait à l’arrivée avoir été sur le bord des crampes dans les derniers kilomètres, imaginez s’il avait été solo ou avec quelqu’un sur le porte-bagage durant les 50 derniers kms… pas sûr qu’il allait au bout, surtout que l’écart n’a jamais dépassé les 90 secondes avec le groupe de chasse derrière.

Dillier a cependant commis une grave faute dans les cinq derniers kilomètres selon moi, en relayant Sagan. Avant ça, on peut comprendre qu’il voulait assurer au minimum une 2e place. Mais à 5 kms de l’arrivée, alors que tu te retrouves avec un excellent sprinter et que tu es devant depuis plus de 150 bornes, tu peux te permettre, en cyclisme professionnel, de jouer tes cartes pour la gagne. Sagan aurait compris.

Surtout, c’est Dillier qui amène le sprint sur le vélodrome! À quoi pensait-il? Battre Sagan à la régulière sans même l’effet de surprise?!

Je pense que Dillier aurait dû cesser sa collaboration au panneau des 5, et surtout tenter de surprendre Sagan de derrière une fois sur le vélodrome de Roubaix, peut-être en partant de loin (selon son état de fatigue). C’était selon moi sa seule chance raisonnable de l’emporter. Qu’avait-il à perdre que de tenter ce coup? Il était de toute façon assuré de la 2e place à ce moment!

Autrement, on a vu une belle course des Education First (Phinney, VanMarcke) qui ont collaboré à la chasse derrière Sagan dans le final. Van Avermaet nous a prouvé ce qu’on soupçonnait depuis un mois: il était un peu juste sur ces Classiques 2018.

Belle course également des Trek-Segafredo qui auront tenté quelque chose dans le final. Par contre Arnaud Demare, les meilleures chances françaises, s’est vite éteint sur ce Paris-Roubaix. Il reviendra plus fort l’an prochain j’en suis sûr.

Paris-Roubaix: une course qui refuse le XXIe siècle!

Bernard Hinault l’avait traité de « belle cochonnerie » avant de venir, évidemment, la gagner.

Une fois par an, Paris-Roubaix – la « Reine des Classiques » ou « L’Enfer du Nord » – revient comme pour nous rappeler les origines, la genèse du cyclisme, ce sport qui est à son image: dur, ingrat, sacerdotal même!

Paris-Roubaix, à quel part, c’est un retour à la condition originelle du cyclisme et des cyclistes. Paris-Roubaix, c’est au cyclisme ce que Germinal d’Émile Zola est au syndicalisme!

Vous pouvez mettre toute la technologie que vous voulez, les pavés sont là, et continuerons de vous secouer comme il y a 100 ans. Ils vous attendent, intacts. Ils n’ont pas pris une ride (merci Les Amis de Paris-Roubaix!), vous oui.

Octave Lapize dans les années 1910, Rik Van Steenbergen dans les années 1950, Roger de Vlaeminck dans les années 1970 ou encore Tom Boonen dans les années 2010, même souffrance, même galère. Mieux que n’importe quelle course du calendrier, Paris-Roubaix créé un lien entre champions d’hier et d’aujourd’hui car même réalité, même contexte, même souffrance.

En ce sens, Paris-Roubaix refuse d’entrer dans le 21e siècle, et c’est pour cela qu’on l’adore! À quelque part, cette course garantit le spectacle: toujours difficile, toujours imprévisible, toujours ingrate, toujours un champion qui gagne aussi…

Vivement dimanche!

On annonce beau et chaud durant la course, mais ça demeurera parfois compliqué car le temps pluvieux des derniers jours aura laissé des flaques d’eau, des ornières, de la boue. Malgré cela, la course sera probablement une sélection par l’avant, plutôt que par l’arrière. À ce petit jeu, la Quick Step et la force de son collectif sera avantagée.

Au menu de Messieurs les coureurs pour cette 116e édition de la Reine des Classiques, 257 kms entre Compiègne et Roubaix, sur le célèbre vélodrome. On compte pas moins de 29 secteurs pavés d’une longueur variant entre 300m (secteur Roubaix, dans le dernier km) et 3700m (secteurs de Saint-Python et Hornaing). Les plus célèbres secteurs pavés sont évidemment la trouée d’Arenberg au km 160, véritable entrée dans le « final » de la course, Mons-en-Pévèle (km 210) et le Carrefour de l’Arbre (km 240). C’est habituellement là que la course se joue.

Les favoris

Un nom se dégage bien sûr: Niki Terpstra. Le vainqueur du Tour des Flandres a les jambes en ce moment et a déjà remporté Paris-Roubaix. C’est l’homme à battre! Attention à lui si jamais il devait protéger un de ses équipiers devant: son contre sera redoutable en cas de regroupement général. Parmi ses équipiers pouvant aussi d’imposer, Philippe Gilbert bien sûr, mais aussi Yves Lampaert et Sdenek Stybar. Ouf!

Vainqueur l’an dernier, Greg Van Avermaet n’a pas beaucoup gagné cette saison et il aura le couteau entre les dents, c’est certain.

Peter Sagan voudra lui-aussi gagner une course à la hauteur de sa stature dans le peloton. Moins bien que les dernières années, il a aussi la « pancarte dans le dos », lui donnant peu de marge de manoeuvre. Je pense que ca sera compliqué pour lui dimanche prochain.

Attention à Mads Pedersen, qui nous a tous surpris dimanche dernier sur le Ronde. On ne connait pas ses limites! Il n’a aucune pression, c’est un outsider et à lui d’en profiter.

Sep VanMarcke, Alexandr Kristoff, Olivier Naesen, Arnaud Demare (qui sera remonté par Marc Madiot!), Michael Valgren et Edvald Boasson Hagen sont d’autres coureurs qui, dans un bon jour, peuvent s’imposer selon moi.

Outre Pedersen, l’invité surprise est également le triple champion du monde de cyclocross, Wout Van Aert. Sur une course comme Paris-Roubaix, ses talents d’équilibriste sur des surfaces grasses pourraient bien le servir, et il a récemment prouvé avoir de très bonnes jambes. Un champion du monde de cyclo-cross vainqueur de Paris-Roubaix, ca aurait de la gueule et ca ne s’est pas vu depuis… Roger de Vlaeminck en 1975!

Les Québécois

Ils sont deux au départ, soit Hugo Houle (Astana) et Antoine Duchesne (Groupama-FDJ). Je pense qu’ils voudront tous deux s’illustrer car ils ont de bonnes jambes en ce moment, mais devront surtout respecter les consignes d’équipe. Espérons qu’ils pourront se montrer!

Les vidéos

La bande annonce officielle est ici.

Paris-Roubaix pour les nuls, c’est ici.

La bande annonce de l’équipe Groupama-FDJ.

Interview d’avant-course avec Niki Terpstra.

Interview d’avant-course avec Philippe Gilbert.

Reconnaissance d’avant-course avec Peter Sagan.

Terpstra met tout le monde d’accord comme sur le GP E3!

Niki Terpstra, 33 ans, a remporté dimanche le Tour des Flandres de la plus belle façon qui soit selon moi: solo. Parti à un peu moins de 20km de l’arrivée en contrant pour le compte de l’équipe Quick Step une attaque de Vicenzo Nibali, personne ne l’a revu. Juste avant, son équipier Zdenek Stybar avait préparé le travail en faisant le forcing dans le Kruisberg.

Une victoire sans appel de celui qui était mon favori pour la gagne. Plusieurs directeurs sportifs s’étaient également prononcés dans ce sens au cours des jours précédents l’épreuve, en particulier suite à sa démonstration dans le final du GP E3 il y a 10 jours. Rappelons que Terpstra, solo, avait tenu en échec pendant 24 kms un groupe de poursuite impressionnant comportant toutes les grosses pointures. Il a gagné dimanche le Ronde exactement de la même façon!

Mention très bien également au 2e du jour, le Danois Mads Pedersen, qui n’a rien lâché dans le final derrière Terpstra, et qui parvient à la ligne suite à un gros effort solo pour préserver sa deuxième place. Ce coureur n’a que 22 ans et visiblement une grosse caisse pour les Classiques, les épreuves qu’il préfère. Il faudra avoir ce coureur à l’oeil dans les prochaines années, et même sur Paris-Roubaix dimanche prochain!

J’ai bien aimé aussi le collectif Quick Step sur la course, ils étaient toujours en contrôle de la situation. Mention très bien à Nibali aussi, qui a su être un acteur de la course. On a aussi vu les VanMarcke, Van Avermaet, Sagan et quelques Sky tenter quelque chose.

La plupart de ce beau monde se retrouve plus tard cette semaine pour le Grand Prix de l’Escaut, une course qui arrive souvent au sprint, et sur la Reine des Classiques Paris-Roubaix dimanche prochain. Yé!

L’intégrale du Ronde est ici, plus de 7h de vidéo. Parfait pour vos séances de home-trainer!

Un grand « Ronde » dans les cartons!!!!!

Ne manquez pas ça ce dimanche, la 102e édition du Ronde Van Vlaanderen s’annonce épique!

Premièrement, ça sera le dimanche de Pâques, quoi de mieux pour la grand-messe du cyclisme belge?! Y’aura du monde sur le bord de la route, ça sentira bon la merguez et la bière pour une ambiance du tonnerre dans les monts pavés…

Deuxièmement, ce sera pluvieux et frais, un vrai temps de flahutes. Comme on aime (nous les spectateurs, parce que pour les coureurs c’est une autre histoire…)

Troisièmement, 267 kms d’une course dure, très dure. Dix-huit monts à franchir, la plupart dans le final, dont certains sont pavés. Comme si ce n’était pas assez, Messieurs les coureurs devront aussi affronter cinq secteurs pavés durant l’épreuve.

Parmi les monts à affronter, le Mur de Grammont au km 170, deux fois le Vieux Quaremont (km 211 et 250), deux fois le Paterberg (km 214 et 253), le Koppenberg (km 221) et le Taaienberg, ou Mont Tom Boonen! (km 229).

Quatrièmement, le plateau des favoris, selon moi exceptionnel cette année tant ils sont nombreux à pouvoir nourrir des ambitions sur la course.

D’abord, deux invités surprise qui font vraiment plaisir: Vicenzo Nibali et Alejandro Valverde! Pas des manches ces deux là, tout est possible! Ils savent tous deux encaisser la distance et les monts, ça se jouera vraisemblablement au placement dans leur cas. Ils devront impérativement courir sur l’avant du peloton et ils disposent d’une équipe à leur service pour les aider. Valverde a impressionné hier sur À travers la Flandre, terminant 11e d’une épreuve difficile, courue sous la grande flotte. Ca en dit long sur sa caisse et sa motivation! Rappelons qu’il n’y a jamais eu de vainqueur espagnol du Ronde, ça serait joli!

Nibali a toutefois peut-être davantage de chance en raison de son équipe, plus rompue à ce genre de course.

Sinon, les archi-favoris sont les Quick Step, qui disposent actuellement d’une équipe de rêve. Voyez un peu: Philippe Gilbert (vainqueur l’an dernier, récent 2e du GP E3), Yves Lampaert (vainqueur hier d’À travers la Flandre), Zdenek Stybar et Niki Terpstra (récent vainqueur convaincant du GP E3). OUF!

Peter Sagan sera là avec son équipe Bora, mais je crains qu’il ne doive se débrouiller seul dans le final, ce qu’il est parfaitement capable de faire par ailleurs!

L’autre équipe belge, Lotto-Soudal, misera probablement tout sur Tiesj Benoot, très agressif hier dans le final d’À travers la Flandre. Il pourra s’appuyer sur son coéquipier Jens Debusschere.

Chez BMC, une seule carte, mais quelle carte! Greg Van Avermaet, le no1 mondial. Il veut inscrire son nom au palmarès de cette grande classique si importante pour un coureur belge. On l’a aussi vu très actif dans le final d’À travers la Flandre hier, il voulait certainement faire de gros efforts pour finaliser sa préparation en vue du Ronde dimanche.

Chez EF Education First, tout pour Sep VanMarcke.

Les Trek-Segafredo miseront pour leur part sur Jasper Stuyven.

Ajoutez à cela les Olivier Naesen, Tony Martin, Michal Kwiatlowski, Gianni Moscon, Edvald Boasson Hagen, Mike Teunissen et Alexandr Kristoff, c’est pas moins d’une vingtaine de coureurs qui peuvent aspirer à monter sur le podium!!! Ça devrait nous produire une course très animée dans le final, et je pense qu’à ce petit jeu, compte tenu du nombre de favoris, ceux qui se lanceront dans une échappée sérieuse à moins de 100 bornes de l’arrivée bénéficieront du blocage de la course derrière.

Dans ce contexte, la clef sera probablement de partir avec un Quick Step, mais idéalement pas deux!

Deux Québécois seront au départ, soit Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ (il est suffisamment remis de ses ennuis gastriques d’il y a quelques jours) ainsi qu’Hugo Houle, en excellente condition puisqu’auteur d’une impressionnante 29e place sur À travers la Flandre hier.

Pour suivre la course depuis le Québec, je vous recommande L’Équipe TV, Steephill ou Cyclingfans. Vous devriez pouvoir trouver des liens vous amenant vers un site retransmettant les images télé.

On va se régaler!

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