C’est moins une surprise qu’avant: les cyclismes colombiens et slovènes sont à la fête sur ce Tour de France!
Le Colombien Daniel Martinez s’est adjugé hier une des étapes les plus difficiles, maitrisant bien les deux Bora-Hansgrohe avec lui dans le final. Pour moi, il était clairement le plus fort, et il était également sûr de lui, aucun doute là-dessus.
Derrière, les deux slovènes Roglic et Pogacar ont fait le ménage. Bernal en a fait les frais, c’est le grand perdant du jour qui a montré ses limites sur un terrain qui normalement est le sien, c’est-à-dire les forts pourcentages. On n’est probablement pas encore assez en altitude pour lui!
Richie Porte a surpris, terminant juste derrière les deux slovènes avec Landa et Lopez.
Outre Martinez, Pogacar est lui l’autre grand gagnant du jour, se hissant à la 2e place du général. J’apprécie le tempérament d’attaquant du jeune coureur lorsque la route s’élève.
Du coup, deux slovènes aux deux premières places du général, suivis de… quatre colombiens!
Considérant mon récent article sur les affaires dans ces deux pays, il serait facile de prendre des raccourcis. Je vous invite à la prudence dans vos commentaires, il en va de la qualité de ce site.
Essayons plutôt d’y voir clair raisonnablement, sur la base des faits.
Certains ont déjà évoqué le retour du cyclisme à deux vitesses, notamment en pensant aux coureurs français, battus hier.
Attention, les français n’ont pas été battu sur leur valeur jusqu’ici, mais plutôt sur chutes: Pinot, Bardet, Martin, ils sont tous allés au tapis.
Ca ne veut pas dire non plus que je pense que ces coureurs auraient pu suivre les deux slovènes dans les derniers hectomètres des étapes. En fait, je ne le crois pas, puisque personne n’y est parvenu non plus.
Ce qui m’inquiète plutôt, ce sont deux éléments.
D’une part, les temps d’ascension. Pogacar a battu de vieux records du début des années 2000 – grande époque du dopage sanguin – sur le Peyresourde, et tous les coureurs s’entendent pour dire que ca roule décidément très, très vite cette année dans les cols.
D’autre part, la déclaration de Bernal à l’arrivée hier: il a établi ses meilleures références à vie hier dans le Puy Mary en terme de watts. Le gars génère dont plus de watts que l’an dernier sur le Tour, et se fait quand même larguer à la régulière, terminant à plus de 30 secondes des deux slovènes.
Aie. Ca, c’est inquiétant selon moi.
Clairement, les deux coureurs slovènes sont surpuissants. Il va falloir recommencer à s’intéresser aux analyses de watts pour y voir plus clair. Lorsqu’on approche les 6.8 watts par kilo sur 25-30min, ca commence à être très louche, les leçons du passé sont là pour nous le prouver. Les premières analyses des watts poussés dans les Pyrénées confirment que ce Tour de France est d’un très haut niveau, et que Pogacar en particulier développe une puissance vraiment très impressionnante, jamais observée dans le passé récent du Tour. Il est clairement le plus fort en montagne ces jours-ci. On se demande même si mano à mano, il ne pourrait pas attaquer Roglic dans les Alpes!
Chose certaine, la course continue d’être intéressante. Tant pour le jaune, le vert, les pois et le blanc!
L’étape de demain vers Lyon sourira aux baroudeurs comme Alaphilippe, qui n’a toutefois pas les jambes de l’an dernier. On ne s’ennuiera pas devant la télé.
Pour le général, le prochain rendez-vous c’est le Grand Colombier dimanche, escaladé après deux ascensions pas faciles du tout, la Selle de Fromentel et le col de la Biche. Dégâts assurés! Et les écarts ne se compteront pas en secondes cette fois, mais plutôt en minutes.