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On roule en Australie… mais pas au Québec!

Ca y est, la saison 2017 de cyclisme sur route s’est élancée ces jours derniers avec la tenue de la People Choice Classic, sorte de critérium qui précède le Tour Down Under en Australie.

Pour égayer vos séances de home-trainer (au Québec, c’est plutôt ski de fond actuellement!), on peut trouver sur YouTube un vidéo de cette course récente, question de découvrir les couleurs du peloton 2017.

Le Santos Tour Down Under s’élance aujourd’hui, pour 6 étapes. Il faudra évidemment surveiller la 5e étape avec le Willunga Hill, une belle bosse qui, souvent, permet aux meilleurs de faire la différence. Il faudra aussi surveiller le Canadien Mike Woods, révélation l’an dernier sur ces routes et qui promet de remettre ça cette année, fort de la confiance de son équipe Cannondale-Drapac.

Le plateau est cependant très relevé, avec la présence notamment d’Esteban Chaves et Simon Gerrans, de Peter Sagan, de Richie Porte, de Geraint Thomas et des frères Henao, de Petr Vakoc et Gianluca Brambilla, de Robert Gesink et de Jarlinson Pantano.

Ca sera intéressant car cette course nous permettra de voir qui a bien bossé cet hiver!

Crédible, Dave Brailsford?

L’affaire du colis livré à Bradley Wiggins de l’équipe Sky sur le Dauphiné 2011 fait décidément beaucoup de bruit ces jours-ci dans le monde du cyclisme. On pourrait dire « forcément » tant le passé de notre sport est trouble sur ce plan.

Le manager général de l’équipe Sky a récemment dû s’expliquer devant un comité de la Chambre des communes au Royaume-Uni.

Je sais pas vous, mais l’intervention de Brailsford (ci-bas) me glace le sang tant j’y vois un air de déjà vu avec les déclarations trop fréquentes d’un certain Lance Armstrong à une époque pas si lointaine.

Vous y croyez vous? Moi, je vous avoue avoir un peu (beaucoup) de mal.

Commencerions-nous à mieux comprendre tout le succès des coureurs anglais depuis une décennie, tant sur la route que sur la piste? Chose certaine, entre ce qui est permis, ce qui est éthique, ce qui est interdit, ce qui constitue de l’abus, la ligne est souvent mince et on joue parfois sur les mots!

Pas surprenant que la Sky n’aie jamais voulu adhérer au Mouvement pour un cyclisme crédible!

Bahrain-Merida

Pas mal du tout! (c’est du Sportful)

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Le Tour de l’actualité

1 – Palmarès StravaL’excellent coureur québécois Alex Dion y est récemment allé avec son palmarès Strava 2016, un palmarès que j’apprécie personnellement beaucoup année après année. Je suis certain que nos lecteurs français apprécieront l’idée originale, car je ne connais rien d’équivalent en France?

Rebasculé sur Veloptimum, son texte a été cette année critiqué par un autre cycliste, estimant par exemple que ce texte n’était pas d’intérêt public et discriminatoire.

En lisant ceci, j’ai été soufflé.

Alex n’a insulté personne avec son palmarès. Il l’a manifestement écrit de bonne foi, au meilleur de ses connaissances qui, forcément, sont limitées: qui peut prétendre tout connaitre? Bien sûr, Alex ne peut tenir compte des performances de tous les cyclistes du Québec sur Strava au moment d’écrire son texte. J’ai moi-même quelques équipiers dans l’Outaouais qui auraient mérité de figurer sur ce palmarès tant leurs exploits Strava (en toute sécurité) ont été intéressants en 2016.

Pas d’intérêt public? S’il faut que tout ce qui est écrit publiquement soit d’intérêt public, je crois qu’on n’est pas sorti de l’auberge! Moi, l’intérêt public, je le vois ainsi: par son texte, rebasculé par Veloptimum, Alex contribue à souder la communauté cycliste – en particulier les coureurs sur route – du Québec, particulièrement de Montréal. Et ça, c’est déjà un début, et déjà très bien.

Discriminatoire? Ayoye! Tout de suite les grands mots. Je ne vois absolument pas ce qu’il y a de discriminatoire dans ce texte.

En réaction, Alex a écrit « 2016 était mon dernier palmarès » et « Dès qu’on écrit quelque chose publiquement, il y aura toujours du monde pour critiquer. Parlez-en à Laurent Martel de La Flamme Rouge. À chaque article, du monde lui font des attaques personnelles. Or nous aimons tous lire LFR. »

Je tenais à remercier Alex pour ses bons mots à l’endroit de La Flamme Rouge tout en l’assurant que oui, ce n’est pas toujours facile d’écrire publiquement. Alex, je t’encourage à ne pas trop t’en faire, et à reconsidérer l’élaboration d’un « Strava 2017 »: moi, ça me procure un 15 minutes de fun chaque année (sachant que ça t’en coûte davantage pour l’écrire), et je t’en suis très reconnaissant pour cela. Si on ne peut même plus faire ce genre de truc… c’est qu’ils auront gagné et ça, c’est pas cool.

2 – Van Der Poel, Van Aertc’est la guerre tous les week-ends. Et ça conduit à de sacrés beaux cyclo-cross dans le nord de l’Europe. Putain, quelle intensité!!!

3 – BMCUne journée au camp d’entrainement de l’équipe BMC. J’adore ce nouveau look Assos. La classe, tout simplement.

4 – Dopage mécaniqueSelon un article du très sérieux journal Le Monde, il pourrait y avoir des révélations en janvier quant à l’usage au sein du peloton professionnel de dopage mécanique. Istvan Varjas, l’homme derrière la démocratisation du moteur électrique caché dans le cadre des vélos, aurait affirmé être sur le point de balancer quelques infos à ce sujet. Wait and see, mais cela pourrait faire mal si jamais ces menaces sont mises à exécution.

5 – Les transferts 2016-2017, le jeuC’est ici, et ça teste vos connaissances sur les transferts durant l’inter-saison. Original!

6 – En cette fin de saison, l’inspiration est plus limitée en raison d’une actualité cycliste moindre. Certains d’entre vous m’ont envoyé des messages personnels incluant des idées de sujets pour les prochains jours. Je tenais à vous en remercier, et si je n’y ai pas encore donné suite, c’est que je cherche à bien approfondir mes sujets, question de ne pas écrire de conneries. Merci de vos initiatives, et j’essaie d’y donner suite dans les prochains jours!

7 – Rions un peu:

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Les couleurs du peloton 2017

À mesure qu’on se rapproche de l’année 2017, les maillots des équipes qui composeront le peloton WorldTour l’an prochain sont dévoilés. En voici trois autres, Etixx, Bora-Hansgrohe et BMC.

Etixx

J’aime beaucoup ce nouveau design, qui a une touche plus moderne que celui de 2016. Pour le vidéo de la présentation du nouveau maillot, c’est par ici.

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Bora-Hansgrohe

L’équipe de Peter Sagan a revu en profondeur son maillot, qui demeure assez sobre. Trop? Selon moi, oui! Sagan sera plus beau dans son maillot de champion du monde que dans celui-ci…

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BMC

L’équipe des vélos d’origine suisse fait confiance en 2017 à une bonneterie… suisse, la plus prestigieuse de toutes: Assos. C’est du réussi, alliant à la fois classicisme et modernisme. J’aime, tout particulièrement ce cuissard d’enfer!

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One year in blue

Sortie le 11 janvier prochain, le film One year in blue, relatant la vie au sein de l’équipe Etixx en 2016. Le genre de film que j’aime bien car cela nous permet de mieux comprendre ce qu’est la vie d’un coureur pro, ou d’un membre de l’encadrement d’un coureur pro.

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Des équipes de huit coureurs sur les grands tours?

Ca pourrait être un autre bras de fer entre les organisateurs de courses cyclistes – ASO et RCS en premier lieu – et l’Union cycliste internationale (UCI): l’annonce, vendredi, par les organisateurs de courses cyclistes lors de l’Assemblée générale de l’Organisation Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes (AIOCC) de leur intention de réduire de neuf à huit coureurs les équipes sur les grands tours.

Et ce, dès 2017.

Dans la foulée, l’UCI a émis un communiqué affirmant qu’une telle décision ne peut être prise seule par les organisateurs de courses cyclistes et qu’elle doit être d’abord approuvée par le Conseil du Cyclisme Professionnel (CCP).

Un tel sujet avait été abordé plus tôt en novembre dans une réunion du CCP, avec la décision de ne rien changer pour 2017!

On peut donc soupçonner que les organisateurs de courses cyclistes, pourtant représentés au sein du CCP, n’ont pas été satisfait de la décision prise lors de cette réunion et ont décidé de faire le forcing.

Raison évoquée par les organisateurs de courses cyclistes? 1) accroître la sécurité des coureurs et 2) rendre plus difficile aux équipes de cadenasser la course.

Les prochains jours vont donc être intéressants…

Personnellement, je ne crois pas qu’une vingtaine de coureurs en moins dans le peloton du Tour va réduire le nombre de chutes et accroitre la sécurité. Cette sécurité dépend bien davantage du mobilier urbain équipant les routes et devenu, en Europe, extrêmement lourd: ronds-points, ilots directionnels, dos d’âne et autres ralentisseurs, chicanes pour réduire la vitesse, etc. autant de dangers pour un peloton qui file à toute allure.

À mon avis, les chutes sont bien davantage créées par les oreillettes : les risques sont démultipliés lorsque vous avez 20 directeurs sportifs exigeant de leurs coureurs au même moment de remonter à l’avant du peloton car une difficulté approche. Je suis absolument convaincu que la suppression des oreillettes en course ne nuirait aucunement à la sécurité, mais bien l’augmenterait.

Empêcher une équipe de cadenasser la course? Je ne suis pas sûr que de passer de neuf à huit coureurs va changer drastiquement les choses. Il vous suffit de 3-4 coureurs capables de bien rouler – des Vasil Kiryienka, ou des Wout Poels par exemple – et vous cadenassez une course…

Des directeurs sportifs n’ont pas tardé à exprimer leurs réticences envers une telle mesure, si elle était adoptée. Le plus virulent a été le Belge Patrick Lefévère, qui a estimé qu’une telle mesure n’aurait pour effet que d’envoyer plusieurs dizaines de coureurs au chômage.

S’il est louable de vouloir améliorer la sécurité en course, s’il est louable de vouloir rendre plus excitant le sport cycliste, je pense que c’est en abolissant les oreillettes qu’on va y parvenir le mieux, non pas en faisant passer le nombre de coureurs par équipe de neuf à huit. Je ne comprends pas pourquoi on ne met pas à l’essai un Tour de France sans oreillette… qui ne serait qu’un retour à la situation initiale!

On tolère les oreillettes pourquoi? Parce que les équipes puissantes du peloton y sont farouchement opposées, bien trop conscientes qu’il s’agit d’un outil quasi-indispensable pour justement cadenasser la course, en contrôlant les échappées et les écarts.

Quoi qu’il en soit, la présente situation a aussi un autre mérite: celui de nous montrer qu’une réforme de la gouvernance du cyclisme serait bien nécessaire, car on y perd notre latin entre toutes les associations et conseils en tout genre régissant le sport!

Petit Tour de l’actualité

1 – En complément de mon article hier, on trouvera ici le nouveau maillot des Dimension Data 2017. Une touche de vert, c’est un peu plus « jazzy » qu’en 2016, on s’améliore mais… on ressemble aussi beaucoup à un certain maillot Orica-Green Edge il y a quelques années…

2 – Giro 2017: il y aura du beau monde. Fabio Aru a déjà annoncé sa présence, voilà que Vicenzo Nibali annonce la sienne, et que Ilnur Zakarin en fait un objectif… Ca va être intéressant!

3 – Janez Brakokovic a rejoint l’équipe Bahrain-Merida pour 2017. Ce coureur me semble hautement suspect, ses performances ayant été tellement en dents de scie… Je me rappelle d’un Dauphiné où il a répondu à chaque attaque d’un Contador déchainé dans l’Alpe d’Huez, puis… rien.

4 – Alberto Contador fait de nouveau du Tour son principal objectif pour 2017. À 33 ans, ce n’est pas trop tard, mais le temps presse tout de même. Sa nouvelle équipe Trek pourra-t-elle mieux l’épauler dans l’atteinte de cet objectif? Je pense personnellement que oui, et Contador sera un très sérieux client pour Chris Froome en 2017, le coureur espagnol affectionnant les parcours piégeux.

5 – Christian Meier. Le Canadien prend sa retraite ces jours-ci après plusieurs années de travail discret, mais efficace, au sein du peloton WorldTour pour le compte de l’équipe australienne Orica-Green Edge. Il n’y a pas de meilleur indice de la qualité d’un coureur que celui du renouvellement, année après année, de son contrat malgré la discrétion des résultats. J’ai adoré cette entrevue qui nous en dit plus sur ce coureur intelligent, discret et modeste.

Les nouveaux maillots 2017

Toujours intéressant de découvrir les nouvelles couleurs du peloton 2017… et de constater que ça joue très dur parmi les équipementiers. Voici les premières images de quelques maillots.

Sky… des petites lignes et surtout, exit Rapha, bienvenue Castelli.

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Chez Cannondale-Drapac, exit Castelli, bienvenue POC.

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Chez Astana, on fait confiance à Giordana pour 2017. L’équipe roulera sur les vélos québécois Argon 18. Pas sûr à propos de la bande jaune…

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Chez Bora, exit Argon 18, bienvenue Hansgrohe. Voici une ébauche de ce que pourrait avoir l’air le nouveau maillot de l’équipe du champion du monde, Peter Sagan.

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Chez AG2R – La Mondiale, exit l’équipementier One Way, bienvenue à la compagnie italienne GSG. L’équipe roulera également sur des vélos Factor en 2o17, une marque très peu connue.

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Les vélos présents en WorldTour en 2017:

Specialized (Etixx et Bora-Hansgrohe)

Canyon (Movistar et Katusha)

BMC (BMC)

Trek (Trek Segafredo)

Cannondale (Cannondale – Drapac)

Argon 18 (Astana)

Factor (AG2R – La Mondiale)

Cervélo (Dimension Data)

Lapierre (FDJ)

Colnago (TJ Sport)

Merida (Bahrain – Merida)

Ridley (Lotto – Soudal)

Scott (Orica)

Giant (SunWeb – Giant)

Bianchi (Lotto NL – Jumbo)

Pinarello (Sky)

L’arnaque des béta-2 agonistes

Le récent cas Wiggins a levé un doute sérieux quant à la légitimité de l’utilisation par les coureurs pro des fameuses AUT (autorisation pour usage à des fins thérapeutiques). Dans le domaine, on a l’impression que c’est du grand n’importe quoi, les coureurs pro, à consulter leurs fichiers médicaux, passant sur papier pour de grands malades!

Je publie aujourd’hui une contribution spéciale de Marc Kluszczynski (que je ne présente plus!), et je l’en remercie pour ce billet éclairant sur le sujet. Il nous montre que l’usage de tels bêta-2 agonistes, disponibles au commun des mortels (donc nous), n’est certainement pas recommandé!

L’arnaque des béta-2 agonistes

Avec les bronchodilatateurs (ou bêta-2 agonistes) type salbutamol, on est bien en présence d’un « doping to lose » que s’infligent eux-mêmes les utilisateurs de ces substances, même si trois d’entre elles (salbutamol, salmétérol et formotérol) sont d’usage légalisé depuis 2011.

« Doping to lose » car le phénomène de tachyphylaxie, inhérent à cette classe de médicaments, est bien documenté dans le domaine médical du traitement de l’asthme. Le phénomène de tachyphylaxie est celui de l’accoutumance rapide du corps à une substance lorsqu’administrée de façon répétitive.

Pourtant, dans le domaine du dopage, l’absence d’information, la mode (si tout le monde en prend, pourquoi ne pas essayer ?) ont fait généraliser leur usage, et pas seulement en ski de fond. Avec les bêta-2 agonistes, le problème de la tolérance à long terme se traduit immanquablement par une diminution d’efficacité puis une inversion de l’effet, et donc une majoration de la constriction bronchique, l’inverse du but recherché !

Ces médicaments perdent donc leur efficacité au cours du temps par désensibilisation des récepteurs bronchiques, phénomène qui touche aussi d’autres classes de médicaments. Cette tachyphylaxie reste partiellement régressive après interruption du traitement pendant quelques jours. Il se pourrait alors qu’un non-utilisateur de bêta-2 agonistes soit finalement avantagé par rapport à un adepte dépendant de ces substances!

Cette tolérance à long terme pourrait peut-être expliquer le recours à d’autres voies d’administration, comme avec les appareils à aérosol pneumatique ou sonique employés par les équipes nationales des fondeurs norvégiens depuis 2 ou 3 ans. Mais pire, des articles médicaux citent que « la tachyphylaxie pour la broncho-protection est en partie prévenue par la corticothérapie », à l’efficacité incertaine dans ce domaine. Les corticoïdes deviennent ainsi la 2ème ligne d’assaut de l’arsenal médical, après épuisement de l’effet des bêta-2 agonistes. Et qui ne dit que certains sportifs ne soient pas tentés ? Car les corticoïdes par voie inhalée sont autorisés! Non sans danger: signalons que l’insuffisance surrénalienne aigüe (mortelle) reste possible avec la corticothérapie inhalée à haute dose (1mg/j de fluticasone)…

Avant 2011, les bêta-2 agonistes n’étaient pas libéralisés par l’Agence mondiale antidopage (AMA) et nécessitaient une autorisation pour usage à des fins thérapeutiques (AUT). Celle-ci devait répondre à quatre critères de délivrance. Et à y bien regarder, les bêta -2 n’en répondaient à aucun ! C’est peut-être pour cela que leur usage est devenu légal pour trois d’entre eux.

Les quatre critères étaient les suivants. 1er critère, l’absence de prise de la substance créerait un préjudice de santé : des sportifs ont signalés que l’inhalation de salbutamol leur provoque une crise d’asthme peu après.

Le 2ème critère n’est pas rempli non plus : plus personne ne croit à leur absence d’effet sur la performance.

Pas plus que le 3ème : des alternatives thérapeutiques existent, comme les anticholinergiques, jamais interdits, et à effet systémique réduit.

Le 4ème critère, qui cite « la condition pathologique ne doit pas être la conséquence d’une utilisation antérieure de la substance » vole en éclat avec le phénomène de tachyphylaxie.

L’AMA devrait donc interdire de nouveau les trois bêta -2 agonistes (salbutamol, salmétérol et formotérol) et restreindre l’accès des AUT qu’à certaines des substances de la liste interdite : il n’y a pas d’AUT possible pour l’EPO, il ne devrait pas y avoir d’AUT pour ces bronchodilalateurs ou les corticoïdes non plus. Si les AUT ou leur usage demeure possible, il faudrait interdire de toute compétition pendant 15 jours le bénéficiaire.

En ce sens, la Russie, qui critique actuellement l’AMA sur ce système des AUT, n’a pas entièrement tort…

L’AFLD dans le rouge: ASO doit intervenir!

On apprenait hier que l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) va très certainement réduire significativement le nombre de contrôles anti-dopage en 2017, faute d’un budget adéquat.

C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour le sport en général, et le cyclisme en particulier.

Les finances de l’AFLD sont dans le rouge depuis plusieurs années, et le déficit atteindrait, en 2016, près de 650 000 euros.

L’AFLD est évidemment financé par de l’argent public, étant considérée comme un service public. C’est principalement le ministère des sports français qui couvre le budget de l’agence. Une partie de l’argent viendrait d’un taux de contribution, actuellement de 0,1%, « sur la cession des droits de retransmission des compétitions sportives ». Une hausse de ce taux serait envisagée, mais n’aboutit pas au niveau politique.

Je vous avoue ne pas tout comprendre! 0,1%, c’est dérisoire sur l’ensemble des droits!

Comment se fait-il que les organisateurs de courses cyclistes, surtout ASO en France, ne soient pas contraintes de financer une partie de ces contrôles?

La qualité du produit en dépend pourtant. Sans contrôle, ou avec une diminution des contrôles, il est clair que les équipes, les coureurs, s’engouffreront dans la brèche dès l’an prochain. L’occasion sera trop belle pour certains d’améliorer leur classement mondial et leurs résultats sur les grands tours. Et avec cela, le danger de retourner à l’ère Festina, et le bordel qui s’en est suivi et qui a durablement terni l’image du cyclisme.

L’argent public ne peut servir à assurer la qualité d’un spectacle dont la vaste majorité des profits demeure du domaine privé. Il faut que chacun fasse sa juste part.

Je suis donc de ceux qui croient que les grandes sociétés comme ASO doivent contribuer davantage à soutenir des agences comme l’AFLD. Après tout, la qualité du spectacle dont ils sont les grands organisateurs – et profiteurs – est à ce prix.

La mesure de l’audience

Grâce à Otto, un fidèle lecteur que je remercie, j’ai pu découvrir cet intéressant article du journal Le Monde publié le 20 octobre dernier sur le sujet de la mesure de l’audience sur le Tour de France.

Chiffre annoncé par A.S.O. ? 3.5 milliards de téléspectateurs dans 190 pays à travers le monde.

Ca fait du monde ça considérant que la planète abrite environ 7.2 milliards d’êtres humains! En gros, la moitié aurait écouté le Tour l’été dernier!!!

L’article parle également d’un économiste belge du sport, spécialiste du cyclisme, Daam Van Reeth, qui nuance les chiffres avancés par A.S.O.

Selon Van Reeth, c’est plutôt 309 millions de téléspectateurs dans les 25 pays où le Tour est retransmis.

Un abîme de différence!

Du coup, on se demande comment cela est possible?

Van Reeth avance quelques pistes permettant de mieux comprendre comment A.S.O. a pu arriver à ce chiffre. Et on comprends vite que c’est du grand n’importe quoi!

Évidemment, on comprendra que d’un point de vue marketing, A.S.O. a tout avantage à gonfler l’audience du Tour, permettant notamment de vendre de la publicité à des tarifs plus élevés lors de l’événement. C’est un peu comme lors des manifestations: les organisateurs ont toujours avantage à gonfler le chiffre des participants, et des écarts sont souvent importants avec les effectifs estimés notamment par la police ayant encadré l’événement.

capture-decran-2016-10-28-a-07-20-45Van Reeth, professeur à l’Université de Louvain, a publié, plus tôt cette année, un livre intitulé The Economics of Professional Road Cycling. J’ai trouvé une revue complète de ce bouquin sur le site cycliste PodiumCafé.

Ca sera ma prochaine lecture!

Quoi qu’il en soit, voilà une autre preuve qu’il faut toujours faire usage de sens critique lorsqu’on considère des données avancées par des parties intéressées. C’est notamment pourquoi les agences statistiques nationales comme Statistique Canada ont à coeur de préserver du mieux possible leur indépendance, il y va de la crédibilité des statistiques diffusées.

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