Les saisons se succèdent mais ne se ressemblent pas toujours.
Le départ l’an dernier de ma saison avait été plutôt très bien, retrouvant vite d’excellentes sensations sur le vélo.
Cette année, c’est tout le contraire. Souvent enrhumé, je galère de kleenex en kleenex, planté complet à chaque séance d’entrainement où je traine ma misère, les sensations en vrac. À des années lumières de mes dernières années.
Et puis, l’ambiance vélo est plutôt morose ces temps-ci, non?
Y’a d’abord la mort de Michele Scarponi, un des clowns du peloton, un mec bien, apprécié de tous, père de deux petits garçons de 6 ans. Fauché par un camion à la sortie de son village, sa vie s’est arrêtée net fret, that’s it, end of the story. Ca me fout un de ces cafards… Les images de ses funérailles hier n’arrangent rien, et ce sont des coureurs brisés comme Fabio Aru, Alexandre Vinokourov ou Davide Cassani qu’on a pu voir autour de son cercueil.
Y’a également la mort d’un cycliste de 32 ans sur une piste cyclable près de chez moi hier matin, au bas d’une petite descente succédée d’un virage assez serré. Le cycliste se serait retrouvé dans la rivière des Outaouais. Aie.
Y’a ensuite ma propre équipe cycliste, peu épargnée par la malchance en ce début de saison: trois chutes en trois courses, dont deux se sont soldées par des plâtres et des fractures, ainsi qu’une sévère commotion. Huit semaines d’arrêt de travail, c’est vraiment pas la joie pour une course le dimanche. Prompt rétablissement à mes coéquipiers(ères) Caroline et Erwan…
Y’a aussi cette agression à l’entrainement de Yoann Offredo survenue récemment, le coureur ayant eu des démêlées avec un automobiliste frustré. Si le déroulement des événements n’est pas très clair, ça fait quand même peur de constater que le coureur s’est fait battre à coup de manche à balai et ce, jusqu’au sang. Mais dans quel monde vivons-nous?
J’ai l’impression que la violence envers les cyclistes augmente avec la popularité grandissante du sport cycliste: si de plus en plus d’automobilistes sont aussi cyclistes et font donc attention à ceux qui roulent à vélo sur les routes, les autres automobilistes sont de plus en plus écoeurés de la présence de tous ces cyclistes partout sur les chaussées. Du coup, la patience est vite épuisée et des scènes disgracieuses surviennent de plus en plus souvent. Je n’emprunte plus certaines routes rurales de l’Outaouais, trop peur de ces fous furieux au volant de « pick-up » (camions) Ford F150 Triton V12 Supercharge avec des rétroviseurs surdimensionnés et une paire de fausses couilles (c’est tout ce qu’ils ont) qui pendouillent derrière (comble du mauvais goût) qui nous frôlent avec plaisir, espérant nous faire peur: c’est réussi. Que voulez-vous, je n’ai pas une tonne de tôle autour de moi pour me protéger d’un impact…
Et puis, il y a la menace des textos au volant… Si ceux qui textent peuvent se retrouver dans la voie de gauche en situation de face-à-face, ils peuvent aussi se retrouver à droite dans le bas côté de la route, précisément là où évoluent souvent les cyclistes…
Enfin, il y a cette nouvelle à Montréal de la fermeture tout l’été du Circuit Gilles Villeneuve, seul endroit près de l’île de Montréal où les cyclistes de performance peuvent s’entrainer en sécurité (le circuit du Mont Royal et Camilien Houde est une autre paire de manche à cet effet). Comme plusieurs, je déplore le manque de consultation auprès de la communauté sportive, le manque de considération. Comme l’a bien écrit un chroniqueur du journal La Presse, le problème #1, c’est que les cyclistes qui utilisent le CGV ne rapportent pas d’argent… du moins pas directement. Ils en rapportent pourtant beaucoup en se maintenant en bonne santé, et donc en utilisant beaucoup moins les services de santé de la province, tout en polluant moins également. Ca aussi, ça compte…
Vraiment, sale temps pour le cyclisme en ce moment, et pour moi. Il ne reste plus qu’à continuer de faire le métier, en espérant des jours meilleurs… tout en n’oubliant pas ceux qui nous ont quitté tragiquement.