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Encore possible, le doublé Giro-Tour?

Chris Froome a confirmé hier qu’il sera au départ de la 101e édition du Tour d’Italie, dont le parcours a été dévoilé.

Autrement dit, il tente, en 2018, le doublé Giro-Tour.

Un tel doublé est-il encore possible dans le cyclisme d’aujourd’hui? Le dernier à avoir réalisé pareil exploit est Marco Pantani en 1998, dans des circonstances un peu particulières on le sait aujourd’hui (rappelez-vous, le Tour 1998 a été celui de l’Affaire Festina…).

Avant Pantani, Miguel Indurain avait lui aussi réalisé ce doublé en 1992 et 1993. Au total, dans l’histoire du cyclisme, et outre Indurain et Pantani, seuls cinq autres coureurs ont réalisé ce doublé, soit Stephen Roche une fois (1987), Bernard Hinault deux fois (1982 et 1985), Eddy Merckx trois fois (1970, 1972 et 1974), Jacques Anquetil une fois (1964) et Fausto Coppi deux fois (1949 et 1952). Des monstres!

On peut penser que Froome n’est pas inconscient et que son doublé Tour-Vuelta en 2017 lui aura servi de répétition générale, boostant sa confiance.

Je pense que Froome prend toutefois de gros risques.

D’une part, 2018 sera l’année de sa 5e victoire sur le Tour, ce qui lui assurerait une place unique dans l’histoire du cyclisme, rejoignant les Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain comme quintuple vainqueur de la Grande Boucle. En prenant le départ du Giro, il prend le risque d’y laisser beaucoup d’énergie AVANT son grand rendez-vous de la saison en juillet. En 2017, les risques étaient moindres: le Tour d’abord, et on verra bien ce qui reste pour la Vuelta, qui vient APRÈS le Tour… Ca avait bien marché, il avait encore du jus sur la Vuelta, mais les risques étaient moindres.

D’autre part, le parcours annoncé de ce Giro 2018 est très difficile. Un départ d’Israel, donc un long transfert à assurer après trois jours de course, et pas moins de huit arrivées au sommet, dont l’Etna, le Gran Sasso et le Zoncolan! Définitivement de quoi y laisser beaucoup de plumes, surtout si on se bat pour le maillot rose (Aru a déjà annoncé l’impasse sur le Tour, pour se concentrer sur le Giro…).

Le Giro intervient également plus tôt dans la saison, et la météo peut y être compliquée, davantage qu’en Espagne au début septembre. Pour être prêt au départ du Giro, Froome devra consentir à des efforts dès les mois de mars et avril, parfois dans des conditions moins optimales, ce qui coûte aussi de l’énergie.

Dans ce contexte, je me pose la question: que restera-t-il à Froome comme énergie au sortir du Giro le 27 mai prochain? En gros, six semaines le sépareront alors du départ du Tour, prévu le 7 juillet, pour se refaire la cerise. Suffisant?

Rappelons que plusieurs coureurs ces dernières années ont apparu cramé au Tour, après avoir disputé le Giro. Je pense notamment à un coureur ultra-talentueux comme Alberto Contador, qui s’est cassé les dents sur ce défi à plusieurs reprises au cours des dernières années. Just too much compte tenu des cadences de course, de la pression des médias, des sponsors, des enjeux et de la compétition féroce. Un Tom Dumoulin ne voudra pas faire que de la figuration sur ses grands défis en 2018…

Ajoutons à cela que les équipes ne comporteront plus que… huit coureurs sur les grands tours en 2018, rendant la course un peu plus difficile à contrôler pour les grands leaders. Froome devra également composer avec cette nouvelle donne l’an prochain, ce qui lui compliquera la tâche sans aucun doute. Tu perds deux équipiers en début d’épreuve et te voilà réduit à cinq coéquipiers pour assumer le boulot sur les deux dernières semaines… aie!

Chose certaine, s’il devait réussir, Froome prouverait à tout le monde le caractère exceptionnel de son talent, dans la lignée des grands exploits du cyclisme, je pense à ceux de Coppi, Anquetil, Merckx ou Hinault.

Les « marginal gains » seront-ils suffisants?!

Gangréné, le cyclisme colombien?

La nouvelle a de quoi surprendre et je la juge suffisamment importante pour y consacrer un court article: pas moins de 8 coureurs colombiens ont récemment été pris pour dopage, dont 7 sur le récent Tour de Colombie!

De ces 7 coureurs piqués sur le Tour de Colombie, 6 l’ont été à la CERA, pourtant détectable depuis des années (parlez en à Ricardo Ricco, Davide Rebellin, Emanuele Sella, Stefan Schumacher ou encore Danilo DiLuca!). La CERA est une EPO de synthèse de troisième génération, utilisée depuis 2004 dans le peloton professionnel.

Avant eux, c’est le récent champion de Colombie U23 qui avait été piqué à la CERA.

Aie.

Un tel nombre, une seule substance, ca pointe dans une direction, non? Dopage organisé? À vaste échelle? Il me semble, en tout cas, qu’il y a matière à enquêter un peu plus loin, notamment par les autorités (UCI?).

Comment, face à cette nouvelle, faire désormais confiance aux coureurs colombiens qui viendraient par exemple disputer l’an prochain le Tour de l’Avenir?

S’il ne faut pas généraliser bien sûr, cela m’apparait suffisamment grave pour chercher à mieux comprendre ce qui se passe. Car ne soyons pas naïfs non plus et rappelons-nous qu’il existe un rapport McLaren qui a dénoncé le dopage institutionnalisé qui a prévalu il y a quelques années en Russie…

Le cyclisme colombien vit une période faste actuellement, avec les Nairo Quintana, Rigoberto Uran, Esteban Chaves, Jarlinson Pantano, Fernando Gaviria, Sergio Henao, Winner Anacona, Darwin Atapuma, Carlos Betancur ou encore Miguel Lopez. On se prend à avoir des doutes sur tout le cyclisme colombien avec cette annonce, et notamment la façon dont les plus jeunes sont hissés au plus haut niveau…

La bombe Gaimon à propos de Cancellara

« … mais dans le cyclisme pro, tout le monde dit oui, Cancellara avait probablement un moteur à certains moments« .

C’est à peu de choses près ce qui est écrit dans le livre de l’ex coureur pro Phil Gaimon, et ce qui fait le buzz actuellement dans la planète vélo.

Une nouvelle? Ben non! Pour moi il est évident que Cancellara avait un moteur caché dans son vélo lors de ses victoires sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix 2010. Son aisance à décrocher un Tom Boonen en grande condition, ses changements de vélo tout juste avant sans raison apparente (pas de crevaison, pas d’incident mécanique), ses petits gestes de la main pour actionner quelque chose avant ses accélérations foudroyantes, tout cela ne me laisse que peu de doutes.

Revoyez ces vidéos « Cancellara n’a pas tout dit » ou « Bike with engine and Cancellara » pour en apprendre plus.

Non, pour moi la nouvelle est ailleurs: tout le peloton sait…

C’est ca qui est dérangeant. Faute de preuves formelles, Cancellara n’a jamais pu être inquiété. Ceci étant, si des gens du milieu savent des choses, il faut qu’ils parlent! Que les gens déballent, pour que les autorités puissent recueillir des témoignages, et augmenter la pression sur Fabian Cancellara…

Je vous rappelle que Lance Armstrong n’a jamais échoué de tests antidopage ; c’est la pression populaire devant l’ampleur des témoignages qui l’a fait craquer, à l’usure. Ce fut aussi cette recette gagnante avec le Dr. Mabuse… pourquoi pas Cancellara?

Pour ca, il faut que les gens parlent.

Il manque probablement dans cette histoire de bons journalistes d’enquête comme Walsh et Ballester pour poser les bonnes questions, aux bonnes personnes…

Lappartient changera-t-il les choses?

Le Français David Lappartient a donc remplacé le britannique Brian Cookson à la tête de l’UCI cet automne.

Vent de renouveau dans le cyclisme?

Lappartient vient en tout cas de dire qu’il n’était pas en faveur des oreillettes dans le peloton. Jusque là, il n’est pas le seul… on les dénonce sur ce site depuis des années.

L’originalité, c’est l’angle d’attaque: les oreillettes pourraient permettre de fausser plus facilement les courses, car on ne peut exclure que certains gestionnaires de paris sportifs – notamment en ligne et très populaires en Europe – pourraient discuter avec des directeurs sportifs durant la course, et ces derniers communiquer les directives aux coureurs sur le vélo, en temps réel.

C’est effectivement possible… et un risque. Déjà qu’il est très probable que l’exclusion de Marco Pantani sur le Giro 1999 soit liée, via la mafia, aux paris sportifs…

Lappartient veut également réduire dès 2018 les risques associés au dopage mécanique, notamment en introduisant de nouvelles méthodes de détection, et en criminalisant la pratique. Bien!

Il s’attaque enfin à la cortisone, selon les règles avancées par le Mouvement pour un cyclisme crédible, ainsi qu’au Tramadol, cet antidouleur dérivé de l’opium et apparement d’une efficacité redoutable pour permettre à l’organisme d’oublier la fatigue. L’équipe Sky en aurait abondamment fait usage au cours des années récentes, et le Canadien Michael Barry avait été parmi les premiers à dénoncer son usage dans le peloton. Ce Tramadol pourrait même être à l’origine des chutes plus fréquentes que jamais dans le peloton, ce médicament pouvant causer la somnolence.

Cela va évidemment dans la bonne direction.

Les autres dossiers chauds pour Lappartient sera sans aucun doute le développement du cyclisme féminin, la réforme tant attendue du cyclisme professionnel et le nécessaire partage des revenus, ainsi que le plafond salarial des équipes, de plus en plus discuté.

Les espoirs sont permis, mais le menu est copieux et je ne suis pas sûr qu’un homme seul… l’exemple Cookson est là pour nous le rappeler.

Icarus

Disponible sur Netflix depuis le 4 août dernier, le documentaire Icarus, portant sur le vaste programme de dopage des athlètes russes, y compris les coureurs cyclistes.

Un documentaire choc, qui nous fera perdre d’autres illusions. Mais c’est le prix à payer pour être des observateurs éclairés du monde du sport en 2017.

Merci à mon ami Claude L. pour l’information!

Un marché des transferts très actif !

L’UCI autorise depuis… aujourd’hui la signature de nouveaux contrats chez les coureurs pro, en vue de 2018.

Le marché est déjà très actif… et la création d’une nouvelle équipe en France pourrait créer des opportunités pour des coureurs comme Antoine Duchesne, qui ne sera pas renouvelé du côté de Direct Énergie.

Parmi les équipes apparemment sur la brèche, on a par exemple UAE Team Emirates, qui serait en pourparlers avancés avec deux pointures du peloton, soit Fabio Aru et Alexandre Kristoff. Pas de doute, UAE n’a pas eu les résultats escomptés cette saison et tient à renforcer son effectif pour l’an prochain. Dan Martin aurait aussi été approchée par UAE. Par contre, l’équipe perdrait Louis Meintjes, qui pourrait retourner chez Dimension Data.

Team Sky verra aussi certains changements dans la garde rapprochée de Chris Froome en haute montagne puisque Mikel Landa et Mikel Nieve.

Je vous avoue ne pas avoir compris Landa en 2017: frustré d’être au service d’Aru chez Astana, ayant le potentiel de remporter un grand tour, il a signé chez Sky en 2017, où il savait qu’il roulerait pour Froome, ce qui n’a pas loupé en juillet. Le voilà de nouveau frustré, et l’Espagnol serait attendu chez… Movistar où Nairo Quintana serait en partance pour la Sky ou Astana, ses dirigeants étant probablement très déçu de son rendement en 2017.

Nieve serait pour sa part attendu chez Orica-Scott, en renfort pour notamment Esteban Chaves en haute montagne.

Autre gros transfert potentiel, celui de Marcel Kittel qu’on attendrait chez Katusha… en remplacement de Kristoff certainement.

La Bora-Hansgrohe semble aussi active pour renforcer son effectif en vue des Classiques, voulant probablement aider Peter Sagan. On a ainsi signé avec Daniel Oss, une bête à rouler celui là, ainsi qu’avec Peter Kennaugh récemment.

 

Parmi d’autres transferts, ceux de Tony Gallopin qui pourrait intégrer AG2R – La Mondiale, et Brian Coquard qui irait au sein de la nouvelle équipe continentale pro Vital Concept créée par Jérome Pineau, et qui chercherait aussi à attirer Warren Barguil, Johan LeBon ou encore Amael Moinard.

La Lotto-Soudal aurait mis sous contrat Jens Keukeleire pour probablement pallier au départ de Gallopin.

Des rumeurs enverraient aussi Domenico Pozzovivo chez Bahrain Merida, qui aurait également recruté Matej Mohoric.

Parmi les équipes plutôt tranquilles jusqu’ici, la Sunweb, la Trek-Segafredo pourtant vieillissante, Cofidis, Quick Step, BMC et la FDJ.

Ca va encore beaucoup bouger dans le prochain mois, et ça sera intéressant de faire le point sur les gagnants et les perdants vers la mi-septembre.

Les leçons du Tour

Avec un peu plus de recul, on peut certainement évoquer quelques leçons apprises de ce récent Tour de France. Et vous avez été nombreux à laisser des commentaires passionnants suite à mon texte d’hier, commentaires qui ont permis de susciter des réflexions parmi nous.

Première constatation, les équipes sont inégales, et cela nuit au spectacle. Plusieurs d’entre vous évoquez un plafond salarial, comme dans d’autres sports. Je suis parfaitement d’accord! Sans un tel plafond, la Sky peut engager Froome, Thomas, Kwiatlowski et Landa grâce à ses millions d’euros que d’autres équipes n’ont pas. Plus encore, cela nuit au spectacle car plusieurs  de ces excellents coureurs pourraient être leaders d’une autre équipe! Au lieu de ça, ils roulent pour Froome… et empochent les millions d’euros. Landa est un excellent exemple, pourquoi a-t-il quitté Astana où il roulait pour Aru pour la formation Sky où il roule pour Froome, plutôt que pour une formation où il aurait été le leader?

Je suis donc favorable à un plafond salarial dans le cyclisme professionnel, nous sommes rendus là.

Deuxième réflexion, les « marginal gains » et la force collective des Sky en juillet, ils nous refont le coup chaque année. C’est quand même un peu surprenant de voir autant de domination en juillet pour une équipe qui, le reste de l’année, ne domine pas autant. Marginal gains? Chose certaine, la Sky fleurte avec la limite de la légalité au sujet des AUT, et dispose d’énormes moyens pour mettre les coureurs dans les meilleurs conditions possibles en juillet. Récemment, l’équipe se serait intéressée au dopage du… cerveau, permettant de reculer les seuils de tolérance à la douleur. On est dans la science fiction!

Chose certaine, la Sky a le sens du timing: tous les coureurs arrivent en forme au bon moment. Et mine de rien, si Landa avait terminé sur le podium, on aurait eu deux Sky et un ex-Sky aux trois premières positions de ce Tour de France!

Troisième réflexion, le parcours. On annonce l’an prochain un contre-la-montre par équipe, ce qui rendra la présence d’équipiers solides encore plus nécessaire. Sans changement, la disparité des équipes pourrait ressortir davantage encore. Si je n’ai rien contre le chrono par équipe (c’est une discipline intéressante du cyclisme), pourquoi ne pas ré-introduire le chrono en côte, style ascension du Ventoux contre-la-montre, pour équilibrer le tout? C’est peut-être un élément fort qui a manqué ces dernières années au parcours du Tour de France.

Quatrième réflexion, comment inciter les favoris à attaquer plus souvent, et limiter la capacité d’une seule équipe de cadenasser la course? On peut penser à diverses mesures: par exemple, réduire le nombre de coureurs par équipe de 9 à 8, voire 7 coureurs. Cela permettrait davantage d’équipes au sein du peloton sans en changer le nombre de coureurs, et limiterait la capacité des équipes de contrôler la course du km 0 jusqu’à l’arrivée.

On pourrait aussi donner des bonifications en temps en cours d’étape, un peu façon sprints intermédiaires… Avec un col situé en début de course et des bonifs en temps en haut, voire au pied de la descente suivante, on inciterait les leaders à partir de loin. Et on obligerait le maillot jaune à davantage d’agressivité aussi.

Cinquième réflexion, les oreillettes. Vous connaissez mon avis… j’étais encore désolé cette année de voir des coureurs se lancer dans des échappées vouées à l’échec, les oreillettes permettant de tout contrôler derrière. Il faut s’en débarrasser, la sécurité n’a rien à voir là dedans!

En conclusion, on pourra retenir de ce Tour de France le ras-le-bol du public français face à la domination Sky, Chris Froome ayant été copieusement hué à de nombreuses reprises sur les dernières étapes, et notamment dans le stade-vélodrome de Marseille. Sans plafond salarial, certaines équipes pourront démarcher des coureurs afin de s’octroyer la capacité de tout cadenasser. La réforme du cyclisme passe peut-être par une revue du calendrier et de la redistribution de l’argent, mais aussi par l’imposition d’un plafond salarial.

Avec quatre Tours de France en poche, il est clair que Froome voudra égaler Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain dès l’an prochain. Le cyclisme a un an devant lui pour préserver l’intérêt de la course… en variant les genres et en n’hésitant pas à innover. C’est l’innovation qui a aussi construit la légende du Tour!

Le journal du Tour, J+4

1 – Thibault Pinot. C’est officiel, le leader de la FDJ ne joue pas le général sur ce Tour de France, puisque déjà pointé à plus de trois minutes de Geraint Thomas. Hier sur l’arrivée à Longwy, Pinot a terminé attardé, avec le « gruppetto ». Pinot jouera donc les victoires d’étapes, très certainement en montagne, notamment du côté des trois arrivées en altitude. Gageons qu’il a déjà marqué l’arrivée en haut de l’Izoard, rien de tel pour laisser sa marque sur ce Tour, et dans la légende du vélo!

2 – Bauke Mollema. Celui-là aussi ne jouera pas le général sur ce Tour de France, mais bien les équipiers de luxe pour Contador. Il est aussi déjà pointé à plus de 2min30 de Geraint Thomas.

3 – Peter Sagan. Je n’aime pas trop le coureur, probablement parce que j’ai pu le côtoyer comme journaliste lors des GP de Québec et Montréal: peu sympathique, contrairement à l’image publique qu’il dégage. Mais je dois reconnaitre que le type possède tout un talent sur un vélo: déchaussant hier dans les tous derniers mètres de l’étape, alors qu’il jouait la gagne, il a calmement pris le temps de rechausser, puis de relancer son sprint pour s’imposer. Impressionnant de maitrise! Mais il ne fallait pas que l’arrivée soit 10m plus loin, sinon je crois bien que Michael Matthews l’aurait battu!

4 – Pierre-Henri Lecuisinier. L’ex-coureur pro a mis un terme à sa carrière en début d’année, après avoir été rejeté du milieu cycliste, notamment pour avoir « piégé » le Dr. Mabuse à la caméra cachée pour le reportage Cash Investigation. Je vous invite à lire l’article publié dans Libération, c’est très intéressant parce que l’on comprend que dans le peloton pro, rien n’a changé, et la loi de l’omerta continue de régner. Pas très élogieux non plus pour Marc Madiot et la FDJ…

5 – Dossard. La technologie est partout sur le Tour de France, jusque dans les dossards des coureurs. Un autre reportage sur ces nouveaux dossards est disponible ici sur le site Matos Vélo.

6 – Tubeless. Bilan très complet et très intéressant des roues actuellement disponibles sur le marché et pouvant monter des pneus tubuless. Aujourd’hui, aucune raison de rester sur des pneus, le tubuless est plus confortable, plus léger, plus simple aussi. Je roule tubeless depuis déjà plusieurs années, satisfait à 200%!

7 – Casques. Plusieurs nouveautés dans les casques vus sur le Tour depuis quelques jours. Il faut cependant aimer le style « soupière de mamie ». J’ai bien du mal avec beaucoup d’entre eux! Les Met sont peut-être les plus réussis, avec les ZéroRH.

Le journal du Tour, J+3

1 – Vortex Generator. Celle-là, je vous avoue franchement ne rien avoir vu venir… Trente ans de suivi passionné de cyclisme, mais non rien, je n’avais jamais entendu parler de cette possibilité: intégrer à même le tissu d’un skin-suit des éléments texturés, ceci afin d’améliorer la pénétration dans l’air. Cette avancée a été réalisée par l’équipementier Castelli, pour le compte de l’équipe Sky.

Et ça a l’air de fonctionner: ils étaient quatre Sky dans les huit premiers samedi dernier!

Selon Frédéric Grappe, le gain sur le chrono de samedi dernier grâce à cette technologie aurait pu procurer un avantage de 18 à 25 secondes pour les coureurs. Remarquable!

On savait déjà que des effets de relief « balles de golf » amélioraient la pénétration dans l’air, la société de roues ZIPP utilisant cette technologie depuis plusieurs années déjà. De là à l’intégrer aux vêtements, et avec un tel gain…

Le débat se porte maintenant sur l’interprétation du règlement UCI. Selon Grappe, c’est clair, c’est interdit car on ne peut apporter des ajouts au coureur pour modifier la pénétration dans l’air (les carénages sont par exemple interdits). Pour l’équipe Sky, ces inserts sont une partie intégrante du skin-suit, donc nullement un ajout. Pour le moment, les commissaires ont l’air dépassé, et ont donc autorisé le vêtement en attendant d’autres avis. Gageons cependant que l’affaire sera étudiée et le règlement clarifié au cours des prochaines semaines.

2 – Froome. Pour ceux qui doutaient de sa condition, ben vous voilà rassuré: il a déjà mis une belle petite valise à tous ses adversaires samedi dernier lors du chrono! Porte,  Quintana, Pinot, Bardet, Aru, Contador, sont déjà à plus de 30 secondes, pour certains 40 secondes! Chaves est à plus d’une minute… Pas de doute pour moi, Froome arrive au bon moment en grande condition… ça aussi, c’est le secret Sky. Les trois dernières semaines loin de l’attention semblent avoir été très profitables!

3 – Vent. Sprint débridé et anarchique hier, ou finalement Kittel, pourtant distancé aux 400m, revient en sur-puissance pour s’imposer. Ca s’explique comment? Pas compliqué: vent de face. Aux 300m, Sagan n’a pas voulu y aller, s’estimant trop loin, ce fut alors le temps mort l’espace d’une ou deux secondes, et ce sont les sprinters de derrière qui reviennent. Très belle maitrise de Kittel, il fallait avoir des nerfs d’acier sur ce sprint-là!

4 – Sprinters français. Attention à Bouhanni et Demare dans les prochains jours, les deux semblent être bien et très motivés à en décrocher une. Quant on connait la rivalité existant entre les deux hommes, étincelles en vue selon moi, surtout pour la première victoire d’étape française sur ce Tour de France.

5 – Valverde. Le champion espagnol a chuté samedi lors du chrono, et a été contraint à l’abandon avec une fracture de la rotule. Voilà une importante carte de l’équipe Movistar qui est jouée, dommage car Valverde était le style de coureur imprévisible qu’il faut pour déstabiliser l’équipe Sky. Apparemment, c’est la saison 2017 de l’Espagnol qui serait foutue, on le reverra en 2018. Vraiment dommage, car ce coureur pimente les courses.

6 – La plaqueBeau reportage photo des vélos de chrono utilisés samedi: certains étaient équipés d’un grand plateau de… 58 dents à l’avant, ouf!

7 – Fabio Aru. Le coureur sarde serait actuellement sur le marché des transferts, même si son équipe actuelle, Astana, a confirmé vouloir prolonger son contrat. Gageons que si Fuglsang réalise un bon Tour de France, Aru pourrait vouloir changer d’air!

Le journal du Tour, J-2

Après plusieurs jours d’absence, La Flamme Rouge reprend le service normal pour cette 104e édition du Tour de France, qui débute samedi depuis Dusseldorf en Allemagne. On reprend la formule « journal du Tour » avec les nouvelles qui ont retenu mon attention.

1 – Le Tour, différemment. J’essaierai de vous offrir une couverture un peu différente du Tour de celle retrouvée sur les autres médias, notamment en publiant des opinions engagées sur les faits de course, mais aussi les à-côtés. Essayons d’avoir du plaisir tous ensemble en juillet!

2 – Cardoso. Ca devient une habitude: à l’approche du Tour, il y a toujours un ou quelques cas de dopage qui sortent. Cette fois, c’est le tour du Portugais André Cardoso chez Trek-Segafredo, contrôlé positif à l’EPO. Hé oui, ça existe toujours, l’EPO…

Ce qui est également discutable, c’est le droit de son équipe de le replacer à quelques jours du Tour… ne devrait-on pas imposer aux équipes de fixer leur effectif coureurs dès le soir des Championnats nationaux, et interdire tout remplacement dans la semaine précédent le Tour? Ca ajouterait un peu de pression aux coureurs: si t’es piqué positif, ben ton équipe part à 8 sur le Tour, plutôt qu’à 9…

3 – Estomaqué. Cette nouvelle m’a estomaqué: un coureur italien de… 14 ans a été piqué positif à un anabolisant sur une simple course régionale récemment. 14 ans!

4 – Favoris. Les articles sont nombreux sur les favoris du Tour cette année. La présentation des coureurs, qui a eu lieu hier, est par ailleurs disponible ici dans son intégralité.

Pour moi, onze coureurs sont à surveiller pour le classement général, dans l’ordre: Chris Froome, Richie Porte, Alberto Contador, Nairo Quintana, Jakob Fuglsang, Thibault Pinot, Fabio Aru, Bauke Mollema, Alejandro Valverde, Esteban Chaves, Romain Bardet.

Fuglsang m’apparait personnellement comme l’outsider #1, il sera vraiment intéressant à surveiller.

La Sky fait cependant figure d’épouvantail avec, outre Froome, Sergio Henao, Luke Rowe, Mikel Landa, Geraint Thomas, Vasil Kiryenka, Michal Kwiatlowski, Mikel Nieve et Christian Knees. OUF!!! (et je ne suis donc pas d’accord avec Richie Porte!)

Les autres équipes comportant plusieurs coureurs menaçants pour le général sont Astana (Aru-Fuglsang), Trek-Segafredo (Contador-Mollema), Movistar (Quintana-Valverde) voire Orica-Scott (Chaves-Yates), de quoi donner des options pour la stratégie!

Les équipes qui rouleront pour les sprints seront: Bora-Hansgrohe (Sagan), Bahrain-Merida (Colbrelli), Cofidis (Bouhanni), Dimension Data (Cavendish), FDJ (Demare), Lotto-Soudal (Greipel), Katusha-Alpecin (Kristoff) et Sunweb (Matthews). Ca sera intéressant!

Les équipes condamnées à chasser les victoires d’étape parce que sans grand leader ni sprinter sont: Cannondale-Drapac, Direct Énergie, Fortuneo-Vital Concept, Quick Step, Lotto-NL, UAE Emirates et Wanty – Groupe Gobert. Gageons qu’on verra souvent ces maillots dans les premières échappées du jour…

Les absents de marque qui feront bronzette en juillet: Tom Dumoulin, Vicenzo Nibali, Rui Costa, Fernando Gaviria, Julian Alaphilippe.

5 – Canadiens sur le Tour. Pour la première fois depuis 2008, pas de Canadiens au départ de ce Tour de France puisque ni Antoine Duchesne, ni Ryan Anderson, ni Svein Tuft, ni Hugo Houle n’ont été retenus.

Rappelons qu’en 2013, ils étaient trois au départ: David Veilleux, Ryder Hesjedal et Svein Tuft. Rider Hesjedal est le coureur canadien à avoir pris le départ du Tour le plus souvent avec 7 départs en carrière, entre 2008 et 2015.

Pas de coureurs russes non plus au départ de ce Tour de France, une première en 20 ans.

6 – Étapes plus courtes. La tendance récente veut que les étapes soient plus courtes que dans le passé. C’est effectivement le cas, avec une moyenne de 201 kilomètres par étapes en ligne sur le Tour 1987, comparativement à 185 kilomètres sur le Tour 2017.

Ceci étant, le Tour cette année propose plusieurs étapes de plus de 200 bornes dès la première semaine, ça sera intéressant car la fatigue s’installera vite, surtout si la météo ne collabore pas. Ca pourrait d’ailleurs être un début de Tour assez pluvieux.

7 – Hors délai. On me pose souvent la question: non, il ne suffit pas de terminer les étapes pour demeurer en course. Sur le Tour, des délais d’élimination sont instaurés, forçant les coureurs lâchés à quand même appuyer sur les pédales. Le chiffre à retenir est 15%, généralement il faut que les coureurs lâchés ne mettent pas plus de 15% de plus de temps que le vainqueur de l’étape pour franchir la ligne d’arrivée. Mais cette moyenne masque des écarts assez grands: 3% sur des étapes courtes et sans difficulté, 22% lors de grandes étapes de montagne, voire 25% sur les chronos.

8 – Armstrong. L’Américain a dénoncé avec vigueur sur Twitter (il a notamment écrit « Fuck ASO ») la non-invitation de Jan Ullrich au départ du Tour samedi depuis Dusseldorf, dénonçant l’hypocrisie ambiante, des coureurs comme Laurent Jalabert ou Richard Virenque étant bien présents sur la Grande Boucle.

C’est rare, mais sur ce coup-là, je suis bien d’accord avec Armstrong!

9 – Le Tour en chiffre. C’est ici, et c’est amusant à lire. Je retiens que le plus jeune coureur du peloton n’a que… 22 ans, et le plus vieux 40. Sylvain Chavanel entame son… 17e Tour de France, incroyable.

10 – Coquard. Le sprinter de l’équipe Direct Énergie a été laissé à la maison par le directeur sportif Jean-René Bernaudeau, sur fond de dispute sur le contrat de la saison prochaine, Coquard ayant signé pour une autre équipe.

Direct Énergie peut-elle se permettre le luxe de laisser son meilleur sprinter à la maison? Si l’entente est plombée entre ses équipiers et lui, oui. Cela pourrait également permettre aux baroudeurs de l’équipe d’obtenir plus de liberté pour chasser les étapes, comme Voeckler, Chavanel, Sicard ou encore Calmejane.

11 – Sécurité. À l’heure du terrorisme, le Tour emploie de gros moyens pour assurer la sécurité des coureurs, de l’encadrement, voire du public massé sur les routes.

12 – Cookson et l’UCI.  À 66 ans, Brian Cookson brigue un nouveau mandat à la tête de l’UCI. Les élections auront lieu en septembre prochain. Le Français David Lappartient, 44 ans, lui fait une rude compétition.

J’estime personnellement que Cookson a un bilan trop mitigé pour avoir mon appui. S’il a certes donné un nouvel élan au cyclisme féminin, qui en a bien besoin, c’est la confusion quant à la réforme du cyclisme, et il a échoué dans sa tentative d’améliorer la lutte contre le dopage, surfant sur l’ère du temps. Plus jeune, je pense que Lappartient peut insuffler un souffle nouveau, du moins on a rien à perdre!

13 – Blanc. Le blanc sera à l’honneur dans le peloton du Tour, avec l’équipe Sky et l’équipe Trek Segafredo qui ont dévoilé un nouveau maillot à dominance blanc pour ce Tour de France. Espérons qu’on pourra bien distinguer les différences du haut des airs! Et personnellement, j’aime le blanc, ça fait classe!

Le Tour de l’actualité

1 – Tour de Beauce: déjà une victoire canadienne (québécoise) avec Émile Jean, le coureur de l’équipe Silber. Le classement de l’étape apparait un peu bizarre: 25 coureurs devant, le gros du peloton terminant plus de 26 minutes derrière, incluant certains favoris comme Francisco Mancebo. Des coureurs comme Bruno Langlois étaient cependant devant, il y a un bon coup à jouer pour la suite! Attention au coureur français Clément Russo, un spécialiste du cyclo-cross, plusieurs fois champion de France de la discipline…

2 – Tour de Suisse: victoire impressionnante de Peter Sagan hier, qui met tout le monde d’accord par un sprint sur-puissant, lancé de loin. Ouf!!!

3 – L’ancien président de l’UCI, Hein Verbruggen, est décédé récemment des suites d’une leucémie. Vous connaissez mon avis: on ne s’ennuiera pas de lui! Je demeure convaincu que ce type était très corrompu, protégeant le « business » du cyclisme davantage que s’attaquant au réel problème de son temps, le dopage sanguin. Ses liens avec Lance Armstrong ont été dénoncés, plusieurs affaires – notamment financières – ayant été rendues publiques. Le fameux mot d’Armstrong (« merci pour tout ») dans le livre d’or pour Verbruggen à l’occasion de son départ de l’UCI en disait long…

4 – La petite équipe italienne Bardiani-CSF a été suspendue pour un mois suite au contrôle positif de deux de ses coureurs. Pas de doute, le dopage demeure bel et bien présent au coeur du peloton: les grosses équipes avec de gros moyens, notamment pour brouiller les pistes, les petites équipes tentant de jouer à armes égales avec les moyens du bord… avec les risques qui s’en suivent…

5 – Le nouveau BMC TeamMachine SLR01, un très, très beau vélo.

6 – Matos toujours, vous trouverez ici un aperçu des prototypes actuellement à l’essai dans le peloton pro, un classique à partir du Dauphiné. Specialized, Merida, Trek, Lapierre, BMC, du beau matos qui sera disponible l’an prochain aux pratiquants.

7 – Matos encore: très bien, cette veste Castelli Perfetto Light, pour les matins plus frais, ou les descentes de col… c’est la saison!

David Drouin positif

Capture d’écran 2017-04-29 à 19.49.36C’est un coup dur pour le cyclisme québécois: le jeune espoir David Drouin, 21 ans, qui s’est révélé l’an dernier avec une 10e place sur le Tour de Beauce et une participation aux deux épreuves WorldTour du Québec, a été trouvé positif au RAD-140, un agent anabolisant qui serait, selon certains sites, plus efficace que la testostérone pour bâtir du muscle.

L’échantillon B a confirmé le contrôle positif.

Sa nouvelle équipe Silber a évidemment mis fin au contrat sans délai, et on les comprend.

Le principal intéressé se dit dévasté, on le comprend, et ne pas savoir comment une telle substance a pu se retrouver dans son organisme.

Le problème, c’est que la substance était dans son organisme…

Difficile donc de voir clair dans cette histoire. Drouin ira s’expliquer très prochainement devant le CCES, qui entendra ses explications avant de prononcer la sentence. Il risque quatre ans de suspension, ce qui serait un frein important à sa carrière émergente.

Je rappelle que les cyclistes de haut niveau ne nous ont pas habitué, ces deux dernières décennies, à leur faire confiance. Les explications vaseuses à des contrôles positifs sont légions dans le sport, malheureusement. Comment dans ce contexte croire Drouin?

La musculature très développée de l’athlète n’aide en rien, car on pourrait croire que le RAD-140 a été efficace à bâtir cette masse musculaire, surtout durant l’intersaison. Des doses infinitésimales auraient été retrouvées dans son organisme: justement, la beauté du RAD-140, c’est qu’il en faut très peu.

Si Drouin dit la vérité en affirmant ne pas savoir comment une telle substance a pu se retrouver dans son organisme, alors il s’agirait probablement de contamination croisée. L’erreur aurait été grossière pour un coureur pro, même jeune: il ne faut jamais faire confiance aux poudres de protéines et autres suppléments, le risque de contamination à des produits interdits étant réel. N’importe quel entraineur digne de ce nom avise généralement ses athlètes dès le moment qu’il commence à travailler avec lui.

Bref, wait and see, mais je vous avoue être pour le moment très déçu de cette nouvelle histoire qui, une fois de plus, fait beaucoup de tort au sport cycliste.

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