Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Dopage Page 9 of 26

Armstrong: les secrets d’un parrain

Ceux qui souhaitent être des observateurs éclairés du cyclisme ne peuvent se dispenser de visionner ce reportage sur Lance Armstrong et son époque, reportage préparé dans le cadre de l’émission « Complément d’enquête » de France Télévision (merci à Toutouille pour le lien).(lien sur YouTube ici pour ceux pour lesquels le lien ci-haut ne fonctionne pas, possiblement en raison du géo-codage). La Flamme Rouge a indirectement et modestement contribué à ce reportage de la télévision française, les recherchistes m’ayant contacté au moment de sa réalisation. Certains choix, notamment de parler de l’alibi Armstrong « je travaille mieux et plus fort que les autres », ont peut-être été faits suite à nos échanges!

La scène où Tyler Hamilton nous guide dans une chambre d’hôtel pour nous montrer comment ça se passe vraiment dans les hôtels les soirs d’étape est particulièrement intéressante et… saisissante. À ne pas manquer!

Idem quant au passage sur Michele Ferrari. Éclairant…

Les images inédites, les caméras cachées, notamment de cette rencontre entre Antoine Vayer et Pat McQuaid, sont particulièrement intéressantes. McQuaid critique ainsi Verbruggen en privé, et dévoile une partie du vrai visage de l’UCI.

Enfin, le retour sur l’étape de l’Alpe d’Huez du Tour 2001 est également intéressant. Il en ressort la crédulité des gens, des « suiveurs », des fans, une crédulité qu’on réalise aujourd’hui non sans cynisme, et une crédulité que de toute évidence continue d’exploiter le milieu du cyclisme professionnel aujourd’hui même.

Comment en effet croire, à la vue de ce reportage, que les choses ont changé dans le peloton pro d’aujourd’hui?

Comment ne pas se poser des questions quant à la domination de l’équipe Sky (qui se poursuit ces jours-ci…) à la lumière de celle de l’US Postal des années 2000, lorsqu’on réalise sur quoi cette domination reposait ?

Chose certaine, la lutte contre le dopage est loin d’être gagnée. Plus que jamais, elle interpelle notre conscience, notre jugement. Ne soyons plus jamais crédule…

Il faut obliger les équipes pro à plus de transparence

Vous avez été nombreux à réagir au texte intitulé « Sky: vous y croyez? » en début de semaine et je vous remercie pour vos commentaires passionnants.

Nous sommes tous d’accord sur un point: le climat de méfiance dans lequel évolue actuellement le cyclisme professionnel est malsain. Pour preuve, la réaction récente de David Brailsford, manager général chez Sky, qui estime que les récentes critiques qu’essuie son équipe ne sont pas justes et fondées. Si je ne suis pas d’accord avec lui, estimant les critiques légitimes, son intervention a le mérite de nous rappeler qu’il faut trouver les moyens de se sortir du marasme actuel.

En attendant des changements importants à l’UCI, Antoine Vayer demande aux équipes professionnelles, notamment l’équipe Sky en ce moment, plus de transparence.

Il a évidemment raison!

Le point central de l’affaire, c’est que l’époque où les fans et le public s’extasiaient aveuglement devant les exploits des cyclistes pros est définitivement révolue. Nous devons tous en prendre acte. À qui la faute? Au milieu cycliste professionnel bien sûr, en premier lieu coureurs et managers, qui ont méprisé les fans et le public depuis 15 ans, les scandales de dopage s’étant succédé à un rythme effrené et le palmarès de nombreuses courses, dont le Tour de France, s’étant effondré.

Dans ce contexte, les fans et le public ont perdu confiance dans le cyclisme professionnel. Alors forcément, à chaque performance, il est évident que dorénavant, ils seront nombreux à évoquer le dopage, souvent avec cynisme. C’est triste pour les coureurs pro pratiquant leur métier avec éthique et qui, parfois, dans un bon jour, parviennent à l’exploit authentique et propre.

Je répète sur ces pages depuis fort longtemps que les limites humaines en cyclisme sont désormais connues, notamment grâce aux travaux de puissance faits par Portoleau et Vayer. Ces calculs de puissance sont au point, les exercices de validation avec SRM ayant prouvé leur fiabilité.

Il faut donc que maintenant, les coureurs pro rendent public leurs données SRM, leurs wattages, leurs pulsations cardiaques ainsi que leurs paramètres sanguins issus du passeport biologique. C’est le seul moyen de crédibiliser leurs performances et de mettre fin au climat permanent de suspicion, qui mine tout le monde.

De plus, une telle diffusion publique permettrait à des experts totalement étrangers du cyclisme de porter un regard critique sur les performances des athlètes, pour le bénéfice à la fois de l’athlète lui-même, comme des fans et du public.

Et rendre public de telles données est un jeu d’enfant désormais, une majorité du peloton pro étant équippée de capteurs SRM et les sites internet permettant de télécharger ces données étant très nombreux.

Les prochaines semaines nous montreront à quel point le milieu cycliste professionnel veut se sortir de la crise actuelle. J’ai des doutes, n’étant pas loin de penser que la non-divulgation de ces paramètres les arrange… Rappelons-nous que Lance Armstrong avait, en 2009, annoncé en grande pompe que son retour serait fait dans la plus grande transparence, notamment grâce à un suivi médical indépendant promettant de rendre tous ses paramètres physiques publics.

Évidemment, Lance Armstrong avait mis fin à tout cela quelques semaines plus tard seulement…

Alors M. Brailsford, vous voulez que les critiques cessent? Rien de plus simple: ouvrez vos livres! Y-aurait-il des risques à le faire?…

Armstrong dans les cordes

Celle-là, Lance Armstrong risque de la sentir passer.

Le département de la justice du gouvernement américain a finalement décidé de porter plainte contre Lance Armstrong et lui réclamer les millions que son équipe et lui a reçu du temps de US Postal.

Raison évoquée? Le ministère de la justice a affirmé que l’USPS ne pouvait pas permettre à Lance Armstrong et aux autres accusés de s’éclipser avec des dizaines de millions de dollars illégitimement acquis», au nom de tous les Américains qui paient des impôts.

On parle ici de 31 millions de dollars, qu’il faut tripler puisque c’est ce que prévoit la loi comme sanction. Donc près de 100 millions.

Autrement dit, c’est la ruine annoncée pour Armstrong car il ne faut pas oublier qu’il a actuellement d’autres procès sur le dos, notamment avec la compagnie d’assurance SCA Promotions qui lui réclame 12 millions, et avec le Sunday Times qui lui réclame 1,2 millions.

Sans compter d’autres éventuelles poursuites de ses ex-sponsors à s’ajouter dans les prochaines semaines, pour avoir porté atteinte à leur image.

Le point tournant

Pourquoi le gouvernement américain a-t-il décidé maintenant de poursuivre lui aussi Lance Armstrong?

Je crois que le point tournant a été ce sondage Forbes montrant qu’au sein du peuple américain, Lance Armstrong se classait désormais 2e au palmarès peu prestigieux des sportifs les plus détestés.

Prenant acte de cela, le gouvernement américain ne pouvait plus se permettre de ne pas poursuivre Armstrong compte tenu des efforts qu’il demande au peuple américain. La situation économique des États-Unis n’est pas reluisante, le chômage est élevé pour ce pays, et le gouvernement laisserait filer un tricheur ayant gagné injustement des millions venant du trésor public?

Cette situation était intenable pour le gouvernement selon moi.

Une bataille judiciaire pas forcément perdue d’avance

La bataille judiciaire n’est cependant pas encore perdue pour Armstrong et ses avocats.

Ils pourront notamment faire valoir que les retombées économiques de ces années où il a gagné le Tour de France dépassent de loin l’investissement assumé par US Postal.

Ils pourront aussi éplucher le contrat signé, pour éventuellement démontrer qu’aucune clause ne faisait explicitement référence à l’interdiction du dopage sanguin. Ou qu’Armstrong l’individu ne peut être poursuivi, puisque le contrat a été signé avec TailWind Sports.

Acharnement?

Certains d’entre vous diront qu’on s’acharne sur Lance Armstrong.

Je ne suis pas d’accord.

D’une part, il ne s’agit pas d’un cas comme les autres, manifestement. Les délits vont bien au delà du simple dopage: intimidation, abus de confiance, incitation au dopage envers ses équipiers, menaces, etc.

D’autre part, il faut aller au bout de la logique pour montrer au reste des coureurs qu’ils n’échapperont pas aux sanctions les plus sévères s’ils sont pris à tricher, incluant le remboursement intégral plus dommages et intérêts de leurs primes de victoires acquises avec la triche. Abandonner maintenant envers Lance Armstrong serait signer un chèque en blanc pour tout le peloton en activité, qui serait alors mort de rire.

Les taiseux

Avez-vous remarqué, le milieu cycliste professionnel se la joue « low profile » ces jours-ci.

C’est ainsi qu’on a récemment vu un Bjarne Riis très discret et fuyant devant les médias sur le récent Tour d’Oman. Un Bjarne Riis qui continue de nier connaître le Dr. Fuentes, malgré la concordance des témoignages de ses ex-coureurs au procès Puerto. Crasse, ce type méprise le reste de la planète de façon crasse et n’est rien d’autre qu’une insulte à l’intelligence humaine.

On n’entend plus parler de beaucoup d’autres, en premier lieu de Johan Bruyneel, ainsi qu’Alexandre Vinokourov.

Franck Schleck la joue aussi discret, comme beaucoup d’autres, y compris Fabian Cancellara.

Le mot d’ordre dans le milieu ces jours-ci: « no comments »!

En clair, ils attendent tous que la tempête passe, espérant exister encore dans quelques mois.

Et la tempête, elle vient notamment d’Espagne avec le procès Puerto.

Ces derniers jours, Jorg Jaksche a vidé son sac. Et c’était rudement intéressant:

1 – on a appris que chez Once et Liberty Seguros, ben c’était pareil qu’à l’US Postal: dopage institutionnalisé.

2 – on a appris que les coureurs devaient signés un contrat les obligeant à nier s’être dopé en cas de contrôle positif ou d’affaires.

3 – on a appris que parfois, les coureurs ont joué avec leur vie tant le dopage sanguin était improvisé.

4 – on a appris l’étendue du dopage et des réseaux, notamment cette carte de France où les coureurs pouvaient réaliser des transfusions : « Il y en avait tellement que l’on ne distinguait pas la France… ».

Il est très clair désormais suite au rapport USADA et aux révélations dans le cadre du procès Puerto en Espagne que le dopage dans le cyclisme professionnel était, ces dernières années, bien mieux organisé qu’on l’a laissé croire. Ce dopage était, très souvent, institutionnalisé, organisé par les équipes; on est très loin de coureurs isolés merdouillant chez eux, dans leur sous-sol ou leur garage.

Pourquoi la situation serait-elle différente aujourd’hui?

Plus que jamais, il n’y a qu’un seul moyen de s’en sortir: virer toutes ces personnes du milieu cycliste professionnel. Évidemment, Pat McQuaid compris!

Chose certaine, y’a Laurent Jalabert qui doit sentir l’eau chaude autour de lui… et qui la joue aussi low profile ces temps-ci!

« Make us pay » par Jonathan Vaughters

Je vous recommande très fortement la lecture de ce billet de Jonathan Vaughters publié sur le site Cyclingnews. C’est un peu long, mais ca vaut vraiment la peine.

Comme il l’affirme, je pense en effet que ce type n’a plus sa place dans le vélo comme directeur sportif de l’équipe Garmin-Sharp, ayant avoué s’être copieusement dopé aux côtés de Lance Armstrong alors qu’il évoluait chez US Postal.

La surprise, c’est que c’est exactement ce qu’il affirme: « make us pay ».

« Cycling needs to step aside, the UCI needs to step aside, Pat needs to step aside, teams and riders need to step aside, I need to step aside. »

En gros, il suggère que pour retrouver sa crédibilité, le cyclisme n’a qu’un choix: virer tous ceux qui ont baigné dans la culture du dopage dans le passé, incluant coureurs, directeurs sportifs, médecins et gestionnaires comme Pat McQuaid, et faire payer ces gens.

Il estime qu’actuellement, moins de 1% des budgets des équipes pro sont consacrés à la lutte contre le dopage. À 4 millions de dollars par année, le budget anti-dopage de l’UCI est ridicule et le facteur limitatif #1 empêchant les scientifiques de mettre au point des tests, et empêchant aussi les contrôles d’être beaucoup plus nombreux.

En poursuivant les ex-dopés, en exigeant qu’ils remboursent leurs primes de victoires acquises grâce au dopage, en exigeant des équipes qu’elles consacrent une somme beaucoup plus importante de leur budget annuellement, en exigeant que les organisateurs de courses cyclistes contribuent aussi, Vaughters estime qu’on pourrait lever 10 fois plus d’argent pour la lutte contre le dopage chaque année. Et remettre cette somme à un organisme totalement indépendant du cyclisme pour qu’il mène des recherches pour développer de nouveaux tests, et qu’ils conduisent un nombre élevé de tests auprès des coureurs.

Selon Vaughters, cela changerait tout, la peur du gendarme restant un puissant facteur de limitation du dopage.

Ajoutez à cela une ou deux autres réformes dans le cyclisme, notamment à l’endroit des médecins d’équipe et des sanctions pour les coureurs dopés, et vous auriez en effet de puissants moyens de lutte contre le dopage.

Des raisons d’y croire!

Il a fallu traiter de beaucoup de choses négatives ces dernières semaines lorsqu’on voulait parler vélo.

J’estime que nous n’avions pas le choix: il fallait passer par là pour connaître le vrai visage du cyclisme professionnel.

Aujourd’hui, nous connaissons mieux ce visage, et il n’est pas toujours très beau.

Nous connaissons surtout l’ampleur du problème: c’est un cancer généralisé. Institutionnalisé. Une « culture du dopage », il n’y a pas d’autres expressions pouvant mieux décrire le phénomène.

S’il faudra encore beaucoup traiter de choses négatives c’est certain, notamment parce qu’il est très probable qu’aujourd’hui même, des coureurs pro continuent de se doper significativement, j’estime que plusieurs nouvelles récentes sont enfin porteuses d’un grand espoir de renouveau pour le cyclisme.

Il y a d’abord eu des mouvements comme ChangeCyclingNow, des hommes et des femmes qui se sont mobilisés pour le bien du cyclisme.

Il y a ensuite eu, récemment, l’abandon de cette commission indépendante de l’UCI, qui n’était au fond qu’une manœuvre de Pat McQuaid pour essayer de garder un certain contrôle sur les événements.

Il y a maintenant cette chance de voir la commission Vérité et Réconciliation voir le jour sous l’égide de l’AMA. Les grands principes directeurs ont circulé ici.

Il y a surtout cette rencontre prévue très prochainement entre Antoine Vayer et Lance Armstrong. C’est une chance immense pour le cyclisme car Antoine Vayer est porteur d’idées défendues par beaucoup d’hommes et de femmes qui sont passionnés de cyclisme et qui veulent des changements majeurs s’opérer.

Comme nous, Antoine Vayer a les mêmes buts: virer McQuaid et Verbruggen, tenir cette commission Vérité et Réconciliation, réformer la gouvernance de l’UCI, revoir certaines règles du cyclisme et de la lutte contre le dopage, tout cela pour au bout du compte changer les mentalités des coureurs et personnels encadrants, dans le but ultime de restaurer la crédibilité du sport cycliste, ce si beau sport.

Antoine, tu as une chance inouïe de convaincre Lance Armstrong de venir devant cette commission Vérité et Réconciliation et de tout avouer quant aux acteurs du système dans lequel il fonctionnait. Tous les acteurs.

Antoine, tu as une chance inouïe de dire à Lance qu’il peut faire partie de la solution s’il le souhaite. Tu peux le convaincre que de dire toute la vérité est la seule façon de rétablir sa propre réputation.

Cette rencontre est pour moi porteuse de beaucoup d’espoirs. Beaucoup.

Pat McQuaid

Je vais m’avancer auprès de vous aujourd’hui puisque ce site est un blog: je pense que Pat McQuaid va démissionner très prochainement.

Tous les indices pointent dans cette direction. Pour lui, le début de la fin a commencé avec cette mise au point servie par les membres du CIO.

Peu après, il n’a plus eu d’autres choix que de céder sur sa commission indépendante.

Depuis, il ne maîtrise plus l’agenda, ni le timing.

Sa récente rencontre avec Antoine Vayer, la semaine dernière, permet de croire qu’il a désormais du mal à faire la part des choses. À la question d’Antoine Vayer de savoir s’il était entouré d’incompétents à la lumière de la situation actuelle du cyclisme, il a répondu que l’UCI ne se préoccupait pas que de dopage et qu’il était personnellement heureux d’avoir fait passer le nombre de courses en Afrique de 4 à 20.

Si le développement du cyclisme africain nous tient tous à coeur, l’avenir même du cyclisme aussi…

Enfin peu importe, je pense que McQuaid sait que si la commission Vérité et Réconciliation va de l’avant, les allégations à l’endroit de l’UCI contenues dans le rapport de l’USADA seront examinées de près. Et des témoins importants pourront se prononcer, dont Lance Armstrong ou, espérons-le, Johan Bruyneel.

L’étau va donc très probablement se resserrer autour de sa présidence. Des cas comme un éventuel traitement de faveur  à l’endroit de l’équipe Astana sur le Tour 2009 pour les prévenir d’avance des contrôles vont ressurgir.

Que feriez-vous à sa place?

Comment peut-il penser qu’il sera ré-élu par le congrès de l’UCI en septembre prochain?

Il va démissionner, parce que je ne vois pour lui aucune autre prochaine étape.

Cyclisme Canada

Il faut enfin saluer l’initiative de John Tolkamp, président de Cyclisme Canada, qui a envoyé une lettre courageuse à l’UCI pour l’enjoindre à changer d’attitude et lui proposant des pistes de solution à la crise actuelle. C’est une source de fierté d’appartenir à une Fédération qui se mobilise. Ca bouge aussi en Australie.

Ajout après publication: 

Il ne fait aucun doute que Pat McQuaid se sent plus isolé que jamais puisqu’il vient d’écrire aux… membres du Comité Olympique International pour obtenir leur appui. On peut croire que le CIO est extérieur au monde du cyclisme, donc on voit mal en quoi un appui ou non des membres du CIO serait un quelconque élément permettant de restaurer la crédibilité et la légitimité de McQuaid à la tête de l’UCI. Si vous êtes le président de l’UCI, c’est d’abord et avant tout la confiance des gens que vous dirigez, donc ceux oeuvrant dans le monde du cyclisme, qu’il est important d’avoir.

Roman feuilleton « La maison d’Aigle »: épisode 73

« La maison d’Aigle« , c’est le titre d’un vieux roman feuilleton. Trop vieux en fait.

Vous avez bien lu, « La maison d’Aigle » en est à l’épisode 73. Ne paniquez pas: si vous lisez La Flamme Rouge depuis assez longtemps, vous connaissez par coeur les 72 premiers épisodes. Rappelez-vous, le premier épisode, un très grand succès, mettait en vedette Richard Virenque, aujourd’hui mégastar du Ridicule, Willy Voet et Bruno Roussel.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, c’est magnifique: beaucoup d’action, de rebondissements, comme d’habitude. Avec « La maison d’Aigle », l’ennui n’existe pas. Du nouveau à chaque épisode.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, le fils adulé, Lance Armstrong, qui contribua à édifier le système qu’administre « La maison d’Aigle » avec grand succès, trahit la maison mère, accusant Pat McQuaid, le parrain de cette maison, d’être « pathétique ». Rien de moins!

Il faut lire l’entrevue que Lance Armstrong a récemment accordé à CyclingNews. Extraits choisis:

CN: Why do you believe that a Truth and Reconciliation Commission (TRC) is the best way forward for cycling?

Armstrong: It’s not the best way, it’s the only way. As much as I’m the eye of the storm this is not about one man, one team, one director. This is about cycling and to be frank it’s about ALL endurance sports. Publicly lynching one man and his team will not solve this problem.

CN: When and why did you come to this conclusion?

Armstrong: A long time ago. When I was on speaking terms with ol’ Pat McQuaid many, many months ago I said, ‘Pat, you better think bold here. A full blown, global, TRC is our sports best solution.’ He wanted to hear nothing of it.

(…)

CN: It’s pretty clear to anyone with a brain that the UCI played the game and knew the score, yet Pat McQuaid said you had no place in cycling. How did that make you feel? What do you think of the UCI?

Armstrong: Pat is just in constant CYA (Cover Your Ass) mode. Pathetic.

Y’a pas à dire, le torchon brûle désormais entre deux vieux potes associés jadis pour développer le cyclisme, Pat et Lance. « Ca, mon Lance, on va en vendre en tabarnak! »

Dans le même épisode, on apprend que le dit fils pouvait compter, parmi ses médecins, un homme, Dag Van Eslande, aussi chargé d’effectuer des contrôles anti-dopage pour le compte de la région flamande de la Belgique. Médecin d’équipe cycliste professionnelle et médecin-contrôleur d’équipes cyclistes professionnelles. Juge et partie…

Délectons-nous de constater à quel point on nous prend pour des imbéciles.

Délectons-nous de ce cyclisme professionnel tellement crédible, tellement bien organisé.

Délectons-nous de constater un peu plus tous les jours à quel point nous, les fans de vélo, les amateurs, les pratiquants passionnés, sommes menés en bateau par un groupe de gens sans scrupules, roulant souvent dans des voitures de luxe, sinon voyageant en jets privés. Pour l’intérêt du cyclisme, bien sûr…

Délectons-nous de savoir qu’aujourd’hui encore, Saxo Bank est dirigée par Bjarne Riis, Astana par Alexandre Vinokourov et j’en passe, et des meilleures.

Ce n’est pas tout.

Dans notre épisode toujours, coup dur pour Frank Schleck: suspendu un an pour dopage à un diurétique, le Xipamide. Il ne pourra donc pas disputer le Tour de France cette année. S’il vous plait prendre note que le jugement prend le soin de préciser qu’il faut écarter l’hypothèse d’une prise (volontaire) de produit interdit. En gros coupable, mais pas coupable. Comprenne qui pourra…

On rappellera que le nom de Frank Schleck a aussi été véhiculé dans l’Affaire Puerto dont le procès du principal intéressé, le Dr. Fuentes, vient de débuter en Espagne.

Il est pas beau, le cyclisme pro?

Le pied dans tout ça? C’est qu’on peut assurément faire confiance aux principaux acteurs du roman feuilleton « La maison d’Aigle » pour ne pas en rester là. Les prochains épisodes ne manqueront pas d’être de nouveau croustillants!

Comment réagira Andy Schleck à l’annonce de la suspension de son frère? Choisira-t-il l’exil? Pire, sa conversion au ballet classique?

Jusqu’où ira le cheminement intérieur de Lance Armstrong? Le verrons-nous sous peu faire le don de soi auprès de communautés défavorisées de Katmandou aux côtés de ses frères moines tibétains, dans le détachement matériel le plus complet?

Et comment réagiront les stars du peloton actuel? Répondront-ils aux critiques par le sport en établissant un nouveau record cette saison sur les pentes surchauffées de l’Alpe d’Huez dans un chrono de 34 min? « Hard work always pays off« …

Le clou: spectaculaire rebondissement! un cyclosportif fera mieux sur la Marmotte, après 160 bornes dont Croix de Fer et Galibier!

Quel suspense!

Stay tuned! Et n’ajustez pas votre appareil. La réalité est bien meilleure que la fiction.

Quelle ironie: « La maison d’Aigle » est en fait un panier de crabes!

L’efficacité du dopage: la preuve

Guillaume Robert est un cyclosportif de la région de Toulouse, mais aussi blogueur sur la toile.

Son médecin lui a récemment prescrit un produit dopant bien connu et en vogue dans les années 1970 (on ne parle donc pas de dopage sanguin ici) dans un but évidemment thérapeutique. Les doses étaient également inférieures à celles qu’on utiliserait si on voulait user de ce produit pour des fins de dopage dans le sport.

Guillaume a voulu « voir » l’effet du produit (probablement des amphétamines) sur son vélo. Résultat? Un gain de ses performances estimé à 9%. Sur sa bosse « test » de 1,2 km à 5,8% près de chez lui, Guillaume avait déjà le record Strava en 3min51sec. Après 60 bornes à 31 de moyenne, il a explosé ce record, l’abaissant à 3min30sec, avec le produit dans son organisme.

Idem dans une bosse juste après.

Les résultats ne laissent donc planer aucun doute sur l’efficacité de cette forme de dopage.

Où je veux en venir?

Simple: le dopage, c’est terriblement efficace. Plus encore lorsqu’on se rappelle que Guillaume n’avait pas accès à un dopage sanguin, mais juste à un dopage classique voire ancien, et par voie traditionnelle.

J’ai tellement entendu l’ineptie « de toute façon, le dopage ne change pas un âne en cheval de course ». Ben justement, oui.

J’ai tellement entendu l’autre ineptie « de toute façon, ils sont tous dopés, donc le meilleur gagne quand même ». Ben justement non. D’abord, ils ne sont pas tous dopés, et il faut le dire par simple respect pour ceux qui pratiquent le cyclisme de haut niveau avec éthique. Et parmi les dopés, ils ne sont pas tous dopés égal. Ceux qui ont accès aux meilleurs produits, protocoles et médecins, comme Lance Armstrong, possèdent un très net avantage sur tous les autres.

En remerciement à Guillaume, je lui laisse le mot de la fin, qui est bien dit: « Voilà ma seule expérience de dopage. Et à ceux qui disent qu’on ne transforme pas un âne en cheval de course avec le dopage, peut-être pas, mais l’âne va quand même beaucoup plus vite. Des gains de 10 à 20% sont déjà énormes. Mais loin de moi l’idée de penser que tous ceux qui finissent devant moi sont dopés. Je pense même, heureusement, que la majorité des cyclos sont propres. Certains se « dopent » et finissent derrière moi, d’autres sont à l’eau claire et loin devant moi….voire victorieux. Simplement plus forts. J’ai plutôt de la tristesse pour ceux qui se dopent pour des cyclosportives, car en arriver là, c’est que vraiment, on ne doit pas être heureux dans sa vie. »

Froide analyse de l’entrevue d’Armstrong

Révolté, frustré, et ne trouvant aucune satisfaction d’avoir été lucide toutes ces dernières années à propos de Lance Armstrong, mon texte d’hier tard dans la nuit se voulait un coup de gueule. Nous avons tous des réactions émotives lorsque des événements importants nous touchent de près et qu’ils sont liés à une passion.

Voici, avec un peu de recul, une analyse froide de l’entrevue accordée par Armstrong chez Oprah. Ce texte sera mis à jour régulièrement au cours de la journée et jusque demain samedi.

Ce que nous savions déjà.

Did you dope ? «Yes» Did you take EPO ?«Yes» Blood transfusions? «Yes.» Other products such as testosterone? «Yes.» During all your 7 Tours de France victories? «Yes.»

« True. » Armstrong a confirmé qu’un contrôle positif à la cortisone en 1999 a été couvert par un certificat médical antidaté.

La question qui tue.

Was it possible to win without doping? «No, I don’t believe it was possible.»

Il refuse de répondre.

« I’m not comfortable talking about other people, I’m not. It’s all out there. »

À propos de la fameuse scène de l’hôpital en 1997, alors qu’il aurait avoué à ses médecins responsables de soigner son cancer et en présence de plusieurs amis s’être dopé: « I’m not going to take that on, » he said. « I’m laying down on that one. » Une réaction qui a terriblement frustré Betsy Andreu, et on la comprend.

D’autres mensonges tellement décevants.

« The last time that I crossed that line (ndlr: recourir au dopage) was in 2005. »

« I love cycling. I really do. » 

Une part de sincérité?

« They’ve (ndlr: les Andreu) been hurt too badly. A 40 minute conversation isn’t enough. »

« She’s (ndlr: Emma O’Reilly) one of these people that I have to apologise to. She’s one of those people who got run over. Got bullied. »

« I see the anger in people. Betrayal, it’s all there. These are people that supported me, believed in me and they have every right to feel betrayed… I’ll apologise to these people for the rest of my life. »

« People will say that I’ve disrespected that event (ndlr: le Tour de France), the colour yellow, the sport, the jersey – I did. »

Ce que nous ne savions pas.

Rien.

L’UCI

« I’m going to tell you what’s true and not true. That story isn’t true. There was no positive test, there was no paying off of the lab there was no secret meeting with the lab director. »

« This is impossible for me to answer this question and have anybody believe it. It was not in exchange for any cover up. And again I am not a fan of the UCI. I have every incentive to sit here and tell you ‘yes, that’s right.' »

La vraie personnalité d’Armstrong

« I was just on the attack, Oprah. Territory of being threatened. Team being threatened. Reputation being threatened. I’m going to attack. »

La suite

« I disrespected the rules, regardless of what anybody says of the generation. That was my choice. If I can, and I stand on no moral platform here. It’s certainly not my place to say ‘hey guys, let’s clean up cycling.’ If there was a truth and reconciliation commission – again I can’t call for that. I’ve got no cred. But if they have it and I’m invited, I’ll be the first man in the door. »

Les réactions, toutes tellement prévisibles.

Pat McQuaid, triomphant: “Lance Armstrong has confirmed there was no collusion or conspiracy between the UCI and Lance Armstrong. There were no positive tests which were covered up and he has confirmed that the donations made to the UCI were to assist in the fight against doping. »

Pat McQuaid, encore triomphant: “However, Lance Armstrong also rightly said that cycling is a completely different sport today than it was 10 years ago. In particular the UCI’s introduction of the biological passport in 2008 – the first sports federation to do so – has made a real difference in the fight against doping. »

Andy Schleck: « Now it is time to return to our own careers and to the future. The biological passport and the out-of-competition controls have indeed changed cycling. »

Samuel Sanchez: « I want to look to the future and don’t want to look back. The image of cycling suffered in that era, today it is totally different.

Hilaire van der Schueren, directeur sportif chez Vacansoleil:  “Let us once and for all draw a line under the matter. It is time that we increasingly look to the future of cycling. »

Phil Anderson: « But he didn’t seem to reveal anything that hasn’t been leaked or we haven’t read in Hamilton’s book. Maybe that’s going to come out tomorrow. He hasn’t pulled anything out of the hat yet. »

Les lucides

Greg Lemond: “I get pissed off when I hear that you can’t win the Tour without doping. Look at Andy Hampsten [winner of the 1988 Giro d’Italia, third in the 1989 Giro and fourth in the Tour in 1986 and 1992) – there was no way he was on any doping program.”

John Fahey, président de l’Agence Mondiale Antidopage: « We learnt nothing new. He refused to give names of the entourage, the officials, the other riders, the source of the drugs which he admitted taking and he indicated at the same time that he harassed and bullied many decent and honest people with litigation and public statements – even though those people were telling the truth. »

« I think Lance Armstrong a very confused person. When someone justifies all of the wrongs that he did on the basis that everyone else was doing it and when someone gives the impression as I distinctly got that the biggest mistake that he ever made in all of this was to come back in 2009 and 2010 and had he not made that comeback he might have got away with it. That tells me that he regrets all the occurred because he got caught. I don’t see him as being anyone of character at all. I see him being as he now admits he is and that is a liar, a bully and a cheat. »

L’espoir

Travis Tygart: “His admission that he doped throughout his career is a small step in the right direction. But if he is sincere in his desire to correct his past mistakes, he will testify under oath about the full extent of his doping activities.

Le fond du baril

Après les aveux de Lance Armstrong, ces questions méritent d’être posées:

Que reste-t-il du cyclisme?

Que reste-t-il de l’honnêteté des hommes?

Que reste-t-il des valeurs de morale, de respect, d’éthique?

Armstrong lui-même l’a reconnu: j’ai été arrogant, malhonnête, trop ambitieux. « This was not good« .

Que de souffrance par ses proches, ses amis, ses coéquipiers qui osaient dire la vérité. Des années de vies détruites…

Le peloton 2013 s’élance dans quelques jours pour une nouvelle saison. So what? Non mais, on s’en câlisses-tu?

J’aime mieux vous avertir d’avance: je songe sérieusement à fermer ce site. Tout a été dit. Il ne reste plus qu’une action concrète à poser, pour aller au bout de la logique.

Les coureurs pros? Le cyclisme professionnel? Quel intérêt, vraiment? Je ne vois aucune raison, ce soir, d’y croire encore.

Aveux de Lance Armstrong: le véritable enjeu

Selon de nombreuses sources, Lance Armstrong aurait avoué s’être dopé durant sa carrière cycliste lors de l’entrevue qu’il a accordé à Oprah Winfrey lundi dernier et qui sera diffusée ce jeudi (et possiblement vendredi) devant des millions de téléspectateurs et d’internautes.

Lance Armstrong avoue s’être dopé: big deal!

Tous les observateurs éclairés du cyclisme le soupçonnaient fortement depuis 2001; ils en avaient eu la preuve hors de tout doute dès 2005 avec la publication du dossier L’Équipe indiquant que plusieurs échantillons urinaires d’Armstrong prélevés lors du Tour 1999 contenaient de l’EPO.

Même le grand public ne sera plus surpris par de tels aveux tant l’accumulation de faits pointant dans cette direction était importante et tant le cyclisme a été gangrené à répétition par les affaires de dopage depuis plus de 10 ans maintenant.

Le véritable enjeu lié aux aveux de Lance Armstrong est ailleurs.

Le véritable enjeu, c’est de savoir si Lance Armstrong limitera ses aveux à sa seule personne ou s’il lâchera tout le morceau.

Le véritable enjeu, c’est de savoir si Lance Armstrong lâchera des noms, des systèmes, des produits, des façons de déjouer les contrôles.

S’il passe aux aveux en ne parlant que de lui, il s’agira pour moi d’une formidable occasion de ratée. De tels aveux seront un immense cadeau au milieu cycliste et à l’UCI qui, très rapidement, réagiront, Pat McQuaid en tête, en affirmant qu’enfin le chat sort du sac, permettant une bonne fois pour toute au cyclisme de tourner la page sur une époque noire et fort heureusement révolue.

Je vous garantis qu’il tiendront tous (la communauté oeuvrant dans le cyclisme aujourd’hui) ce discours, sautant sur ces aveux qui représenteront en fait à leurs yeux une magnifique opportunité de nous laisser croire que le cyclisme a fait son ménage et que les choses sont aujourd’hui différentes.

Si Lance Armstrong passe aux aveux en ne parlant que de lui, ce sera également une preuve que tout ce cirque a été savamment orchestré au cours des dernières semaines par son équipe d’avocats et de conseillers dans un seul but: lui permettre de retrouver sa vie sportive et publique. Me, myself and I and fuck the rest!

S’il passe aux aveux en ne parlant que de lui, Lance Armstrong condamnera tout le monde à ne parler que du passé.

Or moi, sans nier qu’il m’apparait très important de comprendre et de faire le ménage dans le passé, c’est le présent qui m’intéresse en premier lieu.

Si Lance Armstrong déballe tout, par exemple en donnant les noms de ses complices, comment il déjouait les contrôles, quels produits il utilisait et quand, alors on pourra parler du présent puisqu’il est très probable que bon nombre de ces personnes, de ces méthodes, de ces produits, sont toujours présents dans le cyclisme professionnel aujourd’hui.

Si Lance Armstrong déballe tout, alors on pourra commencer un grand ménage dans le peloton cycliste pro et dans la gouvernance du sport aujourd’hui, à commencer par l’UCI puisqu’il serait probable qu’Armstrong révèle la complicité de cette institution dans son système.

S’il déballe tout, alors nous pourrons demander des comptes à certains, lancer de nouvelles enquêtes, améliorer les contrôles, revoir la gouvernance du cyclisme.

S’il déballe tout, alors personne ne pourra évoquer une époque révolue du cyclisme et s’en tirer à bon compte.

Et j’ajoute que pour un maximum d’impact, il serait souhaitable que Lance Armstrong fasse des aveux complets non pas devant la commission indépendante mise sur pied par l’UCI et dont personne ne croit à la crédibilité, mais bien soit en public avec Oprah s’il le souhaite pourquoi pas, soit en privé auprès de l’USADA ou encore de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), deux organes indépendants de l’UCI. Le président de l’AMA, David Howman, a d’ailleurs invité publiquement Lance Armstrong à tout  déballer auprès de son organisme.

Malheureusement, j’ai bien peur qu’Armstrong ne choisisse de parler que de lui jeudi et dans les prochaines semaines. Il y verra le meilleur moyen de restaurer une partie de sa crédibilité puisqu’il ne nuira ainsi à personne. Le meilleur des mondes, en apparence.

Si cette hypothèse se concrétise, on pourra quand même se demander pourquoi il aura accepté de tout encaisser tout en protégeant d’autres personnes encore actives dans le milieu cycliste aujourd’hui?

Surtout, si cette hypothèse se concrétise, le cyclisme sera passé à côté d’une occasion unique, étant convaincu que des aveux complets de Lance Armstrong auraient été le moyen le plus efficace de faire rapidement bouger les choses en matière de gouvernance et de lutte contre le dopage dans le sport, même si d’autres initiatives, comme ChangeCyclingNow, m’apparaissent aussi porteuses d’espoir.

Enfin si cette hypothèse se concrétise, j’ai bien peur que cela ne condamne le cyclisme à des années supplémentaires de galère, entre crises de gouvernance et scandales de dopage à répétition. Les conséquences seront une fois de plus désastreuses, et certaines de ces conséquences pourraient survenir plus rapidement qu’on ne le pense car selon Dick Pound, le cyclisme serait actuellement menacé d’être rayé de la liste des sports olympiques.

Bref, le réel enjeu de la semaine est donc pour moi de savoir jusqu’où Lance Armstrong ira dans ses aveux.

Je l’ai déjà écrit, je le répète encore: Lance Armstrong a actuellement une immense opportunité de faire progresser le sport cycliste à pas de géants, voire de carrément sauver le cyclisme d’une lente agonie au cours des prochaines années. J’estime qu’il doit la saisir avec courage, comme l’ont fait avant lui Floyd Landis ou Tyler Hamilton. Je vois dans des aveux complets de Lance Armstrong sa seule façon de vraiment restaurer sa crédibilité et l’estime que les gens pourraient avoir à son égard.

Et de faire preuve au grand jour de tout son amour et de toute sa passion pour le Tour de France et le cyclisme.

Armstrong chez Oprah Winfrey le 17 janvier prochain

La chaine de télé américaine OWN (Oprah Winfrey Network) a annoncé hier soir que Lance Armstrong sera l’invité de la populaire animatrice Oprah Winfrey le 17 janvier prochain. L’émission aura lieu depuis la maison de Lance Armstrong à Austin, au Texas.

Ce sera la première apparition publique d’Armstrong depuis des semaines. Ce sera surtout sa première réaction officielle depuis la publication du rapport de l’USADA ayant conduit à sa radiation à vie des compétitions respectant le code mondial anti-dopage ainsi qu’à la perte de ses titres sur le Tour de France. OWN a affirmé dans son communiqué de presse que Lance Armstrong « will address the alleged doping scandal, years of accusations of cheating, and charges of lying about the use of performance-enhancing drugs throughout his storied cycling career. »

Reste évidemment à savoir ce que Lance Armstrong dira lors de cette émission qui, à ne pas en douter, obtiendra des cotes d’écoute stratosphériques. C’est d’ailleurs probablement recherché par Armstrong lui-même, sinon pourquoi aurait-il accepté de parler à Oprah Winfrey, probablement la plus populaire des animatrices télé aux États-Unis? L’émission pourra également être suivie en direct sur le site Internet du réseau.

Alors, des aveux ou pas d’aveux?

Évidemment, les rumeurs récentes laissent croire qu’Armstrong pourrait passer aux aveux. Cela expliquerait son mutisme de l’automne dernier: ses avocats travaillaient probablement en coulisse pour créer des conditions acceptables pour que des aveux d’Armstrong puissent également lui être bénéfiques. On peut penser par exemple à des ententes à l’amiable avec les sociétés le poursuivant, voire des garanties de remise de peine en échange de son témoignage. Apparemment, tout est allé très vite.

Si aveux il y a, resterait également à savoir jusqu’où Armstrong déballera-t-il? Le plus probable selon moi est qu’Armstrong se livre à une opération de « damage control » en avouant certes s’être dopé, mais en affirmant haut et fort ne rien avoir fait de plus que les autres (it was the name of the game…) et en insistant lourdement sur ses autres réalisations, notamment le développement du sport cycliste aux États-Unis ainsi que son engagement contre le cancer. Il rétablirait ainsi une partie de sa crédibilité (faute avouée à moitié pardonnée…), ménagerait le milieu cycliste et notamment l’UCI, et pourrait passer à une autre étape de sa vie. Pour les fins connaisseurs du dossier, ce serait évidemment frustrant de ne pas entendre Armstrong s’expliquer sur certains points troublants du rapport de l’USADA, notamment à l’endroit de l’UCI.

Armstrong pourrait également continuer de nier et contre-attaquer l’USADA et son rapport. Je vois mal avec quels arguments cependant et on peut se demander pourquoi Armstrong aurait-il attendu si longtemps pour passer à une telle offensive?

Réponse jeudi prochain. Entretemps, c’est Oprah Winfrey qui réalise là un sacré bon coup! Quel scoop!

Page 9 of 26