Je pense que la coupe est pleine en ce qui a trait à la Russie et que ce pays ne devrait pas être admis aux prochains Jeux Olympiques de Rio plus tard cet été. Il sera intéressant de voir ce que le Comité International Olympique va faire: politiquement, c’est un dossier épineux voire dangereux…
On testera bientôt 250 échantillons supplémentaires prélevés lors des JO de Londres en 2012. Ca risque d’être intéressant…
En clair, le dopage n’a pas vraiment diminué, les méthodes ont évolué. En clair, on peut presque dire qu’aujourd’hui, ce n’est qu’une question de temps: on finira par découvrir à quoi carburaient les athlètes, mais peut-être avec plusieurs années de retard.
Ca sera intéressant de suivre les répercussions dans le monde du cyclisme:
– des cyclistes feront-ils partie des listes d’athlètes dont les échantillons re-testés s’avèrent positifs?
– à quand de nouveaux tests sur les échantillons des derniers vainqueurs du Tour, notamment Chris Froome et Vicenzo Nibali?
– si culture du dopage il y a en Russie, quelle crédibilité peut-on accorder à des équipes comme Astana et Katusha, qui sont d’ailleurs celles qui ont eu, ces dernières années, le plus grand nombre de cas de dopage en leur sein ? (Astana en particulier…)
Chose certaine, c’est désespérant pour nous les amateurs de sport qui voulons encore croire à l’esprit sportif. Qu’en reste-t-il?
Vous aimez le cyclisme professionnel ? Vous voulez savoir ce que c’est que d’être coureur cycliste professionnel aujourd’hui même ? De comprendre comment ca se passe au cœur du peloton ? De comprendre dans quel milieu évoluent aujourd’hui, maintenant, Antoine Duchesne et Hugo Houle ?
Une fois que j’ai eu commencé la lecture, je n’ai jamais pu arrêter. J’ai tout lu d’une seule traite. Cela ne m’est pas arrivé souvent. L’auteur écrit « Le message de ce livre, c’est : « voilà ce que c’est qu’être coureur cycliste professionnel, un de ceux que vous regardez tous les ans en juillet ». Il se lit de la même manière que je gère certains entrainements modernes : en « negative split ». Plus vous avancerez au fil des pages, plus ca ira fort. »
C’est exactement ca.
Ce livre est différent, unique.
D’abord, parce que son auteur, qui reste masqué pour des raisons évidentes, est un coureur cycliste professionnel en Europe depuis 15 ans, et est toujours en activité. Ce n’est donc ni un journaliste, ni un dirigeant, ni un observateur externe du cyclisme : il est dans le peloton, tous les jours, en ce moment même. Évidemment, au fil des pages du bouquin, ce coureur se trahit à quelques endroits, pour peu qu’on connaisse le cyclisme. Je pense avoir trouvé de qui il s’agit, j’en suis presque sûr à 100%. Il était au départ des Flandriennes la semaine dernière… un sacré bon coureur d’ailleurs.
L’autre intérêt du livre, c’est l’absence totale de langue de bois. Âmes sensibles s’abstenir ! Certains d’entre vous, je le sais par vos commentaires laissés récemment sur ce site, se demandent comment la FDJ peut pétroler actuellement comme elle le fait depuis le début de saison, un contraste avec son habituel niveau au cours des dernières années.
Vous voulez savoir ? Lisez ce livre. Extrait : « À la FDJ, le docteur Gérard Guillaume, arrivé en 1999, qui a lutté frontalement et humainement contre le dopage quinze ans durant en interne, a été prié de faire ses valises de manière brutale cet hiver. Il a été remplacé. Il l’a mal pris, mais il ne va pas parler. Suivez mon regard. Il a juste vidé son sac au dernier stage de l’hiver devant l’encadrement qui regardait ses chaussures et devant les coureurs qui regardaient ailleurs. L’audit réalisé auprès de cette équipe il y a trois ans en faisait une structure exemplaire. Celui qui a été refait cet hiver la classait comme équipe à risque. Je croise les doigts pour Thibault Pinot qui veut gagner le Tour et que j’ai toujours trouvé sympa. »
Je vous le dit, j’ai adoré ce bouquin et je sens maintenant que je comprends encore mieux la réalité d’un coureur pro en Europe, ainsi que l’univers – de requins – dans lequel il évolue. Vraiment. L’ouvrage est écrit dans un style simple, direct, et est ponctué d’anecdotes, qui font souvent sourire – parfois jaune.
Entrainement, gestion de la carrière de l’amateur au pro jusqu’aux défis de la reconversion, organisation des équipes, conciliation vie professionnelle – vie familiale, rapports entre coureurs, courses et évidemment pratiques de dopage, produits et moyens de s’en sortir, tout y passe. Pas toujours en noir, pas toujours en blanc bien évidemment : on sent bien que l’auteur nous livre son expérience personnelle, tel qu’elle est, sans l’embellir ni pour qu’on le plaigne. Non, juste la froide vie d’un coureur pro consciencieux, mais qui est aussi assez intelligent pour poser un regard critique sur sa vie. Et le chapitre intitulé « Multinational monoculturel » est une perle d’humour et de clichés pourtant vrais, dans un effort de montrer que le peloton « est génial » de diversité, entre toutes ces nationalités – et forcément ces savoirs-faire – qui s’y côtoient.
Écrit en collaboration avec Antoine Vayer, qu’on ne présente plus, l’intérêt de ce livre réside enfin dans son actualité : tellement actuel que l’auteur nous parle, dans son chapitre sur le dopage mécanique, des récents Mondiaux de cyclo-cross, ou encore des résultats des derniers Mondiaux de cyclisme, quant ce n’est pas du prochain Tour de France. Oui, celui de 2016.
Vous voulez savoir à quoi carbure le paquet en ce moment, dans cette ère « post-EPO » ? Lisez ce livre. C’est désarmant de simplicité : à la cortisone, qui a fait récemment un retour en force, et quelques autres trucs. Le pourquoi, le comment, tout est expliqué de façon limpide dans le livre, tellement qu’on se dit rapidement « mais pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? ».
Mon seul bémol porte sur l’ordre de présentation des divers chapitres (toujours assez courts, ces chapitres étant nombreux, ce qui permet à l’auteur de couvrir une grande diversité de sujets), qui aurait pu être différent pour améliorer la cohésion d’ensemble.
Devriez-vous vous précipiter ? Sans conteste, une seule réponse : oui. Avoir une opinion éclairée en 2016 sur le peloton pro en Europe est à ce prix, pas cher d’ailleurs : 17euros50. Assurément un bon investissement. Lire ce bouquin, c’est désormais presque un pré-requis avant d’ouvrir la bouche de façon intelligente sur la situation du cyclisme pro en 2016!
Je remercie sincèrement Antoine et Olivia de m’avoir permis de découvrir ce livre passionnant… un peu avant tout le monde ! Et je souhaite bonne continuation dans le peloton au cycliste masqué, tout en le remerciant pour ce livre courageux et qui comble un vrai manque jusqu’ici.
Tiens donc! y’a pas que dans le cyclisme où les athlètes prennent leurs fans pour des imbéciles.
Maria Sharapova, la tenniswomen, contrôlée positive au meldonium, affirme qu’elle prend ce médicament depuis 10 ans, ceci afin de traiter des problèmes de santé récurrents comme une carence en magnésium, de l’arythmie cardiaque et… des cas de diabète dans sa famille.
Celui que l’usage de meldonium (aussi connu sous le nom de mildronate) est très répandu chez les athlètes, en particulier ceux des pays de l’Europe de l’Est et qui pratiquent des sports où une composante vitesse est primordiale.
Le meldonium serait efficace pour accroitre la vascularisation du muscle cardiaque, donc augmenter son efficacité lors d’efforts intenses.
Ce médicament a été placé sur la liste des produits interdits seulement au 1er janvier dernier. Plus intéressant, il a été interdit de mise en marché en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.
Bref, après le whisky de Floyd Landis, le steak de Contador, le chien de Frank Vandenbroucke, la belle-mère de Rumsas, les bonbons colombiens de Simoni, et le célèbre « dopé à l’insu de son plein gré » de M. Virenque, voici maintenant une autre explication possiblement dans le même registre, mais à priori moins foireuse il est vrai.
Le bénéfice du doute? C’est tout ce que les athlètes recherchent…
Je vous ai toujours dit avoir de sérieux doutes quant à Fabian Cancellara sur le Ronde et Paris-Roubaix 2010, convaincu qu’il est possible, voire probable, qu’il ait utilisé du dopage mécanique.
C’est en effet lors des Mondiaux de cyclo-cross que le premier cas de dopage mécanique a été révélé à la fin janvier.
Il serait raisonnable de croire que le cyclo-cross est possiblement l’endroit où ce type de dopage est le plus facile à employer: les coureurs peuvent changer fréquemment de vélos (tous les tours s’ils le souhaitent), les spectateurs sont très proches et donc l’ambiance peut cacher le bruit des « moteurs », et les vélos sont souvent sales, permettant de dissimuler facilement des pièces.
Les vitesses étant peu élevées, mais la puissance requise l’étant, par exemple pour traverser un bac de sable ou une zone particulièrement embourbée, ces moteurs sont à même de procurer une aide très précieuse, et donc de faire la différence. De surcroît, l’effet d’aspiration (drafting) est réduit.
Je vous avoue que c’est troublant, très troublant.
Dissimuler un tel vélo équipé d’un moteur serait facile en cyclo-cross. Le mécano et le coureur peuvent par exemple très bien convenir d’un tour où le vélo dopé sera utilisé, puis le ranger au tour suivant à l’occasion d’un énième changement de vélo. Le mécano peut ensuite aller dissimuler le dit-vélo.
Plus que jamais, il faut que l’UCI prenne les grands moyens, il y va de la crédibilité du cyclisme tout entier (de tels moteurs seraient aussi utiles sur piste, mais leur dissimulation peut-être plus difficile, l’espace étant clos).
On y apprend surtout que ce dopage à l’aide d’un moteur serait dépassé, le nouveau moyen étant plutôt des… roues électromagnétiques à 200 000 euros pièce. Ces roues seraient capables de générer de 20 à 60 watts supplémentaires et auraient déjà été en usage dans le peloton pro.
Surtout, cette déclaration de l’informateur de la Gazzetta laisse froid dans le dos: “Starting from 2010? No, much longer and I’ve worked for some great riders« .
J’ignore personnellement comment fonctionne cette technologie. Si vous avez des idées…
Quoi qu’il en soit, je pense qu’on parlera beaucoup, cette année, de dopage mécanique!
De toute évidence, l’athlétisme a voulu protéger son image pendant des années, alors que le sport était gangréné à la moelle par le dopage.
Si ce scandale est d’une tristesse infinie pour les amateurs, il permet aussi de relativiser les problèmes de dopage dans le cyclisme. Mes parents m’ont appris à me comparer aux meilleurs, jamais aux moins bons, et on peut être fiers, dans le cyclisme, d’avoir mis en place une panoplie d’outils innovateurs pour essayer de lutter contre le dopage, par exemple le suivi biologique.
Imaginez en tout cas l’ampleur des problèmes de dopage dans d’autres sports qui font également beaucoup moins que le cyclisme pour s’attaquer au problème: triathlon, ski de fond, trail, football universitaire, natation, voire des sports comme l’aviron ou le hockey.
Croire aujourd’hui que les cyclistes sont les athlètes les plus dopés est tout simplement révéler au monde son ignorance.
17 ans après l’Affaire Festina (1998), quelques années après l’Affaire Armstrong, toutes deux révélant un dopage étendu et institutionnalisé dans le cyclisme, voilà que l’athlétisme se réveille avec un accablant rapport de l’Agence Mondiale Antidopage révélant un dopage généralisé au sein de l’athlétisme russe. Même la fédération russe n’y échappe pas, le scandale faisant état d’un « dopage généralisé » dans l’unique but de « produire des vainqueurs ».
« Produire des vainqueurs ».
Tout est là. Nos sociétés ne valorisent aujourd’hui que ça: le vainqueur, peu importe le moyen. Sans discernement, sans jugement sur la crédibilité des performances. J’en ai encore eu un exemple récemment dans mon entourage proche.
Quoi qu’il en soit, voilà donc que l’athlétisme se réveille. Le scandale remonte jusqu’à la fédération antidopage russe, qui pour l’instant nie avoir fermé les yeux sur des cas, ou falsifié des contrôles.
À la lumière de la gravité de la situation, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a toutefois déjà engagé le processus pour suspendre la fédé russe d’athlétisme, notamment en vue des Jeux Olympiques de Rio en 2016 où aucun athlète russe de cette discipline pourrait concourir.
Et on annonce que le cas du Kenya serait le prochain sur la liste.
Le plus drôle dans l’affaire, c’est que l’IAAF est présidée par l’Anglais Sebastian Coe. Quant on voit les performances parfois surprenantes des athlètes britanniques au cours des dernières années, cyclisme compris, on se demande parfois si le prochain gros scandale ne viendra pas de là, notamment avec le Reproxygen qui est une forme de dopage génétique et qui a été découvert dans des laboratoires anglais (Oxford Biomedica).
Anyway, à quand le réveil dans le ski de fond, le triathlon, la natation, le trail?
Le cyclisme a beaucoup morflé ces deux dernières décennies, générant notamment le plus grand scandale de dopage de l’histoire du sport (Affaire Armstrong). Je pense que d’autres scandales sont à venir dans d’autres sports au cours des prochaines années, de l’ampleur que celui que traverse actuellement le football (soccer) dans un autre registre (corruption de la fédé internationale, matchs truqués, etc.).
Il est pas beau, le sport professionnel? Remarquez qu’avec mes deux récents articles sur le dopage sur les cyclosportives (ici et ici), le problème est également présent aux échelons inférieurs.
La bonne nouvelle dans tout ça? C’est qu’Interpol (Interpol!) va coordonner une vaste enquête mondiale sur le dopage et la corruption qu’il implique à beaucoup de niveaux (l’Affaire Armstrong est éloquente sur l’inter-relation dopage-corruption, notamment du côté de la dissimulation de contrôles positifs pour préserver l’image du sport), sous la direction de la France (qui a une bonne expérience en la matière, rappelez-vous le rapport du Sénat il y a quelques années). Nom de code Augias, comme les écuries oui, nettoyées par Hercule dans ses 12 travaux.
La tâche à accomplir aujourd’hui n’en est pas moins herculéenne tant la gangrène semble répandue!
Après le GranFondo New York, on apprend dans la revue Le Cycle de novembre 2015 que d’autres coureurs s’étant illustrés sur les grandes cyclosportives européennes celles-là ont été convaincus de dopage, cette fois-ci à… l’EPO.
En effet, le vainqueur de la Marmotte GranFondo Serie à Sestrières en août dernier, l’Italien Roberto Cunico, a été piqué positif à l’EPO. Il avait terminé dans le même temps que son équipier et ancien pro Enrico Zen.
Le pire? C’est que le duo Cunico et Zen ont écrémé les cyclosportives de montagne cet été, ayant déjà fini 1-2 de la difficile Campionissimo auquel j’ai pris part fin juin dernier, avec Gavia-Mortirolo-San Cristina à franchir dans la journée. La paire m’a mis 1h17 dans la vue, je soupçonne aujourd’hui comment.
Enrico Zen a également remporté début juillet le GranFondo Stelvio-Santini, une autre épreuve difficile. La nouvelle du dopage à l’EPO de son coéquipier jette forcément un doute sur sa propre probité.
Le dopage parmi les cyclosportives est aujourd’hui une (triste) réalité, renforçant mon intime conviction qu’il est ridicule de tenir des cérémonies protocolaires sur de tels événements. À quoi cela rime-t-il?
Et la présence de coureurs dopés n’est peut-être pas une situation aussi isolée qu’on veut bien nous le faire croire.
Ces réactions ont pris la forme de commentaires sur ce site, mais aussi de discussions et d’échanges sur les réseaux sociaux, notamment Facebook.
Ce fut passionnant que de vous lire et je vous remercie.
Certains d’entre vous me suggèrent de prendre ça cool, et vous avez certainement raison!
Certains trouvent aussi que La Flamme Rouge parle parfois trop de dopage, et vous avez possiblement aussi raison.
Sachez que j’en suis conscient.
Vous savez, j’ai toujours essayé de garder La Flamme Rouge à sa place.
Je ne suis pas un ancien champion cycliste. Je reste à ma place, et ne désire pas tenir ce site pour être le héros de mes propres aventures. Je préfère rester modeste, sachant que vous êtes plusieurs à avoir de bien meilleurs palmarès que le mien.
J’essaie aussi de demeurer « profil bas » dans le monde du cyclisme. D’une part pour préserver mon indépendance totale, ce qui me permet une certaine liberté d’expression, voire une certaine crédibilité. D’autre part parce que je ne suis pas un journaliste officiel, comme peut l’être Simon Drouin de La Presse par exemple (mais je suis très certainement un journaliste raté, et aussi un démographe qui a réussi).
Enfin, je ne réalise pas La Flamme Rouge pour rechercher le succès ou l’audimat. Je réalise ce site avant tout pour partager ma passion du cyclisme, et tant mieux si mes textes vous rejoignent.
Dans ce partage de ma passion, s’inscrit une opportunité que j’embrasse: celle de développer le cyclisme, d’oeuvrer pour que ce sport soit mieux connu, mieux compris, plus populaire et… plus sain.
Oui je parle donc de dopage, car j’ose croire que ce faisant, je contribue à éveiller les consciences parmi la communauté cycliste et la population en général.
Je ne suis pas Christine Ayotte, ni Damien Ressiot. Mais si, grâce à La Flamme Rouge, je peux éveiller les consciences quant au fait que le dopage est inacceptable, alors ça vaut la peine.
Si, grâce à La Flamme Rouge, vous êtes quelques uns qui, ces derniers jours, avez pu prendre ne serait-ce que 10 minutes pour réfléchir au dopage dans le sport, alors je me dis que ça vaut la peine de parler dopage. Et certains d’entre vous m’ont dit l’avoir fait, c’est une satisfaction.
Qui sait, peut-être qu’en éveillant ainsi les consciences, en sensibilisant, en montrant que le dopage ne vaut pas la peine, nos courses seront plus saines?
C’est un pari que je fais.
Je suis tellement convaincu que les valeurs fondamentales du sport et du cyclisme dépassent le simple fait d’être le meilleur, surtout dans un monde qui a perdu ses repères autrefois donnés par notamment la religion.
Je me rappelle moi-aussi de petits gestes: Bill Hurley, un excellent coureur de la région d’Ottawa, champion du monde chez les 30-34 en vélo de montagne au début des années 2000, m’encourageant dans la dernière rampe d’un championnat québécois dans les Laurentides vers 2002 ou 2003, alors que je terminais légèrement attardé des meilleurs, manifestement un grand esprit sportif. Je ne l’ai jamais oublié.
Ou un John Malois prenant soin de moi après une violente chute au Grand Prix OBC dans le Parc de la Gatineau il y a quelques années, moi le coureur anonyme, lui le coureur bien connu qui ne me connaissait pas: touché à la tête, il m’a accompagné jusqu’à la ligne d’arrivée où j’ai pu être pris en charge, renonçant du coup à terminer sa propre course. Je ne l’ai jamais oublié.
Le sport cycliste, c’est ca. Compagnons et solidaires dans la souffrance, dans un respect mutuel qu’imposent la violence de l’effort et l’abnégation requise pour aller au bout de l’objectif.
C’est ce sentiment fugace mais bien présent d’accomplissement et de respect que j’ai ressenti une fois encore au sein des coureurs, cette fois à l’arrivée de la difficile et exigeante Campionissimo en juin dernier, après 7h d’effort par delà Gavia, Mortirolo et San Christina.
Le sport cycliste, ce n’est pas le dopage, ce vulgaire raccourci qui gâche tout.
Et ma conception du cyclisme, c’est celle que je partage avec Greg Lemond, un passionné s’il en est. Tout est résumé dans le vidéo suivant, de 6min05 à 6min50.
Vous savez que je suis opposé à des podiums sur les cyclosportives: on peut certes établir un chronométrage, question de pouvoir se comparer d’une année à l’autre, mais je demeure convaincu qu’il est ridicule de tenir des cérémonies protocolaires de podiums sur de tels événements.
Il sera donc suspendu pour une durée de 2 ans par l’USADA, chose que je ne comprends pas puisque la sanction pour un premier contrôle positif est passée à 4 ans en janvier dernier. Pourquoi donc 2 ans plutôt que 4 ? On mentionne dans le communiqué du GranFondo qu’un examen du dossier médical de l’individu aurait été pris en compte?
Quoi qu’il en soit, le gus a été banni à vie du GranFondo New York et de toute la série auquel appartient cette épreuve.
Comble de l’ironie, la féminine ayant terminé 3e du classement des femmes, une Colombienne elle-aussi, a également retourné un contrôle positif !!! Ca ne s’invente pas. Cette fois-ci, des stéroïdes seraient en cause.
Aie aie aie.
Voilà qui prouve sans aucun doute que le dopage est également présent sur les grandes cyclosportives internationales de ce monde, et qu’il est peut-être assez répandu parmi ceux briguant les 20 premières places. À voir comment certains « marchaient » sur La Campionissimo que j’ai fait cet été, il ne fait aucun doute dans mon esprit que nous ne sommes pas tous à armes égales au départ.
Fou, nous vivons dans un monde complètement fou.
J’estime qu’il serait tout à fait légitime que le Gran Fondo New York entreprenne des poursuites légales auprès de ces deux participants s’étant dopés sur leur épreuve, ne serait-ce que pour atteinte à leur image. Comme le GranFondo mentionne, l’épreuve a « célébré » ces personnes au terme de l’épreuve: voilà maintenant qu’on sait pourquoi ces personnes ont terminé sur le podium.
Quelle saloperie que toute cette triche. Ca me dégoute.
Chose certaine, je salue bien bas la tenue de contrôles anti-dopage sur le GranFondo New York, sur- et en dehors de l’épreuve. Comme ils écrivent « The ultimate goal is not to catch cheaters but to deter them from racing at all. »
Well said.
À noter que le GranFondo ont également procédé à des tests aléatoires visant à détecter le dopage mécanique parmi les participants. Ces tests seront étendus en 2016.
Vous êtes plusieurs à avoir laissé un commentaire suite à ma récente entrevue avec Marc Kluszczynski. Il vous répond aujourd’hui:
« Il est toujours intéressant de lire les commentaires de la Flamme Rouge.
Concernant le dopage dans le rugby, des batailles de prétoire se déroulent actuellement en France suite à la parution des livres de Pierre Ballester (Rugby à charges) et Laurent Bénézech (Rugby, où sont tes valeurs ?). Les deux auteurs dénoncent le virage qu’a pris le rugby suite à sa professionnalisation en 1997. Mais peut-on imaginer un dopage systématique et généralisé type cyclisme des années 90 ? Comme dit Yann, il s’agit d’éviter « le syndrome du tous dopés ». C’est ce à quoi je me suis attaché dans l’entrevue proposée par Laurent.
Je ne suis pas d’accord avec Régis 78 concernant des puissances de 450 watts « dépassées régulièrement ». Ou alors pendant quelques minutes tel Alexis Vuillermoz dans la 8ème étape du 11 juillet lors du TdF : 496 à 520 watts dans Mur de Bretagne pendant 4 minutes 10. Mais là, on ne peut rien en déduire, sauf que ce chiffre est possible humainement. Pour les spécialistes des estimations, le protocole n’est valable que dans le dernier col d’une longue étape pour un effort de plus de 20 minutes.
Pour Alain 39, je lui avoue être un « outsider » du milieu du cyclisme, et mes écrits ne sont que le témoignage de ce que je lis quotidiennement, néanmoins agrémenté d’une pointe de réflexion. Pour le problème de la perte de poids, il faut se rendre compte que les cyclistes pro passent plusieurs mois par an à plus de 3000 m, par bloc de 15 j à trois semaines. Et pendant lesquels ils s’entraînent durement. Il est légitime de penser que dans ces conditions, le pli adipeux doit être réduit à peau de chagrin (cela a toujours existé en cyclisme: Bernard Thévenet déclarait en 1977 n’avoir « pas un pet de graisse »). Depuis, certaines restrictions caloriques sont imposées aux coureurs. L’altitude elle-même diminue l’appétit et l’hypoxie est agoniste de la filière AMPK orientant l’organisme vers la combustion des graisses. Donc, je persiste, Alain 39 : ce n’est pas parce qu’un cador va en altitude qu’il se dope ! Comme Ti-Cass le signale justement, je n’ai aucune preuve de dopage à signaler.
Puis Thierry mtl nous parle de la mononucléose infectieuse (MNI, due au virus Epstein-Barr ou EBV) de Julian Alaphilippe « une infection virale qui peut se transmettre par transfusion ». Exact mais exceptionnel car il existe des traitements d’inactivation virale après recueil. Comme les transfusions homologues (sang d’une autre personne du même groupe) sont détectables, Alaphilippe aurait pris un énorme risque de l’utiliser. Reste la transfusion autologue. Fin octobre, il se trouve déjà en phase de convalescence et sa maladie est identifiée grâce aux IgG anti EBV spécifiques et tardifs. Les IgM et IgG non spécifiques de la phase aigue disparaissent en 4 à 8 semaines. Comme l’incubation de la maladie est de 4 à 6 semaines, Alaphilippe a du tomber malade entre le 15 juillet et début août. En cas de transfusion, il se serait injecté la maladie fin septembre deux mois après l’avoir contracté : cela ne tient pas, comme le signale Nico D. Le jeune français paie vraisemblablement sa 1ère partie de saison exceptionnelle par une immunodépression. On lui souhaite donc de retrouver son niveau antérieur qui lui permettra de briller avec Dan Martin sur les classiques ardennaises. »