Le groupe de presse EBRA, propriétaire du Critérium du Dauphiné-Libéré, vient de céder l’épreuve à Amaury Sport Organisation (ASO), déjà organisatrice de nombreuses épreuves de prestige au calendrier international du cyclisme.
Raison de cette vente ? Chez EBRA, on évoque une décision stratégique pour "recentrer ses activités sur son coeur de métier", c’est-à-dire la presse. Selon les rumeurs, le Critérium du Dauphiné accusait un déficit depuis plusieurs années déjà.
Cette vente confirme un peu plus la place hégémonique qu’exerce désormais ASO dans l’organisation de courses cyclistes. Voyez un peu : outre le Tour de France et maintenant le Dauphiné Libéré, ils organisent également Paris-Nice, le Critérium International, Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de l’Avenir et Paris-Tours. On peut ajouter à cette liste impressionnante les nouvelles épreuves que sont le Tour de Qatar et le Tour d’Oman ou les épreuves nationales que sont le Tour de Picardie ou la Classique des Alpes. Enfin, il convient de rappeler qu’ASO détient 49% des parts d’Unipublic, organisateur du Tour d’Espagne.
Que doit-on penser de cette vente ?
J’y vois personnellement du bon et du moins bon. ASO possède des moyens que peu d’organisateurs possèdent. Avec ces moyens, nul doute qu’ASO pourra assurer la pérénité du Critérium du Dauphiné Libéré, voire le développer davantage. Du point de vue de la survie de cette importante épreuve par étape, la passation à ASO n’est donc pas une mauvaise chose. ASO n’a-t-elle pas su faire, au cours des 100 dernières années, du Tour de France une des plus grandes épreuves sportives de la planète ?
Seule inquiétude, celle de la concentration élevée de la propriété des courses cyclistes au sein d’une seule entreprise, qui plus est qui détient des organes de presse. Comment ne pas penser que certaines dérives pourraient survenir, dérives qui ont déjà fait l’objet de rumeurs, notamment celles autour du journal L’Équipe qui aurait fait l’objet de pression de la direction d’ASO pour mettre un bémol sur le traitement du dopage dans le cyclisme. Comment ne pas penser, par exemple, que les équipes ne voudront pas déplaire à ASO à divers égards afin de s’assurer d’une place sur une désormais majorité d’épreuves de prestige du calendrier international ? Comment ne pas penser que désormais, les véritables patrons du cyclisme sont les dirigeants d’ASO et non ceux de l’UCI ?