Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 196 of 351

Comprendre Floyd Landis

Les réactions aux déclarations de Floyd Landis

C’était prévu, les réactions aux déclarations de Floyd Landis ont été musclées aujourd’hui et ne surprendront personne. La seule qui m’apparaît articulée, constructive et digne d’intérêt est celle de l’AMA qui, loin de s’attaquer à la personne de Floyd Landis, déclare plutôt être très inquiète des révélations de Landis et vouloir y donner suite rapidement : "WADA is aware of the serious allegations made by Mr. Landis. We are very interested in learning more about this matter and we will liaise with the United States Anti-Doping Agency (USADA) and any other authorities with appropriate jurisdiction to get to the heart of the issues raised. WADA looks forward to these further investigations and enquiries by those responsible. Generally speaking, WADA encourages everyone with knowledge of banned practices in sport, including athletes who were caught cheating and who denied the evidence for years, to be forthcoming in disclosing the information they may have to the proper authorities. This will further contribute to clean sport and strengthen existing anti-doping programs for the good of clean athletes worldwide." Le ton est posé, responsable et le message est conforme à ce qu’on attend d’une grande institution comme l’AMA.

Michael Barry

Le Canadien Michael Barry est un des cyclistes ayant été nommé par Floyd Landis comme faisant partie des coureurs avec qui il s’est dopé. Pas très surprenant considérant que Barry a été équipier de Landis au sein de l’équipe d’Armstrong. En vérité, pourquoi les coureurs canadiens seraient-ils différents des autres côté dopage ? Quoi qu’il en soit, son équipe actuelle, Sky, affirme, comme toutes les nouvelles équipes, que sa tolérance envers le dopage est zéro et qu’elle convoquera, très bientôt, M. Barry pour entendre ses explications. Si Michael Barry n’a probablement pas grand chose à craindre (il n’aura qu’à nier), sa réputation vient tout de même d’en prendre un coup, du moins à mes yeux. Sympathique, fils d’une famille cycliste à Toronto, c’est dommage que son éthique sportive n’aie pas résisté au milieu.

Comprendre Floyd Landis

Plusieurs personnes se posent une question, une seule, suite aux événements du jour: pourquoi le 20 mai 2010 ? Pourquoi diable Landis a-t-il attendu tout ce temps pour déballer la vérité ?

Personnellement, le timing ne me surprend en rien. Voici pourquoi. La suite est évidemment basée sur quelques hypothèses, je ne suis pas dans la tête de Floyd Landis après tout. Mais le suivi de l’actualité cycliste nous permet toutefois de penser que Floyd Landis a respecté une certaine logique chronologique. Cela va comme suit:

23 juillet 2006

Floyd Landis est au top. LE top. Il vient de rouler en jaune sur les Champs Élysées. Vainqueur du Tour de France. L’épreuve cycliste la plus prestigieuse du monde. Celle qui couronne LE meilleur cycliste du monde. Détail important, Landis est le premier vainqueur du Tour de l’ère post-Armstrong, les… 7 dernières éditions ayant été remportées par le Texan, non sans l’aide de Floyd pour plusieurs d’ailleurs. Bref, Landis est enfin calife à la place du calife. Le cyclisme est à ses pieds. C’est LE champion cycliste parmi tous les champions. Et le cash va enfin rentrer à la pelle. N’est-il pas américain ?

27 juillet 2006

Le monde de Floyd Landis s’écroule: positif à la testostérone. Comment ? Moi positif à la testo ? Ben voyons ! J’utilise le truc depuis 2002 ! Comment est-ce possible ? Jamais je n’ai été pris avant, pourquoi moi et maintenant ? 

Jours suivants

Sous le choc, déstabilisé, au centre d’un tourbillon médiatique que son nouveau statut de vainqueur du Tour lui confère, Landis s’emmêle dans ses explications. Évoque différentes raisons pour laquelle le contrôle est positif. Une erreur, c’est évidemment une erreur. Après quelques gaffes malheureuses, ses avocats lui conseillent évidemment de tout nier en bloc, ce qu’il fait. Pas question de tout balancer pour le vainqueur du Tour, il faut penser aux contrats juteux, à l’équipe, à la saison prochaine, à la gloire et l’adulation du public aussi…

Mois suivants

Landis pense qu’il est intouchable. Ses avocats vont forcément le tirer de ce mauvais pas. Évoquer le vice de procédure, LA méthode pour se sortir de ce merdier. Surtout, il faut continuer à tout nier en bloc, c’est le plus important pendant que les avocats travaillent. Mais le dossier s’enlise. Curieusement, ses appuis s’estompent. Se croyant protégé comme Lance Armstrong l’était (n’est ce pas la prérogative du meilleur coureur du monde, vainqueur du Tour), il commence à déchanter. L’UCI ne le protège en rien. On l’isole. L’Affaire Puerto n’arrange rien car manque de chance, le scandale a éclaté grâce à des enquêtes de journalistes, pas des contrôles positifs. Or, l’image du vélo est mis à mal dans le public. Il faut retrouver une crédibilité au cyclisme, par tous les moyens. L’impératif pour ce faire ? Prouver que les contrôles sont désormais efficaces. Et le seul gros poisson piqué par un contrôle, c’est Landis. Il commence à comprendre que l’UCI se servira de son cas pour gagner la bataille de l’opinion publique et prouver aux yeux du monde que les contrôles sont efficaces et que le travail d’enquête des journalistes n’est plus nécessaire pour débusquer les tricheurs. Et puis, sa défense coûte cher, horriblement cher. Landis découvre qu’il risque fort bien de tout perdre dans l’histoire, lui qui, quelques mois avant, figurait parmi les hommes les plus riches du peloton.

20 septembre 2007

Coup dur, on lui retire son titre de vainqueur du Tour 2006. Ce n’est plus drôle. Mais Landis continue de jouer le jeu du milieu: surtout, ne rien avouer. Tout nier en bloc. Tant qu’il n’a pas épuisé tous ses moyens de laver sa réputation, le seul chemin possible est de nier. Et il reste encore l’appel au TAS…

30 juin 2008

Ruiné, Landis apprend que le TAS rejette son appel. Game over. D’immenses énergies et des sommes d’argent collossales qui n’ont rien donné. Le fond du baril. Landis est épuisé, rongé par des mois d’inquiétudes et de soucis. Son mariage y est passé. Mais Landis a un projet: revenir au cyclisme. Remonter sur le vélo. Dans ce contexte, il faut respecter la règle du milieu et continuer de se taire. Landis adopte alors une nouvelle approche: le mutisme. Ne plus parler de cette histoire, comme pour nier l’existence même du scandale. Refuser toute entrevue. Et pouvoir revenir tranquille. Comme David Millar. Comme Alexandre Vinokourov. Comme Ivan Basso.

30 janvier 2009

Landis peut recourir, ayant purgé ses deux ans de suspension. Après des années d’enfer, petit mieux: l’équipe Ouch-Maxxis l’engage, son nom attire donc encore. Plus encore, il dispute le Tour de Californie 2009. Enfin pouvoir faire la seule chose qu’il sait faire, c’est à dire du vélo. Avec l’espoir, probablement, de se refaire un peu financièrement.

15 février 2009

Landis constate que le peloton n’a pas ralenti et que le retour s’annonce plus ardu que prévu. Le dilemne se pose: comment gagner sans dopage, et comment se doper alors qu’il se sait très surveillé par les instances ?

Fin 2009

Auteur d’une petite saison sans grands résultats mais encore ambitieux, Landis lâche, à la surprise générale, Ouch-Maxxis malgré un contrat pour 2010. Il veut rejoindre une équipe plus importante et disputer des courses en Europe affirme-t-il. À son étonnement, aucune équipe ne se manifeste. C’est la surprise. Pourquoi donc ? Il a purgé sa peine comme les autres. Il comprend que le milieu l’a rejeté définitivement. Il ne comprend pas pourquoi puisque d’autres dopés, Vinokourov en tête, reviennent en toute quiétude dans le peloton européen. En désespoir de cause mais voulant courir en 2010, il signe pour la petite équipe continentale de 3e division, Bahati Foundation. 

Début 2010

Les démons ne le lâchent pas. Il apprend que son équipe, pourtant sélectionnable, n’est pas retenue pour le Tour de Californie, son unique chance de se faire valoir à ce niveau de compétition. Il comprend qu’il est définitivement cramé du sport cycliste. Pire, il est frustré : n’a-t-il pas respecté la règle, celle de ne jamais avouer s’être dopé ? Pourquoi alors le milieu le rejette-t-il ? Que lui reproche-t-on ?

C’est ainsi, je pense, qu’épuisé d’années de tourmente, Landis a décidé, quelque part ce printemps, de tout déballer, n’ayant plus rien à perdre puisque même s’il avait jusqu’ici respecté les règles de l’omerta du milieu, ce dernier l’a quand même rejeté. Il a choisi de tout déballer durant le Tour de Californie, plus importante épreuve cycliste aux États-Unis, ceci afin d’avoir une caisse de résonnance la plus importante possible. Sincère dans sa volonté de se libérer d’années de tourmente, de tourner la page définitivement (je ne serais pas surpris qu’on entende plus jamais parler de Floyd Landis à partir de maintenant), il a tout déballé sachant très bien ce qu’il l’attendait. Cramé pour cramé, autant essayer, une dernière fois, d’être utile à quelque chose, c’est à dire la lutte contre le dopage. Et de couler, oui peut-être par ressentiment, quelques ex-coéquipiers qui n’ont pas joué le jeu en lui donnant une chance de se ré-intégrer au peloton, alors que lui l’a joué le jeu, respectant jusqu’à ce jour la règle de l’omerta, ce qui a d’ailleurs largement servi le milieu dans l’intervalle…

Je persiste à croire qu’il fallait un sacré courage pour agir de la sorte. Je n’ai aucune hésitation à affirmer aujourd’hui que Floyd Landis a remonté dans mon estime au cours des dernières heures. Il faut encourager de toutes nos forces ce genre d’aveux susceptibles de nous faire bien comprendre les coulisses les plus ténébreuses du sport cycliste. C’est bien pour cela que les réactions des McQuaid, Armstrong, Bruyneel et autres sont si scandaleuses. La mesure de leur indignation prouve bien qu’ils ne sont pas tranquilles avec tout ca… 

Landis vide son sac

Un initié proche du milieu du cyclisme m’avait prévenu par courriel: Floyd Landis videra son sac durant le Tour de Californie, écoeuré d’avoir été exclu de l’épreuve en raison de sa réputation sulfureuse, écoeuré aussi de trainer depuis des années le poids de sa conscience. 

J’avais pris l’information très au sérieux, la source étant très crédible. Puis j’ai douté: le silence de Landis allait probablement être acheté.

Et bien non, et Landis a tout déballé à la presse aujourd’hui.

Personnellement, je peux vous affirmer que l’individu vient de remonter sérieusement dans mon estime. Considérant l’omerta du milieu, il faut en effet du courage pour tout déballer de la sorte, qui plus est en donnant des noms et en incriminant de nombreux coureurs encore en activité, dont Lance Armstrong. Lu sur CyclingNews: "He (ndlr: Floyd Landis) claimed to have had lengthy conversations with seven time Tour de France champion Lance Armstrong regarding the evolution of EPO testing that year, before traveling to Armstrong’s house in 2003 to collect his first sample of EPO." Ou encore "I was instructed to go to Lance’s place by Johan Bruyneel and get some EPO from him (ndlr: Lance Armstrong). It was Eprex by brand and it came in six pre measured syringes. I used it intravenously for several weeks before the next blood draw and had no problems with the tests during the Vuelta.

Landis épingle aussi son directeur sportif au passage, Johan Bruyneel, affirmant que c’est à l’US Postal qu’il s’est initié au dopage sanguin, pouvant investir jusque 90,000$ par an dans ses produits et protocoles. Encore sur CyclingNews: "Landis claims in the e-mail to Johnson to have been introduced to testosterone by Johan Bruyneel while riding for US Postal in June, 2002." La liste des produits ou protocoles utilisés par Landis est par ailleurs élaborée, EPO, hormones de croissance, stéroides, testostérone, insuline, hormones féminines, transfusions sanguines, etc. En fait, cet article du journal Le Monde doit être lu puisque Landis y rapporte également le nouvel eldorado du dopage, les transfusions sanguines, rendues nécessaires à la fois par les contrôles en place mais aussi par le passeport biologique.

Alors, doit-on se surprendre du contenu des aveux de Landis ?

Bien sûr que non ! Comme dans le cas Jeanson, je n’ai jamais personnellement douté qu’il se dopait copieusement et qu’il mentait donc à tout le monde et, plus grave, à lui-même en le niant. On pourra au passage réfléchir un peu sur la pertinence de faire venir M. Landis aux Mardis cyclistes de Lachine l’an dernier. M. Rossi a vendu le truc comme un moyen de promouvoir son épreuve par la venue d’un "invité de marque" ; il l’avait à mes yeux dévalué et nous en avons la preuve hors de tout doute aujourd’hui.

Fait intéressant, le dopage évoqué par Landis est un dopage des années 2000, soit bien après l’Affaire Festina et les folles années du dopage-à-tout-va des années 1990. Vous trouvez que la lutte contre le dopage progresse, vous ?

La suite maintenant ? Elle est évidente: le milieu va tenter par tous les moyens de dénigrer Landis et de gagner la bataille de l’opinion publique. Armstrong et Bruyneel, en particulier, vont sortir les gros moyens pour miner sa crédibilité. On risque d’entendre des trucs du genre "Landis ment, il veut se venger" ou "Landis est frustré d’avoir été exclu de la Californie, donc se venge" ou encore "nous sommes les athlètes les plus testés au monde, si Landis disait la vérité, pourquoi sommes nous clean aux contrôles et au passeport biologique" ? On évoquera le timing des aveux de Landis pour prouver sa recherche d’une vengeance, alors que l’explication est ailleurs: tant qu’à choisir cette voie, Landis a voulu avoir le maximum d’impact, donc il fallait agir au moment ou on parle cyclisme aux États-Unis. J’aurais fait pareil. Chose certaine, on essaiera d’isoler au maximum le cas Landis en affirmant que l’individu a agi seul en se dopant.

En ce qui me concerne, il est évident que Landis dit la vérité. Notamment parce que lavé financièrement et au niveau de sa réputation, il n’a tout simplement rien à perdre, son mariage y étant aussi passé depuis.

Enfin, le plus grave dans tout ca ? C’est que Landis affirme avoir envoyé, au cours des dernières semaines, des missives aux instances dirigeantes du sport, UCI et Fédé américaine en premier lieu, pour déballer son sac et donner des noms de personnes dont il savait qu’ils se dopaient. Réaction des instances à ce jour : niet. L’UCI n’a même pas cherché à rencontrer Landis simplement pour écouter ce qu’il avait à dire !!! Pire encore, Landis allègue que l’UCI et Johan Bruyneel avaient conclu des accords financiers pour protéger les coureurs de l’équipe en cas de contrôle positif: "Landis also claims in the e-mail that Armstrong had told him Bruyneel met with the International Cycling Union to ensure details of a positive test remained confidential due to a “financial agreement”."

Je vous laisse mesurer la gravité de ces allégations.

Chose certaine, une Fédération internationale qui a une colonne vertébrale n’accepterait jamais que des types comme Bjarne Riis ou Johan Bruyneel s’approche même de loin d’un cadet sur un vélo, encore moins d’être à la tête des équipes cyclistes les plus puissantes du monde.

Bref, la mascarade (terme aussi employé par Landis pour décrire la lutte anti-dopage de l’UCI…) continue de plus belle, et l’UCI a atteint son objectif avec ses campagnes de relations publiques: les fans de cyclisme sont rassurés puisqu’ils pensent que les contrôles sont désormais efficaces. Le sport en toute impunité peut reprendre et on gère les crises au coup par coup. Ceux qui disent vrai, hier Pierre Bordry et aujourd’hui Floyd Landis, sont ceux qu’on cloue au pilori, et les véritables tricheurs de ce sport continue d’être des rock-stars avec la bénédiction de Pat McQuaid, qui a gagné ses élections. Et je vous rappelle que Valverde vient de gagner le Tour de Romandie…

Je suis une fois de plus dégouté de ce cyclisme que j’aime pourtant autant. On verra si les réactions, dans les prochaines heures, aux déclarations de Landis seront matures et sources d’espoir ou, au contraire, une preuve additionnelle du peu de cervelle des principaux acteurs – cyclistes pro eux-mêmes, directeurs sportifs, dirigeants – du cyclisme.

Et bravo M. Landis de votre courage, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Vous n’avez probablement que faire de mes félicitations et de mon estime, comme de celle de miliers de passionnés de cyclisme qui jettent un regard éclairé sur ce sport. Et vous avez raison: votre victoire est toute personnelle aujourd’hui et je suis heureux que vous puissiez de nouveau vous regarder dans un miroir le matin.

L’article original publié par le Wall Street Journal est ici.

Intéressant article dans The Science of Sport sur les réactions probables aux aveux de Landis. "Let us not pull any punches here – Pat McQuaid is as much part of cycling’s problem as Armstrong, Bruyneel and others are alleged to be.  As the highest ranking person in the sport, his response should surely be to investigate the allegations, regardless of their source, and then to make an extreme statement afterwards.  If the allegations are true, then he must act, and act very, very seriously.  If they are shown to be false, then he must act to condemn the slander and to defend the image of the sport."

Les brèves du milieu de semaine

1 – Un nouveau site présentant les épreuves ProTour du Québec en septembre prochain vient d’être lancé. Très bien fait. Check it out !

2 – J’en ai plein le cul pour eux: le Québec présente presque une dizaine de cyclistes – des athlètes de très haut niveau – au Tour de Californie, certains font même des places dans les 10 premiers des étapes, ce qui à ce niveau de compétition n’est pas négligeable, et les journaux du Québec n’en font même pas mention ! Dans le cahier sport de La Presse avant-hier, niet, rien, pas même une ligne… Fait chier, tout de même… Perso, j’en ai rien à foutre que les Orioles de Baltimore aie battu les Royals de Kansas City ! Ca en dit long sur la culture cycliste en présence au Québec. Pourtant, le nombre de pratiquants n’a jamais été aussi élevé.

3 – Étape intéressante au Giro aujourd’hui puisque disputée sous un déluge (faut voir la tronche de Cadel Evans à l’arrivée…) et qui, au final, a chamboulé passablement le classement général. Une échappée importante s’est développée, avec quelques coureurs dangereux notamment Sastre et Wiggins, et cette échappée est allée au bout, se présentant sur la ligne avec… plus de 12 minutes d’avance sur le gros du peloton. Du coup, Vinokourov a perdu son maillot rose, c’est désormais la recrue CSC Richie Porte qui le porte (jeu de mots vaseux ici). Sastre et Wiggins se sont replacés au général, tout comme Moncoutié, Millar et Pozzovivo. Sastre, en particulier, a désormais un bon coup à jouer pour le général, disposant de presque 3 minutes d’avance sur le quatuor Vinokourov-Evans-Nibali-Basso. Attention aussi à David Arroyo, pas vraiment un manche considérant que la dernière semaine du Giro sera très montagneuse.

4 – C’est arrivé au sprint aujourd’hui sur le Tour de Californie et c’est l’Italien Chichi chez Liquigas qui a servi la leçon à tout le monde, devançant Haedo et… Cavendish. Au général, Zabriskie est toujours leader et s’il peut tenir dans l’étape de vendredi, c’est jouable pour lui car il aura le clm de samedi pour assurer.

Le vélo de M. Chichi est ici, la peinture vaut le détour. On aime ou on aime pas. J’aime pas.

5 – Découvrez le bus de l’équipe RadioShack avec Lance Armstrong comme guide touristique

6 – Il a une bouille sympathique, ce Richie Porte, maillot rose du Giro.

7 – En 1988, j’aurai tué pour rouler sur ce vélo. Je me contentais alors d’un Miele Cromoly monté en Shimano 105 et pédalier BioPace, ne me demandez pas pourquoi. Aucune photo ne sera également publiée, même si elles existent.

8 – Sorti du travail à 18h pour de bonnes raisons, j’ai manqué ce soir le Tour du silence de Gatineau. La participation aux événements dans les diverses villes du Québec est annoncée excellente. Voilà une source de satisfaction, la voix des cyclistes, quels qu’ils soient, est ainsi mieux entendue de toute la population. Ha oui ! Madame la journaliste, on n’utilise habituellement pas le mot "excursion" pour décrire un tel événement. Rassemblement cycliste, sortie cycliste, randonnée cycliste à la rigueur auraient été préférables. Le mot "excursion" évoque la lenteur de la découverte voire le sous-bois. Une majorité de cyclistes est bien loin de cela et le but du Tour du silence était justement de rappeler aux automobilistes que la route, ca se partage aussi avec les cyclistes qui y sont nombreux. Ha oui, by the way, pas besoin non plus, lors d’un compte-rendu de course, de donner le temps à la seconde près du vainqueur de l’épreuve. Le temps, en cyclisme sur route, on s’en fout, sauf dans les contre-la-montre. L’important, c’est de passer le fil d’arrivée le premier. 

9 – Prise de sang programmée pour jeudi prochain. L’occasion de vérifier certains paramètres sanguins à un mois d’un gros objectif. La question qui tue: et si mon hématocrite était effondré, je fais quoi ? Autre détail, ca sera finalement les Shamal Ultra sur la Marmotte, les Bora resteront au Québec. Pour quelques grammes de plus… merci à tous de vos commentaires sur ce sujet. 

10 – Un lecteur, européen probablement, serait-il au courant de ce qu’il advient des pédales Time IClick ? Time devait rapidement régler un problème de grande fragilité des cales. C’est fait ?

Le Tour du silence – édition Gatineau

Le décès de plusieurs cyclistes sur les routes du Québec le week-end dernier, dont un dans la région d’Ottawa-Gatineau, a donné au Tour du silence une raisonnance un peu particulière cette année. 

Rappelons que le Tour du silence, dont la toute première édition remonte à Dallas en 2003, se veut une manifestation cycliste dans de nombreuses villes du monde entier afin de commémorer les cyclistes décédés ou blessés sur les routes. À Gatineau, un Tour du silence est organisé depuis 2006.

Cette année, le Tour du silence s’élancera demain mercredi 19 mai à 18h30 de la Maison du citoyen de Gatineau. Le peloton cycliste pourra rouler sur un circuit urbain d’une vingtaine de kms, en passant par les rues Montcalm, St-Joseph, Berri et Taché. Le peloton roulera à faible allure (20km/h) et en silence, en pensant notamment aux victimes du terrible accident de Kanata le 19 juillet 2009 ainsi qu’à celui de la route 112 vendredi dernier. Tous deux avaient fait plusieurs morts du côté des cyclistes.

Plus encore, l’événement permettra de sensibiliser davantage la population à la cause des cyclistes et du nécessaire partage de la route. 

La Flamme Rouge y sera très probablement et invite tous les cyclistes de la région d’Ottawa-Gatineau de ne pas manquer l’occasion de poser un geste concret pour l’amélioration de la sécurité routière de tous les cyclistes. 

Tous les détails de l’événement sont disponibles ici.

Solidaire dans le drame

De retour d’un camp d’entrainement de plusieurs jours à Lake Placid, La Flamme Rouge reprend le service normal.

Ce soir, le service sera toutefois maintenu anormal. Comment en effet de pas dire un mot sur l’effroyable drame survenu vendredi dernier sur la route 112, entre Montréal et Granby, une route que j’emprunte moi-même régulièrement lors de mes Montréal-Sherbrooke ?

Le Giro, le Tour de Californie et les autres actualités cyclistes pourront attendre. 

J’ai appris la nouvelle au camp, à Lake Placid. Nos entraineurs, Pierre Lemay et André Breton de Performance de Pointe, étaient sous le choc, deux des personnes décédées ayant récemment séjourné à leur camp d’entrainement à Cuba. Habituellement en contrôle de ses émotions, Pierre lâchera cette phrase témoignant de son affliction : "je commence à en avoir plein le cul, c’est au moins le 8e décès de cyclistes proches de moi au cours des 10 dernières années…".

Quoi qu’il en soit, en reprenant ce soir le fil de l’actualité, j’ai un peu l’impression que tout a déjà été dit sur le drame. Inutile d’en rajouter. Mais je tiens à écrire ces quelques lignes en solidarité envers la communauté cycliste du Québec, durement éprouvée au cours du week-end avec pas moins de quatre morts sur les routes.

J’ai apprécié le communiqué plein de bon sens émis par la Fédération

J’ai apprécié le papier de Foglia, pas inutile notamment pour expliquer à matante pourquoi un cycliste ne peut utiliser les pistes cyclables. Effectivement, parce qu’elle y est.

J’ai apprécié l’intervention de Jean-Marie de Koninck, un homme qui jouit d’une crédibilité énorme au sein de la population québécoise quant aux enjeux reliés à la sécurité routière. Si j’ai souvent trouvé ses propos réducteurs au cours des dernières années, la vitesse comme mère de tous les maux m’apparaissant un raisonnement un peu facile, son récent discours prêchant pour un plein partage de la route entre automobilistes et cyclistes est particulièrement sensé.

Alors, que dire de plus ? Peut-être une chose: vous, amis cyclistes, qui que vous soyez, ou que vous soyez mais qui lisez ces lignes, soyez prudents sur la route. Les drames peuvent survenir. Parfois, comme ce week-end, ils surviennent alors que les cyclistes observaient un comportement exemplaire. La fatalité, il faut croire. Cependant, il convient de rappeler que les automobilistes n’ont parfois pas tous les torts. Roulez intelligemment. Ne prenez pas de risques simplement pour vous accrocher à une roue, à l’entrainement, alors que ca bordure. Ne prenez pas pour idoles tous ces connards qui gagnent peut-être parfois des courses, mais en transgressant les règles les plus élémentaires de sécurité, notamment l’interdiction pourtant formelle des officiels de la course de dépasser la ligne jaune au centre de la route lors des compétitions. Ils sont peut-être applaudis à l’arrivée. Les officiels sont peut-être mous à les disqualifier comme ils avaient pourtant promis de le faire sur la ligne de départ. Mais vous avez votre conscience pour vous. Et votre famille à retrouver le soir. Elle compte sur vous. Sur votre intelligence, votre conscience d’autrui et de vous-même. 

J’adresse toutes mes sympathies aux familles éprouvées ce soir et j’invite tous les cyclistes qui peuvent prendre part au Tour du silence de le faire sans hésitation

Nibali en rose !

Nouvelle étape, nouveau maillot rose en Vicenzo Nibali, le coureur de chez Liquigas. Nibali s’est emparé de la précieuse tunique au terme d’un effort collectif dans le clm par équipe. Les écarts étant de plusieurs secondes, Nibali pourrait donc garder le maillot rose plusieurs jours maintenant, au moins jusque l’étape du Monte Terminillo dimanche prochain.

Je sais pas vous mais moi j’ai trouvé cette photo magnifique et qui résume bien le jour. Je l’ai pris sur le site PezCycling.

Mais qui est donc Richie Porte ?

Avant le récent Tour de Romandie, je vous avoue que je n’avais jamais entendu parler de lui. Vainqueur de la 3e étape contre-la-montre, Richie Porte s’est fait un nom dans le cyclisme ce jour-là, épinglant Valverde, Rogers et Menchov excusez-un-peu. 

Porte, qui court chez Bjarne Riis et Saxo Bank, vient de nouveau de s’illustrer en terminant 6e de la première étape du Giro. Du coup, il pointe actuellement à quelques centièmes de seconde du maillot rose actuellement porté par Vinokourov, la position sur les étapes 1 et 2 les ayant départagé. Il a donc une réelle chance de se couvrir de rose demain voire dans les prochains jours, Vinokourov jouant le général et ne voulant donc probablement pas garder la tunique trop longtemps en ce début de Giro.

Alors, qui est ce Richie Porte ?

C’est un coureur australien qui nous vient du triathlon. Après s’être distingué sur route chez lui en Australie en 2008, c’est sur les routes d’Italie, alors qu’il courait pour une équipe de pointe amateur italienne, qu’il a attiré l’attention l’an dernier, surtout en fait sur le Baby Giro ou il a pris la 14e place du classement général, non sans avoir remporté la 4e étape contre-la-montre devant le champion du monde de la spécialité, Adriano Malori. C’est comme cela que Riis l’a recruté chez Saxo Bank, une bonne opération de toute évidence. Selon Riis, une des principales qualités de Porte serait un excellent tempérament de vainqueur. 

Agé de 25 ans, Porte dispute sur le Giro son premier grand tour. Il sera intéressant de voir comment il pourra encaisser les trois semaines de course et dans quel état il terminera la course. Le contre-la-montre de Vérone, le dernier jour, sera révélateur de son état de fraicheur… s’il se rend jusque là !

3e étape du Giro: il fallait des couilles dans le final !

Et bien, on peut dire que chaque jour apporte son lot de surprises sur le Giro ! Trois jours seulement, déjà trois leaders différents parmi les favoris de la course: Wiggins d’abord, Evans ensuite, et maintenant… Vinokourov ! L’Américain Vande Velde a pour sa part été forcé à l’abandon, victime d’une fracture de la clavicule suite à une chute. Elles furent d’ailleurs encore nombreuses aujourd’hui.

Vinokourov s’installe donc en tête du classement général, ayant pu se maintenir dans le premier groupe qui s’est dégagé sur une chute et qui a relégué les Evans, Wiggins et autres derrière. Nibali et Basso ont cependant bien manoeuvré et terminé avec le groupe Vinokourov, préservant leurs chances pour le général. 

Chose certaine, l’étape aura couté cher à Evans qui se retrouve désormais à… 43 secondes de Vino. C’est beaucoup, si tôt dans la course. Nibali est à 5 petites secondes, mine de rien il répond présent et sera possiblement un réel danger pour le Kazakh plus tard dans la course puisqu’il grimpe bien. 

D’autres dégâts déjà importants: Sastre pointe à… 1min40 de Vino, Cunego à 2min07, Wiggins à 4min28 et Simoni à 9min 24 ! C’est quasiment déjà course terminé pour les deux derniers.

L’étape du jour est revenue à Wouter Weylandt de chez Quick Step dans un final qui vaut la peine d’être regardé. Ca tournait, ca frottait très fort à quelques hectomètres de la ligne, c’est passé au millimètre, bref, il fallait des couilles pour garder sa place devant aujourd’hui dans le final. Impressionnant.

Et en petit complément, d’autres reportages photo très intéressants sur le matos utilisé sur ce Giro. Vous avez ici quelques peintures "custom" vues sur certains vélos et ici d’autres équipements de pointe utilisés sur les vélos de chrono.

Un début de Giro nerveux

Ca y est, le Giro est parti samedi d’Amsterdam. C’est Bradley Wiggins qui s’est imposé dans le prologue d’un peu plus de 8 kms, fort de son expérience dans ce genre d’effort court et intense, notamment dans les poursuites sur piste. Cadel Evans, Alexandre Vinokourov et Vicenzo Nibali auront aussi réussi leur prologue, envoyant le message qu’il faudra probablement compter sur eux pour le général. À noter la 17e place du Canadien Svein Tuft qui semble revenir en forme tout doucement. Enfin, à ne pas manquer cet excellent reportage photo d’ambiance comme seul Pez Cycling savent les faire.

La 1ere étape aujourd’hui a été ponctuée de nombreuses chutes, comme c’est souvent le cas sur la première étape d’un grand tour, les coureurs étant nerveux. C’est d’ailleurs une chute dans les derniers kms, sa deuxième du jour, qui a couté le maillot rose à Wiggins. Cadel Evans se retrouve donc en rose ce soir, presque sans le vouloir. À mon avis, il ne défendra pas la tunique rose dans les prochains jours, ayant des ambitions au général. C’est trop tôt pour assumer le poids de la course. La victoire est revenue au sprinter américain Tyler Farrar, une belle victoire compte tenu qu’il a battu une belle brochette de sprinters confirmés, c’est à dire les Petacchi, Greipel, Brown et McEwen. 

Par ailleurs, il ne faut pas manquer la chance de jeter un oeil sur le Pinarello chrono de Bradley Wiggins, une magnifique machine au sommet du modernisme. Le poste de pilotage est particulièrement intéressant. Remarquez que les vélos chrono BMC de l’équipe de Cadel Evans ne sont pas mal non plus.

D’autres nouvelles

1 – Froid de canard, pluie voire neige ce week-end au Québec. Je ne suis pas sorti dehors (fête des mères oblige), me contentant d’une bonne séance de home-trainer en simulant la montée d’un col. Chapeau à Charly Vives, gagnant du GP de Granby chrono grâce à une belle performance, à plus de… 48 de moyenne. Il devance ainsi Hugo Houle et David Veilleux, deux autres excellents coureurs. 

2 – Pour ceux voulant jeter un oeil au nouveau Colnago C59 ainsi qu’aux nouvelles roues ZIPP 404 à pneus, mais version full carbon.

3 – Lu aujourd’hui sur Cyclismag : il existerait plus de 80 sortes d’EPO ! Aie aie aie… 

La Flamme Rouge hacké

Vous avez été nombreux à me signaler la présence de virus ou de chevaux de troie au cours des derniers jours. Vous aviez raison. La Flamme Rouge a été victime d’une attaque de hackers, comme beaucoup d’autres sites utilisant WordPress comme plate-forme d’édition. Le problème n’était donc pas isolé à La Flamme Rouge mais a bien touché un grand nombre de sites WordPress diffusés à partir de serveurs partagés.

Je vous présente mes excuses pour les désagréments encourus. Croyez-bien que cette situation était bien involontaire. Dès les premiers signaux d’alerte, mon webmestre et moi avons entrepris des mesures pour endiguer le problème.

Je remercie tous ceux qui ont pris le temps de m’alerter et je vous invite évidemment à ne pas hésiter à recommencer si vous avez des soupçons quant à la présence de virus sur LFR. 

Qui gagnera le Giro ?

C’est un Tour d’Italie pas facile qui débutera samedi d’Amsterdam aux Pays-Bas et qui se concluera le 30 mai prochain à Verone. La dernière semaine, en particulier, s’annonce corsée avec le Zoncolan (15e étape), le Plan de Corones chrono (16e étape), le Mortirolo (19e étape) et le Gavia (20e étape).

Qui, dans ce contexte, pour s’imposer cette année ?

Rappelons d’abord que les trois derniers vainqueurs ne seront pas au départ, Menchov focussant sur le Tour, Contador ayant laissé le leadership d’Astana à Vinokourov pour l’occasion et DiLuca ayant des problèmes de posologie… 

Par contre, on compte au départ pas moins de quatre anciens vainqueurs, soit Garzelli (2000), Simoni (2001 et 2003), Cunego (2004) et Basso (2006).

La liste réelle des favoris n’est pas très longue selon moi: on parle ici de Cadel Evans, de Carlos Sastre, d’Ivan Basso, de Damiano Cunego, de Vicenzo Nibali, de Bradley Wiggins et d’Alexandre Vinokourov. Garzelli et Simoni, vieillissants, ont déjà annoncé que le général n’était pas une priorité pour eux.

Pour moi, la lutte devrait se résumer à un duel à trois, soit Vinokourov – Evans – Wiggins. Et pour moi, le favori no1 est Vinokourov, même si les deux premiers ont récemment brillé sur les Ardennaises (Evans a remporté la Flèche Wallonne et Vinokourov la Doyenne). Pourquoi ? Parce qu’il dispose d’une meilleure équipe que les deux autres pour encaisser les trois semaines de course. Evans sera très probablement sur le podium à Verone mais je le vois plutôt 2e que premier…

Les deux outsiders sont pour moi Wiggins et Nibali. Tous deux auteurs d’un excellent Tour de France 2009, on est cependant dans l’inconnu quant à leurs capacités de remporter un grand tour cette année de même que quant à leur condition physique actuelle. Attention tout de même à eux, surtout Nibali je pense puisqu’il est italien. Le profil montagneux de la dernière semaine devrait taxer un peu trop Wiggins.

L’inconnu est Sastre. Le vainqueur du Tour 2008 a-t-il retrouvé la motivation nécessaire ? Il semble en tout cas plus serein cette année que l’an dernier. Il n’a cependant pas trop brillé récemment sur les courses auxquelles il a participé.

Je ne crois ni dans Basso, ni dans Cunego pour la course au maillot rose. Ils ont déjà montré leurs limites et une place sur le podium à Verone serait déjà tout un exploit dans leur cas.

Réponse très bientôt !

À noter en terminant que deux Canadiens sont de la fête, soit Svein Tuft chez Garmin ainsi que Michael Barry chez Sky, comme équipier de Wiggins. Barry a une réelle chance de remporter une étape selon moi. Il en a en tout cas les moyens.

L’entrainement en force à la mode ?

Question entrainement, tout a été dit, ou presque. C’est pas compliqué : un peu d’endurance, un peu d’intervalles courts, un peu d’intervalles longs et c’est tout bon. Le plus difficile est peut-être de gérer la récupération mais si on se connaît bien et qu’on écoute son corps, ca se passe habituellement bien.

Ceci étant, une forme d’entrainement semble à la mode chez les coureurs pros: l’entrainement en force-résistance. C’est Cadel Evans qui en serait un adepte, sur les conseils de son entraineur Sassi. 

Là encore, la recette n’est pas compliquée: vous prenez une bonne bosse, plutôt longue, que vous montez assis sur un gros développement, genre 53-14 pour les pros (donc 53-17 pour nous), en maintenant une cadence d’environ 30 à 50 RPM, pas plus. Si le braquet est assez important, l’effort musculaire provoque une élévation du rythme cardiaque qui se stabilise habituellement à un seuil juste en dessous de celui que vous adoptez pour des efforts de type contre-la-montre.

L’avantage de ce type d’entrainement ? Selon Evans, la force brute serait un paramètre important de la réussite cycliste. Un cycliste avec beaucoup de force peut ainsi travailler, en course, avec des braquets plus importants et donc un rythme cardiaque moins élevé. En gros, c’est la méthode Jan Ullrich revisitée. On est à l’opposé de la moulinette façon Armstrong du milieu des années 2000. 

On notera en effet que la tendance actuelle dans le peloton pro serait d’amener du braquet en puissance. Cancellara est un exemple probablement. Evans aussi. Armstrong a également réduit sa cadence me semble-t-il et travaille davantage en force. Tous ces coureurs semblent aussi avoir modifié leur position en conséquence, étant globalement assis un peu plus bas sur la selle qu’auparavant. Ce n’est évidemment qu’une impression mais chez Evans, ca semble plus évident.

Mon avis ? Comme dans tout, c’est la modération qui l’emporte. Ce genre de séance est effectivement efficace pour améliorer la force, donc la capacité à emmener de la braquasse. Comme l’entrainement se fait à des fréquences cardiaques assez élevées, il est aussi bénéfique pour la condition cardio-vasculaire. Enfin, l’entrainement permet de travailler à des niveaux de force musculaire qui sont souvent sollicités en course. Je pratique moi-même ce genre d’entrainement régulièrement, mais il convient de ne pas en abuser, sous peine de se détruire les genoux, les tendons et les articulations, très sollicitées dans ce genre de truc.

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