Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 132 of 352

Giro: le bilan

Voici ce qu’il faudra retenir du récent Giro d’Italia selon moi.

Nibali en patron

Vicenzo Nibali, le requin de Messine, a dominé ce Giro de la tête et des épaules: personne n’a pu le mettre en danger ne serait-ce que sur quelques kilomètres. Impérial, il n’a montré aucun signe de faiblesse pendant les trois semaines de la course, dominant tous ses adversaires dans une aisance affichée, voire insolente. Nibali est probablement entré dans une autre dimension sur ce Giro, une dimension qu’il devra désormais confirmer sur le Tour de France en… 2014. Car jusqu’ici, la suite de sa saison devrait l’amener sur la Vuelta, qu’il a déjà remporté en 2010, puis sur les Mondiaux de Florence.

Uran, l’ambition

Le Colombien Uran chez Sky termine 2e de ce Giro, preuve que Wiggins et Froome possèdent avec lui un solide équipier qu’on a d’ailleurs beaucoup vu depuis 2 ans à les aider dans les cols. Uran pourrait toutefois quitter la Sky l’an prochain pour rejoindre la formation OmegaPharma-Quick Step, qui se cherche toujours un leader pour les grands tours.

Chose certaine, avec la 5e place de Betancur et la 16e place d’Henao, le renouveau du cyclisme colombien est bel et bien confirmé!

Evans, la régularité

Toujours présent, toujours dans le coup, rarement vainqueur, l’histoire se répète pour Cadel Evans qui fait un beau Giro, mais sans vague. L’avez-vous vu une seule fois à l’attaque vous?

L’invité surprise

Sans conteste, la météo. Je ne me souviens pas d’une édition aussi mauvaise au niveau de la température. Il a plu sur une majorité d’étapes, et le froid ainsi que, parfois, la neige, a exigé des organisateurs le ré-aménagement de pas moins de… 4 étapes de montagne. Ce fut donc un Giro très éprouvant pour les coureurs et ce sera intéressant de voir la suite de leur saison: pourront-ils récupérer pour retrouver un autre pic de forme? Rappelons-nous Contador en 2011, sans punch sur le Tour après avoir remporté le Giro. Il sera intéressant de voir si deux grands tours dans la saison demeure possible quant on veut lutter pour une place sur le podium: Cadel Evans sera celui nous permettant d’être informé à ce sujet.

Cavendish, meilleur sprinter de l’histoire?

Cavendish quitte ce Giro avec cinq victoires d’étape excusez-un-peu, ainsi que le maillot de meilleur sprinter. Au total, cela lui fait 15 victoires d’étape sur le Giro en plus de ses 23 victoires d’étape sur le Tour et de ses 3 sur le Tour d’Espagne. Ajoutez à cela un titre de champion du monde, plusieurs classiques et vous avez là très probablement le… meilleur sprinter de l’histoire du cyclisme, devant Erik Zabel.

Majka, la naissance

Outre Wilco Kelderman, qui termine ce Giro à une belle 17e place, la révélation de l’épreuve est le jeune coureur polonais Rafal Majka chez Saxo Bank, 23 ans et 7e à un peu plus de 8min de Nibali. Quelle performance! Passé pro en 2011 après avoir été remarqué à l’entrainement par Bjarne Riis alors qu’il avait été le seul de l’équipe à pouvoir accompagner Contador dans une ascension, ce jeune coureur, très bon grimpeur, a un sacré avenir devant lui.

Rollin, solide

Trois Canadiens ont terminé ce Giro, soit Dominique Rollin (FDJ) en 75e place, Christian Meier (GreenEdge) en 143e place et Svein Tuft (GreenEdge) en 154e place. On retiendra surtout la 75e place de Rollin sur un Giro très difficile, une place qui prouve toute la solidité de ce coureur désormais rompu aux grands tours. Avec le temps et malgré un faible nombre de victoires, Rollin se développe une réputation d’équipier modèle, un peu à la Jens Voigt.

Axel Merckx et l’équipe Bontrager

C’est le bordel sur le Giro

Cette édition du Giro avait déjà été compliquée, surtout en raison du mauvais temps persistant et ayant amené les organisateurs à modifier à la toute dernière minute le parcours de plusieurs étapes, dont celle du Galibier.

Mais là, on peut dire que c’est vraiment le bordel sur le Giro.

D’une part, il y a ce contrôle positif à l’EPO d’un multi-récidiviste, Danilo Di Luca de l’équipe Vini Fantini. DiLuca aurait été piqué suite à un contrôle hors compétition juste avant le Giro.

Rappelons que DiLuca a terminé hier 10e du chrono, une place un peu surprenante compte tenu de son manque de compétition ces derniers mois, et que ce chrono arrive en fin de Giro.

Classique et désespérant dans le cyclisme, tout le monde joue une fois de plus la carte de la surprise et tout le monde se dissocie évidemment de DiLuca, en premier lieu son équipe qui l’a immédiatement congédié et demandé de quitter le Giro. Son directeur sportif, Luca Scinto, l’a même traité de « crétin ».

N’empêche, Scinto devait se réjouir de voir DiLuca à l’attaque sur plusieurs étapes ces derniers jours, offrant ainsi une belle pub à son équipe. Et rappelons ici que l’équipe compte aussi un autre ex-dopé dans ses rangs, Stefano Garzelli qui lui demeurera sur la course.

Et les faits nous montrent également que cette petite équipe Vini Fantini a été beaucoup vue devant sur ce Giro, ce qui ne manquait pas de m’étonner un peu. Ne parlons pas de Mauro Santambrogio, qui atomise contre toute attente depuis quelques semaines et le Giro del Trentino, mais des surprenants Matteo Rabotini, Alessandro Proni ou encore Fabio Taborre, tous sortis de (presque) nulle part.

C’est également le bordel sur le Giro puisque l’étape d’aujourd’hui a été carrément annulée en raison d’une météo trop difficile, la neige étant présente sur une bonne partie du parcours.

Si je salue la décision des organisateurs qui témoigne de leur intérêt à d’abord assurer la sécurité et la santé des coureurs, je regrette l’absence de plan B pouvant être rapidement mis en place. La mauvaise météo était annoncée depuis plusieurs jours… et il faudra peut-être désormais s’assurer d’un plan B, n’étant pas rare que la météo soit capricieuse en mai sur la course.

L’étape de demain serait également à risque, la mauvaise météo se prolongeant dans le nord de l’Italie. Espérons qu’un plan B sera mis en place rapidement, sinon autant couronner Nibali tout de suite!

Le sommet du Stelvio aujourd’hui.

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Défier la pluie en cyclisme

Depuis quelques semaines déjà, la météo en Europe fait des caprices, avec beaucoup de pluie et de fraicheur. Les images récentes du Giro ont prouvé que le temps est actuellement difficile sur l’Europe, et d’autres conditions climatiques humides et fraiches sont attendues pour les dernières étapes dans le nord de l’Italie. Les organisateurs du Giro auront possiblement à modifier une nouvelle fois le tracé des étapes.

Au Québec, les conditions météo difficiles sont choses du commun, en particulier au printemps ou à l’automne.

D’où la question: comment s’équiper contre la pluie (je ne parle pas du froid ici, bien que les deux soient souvent associés) lorsqu’on est coureur cycliste? Et là, je ne parle pas du commun des mortels qui se rend au travail à vélo et qui, s’il pleut, peut se permettre de multiplier les couches, voire les vêtements encombrants non spécifiques au cyclisme comme les imperméables.

En course, c’est beaucoup moins évident puisqu’il faut aussi pouvoir respirer, être confortable et libre de ses mouvements.

La solution?

Certains préconisent les mêmes vêtements que par temps sec puisque selon eux, il n’y a rien à faire contre la pluie qui s’infiltrera tôt ou tard jusque dans les moindres recoins de notre anatomie. Ceux-là sont de véritables « flahutes » et possèdent une solide constitution pour rouler dans l’humidité des heures.

Je ne suis pas de ceux là!

Voici donc mes petits trucs pour affronter les temps humides lorsqu’on n’a pas le choix, notamment sur une course par étape.

En cas de risques de pluie, je pars toujours avec une veste Sportful Hot Pack Ultralite dans la poche du maillot. Technique, légère, à l’épreuve du vent et de la pluie pendant un bon moment, pliable dans un petit sac attaché à la veste et qui se glisse dans la poche arrière du maillot, cette veste m’a réchauffé plusieurs fois ces dernières années. Pour les temps plus chauds, voire les ascensions en altitude comme sur Whiteface ou dans les Alpes, la version sans manche est également un must à avoir avec soi. (à noter que la gamme ‘no rain’ de Sportful possède également des manchettes et jambières pouvant être pratiques l’été en cas de pluie).

Pour les gros temps, une seule solution: la veste Sportful Survival, faite en Gore-Tex. La veste parfaite, totalement imperméable mais respirante, et qui présente un rabat amovible à l’arrière afin de nous protéger les fesses des projections mouillées de la roue arrière. Elle est cependant à prévoir lorsqu’il fait un peu plus froid. Dans le même style, la Assos FuguJack demeure un must de technicité, avec cagoule intégrée, mais elle n’est pas imperméable…

Pour les extrémités, mon choix porte d’abord sur les produits SealSkinz, et notamment ces chaussettes Thin Ankle Lenght Sock, totalement imperméables et qui vous garde donc les pieds au sec. Ces chaussettes sont assez minces pour ne pas trop vous engoncer dans vos chaussures de vélo. Ajoutez par dessus les Sportful Wet Lite Booties, question de ne pas avoir trop chaud, et vous êtes bons pour affronter l’humidité un moment tout en ayant les pieds au sec. Évidemment, on peut aussi se  procurer les Assos Rain Booties, très efficaces, mais aussi beaucoup plus chères, comme la plupart des produits Assos (mais la qualité est définitivement au rendez-vous).

Pour les mains, je n’ai rien trouvé de mieux que ces gants SealSkinz UltraGrip, pas trop épais, pas trop chauds, ayant une bonne « grip » sur le guidon et les manettes de freins, et assez résistants.

Pour les météo vraiment très mauvaises, vous pouvez également adopter la gamme Clima.X d’Assos, avec cuissard long imperméable, et veste associée. Mais à ce niveau-là, moi, je ne sors plus de la maison!

Bref, tous ces vêtements sont bien étudiés pour la pratique du cyclisme de haut niveau: ils sont techniquement élaborés, ils sont conçus pour être portés près du corps, limitant ainsi la prise au vent, ils sont respirants pour la plupart, et surtout ils sont efficaces selon moi. Reste plus qu’à ne pas oublier la casquette cycliste bien visée sur la tête, sous le casque, ainsi que les lunettes et vous y êtes, vous êtes prêts à en découdre avec les éléments!

Le Tour de l’actualité

Après quelques jours fort chargés, voici le Tour de l’actualité, c’est-à-dire les nouvelles ayant retenu mon attention ces derniers jours:

1 – Tour de Californie. Victoire finale de Tejay Van Garderen, qui a su démontrer une belle maîtrise, répondant présent dans les étapes accidentées, notamment au Mont Diablo, et faisant la différence sur le chrono. À 24 ans, Van Garderen montre qu’il est digne de confiance pour le Tour de France et surtout, qu’il est prêt à prendre le leadership de l’équipe BMC, n’en déplaise à Cadel Evans qui réussit de son côté un bon Giro jusque maintenant.

Ca sera maintenant intéressant de voir qui travaillera pour qui sur le Tour au sein de l’équipe BMC…

À souligner également, la belle 3e place du Colombien Janier Acevedo, impressionnant en montagne et qui aura certainement un contrat World Tour l’an prochain. Voilà qui confirme une fois de plus le renouveau du cyclisme colombien, avec les Henao, Betancur, Quintana et Serpa.

Un mot enfin sur Andy Schleck, vu devant à l’attaque sur l’étape du Mont Diablo, entre autre. Il termine ce Tour de Californie à une respectable 25e place. Il est clair à mes yeux que le champion luxembourgeois consent à faire les efforts qu’il faut pour revenir. Considérant qu’il a encore 6 semaines avant le début du Tour, rien n’est perdu pour lui.

2 – Giro. Même tronquées, les étapes du week-end ont produit des étapes spectaculaires des coureurs dans la neige et le froid. Si Nibali semble invincible, Cadel Evans est également solide pour l’instant et demeure dans le coup. À chaque étape pourtant, des coureurs lâchent prise, comme avant-hier avec Gesink ou encore Santambrogio. Les Movistar ont été à la fête ces deux derniers jours, avec la victoire de Visconti au Galibier puis d’Intxausti hier.

Je suis par ailleurs impressionné de la tenue jusque maintenant du jeune Wilco Kelderman, toujours 18e du général, à 22 ans! Ce n’est pas un Giro facile, avec beaucoup de mauvais temps.

Les prochains jours sont cependant d’un autre niveau, et certains pourront même dire que le Giro commence demain avec le chrono en montagne, sur 20 bornes. S’en suivra l’étape courte (138 kms) et nerveuse vers Val Martello, avec le Gavia et le Stelvio à grimper d’abord, excusez-un-peu. Puis ce sera la 20e étape vers les Tre Cime di Lavaredo, avec dans le final le redoutable Passo Giau. Je maintiens mon pronostic pour le podium: 1 – Nibali, 2 – Evans et 3 – Scarponi.

3 – Nibali: pas de GP de Québec ou Montréal. Une fois le Giro terminé, Nibali fera l’impasse sur le Tour pour se préparer pour les Mondiaux qui auront lieu dans la région de Florence cette année. Il ira notamment préparer ces Mondiaux sur la Vuelta, faisant donc l’impasse sur les GP de Québec et Montréal. Il rencontrera assurément sur sa route Fabian Cancellara, dont un titre de champion du monde sur route est en apparence le dernier grand objectif de sa carrière.

Quel leader pour les Astana sur le Tour? Brajkovic?

4 – Tour encore. Tom Boonen n’y sera pas, mais on attend de connaître ses prochains objectifs, lui qui n’a pas encore gagné en 2013. Le Championnat de Belgique? Les Mondiaux? Pourrait-il être au GP de Québec et Montréal cette année?

5 – Philippe Gaumont. Le coureur des années 1990 est décédé récemment après avoir passé plusieurs jours en état de mort cérébrale suite à un accident cardiaque. Il avait… 40 ans et trois enfants.

Gaumont était bien connu pour son sens des excès et de la fête, et a avoué dans un livre percutant, Prisonnier du dopage, s’être dopé une grande partie de sa carrière. Il avait aussi affirmé qu’à son avis, 95% du peloton pro se dopait à son époque.

Tête brulée certes, mais j’ai un certain respect pour ce type qui n’a jamais pratiqué la langue de bois, même dans ses mensonges. Il a fait avancé la lutte contre le dopage par son livre courageux et ses témoignages, devant encore aller parler dans la commission du Sénat français alors qu’il a eu son accident cardiaque. Il n’est pas impossible que son coeur ait lâché après toutes ces années à se défoncer de toutes les façons qui soit. Il est allé rejoindre son pote Vandenbroucke là-haut…

6 – Retraite. Levi Leipheimer et Denis Menchov ont tous deux annoncé leur retraite ces derniers jours. Curieux de voir ainsi de plus en plus souvent des coureurs dire « stop » en plein milieu de la saison, alors qu’ils ont pris, durant l’intersaison, une place au sein d’une équipe pro (Menchov), place qui aurait pu être attribuée à un jeune coureur qui aurait fait, lui, la saison complète.

Rappelons qu’à la fois Leipheimer et Menchov quittent avec de sacré casseroles derrière eux, liées au dopage. Dans ce contexte, la raison exigerait de ne plus jamais les voir dans le milieu cycliste pro.

7 – L’équipe AG2R La Mondiale ne participera pas au prochain Critérium du Dauphiné Libéré, une course pourtant « à domicile » pour l’équipe de Chambéry, tout simplement parce qu’elle tient à appliquer les règles prescrites par le Mouvement pour un cyclisme crédible auquel elle adhère. Une de ses règles exige qu’une équipe se retire temporairement si deux contrôles positifs surviennent en moins d’un an.

8 – GP de Gatineau. Beau week-end de course dans l’Outaouais! La Québécoise Joelle Numainville est repartie avec deux places de 2e, soit sur la course sur route samedi remportée par Shelly Olds et sur le chrono lundi remporté par Carmen Small.

Chez les Seniors 1-2, victoire de Bruno Langlois, déchaîné durant la course puisqu’il a tenté de s’échapper du peloton à plusieurs reprises. Soulignons également les places de 2 et 3 de deux coureurs de la région, soit le talentueux Mike Woods et Matteo Dal Cin, qui nous font beaucoup souffrir dans les bosses du Parc de la Gatineau les mardis soir!

Enfin, le GranFondo s’est disputé au même rythme que l’an dernier, en 2h51min. La présence de nombreux coureurs de la veille a quelque peu durci la course, mais personne n’a réussi à aller au bout en échappée.

Du côté des organisateurs, le succès a été au rendez-vous avec une participation en hausse, ainsi que davantage de spectateurs sur le bord des routes. Bravo!

9 – Nouvelles Campagnolo Bora Ultra 35mm, en prévision de la saison 2014. Campagnolo vient ainsi « boucher » un trou dans sa ligne de roues, entre les Bora 50mm et les Hyperon, au profil bas. Les nouvelles Bora 35mm sont annoncées à 1230 grammes la paire (boyaux uniquement), ce qui en fera des roues très polyvalentes et performances sur plusieurs terrains. Campi vient directement concurencer les Zipp 303 par cet ajout à sa gamme de roues. La surface de freinage a été spécialement usinée pour accroître les performances notamment sous la pluie.

Définitivement ma prochaine paire de roues, quant on connait la fiabilité légendaire des roues Campagnolo.

10 – Mavic proposera également de nouvelles roues aéro en 2014, soit la 40C ainsi que la CXR60.

11 – Mardis Cyclistes de Lachine. Ca commence mardi le 4 juin prochain. Encore un peu de patience!

Hesjedal, Wiggins abandonnent le Giro

C’était écrit dans le ciel, surtout à l’approche d’un week-end très difficile qui sera probablement couru sous une météo peu clémente: Ryder Hesjedal et Bradley Wiggins ont abandonné ce matin le Giro.

Dans le cas de Hesjedal, il s’agit d’une sage décision. Quant on est malade, il faut se soigner et c’est pas sur le Giro qu’on peut le faire. Il a désormais une chance d’identifier la source du problème, de guérir et de revenir pour le Tour.

Podium du Giro cette année: 1) Nibali 2) Evans et 3) Scarponi. La lutte pour le podium sera chaude entre Uran, Scarponi et Gesink, mais je privilégie Scarponi, qui a davantage d’expérience des longues courses par étape. Et très souvent, Gesink a un jour-sans.

Le Tour de l’actualité

Beaucoup de nouvelles dans le monde du cyclisme ces derniers jours. Voici celles qui ont retenu mon attention, en vrac:

1 – GP cycliste de Gatineau. C’est ce week-end, et c’est à Gatineau! Beaucoup d’activités au programme, et pour tous les pratiquants, des plus féroces coureurs cyclistes jusqu’aux « bibittes » âgées de 6 ou 7 ans, en passant par M. et Mme Tout le Monde.

Ca commence aujourd’hui vendredi soir, avec la Grande Visite Nocture Radio-Canada, une virée cycliste « grand public » dans les rues de Gatineau, à partir de 19h. Rendez-vous à la maison du citoyen, dans le centre-ville de Hull, pour vous inscrire.

Ca se poursuit samedi avec les courses cyclistes, soit le GP Cycliste Gatineau Hydro-Québec pour l’élite féminine. Départ dès 9h sur le boul. des Allumetières. En après-midi, à 14h, ce sera le tour des meilleurs coureurs du Québec à se disputer la victoire lors du Grand Prix, toujours sur le circuit du boul. des Allumetières. Il est possible que j’y sois.

Dimanche, place au GranFondo dès 7h30 sur le magnifique circuit du Parc de la Gatineau. Seront également disputées les épreuves de la Coupe du Québec Cuisses d’Or de l’Outaouais, pour la relève (les tous jeunes cyclistes).

Enfin lundi dès 13h, ce sera le moment fort du week-end avec le Chrono Gatineau pour l’élite mondiale féminine. D’autres épreuves pour les tous petits seront organisées dans le cadre de la Coupe du Québec Cuisses d’Or de l’Outaouais. Un nom à surveiller, un certain Lucas Martel, très prometteur et qui mouline ma foi très bien…!

Bref, un sacré beau week-end cycliste et en plus, la météo devrait être très bonne pour les prochains jours!

2 – Des nouvelles du Grand Prix Cycliste de Charlevoix qui arrive à grand pas, début juin.

Cette année, pas moins de 4 étapes sont proposées, soit une de plus que d’habitude.

Ca commence le vendredi 31 mai par un critérium qui n’est plus au coeur du centre-ville, mais sur un parcours différent de 1,2 km au tour. Ca demeurera vif et rapide, ca s’est sûr!

Le samedi matin, les coureurs auront un chrono de 16 bornes à affronter suivi, en après-midi, d’une nouveauté, une course de côte de 12,5 kms et durant laquelle on annonce des pentes à… 24%. Why not?

Enfin, le dimanche, ce sera la traditionnelle épreuve sur route, longue de 120 kms pour la plupart des catégories.

Beaucoup de plaisir en perspective!

3 – Giro. C’est pas compliqué, il pleut tous les jours, Nibali est pour l’instant solidement accroché au maillot rose, Evans attend son heure tout en étant un vrai mystère sur sa condition que je soupçonne très bonne, Wiggins est malade et en difficulté dès que la route est humide et Hesjedal traine sa misère dans le fond du peloton, terminant tous les jours attardé.

On attend désormais les difficiles étapes du week-end, avec des arrivées en altitude du côté de Bardonnechia-Jaffereau puis, le lendemain, du Galibier. Ca va être dantesque car on annonce une très mauvaise météo sur le nord de l’Italie au cours des… six prochains jours. La pluie, et la neige en altitude, sont attendues. Les organisateurs de la course pourraient avoir à modifier les étapes à la dernière minute s’il est impossible de respecter le parcours initial en raison des accumulations de neige.

Dantesque que ca va être, je vous dis. Ne ratez pas les images de la télé, ca va être quelque chose, surtout Wiggo dans les descentes! Je conseille par ailleurs vivement à Hesjedal d’abandonner la course pour se refaire une santé en prévision du Tour, sinon il va mettre des mois à s’en remettre…

4 – Tour de Californie. Sagan a remporté une étape au sprint, Voigt s’est imposé hier à plus de 40 balais. Mais ce qu’il faut retenir est surtout la tenue acceptable d’Andy Schleck, qui souffre en silence, qui essaie de faire des efforts et qui… est de moins en moins loin au général. Sa forme est ascendante, très ascendante, et il me semble bien parti pour éventuellement être en position de créer d’énormes surprises sur le prochain Tour de France…

Insupportable cependant: Phil Ligget et Paul Sherwen sont encore les voix de l’épreuve. Ces guignols sont une insulte à l’intelligence humaine, des faux-cul de première dont les propos n’ont absolument aucune crédibilité après des années à encenser Lance Armstrong alors qu’ils étaient au courant. Vous aurez compris que je ne suis pas la course pour cette raison. Pu capable.

5 – Parlant de guignols, Pat McQuaid a définitivement perdu le peu d’estime que je lui portais encore. On vient en effet d’apprendre qu’il a convaincu la Fédération suisse de cyclisme de soutenir sa candidature au poste de président de l’UCI et dont le vote doit se tenir en septembre prochain.

Rappelons que McQuaid, comme les ex-présidents, était d’habitude soutenu par sa fédération nationale, dans son cas irlandaise. Considérant les monumentales casseroles qu’il a accumulé toutes ces dernières années, crises après crises, la Fédération irlandaise tardait à lui donner des garanties de soutien. Pour éviter l’embarras et rapidement régler la situation pour pouvoir mener sa cabale, McQuaid s’est tourné ailleurs.

Il sera donc soutenu par une fédération autre que celle de son pays d’origine, une situation qui est cocasse et qui ne manque pas de démontrer que Pat McQuaid est près à tout pour une seule chose, garder le pouvoir. Au diable les intérêts du cyclisme, voire faire ce que doit: en gros, c’est « nécessité fait loi ».

Loin de craindre le ridicule, et traduisant un manque flagrant de jugement, McQuaid a déclaré dans la foulée vouloir continuer de « développer le sport » tout en luttant contre le dopage. Voilà bien deux objectifs incompatibles… et la source de bien des maux du cyclisme depuis 15 ans à cause de l’UCI.

Rappelons également que McQuaid se traine lamentablement les pieds dans l’Affaire Armstrong, ne donnant suite à rien. L’AMA vient de lui demander des comptes à cet effet, perdant patience comme beaucoup d’autres dont je suis.

Des raisons derrière le soutien de la Fédé suisse? Bien évidemment: McQuaid lui a certainement donné la garantie que les infrastructures de l’UCI, notamment le siège social et le centre d’Aigle, demeureraient en Suisse pour encore longtemps. La Suisse est assez forte pour protéger ses intérêts premiers, on en a eu la preuve dans d’autres dossiers internationaux comme le secret bancaire…

Je l’ai dit, je le répète, si Pat McQuaid est ré-élu président de l’UCI en septembre prochain, il s’agit d’une garantie – une garantie – que le sport cycliste demeurera des années encore gangréné par les affaires de dopage, les scandales de gouvernance et les conflits d’intérêt.

Je suis très inquiet pour l’avenir du cyclisme que j’aime tant.

6 – C’est bien connu, je revendique haut et fort le droit d’exercer mon jugement envers le port du casque à vélo.

Je porte parfois le casque, souvent non, surtout quand je roule seul.

J’estime notre société malade lorsqu’elle impose des choix aux gens en se servant de la peur. Le port du casque à vélo est un bon exemple, tout comme le port du casque en ski. Il est bien plus facile pour les gens de ne pas se poser de questions et de porter le casque en tout temps que d’essayer d’exercer un sain jugement avant de poser ce geste.

C’est ainsi qu’on manipule les foules, la population, la démocratie.

Quoi qu’il en soit, il est intéressant de prendre connaissance de cette récente étude scientifique publiée dans le très sérieux British Medical Journal et qui montre – données sur les hospitalisations au Canada liées à des traumatismes craniens à vélo, de 1994 à 2008 excusez-un-peu – qu’il n’y a aucun effet significatif de l’entrée en vigueur de l’obligation légale de porter un casque à vélo, comme c’est le cas dans certaines provinces canadiennes, sur la baisse des traumatismes craniens à vélo.

L’étude montre bien un effet à la baisse, mais montre également que cette tendance était présente avant l’entrée en vigueur de telles lois.

L’étude conclut également qu’il y a bien d’autres façons de réduire les blessures et les décès de cyclistes que le simple port du casque, et notamment des campagnes de sensibilisation ou l’amélioration des infrastructures cyclistes. Je suis évidemment d’accord, en particulier en ce qui concerne l’éducation des automobilistes, notamment dans leur façon de doubler un cycliste, ou un groupe de cyclistes.

Et si les débats autour d’éventuelles législations entourant le port du casque étaient un moyen pour jeter de la poudre aux yeux des gens et occulter bien d’autres débats nécessaires autour de la place – grandissante – que doit avoir le cyclisme comme moyen de transport dans nos vies?

Anyway, comptez-sur-moi pour continuer de me servir de ma tête lorsque je porte – ou non – le casque à vélo…

7 – Roman Kreuziger travaillait avec Michele Ferrari alors qu’il n’avait que 20 ans (est-on bien sûr que sa collaboration est aujourd’hui chose du passé?). Combien de jeunes cyclistes pro et aspirant à devenir pro le sulfureux médecin italien entraine-t-il encore aujourd’hui?

8 – Après RadioShack, le sponsor Vacansoleil a annoncé qu’il se retirera du cyclisme à la fin de cette saison. Voilà qui va faire de la place au sein du WorldTour… si les responsables de l’équipe ne peuvent trouver un sponsor aux reins assez solides pour financer une telle équipe. Chose certaine, le cyclisme néerlandais est en crise après les révélations de dopage de plusieurs de ses ex-stars, dont Michael Boogerd, et le retrait avec fracas de Rabobank à la fin de l’année dernière. Et rappelons que l’équipe « Blanco » (blanc en français) se cherche également un sponsor majeur pour poursuivre avec l’équipe en 2014…

9 – Putain d’allergies: ma condition physique est très acceptable, mais le moteur est bridé à 80% de son potentiel en raison des allergies saisonnières, pire chaque année. Je n’ose me « soigner » pour ne prendre aucune chance si jamais je devais être testé lors d’un contrôle anti-dopage… mais je respire très, très mal actuellement, et je ressens souvent, en fin de journée, une fatigue générale anormale et qui n’était pas présente il y a encore 2 ou 3 semaines.

Si vous avez des trucs pour combattre « naturellement » ces allergies passagères liées à l’éclosion des bourgeons et à la pollinisation actuelle, je veux bien les entendre!

Jalabert préserve les apparences… et nous prend pour des imbéciles

Il y a des questions qui fâchent chez les coureurs cyclistes professionnels, autant chez les retraités que chez les actifs.

Convoqué par la Commission d’enquête du Sénat français visant à estimer l’efficacité de la lutte contre le dopage, Jalabert a eu à faire face aux questions qui fâchent plus tôt cette semaine.

Et visiblement, Jalabert veut préserver sa popularité et sa réputation au sein du peuple français, qui sont plutôt bonnes malgré qu’il ait couru à une époque terriblement gangrénée par le dopage.

La popularité de « Jaja » est tellement bonne qu’il a souvent occupé, ces dernières années, un poste de commentateur pour la télévision nationale (France Télévision) lors de courses cyclistes, ainsi que le poste de sélectionneur national jusque récemment.

Jalabert a notamment bâti cette popularité à la fin de sa carrière, en décrochant en 2001 et 2002 le classement de meilleur grimpeur du Tour, avec à la clef quelques belles victoires d’étape en montagne, dont le 14 juillet 2001 à Colmar, jour de la fête nationale des Français.

Mais on sait également que Jalabert a passé une bonne partie de sa carrière au sein de l’équipe espagnole Once de Manolo Saiz, qui n’est plus à présenter en matière de dopage puisque toute son équipe avait pour médecin, dans les années 2000, un certain Eufamiano Fuentes…

On sait également que Jalabert a couru sous licence… espagnole en 1999, refusant de se soumettre au suivi médical rendu obligatoire par la Fédération française de cyclisme.

Et on sait aussi que Jalabert a terminé sa carrière chez CSC, l’équipe de Bjarne Riis, pas spécialement vierge lui non plus côté dopage…

Enfin, on sait également que Jalabert était un client du médecin italien Michele Ferrari, qui incarne à lui seul le dopage dans le cyclisme professionnel depuis 25 ans.

Pour les observateurs éclairés du cyclisme, il ne fait aucun doute que Jalabert a fait usage de produits dopants lors de sa carrière, même s’il n’a jamais échoué de contrôles anti-dopage. Sa position personnelle envers ce fléau a également été souvent ambiguë: on se souviendra de sa colère injustifiée lors du Tour 1998, celui de l’Affaire Festina et dont il claqua la porte, promettant de ne jamais plus y revenir. Paroles en l’air…

Bref, pas vraiment net, M. Jalabert, face au dopage. Et pas vraiment clair dans ses propos non plus.

Hier, il aura tenté de s’en sortir élégamment, affirmant devant le Sénat ne pouvoir exclure d’avoir pris des produits interdits à un moment de sa carrière.

Ca me rappelle un certain Richard Virenque mis en boîte par les Guignols de l’Info: « comment, on m’aurait dopé à l’insu de mon plein gré? »

Là où Jalabert nous prend vraiment tous pour des cons, c’est en affirmant « Chez Once, le soir des étapes, le médecin nous faisait un soin, une récupération, mais on ne savait pas vraiment ce que c’était. Une relation de confiance s’installait avec les docteurs, et on ne posait plus de questions. On était soigné, je n’ai jamais dit le contraire. Mais était-on dopé ? Moi je crois que non … »

Ben voyons! Un coureur cycliste pro? Je suis absolument convaincu que Jalabert savait très bien ce qu’on lui administrait, savait très bien ce qui se passait dans le peloton, était parfaitement bien informé des produits dopants en vogue et de leur efficacité, et surtout savait pertinemment le prix de la victoire…

Bref, si je peux comprendre que « Jaja » essaie de s’en sortir du mieux possible, en limitant les dégâts, je déplore d’être une fois de plus pris pour un imbécile par ce type.

Un autre à reléguer aux oubliettes et auquel je refuserais une poignée de main!

Hesjedal devrait abandonner le Giro

Ca n’a pas tardé: on a eu la confirmation que quelque chose ne tourne pas rond avec Ryder Hesjedal depuis samedi dernier.

Il a en effet perdu plus de 20 minutes dans l’étape d’hier qui se terminait en altitude du côté d’Altopiano del Montasio. Il a été lâché assez tôt lorsque l’équipe Sky a mis en route dans le Passo Cason di Lanza.

Résultat, Hesjedal pointe désormais en 33e place du classement général, à plus de 23 minutes de Vicenzo Nibali, toujours en rose avec 41 secondes d’avance sur Cadel Evans (attention à lui!) et un peu plus de 2 minutes sur deux Sky, soit Uran et Wiggins.

C’est donc très clair: son Giro est terminé, du moins pour le général.

Un choix s’offre à lui: l’abandon, ou la poursuite de l’épreuve.

Personnellement, je suis convaincu que l’abandon serait préférable à ce stade-ci.

D’une part, il ne sert à rien de poursuivre une épreuve aussi exigeante si on est malade. C’est de toute évidence le cas avec Hesjedal et continuer l’épreuve pourrait vouloir dire de sérieusement hypothéquer ses chances de guérison, et la suite de sa saison.

D’autre part, s’il abandonne, il pourra passer des tests pour clarifier la source du problème, et éventuellement se rétablir en vue du Tour de France qu’il pourrait aborder dans une bonne position pour une place au général.

Enfin, s’il poursuit le Giro, ce ne pourra être que pour une raison, une victoire d’étape qui demeure possible compte tenu de son retard au général; n’étant plus une menace pour le maillot rose, il pourrait bénéficier d’un bon de sortie sur une étape de montagne.  Mais est-ce vraiment important à ce stade-ci?

Nous serons vite fixés et je pense qu’Hesjedal et son équipe Garmin prendront la bonne décision: l’abandon.

La buse Hervé

Le week-end dernier à Montréal se déroulait le Conseil de Fondation de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), qui est son instance décisionnelle suprême.

Durant cette réunion, l’AMA a ré-affirmé sa volonté de secouer les puces – il en a beaucoup – de Pat McQuaid et de l’UCI quant aux suites à donner à l’Affaire Armstrong. Rappelons que l’UCI a insisté pour reprendre une certaine partie des opérations à l’automne dernier, on comprends mieux pourquoi maintenant: il ne se passe plus rien! La commission « Vérité et Reconciliation » n’est toujours pas opérante, et le ménage dans le cyclisme tarde. Pat Mc Quaid est davantage concerné par sa propre ré-élection à la tête de l’UCI en septembre prochain que par les intérêts du cyclisme!

Quelques ex-coureurs pro sont également venus à Montréal dans le cadre de cette réunion. C’est notamment le cas de Tyler Hamilton, qui en a profité pour donner davantage d’information encore sur ses pratiques dopantes, espérant ainsi aider à améliorer la détection. Hamilton en a également profité pour visiter une école et parler aux plus jeunes de ses dérives, et de l’importance de l’éthique dans le sport. Bravo!

Pascal Hervé (ex coureur Festina) était également de passage à Montréal, et là on est à un autre niveau. Je n’ai jamais caché mes critiques de certains ex-coureurs Festina, Richard Virenque et lui en particulier, de vraies buses. Hervé a déclaré tout de go la semaine dernier « Tu triches quand tu es le seul à le faire » ; on croit rêver! En gros, on revient à « ne te fait pas prendre, et c’est correct »…

Hervé a également déclaré que comme tout le monde se dopait à son époque, le classement serait le même si on en enlevait les coureurs dopés.

Évidemment, rien de plus faux. Tous les coureurs ne se dopaient pas. C’est un manque de respect éhonté pour les coureurs qui, à ses côtés, exerçaient leur métier avec éthique. C’est même du mépris.

Enfin, Hervé est revenu sur l’Affaire Armstrong, dénonçant un « acharnement » selon lui. Rien de plus faux évidemment, puisque la lutte contre le dopage vise absolument tout le monde. L’Affaire Armstrong a simplement été plus longue, notamment en absence d’un contrôle antidopage positif, et surtout plus médiatisée.

Bref, Pascal Hervé nous prouve sans l’ombre d’un doute que quant on manque de jugement à 20 ans, on continue de le faire à 40…

Hesjedal a perdu le Giro

Il est désormais très peu probable que le Canadien Ryder Hesjedal puisse répéter son exploit de l’an dernier et remporter le Giro 2013. Un podium demeure cependant possible selon moi.

Hesjedal a connu deux mauvais jours sur la course ce week-end.

Samedi sur le long chrono de 55 kms, il a pris un belle valise, terminant « seulement » 18e de l’étape, à 2min23 du surprenant vainqueur, Alex Dowsett chez Movistar. Plus important encore, Wiggins terminait à 10sec et Nibali à 21, signifiant que le Canadien a perdu plus de 2min à ces deux autres favoris sur cette étape. C’est nettement trop pour un coureur qui veut jouer la victoire finale.

Pire, Hesjedal a été lâché dans le final de l’étape en ligne hier, étant incapable de générer la puissance requise pour rester au contact du petit peloton de 35 coureurs en tête de course. Inexplicable! Hesjedal a encore lâché plus d’une minute aujourd’hui sur ses principaux adversaires.

Bilan? Hesjedal pointe désormais en 11e place du général, à 3min11 de Vicenzo Nibali, qui a endossé le maillot rose suite à son excellent chrono samedi. Evans est 2e, Gesink est 3e, Wiggins est 4e et Scarponi est 5e, à 1min24. C’est donc encore très serré en tête de course, mais Hesjedal est beaucoup plus loin et le moins bien placé à ce stade-ci.

Des explications?

La méforme de Ryder Hesjedal est survenue sans explication aucune puisqu’au contraire, il semblait en super-forme au départ du Giro, ayant été vu à l’attaque devant sur plusieurs des premières étapes de la course.

Comment expliquer alors cette soudaine baisse de régime? Serait-il malade?

Hesjedal lui-même affirme qu’il ne se sent pas « mal », mais qu’il a subi une baisse inexpliquée de puissance.

C’est très bizarre!

Il est possible qu’Hesjedal ne veuille pas en dire plus pour le moment, pour des raisons évidentes de cacher à ses adversaires d’éventuels ennuis. La journée de repos tombe à pic pour lui, il pourra passer des tests si nécessaire pour identifier la source du problème.

Une hypothèse possible est qu’Hesjedal aurait souffert des conditions humides des derniers jours. Si on peut penser qu’il supporte assez bien la fraicheur, l’humidité l’affecte peut-être bien davantage.

Chose certaine, Wiggins n’aime pas la pluie, lui! Il a encore été lâché dans le final de l’étape hier, en descente sous la pluie. Nibali et ses Astana n’ont pas hésité à le mettre sous pression dans la dernière descente du jour, avec succès. Malheureusement, Wiggins a pu recoler au bas de la descente, non sans avoir fourni un certain effort pour revenir seul. Ce genre d’effort inutile pourrait le taxer sérieusement dans la dernière semaine de course cependant.

La suite

Hesjedal est donc désormais assez loin au classement général. Peut-il revenir dans la course au maillot rose?

Rien n’est impossible évidemment: rappelons-nous que Thomas de Gendt avait failli faire basculer le Giro l’an dernier sur les pentes du Stelvio, lors de l’avant-dernière étape.

Mais ca sera difficile pour Hesjedal, pour deux raisons:

1 – Nibali, Evans et Wiggins ne laisseront pas partir comme ca le vainqueur de l’an dernier. Hesjedal ne bénéficiera d’aucun ticket de sortie du peloton, qui continuera de se méfier de lui.

2 – sa méforme des derniers jours indique peut-être qu’Hesjedal est malade. Si tel est le cas, ca ne pardonnera pas sur un grand tour, surtout compte tenu de la difficulté de la dernière semaine de course.

Espérons tout de même qu’Hesjedal se refasse une santé dans les prochains jours, et souhaitons lui un peu de beau temps et de chaleur. Nous serons vite fixés sur son sort, puisque la 10e étape sera courte, mais très difficile, avec une arrivée en altitude.

Pour Hesjedal, ca passe ou ca casse mardi.

Wiggins: à la recherche du temps perdu

Premier grand rendez-vous de ce Giro aujourd’hui avec le long chrono de 55 kilomètres du côté de Saltara. C’est un chrono roulant, rapide, qui permettra aux spécialistes de l’effort solitaire de bien s’exprimer.

Normalement, Bradley Wiggins aurait pu profiter de cette étape pour s’emparer du maillot rose.

Il n’en sera probablement rien tant Wiggins a perdu du temps hier dans le final compliqué de l’étape de Pescara, disputé sous la grande flotte.

C’est ainsi que Wiggins a étalé au grand jour une faiblesse: il descend comme une enclume sous la pluie! (les images du final sont ici, c’est éloquent!) Il est allé au tapis à au moins deux reprises et par la suite, il descendait vraiment comme un manche, toute confiance en lui ayant disparu.

C’était assez pathétique et surprenant pour un coureur professionnel.

Et du coup, il a perdu hier 1min24sec sur ses principaux adversaires, dont Hesjedal, Evans et Nibali.

Wiggins pointe désormais à la 23e place du général, à 1min32 du maillot rose et à presque 1min30 de Hesjedal et Nibali.

Autant dire que pour lui, c’est du rattrapage désormais. Il aura besoin de sortir tout un chrono demain pour se replacer dans la course.

Voilà une belle motivation pour Hesjedal et Nibali qui ont une chance de maintenir Wiggins à distance s’ils réalisent tous deux un bon chrono.

Quoi qu’il en soit, gageons que les adversaires de Wiggins sauront retenir que l’Anglais est un manche lorsqu’il s’agit de descendre sous la pluie. Et qu’ils ne manqueront pas d’exploiter cette faille dès que possible! Remarquez que Wiggins n’est pas le premier coureur de grande taille à ne pas bien descendre: rappelez-vous Alex Zulle il y a quelques années, c’était pire encore!

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