Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 124 of 352

XY Automne 2013

On sait qu’il se passe quelque chose dans le monde du cyclisme quand un magazine pour hommes pas forcément spécialisé en sport – ici XY – présente, en page couverture, la photo d’un cycliste professionnel québécois, dans ce cas-ci David Veilleux.

Plus aucun doute possible, le cyclisme gagne en popularité de ce côté-ci de l’Atlantique, et c’est tant mieux!

Capture d’écran 2013-11-11 à 19.03.07

Cyclisme québécois: ça bouge! (et d’autres nouvelles importantes)

1 – Faisons d’abord le point sur la situation des coureurs québécois qui évoluaient en WorldTour en 2013:

David Veilleux: d’Europcar à… la retraite (et c’est bien dommage pour nous!)

Hugo Houle: reconduit chez AG2R – La Mondiale (une bonne nouvelle)

Guillaume Boivin: reconduit chez Cannondale (une autre bonne nouvelle)

François Parisien: de Argos-Shimano à ?

Dominique Rollin: de FdJ à ?

Pour ces deux derniers, il est probable que plus le temps passe, plus la situation se complique. Espérons des annonces très prochainement! En attendant, entretien ici avec Marc Madiot, directeur sportif à la FdJ.

2 – Antoine Duchesne. Le jeune coureur québécois de 22 ans prend la place de David Veilleux au sein de l’équipe Europcar l’an prochain. Comique, Veilleux et Duchesne partageaient déjà le même entraineur, Pierre Hutsebault. Enfin peu importe, pour Duchesne, le plus dur commence… mais il pourra s’appuyer sur une certaine expérience et un bon palmarès, ayant notamment couru l’an dernier au sein de l’équipe Bontrager dirigée par Axel Merckx et ayant déjà remporté deux championnats canadiens sur route chez les moins de 23 ans. De plus, on peut penser que le passage de David avant lui chez Europcar aura peut-être sensibiliser les dirigeants de l’équipe à la « culture québécoise » et aux façons de gérer un coureur venant de ce côté-ci de l’Atlantique, du moins le comprendre lorsqu’il parle!

3 – Le guerrier Bruno Langlois, 34 ans, revient chez les pros en 2014 avec l’équipe américaine 5-Hour Energy, l’équipe de Francisco « Paco » Mancebo ces deux dernières saisons. Langlois ne devrait toutefois pas côtoyer le coureur espagnol puisque celui-ci a signé chez Sky Dive Dubai pour la saison prochaine, lui permettant de participer à un plus grand nombre de courses européennes.

4 – Après Mike Barry et Rider Hesjedal, un troisième coureur canadien serait passé aux aveux dans le cadre du rapport de l’USADA concernant Lance Armstrong et le dopage au sein de l’équipe US Postal. Le CCES, qui connait l’identité de ce coureur, n’aurait cependant pas de moyens pour rendre publique l’information, des clauses de confidentialité existants afin d’encourager les cyclistes à déballer.

Hey! Pas très grave: d’une part, la liste de candidats potentiels n’est pas très longue, et en réfléchissant bien, il est assez simple de porter nos soupçons sur un coureur en particulier…

5 – Excellente nouvelle pour le CCES: l’organisme vient de recevoir une somme importante, près d’un million de dollars, pour soutenir le Programme canadien anti-dopage.

Parmi les améliorations à prévoir, davantage de contrôles inopinés, notamment par le développement de programmes de localisation et de passeport biologique chez les athlètes.

Premier objectif: surveiller de près les athlètes canadiens qui participeront aux JO de Sotchi.

Le CCES a également profité de l’occasion pour lancer une ligne anonyme de signalement de dopage (1-800-710-CCES). Si vous avez des soupçons sérieux sur un de vos concurrents, quel que soit le niveau de compétition, ou si un coéquipier se confie à vous quant à ses dérives dopantes, je vous invite à ne plus hésiter!

6 – Exit la Coupe des Nations U23 à Saguenay (après 6 éditions), bienvenue au Grand Prix cycliste de Saguenay, une épreuve inscrite à l’America Tour de l’UCI et qui n’est pas limitée aux coureurs U23. L’America Tour comporte déjà les épreuves canadiennes du Tour de Beauce ou du Tour de l’Alberta.

D’autres nouvelles:

7 – Lance Armstrong. C’est très clair, l’homme est prêt à passer à des aveux complets. Extraits de la récente entrevue accordée à CyclingNews:

« Despite everything, cycling has been great to me and I have a lot of appreciation for that. If I can do something to instigate the process I will. If we don’t, I think we’re facing a decade of this mess. Well see how the fans like that, or the sponsors, or the events or the media. They won’t like it. This is the perfect opportunity with Cookson and a new leadership for him to say: ‘I wasn’t there but I want to learn.’ Then we can draw a line in the sand and we’re going to move on. »

En échange, l’homme est très clair également: il veut une remise de peine, prouvant par là que notre analyse du gus est la bonne, c’est à dire que privé de compétition, l’homme est un lion en cage.

Personnellement, je dis « fair enough », à condition de lui interdire d’oeuvrer dans le cyclisme. Je n’ai par ailleurs aucun problème à ce qu’il puisse disputer des triathlons sanctionnés, voire des courses cyclistes à l’occasion, pourvu qu’il soit soumis aux mêmes règles que les autres en matière de dopage. Et puis, l’homme n’est pas tout à fait comme les autres et il est le seul à pouvoir vraiment faire avancer d’un grand pas de géant la lutte contre le dopage, et surtout la ré-organisation de la gouvernance du cyclisme.

8 – La Flamme Rouge entendue? Si on se fie sur cet article, l’AMA pourrait voter, la semaine prochaine lors de la Conférence Mondiale sur le Dopage dans le Sport à Johannesbourg, sur une proposition visant à doubler (de 2 à 4 ans) la suspension en cas d’un premier cas de dopage chez un athlète en activité. Voilà une autre mesure qui irait dans le bon sens, que je réclame depuis longtemps, et susceptible de faire réfléchir ceux qui sont encore tentés par l’usage de produits dopants. Quatre ans, c’est long!

L’AMA pourrait également viser à utiliser davantage les enquêtes comme celle ayant conduit à la suspension de Lance Armstrong, en plus des contrôles anti-dopages urinaires et sanguins. Encore une bonne nouvelle si on considère que les plus grands scandales de dopage à ce jour (Affaire Armstrong, Affaire Festina, Affaire Puerto, etc.) sont survenus à la suite d’enquêtes et de contrôles de police, et non de tests antidopage échoués.

Enfin, l’AMA organisera de nouvelles élections à la présidence, John Fahey se retirant. Un seul candidat est actuellement en lice pour le poste, l’Anglais Craig Reedie, l’actuel vice-président du CIO. Pas sûr que la proximité avec le CIO soit une bonne chose pour l’AMA, mais espérons que deux Anglais, Cookson et Reedie, pourront bien s’entendre quant aux nouvelles règles de gouvernance de la lutte contre le dopage à définir conjointement.

9 – Julie Bresset: j’aime son sens des valeurs, son pragmatisme et son recul.

Un livre passionnant: La route vers les étoiles, de Guillaume Prébois

« Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne, alors qu’il réside dans la façon de la gravir« .

livres-route-vers-les-etoiles_largeC’est par cette citation de Confucius que le livre La route vers les étoiles de Guillaume Prébois commence. Et c’est précisement parce que Guillaume réussit si bien, à travers ce livre, à nous faire vivre cette façon de gravir cinq montagnes que ce livre est un pur bonheur, selon moi le meilleur de cet auteur.

Pour son 9e grand défi, Guillaume Prébois, le journaliste cycliste, s’attaquait à gros: gravir à vélo les plus hautes routes des cinq continents de la planète. Facile, vous pensez? Pas si simple que ça quant on considère que le sommet de deux de ces routes dépassait les 5 000m d’altitude. Qu’il fallait tout organiser seul. Qu’il ne pouvait non plus se permettre de passer chaque fois des semaines sur place pour s’acclimater. Et qu’il fallait composer avec les recommandations des médecins qui, avant son départ, étaient formels: « toujours emporter une bouteille d’oxygène, voire un caisson« . Pas simple sur un vélo!

Huit mois plus tard, le pari était réussi et ce livre en est la trace.

Dès les premières pages, on est happé par le récit qui nous amène tout de suite ailleurs, vers la découverte d’autres routes, loin des montagnes à succès et archi-connues que sont l’Alpe d’Huez, le Galibier, le Tourmalet ou encore La Redoute. Je n’imagine pas autrement les récits des grands aventuriers des autres siècles, lorsque des continents entiers étaient encore à découvrir. Terriblement dépaysant, magnifiquement écrit, mêlant à la fois description de lieux, de rencontres et d’effort cycliste, ce livre se dévore en quelques heures seulement, sans possibilité de s’arrêter! Extraits:

(à propos du final de Black Mountain, au Lesotho): « (…) Je suis une trentaine de mètres devant, arc-bouté sur le guidon, la progression se fait coup de pédale après coup de pédale. La piste semble avoir été bombardée par des météorites, la montagne entière s’effrite et s’effondre sur elle-même. (…). La pente est digne de l’escalier d’un gratte-ciel new-yorkais. La piste rétrécit encore, virages en épingle, elle s’enroule sur les bourrelets verts de la montagne tendue vers le ciel; si mes poumons ne luttaient pas contre l’appauvrissement en oxygène, je siffloterais volontiers Stairway to Heaven des Led Zeppelin. »

(à propos de son arrivée à Hawai): « (…) Brad affiche son sourire commercial au comptoir d’une marque de location de voitures. Mèche de cheveux roux fixée au gel, cou de taureau sur des épaules de footballeur américain, un abondant quintal réparti sur une ossature de deux mètres, il en impose. Brad: ‘Souscrivez notre pack assurances et vous serez protégé contre tout. Même si vous défoncez un poteau électrique, on vous couvre avec 2 millions de dollars!’ J’ai souscrit. »

Outre le récit de sa conquête de ces cinq hautes routes (Khardung-La dans l’Himalaya (5 602m), Pico Veleta en Espagne (3 400m), Chacaltaya en Bolivie (5 300m), Mauna Kea à Hawai (4 205m) et Black Mountain au Lesotho (3 250m)), l’intérêt de ce livre réside également dans trois autres sections: dans la première, Guillaume nous présente comment il a relevé son premier défi, qui était d’identifier la plus haute route sur les cinq continents. Fort intéressant, et forcément des choix, qu’il justifie, ont dû être faits.

Dans la deuxième, Guillaume décrit, sous la forme d’une foire aux questions, les détails plus techniques de son organisation: vélos utilisés, fiabilité du matériel, assistance, préparation physique, etc.

Enfin, la troisième section est vraiment d’un grand intérêt pour nous cyclistes aimant gravir des cols puisqu’il y est question de « Sport et altitude: ce qu’il faut savoir ». Réalisée en collaboration avec le médecin Émilien Fronzarolli, on y présente les aspects plus médicaux de l’adaptation à la haute altitude, et de l’effort physique en ces lieux moins hospitaliers pour le corps humain. À partir de quelle altitude, par exemple, l’effort cycliste est vraiment perturbé? Réponse dans le livre!

Bref, de la Bolivie à l’Himalaya, d’Hawaii au Lesotho, ce livre est un agréable dépaysement et m’a permis une saine évasion du quotidien, l’espace de quelques heures. Un livre parfait pour les vacances, pour qui aime le vélo!

Ce livre m’a également fait rêver de contrées où je n’irai probablement jamais, sauf peut-être Hawai, car Guillaume a su me communiquer, à travers son ouvrage, la furieuse envie de m’attaquer un jour – que j’espère proche – au Mauna Kea, selon lui et selon de nombreux autres l’ascension la plus difficile du monde (50 km d’ascension, 4 000m de dénivelé, le dernier kilomètre à 17% sans relâche).

Déclaration d’intérêt

J’ai écrit ce court article sur le plus récent ouvrage de Guillaume de ma seule initiative. Guillaume m’a fait parvenir gratuitement un exemplaire dédicacé de son livre, à titre d’ami puisque nous échangeons à l’occasion depuis un bon moment déjà et que nous nous sommes rencontrés en personne sur la Haute Route 2012. Guillaume ne m’a jamais demandé quoi que ce soit, ni pour ce livre, ni pour les autres, ni à propos de La Flamme Rouge qui demeure, j’y tiens, totalement indépendante de tout (sauf de mon seul jugement, et je suis donc seul responsable des erreurs sur ce site!). Je tiens ici à le remercier pour l’envoi de son livre.

Dénoncer le mensonge

Difficile de garder foi en l’être humain ces jours-ci: partout autour de moi, les scandales éclatent, que ce soit en cyclisme professionnel (Hesjedal), en politique municipale (Commission Charbonneau au Québec, Affaire Applebaum à Montréal, Affaire Ford à Toronto) ou fédérale (crise du Sénat qui touche également le Parlement).

Les scandales sont également nombreux en Europe.

Vous savez ce qui me désespère le plus dans tout ça?

C’est l’absence d’un mot dans les médias et dans l’opinion publique.

Et ce mot est « menteur ».

L’homme commet parfois des actes répréhensibles et cherche évidemment à les cacher.

Soit. Nul n’est parfait.

Mais le moindre jugement, le moindre sens des responsabilités et le moindre respect envers ses concitoyens du monde exigent qu’une fois démasqué, l’individu ayant posé des gestes répréhensibles avoue, s’excuse et assume ses responsabilités.

Or, peu importe le scandale que j’observe actuellement, un trait commun se dégage: ceux qui ont commis des actes répréhensibles ont menti à un moment donné, malgré les questions, les soupçons. Et plusieurs évitent d’assumer leurs responsabilités: le maire de Toronto persiste et signe, pas de démission et il se représentera même probablement aux prochaines élections!

Ce n’est pas parce qu’il a fumé du crack qu’il devrait démissionner, c’est parce qu’il a menti à la population durant des mois, pour finalement avouer hier.

C’est ce qui vient me chercher le plus dans toutes ces histoires: on continue de me prendre pour une valise.

Entre 2003 et 2013, Rider Hesjedal a menti en affirmant ne s’être jamais dopé. Il aura fallu la pression du plus gros scandale de dopage de l’histoire du sport et un témoignage sous serment pour qu’il cesse de mentir…

Comme je vous le disais en début de texte, nul n’est parfait. Nous faisons tous, parfois (certains moins que d’autres…), des erreurs. Et dans ce contexte, tout le monde a droit à une deuxième chance.

Mais là où tout le monde n’est pas égal, c’est dans la façon de gérer l’acte répréhensible: certains mentent, d’autres jouent la transparence en avouant sur le champ. En cyclisme, ils sont très peu à avoir avoué rapidement s’être dopé suite à un contrôle positif ou une enquête judiciaire. Je pense peut-être à David Millar ou Ivan Basso si je me souviens bien (les cas sont rares!). Ces gens méritent bien davantage notre estime que ceux qui, comme Lance Armstrong, diffuse leur demi-vérité au compte-goutte, ou ceux qui ont menti pendant des semaines (rappelons-nous de Richard Virenque…).

J’ajouterais même qu’il est probablement tout recommandé par les spin doctors des comm appelés en temps de crise de toujours viser à focaliser l’attention du public sur l’acte répréhensible lui-même, plutôt que sur les semaines de déni et de mensonge. Le mensonge est beaucoup plus dommageable à la réputation et à la confiance, alors qu’il est plus accepté du public que l’acte répréhensible puisse faire l’objet « d’une deuxième chance ». Opération réussie ce matin pour Rob Ford, tout le monde ne parle que de crack, alors que le vrai enjeu à l’égard de son rôle public, soit maire de Toronto, est la confiance, la confiance qu’il est désormais raisonnable de lui accorder compte tenu du fait qu’il ment depuis un an à la population. Le jugement le plus élémentaire dans ce contexte est que le lien de confiance est rompu, et qu’il doit donc démissionner.

Et c’est la même chose avec Rider Hesjedal… je peux comprendre qu’il se soit dopé, après tout il voulait réussir dans le cyclisme et n’a trouvé que ce moyen pour y arriver (attention, je ne cautionne pas!), mais qu’il m’ait menti durant toute ces années? Comment désormais lui faire confiance?

Je suis d’avis que bien au delà de tous les scandales, qui sont au fond humains, ce sont les mensonges sous-jacents à ces scandales qui rongent la société à petit feu et qui font perdre confiance en notre époque.

Le Tour de l’actualité

1 – Petit précis de schizophrénie avancée, par Hein Verbruggen (c’est en italien, le reportage de CyclingNews est ici).

2 – Davide Rebellin: frauder le sport cycliste en se dopant ne lui suffisait pas, il a aussi fraudé l’impôt. Et à 42 ans, il persiste et signe, visant une nouvelle victoire dans l’une des Ardennaises en 2014. Son plus grand défi est d’être au départ…

3 – Michael Rasmussen. Après avoir coulé Hesjedal, il coule toute l’équipe Rabobank présente sur le Tour 2007. Toute? Non, en fait, pas toute, puisqu’il est revenu sur ses propos concernant Freire et Flecha, les Espagnols de l’équipe. Ca me paraissait bizarre aussi, des Espagnols qui se dopent…

4 – Rasmussen bis. Peter Weening n’apprécie pas, puisque son équipe Orica-Green Edge veut de nouveau l’entendre à propos des allégations de son ancien équipier. La job ou les aveux, le suspense est intenable, que fera Weening?

5 – Pro Tour 2014 Pins-up calendar. J’ai toujours dit qu’être performant sur un vélo et beau en maillot de bain étaient incompatibles, mais à ce point… Remarquez, ce calendrier me décomplexe: Taylor Phinney est aussi pire que moi avec son torse d’adolescent de 12 ans!

6 – Tinkoff sacre son camp de l’équipe en blastant Contador et Riis. SaxoBank annonce qu’ils allongeraient les dollars pour soutenir l’équipe en 2014. Tinkoff est annoncé chez Cannondale. Tinkoff n’est plus annoncé chez Cannondale. Riis est sur le point d’annoncer un nouveau gros sponsor. Riis n’annonce plus de gros sponsor. On annonce que Riis a vendu à Tinkoff. Tinkoff et Riis démentent toute transaction. Contador annonce qu’il ne peut plus juste suivre Froome, mais aussi le dossier Saxo-Tinkoff. Quel foutoir!

7 – On trouve de tout sur Ebay, même des médailles olympiques en cyclisme sur piste. Ben quoi? Les acheter sur Ebay ou les gagner dopé, quelle est la différence?

8 – Le genre de propos complètement débiles à mon avis « Systematic reviews have… demonstrated that legislation increases the use of helmets in children and youth. » Par « legislation », les auteurs entendent évidemment l’introduction de lois rendant obligatoire le port du casque à vélo. Hey! Il apparaît évident que si on rend le port du casque obligatoire, le port du casque va augmenter dans la population!

Anyway, je serai pour le port obligatoire du casque à vélo le jour où on interdira formellement de fumer…

9 – Le sport – en particulier extrême comme le cyclisme je suppose – permettrait de bruler davantage de calories que le sexe, voilà une conclusion auquel des chercheurs québécois sont récemment parvenus.

Soyons en effet modeste: qui prétendrait dépenser plus de calories en ayant une relation sexuelle que sur une Marmotte?

En ce sens, faire l’amour avant une Marmotte ne porterait pas un grave préjudice au capital énergie, nous voilà rassurés. Pour ce qui est d’après la Marmotte, l’amour pourrait cependant porter un grave préjudice à l’estime qu’entretient pour vous votre conjoint… Ne faites pas le fier, respectez vos limites et aller vous coucher! Et si vous avez encore de l’énergie, c’est que vous n’avez pas tout donné sur l’épreuve nom d’une pipe… (je sais, elle était facile celle-là!).

Routley et Parisien: ils ont raison…

… de prendre la parole publiquement afin d’exprimer leur colère et leur frustration envers Rider Hesjedal et Michael Barry qui, en occupant des places notamment sur l’équipe nationale canadienne, leur ont très certainement volé une partie de leur carrière cycliste, sinon leur rêve.

Peu de coureurs ont en effet le courage de tenir ces discours, pourtant justes. La plupart des coureurs la bouclent, respectant ainsi la loi de l’omerta et croyant protéger leur carrière au sein du peloton par la même occasion.

Quelques uns seulement avant Routley et Parisien ont osé dénoncer le préjudice dont ils ont été victimes, mais ils sont très peu nombreux: au Canada, je pense notamment à Lyne Bessette qui a également exprimé, il y a quelques années, sa frustration face à Geneviève Jeanson qui a certainement nui, par moment, à sa propre carrière et son épanouissement dans le cyclisme de haut niveau.

Will Routley ne ménage pas ses mots en écrivant notamment: « They (ndlr: les coureurs qui avouent s’être dopés) even pat themselves on the back and say how they are proud of the steps they’ve taken to improve the sport and clean it up. Maybe they just found a larger love of the sport? Or maybe now is a good time to call bullshit.

What have they done to improve the sport, I ask? Because I could go on for days about the ways in which they have negatively affected it. In most cases they’ve suffered minimal to no negative consequences at all.

I find it very hard to believe that every doper out there suddenly decides to quit on his own accord, and I also object to the idea that even if this were true, the rider is now “clean.” This person has taken his body way farther than what is naturally possible, and has lifelong adaptations to this, so even if he were no longer on drugs, he would in all likelihood still hold an unfair advantage.

(…)

« When I hear the interviews and the dopers say things like: “I crossed the line,” I am disgusted. Several American guys caught this month all said the same thing about crossing a line. As far as I’m concerned, “crossing the line” is when you swear in public. When you defraud a nation, steal from sponsors, and your fellow racing compatriots and then lie to the world about it, you didn’t “cross a line” you are a criminal. »

Je suis parfaitement d’accord avec Routley. Bang on!

De son côté, François Parisien a raison d’exprimer son dégout, sa frustration: « Ça me rend malade, je veux dire… je ressens un profond dégoût. Et il y a beaucoup de frustration. C’est des tricheurs qui ont influencé une bonne partie de ma carrière et je me suis fait piler dessus par ce genre de gars là toute ma carrière depuis que je suis jeune. »

Je demeure convaincu que si davantage de coureurs osaient ainsi dénoncer les coureurs dopés, cela contribuerait significativement à faire progresser la lutte contre le dopage. Que ça contribuerait significativement à revoir les peines des coureurs convaincus de dopage, car je suis d’avis que ces peines demeurent aujourd’hui insuffisantes.

Prenez le cas Hesjedal. Il a avoué, mais il fait face à quelles conséquences?

Le CCES a déjà signifié qu’il ne pouvait agir, les délais de prescription (8 ans) étant dépassé.

L’an prochain, Hesjedal demeurera en World Tour, leader sur les grands tours de l’équipe Garmin.

Il continuera également d’empocher un lucratif salaire, fort de son statut de vainqueur du Giro.

Il pourra également être sélectionné pour représenter le Canada au sein de l’équipe nationale des Mondiaux de cyclisme, voire des prochains Jeux Olympiques.

Après sa carrière, rien ne l’empêchera d’oeuvrer dans le milieu pro.

Juste et équitable?

La réponse est pour moi évidente: non.

Il est grand temps que de courir propre devienne un peu plus payant.

Il est grand temps qu’on valorise davantage le cyclisme propre.

Il est grand temps que l’UCI, l’AMA, le CCES et les autres organismes impliqués dans le sport de haut niveau réfléchissent sur les façons de valoriser le cyclisme – et tout le sport – propre.

Ils le font déjà me direz-vous? Oui, c’est vrai: par exemple, l’AMA et le Comité international paralympique (CIP) organisent, en marge des Mondiaux 2013 de natation, une journée dédiée à la promotion du sport propre. En gros, on distribuera des T-Shirts et des éventails en papier (je n’invente rien), on aura quelques témoignages, on tiendra une conférence de presse et on fera quelques contrôles (probablement inefficaces, puisqu’ils sont annoncés!). Si une telle activité est intéressante si on vise à sensibiliser des enfants, je vois mal en quoi elle sera efficace du côté des nageurs d’élite visant une première sélection sur l’équipe nationale en vue des JO de Rio en 2016…

Et si on arrêtait enfin de perdre du temps et qu’on réglait ça simplement et rapidement?

Ma suggestion? Puisque nous ignorons quels sont les coureurs propres des coureurs dopés, je ne vois qu’un moyen: alourdir considérablement les peines liées au dopage.

Je le réclame sur ce forum depuis des années, depuis 2005 en fait!

Il faut donner 4 ans de suspension ferme au premier contrôle positif, exiger le recouvrement des primes de toutes les victoires acquises entre le moment du contrôle positif et l’épreuve durant laquelle l’échantillon fautif a été prélevé, ainsi qu’adjoindre à ces deux mesures une interdiction, une fois la carrière professionnelle terminée, d’oeuvrer de près ou de loin dans le cyclisme.

Et il faut donner une suspension à vie de la pratique du cyclisme au deuxième contrôle positif.

Point final.

Trop sévère me direz-vous? Je vous répondrai que seuls les dopés craindront de telles mesures!

Bref, je dis personnellement bravo et merci à Will Routley et François Parisien pour leur récente sortie dénonçant Rider Hesjedal et Michael Barry. S’ils étaient plus nombreux à faire de telles sorties lorsqu’un coureur est piqué au contrôle ou par la patrouille, je suis convaincu que cela aiderait la lutte contre le dopage en accélérant certaines réflexions qui, aujourd’hui, m’apparaissent nécessaires.

Et leur déclaration contribue avec aplomb à sensibiliser le grand public de toute l’injustice liée au dopage, tout en rappelant à ce même grand public qu’il existe encore des coureurs cyclistes qui travaillent dans le respect des règles et de l’éthique.

Giro 2012: le doute Hesjedal…

Ce que plusieurs observateurs éclairés du cyclisme soupçonnaient mais qu’ils ne pouvaient pas dire publiquement est désormais une réalité: le Canadien Ryder Hesjedal a bel et bien fait usage de produits dopants plus tôt dans sa carrière.

Ses aveux, rendus publics hier en raison du contenu du livre publié par Michael Rasmussen qu’il côtoyait au début de sa carrière pro, auraient été faits à l’automne 2012 dans le contexte du Rapport USADA ayant mené à l’Affaire Armstrong.

Encore une fois, plusieurs tomberont des nues: Hesjedal? Un si bon gars! Si gentil!

Pour moi, la question qui tue est ailleurs: s’il l’a déjà fait, qu’est-ce qui nous prouve qu’il ne le fait pas encore? Rappelons que Hesjedal a gagné le difficile Giro 2012 devant le grimpeur de poche espagnol (espagnol…) et actuel numéro un mondial, Joaquim Rodriguez, notamment en le contenant sur les pentes du Stelvio l’avant dernier jour de l’épreuve.

Bien sûr, certains évoqueront les contrôles anti-dopage actuels: après tout, Hesjedal n’en a échoué aucun récemment, et aucun sur le Giro 2012. Du moins jusqu’ici.

Je vous rappelle que l’Affaire Armstrong et tous les témoignages recueillis dans ce contexte ont montré à quel point l’efficacité des contrôles anti-dopage demeure faible… Les plus gros scandales sont survenus grâce à des enquêtes journalistiques et policières, pas en raison des contrôles.

D’autres diront que Hesjedal évolue au sein d’une équipe au dessus de tout soupçon, ayant une politique anti-dopage claire et forte et étant dirigée par Jonathan Vaughters.

Une politique anti-dopage claire? Du papier tout ca…

Jonathan Vaughters? Quoi de mieux qu’un ex-dopé repentant pour donner une virginité d’apparat à une équipe cycliste professionnelle? « C’est parce que j’ai fait des erreurs dans ma vie passée que je veux gérer aujourd’hui une équipe propre, pour que les jeunes n’évoluent pas dans le climat pourri de mon époque et aient un choix que je n’ai pas eu« . Tout le monde applaudit, mais qui sait vraiment ce qui se passe derrière les portes closes?

En gros, on revient toujours au même point: il faut les croire sur parole. Les croire sur parole notamment quant ils parlent tous d’une seule voix pour nous affirmer, comme c’est encore le cas d’Hesjedal, que ces dérives sont choses du passé et que fort heureusement, le cyclisme a beaucoup changé depuis.

Malheureusement, ces 20 dernières années, le milieu cycliste professionnel nous a prouvé à de trop nombreuses occasions que leur parole ne vaut en fait pas grand chose… et les calculs de puissance sont là pour nous montrer que les grands tours de 2013 se sont encore gagnés à des puissances mutantes…

Quoi qu’il en soit, il sera maintenant intéressant de voir la réaction de Jonathan Vaughters. Le maintien de la crédibilité de l’équipe Garmin exigerait selon moi sa démission, de même que le licenciement de Hesjedal. Wait and see.

Chose certaine, vivement la commission Vérité et Réconciliation!

Les jeunes

Si cette nouvelle histoire ne me surprend guère, je me désole toutefois de voir tout le cyclisme canadien éclaboussé au passage. Nous avions déjà donné, notamment avec l’Affaire Jeanson…

Je me désole encore plus quant au message que cette histoire envoie aux jeunes coureurs canadiens qui aspirent à passer pro, comme des Pierrick Naud par exemple. Le cyclisme canadien apparaît être sur une bonne lançée depuis quelques années et il est normal que les plus jeunes s’identifient à leurs compatriotes évoluant à l’étage du dessus.

L’histoire d’Hesjedal leur envoie un bien mauvais message puisqu’il vient ternir sa victoire au Giro 2012, en plus d’apposer sur le coureur canadien une étiquette de (d’ex) dopé.

Fort heureusement, nous avons d’autres exemples de coureurs canadiens s’étant illustrés – différemment et plus modestement – au plus haut niveau, en particulier David Veilleux et sa victoire lors de la première étape du Dauphiné cette année, suivie de 3 jours en jaune. C’est ce qu’il ne faut pas perdre de vue en ces jours plus sombres.

Les jeunes! Je suis plus que jamais convaincu de la chose suivante: être pro sans se doper est possible (et c’est la voie à suivre – ils sont quelques uns à le prouver), mais le top-10 des grands tours demeure un point d’exception pour un coureur propre.

L’UCI bouge!

Les bonnes nouvelles s’accumulent du côté de l’UCI, ce qui n’est pas sans me réjouir et me donner le moral pour voir enfin le cyclisme retrouver une partie de sa crédibilité et repartir sur des bases plus saines.

Outre les mesures dont je parlais récemment, on a appris ces jours derniers que l’UCI – son nouveau président surtout – a commandé un audit externe concernant les opérations anti-dopage menées par l’organisme. En gros, Cookson a mandaté une équipe indépendante pour qu’elle se penche sur les moyens mis de l’avant par l’UCI pour lutter contre le dopage: ces moyens sont-ils suffisants? Sont-ils efficaces?

Ultimement, cet audit proposera une « feuille de route » visant à instaurer des contrôles anti-dopage indépendants pour la saison 2014.

Enfin!

On apprend également que l’UCI est toujours en pourparlers pour finaliser la mise sur pied de la commission indépendante au sein de laquelle le témoignage de Lance Armstrong serait bien évidemment très attendu. Des témoignages de Tyler Hamilton et Floyd Landis pourraient également y être entendus, ces deux derniers ayant à de multiples reprises affirmés que Hein Verbruggen et Pat McQuaid avaient été complices du système de dopage Armstrong durant les années 2000. On a déjà hâte d’entendre tout ça et d’enfin avoir la réponse à une question importante: pourquoi, durant cette période, de nombreux coureurs – dont beaucoup étaient passés chez US Postal puis Discovery comme Roberto Heras – se sont fait prendre, mais Armstrong jamais?

Cookson a également rapidement mis sur pied une Commission Femmes chargée de formuler d’ici peu des recommandations visant à renforcer le cyclisme féminin sur route et en VTT.

Y’a pas à dire, tout cela va vraiment dans le bon sens!

Le but de toutes ces démarches? Rétablir la confiance dans l’UCI et dans le cyclisme, et veiller à développer ce sport en renforçant d’abord ses activités clef, dont le cyclisme féminin.

Personnellement, je tire un grand coup de chapeau à M. Cookson, qui n’a pas perdu de temps puisque son élection remonte à un mois à peine.

Dernier point, non le moindre et qui en dit beaucoup sur l’homme, Cookson a revu à la baisse son propre salaire, le faisant passer d’environ 525 000 $CAN (!!!) à 395 000$. Ce montant demeure certes élevé, mais je demeure estomaqué du salaire de Pat McQuaid, plus d’un demi-million de dollars par an, alors que la plupart des organisateurs de courses cyclistes voire d’équipes peinent à boucler leur budget. Le premier ministre du Canada ne gagne pas ça!

J’ose à peine imaginer le salaire du président du CIO, puis ses bonus et autres frais de service. Probablement somptuaire, et le mot est faible.

Quoi qu’il en soit, on mesure, à la lumière de toutes ces récentes initiatives, tout ce qu’on aurait manqué si McQuaid avait été ré-élu! J’en frissonne encore d’effroi!

Maudit informatique!

Les problèmes informatiques ne sont toujours pas réglés, mais je progresse. Je ne parviens toujours pas à accéder à mes courriels personnels, je m’excuse donc des délais si certains d’entre vous m’auraient récemment écrit. Retour à la normale d’ici quelques jours si tout va bien!

Le Tour de l’actualité

1 – Vous êtes nombreux à avoir critiqué mon analyse du parcours du Tour 2014 et je vous remercie de vos commentaires qui ont le mérite de me faire reconsidérer ma position, notamment à l’égard des étapes courtes.

Des étapes courtes, moyen de lutter contre le dopage? Je n’en suis vraiment pas sûr, du moins pour ceux jouant le général. Mais il est vrai qu’en évitant des étapes de 250 bornes, les organismes fatiguent moins.

Je continue cependant de m’interroger sur des étapes de 125 ou 145 bornes chez les professionnels. Les étapes de la Haute Route étaient souvent de cette longueur!

En fait, l’enjeu n’est peut-être pas la longueur de l’étape, mais bien les difficultés qu’on y propose. Rappelons-nous que l’étape du Galibier-Alpe d’Huez en 2011 avait été le théâtre d’une sacré bataille, Contador et Schleck mettant le feu aux poudres dès le pied du Télégraphe, Voeckler faisant une grosse connerie tactique le maillot jaune sur le dos, tout comme les Schleck dans l’Alpe d’Huez. L’étape avait conduit à un beau vainqueur, Pierre Rolland.

Peu importe donc la longueur, c’est dans la construction de l’étape que réside ses chances de donner lieu à une belle bataille. Dans ce contexte, le Tour 2014 comporte probablement quelques belles étapes, notamment dans les Vosges, avec des parcours casse-pattes.

Pour rejoindre tout le monde, disons que le Tour 2014 ne propose pas les difficultés « classiques », c’est à dire soit en montagne, soit sur les chronos. On joue plutôt la carte des autres difficultés moins habituelles sur un grand tour, c’est à dire pavés ainsi qu’étapes accidentées et piégeuses. On peut penser que sur un tel parcours, le travail d’équipe sera un très gros atout…

2 – UCI. Les nouvelles sont excellentes du côté de la Fédé internationale, Brian Cookson s’employant déjà à changer les choses.

D’une part, on apprenait que sitôt son élection, il avait commandé la saisie du parc informatique de l’UCI, ceci afin de prévenir la destruction éventuelle de fichiers compromettant pour l’organisme. L’examen des disques durs pourrait conduire à des preuves non négligeables si jamais le personnel précédent de l’UCI faisait l’objet de certains soupçons, notamment de corruption.

D’autre part, on apprenait qu’un renouvellement du personnel de l’UCI est en cours. Le conseiller juridique Philippe Verbiest et le directeur général Christophe Hubschmid, présents depuis plusieurs années, sont partis et de nouveaux vice-présidents ont été nommés, notamment le Français David Lappartient.

Enfin, Cookson affirme que des annonces pourraient être très prochainement faites à propos de la commission Vérité et Réconciliation, possiblement même la semaine prochaine. La création d’une telle commission aurait fait l’objet de pourparlers avec l’AMA qui serait donc partie prenante, voire seule responsable. Wait and see, mais tout cela va résolument dans le bon sens et c’est porteur d’un grand espoir pour le cyclisme.

3 – L’Équipe nous offre un excellent petit résumé visuel de la saison 2013 en WorldTour.

Les trois sprinters Sagan, Cavendish et Kittel sont les coureurs ayant engrangé le plus de victoires avec 21, 18 et 16 respectivement. Froome se classe 4e, avec 13 victoires. Le Top-10 des coureurs ayant le plus gagné cette saison consacre pas moins de 6 sprinters, dont les Français Bouhanni et Demare.

On y constate également que trois équipes se sont distinguées en accumulant plus de points World Tour que les autres, soit Movistar, Sky et Katusha.

On y montre surtout que L’Espagne est de loin le pays ayant marqué le plus de points World Tour cette saison, notamment grâce à Rodriguez et Valverde qui terminent 1er et 3e du classement sur l’ensemble de la saison. L’ironie du sort est que le cyclisme professionnel espagnol vit une crise importante ces jours-ci avec la disparition d’Euskaltel, une situation ayant innondé le marché de nombreux très bons coureurs pro. Par exemple, on apprennait récemment qu’un Samuel Sanchez était toujours sans contrat pour 2014…

À noter également que la Colombie figure au 3e rang du classement des pays derrière l’Espagne et l’Italie, un reflet indéniable du renouveau du cyclisme colombien.

La France est 7e, une situation meilleure que l’an dernier, et figure tout juste devant l’Australie et les États-Unis.

4 – Très intéressant reportage sur l’usine des capteurs de puissance SRM à Colorado Springs, aux États-Unis. Une occasion unique et rare de mieux comprendre comment sont fabriqués ces capteurs et pourquoi ils demeurent, années après années, si chers à l’achat.

5 – 13 ascensions du Ventoux en 48h pour souligner ses 48 ans, François-Joseph Walther l’a fait. Soit une « petite sortie » de 559 bornes dont 280 d’ascension et 20 930 mètres de dénivelé. Pour ajouter aux réjouissances, la météo aurait été capricieuse par moment. Dément! Mes respects à l’athlète, il faut reconnaitre qu’il faut une sacré dose de motivation pour réaliser ce genre d’exploit extrème.

6 – Haute Route 2014: decision time soon!

 

Tour 2014: l’analyse

Le parcours de la 101e édition du Tour de France, du 5 au 27 juillet prochain, a été dévoilé hier à Paris.

Drôle de Tour quant à moi: ni pour grimpeurs, ni pour rouleurs!

On y compte en effet qu’un seul chrono, soit l’avant dernier jour sur 54 bornes. Pas de chrono en côte, pas de chrono par équipe, pas de prologue. Donc pas vraiment susceptible d’avantager les rouleurs.

Si on y compte 5 arrivées en altitude, le Tour 2014 ne comporte que trois cols au dessus de 2000 mètres d’altitude, deux même si on fait fi du Lautaret à 2058m qui présente peu de difficulté: Izoard (2360m) et Tourmalet (2115m). Les Alpes sont escamotées, les Pyrénées ne sont pas très difficiles (les étapes y sont très courtes) et les Vosges, théâtre de deux belles étapes, offrent plutôt des parcours pour baroudeurs que pour vrais grimpeurs. Bref, rien pour aiguiser les sens des purs grimpeurs!

Un Tour donc qui est ni pour rouleurs, ni pour grimpeurs, vous dis-je.

Pour qui alors?

Difficile de répondre à cela, mais je tente le coup: probablement pour les opportunistes qui seront assez chanceux pour passer au travers de plusieurs étapes piégeuses, dont celle avec des pavés dans le Nord de la France.

C’est en effet le lot de la course cycliste: il faut avoir un peu de chance. Éviter les chutes. Éviter la maladie. Éviter la bordure assassine. Toute course cycliste est, à quelque part, une loterie considérant que tout coureur évolue au sein d’un peloton, donc dépend de la bonne conduite des autres.

Le Tour 2014 mise résolument sur cet aspect pour créer le suspense, n’offrant que peu de terrain permettant aux tous meilleurs de faire la différence « à la pédale ».

Pour me faire comprendre, une image: sur un tel parcours, Claudio Chiappucci aurait certainement gagné le Tour 1990 grâce à son échappée des premiers jours, Greg LeMond n’ayant que trop peu de difficultés par la suite pour parvenir à se refaire!

C’est donc une approche totalement différente des deux autres grands tours qui misent plutôt sur l’enchainement des difficultés pour créer une course spectaculaire et faire émerger LE meilleur coureur du lot. Le Giro 2014 comporte pas moins de… 9 arrivées en altitude!

Force est de reconnaitre que depuis quelques années, Giro et Vuelta nous donnent des spectacles autrement plus passionnants que le Tour. En ce sens,  je ne suis donc pas convaincu que l’approche Prudhomme est la meilleure…

Autre élément pour vous convaincre: le Tour 2014 comporte pas moins de 9 étapes de moins de 170 kms, qui se disputeront donc sur environ 4h de course. En comparaison, le Tour 2004 ne comportait que 5 étapes de moins de 170 kms, et en 1994 que 2 petites étapes.

La tendance à des étapes plus courtes est d’ailleurs assez claire: de 3 étapes comportant moins de 170 kms en 2010, on est passé à 8 en 2011, puis 5 en 2012, puis 6 en 2013 pour enfin arriver à 9 en 2014. En comparaison, une majorité de Tours des années 1990 comportaient très peu d’étapes courtes, voire seulement une pour les Tours 1992 et 1993!

De son côté, le Giro 2014 ne compte que… 4 étapes de moins de 170 kms si on exclut deux étapes de 167 et 169 bornes, très proches des 170 kms.

Bref, le Tour 2014 est résolument facile selon moi et j’estime qu’on peut résolument se poser la question à savoir où les favoris pourront faire la vraie différence l’an prochain?

Il la feront certes, mais cela se résumera probablement chaque fois à une brève course de côte, le focus étant plutôt d’éviter les pièges jusqu’au pied de la dernière ascension, notamment en utilisant les équipiers.

Pour les grands favoris, le premier test physique  surviendra assurément à la Planche des belles filles, une ascension cependant trop courte pour créer de gros écarts: à peine 6 kms de spectacle et basta! C’est probablement voulu des organisateurs. S’il faudra auparavant avoir survécu aux pavés du Nord, cette survie sera davantage le résultat de la chance que d’autre chose.

La deuxième et troisième occasion seront les arrivées en altitude des Alpes, soit Chamrousse et Risoul. Privées de grandes difficultés avant, ces deux étapes se résumeront encore à de brèves courses de côte sans grand intérêt pour le spectateur. Syntonisez votre télé dans les 20 dernières minutes, ca suffira largement!

Ca ira ensuite à Hautacam, pour tout dire, une montée qui sera précédée du Tourmalet, de quoi donner dans ce cas suffisamment de difficultés pour créer des écarts. L’arrivée au Pla d’Adet? Oui, en effet, peut-être, car ce sont les coureurs qui font la course, mais sur 125 bornes, il y aura beaucoup de monde présent au pied de la dernière ascension par ailleurs trop roulante et trop courte pour départager les tous premiers.

Restera le dernier chrono sur un peu plus de 50 bornes.

Bref, 5 étapes seulement pour faire la différence, et chaque fois se résumant essentiellement à une brève course de côte.

En conclusion, j’estime que le pari des organisateurs du Tour de France est risqué: en définissant un parcours moins favorable aux différences « à la pédale », et plus favorable aux différences liées aux aléas de la course, ils s’exposent au risque de couronner un coureur opportuniste, chanceux, et qui aura pu bénéficier d’un excellent travail de son équipe pour contrôler la course sur des étapes ne permettant pas de faire la différence seul, à la pédale.

Ou alors de couronner un grand coureur, mais dont le mérite se sera résumé à quelques très courts efforts sur un nombre très limité de courtes ascensions dans le final de quelques étapes.

En ce sens, le Tour 2014 pourrait de nouveau être assez ennuyant et surtout, pourrait couronner un coureur que peut reconnaitront comme LE eilleur coureur de course par étape au monde en l’absence de vraies difficultés. Or, le Tour de France n’est-il pas LA référence dans le cyclisme, couronnant chaque année celui perçu par tous comme le meilleur coureur? Qui se souvient encore de la victoire de Carlos Sastre sur le Tour 2008, voire celle de Pedro Delgado sur le Tour 1988?

Les derniers Giro et Vuelta nous ont par ailleurs prouvé que des parcours audacieux, difficiles, montagneux pouvaient par ailleurs générer un excellent spectacle, en dépit de la domination d’un coureur comme Nibali cette année sur le Giro. De tels parcours ont au moins le mérite de faire émerger les plus grands au prix d’efforts et d’exploits dignes d’écrire la légende du cyclisme!

En 2014, les coureurs feront la course une nouvelle fois. Dans ce contexte, il est toujours hasardeux de prédire l’intérêt de la course. Mais force est d’admettre que sur le papier, je ne trouve pas ce Tour de France 2014 très emballant, y voyant plusieurs raisons de croire que ce pourrait être une Grande Boucle encore très longue où les vainqueurs d’étape seront certes variés, mais également où la course au maillot jaune sera d’une platitude consommée, se résumant à quelques hectomètres durant les 3 656 bornes de l’épreuve.

Or, le maillot jaune n’est-il pas le plus beau trophée du sport cycliste?

Le film du parcours, en un peu plus de 3 minutes

 
Parcours 2014 en 3D / The 2014 route in 3D par tourdefrance

LeMond a raison, mais…

L’entrevue récemment accordée par Greg LeMond au réseau CNN a fait grand bruit dans le monde du cyclisme.

LeMond y affirme notamment que Lance Armstrong n’était pas capable d’un top-30 au Tour de France sans dopage.

J’en suis convaincu: LeMond a raison!

Tous les tests physiologiques de Lance Armstrong ont révélé que ce dernier était très loin de ceux de Greg LeMond, annoncé à 92 de VO2max, comparativement à environ 82 pour un Lance Armstrong au top. La différence est abyssale.

Les débuts de carrière d’Armstrong sont également là pour nous rappeler que ce coureur n’était pas un crack du côté des courses par étapes.

Mais surtout, cela montre avec éloquence à quel point le dopage sanguin de pointe peut s’avérer efficace pour changer un âne en coursier. Cela montre à quel point une rupture est survenue vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 entre le dopage « à l’ancienne », peu susceptible de changer les hiérarchies, et le dopage sanguin moderne capable de transformer notamment un Bjarne Riis, modeste porteur d’eau, en vainqueur du Tour, moyennant bien sûr un taux d’hématocrite supérieur à 60%, une barre vertigineuse si on considère les risques à l’égard de la santé.

Chez LeMond, le verdict est sans appel: Armstrong ne devrait pas être autorisé à revenir dans le sport, et devrait même faire de la prison pour ses gestes, notamment d’intimidation à l’égard de plusieurs personnes.

Je suis d’accord avec LeMond, à une nuance près: l’Affaire Armstrong peut aussi représenter une formidable opportunité pour le cyclisme afin de mieux comprendre les dérives du passé et afin de prendre les mesures pour éviter qu’elles ne se répètent. Dans ce contexte, il faut que l’UCI négocie avec Armstrong autour des conditions pouvant mener à des aveux complets du coureur, question de ne pas réduire cette affaire à un seul homme mais bien afin de comprendre le système en place autour de lui ayant rendu ce cirque possible.

En d’autres termes, le cyclisme – l’UCI surtout! – n’a selon moi pas le choix de négocier avec Armstrong pour la suite des choses. Espérons que Cookson, le nouveau président, aura des annonces à cet égard très prochainement.

Quoi qu’il en soit, je ne suis pas sûr que le genre d’interview accordée par LeMond au réseau CNN aide le cyclisme à aller de l’avant. Il eut peut-être été préférable que LeMond invite Armstrong à faire preuve de courage afin de permettre au cyclisme tout entier d’aller de l’avant en connaissant les dérives du passé.

 

Le Tour de l’actualité

Quelques nouvelles qui ont retenu mon attention au cours des derniers jours:

1 – Toujours en rade. Le problème de l’ordinateur n’est toujours pas réglé, La Flamme Rouge fonctionnera encore sous respirateur pour une autre semaine en attendant le retour à la normale. Merci à tous de votre compréhension.

2 – Chrono des nations. Troisième victoire consécutive de Tony Martin qui réussit sa fin de saison et se porte comme LE grand spécialiste des chronos, n’en déplaise à Bradley Wiggins et Fabian Cancellara qui apparaissent plus que jamais appartenir à une autre génération en phase d’être doublée. Martin s’impose sur les 57 km en une heure 10 minutes, 14 petites secondes devant un excellent Gustav Larsson chez IAM Cycling qu’on n’attendait pas à ce niveau. Chavanel complète le podium.

3 – Dominique Rollin. On apprenait il y a quelques jours que le renouvellement de son contrat à la FdJ posait problème, l’équipe de Marc Madiot ayant complété son recrutement pour 2014 sans le coureur québécois. Si tout espoir ne semble pas perdu, la situation s’est drôlement compliquée pour Rollin compte tenu du marché difficile engendré par la cessation de nombreuses équipes pro et World Tour, en premier lieu Euskaltel et Vacansoleil.

Je ne connais pas Dominique Rollin, je ne lui ai jamais parlé, mais j’ai toujours bien aimé ce coureur puissant, efficace en particulier sous des météos peu clémentes. J’ai toujours écrit sur ces pages que Rollin pouvait gagner de grandes courses, surtout les Flandriennes et en particulier Paris-Roubaix qui convient parfaitement au type de coureur qu’il est. À la lecture de la situation récente, une situation qui a surpris même le principal intéressé, j’éprouve colère et déception, estimant que ce coureur a tout à fait sa place au sein du WorldTour. Mais voilà, j’estime aussi que Rollin a trop joué la carte du collectif ces trois dernières années, s’oubliant trop souvent pour le bien de certains leaders qui n’ont pas toujours su concrétiser. Du coup, Rollin a peu gagné, Rollin s’est peu glissé dans des échappées et aujourd’hui, une partie importante du monde qui l’entoure a oublié de quoi il est capable sur le vélo. L’histoire du porteur d’eau laissé pour compte à un moment donné est pourtant classique dans le vélo professionnel…

Je souhaite évidemment à Dominique la meilleure des chances dans les prochains jours pour voir son contrat être reconduit au sein du WorldTour. Je lui souhaite surtout de penser un peu plus à lui au cours des prochains mois, de retrouver rapidement le goût des échappées, le goût de la victoire, le goût d’être devant et non plus derrière à tirer le peloton en entier sans pour autant voir ses leaders concrétiser dans le final.

Quoi qu’il en soit, avec la retraite de David Veilleux et l’incertitude entourant le devenir de François Parisien et Dominique Rollin, c’est une intersaison difficile pour les coureurs québécois en WorldTour. On pourra cependant compter sur la présence, en 2014, de Hugo Houle chez AG2R La Mondiale et de Guillaume Boivin chez Cannondale dont les contrats ont été reconduits.

4 – Chris Froome nommé « Flandrien international de l’année ». Décidemment, y’a des choses qui m’échappent dans le cyclisme… surtout que l’intéressé lui-même affirme redouter les pavés!

5 – C’est un des grands dossiers du mandat de Brian Cookson selon moi au cours des 4 prochaines années: relancer le cyclisme féminin. Cet article nous informe qu’en France, le cyclisme professionnel féminin est au plus mal.

La solution? Il faut une locomotive, et cette locomotive ne peut être selon moi que la renaissance du Tour de France féminin qui permettrait au public de s’intéresser et de connaître les athlètes féminines en cyclisme sur route. Pourquoi ne pas penser (et négocier avec ASO!) à un Tour de France féminin sur une portion de l’étape des hommes et disputé 24h avant ces derniers? Le public aurait deux raisons de se déplacer, des comparaisons pourraient être établies sur les temps d’ascension des cols, la couverture télé ne serait pas tellement plus chère, bref, ce serait une belle solution permettant de créer un levier de développement.

6 – Tour de France 2014. Le parcours sera dévoilé cette semaine, comme d’habitude. En attendant, l’excellent site Velowire nous propose le parcours probable, sur la base d’une enquête détaillée. L’an prochain encore, malheureusement, le Tour de France ne fera pas vraiment dans l’inovation comme on peut le voir sur le Giro ou la Vuelta. Il est probable que le parcours demeure classique, un départ d’Angleterre, un détour par l’Est de la France, notamment la Lorraine puis Besançon, puis les Alpes sans grande étape, puis les Pyrénées jusque l’avant dernier jour, question d’entretenir un pseudo suspense.

On se languit d’un peu d’inovation! À quand le retour du Puy de Dôme? À quand de nouvelles ascensions difficiles, étroites, ou bien placées? À quand un parcours novateur, déstabilisant?

7 – Paris-Tours. L’épreuve a été gagnée au sprint par John Degenkolb. Pour ceux qui connaissent l’histoire du cyclisme et des photos des épreuves, en voici une de circonstance qui nous ramène à la fréquente condition des coureurs cyclistes d’une certaine époque, ces hommes issus et étant demeurés près de la terre. Ceci étant dit, un peu de chasse puis des problèmes informatiques m’ont laissé deux semaines durant sans aucune activité cycliste, et un court test hier après-midi m’a laissé croire que j’ai regressé de six mois… Misère, la reprise s’annonce difficile!

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