… de prendre la parole publiquement afin d’exprimer leur colère et leur frustration envers Rider Hesjedal et Michael Barry qui, en occupant des places notamment sur l’équipe nationale canadienne, leur ont très certainement volé une partie de leur carrière cycliste, sinon leur rêve.
Peu de coureurs ont en effet le courage de tenir ces discours, pourtant justes. La plupart des coureurs la bouclent, respectant ainsi la loi de l’omerta et croyant protéger leur carrière au sein du peloton par la même occasion.
Quelques uns seulement avant Routley et Parisien ont osé dénoncer le préjudice dont ils ont été victimes, mais ils sont très peu nombreux: au Canada, je pense notamment à Lyne Bessette qui a également exprimé, il y a quelques années, sa frustration face à Geneviève Jeanson qui a certainement nui, par moment, à sa propre carrière et son épanouissement dans le cyclisme de haut niveau.
Will Routley ne ménage pas ses mots en écrivant notamment: « They (ndlr: les coureurs qui avouent s’être dopés) even pat themselves on the back and say how they are proud of the steps they’ve taken to improve the sport and clean it up. Maybe they just found a larger love of the sport? Or maybe now is a good time to call bullshit.
What have they done to improve the sport, I ask? Because I could go on for days about the ways in which they have negatively affected it. In most cases they’ve suffered minimal to no negative consequences at all.
I find it very hard to believe that every doper out there suddenly decides to quit on his own accord, and I also object to the idea that even if this were true, the rider is now “clean.” This person has taken his body way farther than what is naturally possible, and has lifelong adaptations to this, so even if he were no longer on drugs, he would in all likelihood still hold an unfair advantage.
(…)
« When I hear the interviews and the dopers say things like: “I crossed the line,” I am disgusted. Several American guys caught this month all said the same thing about crossing a line. As far as I’m concerned, “crossing the line” is when you swear in public. When you defraud a nation, steal from sponsors, and your fellow racing compatriots and then lie to the world about it, you didn’t “cross a line” you are a criminal. »
Je suis parfaitement d’accord avec Routley. Bang on!
De son côté, François Parisien a raison d’exprimer son dégout, sa frustration: « Ça me rend malade, je veux dire… je ressens un profond dégoût. Et il y a beaucoup de frustration. C’est des tricheurs qui ont influencé une bonne partie de ma carrière et je me suis fait piler dessus par ce genre de gars là toute ma carrière depuis que je suis jeune. »
Je demeure convaincu que si davantage de coureurs osaient ainsi dénoncer les coureurs dopés, cela contribuerait significativement à faire progresser la lutte contre le dopage. Que ça contribuerait significativement à revoir les peines des coureurs convaincus de dopage, car je suis d’avis que ces peines demeurent aujourd’hui insuffisantes.
Prenez le cas Hesjedal. Il a avoué, mais il fait face à quelles conséquences?
Le CCES a déjà signifié qu’il ne pouvait agir, les délais de prescription (8 ans) étant dépassé.
L’an prochain, Hesjedal demeurera en World Tour, leader sur les grands tours de l’équipe Garmin.
Il continuera également d’empocher un lucratif salaire, fort de son statut de vainqueur du Giro.
Il pourra également être sélectionné pour représenter le Canada au sein de l’équipe nationale des Mondiaux de cyclisme, voire des prochains Jeux Olympiques.
Après sa carrière, rien ne l’empêchera d’oeuvrer dans le milieu pro.
Juste et équitable?
La réponse est pour moi évidente: non.
Il est grand temps que de courir propre devienne un peu plus payant.
Il est grand temps qu’on valorise davantage le cyclisme propre.
Il est grand temps que l’UCI, l’AMA, le CCES et les autres organismes impliqués dans le sport de haut niveau réfléchissent sur les façons de valoriser le cyclisme – et tout le sport – propre.
Ils le font déjà me direz-vous? Oui, c’est vrai: par exemple, l’AMA et le Comité international paralympique (CIP) organisent, en marge des Mondiaux 2013 de natation, une journée dédiée à la promotion du sport propre. En gros, on distribuera des T-Shirts et des éventails en papier (je n’invente rien), on aura quelques témoignages, on tiendra une conférence de presse et on fera quelques contrôles (probablement inefficaces, puisqu’ils sont annoncés!). Si une telle activité est intéressante si on vise à sensibiliser des enfants, je vois mal en quoi elle sera efficace du côté des nageurs d’élite visant une première sélection sur l’équipe nationale en vue des JO de Rio en 2016…
Et si on arrêtait enfin de perdre du temps et qu’on réglait ça simplement et rapidement?
Ma suggestion? Puisque nous ignorons quels sont les coureurs propres des coureurs dopés, je ne vois qu’un moyen: alourdir considérablement les peines liées au dopage.
Je le réclame sur ce forum depuis des années, depuis 2005 en fait!
Il faut donner 4 ans de suspension ferme au premier contrôle positif, exiger le recouvrement des primes de toutes les victoires acquises entre le moment du contrôle positif et l’épreuve durant laquelle l’échantillon fautif a été prélevé, ainsi qu’adjoindre à ces deux mesures une interdiction, une fois la carrière professionnelle terminée, d’oeuvrer de près ou de loin dans le cyclisme.
Et il faut donner une suspension à vie de la pratique du cyclisme au deuxième contrôle positif.
Point final.
Trop sévère me direz-vous? Je vous répondrai que seuls les dopés craindront de telles mesures!
Bref, je dis personnellement bravo et merci à Will Routley et François Parisien pour leur récente sortie dénonçant Rider Hesjedal et Michael Barry. S’ils étaient plus nombreux à faire de telles sorties lorsqu’un coureur est piqué au contrôle ou par la patrouille, je suis convaincu que cela aiderait la lutte contre le dopage en accélérant certaines réflexions qui, aujourd’hui, m’apparaissent nécessaires.
Et leur déclaration contribue avec aplomb à sensibiliser le grand public de toute l’injustice liée au dopage, tout en rappelant à ce même grand public qu’il existe encore des coureurs cyclistes qui travaillent dans le respect des règles et de l’éthique.
Stef Toupenet
Bravo à ceux qui osent parler.
c’est eux les grands champions.
–
Mais aujourd’hui il est préférable aux yeux de beaucoup de gens de se taire.
Peu de gens ont le courage de leurs opinions.
–
Moi j’ai osé l’ouvrir à la fin des années 90 et je me suis fait bordurer de tous les côtés.
J’ai continué à courir et gagner des courses.
Aujourd’hui je regarde ça de loin, et je trouve bien triste cette situation.
Stef
Christophe J
Je suis d’accord avec toi. En france, Jérôme Pineau avait crié son dégoût en regardant à posteriori ses classements dans le tour et ceux qui étaient devant lui.
Amusez-vous à regarder les résultats du tour 2002 !
jean-michel
C’ est grand, c’ est chevaleresque de se battre contre les moulins a vent…mais ces gars ont fait du velo plus que leur metier, c’ est leur existence,leur identite, car pour etre au haut niveau , il ne faut que faire du velo, et si l’on en vit, il faut que ca puisse durer, la jeunesse est courte. Alors, il vaut peut-etre mieux la fermer, meme si c’ est injuste, meme si ca ronge , mais il faut bien gagner sa vie, payer les traites, elever ses jeunes enfants.
Et puis ,les sonneurs d’alarme, ils sont si cleans que ca, eux? on parle de sport professionel…
Christophe J
@jean-michel
Alors comme ça en plus de se faire voler il faudrait qu’ils la ferment ? C’est exactement ça un système maffieux !
Et en plus ce sous entendu qu’il n’y aurait pas de coureurs propres, c’est une insulte à ceux qui le sont. Il y a des personnes qui respectent une éthique.
C’est comme si je disais qu’avec les idées que tu as il n’est pas possible que tu sois honnête !
EricL
Une course sans dopage serait-elle juste?
nikko
Complètement d’accord concernant l’alourdissement des sanctions. Et surtout celle qui touche aux gains.
Un bémol néanmoins, je ne prends plus aucun coureur en exemple de probité, je ne le peux plus.
Alors les déclarations de Routley ou Parisien sont peut-être celles de coureurs propres qui se sont fait voler…mais peut-être aussi sont elles celles de coureurs voulant se refaire une virginité.
Je me rappelle de coureurs qui les yeux dans les yeux, le cœur sur la main, assuraient être propres…
jean-michel
@ Christophe J: j’essaye sincerement de me mettre a la place d’un cycliste pro: le velo, la course est mon gagne pain et mieux vaut assurer les fins de mois, et avoir du boulot l’annee suivante que de l’ouvrir et finir par « se faire bordurer ». Ce ne sont pas des cyclistes du dimanche, master comme moi , mais des acteurs d’un sport show-business hyper difficile. Ils savent tous tres bien dans quel milieu ils sont, et leur entourage, sponsors, DS, soigneurs ont surement beaucoup d’influence sur eux. Et a vingt ans , je ferai surement la meme chose.
Comme Nikko, c’ est bien dommage mais je ne peux plus prendre un coureur en exemple de probite.
Mais, une fois encore, il s’agit du « cirque » professionel..
-K-
@jean-michel : le fait qu’à 20 ans tu aurais été un pourri ne veut pas dire que tout les coureurs le sont.
-K-
Arf zut ! En relisant le post de jean-michel
, je me rends compte que « pourri » n’est pas le mot.
C’est plutôt « lâche » qu’il faut mettre.
Simon Julien
Bravo à Routley et Parisien. Je suis convaincu que c’est principalement la solidarité des coureurs qui serait la meilleure arme contre le dopage. Mais dans ce sport essentiellement individualiste, je bien peur qu’elle demeurera marginale… malheureusement.
Christian
Je suis tout à fait d’accord avec l’idée de punir davantage les dopés.
Cela dit, dans certaines régions du monde la peine de mort existe et cela ne semble pas réfreiner les ardeurs de certains: quelque-soit la peine, hélas, il y aura toujours des tricheurs.
J’irai donc plus loin: il faudrait qu’il y ait des conséquences pour l’équipe et les coéquipiers (ex: suspension automatique de l’équipe pour une durée à déterminer).
Trop sévère me direz-vous?
Mais ca responsabiliserait davantage: se doper n’impliquerait plus que soit mais aussi ses équipiers (et amis?). Ca peut faire davantage réfléchir.
Et les équipiers s’ils voient ou pressentent des pratiques douteuses seront incités à faire pression sur la brebis galeuse ou à la dénoncer.
Les DS auront tout intérêt à mener de véritables programmes anti-dopages dans leurs équipes.
On est loin de tout ca aujourd’hui après tant d’années de laxisme.
Mais il y a en effet un certain espoir: que des coureurs dénoncent des dopés, c’est presque du jamais vu. Évidemment puisque tous dopés pour la plupart, ils seraient mal venus de critiquer leurs semblables.
Sans oublier la pression dans le peloton (ex: Bassons – Armstrong).
Martin Desbiens
Il faudrait que tu nous donnes les statistiques face aux nombres d’articles qui parlent de dopage sur ce site versus les autres sujets.
Mais comment faire pour imposer ces nouvelles règles et encore plus important les imposer dans tous les sports sinon ce sera la fin du cyclisme pro.
Excellent article de Gilles de Gilles Morneau ;
http://www.vmqca.qc.ca/chroniquesdegilles/2013/11/20131104.html
Martin Desbiens
schwartz patrick
6 Tout à fait OK avec Nikko
les déclarations de Routley et Parisien,ok c’est bien,
parce que c’est officiel,l’autre a avoué,mais seraient-ils au courant d’autres faits,d’autres coureurs, auraient-il le courage de cracher le morceau ? et
d’autres (et non des moindres) ont tant prétendu ne rien prendre, comme tu dis, les yeux dans les yeux,que
je ne peux plus les croire,leur faire confiance…
Leur boulot,c’est le vélo,pas le bavardage, c’est
comme les comédiens et les chanteurs qui parlent de « leurs vérités » dans les magazines « people »,du vent!
Je le répète, c’est aux instances dirigeantes de serrer
la vis très fort,en toute honnêteté,en toute indépendance, de sévir avec un staff médical de pointe et un système juridique sans failles; des mesures rapides et brutales, l’électrochoc est nécessaire !!!
aplg
une pensée pour sandy casar, vainqueur putatif d’un giro maudit ?
p'tit lucien
Le commentaire de Will Routley révèle un détail qu’on n’avait pas beaucoup soulevé jusqu’ici: ainsi, avoir pris de la dope à une certaine période, même si on a arrêté d’en prendre depuis, aurait quand même des effets durables, voire pérennes, sur le corps humain au niveau de l’augmentation des performances. Intéressant, je n’avais personnellement jamais entendu parler de cela. ça mérite d’être investigué. Quelqu’un d’entre vous en sait plus?
Obélix ne serait alors plus le seul à être tombé dans une marmite de potion magique étant petit 🙂
Serge
Tout ca c’est tres juste… Mais sans cautionner du tout ces choses je me demande comment ce deluge de sanctions permettra de preserver la justice.
Si vous avez une moindre trace de quoi que ce soit vous etes presume coupable… Les solutions envisagees risquent d’etre aussi brutales que les problemes que vous decrivez mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je reste oppose a toute forme de dopage, mais pas en versant dans un role pire que celui des tricheurs actuels.
Pas de deluge de commentaires saignants, je ne suis pas militant 😉
Sportivement
PierreC
@ jean-michel (commentaire #3)
« Et puis ,les sonneurs d’alarme, ils sont si cleans que ca, eux? on parle de sport professionel… »
Je pense qu’il faut faire une différence entre le coureur qui affirme être propre lorsque questionné par les journalistes et ceux, comme Routley et Parisien, qui n’ont pas peur de prendre les devants et ne pas se limiter au « je n’ai jamais rien pris ».
Avez-vous déjà entendu un coureur tenir le discours que tiennent Routley et Parisien, coureur qui fut par la suite pris pour dopage ? Mis à part Lance Armstrong, les dopés ont toujours gardé un profil bas, ne pas soulevé de poussière, ne pas impliquer personne sauf eux-même.
Vous en connaissez d’autres que Routley et Parisien, des coureurs de ce niveau, qui n’ont pas peur de dire qu’ils se sont faits voler ?
Faudrait pas les mettre tous dans le même panier !