Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 317 of 351

La Flamme Rouge a un an!

Il y a un an, notre site La Flamme Rouge était lancé avec la publication de notre premier texte, que nous reproduisons ci-bas, portant sur Tom Danielson.

Quoi de mieux pour fêter le 1er anniversaire que d’apprendre, grâce à Éric cette semaine, que La Flamme Rouge est « site du mois » dans la revue française Le Cycle!! Voici le texte que vous pouvez y retrouver :

« Venu tout droit du Canada, le site www.laflammerouge.com propose une radioscopie complète du monde des pros. Quotidiennement, des infos viennent alimenter le site. Le ton est souvent caustique et apporte un éclairage différent sur l’actualité. Autre point fort, le nombre très important de liens vers des sites de qualité et qui traitent également de vélo sous différents aspects. Le site de LFR dresse également le portrait de nombreux coureurs, parle de la technique et aussi des affaires de dopage. Les archives permettent de retrouver facilement un ancien article. Bien sôr, Lance Amstrong est souvent évoqué, à travers ses résultats et ses faits extra sportifs, même si le webmaster avoue ouvertement son antipathie pour le champion américain. La rivalité américano-canadienne n’est pas vaine… »

Nous tenons bien sôr à partager ce succès avec tous nos lecteurs. Car ce premier anniversaire est aussi pour nous l’occasion de dire merci à tous nos lecteurs avec qui nous partageons le bonheur de discourir de cyclisme sur des bases quotidiennes. Gonflés à bloc pour entamer cette 2e année (mais toujours à l’eau claire…), nous éprouvons beaucoup de plaisir à entretenir ce petit site bien modeste et sachez que vos commentaires – même divergents – nous intéressent toujours. Pas besoin d’être forcément d’accord avec La Flamme Rouge pour écrire un commentaire!

Nos remerciements vont également à nos collaborateurs spéciaux : Dominique, Lyne, Gaston, Éric, Stéphane, les coureurs des Rouleurs de l’Outaouais, etc. Enfin, un merci tout spécial est adressé à l’homme de l’ombre, mon ami d’enfance Patrick qui nous a initié aux carnets ouèbe et qui est responsable du design de ce site.

Premier texte de La Flamme Rouge, fin aoôt 2003 :

Titre : Tom Danielson

La nouvelle de la semaine dans le monde du cyclisme pro est résolument la signature, pour la saison 2004, de Tom Danielson (équipe Saturn) chez lêéquipe italienne Fassa Bortolo dirigée par GianCarlo Ferretti qui nêest plus à présenter dans le milieu. Il y retrouvera Dario Frigo, Allessandro Pettachi et Aitor Gonzales entre autre. Michele Bartoli est annoncé comme partant pour la saison prochaine, ce qui est dommage pour couvrir le registre des Classiques.

Danielson a fait toute une saison 2003 et sêinscrit logiquement comme le grand espoir du cyclisme américain, après Greg LeMond et Lance Armstrong. Ca fait plaisir de voir que tout comme eux, Tom nêa pas hésité une seconde à rallier lêEurope et une équipe de top niveau, dirigée par “lêhomme de fer”. Trop de cyclistes nord-américains préfèrent en effet se cantonner aux courses américaines ou lêon peut courir pour soi et faire rapidement dêintéressantes sommes dêargent. Danielson a très bien vu que Saturn ne lui permettrait pas dêaller plus haut encore, lui qui en a pourtant les moyens physiques de toute évidence tant il est apparu facile dans de nombreuses courses cette saison.

Rappelons que Danielson a gagné au début de la saison le Tour de Lankawi devant certains pros européens confirmés. Il a récemment gagné le Mount Washington Hill Climb race, ce qui situe ses capacités de grimpeur. Souvent présenté comme tel, il semble être capable dêexceller également au CLM. En fait, personne ne connaît ses réelles limites et Ferretti lêa compris avant tout le monde. Avec lui, il détient peut-être le prochain vainqueur américain du Tour, une fois le règne dêArmstrong terminé!

Bref, une excellente alliance entre un directeur sportif qui a 30 ans de métier, qui sait comment développer les jeunes et motiver ses coureurs, et un jeune coureur justement qui a eu la tête de sêépauler de gens compétents autour de lui et qui dédient leur vie au cyclisme. Et dans cette optique, les italiens sont tout simplement les meilleurs…

Beaucoup de nouvelles très intéressantes!

Voici, selon notre formule « en vrac », les nouvelles d’intérêt ces jours-ci:

1 – À la une du Journal de Montréal, on raconte que la championne olympique Muenzer a gagné son titre avec des roues empruntées aux équipes françaises et australiennes. Muenzer s’était retrouvée sans boyaux de course à quelques heures de ses épreuves et a donc dô compter sur d’autres équipes pour pouvoir se mettre en piste. L’histoire, assez incroyable, est en train de faire le tour du monde puisque l’Agence France Presse en a fait un communiqué officiel plus tôt aujourd’hui.

Voilà donc une bien mauvaise presse pour l’ACC et le Comité Olympique Canadien qui doit sentir l’eau bien chaude récemment. On vous le disait plus tôt cette semaine, il y a beaucoup trop d’improvisation dans tout cela. La récente sortie du ministre canadien du sport doit d’ailleurs être dénoncée. Ce dernier affirmait qu’il était plus important d’investir dans la santé de la population en général que pour gagner des médailles aux JO. Si on peut comprendre le raisonnement, on juge toutefois qu’il est bien contestable, l’être humain étant ainsi fait qu’il a besoin de modèles. Et il n’y a pas meilleure façon, selon nous, d’encourager les gens à faire du sport qu’en leur permettant de s’identifier à des modèles à qui on doit donner, selon nous, des moyens corrects (sans verser dans l’excès opposé) de réussir, ce qui n’est pas le cas actuellement au pays.

2 – Même si La Flamme Rouge n’est pas un grand fan du VTT, saluons la très belle médaille d’argent de la Québécoise Marie-Hélène Prémont dans l’épreuve de cross-country des JO. C’est la no1 mondiale la Norvégienne Gunn-Rita Dahle qui s’est imposée en dominant la course de bout en bout, ce qui donne une idée de la belle performance derrière de Prémont. Bravo !

3 – Floyd Landis s’est engagé pour 2 ans chez Phonak ou il rejoint donc Hamilton et Sevilla. C’est qu’on lui a promis de pouvoir jouer sa carte personnelle dans certaines épreuves. Voilà donc une nouvelle innatendue et qui doit toucher Armstrong puisque Landis était très certainement parmi sa garde rapprochée. Il sera difficile à remplacer… Remarquez qu’à la vue de son dernier Tour de France, on comprend Landis qui est même en droit de se demander s’il ne devrait pas revendiquer le statut de leader de l’équipe l’an prochain!

4 – Leipheimer est annoncé chez Gerolsteiner, mais cela reste à confirmer. Il ne ferait pas concurence à Rebellin puisque ce dernier se réserve uniquement les Classiques. Du coup, Rabobank se cherche un nouveau leader pour les grands tours et semble trouver Valverde trop cher… pour l’instant.

5 – Le GP de Plouay, la grande fête du cyclisme breton, se déroulera dimanche. Toujours âprement disputée, cette course avait été gagnée par Andy Flickinger l’an dernier. Les Français sont toujours à surveiller, notamment Moreau, Pineau, Chavanel, Voeckler, Vogondy et Moncoutié, en vue récemment. À surveiller aussi, Popovytch.

6 – Saga VDB : de mal en pis. Comme toujours, le revoilà parti à la recherche d’une équipe pour 2005. On y croyait depuis 2 ans, mais ses récents déboires nous ont convaincu que l’individu est probablement irrécupérable. Si « l’homme de fer » du cyclisme, GianCarlo Ferretti, a échoué, on se dit que sa carrière est terminée. À moins que Riis nous refasse un grand numéro de sauveur ?

Lyne Bessette en entrevue

De retour d’Athènes, Lyne Bessette a gentiment accepté de répondre à nos questions, poursuivant ainsi notre série d’entrevues amorcée il y a une dizaine de jours.

LFRLyne, première question, souffres-tu encore de séquelles suite à ta chute dimanche dernier dans la course sur route des Jeux?

LB – J’ai seulement une côte qui me fait toujours souffrir mais en dehors de ça, non, pas autre chose.

LFRCrois-tu que cette chute a pu influencer négativement ton clm mercredi dernier ?

LB – Non, absolument pas.

LFRComment juges-tu, avec un peu de recul, ta performance dans ce clm?

LB – Considérant mes qualités dans les contre-la-montre pris sur une seule journée, c’est-à-dire qui n’intervienne pas dans un grand tour, je suis satisfaite.

LFRLa stratégie de l’équipe canadienne dans la course sur route était visiblement d’attaquer, de créer une course de mouvement. Maintenant que la course est terminée, et compte tenu du parcours, était-ce selon toi une bonne stratégie?

LB – Selon moi, c’était carrément la strategie parfaite à adopter.

LFRTu étais aux avant-postes du peloton au moment de ta chute, assurément pour surveiller les contre-attaques derrière Sue qui était à ce moment échappé. Tu venais également de produire un gros effort dans ta propre tentative d’échappée. Comment te sentais-tu au moment de ta chute?

LB – Pour tout te dire, je me sentais alors en parfait contrôle de mes moyens.

LFRLa moyenne horaire de la course sur route féminine est de 34 km/h, ce qui peut paraître assez faible. Cette moyenne est-elle un bon reflet de ce qui s’est passé dans la course ou était-ce beaucoup plus dur qu’en apparence?

LB – Le parcours était difficile, avec beaucoup de virages et beaucoup de relances. Il y avait aussi deux bornes de montée, une section pavée, bref, un parcours digne des Jeux Olympiques. Le vent soufflait aussi très fort car il y avait une dépression qui s’ammenait sur Athènes cette journée là. Chose certaine, ce n’est pas parce qu’une moyenne n’est pas élevée que la course était facile !

LFRTa préparation pour les Jeux passait, si nos informations sont exactes, par un stage d’entraînement en France début aoôt. À quel endroit t’es-tu entraînée?

LB – Nous étions en fait basé à Annecy, au coeur des Alpes françaises.

LFROn lisait très récemment que tu comptais participer au GP T-Mobile le 12 septembre prochain, mais pas forcément aux Mondiaux de Vérone. Quel sera ton programme de fin de saison ?

LB – Je compte disputer une course au Vermont, puis le GP San Franscisco. Je ne suis pas encore décidée concernant une participation aux Mondiaux de Vérone.

LFRTu as beaucoup gagné cette année (Pomona Valley Stage Race, Redlands Classic, Sea Otter Classic, Nature Valley Grand Prix, course sur route des championnats canadiens, Tour The International), tu es capitaine de route et leader chez Quark, tu t’es mariée, la vie sourit à Lyne Bessette non? Estimes-tu que 2004 est ta meilleure année en carrière jusqu’ici ?

LB – Oui, sans aucun doute, et je suis très heureuse, à vélo bien sôr mais avant tout dans ma vie personnelle, ce qui, pour moi, compte avant tout.

LFRMalgré tous ces succès, l’épreuve du Mont Royal, devant ton public, t’a échappé, une fois encore. Est-ce l’épine dans le pied en 2004 ? Dans la négative, y-a-t-il une course, un événement en 2004 pour lequel tu nourris des regrets ?

LB – Non, car c’est ça le sport, on ne peut pas toujours gagner!!

LFROn connaît assez peu l’équipe Quark, un fabriquant de chaussures pour femmes. En portes-tu et sont-elles confortables ?! Blague à part, est-ce une équipe canadienne ou américaine? Quark s’est-il engagé dans le cyclisme pour une durée déterminée?

LB – Quark a en fait signé pour trois ans, et c’est une équipe américaine. Les chaussures Quark sont les plus légères du monde, et ce n’est pas une blague!

LFRL’Équipe Quark a beaucoup de charme, dans tous les sens du terme puisqu’on compte également dans ses rangs les espoirs Audrey Lemieux et, plus récemment, Emilie Roy. Prépare-t-on l’avenir chez Quark ? Que penses-tu de ces deux filles pour l’avenir?

LB – Audrey a été avec nous depuis le début de la saison. Dans le cas d’Émilie, nous l’avons mise sous contrat dans le but de lui permettre de courir avec nous certaines épreuves de la Coupe du monde ainsi que le Tour du Grand Montréal. Audrey a, selon moi, beaucoup de talent et une très bonne tête, ce qui en fera une excellente leader plus tard, elle a ça en elle! Chose certaine, ces deux filles là sont une belle relève.

LFRTon mari Tim Johnson, pro chez Saunier-Duval-Prodir, passe maintenant beaucoup de temps en Europe, à Gérone si nos renseignements sont bons, Gérone étant le véritable « camp de base » des coureurs nord-américains en Europe. Comment gère-t-on la vie sur deux continents?

LB – Ce qui est difficile, c’est que Tim et moi étions, depuis trois ans, sur la même équipe. On a eu de la chance! Maintenant, cela demande une autre adaptation. On se voit moins souvent c’est évident, mais nous savons tous les deux que cette vie séparée ne durera qu’un temps…

LFRCôtoies-tu davantage les pros masculins qui y habitent, comme Hamilton, Landis, Armstrong, Leipheimer, Hincapie?

LB – J’ai effectivement eu la chance de les rencontrer et Tyler Hamilton est un bon ami de Tim. Ceci étant dit, je connaissais aussi Levi Leipheimer car il était chez Saturn en même temps que moi.

LFRTu évoquais récemment que tu désirais un programme de course allégé pour 2005. As-tu des projets ou objectifs précis pour l’an prochain?

LB – Après 8 ans passés dans une équipe professionnelle avec un calendrier de courses très chargé, je pense que je mérite bien une année un peu plus relaxe, afin de mieux attaquer la suivante!

LFRVerra-t-on Lyne Bessette sur des épreuves de cyclo-cross cet hiver?

LB – Hum… pas cette année… mais l’an prochain, peut-être…

La Flamme Rouge remercie Lyne pour cette entrevue et lui souhaite évidemment une bonne fin de saison, qu’on suivra avec intérêt. Vous retrouverez le palmarès 2004 de cette grande athlète québécoise ici, sur le site de notre confrère de Véloptimum.

Fantastique Muenzer!

Même si La Flamme Rouge ne parle pas souvent de la piste, on s’y intéresse beaucoup, tout du cyclisme (sauf peut-être le BMX et le cyclisme en salle…) nous passionnant. On a jadis en effet vécu de grands moments de cyclisme à l’Open des Nations au milieu des années 1990, avec l’ambiance unique des vélodromes peuplés de passionnés comme nous!

Aussi, saluons bien haut la performance de la Canadienne (de Toronto) Muenzer aujourd’hui dans l’épreuve reine de la piste, la vitesse individuelle. Muenzer (1,75 m pour 80 kg) remporte en effet la médaille d’or, battant en finale la jeune (21 ans) Russe Tamilla Abassova. Le tour précédant, elle avait sorti la jeune (20 ans) Australienne Anna Meares, médaillée d’or sur le 500 m quelques jours avant. Muenzer a 38 ans! L’expérience opposée à la fougue de la jeunesse? C’est, en tout cas, dans un tournoi de vitesse que l’expérience constitue le plus un net avantage…

Peu connue du grand public même au Canada, Muenzer a été, dans sa carrière, pourtant vice-championne du monde 2000 (vitesse) et 2001 (500m). En 1999, elle avait même battu Tanya Dubnicoff dans les qualifications pour les JO de Sydney. Mais peu importe, l’histoire aujourd’hui de Muenzer est une belle surprise (comme seuls les JO peuvent en faire!) pour le Canada qui, jusqu’ici, performait assez lamentablement au tableau de médailles.

Les médailles en cyclisme sont d’ailleurs très rares pour le Canada, pays ou ce sport demeure encore aujourd’hui à la marge de beaucoup d’autres, même si des progrès évidents ont été faits ces dernières années. Jusqu’ici, on comptait 8 ou 9 médailles canadiennes en cyclisme, dépendemment du site fréquenté! À l’ACC, voici ce qu’on rapporte :

1996 Argent Alison Sydor Vélo de montagne
1996 Argent Brian Walton Piste-Course aux points
1996 Bronze Curt Harnett Piste-Vitesse
1996 Bronze Clara Hughes Route-Contre-la-montre
1996 Bronze Clara Hughes Route-Course sur route
1992 Bronze Curt Harnett Piste-Vitesse
1984 Argent Curt Harnett Piste-Kilomètre
1984 Argent Steve Bauer Route-Course sur route

Le site du comité olympique canadien rapporte une médaille de bronze de plus, et si certains d’entre vous peuvent nous éclairer sur cette incohérence, on vous en serait reconnaissant!

C’est donc tout un exploit qu’a réalisé Muenzer aujourd’hui, donnant au Canada sa première médaille d’or de son histoire dans cette discipline. Bravo Lori-Ann!

GP de Zurich

C’est le GP de Zurich ce week-end, 8e manche de la Coupe du Monde toujours dominée par Davide Rebellin.

Épreuve longue et difficile notamment en raison de la chaleur qui peut y sévir en plein mois d’aoôt et en raison de la succession des bosses, le GP de Zurich pourrait en suspendre plusieurs. Amrstrong, au début de sa carrière, s’y était d’ailleurs cassé les dents! Nul doute, c’est un homme en forme qui s’imposera ce week-end sur les 250 kms du parcours (dont l’ascension, à cinq reprises, de la colline de Pfannenstiel, longue de 726 m).

Dans ce contexte, les 3 premiers du général de la Coupe du Monde ont beaucoup à perdre, ou à gagner. Si ce sera difficile pour Freire ce week-end, Bettini a un bon coup à jouer contre Rebellin puisque très en forme. Avec 44 points de retard sur ce dernier (282 contre 238 points), Bettini pourrait, avec une victoire, prendre la tête du classement avec deux épreuves à venir, soit Paris-Tours (une course qui ne convient pas à ces deux coureurs) et le Tour de Lombardie.

Les Quick Step de Bettini et les Gerolsteiner de Rebellin devront toutefois avoir les T-Mobile à l’oeil, puisque ces derniers comptent dans l’équipe Ullrich, Nardello (vainqueur sortant), Vinokourov, Kloden, Guerini et Evans, excusez un peu. Ullrich, 4 fois deuxième sur cette course, voudra surement racheter sa performance jugée par plusieurs décevante à Athènes, bien qu’on puisse se questionner sur sa motivation récente.

Le vainqueur de Québec-Mlt 1951 nous raconte…

La Flamme Rouge continue sur le même thème, la classique Montréal-Québec, et vous présente aujourd’hui une entrevue avec M. Gaston Langlois, vainqueur de cette épreuve en… 1951! Cette entrevue fait suite à celle du vainqueur 2004, Dominique Perras, lundi dernier. Place à l’histoire!

LFRM. Langlois, combien y avait-il de participants en 1951 ? Qui étaient les favoris ?

GL – Nous étions 40 coureurs au départ et seulement 16 ont terminé lêépreuve dans les délais. Les favoris étaient Max Carter, Barney VanderValk, Art Johnston, André Latour, Paul-Émile Serres, Hugh Starrs, Jean-Louis Laforest et moi-même.

La semaine précédant la course, jêétais allé voir M. Baggio, mon entraîneur et propriétaire du magasin de vélo Baggio Cycles et Sports, en lui faisant part de mes inquiétudes concernant ma participation à cette épreuve. Jêestimais la distance trop longue et je ne pensais pas avoir les acquis dêentraînement suffisants pour y tirer mon épingle du jeu. Il faut dire quêen 1950, jêavais abandonné cette course et quêen 1949, à ma première année de cyclisme de compétition, jêavais terminé 6e et premier Québécois, les cinq premiers venant alors de lêextérieur de la province, soit Chicago et New York.

Utilisant son plus bel accent franco-italien, M. Baggio a su trouver les mots qui devaient me convaincre, quelques jours avant la course, dêy participer, anéantissant ainsi toutes mes appréhensions. Il me disait «Gastone, vient à Québec avec nous, tu prendras le départ et considère ça comme un entraînement, tu nêauras quêà suivre le peloton». La proposition ne me déplut pas car elle avait lêavantage de me soulager de la pression que jêavais tendance à mêauto-imposer. Ainsi réconforté, je me sentais totalement libre de participer à une des courses les plus en vues de lêépoque au Québec (et encore aujourdêhui).

LFRLa course comportait combien de kms à lêépoque, et quel était son parcours précis ?

GL – Mon frère suivait à lêépoque toutes mes courses et selon lui, il y avait cette année-là très exactement 165,8 miles à couvrir, soit 269,4 km. Nous suivions la route # 2 (aujourdêhui la route 138) jusquêà Montréal ou nous prenions la rue Sherbrooke jusquêau boulevard Pie-IX, endroit ou était jugée lêarrivée.

LFRLe cyclisme était-il populaire à lêépoque ? Les gens se déplacaient-ils pour voir les coureurs ?

GL – Il suffit de regarder la photo de l’arrivée (voir ci-bas) pour réaliser que le cyclisme était alors assez populaire au Québec, contrairement à ce que les jeunes pensent aujourdêhui. Un peu plus tard, en 1963, les Six-Jours de Montréal ont également attiré dêimportantes foules.

LFRQuel était votre vélo et les braquets utilisés ?

GL – Mon vélo était de marque Torpado. Mon plateau avant était 52/48 et jêavais, à lêarrière, 4 pignons de 14-16-18 et 20. Nous roulions tous sur des boyaux importés autant de France (Hutchinson) que dêItalie (Pirelli).

Aujourdêhui, le poids et les caractéristiques des vélos les rendent plus performants, mais la taille des pelotons joue également un rôle important dans la dynamique de course. Le nombre aidant, les vitesses moyennes gagnent en importance et les tactiques se raffinent. Lors de la dernière édition, vous étiez 200 coureurs au départ alors que dans les années 1950, la norme était de 75 à 85 coureurs. Malgré ces différences, le désir de compétition et de gagner étaient exactement les mêmes à mon époque quêaujourdêhui et je nêai nul doute que le goôt de la victoire nêest pas prêt de changer, Montréal-Québec (ou Québec-Montréal) étant un classique après tout !

LFRQuelle était, à lêépoque, la stratégie pour gagner une telle course ? Les crevaisons étaient-elles nombreuses ?

GL – Il nêy avait pas de stratégie particulière. Les crevaisons étaient assurément plus nombreuses que de nos jours.

LFRComment sêalimentait-on sur de telles distances ? Y avait-il une caravane pour ravitailler les coureurs ?

GL – La veille, ma mère me préparait du poulet quêelle mettait dans des sacs de plastique que je devais par la suite mettre dans mes poches avant ou arrière de mon maillot ou dans ma musette. Pour ce qui est du liquide, la règle à cette époque était de boire le moins possible, alors je nêavais quêune bouteille sur mon vélo et une autre dans la musette. Notre entraîneur nous donnait notre musette aux endroits prévus pour les ravitaillements, soit Batiscan et St-Sulpice.

LFRComment avez-vous gagné ? Racontez-nous votre course.

Le départ était donné à 6h30 en face du Château Frontenac, à Québec. Je dois dire ici que nous étions debout depuis 4 heures puisquêaprès le réveil, M. Baggio nous amenait au restaurant de lêhôtel St-Louis (il avait demandé la veille au restaurateur dêouvrir tôt!) car nous devions manger un steak dêenviron un pouce dêépais et ce sans patates et sans pain car pour lui, cêétait ce quêil nous fallait pour pouvoir au moins terminer la course!

Dès la sortie de la ville, soit à St-Augustin, il y eut une échappée qui faillit être décisive. En effet, Jean-Louis Dubois de Cap de la Madeleine et Hugh Starrs du New-Jersey sêéchappèrent, tous deux étant de superbes rouleurs et de sérieux prétendants à la victoire.

La course était toutefois encore jeune et près de Batiscan, un groupe de quatre coureurs parvint à faire la jonction avec les deux coureurs échappés. Incapable de soutenir le rythme, Starrs dô alors se faire une raison. À mi-course (Trois-Rivières), cinq coureurs étaient donc toujours en tête. Sur le pont Duplessis (un pont temporaire, érigé en bois, qui avait été construit suite à la chute de ce dernier), il y eut une chute comprenant entre autre Jean-Louis Laforest (un des favoris), Ronald Goodchild, Trevor Allen et moi-même. Chute sans conséquence pour moi puisqu’il ne me fallut pas grand temps pour réintégrer le peloton. Mon équipier Jean-Louis devait cependant demeurer à terre pour le compte.

À Berthierville, il nêy avait plus que deux coureurs à lêavant, soit Tom Liptrot et Andrew McIntosh, tous deux de Brantford en Ontario. Le premier nommé devait être lâché un peu plus loin, incapable de soutenir le rythme. Rapidement, il ne restait donc plus quêune échappée solitaire. À lêarrière, le peloton chaissait, amené par lêaméricain Barney VanderValk et par le jeune André Latour, deux pointures à lêépoque. Pour ma part, je ne faisais que suivre le peloton sans mêengager plus avant.

Un peu avant dêarriver à St-Sulpice, Max Carter, un des favoris, accompagné dêArt Johnston (18 ans) se sauvèrent et rejoignirent ainsi Andrew McIntosh dont lêavance avait été réduite par une malencontreuse crevaison. À ce moment, je « flânais » en queue de peloton suivant le rythme mais sans entreprendre aucune action. Voyant que le peloton semblait sêêtre résigné à son sort et ne menait nullement la charge, je réalisais fort bien que si rien nêétait rapidement entreprit, cêétait perdu, nous en serions quitte pour lire les résultats dans le journal du lendemain. Le moment était donc venu de tenter un coup pendant que cela me semblait encore jouable. Après tout, il ne restait quêune trentaine de miles à parcourir…

Je sorti donc seul du peloton et pris en charge de remonter lêéchappée. Un peu plus loin, je rejoignis Johnston, McIntosh et Carter. Ces derniers, payant leurs efforts, ne purent soutenir le rythme et durent se résigner nous laisser aller. À environ 40 km de lêarrivée, il ne me restait donc plus quêun adversaire, Johnston, pour me disputer la victoire.

Tous les coureurs vous le diront, les derniers kilomètres dêune épreuve aussi longue sont souvent plus psychologiques que physiques. À la flamme rouge annonçant le dernier kilomètre, ma tactique était de laisser mener Johnston, puis de fournir mon effort aux 250 mètres. Après un sprint ou jêai tout donné, je mêimposais au plus grand désarroi dêArt qui ne disposait pas des ressources nécessaires pour me contrer.

LFRQuels étaient les prix pour le vainqueur ?

GL – En récompense de cette victoire, jêai reçu le trophée La Presse, le trophée Robil, une bicyclette de course Automoto et 115 dollars en marchandise. À cette époque, on ne rigolait pas avec le statut dêamateur et afin de préserver ce rang, on nous donnait $115.00 cash tout en prétendant quêil sêagissait de marchandises.

La Flamme Rouge remercie M. Langlois d’avoir accepté de partager avec nous ce morceau de l’histoire du cyclisme québécois et lui adresse ses sincères félicitations, 53 ans plus tard, pour cette belle victoire!

À propos de Lyne

Vous êtes nombreux à nous faire parvenir des commentaires entourant les JO et surtout entourant la performance de l’équipe canadienne féminine, que ce soit dimanche dernier sur route ou aujourd’hui dans le clm. Il est par conséquent justifié d’en faire l’objet d’un nouveau texte sur le site.

Effectivement, on peut critiquer La Flamme Rouge qui maintient que la prestation d’ensemble de l’équipe féminine tient la route. Nous sommes parfaitement conscients que ce pays manque de culture cycliste, que les erreurs, notamment stratégiques, ont été nombreuses dans le passé. Et surtout que les décisions de l’ACC sont souvent matière à contreverses et critiques, que ce soit dans le choix des coureurs, des entraineurs, de l’encadrement, du programme, du matériel, etc. Beaucoup d’improvisation…

Mais dimanche dernier, que peut-on repprocher aux filles? Le parcours, usant certes, favorisait les coureuses qui oseraient prendre l’initiative. L’équipe canadienne a choisi – et c’est un choix justifiable, bien que d’autres choix existaient – de créer une course de mouvement au lieu d’être sur la défensive. Manon, Lyne puis Sue ont tour à tour été vu à l’attaque. Etait-ce trop tôt pour Lyne ? Pas évident de répondre à cette question. Etait-ce trop tôt pour Sue? Pas évident non plus. Et sans la chute, on peut penser que Lyne, aux avant-postes, aurait pu accompagner la contre-attaque décisive derrière Sue… Avec des mais, on refait le monde!

On aurait probablement aussi critiqué une course d’attente de la même façon!

Quant au fait que Lyne aurait dô éviter la chute, c’est une opinion que nous ne partageons pas, de par notre expérience de coureur. Si nous n’avons pas chuté depuis 4 ans en course, nous sommes conscients que cela peut survenir à tout moment, souvent sans possibilité de réagir, notre sécurité étant intimement liée aux actions des autres. La fatigue est également souvent un élément important dans les chutes, les réflexes étant moins aiguisés. Lyne, qui venaient de fournir un bon effort dans l’échappée reprise peu avant, a pu être victime de ce facteur.

Au clm aujourd’hui, Lyne et Sue sont selon nous « à leur place ». Lyne n’a jamais été connue comme une spécialiste du clm au niveau international, elle qui a davantage le profil physiologique d’une grimpeuse. Sue est également longiligne et grimpe bien. Bref, face au plateau en présence (Van Moorsel, Sommariba, Demet, Zabirova, Arndt, Melchers, des pointures), Lyne et Sue ont offert une performance dans leurs cordes. Rappelons-nous que Longo, certes pas à son meilleur, est 14e! Le parcours, plat, favorisait les coureuses puissantes, ce qui n’est pas forcément le cas de Lyne et Sue.

On rejoint vos commentaires cependant sur un point, celui que l’ACC devrait probablement faire courir plus souvent ces filles dans des courses internationales. Lyne a par exemple beaucoup profité de ses participations au Tour de l’Aude, pouvant alors se frotter à l’élite mondiale. Mais de ce côté, les sous doivent suivre…

C’est Tyler Hamilton !

Grosse surprise aujourd’hui dans le clm des JO puisque le favori, Jan Ullrich, n’est « que » 7e, à 1 minute 30 de l’Américain Hamilton, nouveau champion olympique du clm! Si on savait que Tyler pouvait bien rouler, on s’imaginait mal qu’Ullrich ne soit pas en mesure de devancer Ekimov, Jullich, Rogers, Rich et Vinokourov. Que se passe-t-il pour Jan ? La condition l’a tout simplement peut-être abandonné, car rappelons-nous qu’il remportait le Tour de Suisse en juin dernier. Ca fait long au sommet… Aujourd’hui, les temps intermédiaires montrent qu’Ullrich n’a jamais été dans le coup, n’a jamais pu se mettre dans le bon rythme.

Pour Hamilton, c’est une petite surprise puisqu’on pensait que la coupure observée suite à sa chute au Tour lui serait plus préjudiciable que cela. Voilà qui démontre que sur un clm, la fraicheur physique est encore importante. Ekimov 2e à 18 secondes, voilà une surprise plus importante et qui montre que ce coureur est toujours, à 38 ans (!!!), un homme des grandes occasions. Jullich complète le podium, ca fait plaisir et c’est logique après sa belle saison 2004.

Le Canadien Wolhberg termine 18e, à près de 3 minutes du vainqueur. Il devance entre autre Van Petegem, Bodrogi et Honchar, prouvant que sa performance est à la hauteur. Mission remplie.

Chez les femmes, pas de surprise : Van Moorsel s’impose par 24 secondes sur Demet-Barry, la conjointe du coureur canadien Michael Barry (US Postal). Lyne Bessette termine quant à elle 16e, à 2 minutes 12. Considérant le plateau, c’est une belle performance là également.

Quelques nouvelles d’intérêt

1 – le clm des JO sera disputé demain sur un parcours de 48 kms, très roulant. L’archi-favori est bien évidemment Jan Ullrich, toujours très puissant sur de telles distances. Une victoire pourrait lui offrir la rédemption suite à un Tour de France jugé décevant par plusieurs et suite à ses « échecs » sur la HEW Classic et sur l’épreuve de dimanche dernier. On annonce même qu’il tirera un 58×11 comme braquet!!! Aie.

Parmi ses adversaires les plus dangereux, on note Michael Rich, Michael Rogers, Serguei Honchar, Laszlo Bodrogi, Igor Gonzalez de Galdeano, Fabian Cancellara, Tyler Hamilton et l’éternel Viatcheslav Ekimov, champion olympique en titre du clm. Pour Rich, Bodrogi et Cancellara, la distance devrait être trop longue pour qu’ils puissent gagner. Honchar pourrait surprendre de même façon qu’au Giro en mai dernier. Galdeano a montré des performances inégales depuis 2 ans, mais on ne peut le compter out. La coupure observée par Hamilton pour soigner son dos risque de le mettre un peu juste demain. Enfin, Ekimov a semblé, cette année, quelque peu rattrapé par l’âge, finalement. Si les trois premiers sont encore accessibles dans un bon jour, on doute beaucoup pour la première marche du podium. Reste Rogers, mais il a moins travaillé cet exercice ces dernières années afin de devenir un routier complet.

C’est Wohlberg qui roulera pour le Canada. On ne l’attend pas parmi les 10 premiers.

2- chez les femmes, la distance à parcourir est de 24km, soit un seul tour de circuit. L’archi-favorite, Van Moorsel, se sera-t-elle suffisamment remise de sa chute dimanche dernier ? C’est à voir.

Le Canada compte pour sa part sur Lyne Bessette, elle aussi impliquée dans la chute dimanche. Espérons qu’elle aura retrouvé la pleine possession de ses moyens demain. Allez Lyne!

3 – le célèbre « Trittico Lombardo » vient de s’amorcer en Italie avec les Tre Valli Varesine disputée aujourd’hui. C’est l’Allemand Fabian Wegmann qui s’est imposé, devançant Di Luca, excusez un peu. Ce dernier ne doit plus en dormir d’avoir raté pareille occasion. Derrière, signalons la belle 4e place de Simeoni, qui semble donc être sorti du Tour en bonne condition et qui ne semble pas trop affecté par ses histoires avec Armstrong. Certains coureurs peu vus jusqu’ici préparent tranquillement leur fin de saison : Salvoldelli, Casagrande, Frigo, Evans…

Le Trittico se poursuit demain avec la Coppa Agostoni puis se conclut après-demain avec la Coppa Bernocchi.

4 – Iban Mayo out de la Vuelta. Il aurait contracté, quelque part entre le Dauphiné et le Tour, une mononucléose, ce qui expliquerait sa contre-performance en juillet. Ce genre de maladie n’est jamais évidente à gérer, la guerison étant longue et souvent difficile à mesurer efficacement. On lui souhaite toutefois prompt rétablissement!

5 – « Flash Gordon », le Canadien Gordon Fraser originaire d’Ottawa, s’est fait offrir par Giant un cadre TCR aux couleurs du Canada en hommage à son titre de champion canadien acquis en juin dernier à Kamloops. Mouais, pourquoi pas, si tu aimes Gord! Parce que nous, bien honnêtement… (on parle de la couleur, pas du cadre!).

6 – il a peu été question sur ce site de l’UCI Pro Tour. Nous gardons ce sujet pour l’automne, et il y aura bien des choses à dire! Ceci étant, les équipes professionnelles voulant adhérer à ce nouveau circuit avaient jusqu’au 15 aoôt pour se porter candidates. L’équipe Fassa Bortolo, d’abord annoncée out en raison de l’opposition de son directeur sportif Ferreti à ce cirque, s’est finalement portée candidate. Ferreti aura probablement subi d’importantes pressions, notamment de son sponsor…

7 – Cyclismag nous propose un intéressant article sur Thomas Dekker, ce jeune coureur (19 ans) hollandais annoncé comme un futur grand du cyclisme. L’occasion de découvrir un peu plus les champions de demain…

Dominique Perras en entrevue !

Perras8aout160H280.jpgÀ une dizaine de jours de son premier anniversaire, La Flamme Rouge a pensé vous offrir quelques petites surprises au cours des deux prochaines semaines, question de souligner l’événement qui aura lieu officiellement le 27 aoôt prochain. Question aussi de vous faire plaisir autant que de nous faire plaisir.

Nous entamons aujourd’hui cette série de surprises par une entrevue avec Dominique Perras (Ofoto Sports), récent vainqueur de la Classique Louis Garneau et un des deux seuls coureurs professionnels masculins au Québec (l’autre est Charles Dionne). Grand seigneur, Dominique a en effet gentiment accepté de répondre à nos questions et nous lui exprimons ici toute notre gratitude. Et allez, avons-le franchement, La Flamme Rouge est un fan de Dominique plus que de n’importe quel autre coureur québécois puisque ce coureur talentueux conjugue générosité dans l’effort et simplicité en dehors du vélo, deux grandes qualités selon nous.

LFRDominique, as-tu fait une préparation spécifique pour Mlt-Québec, sachant que la longueur de cette course est « exceptionnelle » ?

DP – Ce n’est pas tant une longueur exceptionnelle pour moi dans la mesure où ces dernières années j’ai assez souvent fait des courses de cette distance: ne serait-ce que les Championnats du monde d’Hamilton, ou encore les classiques européennes (les classique italiennes tel que Coppa Placci ou Tre Valle Varesine par exemple) ou encore lors des longues étapes dans des courses par étapes importantes (souvent au delà de 230km par exemple). Bref cette distance ne m’effrayait pas.

Pour ce qui est de ma préparation, j’ai participé, deux semaines avant, au Tour de Toona où j’avais une bonne forme mais ou j’ai perdu 10 minutes à cause d’une chute. Et le jeudi précédant la course, j’ai fait une sortie de 6h30, soit 240km , dont les 80 premiers km avec un ami, puis seul 2h et enfin les 2 dernières heures derrière moto avec mon « pilote » du club de Contrecoeur Jacques Barriault. Je crois que cette sortie entre autre fut payante côté vitesse.

LFRLêabsence de lêéquipe Volkswagen – Trek, une équipe qui peut contrôler le peloton, a-t-elle influencé ta course ?

DP – C’est clair que dans les épreuves locales et provinciales sans difficulté, leur surnombre important les rendent difficilement battables. Néanmoins, très peu d’entre eux sont habitués aux courses de plus de 150 km, mis à part peut-être Alexandre Lavallée. Bien sôr, on ne pourra jamais présumer ce qui serait arrivé si untel ou untel avait pris le départ. Les absents ont toujours tort, dit-on!

LFRAvais-tu un « plan de match », une stratégie établie avant le départ ou tu as plutôt agi « à lêinstinct » ?

DP – Cela peut paraître paradoxal, mais la facilité de cette course la rend très difficile à gagner. Il n’y a pas vraiment d’endroits ou l’on sait que la course va se jouer, ou encore ou l’on peut revenir sur une échappée si on a manqué un coup (une longue bosse par exemple). Et puis, je ne peux pas compter sur mon sprint qui est assez mauvais! Même la dernière côte, qui est certes raide, mais trop courte, n’est pas nécéssairement assez longue pour faire la différence si les coureurs n’ont pas fait d’efforts probants avant. Et puis, au risque d’être prétentieux, j’étais pas mal marqué ce qui fait que c’était encore plus difficile de me détacher (impossible pour moi d’attendre pour le sprint!).

Pour avoir fait assez de Québec-Montréal, je savais que le bon coup pouvait partir n’importe quand. Comme j’étais seul, je me suis dit que j’étais mieux de trop couvrir de coups et d’être un peu fatigué que de la jouer de façon patiente et risquer de manquer un coup. Je suis donc parti avec un groupe de 12 coureurs avec 80km à faire, puis avec Rover puis seul jusqu’à Neuville ou un groupe de 15 coureurs m’a rejoint. De là, j’ai ré-attaqué avec 4 autres coureurs et après plusieurs accélérations, j’ai réussi à me départir de ces derniers avec 4km à faire. Bref, j’y ai été à l’usure plutôt qu’à l’économie, dans les circonstances d’une course « facile » (150 coureurs dans le peleton à Neuville!). Cette stratégie m’apparaissait comme la seule option. Comme le dit souvent Eric Wohlberg avant les courses « Hit them with old school fury! »

LFRTu as rejoint lêéquipe américaine Ofoto en cours de saison. Comment têy sens-tu ?

DP – Dans les circonstances de l’inter-saison l’an dernier (mon équipe qui s’est dissoute), je suis très content d’avoir trouvé une équipe aux États-Unis. Il y a une très bonne ambiance au sein de l’équipe, les coureurs ont une super attitude de guerrier. J’apprécie de plus le fait que je puisse revenir au Québec fréquemment. Néanmoins, c’est un peu un renouveau pour moi après quelques années en Europe, et parfois difficile de me rendre aux plus petites courses avec peu de soutien (parfois sans soigneur ou mécano), mais je savais dès le début dans quoi je m’embarquais et donc dans l’ensemble je suis très content.

LFRVerra-t-on Dominique Perras sous les mêmes couleurs en 2005 ? Dans une précédente entrevue, tu nous disais songer à la retraite…

DP – Il est fort probable que je demeure au sein de la même équipe même si bien sôr je suis ouvert à toute proposition ! Mais dans tous les cas je crois bien poursuivre l’an prochain. J’ai encore une bonne motivation, et physiquement, je progresse encore.

LFRTu as fait une belle saison 2004 : beaucoup de places parmi les 20 premiers dans des courses à étape américaines, premier Canadien au GP de Beauce, retiens-tu un moment fort ?

DP – C’est drôle parce que ma saison 2004 est assez différente de la précédente: en 2003, j’ai eu de très durs moments mais j’ai savouré 2 belles victoires à mon avis, soit le titre canadien et une étape au Sun Tour. Cette année, je suis beaucoup plus constant, mais sans grande victoire UCI. Je n’arrive donc pas à trouver une seule journée déterminante: j’ai eu de bonnes journées à Sea Otter, en Georgie, au Tour du Connecticut, dans les premières étapes du GP de Beauce, etc. mais je n’en trouve aucune qui domine. Je peux peut-être dire la 2e étape du GP de Beauce où je me sentais très bien et j’étais de l’échappée décisive qui est partie dans la côte de Beauceville. Selon moi, ma 9e place ce jour là ne me fait pas tout à fait justice par rapport à la qualité de mes jambes à ce moment.

Enfin, je trouve une satisfaction dans cette victoire sur la Classique Louis Garneau!

LFRCourir contre Armstrong au Tour de Georgie et terminer 17e du général, comment était-ce ? Tu as notamment brillament fait lors des CLM, un domaine qui nêest pourtant pas ta spécialité.

DP – J’ai eu la chance ces dernières années, chez Post Swiss Team, Phonak et Flanders-IteamNova de courir assez souvent dans des pelotons autant, voire encore plus relevés, ainsi qu’avec les stars. Bref, je ne souffre plus d’intimidation.

Maintenant, aux États-Unis, c’était vraiment LA (pas de jeux de mots avec ces deux lettres!!!) course cette saison, et pour moi ma rentrée avec ma nouvelle équipe Ofoto. Après un camp d’entrainement avec mon copain Mathieu Toulouse au sein du groupe Centrifuge en Virginie – sur un terrain similaire à la Georgie – et une période sans course depuis près de deux mois (depuis la Malaisie), je me suis surpris. Probablement à cause de mon état de fraîcheur mais aussi bénéficiant de mes entrainements spécifiques. Trop souvent ces dernières années ai-je en effet dô courir à gauche et à droite plutôt que de m’entraîner de façon spécifique.

Pour le CLM, oui, j’en étais bien satisfait. C’était un parcours de 31km valloné avec une côte, et malgré le fait que j’ai fait un tout-droit dans un virage en descente, j’y ai terminé parmi les 20 premiers à moins de 3 minutes d’Armstrong.

Mon plus gros regret reste celui de n’avoir eu qu’une 25 à l’arrière lors de l’arrivée à Brasstown Bald Mountain alors que des coureurs comme Horner et Armstrong avaient des 29. J’étais encore avec eux à 3km de la ligne alors que l’on était moins de 10, mais j’ai explosé complètement dans les dernières portions abruptes. Sans cela, je crois que j’aurais pu terminer dans les 10 premiers au général.

LFRUn mot sur ce qui sêest passé à Kamloops ? Tu y défendais ton titre de champion canadien, et tu as dô abandonner la course. Peux-tu nous dire comment ca sêest passé pour toi cette journée-là ?

DP – Hmmm. J’y allais pour défendre mon titre, pour gagner ou à tout le moins faire un podium pour m’assurer une sélection pour les JO d’Athènes. La course fut initialement très négative entre les prétendants à une sélection olympique, laissant le feu vert à un paquet d’autres coureurs: une dizaine de coureurs ont donc pris le large. Puis, vers la mi-course dans la descente, un groupe de trois coureurs, Wohlberg, Fraser et Tuft, ont réussi à partir et à rejoindre la dizaine de coureurs déjà devant. Derrière, nous nous sommes enterrés plutot que de collaborer et quand leur avance devint insurmontable, je ne voyais simplement pas de but à terminer si loin. Finir 7e ou 8e de cette course ne m’aurait rien apporté. Enfin, je dois aussi préciser que je ne connaissais pas ma meilleure journée. Avoir été très fort il m’aurait peut-être été possible de réduire l’écart en une montée. De plus, tous ces à-coups inutiles dans le peleton m’ont affecté alors que les échappées avait à ce sujet beau jeu: ils pouvaient monter au rythme et rouler vite sur le plat. Bref, je n’ai que moi à blâmer, je prend mes responsabilités, j’ai manqué le bon coup et ma course était terminée (et mes chances d’aller aux JO fort amoindries).

En vous rappelant que le palmarès de Dominique est disponible ici sur le site de notre confrère de Véloptimum, La Flamme Rouge vous invite en terminant à ne jamais hésiter d’encourager ce champion lors des courses!

Et tout-à-fait personnellement, merci Dominique!

Van Moorsel : carton rouge!

Victoire de l’Australienne Carrigan – c’est une surprise – aujourd’hui dans la course sur route des femmes à Athènes. Arndt termine 2e et Slyusareva – une autre surprise – complète le podium. Derrière, Cooke est 5e, Melchers 6e, Sommariba 7e, Armstrong 8e, Pucinskaite 9e, Longo 10e et Palmer-Komar 11e, une belle brochette de championnes prouvant que ca a roulé dur durant l’épreuve.

On retiendra aussi la très belle course des Canadiennes aujourd’hui, avec trois filles très actives. On pourra peut-être penser que l’entraîneur Van Den Eynde les a envoyé au charbon un peu tôt dans la course, mais sur ce genre d’épreuve, la chance sourit souvent aux plus entreprenants. Quoi qu’il en soit, on aura remarqué une belle cohésion d’ensemble, avec des Canadiennes – Jutras, Bessette et Palmer-Komar – à tour de rôle devant, en échappée.

OLY21s.jpgPour Bessette, la chance lui a manqué puisque peu de temps après avoir été reprise par le peloton, et alors qu’elle figurait aux avant-postes afin de couvrir les contre-attaques possibles puisque Palmer-Komar était devant, elle a chuté sur une grosse connerie de Van Moorsel. Cette dernière, 2e du peloton, a en effet accroché la roue arrière de Sommariba alors qu’elle regardait derrière, créant une chute qui fut fatale pour Lyne, la contraignant à l’abandon un peu plus tard. C’est vraiment pas de chance, et c’est surtout une grosse connerie de la Néerlandaise qui devrait savoir, à son niveau, qu’on ne se retourne jamais dans un peloton sans mettre une main sur le dos d’un(e) cycliste à proximité, ceci pour justement s’assurer qu’on roulera droit et à vitesse constante. L’expérience récente de Van Moorsel – surtout de la piste – pourrait-elle lui avoir fait perdre les réflexes d’une routière?

Souhaitons que Lyne se remette au plus vite de cette chute (sans blessure grave, apparemment) pour nous offrir une belle performance au clm mercredi.

Revoilà le “grillon” italien!

« Il grillo » Paolo Bettini s’est imposé aujourd’hui dans la course sur route des JO d’Athènes face à un surprenant Portugais, Sergio Paulinho, qui a peut-être mieux supporté la chaleur que les autres. Car il a fait très chaud (37 degrés!) sous un soleil de plomb, ce qui a condamné beaucoup de coureurs dans le final, aux prises avec des crampes ou carrément une déshydratation.

Le film de la course

Très rapidement après le départ, le Suédois Backstedt (vainqueur cette année de Paris-Roubaix) lançait la bagarre, alors qu’une chute condamnait le champion du monde Astarloa derrière. La journée commençait mal pour les Espagnols, pourtant parmi les favoris! Backstedt était rejoint plus tard par Virenque, qui a toujours du mal à se retenir dans les grandes occasions, et le Hongrois Bodrogi. Le peloton, vigilant, revenait toutefois à mi-course grâce à une équipe allemande très active.

Une deuxième offensive était alors déclenchée, avec 6 hommes aux avant-postes : Elmiger, Cox, Power, U. Etxebarria, Moreni et McEwen. Ce n’était pas bien méchant, et on en parlait plus à peine 2 tours plus tard. Le Français Voeckler se portait alors à l’attaque, prouvant du fait même son tempérament d’attaquant. Il allait rapidement s’incliner devant la meute qui contenait encore presque tous les favoris.

Beaucoup de coureurs pointèrent alors leur nez à la fenêtre, notamment Ullrich, Hincapie, Hamilton, Vinokourov, Valverde, Arvesen, Popovytch, Van Petegem, sans toutefois se dégager, le peloton, fort d’environ 90 coureurs, étant encore bien trop important. La chaleur commençait cependant à faire des dégâts derrière, comdamnant notamment Oscar Freire, Levi Leipheimer, Andreas Kloden, et d’autres.

Comprenant qu’après une telle course d’usure et une telle flopée d’attaques, et voyant que le peloton tirait de la langue, Bettini pris l’initiative à 2 tours de la fin, emmenant avec lui le surprenant Portugais. La cassure, immédiate, a prouvé qu’il avait bien lu la course, c’est-à-dire qu’il avait attendu le bon moment sans être trop près de l’arrivée, élément qui aurait encouragé à la chasse les équipes disposant de sprinters. Bien joué Paolo, et 20 kilomètres plus loin il n’avait aucun mal à déborder son rival lusitanien pour décrocher, et ca fait plaisir, une bien belle victoire.

Derrière, Merckx jouait la 3e place (et son salaire l’an prochain, étant en renégociation de contrat…) par une échappée solitaire menée à bien. Ullrich, Hincapie, Hamilton, Vinokourov demeuraient pour leur part coincés derrière dans le peloton, alors que Valverde scellait la mauvaise journée des Espagnols, étant décroché tout comme Van Petegem et Dekker.

Au palmarès olympique, Bettini succède donc à l’Allemand Jan Ullrich, fatigué en fin de course après s’être maintenu aux avant-postes pendant longtemps, et au Suisse Pascal Richard, médaillé d’or en 1996 à Atlanta. Bettini est donc le premier Italien vainqueur de la course sur route des JO depuis Fabio Casartelli (Barcelone 1992), tragiquement décédé pendant le Tour de France 1995.

La course sur route ne fut cependant pas un succès populaire, un manque évident de spectateurs étant flagrant sur les bords de la route. La chaleur, conjuguée par l’étroitesse de la route, en a surement découragé plusieurs.

Michael Barry fut le meilleur Canadien avec une 32e place, terminant dans le 1er peloton de chasse qui est rentré pour la 4e place. Fraser et Wohlberg n’ont pas terminé l’épreuve. Il s’agit d’un indice de plus nous laissant croire que les distances des courses en Amérique du Nord ne sont pas suffisantes pour préparer adéquatement nos coureurs aux épreuves internationales. Seul Barry, qui court régulièrement en Europe, a pu résister aux 240 kms que comportait la course. Alors, est-ce une déception, les Canadiens ? Non, pas vraiment, car les connaisseurs savaient que ce serait difficile; le résultat est logique, chacun étant à sa place dans ce contexte. À posteriori, le parcours, plus difficile qu’il n’y paraissait, aurait probablement mieux convenu aux qualités d’un Charles Dionne ou d’un Dominique Perras qu’à celles de Fraser ou Wohlberg.

Quant à la couverture de Radio-Canada, elle fut fidèle à ce qu’on prévoyait: médiocre.

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