Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 313 of 351

C’est la reprise!

Les actualités se font plus rares, aussi nous vous proposerons dans les prochaines semaines de nouveaux sujets, plus inédits. Entretemps, voici ce qui a retenu notre attention ces derniers jours :

1 – pour beaucoup d’équipes, début décembre correspond à la reprise officielle de l’entrainement avec un premier stage. C’est ainsi qu’Euskaltel, que Discorvery, que Lampre-Caffita, entre autres, pourront dans les prochains jours se réunir question de saluer les nouveaux venus et de commencer à forger l’esprit d’équipe. Les choses sérieuses recommencent donc! Et vous?

2 – Lance Armstrong a remporté pour la 5e fois en 6 ans le Vélo d’Or mondial remis par Vélo Magazine (Cipollini avait reçu le précieux trophée en 2002). Cette nouvelle récompense pour l’Américain ne paraît pas faire justice au cyclisme en 2004 car en dehors du Tour de France, on aura très peu vu Armstrong à l’avant-scène. Le jury s’est évidemment laissé influencer par le fait qu’Armstrong a dépassé Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain dans l’Histoire du Tour, ce qui n’est pas rien il est vrai. Mais de là à faire d’Armstrong le meilleur coureur en 2004, il y a selon nous un pas que nous n’aurions pas franchi. Le Tour n’incarne pas, encore une fois, une saison complète!

Paolo Bettini (vainqueur de la Coupe du Monde âprement disputée jusqu’à la toute fin, champion olympique, etc.) et surtout Damiano Cunego (vainqueur du Giro et du Tour de Lombardie à… 22 ans, excusez un peu!) auraient été, selon nous, des choix plus logiques pour ce Vélo d’Or. L’exploit d’Armstrong n’est certes pas à minimiser, mais gagner en mai comme en octobre nous apparaît également remarquable dans le contexte du cyclisme moderne, et aurait en ce sens mérité une reconnaissance.

Quoi qu’il en soit, on envoie encore le message aux coureurs pro qu’ils peuvent être à la ramasse dans toutes les épreuves du calendrier durant une saison, pourvu qu’ils se montrent sur le Tour. Cela concentre les objectifs des coureurs sur le Tour et tue, en quelque sorte, le spectacle sur les autres épreuves. Dommage…

3 – Beloki serait bientôt de retour chez Liberty Seguros de Manolo Saiz. Voilà probablement une bonne décision de Beloki, qui témoigne également d’une certaine humilité de sa part car c’est une forme de reconnaissance de ses échecs en 2004. Car force est d’admettre que l’année passée loin de Manolo a été lamentable. Espérons que Joseba retrouvera un encadrement familier lui permettant de laisser exprimer librement et sereinement son talent sur un vélo. Le temps presse pour lui s’il veut épingler un grand tour à son palmarès, et les jeunes (Mayo, Zubeldia, Valverde, Cunego, Popovytch) poussent derrière!

4 – Il a assez peu de vélo à la télé en Amérique du Nord pour qu’on vous signale que OLN (America) tiendra les 24 et 25 novembre prochain un résumé en 10 épisodes du dernier Tour de France. C’est évidemment encore sur Lance Armstrong et on aura probablement encore droit aux commentaires exaltés (et tellement énervants) de Phil Liggett et Paul Sherwen, mais vaut mieux ça que rien du tout. Voici peut-être l’occasion d’enregistrer une petite cassette pour cet hiver, lorsque le froid et la neige nous forceront aux séances de home-trainer dans le sous-sol… Et puis, la hargne d’Armstrong est peut-être communicative!

Le médecin des Phonak démissionne

Une journée après avoir pourtant confirmé être de retour en 2005 comme médecin de la formation suisse Phonak, l’Espagnol Iñaki Arratibel a déclaré aujourd’hui dans un journal de son pays avoir remis sa démission à Urs Freuler, manager chez Phonak, sous les pressions de sa famille.

Arratibel avance comme raison principale les problèmes qu’il a vécu avec la commission médicale de l’UCI.

Si nous ne sommes pas du même avis qu’Arratibel, il est intéressant de lire cet article qui illustre bien la position difficile dans laquelle se retrouvent bon nombre de médecins d’équipe. La solution ? N’autoriser comme médecin d’équipe que des médecins indépendants, non affiliés à une équipe en particulier, et mandatés par l’UCI ou les fédés nationales.

Armstrong sur le Ronde?

Les nouvelles intéressantes se font plus rares actuellement dans le monde du cyclisme professionnel. Les suivantes ont toutefois attiré notre attention :

1 – Lance Armstrong annonce qu’il sera vraissemblablement au départ du Ronde en 2005 voire même qu’il visera une campagne complète des Classiques, sorte de retour au source de ce qu’il était au début de sa carrière. Il est vrai que son palmarès sur les Classiques n’est pas aussi étoffé que celui des autres grands champions de l’Histoire, Anquetil, Merckx et Hinault par exemple.

Dans ce contexte, pourrait-il aussi briller sur le Tour ? Difficile à dire, certains coureurs ayant connu le succès sur le Tour après une belle campagne de Classiques, mais en observant une coupure fin avril – début mai. Ce pourrait être une solution. L’autre, ce serait d’entretenir la condition afin d’enchaîner directement avec le Giro, question de défier Cunego sur ses terres. Après une pause durant le mois de juillet, une participation à la Vuelta et aux Mondiaux pourrait être possible selon ce programme…

Bref, les options sont nombreuses, et les défis aussi.

Pour revenir au Ronde, on annonce par ailleurs que son parcours sera légèrement modifié en 2005, ceci pour rendre hommage à Brick Schotte, le champion belge disparu cette année. On remet notamment au programme le Valkenberg, ce qui fera plaisir à Armstrong puisqu’il y avait connu une journée faste lors des Mondiaux 1998, signant là son grand retour. Une source de motivation de plus…

2 – Premier nouveau maillot 2005, celui des Quick-Step. Peu de changements…

3 – Témoignage éloquent de l’attitude bornée et scandaleuse de Verbruggen à la tête de l’UCI : il déclarait aujourd’hui à la presse qu’il refuserait dorénavant de parler aux organisateurs des 3 grands tours, en espérant que tout le monde se rallierait au ProTour en 2005. Avec une telle attitude évocatrice de son mode de gestion, pas la peine de chercher plus loin pour expliquer les très nombreux problèmes du cyclisme pro actuellement…

4 – Un mot enfin sur l’affaire Phonak pour montrer à quel point il faut faire attention au discours des gens impliqués dans des scandales de dopage. Le médecin de l’équipe M. Iñaki Arratibel, récemment ré-engagé (!!!) pour l’année 2005, déclarait que « l’UCI continue d’utiliser une méthode de détection qui soulève des questions actuellement… ». Si on ne faisait pas attention, on pourrait croire le médecin. Or, la situation est toute autre, la méthode de détection étant, jusqu’à preuve du contraire, infaillible. Les accusés qui deviennent les accusateurs et vice-versa, on est en train de tout inverser.

Pourtant, les choses sont claires : Hamilton et Perez sont positifs, et doivent donc être suspendus, point à la ligne. L’équipe Phonak doit être sanctionnée, et sa non-participation à l’UCI ProTour est logique. Point à la ligne.

Les nouvelles à savoir

Les dernières nouvelles à connaître dans le monde du cyclisme professionnel:

1 – UCI ProTour : c’est – comme prévu – le foutoir. Après avoir accepté la candidature de l’équipe Phonak, l’UCI ne confirmera pas cette formation au sein de son ProTour en raison des scandales de dopage qui ont fleuri en son sein (Camenzind, Hamilton, Perez). L’UCI n’apprécierait pas non plus la démarche de Phonak visant à démontrer que le test sanguin pour détecter les hétérotransfusions n’est pas fiable. On apprécie l’effort de l’UCI, mais la charte d’éthique n’aurait-elle pas dô être la première chose mise de l’avant par l’organisation ?

De plus, on vient de réintégrer au sein du ProTour le GP de Plouay, d’abord mis de côté (ce qui avait suscité de nombreuses critiques). Voilà un nouveau volte-face qui s’explique probablement par l’absence – remarquée – des grands tours dans le calendrier du ProTour. Du coup, qu’est ce que le ProTour ? Une sorte de Coupe du Monde nouveau genre, sans le label (ce qui n’est pas forcément une bonne chose) ni le prestige ni même un maillot. Bref, on peut réellement se demander à quoi tout ce cirque rime et ce que la disparition de la Coupe du Monde, assez médiatique, aura comme impact.

2 – Dans l’affaire Simeoni, Armstrong pourrait ne plus être le seul coureur à devoir répondre de ses actes envers l’Italien. La Fédé italienne songe en effet à poursuivre d’autres coureurs italiens ayant fait des remontrances à Simeoni durant le dernier Tour de France. Sont visés par cette éventuelle poursuite, Daniele Nardello, Andrea Peron, Filippo Pozzato et Giuseppe Guerini entre autres. On aime!

3 – Le Tour de France 2007 pourrait s’élancer de Londres. Cette ville est la mieux positionnée entre Herning au Denmark, Utrecht et Rotterdam aux Pays-Bas et Lugano en Suisse. Pour 2008, misez sur le Danemark.

4 – C’est l’anniversaire aujourd’hui de Bernard Hinault qui fête ses 50 printemps. Pour témoigner de toute la place de cet immense champion dans l’Histoire du cyclisme, voici ce qu’a fait la Gazzetta Dello Sport. C’est petit, c’est discret, mais c’est en français et ca en dit long sur le respect dont jouit le Blaireau en Italie… Là-bas, on n’oublie personne!

Cycling Manager 4

cycling_manager.jpgDepuis le temps que nous nous le promettions, nous l’avons fait : nous avons testé Cycling Manager 4, le jeu de gestion fait par Cyanide et portant sur le cyclisme sur route. Et on a été très impressionné par ce qu’on a découvert!

Cycling Manager est un jeu vidéo qui vous plonge dans le coeur du cyclisme en vous faisant directeur sportif d’une grande formation. À ce titre, vous aurez tout à gérer, de l’achat du matos au recrutement et à la planification de l’entrainement des coureurs, en passant par la gestion du budget de l’équipe, au dénichement de nouveaux talents, à l’organisation des stages d’entrainement, à la définition du programme de course, sans oublier votre rôle lors des courses elles-mêmes, etc. Bref, on s’y croît vraiment et on est frappé par le grand réalisme de ce jeu.

Le jeu se déroule jour après jour au cours d’une année : peu de choses à faire le 1er janvier si ce n’est de la planification, mais le 15 avril, c’est le burn-out qui nous guette ! Car le coeur du programme est les courses en elles-mêmes. Cycling Manager vous plonge alors au coeur du peloton, un peloton placé dans l’environnement fidèle de la course en question : tranchée d’Aremberg, Redoute, ou grands cols, tout y est, qui plus est en étant fidèle à la réelle saison sur route (c’est ainsi que les étapes du Tour seront réellement celles qui ont eu lieu dans le dernier Tour). Dans ce peloton, vous gèrerez vos coureurs, habituellement 8 ou 9, en surveillant leur évolution selon de nombreux paramètres : pouls, énergie, etc. Vous pourrez alors leur ordonner d’attaquer, de chasser, de contre-attaquer, de sprinter, bref toutes les actions utiles à un coureur. Vous devrez également gérer leurs ravitaillements, leurs pépins mécaniques et leurs blessures. Ces coureurs portent exactement les noms des coureurs pro du peloton dans beaucoup de cas (et sont dans les mêmes équipes que dans la réalité), pour d’autres les noms sont très proches ; c’est ainsi qu’on peut diriger un… Lance Niilstrung de l’équipe US Pystol ! (Cyanide n’a pas dô avoir les autorisations requises par ces coureurs pour utiliser dans leur jeu leur vrai nom).

Les autres coureurs du peloton, géré par l’ordinateur, ne manqueront pas de vous rendre la vie dure. C’est ainsi qu’il vous faudra répondre – ou non si on est loin de l’arrivée – aux attaques de vos adversaires. À l’issue de la course, tous les classements sont disponibles, et les coureurs marquent des points UCI qui influenceront leur prime éventuellement.

Bref, un très beau jeu pour les passionnés de cyclisme. On a été soufflé du réalisme du jeu, le monde du cyclisme en 2004 ayant été fidèlement reproduit (maillot des équipes, nom des coureurs, courses, etc.). Le graphisme est exceptionnel, même poussé dans d’intéressants petits détails (on va jusqu’à mettre les coureurs en danseuse lorsqu’ils attaquent ou contre-attaquent!). L’intelligence artificielle semble au point, ainsi que les commandes permettant d’orchestrer les coureurs de notre équipe. Le nec plus ultra et un réel plus pour les joueurs est les commentaires sonores, qui sont émis selon les événements de la course. C’est ainsi qu’on pourra entendre d’intéressants commentaires (mais forcément répétitifs après un certain temps…) lorsqu’un coureur attaque ou lorsque l’écart entre l’échappée et le peloton se modifie…

Côté critique, on pourra simplement dire que ce jeu nécessite un gros investissement en temps afin d’en comprendre le fonctionnement. Le joueur débutant pourra donc, au commencement, trouver ardu l’apprentissage de cette interface de jeu complexe étant donné le nombre de paramètres à gérer. Mais pour le passionné, il s’y retrouvera vite, réalisme oblige! Et ce dernier pourra éventuellement se mesurer à d’autres directeurs sportifs, le jeu permettant de jouer en réseau.

Une version démo est disponible ici, qui permet de se faire les dents avec l’équipe Quick Step Davitamon lors de l’étape du Tour Lannemezan – Plateau de Beille. Très bonne entrée en la matière. La Flamme Rouge, lors de son premier essai, a terminé 4e de l’étape avec un Richard Virenque qui a faibli sur la fin, ayant omis de le ravitailler!

N’hésitez pas à nous faire parvenir vos commentaires si vous êtes un joueur aguerri de ce jeu!

Quelle aventure!

Quelques nouvelles qui nous ont intéressées :

logoblocmarquevg2004.jpg 1 – La Flamme Rouge fait un écart exceptionnel à sa mission pour souligner le départ, dimanche dernier, d’une épreuve tout-à-fait exceptionnelle à nos yeux, le Vendée Globe, qui n’est autre que le tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance, excusez un peu.

Les grandes épreuves par étape en cyclisme – le Tour en particulier – nous ont toujours fasciné en raison de ce qu’elles demandent aux hommes qui s’y engagent : un effort physique et psychologique dantesque, hors du commun. La longueur, la lutte permanente contre les éléments naturels, le stress de la compétition, les dangers incessants, les difficultés techniques, le courage et la détermination qu’elles nécessitent force l’admiration. En ce sens, le Vendée Globe a un point commun avec le Tour, celui de représenter une sorte de défi ultime aux hommes. Il y a peu d’épreuves dans ce monde d’une telle intensité (la troisième à nos yeux est l’ascension en solitaire et sans oxygène de l’Everest ou du K2 dont Reinhold Messner est le champion), aussi nous saluons les marins qui ont pris le départ de cette incroyable aventure et nous leur souhaitons bon vent!

2 – CyclingNews publie aujourd’hui une entrevue – intéressante parce que rare – avec Johan Bruyneel. On y apprend rien de neuf sur Armstrong et Discovery, mais plutôt sur Popovytch.

3 – Vélo101 nous informe que CSC commencera d’ici un mois son stage « spécial » de début d’année. Riis engage en effet pour organiser ce stage un ancien membre de l’Unité Commando du Danemark dont la mission sera de plonger l’ensemble de l’effectif dans les pires conditions possibles afin de souder le groupe en l’obligeant à s’entraider dans un univers infernal. Un exemple d’activité : l’année dernière, l’Italien Ivan Basso avait été lâché en plein océan avec ses coéquipiers, à deux kilomètres du rivage, alors qu’il ne savait pas nager. Un moyen efficace pour développer l’esprit collectif apparemment, même si on aimerait avoir les commentaires de Basso sur ce genre de truc… Radical, mais ca semble fonctionner aux vues des résultats de l’équipe depuis 2 ans. Si cela pouvait donner des idées à un certain Jan Ullrich…

Pour découvrir Cunego

Voici un petit reportage très bien fait sur Damiano Cunego, 22 ans, no1 mondial et vainqueur cette année du Giro et du Tour de Lombardie, pour ceux qui voudraient en connaître davantage sur ce jeune prodige.

Par ailleurs, on annonçait plus tôt cette semaine la retraite de l’ex-champion du monde 2000 Roman Vainsteins. Il semble que cette information soit maintenant démentie par des journaux lettons, Vainsteins se cherchant une équipe! Coup de pub?

L’excellent coureur australien Scott Sunderland (Alessio-Bianchi) a quant à lui bel et bien décidé d’arrêter, à 38 ans. Saluons ici sa carrière exemplaire, dans l’ombre le plus souvent, mais ô combien honorable. Il aura également su revenir d’un terrible accident qui a failli lui couter la vie.

Une vieille histoire

L’histoire n’est pas banale : 31 ans après le Championnat du monde 1973 disputé sur le circuit de Montjuich en Espagne, Merckx et Maertens ont enfin enterré la hâche de guerre et accepté leurs torts respectifs, échangeant même une poignée de main à l’issue de l’entretien. Du jamais vu de mémoire d’homme puisque ces 2 là refusaient catégoriquement de s’adresser la parole depuis ce jour fatidique de 1973. Retour sur l’histoire d’un long différent.

Dans le final de ces Mondiaux, 4 coureurs étaient devant : 2 Belges, Merckx (qui avait déjà 4 Tours de France à son palmarès et qui venait d’enchaîner une victoire au Giro et à la Vuelta cette année-là) et Maertens (le jeune loup), un Espagnol Ocana (récent vainqueur du Tour) et un Italien, Gimondi (frustré par Merckx à de nombreuses reprises au cours de la saison). Une véritable échappée royale, et les Belges avaient logiquement l’avantage. Droit d’aînesse oblige, les rôles étaient clairs au sein de l’équipe de Belgique : Maertens devait emmener le sprint pour Merckx, c’était aussi simple que ca. Tout était réglé comme du papier à musique, surtout que Merckx avait multiplié les accélérations durant la course, forcant la sélection ; il était assurément dans un grand jour.

En vue de la ligne, Maertens met le turbo avec Merckx bien calé dans sa roue, comme prévu. Il accélère, accélère encore puis… puis plus rien. Au moment ou Merckx aurait dô le passer pour aller cueillir le bouquet, plus de Merckx mais plutôt un Gimondi déboulant vitesse grand V. Maertens n’avait alors plus le temps de réagir et de s’ajuster à la nouvelle situation, et termine 2e. Ocana est 3e, Merckx seulement 4e.

Aussitôt la descente de machine, le scandale commence. Maertens exprime publiquement ses regrets : « en sprintant pour moi-même, j’aurais pu être champion du monde« . Merckx n’apprécie pas pareille insubordination, et parle tout simplement d’une panne de jambes imprévisible, d’une défaillance physique au plus mauvais moment. Les deux hommes deviendront dès ce jour ennemis jurés, et se seront gardés rancune jusqu’à aujourd’hui!

Maertens, qui connut ensuite une carrière tourmentée et une après-carrière identique, a même émis une autre hypothèse intéressante pour expliquer le comportement de Merckx. Dans l’échappée, seul Maertens était équippé de composantes Shimano, Ocana, Merck et Gimondi courant sur Campagnolo. Shimano tentait à l’époque de faire une perçée dans le monde du cyclisme pro pour s’implanter en Europe et concurencer Campagnolo. Sachant très bien qu’il était « cuit » en raison de ses multiples attaques durant la course, Merckx ne dit rien à Maertens afin que ce dernier ne lui demande pas d’inverser les rôles et de lui emmener le sprint. Ainsi, Merckx savait que Gimondi pourrait gagner ce sprint et ainsi priver Shimano d’une retentissante victoire (une des premières) sur le sol européen. Merckx était très lié à l’époque avec Tullio Campagnolo et aurait ainsi protégé les acquis de son ami.

Mais de cette version de l’histoire, Merckx refusera toujours d’en dire plus, omerta du milieu oblige, tout comme avec le dopage… Et sur ce coup-là, sachant comment ca se passe souvent dans le peloton, on est plutôt porté à croire la version de Maertens plutôt que celle de Merckx…

La Marmotte 2005

marmotte.jpgÉpreuve cyclosportive mythique, parmi les plus anciennes et pour laquelle La Flamme Rouge voue une passion sans borne, la Marmotte est généralement disputée le premier samedi du mois de juillet, la même journée donc que le prologue du Tour de France.

Or, Sport Communication annoncait récemment sur son site un changement à l’horaire, la Marmotte 2005 étant prévue pour le samedi 9 juillet. Depuis, SportCommunication a retiré son calendrier prévisionnel, les dates étant peut-être encore discutées.

Planifiant s’élancer sur cette cyclosportive pour la… 8e fois en 2005, nous cherchons à en savoir plus sur la date exacte de cette épreuve. Si certains d’entre vous ont pu mettre la main sur des informations, nous vous serions reconnaissant de les partager avec nous ici.

Nous terminons en invitant nos lecteurs à lire cette excellente prose de notre collègue Raphael des Chroniques du vélo sur son expérience 2004 à la Marmotte. Il s’agit d’un vibrant témoignage de la dureté de cette épreuve disputée sur un parcours mythique (Croix de Fer, Galibier et arrivée en haut de l’Alpe d’Huez).

Gerrie Knetemann (1951-2004)

gerrieknetemann.jpgLe champion cycliste néerlandais Gerrie Knetemann est décédé aujourd’hui à l’âge de 53 ans des suites de ce qui semblerait être un arrêt cardiaque soudain, alors qu’il effectuait une sortie à VTT avec des amis.

Knetemann fut un excellent coureur entre 1975 et 1985, remportant 130 victoires chez les professionnels dont sa plus illustre est sans contredit le Championnat du monde 1978 au Nurburgring (Allemagne). Ce jour là, Knetemann avait battu au sprint l’Italien Franscesco Moser, venant littéralement le « sauter » sur la ligne à la surprise générale. Auparavant, il s’était défait d’Hinault et de Saronni, entre autres, étant visiblement dans un jour de grâce.

Knetemann faisait, avec Jan Raas chez Ti-Raleigh, un duo de choc, deux formidables rouleurs ; la paire était alors indissociable, Raas étant champion du monde un an avant lui et les deux ayant la caractéristique de… porter des lunettes en course! C’est ainsi qu’ils furent de sérieux protagonistes sur la scène des Classiques au début des années 1980. Knetemann ne jouissait toutefois pas d’une excellente réputation dans le peloton, plusieurs coureurs lui repprochant un individualisme trop poussé. Il travaillait souvent pour lui, et cherchait avant tout à rafler les primes plutôt que les victoires prestigieuses, ce qui lui valu une réputation de « mercenaire » du peloton.

Malgré cela, Knetemann s’est constitué un joli palmarès : il a remporté l’Amstel à deux reprises, à 11 ans d’intervalle (1974 et 1985), témoignant de son grand professionnalisme quant à l’entrainement et l’hygiène de vie. Il remporta également 10 étapes du Tour de France, dont 3 en 1982, et porta le maillot jaune à plusieurs reprises. Ses autres grandes victoires sont Paris-Nice (1978), le Tour Méditéranéen (1978, 1980 et 1983), les Quatre Jours de Dunkerque (1977), le Tour de Belgique (1980) et le Tour des Pays-Bas (1976, 1980, 1981 et 1986).

Après sa retraite en 1989, Knetemann s’était bien reconverti, devenant le sélectionneur national pour les Pays-Bas depuis 1991. Il aura donc dirigé nombre d’excellents coureurs sur les Championnats du monde, dont Erik Breukink, Jean-Paul Van Poppel, Erik Dekker et Michael Boogerd.

Sa disparition, dans des circonstances spéciales et troublantes, ne manquera certainement pas de relancer certaines idées quant à la longévité des anciens champions cyclistes qui ont effectivement tendance à ne pas faire de vieux os.

Son palmarès complet est ici.

PRO – Le film

Intitulé PRO, le nouveau film-documentaire sur le cyclisme professionnel de Jamie Paolinetti a été diffusé en avant-première lors de l’Interbike de Las Vegas au début du mois d’octobre. Il devrait donc être sous peu disponible, pour notre plus grand plaisir.

PRO est un documentaire qui raconte la vie de quelques équipes cyclistes professionnelles occupées à préparer – et à courir – la série « Wachovia » aux États-Unis, une série comprenant notamment le US Pro Championships et son fameux « Manayunk Wall ». Le film se concentre en particulier sur la vie de Bobby Julich, Chris Horner, Freddie Rodriguez, Mike Sayers, Gord Fraser, Henk Vogels, Mark McCormack, Jonas Carney, Trent Klasna, Michael Creed, Erik Saunders et Tim Johnson, tous de bons coureurs cyclistes aux États-Unis et pour Julich et Rodriguez, en Europe. On y présente divers aspects de la vie d’un pro : l’entrainement, la préparation finale aux courses, les tactiques, les courses elles-mêmes, etc. Les coureurs reviennent également sur certains points marquants de leur carrière, par exemple la 3e place de Julich sur le Tour 1998, celui du scandale.

Bref, PRO s’annonce à la hauteur et s’inscrit, en ce sens, dans la lignée du précédent documentaire sur le cyclisme du même réalisateur, un long métrage intitulé The Hard Road, diffusé en 2002, et qui portait sur la saison 2001 d’une petite équipe américaine, NetZero.

Une critique du film PRO est disponible ici. Un autre est disponible ici.

Il ne faudra pas non plus manquer cette photo du chien de Vandenbroucke, célèbre dans tout le cyclisme depuis que Franck a déclaré que les ampoules d’EPO et HGH retrouvées chez lui étaient pour traiter son chien malade (!!!), disponible sur le site du coureur Erik Saunders, équipier de Dominique Perras chez Ofoto et coureur ayant participé au documentaire PRO. Nos collègues de Cyclismag publie d’ailleurs cette excellente entrevue très rafraichissante et révélatrice des difficultés vécues par les coureurs pro américains pour aller courir en Europe, une entrevue qu’il ne faut absolument pas manquer.

Perez positif !

Quelques nouvelles importantes au cours du week-end :

1 – La grosse nouvelle est évidemment la confirmation que Santi Perez, coureur chez Phonak et récent 2e de la Vuelta (3 victoires d’étape), est positif par hétérotransfussion, les deux échantillons sanguins analysés ayant rendu le même verdict. Il s’agit donc du 2e coureur de l’équipe Phonak à se faire piquer après Tyler Hamilton, et ca fait franchement beaucoup… Assez, en tout cas, pour soulever de sérieux doutes quant aux pratiques en vigueur dans cette équipe voire même dans le peloton tout entier.

Perez nie évidemment tout pour l’instant, ce qui était attendu, et adopte la stratégie de défense de Tyler Hamilton, c’est-à-dire miner la crédibilité du test lui-même. L’équipe Phonak, qui se retrouve une fois de plus dans l’eau chaude, soutient son coureur en demandant qu’on attende que les résultats des travaux du groupe d’experts scientifiques (bien évidemment choisis par Phonak…) quant à la validité du test soient connus avant d’aller plus loin. Les responsables de l’équipe ont déclaré à la presse : « L’exactitude et l’interprétation de ce test étant toujours remises en question, la direction de l’équipe croit fermement en l’innocence du coureur« . On ne peut que déplorer cette attitude des dirigeants qui semblent refuser de voir la réalité en face.

Quoi qu’il en soit, on plonge donc dans une guerre de crédibilité du test de dépistage et à ce petit jeu, il est à souhaiter que l’UCI voire le CIO dévoilent au plus vite les documents permettant de confirmer la précision des tests. Il en va de la crédibilité de ces deux organismes et de la lutte au dopage.

Bref, une autre affaire à suivre de près, une autre affaire qui fait du tort au cyclisme et qui en annonce probablement d’autres en 2005…

2- Toujours en restant sur le même thème du dopage, il faut absolument lire cet article au vitriol publié dans Libération et qui traite du leg de Jean-Marie Leblanc au Tour de France, puisqu’il s’apprête à tirer (enfin) sa révérance, courant 2007. Extrait : « Le Tour aurait alors mille fois pu disparaître sous le légitime discrédit venant accabler une épreuve à prétexte cycliste qui se moque de la santé des coureurs. Pourquoi continuer de suivre le Tour à la télévision ? Autant sauter dans le virtuel et se régaler en regardant les Triplettes de Belleville au cinéma. Les coureurs, aux mains de maquignons malpropres, y sont perfusés en permanence tout en pédalant sur un home-trainer… La réalité rattrape la fiction« …

3 – Cipollini rejoindra les rangs de la nouvelle formation italienne Liquigas l’an prochain et tentera de se remotiver pour les courses qui lui tiennent vraiment à coeur, c’est-à-dire Milan-SanRemo, le Giro ainsi que les Championnats du monde. Il y retrouvera entre autres Stefano Garzelli, David Dario Cioni, Franco Pellizotti et Magnus Backstedt, mais peu d’information est actuellement disponible quant à savoir qui lui emmenera les sprints. À 37 ans, le défi est courageux, et on peut craindre, à la vue de ses résultats en 2004, que Mario fasse l’année de trop en 2005…

4 – L’équipe CSC a annoncé son effectif 2005 récemment. La grosse surprise est le départ de Jörg Jaksche, pourtant auteur d’une belle saison. Ce dernier retourne auprès de Manolo Saiz chez Liberty Seguros. La raison du divorce entre Riis et lui est une histoire de gros sous, Riis n’ayant plus les moyens de le retenir malgré sa volonté. Il faut dire que Jaksche, vieillissant, sait qu’il ne lui reste plus beaucoup d’années devant lui pour passer à la caisse, d’ou sa signature pour le plus offrant.

En revanche, CSC accueille Christian Vandevelde, le prometteur David Zabriskie et Giovanni Lombardi, qui donnera à Riis un sprinter maison. Pour le reste, l’équipe continuera à être articulée autour d’Ivan Basso, de Carlos Sastre, de Jens Voigt, de Bobby Julich et de Michele Bartoli, qui remet ca pour une autre année.

5 – On peut lire ici, sur Vélo101, une courte entrevue avec Johan Bruyneel qui parle notamment des chances de retrouver Armstrong au départ du Tour 2005. À le lire, rien n’apparaît certain mais pour LFR, Armstrong sera bel et bien au départ du Tour 2005, pas de souci!

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