L’UCI a fait un grand pas aujourd’hui afin que son nouveau bébé, le ProTour, naisse bien : elle a définitivement rejeté la candidature de l’équipe Phonak. Il s’agit selon nous du premier geste courageux et réellement tourné vers les intérêts supérieurs du cyclisme que l’UCI pose depuis fort longtemps. On envoie ainsi un message très fort aux autres équipes, celui que le dopage ne sera aucunement toléré au sein du ProTour et ce, peu importe l’importance de l’équipe sur l’échiquier (Phonak était la seule équipe suisse, qui plus est avec de nombreux talents et avec un engagement ferme de rester dans le cyclisme pendant des années).

La commission des licences de l’UCI a justifié sa décision d’une manière également fort courageuse et porteuse d’un message clair en écrivant « Davantage que la confirmation des cas de dopage dont certains coureurs de l’équipe sont ou ont été soupçonnés durant ces derniers mois, c’est l’attitude des dirigeants de cette équipe face à la révélation de ces cas qui suscite de sérieuses réserves ». On ajoutait même que « Les dirigeants de cette équipe ne se sont pas organisés pour lutter de façon efficace contre le dopage. » Nul doute que la contestation par Phonak de la méthode de détection des hétérotransfussions mise au point par l’UCI ainsi que le refus de rapidement licencier Perez et Hamilton suite à leurs contrôles positifs a donc lourdement pesé dans cette décision, une excellente chose pour l’avenir. Les coureurs du ProTour sont aujourd’hui avertis et sont à même de pouvoir comprendre les conséquences d’une preuve de culpabilité de dopage.

Pour être complet, ajoutons que la commission a aussi considéré que l’équipe Phonak avait enfreint le règlement de l’UCI concernant les contrats d’image des coureurs, contrats qui ne peuvent dépasser 15% de la rémunération totale du coureur.

Notons que nous avons aussi appris ce matin que l’équipe Phonak a licencié Tyler Hamilton le 25 novembre dernier (cependant trop tard aux yeux de l’UCI). Hamilton se retrouve donc aujourd’hui sans équipe, et avec un contrôle positif (voire deux) sur les bras. On est sincèrement désolé pour ce coureur sympathique et passionnant parce que dur au mal, mais les tricheurs – peu importe qui sont-ils – doivent être punis. Hamilton entend toujours prouver sa non-culpabilité dans les prochains mois, mais on se demande aujourd’hui comment il y a parviendra, le comité d’experts mis en place par Phonak n’étant pas parvenu à un consensus à ce sujet selon les récents dires de l’avocat de l’équipe, Alessandro Celli.

Bien sôr, on ne se réjouira pas de l’exclusion de Phonak pour autant puisqu’il nous rappelle que le dopage gangrène toujours le cyclisme et terni son image. D’ailleurs, les dirigeants de cette équipe ont déjà exprimé que sans accès au ProTour, une grande incertitude planait quant à l’avenir de cette équipe qui a recruté durant l’inter-saison Santiago Botero, Aurélien Clerc, Robert Hunter, Floyd Landis, Miguel-Angel Martin-Perdiguero et Victor-Hugo Peña, ne l’oublions pas. Il semble que l’équipe ne s’opposerait d’ailleurs pas à ce que certains coureurs qui veulent impérativement avoir accès aux épreuves du ProTour (Landis par exemple) brisent leur contrat pour en signer de nouveaux avec une des 19 équipes déjà admises. Dans ce contexte, il est donc fort probable que l’équipe ne perdure pas bien longtemps dans le monde du cyclisme, entraînant de nombreux coureurs au chômage. En ce sens, on pourra regretter que ce ne soit pas seulement M. Hamilton qui écope pour son geste…

Tout cela est bien triste pour l’équipe Phonak (et tous ses sponsors, vélo BMC, etc.) au final, mais il faut bien commencer le grand nettoyage quelque part…

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