Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 168 of 351

Confirmé: Voeckler pas au Québec

Thomas Voeckler, vainqueur l'an dernier du GP de Québec, ne sera pas du voyage cette année, estimant qu'il est préférable de "préserver ses énergies" en vue des Championnats du monde ainsi que des courses de fin de saison, notamment le Tour de Lombardie.

C'est évidemment un coup dur pour les GP cyclistes de Québec et Montréal tant la popularité de Voeckler est grande de ce côté-ci de l'Atlantique également. 

On peut également se demander si Voeckler ne fait pas une erreur sportive en voulant se concentrer sur les Mondiaux de Copenhague qui présentent un parcours favorable aux sprinters, ce qu'il n'est pas. Les parcours de Québec, en particulier, et de Montréal lui convient bien mieux pour pouvoir tirer son épingle du jeu et enrichir son palmarès.

Enfin, la nouvelle a de quoi surprendre lorsqu'on sait que son équipe Europcar est notamment sponsorisée par Louis Garneau au niveau de la bonneterie. J'imagine que la déception sera grande pour l'homme d'affaire québécois qui aurait surement souhaiter voir au Québec le principal acteur du dernier Tour de France…

Un week-end exceptionnel

Les GP de Québec et de Montréal seront présentés les vendredi 9 et dimanche 11 septembre prochain. On apprend que le samedi 10, le salon ExpoCycle, habituellement réservé uniquement aux membres de l'industrie du vélo, sera ouvert au grand public. Ce sera une occasion unique de découvrir les nouveautés 2012 de nombreux fabricants québécois, canadiens voire d'ailleurs. On peut même penser que certains coureurs professionnels pourraient être de la fête.

Le salon se déroulera au Palais des congrès de Montréal et l'admission sera au coût de 12$ pour les adultes.

Avec le GP de Québec le vendredi, le salon ExpoCycle le samedi et le GP de Montréal le dimanche, voilà un week-end exceptionnel pour tous les amateurs de cyclisme !

L’actu commentée

1 – Vuelta. C'est parti et c'est le moment ou jamais de faire un petit repérage des principaux favoris.

Pour moi, cinq coureurs sont favoris pour le classement général: Vicenzo Nibali, le vainqueur sortant, Joaquim Rodriguez, Bradley Wiggins, Igor Anton et Michele Scarponi. Tous sont en mode rattrapage et veulent enfin livrer cette saison le résultat pour lequel ils sont payés. Wiggins, en particulier, voudra faire oublier son abandon sur le Tour en raison d'une chute.

Il y a aussi les outsiders: Jurgen Van Den Broeck en premier lieu, mais aussi Janez Brajkovic, Denis Menchov, Carlos Sastre voire Tony Martin ou Daniel Martin. Du lot, Van Den Broeck et Brajkovic sont ceux qui, selon moi, pourraient surprendre vraiment. 

Pour les sprints, mentionnons la présence de Mark Cavendish, le meilleur sprinter actuel, mais aussi d'Alessandro Petacchi, de Tyler Farrar, de Daniele Benatti ainsi que des jeunes Peter Sagan et Marcel Kittel. Ca risque d'être intéressant lors des arrivées au sprint !

Pour la montagne, David Moncoutié est en quête d'un… 4e titre sur cette course, et il semble en excellente condition puisqu'il vient de s'imposer au Tour de l'Ain, ultime course de préparation pour lui. La compétition viendra probablement d'un des protagonistes à la victoire finale.

2 – Irrésistible Edvald Boasson Hagen qui vient de s'imposer, en juillet et en août, sur deux étapes du Tour de France, sur l'ENECO Tour et, hier, sur la Vattenfall Cyclassics, une épreuve du circuit World Tour disputée en Allemagne. Quel coureur ! Il a sans aucun doute franchi un pallier cette année et il sera logiquement un des grands favoris des GP de Québec et Montréal début septembre, alors qu'il sera dans sa préparation pour les Mondiaux. 

3 – Un autre peloton s'élance demain sur le USA Pro Cycling Challenge, notamment les Ivan Basso, Robert Gesink, Cadel Evans, George Hincapie, Levi Leipheimer, les deux frères Schleck, Tom Danielson, Ryder Hesjedal, Tejay Van Garderen, sans oublier l'équipe canadienne SpiderTech. Plusieurs de ces coureurs penseront aux GP de Québec et Montréal, point d'orgue de leur séjour en Amérique du Nord.

4 – Garmin lance un nouveau capteur de puissance révolutionnaire puisqu'il s'insère dans l'axe des pédales. Baptisé Vector, ce système est compatible ANT+ et peut fonctionner avec les divers compteurs vélo Garmin. Outre le fait que le système est facilement transférable d'un vélo à un autre (ce qui n'est pas le cas du système SRM ni PowerTap qui condamne l'usager de toujours utiliser la même roue arrière), Vector propose également un analyse indépendante de la puissance développée par chaque jambe, permettant au cycliste de mieux connaître ses faiblesses, et donc d'y remédier. Un petit vidéo de présentation est disponible ici. On annonce le système disponible au grand public en mars 2012 au prix de 1500$ environ, soit nettement moins que le système SRM. 

5 – La Haute Route, c'est parti, mais sans moi, ce qui ne manque pas d'affecter mon équilibre psychologique ces jours-ci. L'an prochain, j'y serai. En attendant, l'épreuve cette année s'est élancée avec un peloton fort de 23 nationalités différentes, dont quelques Canadiens que je ne connais pas. Pour suivre le déroulement de la seule cyclo par étapes, c'est sur Twitter ou via une App

6 – Les Championnats provinciaux du Québec se disputeront dimanche prochain du côté de Ste-Agathe, dans les Laurentides. Je croyais ma saison cycliste terminée, mais l'équipe me mets la pression pour prendre le départ de cette course sur route de 107 km. J'ai cinq jours pour améliorer une condition physique déplorable, très loin de mon état de grâce du mois de juillet dernier. 

7 – Bonne chance à Olivier Buisson sur le très difficile Paris-Brest-Paris cyclo. Sans l'ombre d'un doute, s'il y a un cyclosportif qui peut finir cette épreuve, c'est bien lui !

8 – Défi Vélo Mag en Mauricie le 24 septembre prochain: c'est déjà complet. Je voulais m'inscrire question de découvrir cette cyclo, ce sera pour l'an prochain. Je remarque cependant parmi les inscrits de nombreux coureurs licenciés, dont certains de premier plan. Soyez sympa les mecs, laissez les vrais cyclosportifs, ceux qui ne disposent pas d'une licence de course, s'exprimer et observez un rôle de second plan… Car il n'y a rien de plus désagréable, notamment sur les cycles de montagne en Europe, que de voir un pro s'imposer alors qu'il est d'un autre niveau…

The Horse…

Superbe photo de Thomas Voeckler à la lutte contre un cheval de course. Le cheval a gagné deux manches à une… (380m lancé)

C'est pas Voeckler qu'il faut pour ce genre d'exercice sympatique, c'est Dominique "The Horse" Rollin. Je serais curieux de voir ca !!! 

Et pendant ce temps, le président Sarkozy roule à vélo… mais pas sur celui que lui a offert Lance Armstrong il y a quelques années et… sans casque !

Philippe Gilbert chez BMC en 2012: une décision surprenante

La nouvelle est confirmée: le coureur no1 cette saison, le Belge Philippe Gilbert, a signé chez BMC pour 2012.

Rappelons que BMC est l'équipe du récent vainqueur du Tour de France, Cadel Evans, mais aussi d'Alessandro Ballan, de George Hincapie, de Greg Van Avermaet et du prometteur Taylor Phinney qui fait ses débuts sur les grands tours en s'attaquant à la Vuelta aujourd'hui.

L'équipe BMC a également signé le champion du monde Thor Hushovd pour l'an prochain. Fait cocasse, BMC a donc signé, ces trois dernières années, tous les champions du monde : Ballan (2008), Evans (2009) et maintenant Hushovd (2010).

Y'a pas à dire, BMC deviendra, en 2012, la formation la plus puissante du peloton, surtout sur la scène des Classiques. 

Mais en cyclisme, le dicton "abondance de biens ne nuit pas" se vérifie rarement. On peut raisonnablement se poser la question à savoir comment tout ce joli monde, qui sont tous des protagonistes sur les Classiques, vont parvenir à s'entendre. Evans a déjà signifié qu'il sera probablement "un domestique" pour Gilbert sur les Ardennaises. Vraiment ? Cadel Evans, vainqueur de la Flèche Wallonne en 2010 et qui a terminé deux fois dans les 10 premiers de Liège-Bastogne-Liège ?

Et quel message envoie-t-on à Ballan ou Van Avermaet en engageant Thor Hushovd qui voudra bien entendu que l'équipe se mette à son service sur les Flandriennes ?

Dans ce contexte, on peut penser que la signature de Gilbert chez BMC est une affaire de gros sous. D'autres équipes, notamment la Quick Step, Lotto ou des équipes françaises, m'auraient semblé un choix plus judicieux qui aurait permis à Gilbert d'être leader unique, d'avoir toute une équipe à son service et les coudées franches.

Le Tour de l’actualité

Ca fait un moment que je voulais le faire, voici le tour des récentes nouvelles dans le monde du cyclisme et qui ont retenu mon attention.

1 – HTC – High Road, c'est terminé. Bob Stapleton, manager général de l'équipe, n'a pu trouver de repreneur à la compagnie de téléphones HTC qui se retire du cyclisme à la fin de la saison. Les coureurs ont été libérés et peuvent chercher une nouvelle équipe pour 2012.

La nouvelle a de quoi surprendre. Premièrement, HTC possède plusieurs très bons coureurs auteurs d'excellents résultats cette saison: Mark Cavendish et Tony Martin bien sur, mais aussi Tejay Van Garderen, Matthew Goss, John Degenkolb, Marco Pinotti, Mark Renshaw et les frères Velits. Deuxièmement, l'équipe n'a été entachée d'aucun scandale de dopage et véhicule l'image d'une équipe qui gagne. Troisièmement, elle a connu un très bon Tour de France, Cavendish signant cinq victoires d'étape.

L'an dernier, Bjarne Riis avait connu les mêmes difficultés à trouver un repreneur de Saxo Bank qui avait annoncé son retrait fin 2010. Rappelons-nous que Riis était alors le manager de la meilleure formation du peloton. Il a été sauvé in extremis par Saxo Bank qui a décidé de poursuivre quelques années de plus, notamment parce que Contador débarquait.

Peu de grands sponsors ont rejoint le cyclisme ces deux dernières années. On compte Sky, Movistar, Europcar et, pour 2012, GreenEdge. Geox était déjà présent dans le cyclisme (Lampre) avant d'avoir sa propre équipe.

Le cyclisme professionnel aurait-il une mauvaise image auprès des sponsors? Ce n'est pas impossible avec la multiplication des scandales de dopage et les guerres intestines, notamment entre l'UCI et divers partenaires. La saison 2011 est, jusqu'à présent, beaucoup plus saine sur ce point et cela aidera peut-être le vélo l'an prochain.

2 – La Vuelta s'élance samedi de Benidorm avec un clm par équipe de 16 kms, une distance trop courte dans ce genre d'exercice pour créer de réels écarts. Présentation de quelques étapes clef avec David Moncoutié ici. Je ne crois pas qu'on puisse voir la Vuelta à la télé depuis le Québec, et c'est bien malheureux.

3 – Cadel Evans a décidé de participer au USA Pro Cycling Challenge, une course de 7 étapes au Colorado qui débute lundi prochain par un prologue à Colorado Springs, mais pas aux GP De Québec et Montréal. On s'explique mal la décision sur un plan sportif, Cadel Evans étant l'actuel leader du classement UCI World Tour, quelques petits points devant Philippe Gilbert qui, lui, sera présent à Québec et Montréal pour marquer des points. L'explication vient probablement d'une histoire de cachet et d'une demande de BMC qui vend beaucoup de vélos aux États-Unis. Je suis déçu car j'estime que Cadel Evans nous prive d'une belle lutte avec Philippe Gilbert pour le titre de meilleur coureur en 2011.

4 –  Brett Tivers, le Néo-zélandais de l'équipe québécoise Louis Garneau, a remporté dimanche dernier la 63e édition de la Classique Montréal-Québec, la plus ancienne et plus longue classique cycliste en Amérique du Nord. Derreck St-John et Benjamin Martel complètent le podium. Jean-François Laroche a quant à lui remporté le classement général des Mardis cyclistes de Lachine au terme des 10 étapes de la saison. Mathieu Roy et Dominic Chalifoux complètent le podium et je tiens à souligner la 4e place d'un coureur de la région de l'Outaouais, Erik Lyman, qui signe là sa plus belle performance depuis des années.

5 – À la demande des responsables de la revue, je collabore avec plaisir et depuis deux éditions à CyclePresse, le magazine officiel des GP de Québec et Montréal. Le no3 vient de sortir en kiosque et vous pouvez découvrir tout ce que vous devez savoir sur ces deux épreuves dans la revue, qui est disponible gratuitement, en français comme en anglais, dans la plupart des boutiques de vélo du Québec. Cette collaboration ne compromets par ailleurs en rien la totale indépendance de La Flamme Rouge qui demeure pour moi une activité séparée.

Quels coureurs au GP de Québec et Montréal ?

À quelques jours du départ de la Vuelta, on en connaît plus sur les coureurs de premier plan qui seront au rendez-vous espagnol, et donc sur ceux qui sont susceptibles d'être présents aux GP de Québec et de Montréal. Petit survol.

Présents sur la Vuelta: Taylor Phinney, Greg Van Avermaet (Lotto) ; David Moncoutié, Rein Taaramae et Nicolas Vongondy (Cofidis) ; Igor Anton, Mikel Nieve (Euskaltel) ; Denis Menchov, Carlos Sastre (Geox) ; Mark Cavendish, John Degenkolb, Tony Martin, Matthew Goss (HTC) ; Joaquim Rodriguez (Katusha) ; Michele Scarponi, Alessandro Pettachi (Lampre) ; Fabian Cancellara, Jokob Fuglsang, Stuart O'Grady (Leopard) ; Vicenzo Nibali, Peter Sagan (Liquigas) ; Jurgen Van Den Broeck (Lotto) ; Tom Boonen, Sylvain Chavanel (Quick Step) ; Oscar Freire, Bauke Mollema, Luis Leon Sanchez (Rabobank) ; Nick Nuyens (Saxo Bank) ; Bradley Wiggins, Thomas Lovkvist (Sky) ; Tyler Farrar, Thor Hushovd, Heinrich Haussler, Johan Van Summeren (Garmin) ; Janez Brajkovic, Andreas Kloden, Tiago Machado, Haimar Zubeldia (RadioShack) ; Stijn Devolder (Vacansoleil).

Peuvent donc théoriquement être présents sur les GP de Québec et Montréal, les coureurs de premier plan suivants:

Philippe Gilbert (Lotto) ; Danilo DiLuca, Philipo Pozzato (Katusha) ; Danilo Hondo, Damiano Cunego (Lampre) ; Andy et Franck Schleck (Leopard) ; Samuel Sanchez (Euskaltel) ; Mario Bruseghin, Joaquim Rojas (Movistar) ; Pieter Weening (Rabobank) ; Jack Bobridge (Garmin) ; Thomas Voeckler, Pierre Rolland (Europcar) ; Edvald Boasson Hagen (Sky) ; Ivan Basso (Liquigas) ; Robert Gesink (Rabobank) ; Roman Kreuziger (Astana) ; Levi Leipheimer (RadioShack) ; John Gadret, Nicolas Roche, Rinaldo Nocentini (Ag2R) ; David Millar, Tom Danielson (Garmin) ; Alessandro Ballan, George Hincapie (BMC) ; Lars Bak, Mark Renshaw (HTC).

Parmi les 20 premiers de l'actuel classement de l'UCI World Tour dominé par Cadel Evans, huit pourraient être à Québec (Gilbert, Sanchez, les deux Schleck, Cunego, Boasson Hagen, Basso, Gesink). Trois ne seront plus sur un vélo à ce moment (Evans, Contador et Vinokourov) et les neuf autres seront sur la Vuelta.

Le vélo – M.C. Allez

Pourquoi pas… Merci à mon ami Gino pour le tuyau. 

Quelle équipe SpiderTech en 2012 ?

Steve Bauer, manager général et directeur sportif de l'équipe canadienne SpiderTech qui détient une licence UCI continentale pro, ne l'a jamais caché: développer son équipe pour prétendre à une licence World Tour d'ici quelques années, et ainsi disputer le Tour de France.

Or, le leader de l'équipe, le Canadien Svein Tuft, a récemment annoncé qu'il quittait l'équipe pour rejoindre, en 2012, une équipe disposant déjà d'une licence World Tour. Tuft a connu une bonne saison 2011, remportant notamment les Championnats canadiens sur route et au clm, deux étapes du Tour de Beauce en plus d'une 3e place au général, et vient de sortir d'un bon Tour de l'Ain en France.

À 34 ans, Tuft n'a plus de temps à perdre pour s'illustrer au plus haut niveau. En rejoignant dès 2012 une équipe World Tour, il s'assure d'un accès aux plus grandes courses du monde ainsi que de moyens, d''un encadrement de premier plan.

La prochaine équipe de Tuft n'a pas encore été annoncée. On peut raisonnablement miser sur la nouvelle formation australienne GreenEdge, qui a déjà recruté en ses rangs Jack Bobridge, Stuart O'Grady ainsi que Peter Weening

Bon joueur, connaissant bien le milieu, Steve Bauer ne semble pas avoir gardé une quelconque rancune à l'égard de Tuft, bien que je serais curieux de l'entendre aujourd'hui à propos du final de la course sur route des Championnats canadiens… Chose certaine, ce départ est un coup dur pour les ambitions de Bauer et SpiderTech, Tuft étant à la fois le coureur SpiderTech avec le plus de points UCI et un précieux vétéran pouvant apporter une expérience importante aux jeunes coureurs de l'équipe.

Dans ce contexte, on peut se demander à quoi ressemblera l'équipe SpiderTech en 2012. Si le noyau de bons coureurs canadiens devrait rester, Bauer n'a d'autres choix que de recruter un ou quelques coureurs rompus aux grandes courses du calendrier européen, ne serait-ce que pour conseiller ses jeunes coureurs comme Guillaume Boivin ou David Boily. Mais voilà, un coureur qui acceptera de quitter de grandes équipes World Tour pour venir aider une jeune équipe comme SpiderTech n'est pas évident à trouver. La récente annonce de l'arrêt de l'équipe HTC-High Road a certes placé de nombreux coureurs sur le marché, mais je vois peu de candidats, outre Pate ou Lewis, pour venir chez SpiderTech. Un George Hincapie, que Bauer connait bien, serait un excellent coup mais je doute fort qu'Hincapie, à un seul Tour d'égaler le record de participation de Joop Zoetemelk (16), accepte pour le moment, surtout avec l'arrivée probable de Philippe Gilbert dans son équipe BMC, une situation qui pourrait être avantageuse pour Hincapie sur les Classiques.

Bref, l'équipe SpiderTech a de beaux défis devant elle dans les prochains mois si elle veut poursuivre sa route vers une licence World Tour d'ici quelques années. Le budget dont dispose Steve Bauer sera sans l'ombre d'un doute le nerf de la guerre. Nous en apprendrons probablement plus quant aux prochains développements autour des GP de Québec et Montréal

Entrevue avec Jérémy Roy (FDJ), supercombatif du Tour 2011

Coureur professionnel depuis 2003 à La Française des Jeux, Jérémy Roy, 28 ans, s'est révélé au grand public cette année sur les routes du Tour de France où on l'a très souvent vu en échappée, un comportement récompensé à Paris par le prix de la SuperCombativité. Jérémy Roy, c'est aussi un coureur atypique au sein du peloton, détenteur d'un Master d'ingénieur en génie mécanique et automatique de l'Insa de Rennes, des études qu'il a complété alors qu'il était déjà coureur pro. Il a aussi pris le temps, durant le Tour, de signer régulièrement une très intéressante chronique dans le journal L'Équipe. Entrevue donc avec un coureur pas comme les autres, sur un site internet pas comme les autres.

La Flamme Rouge: Jérémy, te verra-t-on aux GP de Québec et Montréal début septembre ? Quelle est la suite de ton programme de course cette année ? Des chances de te voir en Équipe de France aux Mondiaux ?

Jérémy Roy: Pour l’instant, je ne connais pas mon programme de fin de saison et donc je ne sais pas si je serai de nouveau du voyage pour le Canada. Quant aux Mondiaux, le parcours est annoncé plat, ce n’est pas pour m’avantager et je pense que Laurent Jalabert construira une équipe solide pour une arrivée massive, ce qui n’est pas trop mon truc (ni d’emmener les sprints, ni de les faire).

LFR: Tu étais présent lors de la première édition de ces épreuves l'an dernier au Québec. Un bon souvenir à la fois sportif et sur le plan de l'accueil ?

JR:  Un très bon souvenir car déjà c’était la première fois que je posais mes roues au Canada. Un accueil chaleureux de la part du public, de belles épreuves nerveuses et une organisation parfaite. Que du plus donc, même si ce n’est que pour deux jours de courses (l’ajout de Boston serait un bien).

LFR: Laquelle des deux épreuves t'avait semblé la plus difficile et laquelle convient le mieux à tes aptitudes ?

JR: Montreal est plus difficile et me convient mieux avec des bosses assez longues. Tandis que Quebec, qui est tout aussi difficile, présente plus de bosses mais plus courtes et plus raides, ce qui convient mieux aux puncheurs.

LFR: Tu as réalisé un très grand Tour de France cette année, étant souvent présent dans les échappées et ratant de peu une superbe victoire d'étape sur la route de Lourdes. T'es-tu entrainé différemment cette année en prévision du Tour ?

JR: Cette année, j’ai pris le temps de couper l’entrainement fin avril début mai pendant sept jours afin de bien me reposer et refonder un entrainement progressif et qualitatif. Ça a payé cette année mais je ne sais pas si ce sera pareil par la suite… Je voulais surtout ne pas avoir de regrets sur ce Tour car l’an passé j’étais tombé à la deuxième étape (arrivée à Bruxelles ), me blessant au genou, et j’avais galéré tout le Tour ne pouvant m’exprimer. Du coup, cette année c’était au jour le jour sans se préoccuper du lendemain.

LFR: Ton meilleur souvenir et ta plus grosse galère, maintenant qu'un peu de recul s'est installé, sur le Tour de France cette année ?

JR:  Mon meilleur souvenir est malgré tout l’étape de Lourdes où je passe échappé seul en tête de l’Aubisque porté par une foule monstre. Puis malgré la défaite, ce même public qui me fait une ovation sur le podium d’arrivée pour le maillot à pois et le combatif !

Le pire : le lendemain ! Après une très courte nuit, des sollicitations de toute part (médias, spectateurs), j’ai tenu 100kms dans le peloton avant de galérer dans le gruppetto avec le maillot à pois sur le dos !! Revers de la médaille, retour de manivelle dans les dents…

LFR: Le cyclisme français a été très critiqué ces dix dernières années: manque de résultats, méthodes d'entrainement rétrogrades, organisation d'équipe défaillante, entre autre. Bernard Hinault et le regretté Laurent Fignon n'étaient pas toujours tendres envers les coureurs français ! Or, cette saison, on a nettement l'impression qu'on revoit les coureurs français devant. Tu as signé un très beau Tour, tout comme Thomas Voeckler et Pierre Rolland. Une explication?

JR: Non pas d’explications particulières, on manquait peut être de réussite les autres années. Mais personnellement je me suis toujours entrainé scientifiquement avec un capteur de puissance. On a rien à envier aux équipes étrangères coté entrainement. Après des critiques, il y en aura toujours mais malheureusement elles ne sont quasiment jamais constructives. C’est comme en politique : ils se critiquent les uns les autres mais personne ne propose d’idées ou de solutions.

LFR: Plusieurs observateurs pensent que le dopage serait en régression dans le peloton professionnel depuis un ou deux ans. Sur le Tour, les moyennes ont diminué. On ne monte plus l'Alpe d'Huez en 37 minutes comme Pantani. Les calculs de puissance de Frédéric Porteleau et Antoine Vayer confirment certains changements. Tu es dans le peloton depuis 2003. Tes impressions de l'intérieur ?

JR:  Le cyclisme se bat depuis plus d’une décennie pour éradiquer le dopage et je pense que cela commence à porter ses fruits. C’est vrai qu’on voit quelques défaillances, et que les leaders comptent leurs coups de pédales pour ne pas trop s’exposer au risque de contre, ou de surrégime. Alors peut être que l’on n’assistera plus à des attaques spectaculaires dans les cols quand le tempo est déjà élevé. Le téléspectateur dira qu’il s’ennuie derrière son écran. Mais il y aura plus de place pour les autres coureurs pour tenter des coups afin de jouer la gagne d’étape. 

LFR: Le passeport biologique et le système ADAMS qui va avec, les contrôles inopinés, les contrôles sur les courses, est-ce vraiment contraignant au quotidien pour un coureur pro ?

JR: C’est contraignant oui, il faut rentrer ses données de géolocalisation quotidiennement tel un délinquant en liberté conditionnelle mais on s’y fait assez vite. Après c’est clair que ce n’est pas agréable d’être réveillé le matin inopinément pour satisfaire à un contrôle sanguin ou uriner dans un bocal. Mais on accepte pour le bien de notre sport. Le soir cela peut être plus ennuyeux quand nous recevons des amis à la maison et que les contrôleurs débarquent. Tout le monde est mal à l’aise d’un coup ; mais c’est le jeu !

Durant les courses, nous sommes chaperonnés dès l’arrivée pour rallier le mobilhome antidopage pour éviter toute manipulation possible. Là encore, pour le bien du vélo, on accepte. Alors quand on nous critique à tord et que les gens mettent tous les cyclistes dans le même panier, ça fait mal !

LFR: Je crois savoir que tu utilises un capteur SRM pour te préparer, voire même en course. Approche scientifique de l'entrainement, ou approche "aux sensations" ? Connais-tu ton seuil et ta VO2max par exemple, et utilises-tu ces données pour calibrer tes efforts en course, par exemple dans l'ascension de l'Aubisque sur la route de Lourdes sur le dernier Tour ?

JR: Je suis un carthésien, donc approche scientifique de l’entrainement, ça permet de passer au dessus de mauvaises sensations des fois aussi, et d’en une autre mesure de pas trop en faire lors de certains exercices pour tenir sur la durée. Mon seuil se situe vers les 390W-400W lors d’efforts CLM ou de cols (en début d’étape, après ça baisse un peu !).

J’ai utilisé le SRM en course pour la première fois sur le Tour et c’est vrai que ça permet mieux se gérer notamment en montagne.

LFR: À l'entrainement, travailles-tu avec un entraineur personnel ? 

JR: Je n’ai pas d’entraineur attitré même si la FDJ les propose. On va dire que je les consulte. J’envoie mes courbes et mes données. Et on discute, on planifie, on débriefe ensemble. Et je suis à même de modifier le planning selon les circonstances (mauvaise recupération, pluie trop intense, blessures…). J’ai assez d’expérience pour pouvoir m’autogérer mais c’est important pour moi et l’équipe d’échanger avec les 2 entraineurs (Grappe et Decrion).

LFR: Un débat existe en matière d'entrainement: doit-on privilégier des entrainements courts mais intenses, à intensité critique, ou plutôt des entrainements longs, mais moins intenses. Pour nous coureurs régionaux, de 6 à 8h d'entrainement par semaine sont suffisant pour obtenir un bon niveau et être dans le coup, pourvu de faire beaucoup d'intensité. Quelle est ton approche au niveau professionnel et combien d'heures consacres-tu à l'entrainement chaque semaine, lorsque tu n'es pas en course ?

JR: Je consacre entre 17 et 22h d’entrainement solitaire à la maison. Et je varie les sorties (courtes et intenses – longues et monotones (les pires) – semi longues avec des exercices – sorties derrière scooter – petite sortie régénératrice – home trainer pour des exercices très élevés qui demandent une totale concentration).

LFR: T'imposes-tu une discipline alimentaire stricte en saison ? Utilises-tu des suppléments alimentaires comme de la poudre de protéines ou des BCAA ?

JR: Je fais attention à ce que je mange dans la manière où j’attache une importance à avoir une alimentation très variée et équilibrée. Je ne suis pas un adepte des poudres de suppléments alimentaires, j’essaie de privilégier les aliments riches en certains nutriments selon les apports voulus. Mais en course ce n’est toujours évident d’avoir les aliments que l’on veut alors dès fois je prend des compléments de BCAA aux arrivées des courses pour « nourrir » le muscle et mieux récupérer.

LFR: Tu es passé pro en 2003 mais ton palmarès est vierge jusqu'à cette belle victoire d'étape sur Paris-Nice en 2009. Tu poursuivais alors des études d'ingénieur. C'était important pour toi de terminer ce diplôme, même si c'était à un certain prix pour ta carrière de cycliste professionnel ?

JR: Je m’étais lancé dans les études avant de passé pro et quand je suis passé pro je ne voulais pas mettre entre parenthèse ma formation car je pense que je ne l’aurai jamais finie après ma carrière. Alors j’ai dû concilier les deux, au détriment surement d’une progression plus rapide. Mais je ne regrette pas, c’était une formidable expérience et je progresse encore sur le vélo. 

LFR: Publiée dans L'Équipe et relayée systématiquement sur Véloptimum, ta chronique sur le Tour a eu, je pense, un grand succès. Tu as aimé faire cela ? Ca ne devait pas être évident le soir après l'étape de se mettre devant la page blanche ! (j'en sais quelque chose!)

JR: Ma chronique a eu de bons retours et tant mieux !! Le plus difficile était de trouver un thème, car raconter sa course ne passionne pas les foules, il fallait des anecdotes, des histoires. J’avais préparé quelques thèmes avant le tour pour me faciliter la tâche et j’ai pu compléter avec l’actualité. Mais c’était assez difficile quand même le soir des étapes de montagne ! Heureusement que les transferts en bus étaient longs, je gagnais du temps, car à l’hôtel c’était dur de m’y remettre ! Une fois massé et allongé sur le lit, on est cramé !

LFR: Un de tes équipiers à La Française des Jeux s'appelle Dominique Rollin, un Québécois que nous suivons avec attention ici. As-tu participé à des courses avec Dominique cette année et comment qualifierais-tu ce coureur ? Qu'apporte-t-il à La Française des Jeux sur les courses, et en dehors des courses ?

JR: Malheureusement je n’ai pas courru cette année avec lui, mais j’ai fait des stages. C’est un pilier de l’équipe sur les classiques de début de saison, il a répondu présent où on l’attendait. En dehors du vélo, «  Dom » est un super mec, serviable et avec un sens de l’humour développé ! On rigole bien.

LFR: Tu as remporté le Tro Bro Leon en 2010. Les Classiques du Nord conviennent bien à Dominique Rollin. Quant on connaît l'affection de Marc Madiot pour ces épreuves difficiles, les Classiques de mars et d'avril sont toujours un objectif important à La Française des Jeux ?

JR: Les classiques sont toujours des objectifs pour la FDJ. Marc Madiot a ça dans la peau. Il y attache donc une grande importance et développe depuis quelques années des équipes dédiées aux classiques : dès le stage de décembre un groupe de classique et un groupe de course à étapes prend forme pour créer une ambiance et une osmose. Ce n’est jamais évident de driver des personnalités et des sportifs, il convient donc de créer l’esprit de groupe très tôt dans la saison pour obtenir les meilleurs résultats sur les courses dès les classiques de printemps !

Il ne me reste plus qu'à te remercier Jérémy pour le temps que tu nous as accordé, je l'apprécie personnellement beaucoup. Je te souhaite également de bons résultats sur cette fin de saison. J'invite enfin tous les lecteurs de La Flamme Rouge à suivre Jérémy et à venir l'encourager, le soutenir lors des courses cyclistes, surtout s'il est du départ à Québec et Montréal !

Petit débat autour du pool de cyclisme

Un petit débat fait rage sur ce site autour du pool de cyclisme, débat amorcé suite à un commentaire laissé par un lecteur estimant que ce petit jeu n'avait pas de sens puisqu'on est dans l'impossibilité d'identifier les coureurs dopés de ceux qui ne le sont pas.

La plupart des lecteurs qui ont pris la peine de laisser leur opinion sur ce commentaire (je les en remercie) l'ont désapprouvé. 

En fait, pour y voir plus clair, il faut élargir le débat à l'ensemble du cyclisme professionnel. Puisque le dopage fausse tout depuis de nombreuses années, pourquoi encore du cyclisme ? Bjarne Riis est-il le vainqueur du Tour 1996 ? Jan Ullrich, 2e cette année-là, alors ? Qui est le vainqueur du Tour 2010 ? Contador ? Andy Schleck ? Et Pereiro, en 2006: vraiment ?

Ma décision de continuer à organiser le pool de cyclisme sur ce site est donc la même que celle d'ASO de continuer à organiser des courses cyclistes. 

Pour une raison bien simple: parce que tous les coureurs ne sont pas dopés. Certains font leur métier avec éthique. On peut même penser, à la lumière du récent Tour de France, qu'ils sont de plus en plus nombreux dans ce cas et ce constat est très encourageant, après de nombreuses années noires.

D'autres ont pris d'autres décisions par rapport au cyclisme: la télé allemande, lasse de tous les scandales, notamment chez Telekom et Gerolsteiner, ne retransmets plus le Tour depuis quelques années.

Le dopage fausse le pool de cyclisme ? Dans une certaine mesure, oui. Comme il fausse certaines courses cyclistes. Si j'organise le pool, je n'ai d'autres choix que de me plier aux sanctions officielles des autorités compétentes. Contador demeure, pour l'instant et jusqu'en novembre prochain, date de la probable décision du TAS, le vainqueur du Tour 2010. Et du Giro 2011. En cas de dopage, ses points lui seront retirés et un nouveau classement établi. J'espère à temps pour en tenir compte dans la publication des résultats finaux, mais cela ne dépend pas uniquement de moi.

UCI World Tour: un système impitoyable

Intéressant article à propos de l'actuelle situation de Dimitri Champion, champion de France 2009 et dont la saison chez Ag2R a été perturbée par une fracture d'une vertèbre en avril dernier. Du coup, Champion n'a pas marqué beaucoup de points UCI, contribuant donc peu aux points UCI de l'équipe française qui tient à maintenir sa licence UCI World Tour. En conséquence, Vincent Lavenu ne peut lui garantir un contrat pour l'an prochain, devant engager des coureurs disposant des précieux points UCI pour rester en World Tour. La situation de Champion n'est pas simplifiée par l'arrêt de l'équipe HTC High Road qui place sur le marché de nombreux bons coureurs disposant de points UCI.

On peut y voir un effet négatif du système. S'il est difficile de concevoir un classement des meilleures équipes cyclistes mondiales basé sur un autre système que celui en place, il est cependant impitoyable pour les coureurs comme Champion qui doit marquer des points d'ici la fin de la saison s'il veut être pro dans une grande équipe l'an prochain. À la limite, on peut même penser que ce système accroît la tentation du dopage pour les coureurs qui doivent (absolument) obtenir des résultats.

Pourquoi ne pas instaurer un système sur deux ans, garantissant à un coureur 50% des points de l'année précédente durant l'année en cours ? En cas de blessure, un coureur disposerait donc de points UCI sur la base de ceux qu'il avait marqué l'année précédente.

Page 168 of 351