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Mois : septembre 2025

GP de Québec: un parcours plus facile et une arrivée plus… dangereuse

Dans une semaine, nous y serons: le Grand Prix cycliste de Québec, première course d’un duo québécois complété par le GP de Montréal, le dimanche suivant.

Cette année, le parcours, jusqu’ici inchangé en 13 éditions, fait « presque » peau neuve. Exit la côte des Glacis, exit la côte de la Fabrique, une fois en haut de la côte de la Montagne les coureurs prendront gauche au lieu de droite, remonteront direct vers le Chateau Frontenac, monteront la rue Saint-Louis mais pas jusqu’en haut comme avant, tourneront sur les Plaines juste après la porte St-Louis, puis ce sera l’arrivée 400m plus loin.

Malgré ce que plusieurs ont voulu faire croire ces dernières semaines, ce parcours est plus facile que lors des éditions antérieures selon moi.

Les nombres, d’abord: près de 3000m de dénivelé pour l’ancien parcours, contre 2600m pour le nouveau.

Surtout, on aura moins de « stop and go » comme avant, et les « stop and go », c’est usant à la longue même pour des coureurs pros. Imaginez un peu: sitôt le haut de la côte de la Montagne, vous aviez l’an dernier quelques secondes seulement de répit (et encore, la descente des Remparts, rapide, exigeait de la concentration) avant de ré-attaquer la côte des Glacis, abrupte, vers le Carré d’Youville, et rebelotte, quelques secondes de répit dans la courte descente de St-Jean avant de rempiler sur la côte de la Fabrique, puis le long faux plat de la rue St-Louis puis de Grande Allée. Ca faisait un enchainement infernal!

Au lieu de ca, les coureurs devront cette année affronter une seule bosse sur le parcours, mais un peu plus longue. Une fois en haut de la côte de la Montagne au terme de la première partie pentue de cette longue bosse, direction le Chateau, ca monte encore, puis deuxième partie, la rue St-Louis et son faux plat, mais pas jusqu’en haut comme l’an dernier.

Je suis d’avis que pour les coureurs plus « diesels », ce sera plus facile à encaisser, surtout qu’après, on aura droit à une longue récupération pour ceux qui seront dans les roues. Sur une plus longue bosse dont la 2e partie est beaucoup moins difficile puisqu’un simple faux plat, on peut prendre plus facilement son rythme, et la puissance peut être plus lissée que si on a à passer trois raidards consécutifs.

La distance un peu plus longue cette année (216km au lieu de 202km) n’aura aucun impact à ce niveau de professionnalisme.

L’arrivée

L’arrivée a été déplacée de Grande Allée aux Plaines d’Abraham, au terme de la courte descente après le petit raidard de l’entrée des Plaines, une fois qu’on quitte la rue Saint-Louis.

Autrement dit, au lieu d’une ligne d’arrivée située au terme d’un long faux plat ascendant tout droit sur la rue Saint-Louis puis à côté du Parlement, on aura droit à une arrivée ponctuée, dans les 500 derniers mètres, d’un virage 90 degrés sur la gauche, d’un petit raidard pour une grosse relance, et d’une courte descente en virage sur la droite, puis l’arrivée.

Je peux déjà vous prédire des chutes sur ce dernier kilomètre où ca va frotter comme jamais à Québec. Voyez un peu: 215km de course moins sélective propre à générer un plus gros paquet à l’entrée du dernier kilomètre, une grosse bataille sur St-Louis pour virer à gauche à l’entrée des Plaines, puis un sprint en jouant du dérailleur puisque la ligne est au terme d’une courte montée immédiatement enchainée d’une courte descente.

Aie.

Les arrivées solo ou en petit comité étant rares à Québec, les équipes organisées qui disposeront d’un bon sprinter à l’entrée du dernier kilomètre auront l’avantage, c’est clair. Parfait pour un Michael Matthews, champion sortant et déjà triple vainqueur de l’épreuve, qui peut se débrouiller avec ou sans coéquipiers. Arnaud de Lie, annoncé, sera aussi à surveiller sur ce GP de Québec mais seulement s’il est bien entouré. Deux autres épouvantails, Wout Van Aert bien sûr, mais aussi Biniam Girmay, 2e l’an dernier et 3e en 2022, récent 5e de la Bretagne Classic et qui doit « sauver » sa saison, n’ayant pas encore levé les bras en 2025.

Super Record 13v: le retour de Campagnolo

Depuis une dizaine d’années, il était difficile de suivre la stratégie marketing de Campagnolo, la mythique compagnie italienne de composantes haut de gamme.

Selon moi, seul le relatif succès du groupe gravel Ekar sauvait les meubles de cette compagnie qui, pourtant, est au coeur de l’histoire du cyclisme. Le groupe Super Record 12v wireless sans le fameux « thumb shifter » lancé il y a quelques années s’est avéré un échec cuisant.

Début juin dernier, Campagnolo a signé son grand retour dans la course aux groupes haut de gamme pouvant équiper les vélos des plus assidus d’entre nous en lançant le premier groupe 13 vitesses, le Super Record.

Pour la petite histoire, rappelons que Campagnolo avait été le premier à lancer un groupe 10 vitesses (2000), 11 vitesses (2008) et 12 vitesses (2018).

Preuve de la volonté de Campagnolo de revenir dans la course, la compagnie italienne est également revenue en World Tour en 2025 avec l’équipe Cofidis dont elle équipe les vélos.

Ce nouveau Super Record 13 vitesses est un tour de force remarquable de la part des Italiens.

D’une part, et peut-être le plus important, un prix nettement revu à la baisse par rapport au groupe Super Record 12v. J’ai pu trouver des prix tournants autour de 6500$CAN pour ce groupe, soit environ 1000 à 1200$ de moins que la version précédente, ce n’est pas rien.

En comparaison, un groupe Sram Red tourne autour de 5500$ et un Shimano Dura Ace autour de 5800$.

Outre un prix en baisse, on gagne évidemment un braquet, qui sera utile surtout pour ceux pratiquant le cyclisme en terrain très accidenté voire en montagne, le 13e pignon pouvant être vu comme celui de la « réserve », pratique quand vous rencontrez la sorcière aux dents vertes au km 168 de la Marmotte…

Surtout, c’est le choix de braquets possibles qui est un bon coup de Campagnolo sur ce groupe tant les combinaisons possibles sont grandes: à l’avant, choix de 55-39, 54-39, 53-39, 52-36, 50-34, 48-32, 45-29, excusez-du-peu!

À l’arrière, quatre cassettes possibles: 10-29, 10-33, 11-32 et 11-36.

Pour nous cyclosportifs, la combinaison 52-36 et 10-33 sera sérieusement à considérer, permettant d’évoluer entre un braquet de 52-10 (5,2m par coup de pédale!) et 36-33 (1,1m), pour les passages les plus pentus des grands cols.

Combiné à une 11-36, le 52-36 vous permet d’aller jusqu’au rapport de 1, pour le braquet 36-36. Avec ça, vous pouvez grimper aux arbres.

Ni Shimano, ni Sram ne propose une gamme aussi évolutive et des étagements aussi progressifs.

Mode oblige (ou Tadej oblige?), Campagnolo offre aussi le pédalier en manivelles de 165mm, outre les classiques 170, 172,5 et 175mm.

Autre tour de force, le poids. Malgré un 13e pignon, le nouveau Super Record est plus léger que son prédécesseur en 12v, près de 100 grammes en moins. Poids total annoncé du nouveau groupe, 2445 grammes en freins à disque, la seule option.

Petit clin d’oeil aux amateurs de la marque, Campagnolo est revenu avec ce groupe au fameux « thumb shifter » situé à l’intérieur de la manette de frein, permettant de descendre les vitesses. Caractéristique unique de Campagnolo, certains, comme moi, ne peuvent plus s’en passer, d’autres n’ont jamais pu s’y faire.

L’introduction aussi d’un petit bouton sur l’avant de la manette de frein, petit bouton appelé « smart button » qui peut être programmable pour lui faire faire ce que vous voulez. Bien pensé!

Le groupe est évidemment sans fil, les batteries rechargeables sur le vélo comme détachées du vélo, une option pédalier intégrant un capteur de puissance (fait par SRM!) est disponible, et une application pour téléphones intelligents permet de régler le fonctionnement du groupe, tout en indiquant l’usure des batteries bien sûr.

Bref, du très beau matos selon moi, à prix plus compétitif en comparaison à la concurrence. Toutes les analyses critiques crédibles – c’est à dire indépendantes – que j’ai pu trouver à ce jour m’indiquent un groupe fiable, bien conçu, répondant aux besoins et, sur le terrain, ultra-efficace. Le changement de vitesse, annoncé le plus rapide sur le marché, livre la marchandise concrètement, pour une douceur de fonctionnement inégalée. Campagnolo fabrique le groupe entièrement en Europe, un détail important.

Terminons en mentionnant que Campagnolo sortira cet automne d’autres versions de ce nouveau groupe Super Record: un groupe en transmission un plateau (1x13v), un groupe chrono et deux groupes gravel, soit 2x13v et 1x13v. Ces groupes gravel seront d’un intérêt particulier considérant la popularité de ce type de cyclisme actuellement.

Couplé aux nouvelles roues Hyperon Ultra, bien pensées pour notamment des parcours de haute montagne mais pas que, vous obtiendrez une machine au rendement redoutable, une machine également versatile, polyvalente, et d’une fiabilité absolue.

Une grande victoire canadienne!

Trois victoires d’étape.

Le général.

Les pois.

Le classement de la meilleure jeune.

Presque deux minutes d’avance sur la 2e.

C’est le bilan remarquable de la jeune (20 ans!) canadienne Isabella Holmgren sur le récent Tour de l’Avenir féminin.

Remarquable, et quasiment passé inaperçu ici au Canada, une honte selon moi et qui témoigne à quel point le sport cycliste est encore à la traine en Amérique du Nord. Il y a quand même eu ce court article de Radio-Canada le 29 août dernier.

C’est la première fois qu’un(e) coureur(e) canadien(ienne) s’impose sur le Tour de l’Avenir, aussi parfois surnommé le « petit » Tour de France pour les jeunes coureurs(es). Pour la petite histoire, le Québécois David Boily était passé bien près de remporter l’épreuve en 2011, alors qu’il avait terminé 2e derrière un certain Esteban Chaves, perdant son maillot jaune le tout dernier jour de course. Ce Tour de l’Avenir comportait des coureurs comme Warren Barguil, Mattia Cattaneo, Rohan Dennis, Tom Dumoulin, Romain Bardet, Simon Yates, tous devenus d’excellents professionnels et qui en dit long sur la perf de David cette année-là.

Chez les hommes cette année, c’est la pépite française de 18 ans, Paul Seixas, qui s’est imposé de belle manière, forgeant, comme Holmgren, sa victoire en montagne. Holmgren comme Seixas ont d’ailleurs remporté l’étape chrono vers La Rosière, et se sont imposés à la fois au général comme au classement du meilleur jeune.

Rappelons qu’Isabella Holmgren est probablement LA pépite du cyclisme canadien actuellement, hommes et femmes confondus. Elle et sa soeur jumelle Ava disposent manifestement de dispositions physiques hors norme, et leur succès en cyclo-cross et en vélo de montagne (Mtb) apportent une preuve incontestable de cela.

Isabella a en effet été championne du monde de cyclo-cross et de Mtb chez les juniors en 2024, un rare exploit. Elle court désormais chez les espoirs et sa soeur Ava est d’ailleurs actuellement championne canadienne du chrono dans cette catégorie. Toutes deux font partie de la formation Lidl-Trek.

La relève du cyclisme canadien est là, pas l’ombre d’un doute là-dessus.

Avec, en réserve, une autre jeune femme dont vous entendrez beaucoup parler d’ici peu: Raphaëlle Carrier, du Lac Beauport près de Québec. Elle aussi polyvalente puisque active sur route, en cyclo-cross, en gravel et en Mtb, elle gagne régulièrement en Europe chez les juniors et a été 2e des Mondiaux de Mtb en 2024, toujours chez les juniors. Elle aussi dispose sans conteste de qualités physiques certaines, lui permettant de se démarquer naturellement du lot.

Ces trois jeunes femmes seront au plus haut niveau d’ici quelques années, ca j’en suis sûr. Ca fera aussi du bien au cyclisme canadien qui, avec les retraites prochaines de Mike Woods et Hugo Houle, en aura bien besoin.