Julien Gagné a rejoint depuis la mi-février son équipe St-Étienne Loire Ecsel. Il participait dimanche dernier à la classique DN1 Annemasse-Bellegarde, une des plus anciennes courses du calendrier national français puisque sa première édition remonte à… 1914!
J’ai pu prendre des nouvelles de mon ami Julien tout récemment, alors qu’il rentrait d’une sortie de 150 bornes de récup le lendemain de la classique.
La Flamme Rouge: pas trop rincé Julien?
Julien Gagné: non Laurent, ca va pas mal du tout. On voulait faire un gros bloc d’entraînement alors on a fait plus long aujourd’hui, après la course d’hier. Des bons kilomètres en banque!
LFR: Comment s’est passé Annemasse-Bellegarde pour toi?
JG: Disons simplement que je me la suis donné difficile! On m’avait prévenu: 25 kms après le départ, virage serré puis une belle bosse, il fallait être devant à ce moment. J’y suis arrivé 2e du paquet! Et à partir de là, j’ai couvert les tentatives d’échappée pour mon équipe. J’en ai un peu trop fait: j’ai couvert toutes les tentatives d’échappée pendant plus de 100 kms!! Je voyais que j’avais de bonnes jambes, j’étais agressif, mais j’ai été aussi un peu impatient probablement. Je connais encore mal les coureurs en DN1, ainsi que les équipes et les maillots. J’ai bien dû faire 40 attaques à plus de 650 watts! C’était bien, car ca enlevait de la pression à mes coéquipiers, mais ces efforts intenses et répétés m’ont fatigué et dans le final, les 15 derniers kms, la force me manquait un peu. J’ai tout de même terminé avec le 1er peloton, un peu plus d’une minute derrière le vainqueur. Somme toute, satisfait, une expérience positive qui me prouve que j’ai ma place au sein du peloton DN1, et que le meilleur est à venir.
LFR: tu trouves ca comment, les courses en DN1 en France?
JG: dimanche dernier, c’était ma 2e course à ce niveau. Le plus frappant, c’est la profondeur du peloton. En sénior 1-2 au Québec, t’a quand même un nombre plus limité de coureurs qui peuvent jouer la gagne. Ici, tu es 200 au départ, et du lot, 120 sont des costauds. L’an passé au Québec, je pouvais m’échapper et rester devant un bon moment; ici je m’échappe, d’autres s’échappent, mais ca revient après quelques kilomètres parce qu’il reste beaucoup de très bons coureurs derrière. Ca attaque tout le temps. Vraiment une autre dynamique.
LFR: le placement est important aussi, comme la tactique.
JG: oui, le placement surtout. En France, les routes sont différentes: beaucoup de virages, des rétrécissements, du mobilier urbain, des ronds-points, des dos d’âne, parfois des passages pavés, il y a beaucoup de pièges. Connaître les parcours aide beaucoup et je dois m’adapter à tout ca en course. Sinon, la tactique, c’est surtout de rester groupés nous les coureurs de l’équipe dans les phases critiques, et de se parler pour coordonner nos actions.
LFR: tu trouves tes marques au sein de ta nouvelle équipe?
JG: tout à fait! J’ai été bien accueilli ici, tout le monde est gentil et attentif avec moi, j’ai de la chance. Mon appartement est confortable, bien situé pour aller rouler. Je m’ennuie un peu du Québec et de mes amis par moment, mais globalement, tout se passe très bien. La nourriture est très bonne, on trouve de très bons produits dans les épiceries, mais tout est en petites quantités. Je m’ennuie des quantités qu’on trouve au Costco!
LFR: t’as pu découvrir ta région d’adoption à l’entrainement?
JG: oui, la variété des parcours disponibles m’a frappé, on trouve beaucoup de très beaux parcours, de beaux paysages et c’est diversifié dépendemment de la direction que tu prends le matin. J’ai roulé jusqu’ici dans les monts du Lyonnais, dans la région du Beaujolais, pas mal de bosses qui s’enchainent sans arrêt, c’est quasiment de la moyenne montagne tout le temps. J’ai aussi pu découvrir l’Ardèche, les monts du Pilat et la belle vallée du Forez.
LFR: on a eu peur pour toi, avec l’accident du 17 mars dernier au sein de ton équipe.
JG: oui, un événement vraiment malheureux, un groupe de jeunes coureurs s’est fait renverser par une voiture. Globalement les automobilistes sont courtois avec les cyclistes ici, et je pense que l’accident était un événement assez isolé. La pandémie a un impact aussi: on remarque qu’il faut éviter de rouler juste avant le couvre-feu, les automobilistes sont alors stressés de rentrer chez eux à temps, et ca peut devenir explosif.
LFR: et la condition?
JG: somme toute assez bonne. C’est sûr que l’absence de courses en 2020 parait, je me suis beaucoup entrainé mais c’est pas tout à fait pareil. Il faut que je me ré-habitue aux efforts de très haute intensité. J’y travaille.
LFR: connais-tu la suite de ton programme?
JG: avec la Covid-19 et la troisième vague ici en France, tout est plus compliqué, et il y a pas mal d’annulation de courses, donc c’est difficile de prévoir la suite de mon mois d’avril. Normalement, je devrais avoir une course le lundi de Pâques, après on verra selon la pandémie. Il y a 17 coureurs dans l’équipe, et l’équipe vise à donner la chance à chacun, selon les parcours.
LFR: à quand un retour au Québec?
JG: avec la pandémie et les quarantaines imposées, pas pour tout de suite ca c’est certain. L’équipe a un projet de retourner peut-être sur le prochain Tour de Beauce, prévu cette année en septembre. C’est probablement à ce moment que je pourrais retourner au Québec, pas avant.
LFR: merci Julien! Et à bientôt.