Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mars 2021 Page 1 of 2

Julien Gagné: le meilleur est à venir!

Julien Gagné a rejoint depuis la mi-février son équipe St-Étienne Loire Ecsel. Il participait dimanche dernier à la classique DN1 Annemasse-Bellegarde, une des plus anciennes courses du calendrier national français puisque sa première édition remonte à… 1914!

J’ai pu prendre des nouvelles de mon ami Julien tout récemment, alors qu’il rentrait d’une sortie de 150 bornes de récup le lendemain de la classique.

La Flamme Rouge: pas trop rincé Julien?

Julien Gagné: non Laurent, ca va pas mal du tout. On voulait faire un gros bloc d’entraînement alors on a fait plus long aujourd’hui, après la course d’hier. Des bons kilomètres en banque!

LFR: Comment s’est passé Annemasse-Bellegarde pour toi?

JG: Disons simplement que je me la suis donné difficile! On m’avait prévenu: 25 kms après le départ, virage serré puis une belle bosse, il fallait être devant à ce moment. J’y suis arrivé 2e du paquet! Et à partir de là, j’ai couvert les tentatives d’échappée pour mon équipe. J’en ai un peu trop fait: j’ai couvert toutes les tentatives d’échappée pendant plus de 100 kms!! Je voyais que j’avais de bonnes jambes, j’étais agressif, mais j’ai été aussi un peu impatient probablement. Je connais encore mal les coureurs en DN1, ainsi que les équipes et les maillots. J’ai bien dû faire 40 attaques à plus de 650 watts! C’était bien, car ca enlevait de la pression à mes coéquipiers, mais ces efforts intenses et répétés m’ont fatigué et dans le final, les 15 derniers kms, la force me manquait un peu. J’ai tout de même terminé avec le 1er peloton, un peu plus d’une minute derrière le vainqueur. Somme toute, satisfait, une expérience positive qui me prouve que j’ai ma place au sein du peloton DN1, et que le meilleur est à venir.

LFR: tu trouves ca comment, les courses en DN1 en France?

JG: dimanche dernier, c’était ma 2e course à ce niveau. Le plus frappant, c’est la profondeur du peloton. En sénior 1-2 au Québec, t’a quand même un nombre plus limité de coureurs qui peuvent jouer la gagne. Ici, tu es 200 au départ, et du lot, 120 sont des costauds. L’an passé au Québec, je pouvais m’échapper et rester devant un bon moment; ici je m’échappe, d’autres s’échappent, mais ca revient après quelques kilomètres parce qu’il reste beaucoup de très bons coureurs derrière. Ca attaque tout le temps. Vraiment une autre dynamique.

LFR: le placement est important aussi, comme la tactique.

JG: oui, le placement surtout. En France, les routes sont différentes: beaucoup de virages, des rétrécissements, du mobilier urbain, des ronds-points, des dos d’âne, parfois des passages pavés, il y a beaucoup de pièges. Connaître les parcours aide beaucoup et je dois m’adapter à tout ca en course. Sinon, la tactique, c’est surtout de rester groupés nous les coureurs de l’équipe dans les phases critiques, et de se parler pour coordonner nos actions.

LFR: tu trouves tes marques au sein de ta nouvelle équipe?

JG: tout à fait! J’ai été bien accueilli ici, tout le monde est gentil et attentif avec moi, j’ai de la chance. Mon appartement est confortable, bien situé pour aller rouler. Je m’ennuie un peu du Québec et de mes amis par moment, mais globalement, tout se passe très bien. La nourriture est très bonne, on trouve de très bons produits dans les épiceries, mais tout est en petites quantités. Je m’ennuie des quantités qu’on trouve au Costco!

LFR: t’as pu découvrir ta région d’adoption à l’entrainement?

JG: oui, la variété des parcours disponibles m’a frappé, on trouve beaucoup de très beaux parcours, de beaux paysages et c’est diversifié dépendemment de la direction que tu prends le matin. J’ai roulé jusqu’ici dans les monts du Lyonnais, dans la région du Beaujolais, pas mal de bosses qui s’enchainent sans arrêt, c’est quasiment de la moyenne montagne tout le temps. J’ai aussi pu découvrir l’Ardèche, les monts du Pilat et la belle vallée du Forez.

LFR: on a eu peur pour toi, avec l’accident du 17 mars dernier au sein de ton équipe.

JG: oui, un événement vraiment malheureux, un groupe de jeunes coureurs s’est fait renverser par une voiture. Globalement les automobilistes sont courtois avec les cyclistes ici, et je pense que l’accident était un événement assez isolé. La pandémie a un impact aussi: on remarque qu’il faut éviter de rouler juste avant le couvre-feu, les automobilistes sont alors stressés de rentrer chez eux à temps, et ca peut devenir explosif.

LFR: et la condition?

JG: somme toute assez bonne. C’est sûr que l’absence de courses en 2020 parait, je me suis beaucoup entrainé mais c’est pas tout à fait pareil. Il faut que je me ré-habitue aux efforts de très haute intensité. J’y travaille.

LFR: connais-tu la suite de ton programme?

JG: avec la Covid-19 et la troisième vague ici en France, tout est plus compliqué, et il y a pas mal d’annulation de courses, donc c’est difficile de prévoir la suite de mon mois d’avril. Normalement, je devrais avoir une course le lundi de Pâques, après on verra selon la pandémie. Il y a 17 coureurs dans l’équipe, et l’équipe vise à donner la chance à chacun, selon les parcours.

LFR: à quand un retour au Québec?

JG: avec la pandémie et les quarantaines imposées, pas pour tout de suite ca c’est certain. L’équipe a un projet de retourner peut-être sur le prochain Tour de Beauce, prévu cette année en septembre. C’est probablement à ce moment que je pourrais retourner au Québec, pas avant.

LFR: merci Julien! Et à bientôt.

Le Tour de l’actualité

C’est n’est pas que la semaine sainte pour les Chrétiens du monde, c’est aussi la semaine sainte pour tous(tes) les passionnés(ées) de vélo puisqu’on est au coeur de la saison des Classiques flandriennes et que dimanche, ben c’est le Ronde!

On se régale! Surtout grâce à Wout et Mathieu, avouons-le.

1 – 75e édition de Dwars Door Vlaanderen (À travers la Flandre), c’est demain mercredi. Au menu 184 kms entre Roeselare et Waregem, par delà quelques monts surtout situés entre les kms 100 et 150. Les 20 derniers kms de la course sont plutôt roulants. On annonce un temps clément et peu de vent.

Wout absent, les regards se tournent vers Mathieu qui revient aux affaires après une petite pause, question de relancer le moteur en prévision de dimanche prochain. Le WolfPack Deceuninck se présente avec le champion du monde Alaf Polak, ca sera intéressant de voir où il en est et s’il peut suivre les attaques de Mathieu. La Deceuninck aura surtout à l’esprit de laver l’affront de Gand-Wevelgem où se fut la déconfiture complète, après un si beau GP E3.

You are only as good as your last performance…

Une panoplie d’autres coureurs seront à surveiller bien sûr, y compris les Ballerini, Lampaerts, Asgreen, Andersen, Trentin, Nizzolo, Benoot, Pidcock, Demare, Bettiol, Viviani, Turgis, Naasen et Van Avermaet.

Deux coureurs canadiens annoncés au départ, Houle et Perry chez Astana.

Ca devrait être très intéressant.

2 – Bouhanni. Ce n’est malheureusement pas la première fois que le gus fait parler de lui en moins bien. Cette fois-ci, c’est pour un sprint très irrégulier ou il a serré contre les barrières le coureur de la FDJ Jake Stewart.

Je sais pas vous mais moi, j’ai cru revoir Dylan Groenewegen et Fabio Jakobsen. Il s’en est fallu de très peu pour qu’on revive les mêmes scènes d’effroi.

Bouhanni a été disqualifié de la course, une sanction logique. Ceci étant, il me semble que l’UCI doit aller nettement plus loin dans cette affaire, et suspende le coureur pour une période significative. Greonewegen a écopé d’une suspension de neuf mois par l’UCI, rappelons-le. La commission disciplinaire de l’UCI doit se pencher sur son cas dans les prochains jours.

Ce genre de comportement est totalement inacceptable, point final. Il met la vie des coureurs en danger, ca suffit maintenant. Stewart n’a certes pas chuté, on se demande encore comment, mais le geste est, lui, le même que celui de Groenewegen.

3 – Ineos, la domination. Triplé de l’équipe britannique sur le récent Tour de Catalogne, avec A. Yates, R. Porte et G. Thomas.

Il faut dire que l’équipe Ineos s’était présentée avec une équipe de haut vol: outre ces trois là, on avait également Carapaz, Dennis, Rowe et Castroviejo.

J’ai surtout retenu la déconfiture des Movistar qui ont beaucoup dépensé d’énergie sur cette course, sans résultats au final: zéro victoire d’étape, et une 4e place « seulement » pour Valverde au classement général final. Pour une équipe qui jouait « à domicile » et qui se présente comme l’équipe espagnole phare, c’est maigre et certainement pas de quoi réjouir ses dirigeants.

Le Canadien Mike Woods termine 11e de l’épreuve, deux petites secondes devant un certain Sepp Kuss et après avoir terminé 2e de la 4e étape derrière le revenant Estevan Chaves. De quoi donner des assurances à Woods en prévision du prochain Tour du Pays Basque, une épreuve qui révèle souvent qui seront les coureurs devant sur les prochaines classiques ardennaises. Woods bien placé sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège? J’y crois! Il est, en tout cas, dans les temps.

Un autre coureur canadien qui revient, c’est le québécois Antoine Duchesne, après une saison 2020 en demi-teinte pour divers ennuis santé. Duchesne se prépare pour affronter le Giro en mai prochain, et monte doucement en puissance. Je suis très content pour lui.

4 – La suite sur La Flamme Rouge. Après trois mois de silence, le site est relancé même si la vitesse de croisière n’est pas encore atteinte.

Je tenais à vous remercier pour votre sollicitude à mon endroit durant ces mois de silence. Vous avez été une fois de plus nombreux à me demander des nouvelles, et je prendrai la peine de vous répondre tous et chacun au cours des prochains jours.

Je prends plaisir à lire vos commentaires ces jours-ci, et vous remercie pour leur qualité. Il y va de la crédibilité de ce site qui demeure un espace de liberté et d’indépendance totales. Je salue au passage le retour d’Alano39, toujours très pertinent dans ses interventions, ainsi que le commentaire laissé par Antoine Vayer il y a quelques jours, et qui m’a fait bien plaisir. Merci Antoine! J’en avais bien besoin.

Non, tu n’as pas changé. C’est toujours pondéré, documenté, nuancé sauf quand tu es vénère, avec ton style impeccable. Ne lâche pas la barre, tu es une vraie valeur stable, critique, passionnée. Tu te rappelles combien de fois tu as voulu bâcher ? Rires. Tu ne peux pas, c’est tout. Ecris. 

Antoine vayer, La flamme rouge, 25 mars 2021

Enfin, merci à Jean-Michel qui a laissé un commentaire sur ce site il y a environ trois semaines, alors que le silence se prolongeait. Son commentaire, positif et vrai, m’a rappelé mes responsabilités à l’égard de votre fidélité. Il a été déterminant, un déclic, dans mon retour.

Les derniers mois de silence n’avaient rien à voir avec une remise en question de ce site.

Gand-Wevelgem: les sprinters se font la belle

C’est le vent qui, hier, a joué les trouble-fêtes sur Gand-Wevelgem. Le vent et la Covid-19 puisque pas moins de deux équipes se voyaient refuser le départ en raison d’une éclosion en leur sein, soit Trek-Segafredo et Bora-Hansgrohe.

Rapidement, il y a eu des coureurs partout, bordures obligent. Tellement que par moment, c’était difficile de suivre l’évolution de la course et de savoir de quel groupe il s’agissait à la caméra.

C’est devenu très clair dans le final, après la 2e ascension du Mont Kemmel: 9 coureurs devant, après un forcing de Wout Van Aert épaulé par Matteo Trentin. Et du lot, pas moins de 7 sprinters! Bennett, Matthews, Trentin, Van Aert, Colbrelli, Nizzolo, Van Poppel, du beau monde avec de jolies pointes de vitesse, et épaulés par Kung et Van Hooydonck.

Pour la petite histoire, Nathan Van Hooydonck est le neveu d’Edwig, et Danny Van Poppel le fils de Jean-Paul (pour ceux qui connaissent l’histoire du cyclisme).

L’effort fourni dans le Kemmel a peu après condamné Bennett et Van Poppel, trop juste pour soutenir l’allure.

Ils étaient alors 7 devant, dont deux Jumbo-Visma, Van Hooydonck et Van Aert. C’est toujours intéressant ces situations où une équipe est en surnombre dans le final, tu te demandes comment ils vont la jouer!

Contrairement à AG2R-La Mondiale deux jours avant, les Jumbo-Visma n’ont pas manqué leur coup. Van Hooydonck a d’abord fait un pétard mouillé, question de voir qui avait les jambes. Il a ensuite longuement amené à bonne vitesse dans les derniers hectomètres, question de limiter les envies de décamper des autres, et Van Aert a terminé le travail, imposant sa fraicheur physique et sa puissance après une course de 247 kms, quand même.

Nizzolo et Trentin complètent le podium. Je pensais Matthews comme le plus dangereux pour Van Aert, mais il n’en fut rien, étant victime de crampes dans les derniers kms. 247 kms quand même, c’est une longue classique.

Mention encore très bien au français Anthony Turgis qui sort en contre dans les derniers kilomètres et qui résiste au retour de son groupe pour terminer 9e à moins d’une minute du vainqueur. À force d’essayer, il faudra que ça rigole un jour et Turgis passe manifestement un pallier en ce moment.

Le premier Deceuninck est seulement 14e, la faute très certainement à Bennett qui était devant avec le groupe de tête avant de s’éteindre, complètement cuit par le rythme soutenu dans le Kemmel, et aux prises avec des ennuis gastriques, apparemment.

Le Canadien Ben Perry termine 87e sur 90 coureurs classés, à plus de 11min de Van Aert. Il est allé au bout. Hugo Houle, malade plus tôt dans la semaine, a dû abandonner, question de se refaire la cerise avant la suite prévue ce mercredi sur À travers la Flandre.

Soulignons en terminant que l’équipe Jumbo-Visma réalise un doublé hier sur Gand-Wevelgem puisque c’est Marianne Vos qui l’emporte au sprint chez les femmes, elle-aussi faisant partie de la formation néerlandaise.

Le Ronde dimanche prochain!

On est dans le dernier droit avant la Grand Messe du cyclisme belge, le Tour des Flandres, prévue dimanche prochain. Avec sa victoire sur Gand-Wevelgem, Wout Van Aert s’inscrit comme un des grands favoris de l’épreuve, quelques mois après sa 2e place derrière un certain Mathieu Van Der Poel. Wout est belge!

Les deux éternels rivaux se retrouveront donc dimanche prochain pour un joli feu d’artifice, arbitré par quelques autres outsiders de premier ordre comme Alaphilippe, Andersen, et plusieurs autres.

GP E3: l’étau Deceuninck

Cyclisme 101 hier sur le GP E3 Saxo Bank.

Un régal.

Acte 1: le retour à un peu plus de 70 km de l’arrivée du peloton sur l’échappée matinale. À ce stade-ci de la course, tu te dis « c’est un peu tôt ».

Acte 2: Kasper Asgreen chez Deceuninck prend l’initiative avec une attaque solo à plus de 65 kms de l’arrivée. C’est loin ca! La pression se relâche sur ses équipiers, qui ont désormais un homme devant. C’est désormais aux autres équipes de chasser.

Acte 3: après 35 kms de chasse et à moins de 20 kms de l’arrivée, l’écart ne se réduit pas. Il grandit même! Du coup, on perd patience derrière: Van Aert met une mine dans la dernière ascension du jour, le Tiegemberg. La relance vient immédiatement de Mathieu Van Der Poel, qui en a aussi marre de voir Asgreen leur faire la peau devant. Mathieu relance si fort qu’il largue Van Aert qui vient de fournir un gros effort. Une erreur fatale selon moi.

Acte 4: surpuissant, Van Der Poel ramène le groupe de chasse sur Kasper Asgreen avec 12 kms à faire, mais il ramène aussi avec lui deux de ses équipiers chez Deceuninck, soit Florian Sénéchal et Zdenek Stybar, ainsi que deux AG2R – Citroen, Greg Van Avermaet et Oliver Naesen. Par moment, on a vu les Deceuninck se dépouiller pour rester au contact de Van Der Poel. Ils ont eu raison.

Acte 5: l’effet surprise maximum! Alors que leurs rivaux devaient surveiller Sénéchal et Stybar, c’est Asgreen qui repart à l’attaque à un peu moins de 5km de l’arrivée! Merde, il était pas rincé lui? Bien joué. À ce moment de la course, Asgreen n’a plus rien à perdre: c’est tout ou rien. Et il prouvait alors qu’il était sacrément costaud, une bête à rouler.

Acte 6: n’importe quoi! Greg Van Avermaet finit par allumer et tente un démarrage avec 3 kms à faire dans la course… Ca fait déjà au moins 2 bornes qu’Asgreen creuse l’écart devant. Le coureur belge est une fois de plus à contre-pied, l’histoire de sa carrière. AG2R avait deux représentants de l’échappée, et simplement les Deceuninck à surveiller, qui étaient aussi en surnombre. Les autres, tu t’en fous parce que même si Mathieu était parti solo, tu savais que la Deceuninck aurait chassé derrière.

Acte 7: Asgreen résiste et l’emporte avec 32 secondes d’avance sur Sénéchal qui vient faire un doublé logique pour Deceuninck, et Van Der Poel 3e qui prouve une fois de plus sa grande valeur. Le premier coureur AG2R – Citroen n’est que 4e, Naesen, avec Van Avermaet 6e. Un cuisant échec selon moi pour la formation française compte tenu de la valeur de leurs deux coureurs dans le final de la course.

Bref, la Deceuninck nous a servi une belle leçon du travail d’un collectif sur une course cycliste d’un jour. Mention très bien à Van Der Poel qui s’est bien battu. Il a peut-être commis une erreur, celle de se débarrasser de son éternel rival Van Aert un peu tôt. Ce dernier lui aurait été d’un précieux secours plus tard dans la course.

Le résumé de la course est ici.

Dimanche on enchaine avec la 83e édition de Gand-Wevelgem, dans les Flandres. Mathieu Van Der Poel est annoncé non-partant, mais Van Aert devrait y être. Logiquement, les sprinters ont leurs chances, il faudra garder à l’oeil la Deceuninck bien sûr avec notamment Ballerini et Bennett, mais aussi des coureurs comme Mads Pedersen (le tenant du titre), Jasper Stuyven, Arnaud Demare, Alberto Bettiol, Michael Matthews ou encore Giacomo Nizzolo.

Deux Canadiens annoncés au départ, soit Hugo Houle et Ben Perry pour Astana.

La couverture du cyclisme a changé

Le cyclisme a changé, la couverture du cyclisme a aussi changé.

Le magazine papier est en voie de disparition. Impossible, dans le monde d’aujourd’hui, d’être rentable sur cette voie.

Les véhicules porteurs, ce sont les sites Internet, Facebook, Twitter ainsi que les chaines YouTube. Parce que ça peut rapporter.

Récemment, YouTube surtout. Je suis estomaqué, depuis 12 mois, de voir le nombre de chaines YouTube fleurir proposant des analyses pré- ou post- courses. Tout le monde peut être spécialiste du cyclisme! Ca s’étend de Lance « has been » Armstrong avec « The Move » et « Butterfly Chris Horner » jusqu’à l’ado de 16 ans dans son sous-sol qui a décidé de mettre en ligne son analyse de la dernière course pro.

Certains de ces vidéos-programmes sont intéressants, mais ils sont peu nombreux. Le plus souvent, « Joe Toutlemonde » is out. On entend tout, et son contraire. Mais ca finit toujours par « Make sure you’d like this video by clicking on the button below« …

Sur Internet, on est à l’ère de la convergence. On nous sert les mêmes reportages, ou presque, sur nombre de sites. Les mêmes photos. Plus grand monde n’a les moyens d’envoyer leurs propres photographes sur les événements cyclistes, alors on achète de quelques gros joueurs comme Getty.

Les sorties de nouveaux produits sont savamment orchestrées sur les sites de nouvelles, question de maximiser le buzz partout dans le monde. On paye les sites « influenceurs », sous le masque de sites professionnels d’information. C’est devenu difficile de distinguer.

L’indépendance est malmenée. Je n’ai pas de problème avec le contenu sponsorisé, du moment où on le mentionne très clairement dès le début du reportage. Très peu de sites aujourd’hui le font. J’y vois un manque de professionnalisme et d’éthique.

Beaucoup de ces sites sont de plus en plus pollués visuellement par toute sorte « d’adds » qui te font la publicité de tout et de rien: des produits x, y, z sans lien avec le cyclisme, beaucoup de « top-7 trucs » (parce qu’aujourd’hui, même un top-10 c’est trop d’effort…), y compris des sites de rencontres (dating). C’est quoi, le rapport?

Beaucoup de sites ont même maintenant des vidéos qui démarrent de façon intempestive, automatique, sans avertissement. Dérangeant… le son avec!

Les articles sont de plus en plus courts, superficiels. 4-5 paragraphes et basta! L’attention du lecteur n’est de toute façon plus là. Peu de profondeur. Twitter l’a compris.

Mais tout n’est pas négatif!

On a de la chance en cyclisme, nous n’avons pas (encore) notre Donald Trump et ses fake news!

On trouve quand même encore certains sujets plus détaillés, et je dirais presque surtout sur les sites francophones, bien que certains sites anglophones en offrent de temps en temps. Le plus souvent, payant bien sûr, c’est à dire contenu réservé aux abonnées. Par exemple, L’Équipe propose encore assez régulièrement des dossiers en profondeur, je me souviens d’un récent sujet sur la santé mentale du peloton pro, fort intéressant et bien documenté. Il y a encore de la qualité, mais il faut la chercher plus fort. Et la payer, ce qu’on peut parfois faire à la pièce.

Il y a aussi d’autres aspects intéressants. Certains produits médias clairement sponsorisés offrent de beaux contenus, permettant de vivre le cyclisme « de l’intérieur ». J’ai récemment aimé ce vidéo de Wout Van Aert, sponsorisé par Agu sa bonneterie, parce qu’il m’a permis de mieux comprendre qui est Wout Van Aert et sa passion pour le cyclisme. À noter qu’Agu a eu le bon goût de placer son logo dès le départ du vidéo, exprimant ainsi clairement que ce contenu est sponsorisé. C’est ce qu’il faut faire selon moi, et nombre de ce type de vidéos n’affiche le sponsor qu’à la fin seulement.

On peut vivre le cyclisme davantage en « temps réel » aussi. 30min après la fin d’une course, tu as déjà en ligne un paquet de vidéos et d’articles te permettant de comprendre l’événement auquel tu viens d’assister: interviews de coureurs, vidéos d’équipes cyclistes vus de l’intérieur, vidéos embarqués dans les voitures des directeurs sportifs, etc. Tu vis presque l’émotion en temps réel et ça, c’est fort. Merci Marc Madiot!

Les sujets offerts sont moins analysés en profondeur certes, mais ils sont souvent plus variés ; ainsi, on peut aujourd’hui lire un peu sur le cyclisme féminin, sur le gravel bike, sur les ultra- et bien d’autres choses encore. On reste superficiel certes, mais sur un plus grand nombre de disciplines ou de sujets.

Enfin, tout s’est accéléré: l’espérance d’une nouvelle aujourd’hui sur un site est de moins d’une heure. Peut-être pas dans le vélo, mais on n’échappe pas à la tendance: il faut toujours avoir du nouveau contenu, plusieurs fois par jour. Les cadences sont infernales et pour suivre, forcément, tu rognes sur la profondeur et tu ratisses large.

Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez!

Et demain, le sujet sera « La Flamme Rouge a-t-elle changée?! » Enfin, des réponses à vos questions sur les derniers mois.

Le cyclisme a changé

Nos récents échanges sur Milan SanRemo m’ont inspiré l’article d’aujourd’hui: le cyclisme a changé.

Comment?

Le calendrier est aujourd’hui plus long, plus international. De février à novembre, on trouve des courses de haut niveau. C’est important, car on peut s’entretenir (presque) à l’année. On peut se fatiguer davantage aussi, ne serait-ce que par les voyages qu’un tel calendrier implique.

La condition des coureurs est globalement moins variable. On le voit en particulier cette saison: Bernal et Pogacar, par exemple, les deux plus récents vainqueurs du Tour, étaient déjà sur l’avant-scène des Strade Bianche, et Pogacar a déjà gagné cette saison le Tour des Émirats arabes unis.

La condition des coureurs est moins variable parce qu’ils s’entretiennent à l’année. Contrairement aux coureurs des années 1970, 1980, 1990 voire 2000, plus d’inter-saison suivi d’une période de « rentrée »: on effectue simplement des « micro-coupures », souvent d’environ deux semaines, plusieurs fois par année et ca suffit. On revient ainsi plus rapidement au top, on reste sur le rasoir et on peut programmer les pics de forme à répétition durant l’année.

Les techniques d’entrainement ont donc évolué, et on y a adjoint davantage de musculation, de gainage, de plyométrie. Aujourd’hui, les coureurs sont plus complets. Pour preuve, Van Der Poel, Van Aert, Pidcock, pour ne nommer que ceux-là, sortent d’une grosse saison de cyclo-cross. Van Aert était récemment à l’entrainement à Tenerife et terminait ses séances sur le vélo par de longues courses à pied! D’autres étaient auparavant dans le Mtb (Bernal par exemple). Sans compter les liens entre la piste et la route: Ganna n’est-il pas quadruple champion du monde de poursuite et champion du monde du chrono ?

On tourne davantage les jambes qu’il y a 30 ans aussi. En partie parce que les vélos sont aujourd’hui équipés de 11 ou 12 vitesses, permettant un éventail plus grand de braquets. Les pros n’hésitent plus à monter des 29 voire des 32 dents, chose impensable il y a 30 ans. On allie plus qu’avant puissance et vélocité. On monte moins en force.

Les capteurs de puissance sont un outil ultra-utilisé à l’entrainement. On peut ainsi calibrer les séances au millimètre, et mesurer scientifiquement les progrès d’un athlète, qu’on suit à distance, peu importe sa localisation dans le monde. Les sensations demeurent importantes, mais elles sont relativisées à la lumière des watts qui eux ne trompent jamais. La dictature du FTP!

On offre un encadrement plus complet qu’avant; outre le traditionnel « soigneur-masseur », on a aujourd’hui des osthéo, des psychologues du sport, des médecins, des diététiciens, des cuisiniers, des spécialistes du sommeil aux chevet des coureurs, on offre de la cryothérapie, et d’autres techniques de récup.

Les équipes ne sont plus constituées de neuf coureurs, mais plutôt sept ou huit, selon l’épreuve. Cela change le cyclisme: on peut moins facilement contrôler la course, même si les oreillettes ont permis des gains. En cas d’abandon durant les courses par étape, l’équipe peut se retrouver à effectif très réduit, ce qui limite le rayon d’action si on a un maillot à défendre. On peut devoir recourir à des alliances. Pourquoi diable plusieurs coureurs d’autres équipes se sont récemment mis au service de Roglic sur la dernière étape de Paris-Nice?

On a vu un exemple éloquent de la difficulté de contrôler la course sur la 1ere étape du Tour de Catalogne avant-hier, alors que la Movistar a pris les choses en main en milieu d’étape pour disparaitre complètement dans le final. Loupé!

Globalement, les étapes sur les courses par étape sont moins longues, pour favoriser une course de mouvement. Les chronos sont moins longs aussi. Aujourd’hui, on trouve rarement des chronos de plus de 40 bornes ; il y a 30 ans, notamment à l’époque d’indurain, on avait souvent des chronos de plus de 75 bornes… de quoi creuser des écarts… d’autres diront de quoi bloquer la course.

Les chutes sont plus fréquentes, je pense surtout en raison des oreillettes: tous les directeurs sportifs demandent aux coureurs de remonter à l’avant au même moment. Le peloton est donc plus nerveux, n’importe quelle course est aujourd’hui chaudement disputée.

La pression médiatique est plus forte: outre le fait de devoir répondre aux journalistes, les coureurs doivent aujourd’hui soigner leur image sur les médias sociaux, question de pouvoir monnayer leur image d’ambassadeur du sport. Un Sagan, un Evenepoel, une Émily Batty l’ont compris. Certains monayent d’ailleurs très bien en dépit de résultats en demi-teinte; l’important, c’est d’être un bon ambassadeur.

Du coup, les enjeux de santé mentale n’ont jamais été si importants dans le peloton. C’était récemment Tom Dumoulin, et avant lui Marcel Kittel, Tyler Phinney ou encore Adrien Costa. La pression est forte, et au moindre faux pas, l’équipe te lâchera pour protéger son existence. Il n’y a plus de marge de manoeuvre. Certains craquent.

Bref, le cyclisme a beaucoup changé selon moi, et il existe probablement d’autres changements que je n’ai pas mentionné. Alors qu’on arrive au coeur de la saison cycliste 2021, il convient de garder tout ca à l’esprit pour comprendre ce qui se passe dans le peloton pro.

Retour sur Milan SanRemo

Merci à tous de vos commentaires sur Milan SanRemo, que ce soit ici sur le site ou sur la page Facebook de LFR.

Plusieurs d’entre vous ont semblé apprécier le final très incertain de la course, et l’attaque surprise de Jasper Stuyven.

Et je suis d’accord!

Comme j’ai écris dimanche « Saluons sans réserve l’intelligence de Jasper Stuyven, qui a eu la lucidité de partir au bon moment, et les jambes aussi.« 

Et d’accord avec vous tous: Stuyven est un vainqueur légitime bien sûr. Il a eu raison, il a gagné.

Je continue toutefois de croire que les grands favoris n’ont pas pris leurs responsabilités et que la course aurait pu être autrement plus animée tant le plateau était de qualité.

Pourquoi, par exemple, laisser Ganna imposer son rythme dès le pied du Poggio? À 82 kilos, je doute que le colosse italien aurait pu demeurer avec les meilleurs puncheurs du monde dans une pente variant entre 3 et 5%. Il faut l’accélérer, sa carcasse!

Mais au train, il était dans son domaine et a pu imposer un rythme très soutenu qui a compliqué les affaires de bien du monde, et fait celles de Caleb Ewan. Je l’avais écris avant la course, avec un VDP qui attaque au pied du Poggio, la course aurait été très très différente, même si ce dernier avait sauté plus haut. Même Mathieu l’a reconnu!

Pourquoi les équipiers de Ganna chez Ineos (Pidcock, Kwiatkowski) ne sont-ils pas entrés en action une fois son relais terminé? Parce qu’ils n’avaient pas les jambes pour le faire me direz-vous? Ben si t’as pas les jambes, tu le dis (on est au niveau WorldTour je vous rappelle). Imaginez un instant que Ganna se soit présenté au pied de la descente du Poggio sans avoir fourni l’effort qu’il a fait samedi dernier… c’était peut-être lui la meilleure carte d’Ineos pour tenter le coup du kilomètre! Je vous rappelle qu’il est quadruple champion du monde de poursuite…

C’est peut-être Ganna qui était le plus costaud samedi.

VDP ? Niet. Il ne peut pas toutes les gagner certes. Il a droit à des coups de moins bien, c’est certain. Mais il a eu les ressources pour suivre sur le haut du Poggio, derrière Alaphilippe et Van Aert. Quelle était sa tactique? Je ne sais pas.

Pour Caleb Ewan, l’occasion était rêvée en haut du Poggio, mais il lui aura manqué cruellement un équipier en bas de la descente. Il a fait ce qu’il a pu, et a remporté le sprint du paquet. De quoi être un peu amer.

Sagan, Matthews, Colbrelli, Turgis ont bien joué leurs cartes en tant que sprinters.

En fait, si on regarde la composition du premier groupe sur la ligne, sur les 17 coureurs présents, on a 14 équipes représentées. En gros, tout le monde (ou presque) était isolé. Ce qui explique probablement la fin de course.

Je souligne enfin le manque d’originalité des coureurs: pourquoi ne pas tenter un truc dans la Cipressa? Ca aurait d’abord le mérite de créer un joyeux bordel. Je croyais qu’un VDP tenterait peut-être quelque chose de plus loin samedi, le type nous ayant démontré qu’il n’a pas froid aux yeux. La Cipressa, ca peut être une belle rampe de lancement: le premier kilomètre est à près de 6%, et c’est plus long que le Poggio (6km au lieu de 3,8). Et si tu fais le forcing à cet endroit, tu peux voir des sprinters lâchés derrière, ce qui limiterait la volonté de certaines équipes de rouler jusqu’au pied du Poggio…

Bref, insaisissable Milan SanRemo. Certains la gagnent rapidement dans leur carrière, d’autres courent après le succès à SanRemo toute leur vie. Merckx l’a gagné 7 fois en 10 participations! Et c’est peut-être le… vent (de dos samedi dernier) qui explique le plus la course que l’on a vu: c’est toujours très compliqué de faire la différence vent de dos.

(Très) décevant Milan SanRemo

On avait tous anticipé une lutte à finir entre les trois géants du cyclisme actuel que sont Van Der Poel, Van Aert et Alaphilippe.

Ben non.

Rien.

Vous avez compris Ganna et Ineos vous?

Jusqu’au pied du Poggio, le scénario classique: échappée matinale reprise, ca roule vite. Bien.

Puis rien. La grande bataille n’a pas eu lieu.

Au pied du Poggio, Ganna, le dragster italien de l’équipe Ineos, a mis en route. Pour qui, pourquoi ? Kwiatkowski? Pidcock? Vraiment?

Du coup, Caleb Ewan a saisi l’aubaine. Au sommet du Poggio, c’était l’immense gagnant. Inespéré même: le gus est au sommet d’une montée de 3,6 kms avec des puncheurs comme VDP, Van Aert et Alaphilippe. On croyait rêver.

La merde, c’est qu’il n’avait plus d’équipier. Philippe Gilbert à la trappe.

Le seul qui a tenté quelque chose sur le Poggio, c’est Loulou Alaphilippe, mais bien trop tard, et bien trop peu. Van Aert a certes relayé, mais sans efficacité. VDP? Rien. S’est contenté de suivre. C’est vrai que Ganna avait imprimé un rythme très soutenu depuis le pied.

Saluons sans réserve l’intelligence de Jasper Stuyven, qui a eu la lucidité de partir au bon moment, et les jambes aussi. En présence d’une aussi belle brochette de favoris et de sprinters, et au niveau professionnel ou la stratégie d’équipe joue beaucoup, la chance sourit souvent au premier qui prend l’initiative.

Une fois parti, ben les autres derrière ne voulaient plus risquer de perdre. Donc personne n’a relayé.

Je pense que Stuyven doit sa victoire au relais que lui a servi Soren Kragh Andersen. Sans ce relai, Stuyven se serait fait reprendre à 50m de la ligne et c’est Ewan qui aurait gagné.

Peter Sagan 4e, quant tu sais que le bonhomme est hors de condition, tu te dis que même si le rythme était soutenu sur le Poggio, ca n’a quand même pas roulé à bloc.

Le grand perdant du jour s’appelle Caleb Ewan. En haut du Poggio, il avait gagné. En bas, il avait perdu. Incroyable.

Les autres perdants presque honteux, c’est Ineos. Je suis sévère certes, mais à quoi aura servi l’effort de Ganna dans le Poggio? Rien. Sweet nothing.

Pidcock a certes tenté de relancer dans la descente, mais trop peu trop tard: il fallait partir à mi-pente du Poggio! Et si Kwiatkowski a fait rouler son équipe pour lui, je lui suggère de ne pas faire le coup trop souvent: ses équipiers n’ont pas dû apprécier. Sur la ligne, les Ineos sont 15e (Pidcock) et 17e (Kwiatkowski). Pas vraiment un succès.

Bref, une édition à oublier. Qui dans un an se souviendra de la victoire de Stuyven?

Personne.

Ambiance

Ambiance course.

La Primavera

112e édition de Milan SanRemo demain samedi. Ça s’annonce grandiose, ne manquez pas ça!

« La Primavera » parce que c’est la première grande classique de la saison cycliste professionnelle.

Une course mythique, dont le parcours a très peu changé depuis des plombes. Seul point à mentionner, on ne passe pas actuellement par le Turchino à mi-course, les tunnels étant en réfection, mais plutôt par le (moins difficile) Colle Del Giovo.

Au menu de Messieurs les coureurs donc, 299 kilomètres entre Milan et SanRemo.

Ca se joue (presque) toujours dans les 25 derniers kilomètres, entre le pied de la Cipressa, le Poggio par la suite puis l’arrivée sur la Via Roma. Si échappée matinale il y aura très certainement, celle-ci est très souvent revue soit juste avant, soit juste après la Cipressa.

Le Poggio peut être considéré comme le juge de paix de cette course. Pas difficile, le Poggio: 3,6km, pente maxi de 5%.

Sauf que.

Sauf que après 290 bornes dans les cannes et une approche très nerveuse de cette bosse car tout le monde veut être devant à cet endroit stratégique, c’est une autre paire de manche. Et on y roule très vite. Les attaques y sont toujours spectaculaires!

Météo annoncée assez clémente, mais un peu frais (13 degrés maxi). Il ne devrait pas pleuvoir.

Les favoris

Trois coureurs se détachent du lot, et se présentent au départ comme archi-favoris: Mathieu Van Der Poel, Wout Van Aert et Julian Alaphilippe.

Tous les trois ont été impressionnants ces dernières semaines, en particulier VDP et Van Aert.

La rivalité de ces deux là s’est transposée des circuits de cyclocross à la route ces derniers mois, et c’est très bien pour nous les passionnés de cyclisme, car le spectacle n’en est que plus captivant. On dit souvent que pour faire de grands champions, ca prend des grands rivaux (Coppi-Bartali, Anquetil-Poulidor, Merckx-Ocana, Hinault-Fignon, etc.) et c’est certainement le cas avec Mathieu et Wout.

Wout a une certaine revanche à prendre sur Mathieu suite à son sprint perdu à la fin de la saison passée, sur le Tour des Flandres. Et il est le champion en titre.

VDP aura peut-être avantage à lancer son attaque de plus loin que Alaphilippe et Van Aert, c’est à dire peu après le pied du Poggio. Il a une si grosse caisse qu’il peut les faire tous péter au train, et aura besoin d’un peu de route devant lui pour créer un écart confortable s’il veut finir seul sur la Via Roma.

Si ca arrive au sprint avec ces trois-là, Alaphilippe aura perdu. Van Aert vient de s’offrir Caleb Ewan au sprint. Et Mathieu a montré sur le Ronde qu’il peut aussi nous sortir un gros sprint.

Pour Alaphilippe, sa situation présente certains avantages: il a moins de pression que les deux autres, et possède dans son équipe Davide Ballerini qui pourrait être un sprinter présent lui-aussi dans le final. Alaphilippe pourra donc la jouer fine, retarder son attaque aux derniers hectomètres du Poggio, et en prenant ou non des relais dans une éventuelle échappée sur le final si son sprinter est juste derrière.

Les outsiders

Outre VDP, Van Aert, Alaphilippe et Ballerini, quelques autres coureurs seront à surveiller de près.

C’est notamment le cas de Mads Pedersen, toujours très imprévisible. Le gus a une résistance hors du commun sur les longues courses, et dispose d’une belle pointe de vitesse. Attention à lui, et l’équipe Trek-Segafredo est à son service.

Je pense aussi à Michael Matthews, vu plutôt à son avantage dernièrement. Il a beaucoup d’expérience et sait courir au millimètre en se faisant oublier, pour surgir au bon moment.

Le grimpeur Schachmann ne peut être exclu non plus, récent vainqueur de Paris-Nice. S’il pouvait s’envoler dans la Cipressa au sein d’un bon petit groupe, pourquoi pas?

Je mets sur cette courte liste trois autres coureurs: Arnaud Demare, Alberto Bettiol ainsi que Thomas Pidcock. Ce dernier choix pourra vous surprendre mais ce dernier est en forme et n’a strictement rien à perdre. Redoutable puncheur, il pourrait créer la surprise comme animateur dans le Poggio.

Ganna? Kwiatkowski? Bennett? Gaviria? Van Avermaet? Nibali? Sagan? Bouhanni? Je n’y crois pas.

Un autre coureur du peloton sera motivé différemment: Philippe Gilbert chez Lotto-Soudal. Milan SanRemo est le seul « monument » du cyclisme qui manque à son palmarès puisqu’il a déjà remporté le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Gilbert a montré des signes de bonne condition ces dernières semaines, et il demeure un coureur de grande classe.

À ma connaissance, aucun coureur canadien n’est annoncé au départ cette année.

https://www.youtube.com/watch?v=658B_okND1o

Flashback: Milan SanRemo 1988

https://www.youtube.com/watch?v=Eo_oFJHlZQA

Canyon au Canada

Je vous disait le 9 octobre dernier que Canyon allait débarquer au Canada.

Ben c’est fait.

Les consommateurs canadiens peuvent désormais acheter des vélos Canyon, fabriqués et envoyés depuis Coblence en Allemagne via UPS.

La société Canyon annonce également qu’une entente avec Vélofix a été conclue afin de fournir une certaine assistance aux consommateurs canadiens avec l’assemblage et l’entretien de leurs vélos Canyon.

Déjà, on mise sur des « ambassadeurs » comme Lionel Sanders, Émily Batty et, plus récemment pour le Québec, Laurie Arsenault, afin d’assurer la promotion de la marque dans toutes les régions du Canada.

Importants dans le monde d’aujourd’hui, les « ambassadeurs ». Ils peuvent assurer la promotion d’un produit… jusqu’à ce qu’ils changent. Pour Sanders, c’était Louis Garneau. C’est maintenant Canyon. Ça sera peut-être Pinarello, Trek ou Cannondale demain.

Idem pour Batty: longtemps ambassadrice Trek, elle assurera désormais la promotion des vélos de Mtb Canyon, en vous assurant que ce sont là les meilleurs vélos du monde.

Anyway. Une carrière cycliste est courte, il convient de passer à la caisse tant que l’opportunité se présente.

Je vous parlais aussi, le 9 octobre dernier, du modèle d’affaire Canyon, qui fait fi des détaillants pour plutôt miser sur la vente directe via Internet. On supprime ainsi un intermédiaire, donc on coupe les prix.

Le nouveau Canyon Aeroad version Fenix-Alpecin, le même vélo utilisé par l’archi-super-star du vélo Mathieu Van Der Poel, est ainsi annoncé à 11,449$CAN, un prix défiant toute concurrence lorsqu’on songe que le vélo de Julian Alaphilippe, le Specialized Tarmac SL7 est affiché à… 15,899$CAN actuellement.

Il convient pourtant de faire attention selon moi. Pour preuve, le récent « stop ride » émis par Canyon suite à l’incident du guidon de Mathieu Van Der Poel sur le Grand Prix du Samyn il y a deux semaines.

La fameuse innovation Canyon – une exclusivité – introduite en grande pompe l’automne dernier, un guidon télescopique permettant de passer aisément d’un 42 à un 44 ou un 46 cm, brisé dans le final de course. Les conséquences auraient pu être dramatiques.

Du coup, Canyon a ordonné à tous les propriétaires d’un tel guidon d’en stopper l’usage sur le champ.

L’emmerde.

Pas pour Mathieu bien sûr. Mais pour le proprio lambda qui se retrouve du jour au lendemain immobilisé.

Et par la poste, c’est forcément plus compliqué. Gênant aussi d’aller trouver son détaillant local pour le supplier de nous sortir de cette mauvaise passe.

Cadences infernales

L’industrie du vélo a tellement changé depuis 20 ans.

Aujourd’hui, les grandes compagnies sont obligées de sortir de nouveaux vélos, de nouveaux produits (casques, chaussures, etc.) tous les ans, chaque fois bien sûr surpassant le modèle précédent, ceci pour toujours acquérir de nouvelles parts de marché.

En gros, c’est au moins un nouveau vélo top end par an. Ce n’était pas ainsi avant: je me souviens de ma paire de godasses Sidi Ergo2 restée des années le fleuron de la gamme. Aujourd’hui, un an et tu es « has been ».

Tous ces nouveaux produits annuels sont aujourd’hui lancés en grande pompe, simultanément sur tous les sites.

On orchestre les mises en marché pour un jour précis. Ce jour-là, c’est la convergence absolue: tous les sites vous parle du nouveau vélo x, le même jour. L’opération a été méticuleusement préparée et financée des semaines avant, articles et vidéos léchés à l’appui. Souvent, ces articles sont les mêmes d’un site à l’autre.

On a atteint des sommets à l’automne 2020 selon moi. Je peux fournir des exemples.

Du coup, les cadences de production sont infernales. On peine à alimenter le marché du nouveau vélo 2021 que déjà, on planche sur le vélo 2022 qu’on devra annoncer l’automne prochain. Bien sûr, 10% plus rigide, 10% plus aérodynamique, nouvelle fibre, nouvelle géométrie…

L’assurance qualité souffre, forcément. Plus important ça, l’assurance qualité, on n’a plus de temps pour ce détail et on refile la facture au consommateur en majorant toujours plus les prix. Je demeure convaincu qu’aujourd’hui, vous n’achetez plus 1 vélo ; vous en achetez 1,5.

Fissure? Défaut? On vous en fournira un autre, les emmerdes avec. Et de toute façon, vous serez le premier à juger votre vélo « has been » dans deux ou trois ans…

Imaginez quand c’est par la poste.

Bref, comme je l’écrivais en octobre dernier, si vous êtes totalement autonome dans l’assemblage et l’entretien de votre vélo, y compris les purges des freins à disque et l’intégration des cables dans le cadre, Canyon peut être une belle option pour un vélo top end, à moindre coût.

Autrement, c’est plus compliqué et le service après vente vaut encore son pesant d’or selon moi.

Et l’achat de vélos « main stream » de compagnies qui jouent la guerre des parts de marché vient plus que jamais aujourd’hui avec certains risques associés à la qualité selon moi. L’affaire du guidon de Mathieu est là pour nous le prouver.

Dernière heure

Selon le site CyclingNews, Canyon a annoncé ces dernières 24h que les mesures pour remplacer le guidon défectueux sont repoussées à l’automne prochain, et que la compagnie se penche aussi sur des problèmes de tige de selle.

Pas rassurant pour les consommateurs!

Van Aert s’offre Ganna!

L’actualité cycliste m’empêche pour le moment de vous donner quelques explications de mon long silence des derniers mois. Ca s’en vient.

Pour l’heure, place à Tirreno-Adriatico.

Avec les récents exploits de VDP, on avait presque oublié Wout Van Aert.

Ce super-champion s’est rappelé hier à notre bon souvenir en signant une performance hors norme lors de la dernière étape de Tirreno-Adriatico, un chrono de 10 bornes « dead flat » comme on dit, plat comme une crêpe.

Sur le papier au départ, on misait tous sur Filippo Ganna pour la victoire d’étape. Le surpuissant coureur italien est l’actuel champion du monde de la discipline et il est intouchable depuis 12 mois (il a gagné tous ses chronos sur cette période sauf… hier!).

Ben non.

Van Aert s’est imposé à 54,6 km/h de moyenne après 11min06 d’effort, excusez-un-peu. Si le record du parcours établi l’an dernier par Ganna en 10min42 (56,6 km/h!) n’a pas été battu, c’est la faute à un bon petit vent de face sur la fin du parcours hier.

Ganna tirait hier un 58×13. Plateau avant 58 donc. Essayez, pour voir… Je suis d’ailleurs perplexe: le 58×13 donne un développement d’environ 9m53. Le 54×12 donne 9m62, assez proche. On m’a souvent dit qu’à développement égal, faut mieux choisir plus petit devant et moins de dent derrière?

Peut-être que le 58×13 donnait de meilleures possibilités de tomber sur le 12, voire le 11, ou au contraire d’aller vers le 14 et le 15?

Quoi qu’il en soit, voilà qui nous rappelle à tous que Van Aert est un sacré coureur disposant d’une puissance peu commune. J’aime.

Je serais même tenté de dire qu’il présente actuellement une polyvalence plus intéressante que son éternel rival, Mathieu Van Der Poel. Van Aert est excellent en cyclo-cross, il peut sprinter, il peut rouler, il peut même grimper lorsqu’il le faut, pour preuve son Tour de France l’an dernier au service de Primoz Roglic.

En ce sens, Van Aert pourrait prétendre remporter le Tour si jamais il progressait encore dans la montagne. Si vous pensez qu’Alaphilippe le peut, alors il faut mettre à votre liste Van Aert!

Pogacar, aussi hors norme

Ce dernier chrono hier nous offre d’autres belles informations.

Tadej Pogacar en premier lieu: le Slovène termine ce chrono en 4e place, à environ une petite seconde de Filippo Ganna.

Cherchez l’erreur! et surtout, les différences de gabarit!!!

Pogacar jeu égal avec Ganna, ouf. Voilà qui montre la puissance dont dispose Pogacar. Et surtout, lorsqu’on divise cette puissance par la masse corporelle des deux, y’a plus photo. Avantage Pogacar dans les cols!!!

Le Slovène remporte donc Tirreno-Adriatico, mine de rien c’est sa deuxième belle victoire cette saison après celle acquise sur le Tour des Émirats Arabes Unis. Et il a terminé 7e des Strade Bianche alors qu’il était acteur du final.

Belles perfs hier également de Benjamin Thomas (5e) et Thibault Pinot (15e) à la FDJ. De quoi réjouir Marc Madiot pour la suite de la saison.

J’ai retenu deux autres belles perfs, celles d’Alberto Bettiol (6e) et de Joao Almeida (7e) de ce chrono. Attention à ces deux là sur les prochaines grandes classiques, Bettiol a gagné le Tour des Flandres en 2019.

Scandale Sky

Moi, je trouve que ca sent vraiment mauvais. J’écrivais il y a des années qu’on ne saurait que bien plus tard à quoi carbure la surpuissante Sky de Bradley Wiggins et Chris Froome.

On commence à mieux comprendre. Et c’est toujours pareil.

Désespérant.

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